Un jour, un fleuriste se
rendit chez le coiffeur pour se
faire couper les cheveux. Après sa
coupe, il demanda combien il devait.
Le coiffeur répondit : "c'est
gratuit, je fais du bénévolat cette semaine". Le fleuriste
s'en alla tout content.
Le
lendemain, en ouvrant sa boutique, le
coiffeur trouva à sa porte une carte
de remerciements et une
douzaine de roses. Plus tard, c'est
le boulanger qui se présenta
pour se faire couper les cheveux.
Quand il demanda à payer, le
coiffeur lui dit : "Je ne peux
accepter d'argent, cette semaine, je fais du
bénévolat". Heureux, le boulanger
s'en alla tout content.
Le
lendemain, il déposa à la porte du
coiffeur une demi-douzaine de
croissants, avec un mot de
remerciements. Puis, ce fut le député du coin qui
se présenta. Lorsqu'il voulut payer,
le coiffeur lui répondit :
"Mais non, cette semaine c'est
gratuit, je fais mon bénévolat !" Très
heureux de cette aubaine, le député
quitta la boutique.
Le lendemain,
quand le coiffeur arriva pour
ouvrir son salon, une douzaine de députés et
de sénateurs attendaient en ligne
pour se faire couper les cheveux
gratuitement.
> > Il paraît que dans la
file, il y avait même des chauves!
Ces dates sont celles du n°2896 de L'Obs, qui, des pages 55 à 58, présente un article de François Reynaert intitulé : Poutine et la « guerre patriotique ».
1. F.R. écrit :
"Faute de pouvoir assurer à son pays un avenir, le président russe est
obsédé par l'idée de forcer sa cohésion autour d'un passé mythifié,
chantant la gloire d'un peuple grandiose, éternellement uni pour défaire
les envahisseurs. Toute l'histoire russe depuis Ivan le Terrible a
droit à cette relecture. La Seconde Guerre mondiale, appelée ici la
"Grande Guerre patriotique", y tient une place de choix : ne
montre-t-elle pas l'héroïsme dont a été capable le peuple russe pour
assurer, seul contre des forces déchaînées, la victoire finale sur le
nazisme ? Malheur à qui oserait remettre en question cette façon de
voir. On l'a constaté encore à la fin de l'année dernière. Le 19
septembre, à l'occasion des 80 ans du début de la guerre, le Parlement
européen - sur initiative des pays de l'Est - a osé voter une résolution
plaçant sur le même plan nazisme et totalitarisme communiste et rendant
le pacte germano-soviétique d'août 1939 responsable du déclenchement du
conflit".
Remarque 1.
Le renvoi, dos à dos, du "communisme" et du nazisme, est un des poncifs
de la droite (et de la social-démocratie). Ce poncif permet,
habilement, de déconsidérer le "communisme" (et même, au-delà, tout ce
qui, trop proche du socialisme, sent le fagot...). Cela permet
opportunément de faire oublier qu'avant-guerre, ou pendant la guerre,
ces pays avaient des régimes d'extrême-droite anticommunistes, voire antisoviétiques, et, bien entendu, antisémites :
-
Par exemple en Pologne, avec le général Pilsudski, dictateur de 1926 à
1935, puis son successeur Skladkowski, jusqu'à la guerre. Ou en
Lituanie, gouvernée par le dictateur Smetona, de 1926 à 1940. Ou en
Lettonie, dictature de 1934 à 1940, sous le président Ulmanis. Ou en
Hongrie, dirigée par le germanophile régent Horthy jusqu'en 1944. Et
qui, à la fin de la guerre, fut remplacé par le gouvernement ouvertement
fasciste des Croix fléchées. Ou en Slovaquie, avec le gouvernement
autoritaire de Mgr Jozef Tiso, puis fasciste des Gardes Hlinka. Ou en
Roumanie, gouvernée par le gouverneur Ion Antonescu de 1940 à 1944. Ou
en Croatie, dirigée par le dictateur Ante Pavelic de 1941 à 1944.
-
Ces pays fournirent également des troupes auxiliaires de la Wehrmacht,
qui participèrent à l'opération Barbarossa et à la guerre contre l'URSS
(les plus nombreux, en dehors des Italiens, étant les Roumains et les
Hongrois). Mais ils fournirent aussi des SS, en particulier lettons et
hongrois (qui, avec les Croix fléchées, comme le rappelle le film Music Box, de Costa-Gavras, exercèrent des violences contre les juifs et les populations civiles).
2. F.R. écrit :
"Le 23 août 1939, à la stupeur du monde entier, Molotov et Ribbentrop,
ministres des Affaires étrangères respectifs de Staline et de Hitler
signent un accord de non-agression entre leurs deux pays. [...] Pour
Poutine,l'alliance fatale entre Staline, son grand homme, et le diable
nazi est la grande souillure sur le chromo patriotique qu'il
affectionne. [...]. La comparaison entre les accords de Munich et le
pacte germano-soviétique est spécieuse. Du côté occidental, personne ne
cherche à escamoter Munich, jugé de façon unanime comme une lâcheté
coupable. Staline a voulu le pacte de 1939 pour participer au festin
[c'est-à-dire à l'annexion des pays Baltes, de l'est de la Pologne et de
la Bessarabie roumaine].
Remarque 2.
Les lâchetés de la France et de l'Angleterre ne se limitèrent pas aux
accords de Munich. En février 1936, lors de la remilitarisation de la
Rhénanie, la France ne bougea pas le petit doigt [et le général Gamelin
freina même des quatre fers]. Moins de cinq mois plus tard, la France
du Front Populaire ne vint pas au secours de l'Espagne républicaine du Frente Popular (donc
d'un gouvernement frère) et laissa Hitler et Mussolini aider Franco et
ses compères Mola, Sanjurjo et Queipo de Llano écraser la République,
alors que les troupes françaises pouvaient aisément franchir la
frontière au pays Basque ou en Catalogne.
Par
ailleurs, toujours dans ces années - notamment de 1934 à 1936 - les
Français et les Anglais repoussèrent (par anticommunisme, par
russophobie, par espoir cynique de voir Allemands et Soviétiques
s'entredéchirer) toutes les propositions d'alliance militaire avancées
par Staline pour renouveler l'alliance de 1914. Toutes les discussions
militaires franco-soviétiques furent sabotées par les généraux français
et par Édouard Daladier, d'abord comme ministre de la Défense, puis
comme président du Conseil.
Remarque 2 bis.
Les dirigeants polonais enfin, étaient viscéralement aussi anti-russes
qu'anti-communistes. Et ils refusèrent de laisser l'Armée rouge
traverser leur territoire pour aller secourir la Tchécoslovaquie. Et ni
l'Angleterre ni la France n'entreprirent quoi que ce fût pour les faire
changer d'avis. Et après les accords de Munich (ce que tout le monde
ignore), les Polonais, à côté des Allemands, dévorèrent un lambeau de la
Tchécoslovaquie, dans la région de Teschen (comme des carnassiers de
petite taille se disputent les bas morceaux qu'a laissés le lion). La
Hongrie fit d'ailleurs de même pour le sud de la Slovaquie.
3. F. R. écrit,
de Staline : "L'échec lamentable de sa tentative d'envahir la Finlande
(nov-1939 - mars 1940), dont il pensait ne faire qu'une bouchée, a
montré sa faiblesse."
Remarque 3. D'abord, il ne s'agissait pas, pour Staline, d'envahir toute la Finlande, mais de se créer une zone-tampon d'une partie de
la Finlande pour protéger Leningrad, trop proche de la frontière. Et
les Soviétiques commencèrent par entamer des négociations, en espérant
que les Finlandais leur céderaient des territoires sans effusion de
sang. Ensuite, ce ne fut pas un échec puisque, à l'issue de la guerre
d'hiver, la Finlande dut céder à l'URSS les territoires que cette
dernière réclamait. Et, militairement, ce fut doublement profitable à
l'URSS puisque, après les premières déconvenues du début de la guerre,
l'URSS réorganisa son commandement, sa stratégie et sa tactique et
parvint à enfoncer le front finlandais. Enfin, ce fut aussi profitable à
l'URSS parce que cela donna à Hitler une idée erronée de l'Armée rouge,
en la lui faisant paraître plus fragile qu'elle ne l'était en réalité,
ce qui explique en partie l'opération Barbarossa de juin 1941.
4. F.R. écrit :
"Reste une autre différence de taille entre les deux puissances qui se
partagent le monde après 1945. Les Américains, à l'ouest, permettent le
retour des démocraties. Les Soviétiques, dans leur zone d'influence,
imposent des dictatures qu'ils contrôlent. Pour les Baltes, les
Polonais, les Tchèques, l'Occupation n'a pas duré quatre ans, mais, sous
deux maîtres différents, cinquante. Ils ne l'ont pas oublié".
Remarque 4. Lorsque F.R. écrit que "les Américains, à l'ouest, permettent le retour des démocraties", il "oublie" l'Espagne,
dont le dictateur Franco fut bien aidé à prendre le pouvoir par ses
compères Hitler et Mussolini. Franco, qui envoya la légion Azul se
battre aux côtés de la Wehrmacht contre l'Armée rouge. Il oublie tous
les anciens nazis ou collaborateurs exfiltrés ou réfugiés en Espagne
après la guerre : Otto Skorzeny, qui fit évader Mussolini du Gran Sasso,
Léon Degrelle, collaborateur belge, et chef SS, Abel Bonnard,
académicien, ministre de Laval, collaborateur notoire. Il oublie tous
les nazis et leurs complices européens, qui transitèrent par l'Espagne
en route vers l'Amérique latine. F.R. "oublie" aussi, au Portugal, le dictateur Salazar et son successeur Caetano, qui durèrent jusqu'en 1974. Il "oublie"
la Grèce où, de 1946 à 1949, les Américains, au cours d'une atroce
guerre civile, qui fit 200 000 morts, aidèrent l'armée royale à écraser
les maquisards communistes, qui avaient pourtant fourni l'essentiel des
résistants contre les Allemands. Dans leur basse besogne de répression
des communistes, les Américains furent aidés... par les anciens
collaborateurs grecs des Allemands ! Comme si les grandes grèves de
1947, en France, avaient été écrasées, pour partie, par d'anciens de la
Milice amnistiés...
Et, bien entendu, F.R. "oublie"
toutes les dictatures soutenues par les Américains dans le monde : en
Amérique latine, dans le monde musulman, en Afrique sub-saharienne et en
Asie.
Je vous saurais gré de vos remarques, rectifications, compléments et critiques.
Bien à vous.
Philippe Arnaud,
Amis du Monde Diplomatique
Tours
Applaudir protège les responsables et fait dire que ce sera à nous de porter leur “effort national” à coups de sacrifices
Applaudir nous rend passif, comme endormi par une bonne dose de
calmants qui évite que l’on vire trop rouge vif ou excité tel un gilet
jaune de décembre 2018 (pic de nervosité des foules de gueux en colère
particulièrement aigu). Car c’est une excellente manière de se soumettre
aux politiques néolibérales qui tuent depuis plus de vingt ans nos
hôpitaux publics, de nous rendre inoffensifs à simplement remercier
celles et ceux qui combattent le virus dans nos hôpitaux avec le peu de
moyens qu’ils ont à disposition.
Cela permet de faire comprendre aux dominants, pourtant responsables
de cette situation, qu’on ne leur en veut pas trop, et que ce sera à
nous de faire des efforts pour préserver et aider notre hôpital, quitte à
se sacrifier davantage et mettre fin à plusieurs acquis sociaux dont
bénéficient également le personnel hospitalier.
Un décret va en effet autoriser de dépasser la limite légale de 48h par
semaine pour aller jusqu’à 60h de travail hebdomadaire. Le piège est
grossier, presque évident, alors n’y tombons pas trop la tête la
première non plus. Et si les actionnaires français offraient leurs dividendes (records) de 2019 au personnel soignant ? https://t.co/hHDpNNNUYE
— Frustration (@Frustration_web) March 24, 2020
Ces applaudissements légitiment ainsi le fait que ce sera à nous de
faire leurs efforts au détriment des plus riches, des actionnaires, des
pertes colossales dues aux politiques fiscales des gouvernants de
“gauche” ou de droite, comme les suppressions de l’ISF ou de la Flat
Tax, ou encore l’application du CICE.
Imaginez combien de lits et de masques aurait-on pu payer avec ces
pertes qui s’élèvent à plusieurs milliards d’euros, dans nos hôpitaux ou
dans la recherche sanitaire et scientifique qu’on asphyxie à coups de
réformes budgétaires et comptables ? Et si on utilisait, comme dans certains endroits d’Espagne, nos
casseroles, en attendant de pouvoir les utiliser pour chasser nos
gouvernants incompétents, avec des slogans que l’on crierait dans toutes
les rues : “C’est vous qui tuez l’hôpital public, comptez vos morts. Après le confinement, vous rendrez des comptes !”, ou encore, le classique, “Macron démission ! C’est pas le tout d’applaudir !” Chiche ? Je lance un grand appel à la solidarité nationale. Une
plateforme de dons sera mise en ligne pour permettre à tous ceux qui le
peuvent, particuliers ou entreprises, d’apporter leur contribution à
l’effort de solidarité de la nation envers les plus touchés.https://t.co/Eu7QiVKKHC
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) March 30, 2020
L’indécence gouvernementale en un tweet.
Comme à la suite de la crise financière de 2008, ils souhaitent nous
faire payer leurs bassesses managériales et prétexter un “effort
national”. Nous faire payer LEURS pots cassés, leurs erreurs passées.
Les applaudissements arrangent bien les responsables de ce désastre
sanitaire et il faut que cela cesse, que ces applaudissements cessent et
s’orientent vers une rage à destination des responsables et des
décideurs d’en haut.
Certains applaudissements peuvent être considérés comme hypocrites
également, car de nombreuses et nombreux français, comme Marc et
Clotilde, encore eux, votent et ont voté en faveur de l’alternance
socialiste ou de droite, responsable de la destruction du service
hospitalier.
À Paris, où la mode des applaudissements a essaimé, près de 60% des
électeurs ont voté Macron ou Fillon au premier tour des présidentielles…
La réhabilitation de Roselyne Bachelot dans sa gestion des commandes de
masques lors de la grippe H1N1, nouvelle héroïne pour médias ignorants
ou amnésiques, au choix, l’illustre parfaitement.
La même qui a participé à la mise en œuvre d’un hôpital moins centré sur
les malades que sur une logique rentable, faisant de la santé un bien
marchand comme un autre, “l’hôpital entreprise” avec une baisse
drastique des dépenses, avec les lois de 2007 par exemple puis de 2009.
On a déjà oublié, on n’a jamais su, et on applaudit aussi Bachelot ? Le
Collectif inter-urgence, pour ne citer que lui, lutte déjà depuis
plusieurs mois si ce n’est années, sans compter les nombreux appels en
détresse de nos hôpitaux publics qui auraient, en ce sens, mérité des
applaudissements tous les soirs depuis plus de vingt ans.
Où étions-nous, où étiez-vous ? Un SOS géant s’est affiché sur la façade du CHU de Caen
vendredi soir. Les médecins veulent dénoncer les conditions de travail,
le manque d’effectifs et la détresse du personnel > https://t.co/bKNmDbn3ot pic.twitter.com/wVDR6KAfT6
— Le Parisien (@le_Parisien) November 30, 2019 #EnsembleAvecNosSoignants @France2tv, on aurait apprécié
la même émission quand les soignants étaient dans la rue à dénoncer
leurs conditions de travail. VOUS ETIEZ OÙ, HEIN ? #COVID19
pic.twitter.com/2xb0CTuSee
— latacas φ (@latacas28) March 24, 2020
Il faudra sérieusement penser à investir et s’investir en masse dans
un service public particulièrement ravagé par des politiques
gouvernementales depuis très, très longtemps. Et, à l’avenir, éviter de
les ignorer en situation non pandémique, transformer ces
applaudissements en insultes à destination des responsables et de nos
gouvernants (oui oui, Marc et Clotilde, des “grossièretés”), et on
pourra partir ainsi sur de bonnes bases pour la suite, ça ne fait aucun
doute.
Le personnel hospitalier lui-même est très partagé au sujet des
applaudissements. Certains s’en réjouissent quand d’autres n’ont pas de
mots assez durs contre eux. C’est le cas de mon propre père âgé de 58
ans, Mustapha, syndiqué et brancardier depuis 40 ans. “Dans la masse des gens qui applaudissent, il y-en a qui sont
évidemment sincères. Mais ils devraient d’abord gueuler contre le
gouvernement en place. Les SDF ne sont pas pris en charge et sont même
sanctionnés s’ils n’ont pas d’attestation, alors qu’il y en a souvent
qui viennent aux urgences car ils n’ont pas d’autres choix. On en
parle ? Les applaudissement me font ni chaud, ni froid. C’est se donner bonne
conscience sans prendre aucun risque. Cela me fait penser à “Touche pas a mon pote”
de SOS racisme et du Parti socialiste. Ces gens vont-ils s’inquiéter
des nouvelles lois qui passent comme sur les congés payés ? Assouplir le droit de travail, disent-ils, c’est surtout le durcir : 25
ordonnances d’un coup aujourd’hui. J’ai des idées de slogans à la place
des applaudissements : “Je ne voterai plus pour des gens comme Macron. Macron démission !”,
et ainsi rejoindre les nombreux slogans de manifestations du personnel
hospitalier qui se déroulent déjà depuis de nombreuses années
INFANTILISATION DE MASSE: "ATTENTION AU RELÂCHEMENT"!
Blog Frustration -Deuxième partie-
Quand un “sociologue” vole au secours de nos maîtres d’école
Le confinement n’est donc, là encore, qu’une radicalisation de ce qui
prévalait déjà dans nos vies. On nous déresponsabilise, on nous punit
et on nous fait la leçon en permanence.
Mais attention, la “ défiance” (mot journalistique pour exprimer la
colère sociale) monte, et il va falloir redoubler d’effort pour
discipliner la classe de cancres que nous sommes. Le “sociologue”
Olivier Galland, directeur d’études au CNRS (contrairement à jojo et
vous), déplore dans une tribune sobrement intitulée “le poison de la défiance” que : “La
culture économique n’est pas le point fort des Français et il va être
difficile d’expliquer, au sortir de la crise, qu’il n’y a pas d’argent
magique”. Tous ces milliards pour Air France et le CAC 40 sans
contreparties en quelques semaines, c’est sûr que le prof d’éco va
devoir se creuser la tête pour expliquer tout ça.
Pour Olivier Galland, nous n’avons visiblement pas bien écouté une petite subtilité enseignée en cours d’éducation civique : “la vigilance démocratique, explique-t-il encore, est
très différente de la défiance radicale qui conduit une partie notable
des Français à penser que les dirigeants mentent par principe, au profit
d’intérêts politiques cachés ou, pire, d’intérêts économiques promus
par des lobbyistes influents.”
Mauvais élèves au travail, à glander et à exiger des normes de protection (que seuls 21% des salariés considèrent avoir obtenu, selon la grande enquête Lutte Virale),
nous sommes aussi des mauvais élèves de la politique : au lieu de
questionner poliment les gouvernants sur leurs masques (inutiles, puis
obligatoires), leurs tests (inexistants), leur plan de confinement
(incompréhensible et incohérent), comme le ferait Laurent Delahousse ou
Apolline de Malherbes, nous voyons des “intérêts économiques promus par des lobbyistes influents”,
comme le dit Galland ! Allons bon ! Comme si notre président l’était
devenu grâce à l’argent de quelques grandes fortunes ! Et pourquoi ne
pas dire que la grande distribution a conçu un coup commercial avec le
stockage puis la vente des masques ?! Vilains complotistes !
Nous nous sentons ainsi comme des grands enfants, avec nos trajets
contrôlés, nos courses fliquées et la culpabilisation pour notre
non-respect des consignes – sujet dont toute la presse s’est
auto-désignée spécialiste, heureuse de trouver une nouvelle occasion de
faire du clic au rabais. Mais nous l’étions déjà avant, aux yeux de nos
dirigeants, de nos “sociologues” et de nos patrons. A quand la crise
d’adolescence ?
Mon pote Gavroche, il te l’avait dit : « T’ar
ta gueule à la récré ! Vu que t’as fait pleurer sa mère. En ben moi, je
me mettrai avec ... Tu pourras aller pleurer la tienne, bouffon, va ! »
T’es
content, elle va pouvoir retourner au boulot sa mère, la mienne aussi.
Mon père, lui c’est déjà fait. Depuis, il rentre à pas d’heure. « Il
faut redresser ses manches, qu’il a dit à ma mère, en slip, parce qu’il
se déshabille dans l’entrée, tu comprends faut être collectif, parce
qu’après ce sera pire ».
J’ai pas tout compris, mais ça j’ai retenu. A ma mère qui voulait savoir, il a dit : « le patron il a dit, c’est comme ça ou la porte. T’es libre. » Et pour une fois, ils ne se sont pas engueulés.
Après souper, j’ai voulu aller chez Gavroche. « On est confinés, qu’elle a dit ma mère. T’as pas encore compris ? » Et puis jusqu’à dix heures elle m’a fait répéter les consignes.
Et puis elle a dit : fais attention à ton masque, ça coûte des sous, et avec mon chômage partiel... »
C’est
toujours pareil avec elle. Ça coûte toujours des sous. Elle m’a fait
répéter tout ce que j’avais pas le droit de faire, sinon j’allais
re-contaminer tout le monde que ça serait de ma faute, qu’elle a dit et
que si elle l’attrapait, on la mettrait à l’hôtel, comme les pestiférés.
Je lui ai demandé ce que je pourrais faire, alors. Elle m’a dit : « Tu travailles et tu te tais. Au moins ça te servira pour plus tard. »
C’est toi, toi Blanquer, qui lui a mis ça dans le crâne ?
Attends
un peu qu’on retourne pour de vrai ; tu vas voir avec mon pote
Gavroche, on va t’en mettre une, derrière les chiottes, que tu finiras
par la boucler, ta gueule, à ton ton tour ! Du coup, comme j’étais vénère, c’est ma sœur qui a pris .
Elle avait pas qu’à dire que je râle tout le temps !
C’est
toujours sur nous, les pauvres que ça retombe. Des exercices, des
évaluations, des exercices des évaluations, à la maison, à la télé, sur
l’ordi, à l’école -enfin à la garderie - où les riches ils iront pas,
parce que eux, ils ont des jardins pour jouer.
Je te vois venir avec tes comédiens. On va devoir réciter par cœur Mme de la Fayette (je sais même pas qui c’est ?
Et pi j’m’en fous, je préfère Tistou et pi Croc Blanc).
Pourquoi pas du Bern pendant que t’y es. Tu sais celui qui a que des
rois et des reines à la bouche. Tu vois tes rois et tes reines, et bien
en ce moment plus qu’avant, je trouve que mes ancêtres, ils ont bien
fait de les zigouiller.
Ma mère elle a dit : « si
tu veux t’en sortir, cette année t’iras en colo. D’abord, moi je suis
pas sûre que j’aurai des vacances et pi ton père non plus. Le
gouvernement il va faire des colonies spéciales. C’est pour réduire les
inégalités qu’il a dit. C’est la République. »
Et ben, tu vois Blanquer, ta République elle fait honte aux pauvres !
C’est pas la République ça. Je l’ai lu dans le vieux manuel d’histoire de mon papi.
Et vive Robespierre !
Quand
le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le
peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs.