La célébration de Hanouka à l'Elysée
Les faits
Dans la soirée du 7 décembre, à l’Elysée, le chef de l’État recevait le prix annuel Lord Jakobovits de la Conférence des rabbins européens (CER) qui récompense la lutte contre l'antisémitisme et la sauvegarde des libertés religieuses. À cette occasion, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a allumé la première bougie du candélabre pour Hanouka, une fête traditionnelle qui commémore une victoire de l'histoire juive du IIe siècle avant notre ère. La classe politique dans son ensemble a manifesté son hostilité à cette initiative.
La position du MS21
Le MS21 ne préjuge pas de l’intention du Président Macron dans cette circonstance. Elle visait peut-être à un apaisement de notre société en proie à de multiples tensions communautaires exacerbées par le conflit israélo-palestinien. Mais dans cette matière, le MS21 tient à rappeler que les autorités de notre pays n’ont qu’un seul outil véritablement efficace, élaboré philosophiquement et politiquement en France et que nous devons revendiquer haut et fort : la laïcité.
C’est elle et seulement elle qui garantit la liberté de conscience si précieuse pour nos concitoyens désireux de pratiquer leur culte en toute quiétude. Rappelons ici que dans de nombreux pays on condamne à la prison pour incitation à l’athéisme comme en Algérie ou pour délit de blasphème comme au Maroc, en Iran, en Arabie saoudite etc…
C’est elle et seulement elle qui est en mesure de juguler les tentatives antirépublicaines qui se cachent derrière les religions pour affaiblir notre droit. A ce titre il est évidemment caricatural de se focaliser sur l’Islam même si le contexte international rend cette religion très visible actuellement. Toutes les religions peuvent en réalité se révéler des paravents potentiels pour les tenants du fascisme qui veulent saboter le modèle républicain. Franco, Pinochet, Stroessner n’ont jamais manqué d’invoquer le catholicisme pour instituer leur dictature. En Inde, l’hindouisme radical maltraite la communauté musulmane. En Israël c’est au nom de la religion juive que le gouvernement fascisant de Netanyahou fait torturer de jeunes palestiniens dans les prisons…
Tous les autres moyens de lutter contre le fractionnement de notre société en communautés rivales, qu’ils se nomment le concordat, la tolérance, le vivre ensemble, ou la compassion victimaire communautaire ont largement montré leur inefficacité, et même leur aptitude à produire l’inverse de leur but.
L’initiative de E. Macron est malheureusement à ranger dans cette dernière catégorie. Car, que va-t-il en résulter ? Les pratiquants des autres religions vont y voir une forme de discrimination positive : pourquoi n’y aurait-il pas en effet symétriquement la célébration d’une messe de Noël à l’Elysée, ou de la fête de l’Aïd, ou de la Pâque Orthodoxe … ? Les antisémites auront une raison supplémentaire pour alimenter leur délire. Et les très nombreux citoyens laïques de notre pays, adeptes d’une religion ou non, n’auront qu’à regretter – spécialement à la date anniversaire de la précieuse loi de 1905 - une occasion perdue de faire valoir un principe de justice et de liberté.