Élection "présidentielle", ou quand la démocratie dégénère en bouffonnerie.
On pointe à juste titre la vacuité de
cette joute électorale, on peste contre la débilité de ce Barnum
politicien, mais on oublie généralement de souligner
l’américanisation qui en est la cause. Au lieu de confronter des
projets incarnés par des forces sociales organisées, la compétition
présidentielle met aux prises des compétiteurs sans envergure, des
bateleurs rodés à la « com » qui font des moulinets
avec leurs bras en débitant des banalités. Si les électeurs sont
dépolitisés, inutile de se demander pourquoi ! La crise de la
politique est entretenue par le débat politique lui-même,
soigneusement vidé de sa substance par les professionnels du
décervelage.
Cette dégénérescence de la
démocratie en bouffonnerie est d’autant plus nocive qu’elle
s’accompagne d’un autre phénomène. C’est l’emprise des
milieux financiers sur les médias de masse, phénomène qui semble
avoir désormais atteint son maximum historique ! Dans un pays
où neuf milliardaires possèdent la quasi-totalité des organes de
presse, la délibération démocratique est au mieux une illusion
consolatrice, au pire une vaste fumisterie. Naïfs, nous croyons que
nous choisissons nos dirigeants et que ce choix est transparent. Mais
deux idées fausses ne feront jamais une idée vraie. Et ce qui est
sûr, c’est que cette double illusion est indispensable à la
perpétuation de l’oligarchie.
La promotion d’Emmanuel Macron sur
les décombres d’un fillonisme faisandé illustre à merveille ce
poids des structures. La candidature du père Noël des possédants
ayant explosé en plein vol, la caste lui a aussitôt trouvé un
substitut. L’insoutenable légèreté de ce candidat à programme
variable tient lieu de boussole d’une élection dont le résultat
est programmé d’avance. La mine réjouie du jeune banquier
d’affaires, très fier d’avoir gagné deux millions d’euros en
deux mois en montant une OPA pour Nestlé, orne les couvertures des
magazines, M. Bourdin lui sert copieusement la soupe sur BFM, et
« Le Monde » fait sa campagne grâce aux subventions
publiques. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes de
l’oligarchie. Contrôlant les médias qui formatent l’opinion(*),
elle préside à une foire d’empoigne électorale qui distraira le
bon peuple et ne lui réservera aucune mauvaise surprise.
Bruno GUIGUE
Blog Le Grand Soir
(*) Note de Pedrito: non seulement les médias formatent l'opinion, ou ce qu'il en reste, mais ils participent, par le bourrage de crâne qu'ils font subir aux citoyens, en relayant les moindres caprices, les promesses, les mensonges, avec pour certains d'entre eux la corruption, la plupart du temps niée, escamotée, minimisée, banalisée, les actes inciviques de ceux sensés être "plus blanc que blanc", 24 heures sur 24 depuis des semaines et des mois, à l'écœurement général des Français désabusés par cet immonde cirque imposé avec comme unique référence la loi des milliardaires: et à son service, un système électoral à bout de souffle.
Le danger, c'est que beaucoup de ces bouffons se donnent en exemple alors qu'ils sont en plus corrompus. Comment ensuite avec de tels exemples exiger du peuple citoyen le respect des lois et de la justice?