mercredi 13 juillet 2011

MORENO DE SILVA N'A PAS PERDU SON LUSTRE.






































Les MORENO DE SILVA du dimanche matin: des novillos sérieux, puissants, ils ont pris dix neuf

piques sans trop se faire prier, certaines assassines,comme le premier novillo de TORRÈS, la plupart étaient plus lourds que le lot de toros de MAZA combattus la veille. Il semblerait que l'ADAC ait, hélas, éprouvé les pires difficultés pour faire face au forfait de Cayetano ORTIZ, et lui trouver un remplaçant,ce qui confirmerait que la novilleria actuelle marche hardiment sur les pas de son ainée de la toreria; toréer, certes, mais juste les bestioles que se l'on choisit, pour gagner beaucoup de fric à moindre risque, c'est-à-dire sans risque du tout si possible. Dernier avatar connu: pourquoi un toro de Pampelune a été retiré d'un lot, puis isolé, et écarté, et même interdit de photographier par le clan du petit seigneur July?


Le premier novillo de "EL DANI" est nerveux, avec du poder, il cueille le garçon à l'occasion d'une glissade: grande peur, mais le torero revient au bout de quelques minutes. Le piquero en a profité pour administrer au saltillo une ration de voyou, ce qui n'empêche pas le quadrupède de revenir par deux fois au carapaçon en poussant. Ensuite, il s'avèrera noble, mais de peu de charge. Quelques séries templées tout de même, jusqu'à ce l'animal s'avise, et reçoive l'estoc dans le poumon en s'agenouillant. Salut.

Sergio BLANCO - ne pas confondre avec un Biarrot célèbre- canalise difficilement la charge de son oposant, un manso qui freine des quatre fers sur la cape, rue contre les planches, et reçoit en récompense une pique ultra trasera, qu'il repousse avec entrain. Deux, puis trois rations. La quatrième sera prise de trop près, dommage de gaspiller ses forces pour ne rien démontrer. La faena sera impossible, le toro ayant choisi les planches, le novillera réussira à le coucher d'une entière hasardeuse, après une longue course poursuite autour du rond.

A son tour, Adriàn de TORRES est pris par son Saltillo, heureusement sans mal. Le novillo pousse pour une vraie pique de gala, monumentale, la seconde est ratée, puis repiquée sans honte à bout portant, la troisième est copieusement pompée- pourquoi se gêner?- et repoussée avec alegria. TORRES se permet de s'avancer pour brinder, le public le renvoie à de meilleurs sentiments: apprendre à ne pas laisser assassiner ses toros par le varilarguero, quelle leçon ! Il est d'ailleurs plus facile de brinder et d'apprendre à tricher que de toréer, ses attitudes profilées en apportent la preuve: TORRES se met le novillo dessus, muleta plusieurs fois accrochée et arrachée, la faenita est fade. Dommage que les apoderados ne leur conseillent pas de toréer d'avantage les toros que les publics. A l'épée, une entière, après deux avis. Le garçon est bousculé, touché à la jambe.

Le quatrième, une estampe, très armé, échappe à DANI pour foncer vers la cavalerie: il pousse peu. Seconde échappée vers le piquero, qui pompe sans retenue, "à l'ancienne", troisième pique plus légère - heureusement, pourrait-on dire -. Le novillero accomplit ensuite une faena méritoire, par notamment naturelles templées, conclue plus laborieusement par 1/3 d'épée, retirée, puis deux pinchazos, un avis. Une vuelta qui ne s'imposait pas. Mais on voit tellement pire, dans les plazas mondaines....

Càrdeno, le quinto s'avère aussi violent qu'il est beau, il sème vite la panique en fonçant sur tout, et partout: il poursuit les peons, le piquero, prend trois varas dans le désordre. Surtout, il fonce droit, mais au contraire d'un rugbyman, qui cadre et déborde, lui déborde et cadre ses opposants au dernier moment. C'est dire qu'il fait chaud en piste. Il garde la bouche fermée, la tête haute, tout au long de la faenita, qui sera courte, et difficile, et il restera le maître du ruedo: un vrai tio. Deux pinchazos et deux épées tendues, deux descabellos pour conclure, mettent fin au calvaire de BLANCO, qui resta très vert jusqu'à la fin, mais fallait-il s'étonner, avec pareil novillo?

Avec le dernier de la tarde, càrdeno, puissant, nouvelle déconvenue pour le TORRES peu habitué aux réactions vives et justes des aficionados intègres, qui refusent de se laisser endormir: il se verra à son tour refuser son brindis par le public, il brinde alors au ciel, et repose vite ses trastos à la barrera. Parce que son toro a renversé la cavalerie avec poder et violence, ce qui lui vaut le châtiment habituel du piquero de turna, puis, parce que l'animal refonce sur le cheval qu'il fait presque chavirer à nouveau, puis qu'il reprend une troisième ration de fer, sans que le novillero n'intervienne: le public n'est pas d'accord, et le fait savoir. L'animal s'avère aussi noble que puissant, il répond bien aux cites de la muleta, il garde lui aussi la bouche fermée, mais TORRES finit vite par être dépassé et mangé par cet opposant encasté, il se le met dessus, il l'étouffe, sans lui donner la distance pour le mettre en confiance et en valeur, c'était certainement le meilleur toro du lot de Saltilla, qui n'aura pas lui non plus trouvé opposant à sa hauteur.

Un infâme golletazo, suivi d'une entière, un peu plus académique, met fin à son beau combat.


Les MORENO DE SILVA n'ont pas déçu, et ont encore un bel avenir.