mercredi 23 novembre 2022


Maria Zakharova, une femme au cœur du pouvoir russe

Le journal le Point publie cet interview, que faut-il en déduire? Pourquoi cette brèche, cette” bombe” qui fait voler en éclat par son franc parler toutes les arguties, pourquoi dans la propagande de notre presse et ceci venant d’un patron de presse Pinault qui est ce qu’il est: un milliardaire ultraconservateur qui joue parfois le populisme et les francs tireurs, mais qui montre en fait le chantage permanent qu’à travers les médias, cette caste industrialo-financière exerce sur leur “État” auquel ils ne payent pas d’impôt et le “ruissellement des profits” attendu de cet appareil de moins en moins capable de défendre l’intérêt général, y compris du capital. Qu’est-ce qui se joue là dans les concurrences et les contradictions d’une classe sociale et qui peut être utilisé pour comprendre la réalité de la situation, de la guerre en particulier, c’est un apprentissage auquel nous invitait déjà Lénine, savoir lire la vérité dans les mensonges de l’adversaire alors même que tout est fait y compris par l’adversaire pour nous inviter à ne pas lire, à réduire notre appréciation à la seule personnalité de son auteur, on exploite les instincts qui ne sont même plus de classe pour économiser la réflexion. Alors lisez… même si ce qui devrait paraitre dans l’Humanité parait chez Pinault… Ce n’est pas un hasard et c’est la gauche voir l’Humanité qui doit censurer alors que la droite et l’extrême-droite ont quelqueslatitudes… A méditer… (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

PARTAGER SUR:FacebookTwitterLinked InEmail

Voici une interview vraiment remarquable de Maria Zakharova, porte parole du ministre des Affaires étrangères russe par le journal français Le Point. Une fois n’est pas coutume, on ne peut qu’être agréablement surpris par la publication d’un tel document dans un hebdomadaire français de niveau national et dans le contexte général d’une véritable hystérie russophobe.

Le point de vue russe est enfin mis à la disposition des citoyens de notre pays qui ne sont pas aveuglés par la Propagande de guerre. Difficile de ne pas trouver de nombreux points de convergence avec les propos tenus par Maria Zakharova. Dominique Delawarde

***

Maria Zakharova, 46 ans, est depuis 2015 la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie. Première femme à occuper ce poste au cœur du pouvoir, elle est connue pour son franc-parler et son infatigable détermination à développer et préciser la vision russe du monde, notamment sur sa chaîne Telegram. La rencontre, sans interprète, a duré plus d’une heure dans une salle de réunion du ministère des Affaires étrangères, en plein centre de Moscou, la veille du départ de la délégation russe pour le G20 de Bali.

Rompue à l’exercice, Maria Zakharova a répondu avec verve, sans consulter les notes qui lui avaient été préparées par ses services. Classée par la BBC, il y a cinq ans, parmi les 100 femmes les plus influentes du monde, elle n’avait pas accordé d’interview à un média occidental depuis plusieurs mois. La traduction de ses propos, effectuée par nos soins, a été validée par le ministère.

Le Point : Qu’est-ce que l’Occident aurait selon vous « raté » dans ses relations avec la Russie ? Et plus particulièrement dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine ?

Maria Zakharova : Tout a commencé à la fin des années 1980 et au début des années 1990. À l’époque, on pouvait encore différencier l’Europe des États-Unis. Avant la dislocation de l’URSS, le monde était bipolaire. Quand les États membres du pacte de Varsovie ont commencé à le quitter – et ce processus a débuté avant la fin de l’URSS –, l’Europe aurait pu affirmer son indépendance. L’URSS était en faveur de l’union des deux Allemagne, les États-Unis étaient contre…

C’est là que l’Europe a commencé à saisir ce que ça signifiait d’être vraiment l’Europe unie, sans ligne de démarcation. Elle a commencé à s’unir. Là aussi, nous étions pour. Nous disions : nous sommes avec vous ! Unissons-nous, intégrons-nous ! Construisons un avenir ensemble ! Mais là, ça a été l’horreur : les États-Unis d’Amérique, les élites, « l’État profond », je ne sais pas vraiment, ont tout d’un coup compris que ça serait un cauchemar. Que si l’Europe s’unissait avec nous, avec nos ressources russes, ça leur ferait non seulement de la concurrence, mais ça serait même la fin pour eux.

D’abord, ils se sont prononcés contre notre intégration, ont refusé le régime sans visa, ensuite, ils ont commencé le processus de rapprochement de leurs bases militaires, avec des contingents et du matériel, vers nos frontières. Puis ils ont accepté de nouveaux membres dans l’OTAN, mais surtout, ils ont créé ce narratif historique anti-russe.

Le Point : À quel moment cela a-t-il basculé ?

Maria Zakharova : Au début des années 2000, quand on a fini par comprendre de quoi il s’agissait, nous leur avons dit : eh, dites donc camarades, quel monde construit-on ? C’est nous qui nous sommes ouverts à l’Occident, et pas l’inverse ! L’Europe, elle, a poursuivi son intégration, notamment économique : création de l’euro, de Schengen ; et pour les États-Unis, ça a été un second choc : le dollar a cessé d’être la seule devise dominante. Or le dollar n’est sécurisé que sur sa propre dette, sur rien d’autre. Alors que l’euro, lui, est sécurisé par le niveau économique élevé d’une vingtaine de pays, sans compter les économies des pays de l’Europe orientale, de l’Europe centrale et du Nord… Pardon, mais c’est une économie puissante, et qui, en plus, à ce moment-là, se nourrissait du fort potentiel des ressources russes !

En face, la devise américaine, c’est une bulle de savon ! Là, ils ont compris qu’il fallait agir, non seulement envers nous, mais aussi envers l’Europe : ils ont commencé à saper nos liens énergétiques avec l’Ukraine qui est devenue le nœud central de cette politique. Les politiques ukrainiens se sont mis à s’écrier qu’on était très dangereux parce qu’on ne leur livrait pas notre gaz gratuitement, les Américains ont répondu aux Européens, mais achetez donc le nôtre ! Les Européens ont rétorqué : il est cher, si on achète plus cher, nos opinions publiques ne comprendront pas… Augmentez donc les impôts, ont-ils répondu ! Problème, parce que les impôts, c’est aussi le peuple, a répondu l’Europe. OK, d’accord, débrouillez-vous, voilà ce qu’on dit les Américains.

Donc, l’Ukraine, c’est juste un instrument, c’est tout ! L’Europe a deux bananes dans les oreilles.

Le Point : Donc, pour vous, cette situation n’est pas une nouveauté ?

Maria Zakharova : Quelle nouveauté ? Que l’Europe a les deux yeux fermés et deux bananes dans les oreilles ? Tout ça, c’est à cause de vos médias qui ne se sont jamais déplacés dans le Donbass pendant toute cette période, à l’exception de quelques-uns. Au moment de Pussy Riot ou de Navalny, en revanche, ils étaient tous là. Mais là-bas, quand des milliers de personnes mouraient, il n’y avait personne. Et savez-vous que depuis 2014, les Criméens n’ont pas eu droit à des visas Schengen ? Pourquoi ? Parce qu’ils auraient pu raconter la situation !

En revanche, il suffisait de venir en Crimée pour s’en rendre compte par soi-même. En 2016, on a organisé des voyages de presse en Crimée, on a demandé aux journalistes ce qu’ils voulaient voir et faire, on a dit OK à tout. Un Français a dit qu’il voulait aller sur la base navale de la flotte de la mer Noire. On a accepté. Mais quand on a lu son article, on n’en croyait pas nos yeux, une telle censure ! Son titre était quelque chose du genre « pour faire peur à l’Europe, la Russie a regroupé des journalistes et leur a montré la flotte de la mer Noire », et vous me demandez pourquoi l’Europe n’est au courant de rien ! Justement à cause de ce genre de journalistes !

Le Point : Depuis neuf mois, la Russie a-t-elle réussi à développer ses relations avec des pays en dehors de la sphère occidentale ?

Maria Zakharova : Nous ne nous impliquons pas dans des coups ou des renversements. Pendant toutes ces années, nous nous sommes vraiment efforcés de nous tourner vers l’Occident. Aujourd’hui, nous souhaitons avoir des relations harmonieuses et équilibrées avec tous ceux avec qui il est possible de construire des relations sur un pied d’égalité, mutuellement respectueuses et bénéfiques. Une conception « multi vecteurs » avait commencé à être déployée dès l’arrivée de Primakov aux Affaires étrangères (Evgueni Primakov a été ministre des Affaires étrangères de 1996 à 1998 avant de devenir Premier ministre, NDLR). Avant lui, on n’avait d’yeux que pour l’Occident. Kozyrev (Andreï Kozyrev a été ministre des Affaires étrangères de 1990 à 1996, NDLR) avait même prononcé la phrase suivante : « Il est impossible pour la Russie d’avoir des intérêts qui différeraient de ceux des États-Unis » ! Oui, il l’a dit, et aujourd’hui il dit que Lavrov était bien avant, et qu’aujourd’hui, il est terrible…

Mais ce qui est terrible, c’est justement ce qui s’est passé avec Kozyrev, et pas avec Lavrov. Ceux qui ont dirigé la Russie dans ces années 1990 avaient même l’impression qu’ils pouvaient réduire le nombre d’ambassades russes dans le monde, et ils l’ont fait ! Ils ne payaient pas les salaires des fonctionnaires du ministère, ne les envoyaient plus en mission, etc. Primakov, lui, a insisté sur nos intérêts nationaux et sur la nécessité d’une diplomatie forte. Il a tout fait pour qu’on reçoive nos salaires et que nos ambassades ne manquent de rien. C’est depuis ce moment-là que la Russie a commencé à tisser des liens étroits en dehors de l’Occident. Et aujourd’hui, ces pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine sont justement ceux qui, contrairement aux exigences des USA, n’adoptent pas de position anti-russe. Et ils représentent la majorité des pays du monde !

L’armement que vous envoyez en Ukraine est déjà en train de se déverser en Europe sur le marché noir.

Le Point : L’Occident mène-t-il, selon vous, une politique anti-russe ?

Maria Zakharova : Ce n’est pas une position anti-russe, c’est une position antinationale vis-à-vis de vos propres peuples. Qu’avons-nous à voir là-dedans ? Bien sûr, nous aimerions être perçus normalement, objectivement et positivement, mais que peut-on y faire ? En premier lieu, c’est vous-même que vous détruisez ! Finalement, vous n’avez plus rien, vous ne disposez plus des ressources ni des possibilités que vous offraient les relations avec la Russie, et vous n’avez même plus la paix en Europe.

L’Ukraine flambe depuis 2014 dans le Donbass et personne ne s’en préoccupait. Vous n’arrivez même pas à comprendre que tout l’armement que vous envoyez en Ukraine est déjà en train de se déverser en Europe sur le marché noir. Vous savez pourquoi ? Parce que ce que vous pensez être la mafia « russe » n’a jamais été « russe », ce sont plutôt des gars de Moldavie et d’Ukraine. Vous avez toujours cru que tous ceux qui venaient de l’ex-URSS étaient des Russes, vous n’avez jamais fait la distinction. Vos ministères de l’Intérieur, vos forces policières et services de renseignements sont au courant, mais l’opinion publique en général ne le sait pas. Je vous félicite, après avoir reçu les « élites » d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, aujourd’hui vous avez remplacé tout ça par des gens qui viennent d’Ukraine, mais ce ne sont pas des gens qui veulent travailler ou étudier…

Le Point : Vous voulez dire, les réfugiés de guerre ?

Maria Zakharova : Oui, vous les appelez comme ça. Beaucoup souffrent de la situation humanitaire, c’est vrai, mais ce ne sont pas des gens qui apporteront leur part personnelle à la vie en Europe, ils vont juste en profiter !

Ils ont besoin d’allocations, de logements et ils utiliseront cette situation politique. Ils ont vu comment en profiter… Nous connaissons leur mentalité, vous non. Vos belles valeurs sur la tolérance ont perdu leur sens : on est passé à la complaisance. La tolérance n’est plus du tout le respect d’un avis différent ou la possibilité d’écouter quelqu’un qui n’a pas la même mentalité que vous, c’est devenu une complaisance vis-à-vis de tous ses actes d’une personne, bons ou mauvais. Du coup, c’est le chaos.

Le Point : Parleriez-vous ainsi si nous étions avant le début de la guerre, en février 2022 ?

Maria Zakharova : Bien sûr ! Ça fait des années qu’on le dit, au moins depuis 2014. Et souvenez-vous qu’en 2007, Vladimir Poutine était venu à la conférence de Munich. Il avait dit : « Réfléchissez bien, que voulez-vous de nous ? Que nous soyons ensemble ou pas ? Sachez que nous, on ne peut pas rester impassibles face à vos mensonges ! »

En 2015, sur la Syrie, Poutine déclare à l’Assemblée générale de l’ONU : « Si vous voyez, comme moi, que l’État islamique existe, il faut s’unir pour le contrer. Comme en 1941, quand nous avons tous raté Hitler justement parce que vous ne vous  étiez pas décidé à temps ! Unissons-nous et ensemble, nous vaincrons l’EI. » Une moitié du public s’est moquée, l’autre a hué… Poutine a dit OK, il est rentré à Moscou, et la semaine suivante nos avions partaient pour la Syrie. Il avait raison, en tous points, même si, à l’époque, beaucoup nous ont menacés. Aujourd’hui, les mêmes pays nous remercient et nous disent qu’on les a sauvés ! Qu’est-ce que vous croyez ? Que ça se serait terminé comme ça avec la Syrie ? Pas du tout, « l’Occident collectif » aurait été ailleurs, là où il y a du gaz et du pétrole. Ils ne vont jamais là où règnent la pauvreté, les problèmes et la famine. Uniquement là où il y a des ressources.

Le Point : L’Occident ne se serait réveillé qu’à cause du conflit en Ukraine ?

Maria Zakharova : Qui s’est réveillé ? L’Occident ? Il dort d’un sommeil léthargique. Ce sont les États-Unis d’Amérique les plus actifs à ce jeu. L’Union européenne est un peu comme le /Titanic/, l’eau rentre par tous les côtés, mais l’orchestre continue à jouer !

Dès que la bataille est honnête, les Américains perdent.

Le Point : Les médias et dirigeants politiques occidentaux ont interprété le retrait des troupes russes de Kherson comme une défaite . Pouvez-vous convaincre qu’il en est autrement ?

Maria Zakharova : Nous n’avons aucune intention de convaincre quiconque de quoi que ce soit. L’époque où on essayait de convaincre est passée, c’est leur problème. À eux de voir comment ils vont prendre tout ça ! Certains dorment, ou nous sifflent, mais tous s’occupent de livraisons d’armes, et nous, on a déjà compris que la discussion sous ce format était inutile. On leur a couru après pendant huit ans, on a essayé d’obtenir, via les Occidentaux, que Kiev respecte les accords de Minsk. Pendant huit ans, les Occidentaux ne l’ont pas fait. Et on irait maintenant parler avec eux ?

Je comprendrais que vous n’avez pas pitié de nous, je comprends même que vous n’ayez pas pitié de l’Ukraine, mais enfin, vous n’avez même pas pitié de vous-mêmes, avec toutes ces armes que vous livrez, vous avez oublié tous les actes terroristes commis sur vos sols ? Vous en avez tous subi. Personne n’y prête attention, c’est devenu un problème de politique intérieure. En plus, à la tête des institutions politiques de certains de ces pays se tiennent des personnes liées aux États-Unis parce qu’elles y ont étudié, travaillé… Les États-Unis ne veulent qu’une chose : primo, dominer le monde et être les seuls qui contrôlent tous les processus ; deuzio : ne pas avoir de concurrents…

Or, dès que la bataille est honnête, ils perdent. Technologiquement, ils ont déjà perdu face à la Chine ; économiquement, financièrement et d’un point de vue civilisationnel, ils ont perdu face à l’Europe et au reste du monde ; du point de vue de leur complexe militaro-industriel, ils ont compris qu’ils étaient en retard. Pour ce qui est du cosmos, je suis ravie qu’on puisse y envoyer des voitures, mais ça a été rendu possible grâce à nos fusées de lancement ! Tout ça n’est que de la com. En fait, les États-Unis ont tout perdu à cause de la crise de leur système fondé sur cette suprématie du dollar. Leur dette est gigantesque. Leur économie n’est pas réelle, elle n’est que virtuelle. Il vous faut des preuves ? Écoutez Trump ! Quand il parlait de « Make America Great Again » ça voulait dire qu’il fallait revenir à l’économie réelle !

Souvenez-vous comment le G20 a été créé, en 2008, au moment où le marché américain de l’immobilier avait éclaté, embarquant avec lui toutes les Bourses mondiales. C’était une crise mondiale mais artificielle, à cause du système hypothécaire américain… Or, là, en 2008, ils avaient besoin de tout le monde pour réanimer le système économique mondial, de l’UE, du Brésil, des pays du Golfe, de la Russie, de la Chine. « Big Brother », pardon pour l’expression, avait fait dans sa culotte, il fallait que tout le monde aide… Ensuite, quand il s’est remis, « Big Brother » a commencé à se mêler de l’Irak, de la Libye, de l’Afghanistan, de la Syrie, et de l’Ukraine…

Le Point : Les relations russo-américaines étaient-elles plus faciles sous Trump que sous Biden ?

Maria Zakharova : Pas du tout, surtout quand, tous les jours, Trump était accusé d’avoir des liens spéciaux avec les Russes… Et qu’est-ce que ça veut dire « plus  facile » ?

Le Point : N’est-ce pas plus compliqué aujourd’hui, avec Biden ?

Maria Zakharova : Aujourd’hui, c’est plus marrant… Non, je plaisante, mais on se rend tous compte que ce qui se passe est absurde. Le scrutin qui a élu Biden en 2020 s’est déroulé de manière sauvage, pas honnête. Les Américains eux-mêmes le disent : lisez les sondages selon lesquels la population ne croit pas en ces résultats ! Et de quelle liberté d’expression parle-t-on quand on ferme le compte Twitter d’un président en exercice, rendez-vous compte, en exercice ! Uniquement parce que c’est le souhait des sphères libérales !

En 2016, Trump a gagné justement parce qu’il avait été capable de s’adresser directement à son public via les médias sociaux. Pendant ces 4 ans, il n’y a pas eu un seul jour où on ne l’accusait pas de liens avec la Russie, mais qu’avons-nous donc à voir là-dedans ? En revanche, nous avons bien vu comment certains dirigeants européens étaient liés, eux, à Hillary Clinton. François Hollande, par exemple, qui l’a félicitée avant même que les résultats soient proclamés, il voulait sans doute être le premier. Le problème est plutôt qu’on a accusé la Russie de soutenir Trump, même si aucun fait ne le prouve, alors que certains soutenaient ouvertement Hillary Clinton et là, c’est encore une fois deux poids, deux mesures. Ils pensent qu’ils ont le droit de le faire et pas nous. Ils expliquent que c’est parce que nous ne serions pas une « vraie » démocratie. Voilà, tout est dit. 

Classe ! On leur demande : mais qui définit une « vraie » démocratie ? Nous, « l’Occident collectif », ils répondent. L’Iran ? Non, l’Iran n’est pas une démocratie, le Venezuela ? Non plus… En 2020, Mme Rodriguez, la vice-présidente du Venezuela, a prononcé une phrase géniale lors d’une visite ici à Moscou : « Savez-vous combien de scrutins électoraux nous avons organisés ? Pas un seul n’a plu aux États-Unis ! Pourquoi ? Parce que ce ne sont pas les élections qui les intéressent, mais leurs résultats ! » C’est ainsi : les Américains ne considèrent comme légitimes que les résultats électoraux qui leur conviennent.

Le Point : Le /Wall Street Journal /affirme que, ces dernières semaines, le Kremlin et l’administration présidentielle ont mené des discussions officielles concernant la menace nucléaire. Confirmez-vous ?

Maria Zakharova : Je ne sais pas à quels contacts en particulier vous faites allusion. En revanche, pour ce qui concerne notre position sur l’arme nucléaire, nous essayons de rassurer tout le monde. Nous avons publié une déclaration à ce propos sur le site du ministère des Affaires étrangères. Cessons ces spéculations, cessons d’en parler.

Le Point :  Mais si Vladimir Poutine en parle, les spéculations reprendront…

Maria Zakharova : En parle-t-il maintenant ? Non. C’est nous qui décidons ce qu’on a envie de dire, et vous, vous décidez ce que vous avez envie d’entendre. Nous continuerons à dire ce que nous avons envie de dire. Et pour ce qui est de poursuivre le dialogue, écoutez… Ici, Macron nous a tous fatigués.

Surtout quand on a appris que pendant ses coups de fil avec Moscou, il y avait une caméra derrière lui et que tout était enregistré pour un film (/Un président, l’Europe et la guerre/, 2022, NDLR). Avec qui on parle alors, et de quoi ? Cela fait huit ans qu’on a déjà discuté de tout et pour ce qui est de l’Ukraine, ce sont les États-Unis qui décident.

Rendez-vous compte que l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne a traité le chancelier Scholz de « saucisse offensée » (en mai 2022, NDLR), c’est comme s’il lui disait que son seul boulot était de continuer à donner de l’argent, des armes. Avec qui pourrait-on parler de l’Ukraine dans l’UE? Conseillez-moi. Peut-être avec Borrell ? Ou avec un Italien ? Ou avec l’Allemande Baerbock, spécialiste de l’écologie ? Avec qui parler, et de quoi ? Ils ne savent même pas de quoi ils parlent…

Le Point : Personne en Europe ne pourrait donc influencer la situation ?

Maria Zakharova : Ils le pourraient, s’ils admettaient que le centre des décisions se trouve à Washington qui prend des sanctions, établit des listes, livre des armes, dit qu’il faut accueillir des réfugiés, faire ceci, ou voter cela… Comment les Européens pourraient-ils admettre tout ça, alors qu’ils n’arrivent même pas à être indépendants, c’est-à-dire à agir par eux-mêmes ? Le plus triste, et je le dis sur un ton sarcastique, c’est que chaque État de l’UE pense qu’il est indépendant, en est convaincu, même s’ils sont incapables de dire en quoi ça consiste. Ils sont même incapables de poser des questions tout doucement, par exemple, celle-ci : qui a fait exploser les gazoducs (Nord Stream, NDLR) au fond de la mer Baltique ? Ils n’ont même pas le droit de la poser. Pourtant, quand un certain Skripal avait été empoisonné (Sergueï Skripal est un agent russe devenu un agent double britannique, qui a survécu en 2018 à une tentative d’empoisonnement au Novitchok, NDLR), toute l’Europe en parlait… mais en quoi cela concernait-il la France, l’Italie, la Grande-Bretagne ? Ils ne savaient même pas ce qui s’était vraiment passé.

Alors que ce projet est celui d’une infrastructure nous concernant tous. Oui, c’est notre gaz et nos tubes, mais pour approvisionner l’Europe ! Il a été détruit et aucun chef d’État ou Premier ministre de l’UE n’ose poser cette question simple : qui a fait ça ? Et vous me parlez de politique indépendante européenne ! Le peuple, lui, est capable de se poser des questions, mais chez lui, pas publiquement. Dès que quelqu’un s’exprime là-dessus, les services spéciaux viennent le voir et l’accusent d’être un agent russe.

Le Point : Vous pensez que ce que vous dites là arrive en France ?

Maria Zakharova : Je ne le pense pas, je le sais…

Le Point : La russophobie existe-t-elle en France ?

Maria Zakharova : Les Français tentent d’y résister parce qu’ils lisent, regardent des films, vont au théâtre et qu’ils sont habitués à penser et réfléchir par eux-mêmes grâce à leur niveau de culture. Mais on essaie de la leur imposer d’en haut. Comme en Espagne, au Portugal et en Grèce.

Le Point : Vous évoquez souvent ce que vous qualifiez de « deux poids, deux mesures » entre la Russie et l’Occident, pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par-là en rapport avec l’Ukraine ?

Maria Zakharova : Voici un exemple : en 2012, un groupe de jeunes femmes russes habillées en punk a fait irruption dans une cathédrale de Moscou. Elles s’appelaient les Pussy Riot. Elles ont bondi derrière l’autel, dansé sur fond d’icônes et d’objets saints, fait quelques déclarations et posté ce moment sur les médias sociaux. En Russie, le peuple et les structures de sécurité ont été épouvantés. Cette cathédrale du Christ Sauveur est la plus grande sur le territoire de la Russie, elle a été complètement reconstruite après sa destruction par les communistes qui en avaient fait une piscine. Elle avait été érigée avec l’argent du peuple, d’abord au XIXe siècle pour célébrer notre victoire sur Napoléon en 1812, puis au XXe. Ces filles ont profané en quelques minutes tout ce en quoi les gens de notre pays croient ! Elles voulaient provoquer. Le monde libéral les a défendues et aussi Madonna, Sting, Red Hot Chili Peppers, etc. On nous disait : Comment osez-vous punir des jeunes femmes pour leurs actes civiques ? C’est de l’art !

Aujourd’hui, on voit qu’en différentes parties de l’Europe des activistes, du même âge qu’elles, pénètrent dans les musées et jettent une substance sur des œuvres. Ils protestent contre ce qu’ils estiment être un préjudice infligé à la nature par les industries. Leur but n’est pas de détruire l’œuvre d’art protégée par une vitre, mais d’attirer l’attention sur ce problème. Et que voit-on ?

Personne ne s’exprime en leur faveur. Ni l’Union européenne, ni le président des États-Unis, ni aucun diplomate ne les soutiennent, alors que chacun d’entre eux défend un programme environnemental et que dans tous ces pays, les démocrates considèrent l’écologie comme un thème central. Tout ça pour vous dire que des actions grotesques similaires n’aboutissent pas aux mêmes réactions.

Quand ça se passe en Russie, c’est critiqué, mais dès que ça touche l’Occident, ces personnes sont  considérées comme des hooligans ! Pourquoi ? J’aimerais bien le savoir ! Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

Combien de jeunes ont terminé en prison pour avoir participé aux Gilets jaunes en France ou à des protestations en Amérique ? Des centaines, des milliers de gens partis à l’assaut du Capitole ont été pénalement condamnés. Mais dès que c’est chez nous, ça concerne immédiatement les États-Unis, Bruxelles, Paris, Rome, Madrid, Lisbonne ! J’ai envie de dire : eh, les amis, faudrait peut-être avoir les mêmes standards !

Pour ce qui est des élections, c’est la même chose. Aux États-Unis : personne ne comprend ce qui s’est vraiment passé. Des observateurs de l’OSCE se sont exprimés avec grande délicatesse sur les violations. Je le sais, j’ai attentivement lu leur conférence de presse. Alors que pour ces mêmes observateurs occidentaux, pas un seul scrutin ne s’est déroulé tranquillement chez nous. Chaque fois, c’était la même hystérie. Nous ne nous mêlons pas des élections aux États-Unis, alors qu’ils ne se mêlent pas des nôtres ! C’est un second exemple. Et au Venezuela ! Pour les Occidentaux, Maduro n’est pas président. OK mais qui est-ce alors ? Même si aujourd’hui, tout a changé, Macron l’a salué, et aussi Kerry qui, je le rappelle, représente un pays qui le recherche.

Le Point : Et l’Ukraine ?

Maria Zakharova : En ce qui concerne l’Ukraine, tout a commencé quand les États-Unis, de concert avec l’Union européenne, Bruxelles, Berlin et Paris dans une moindre mesure, Varsovie et les pays Baltes ont commencé à se mêler des affaires internes de ce pays, et ils n’ont pas fait que ça : ils ont carrément modelé la situation sur place en dépensant de l’argent, en multipliant les soutiens politiques, en formant ceux qui, en 2014, avaient fomenté le coup d’État. En 2004, la Révolution orange, c’était quoi ? Le troisième tour des élections ? Alors que tout le monde voyait bien que Ianoukovitch (l’ex-président ukrainien pro-russe entre 2010 et 2014, NDLR) les avait gagnées. Tout le sud-est de l’Ukraine avait voté pour lui. Donc ils ont conçu une Ukraine à leur main, ont été à la source d’un changement gouvernemental et ont transformé les problèmes énergétiques en facteur politique. Ce sont eux qui ont décidé comment l’Ukraine allait nous acheter de l’énergie et que ces tuyaux passeraient à travers leur territoire en transit. Ensuite, il est apparu qu’eux seuls avaient le droit d’agir ainsi, encore un double standard, et ça ne pouvait qu’exploser, car quand on met dehors à deux reprises un président élu, ça ne peut pas bien se passer. Ils l’ont viré comme un malpropre !

Le Point : Pouvez-vous expliciter le terme « Occident collectif » ?

Maria Zakharova : C’est le fait que vous n’avez aucune politique extérieure individuelle !

À de nombreuses reprises, lors de conférences de presse, j’ai été témoin des questions posées par des journalistes à des ministres des Affaires étrangères des pays européens. Tous répondaient qu’ils n’avaient pas le droit de donner leur avis sur des questions internationales globales parce qu’ils suivent une politique collective au sein de l’UE et de l’OTAN. Donc ils ne peuvent que commenter que les relations bilatérales.

Vous êtes l’« Occident collectif » parce que vous êtes unis dans un système administratif de direction au sein de l’OTAN. Depuis les années 1990 et 2000, l’UE a cessé d’être une union politico-économique, elle est devenue une partie de l’OTAN, elle a cessé d’être autonome.

Pourtant, selon certains sondages, la population de tel ou tel pays européen ne soutient pas les sanctions anti-russe, et ce, non par amour pour la Russie, mais parce que ça leur rend la vie plus complexe, mais elle n’a aucun moyen de déléguer son opinion aux dirigeants. On sait très bien qui a pris le premier la décision des sanctions au lendemain de 2014, c’est Biden, alors vice-président, c’est lui qui a influencé la décision de l’UE, c’est de notoriété publique. C’est seulement après que les pays de l’UE ont décidé de nous sanctionner, alors, vous voyez bien ce qu’on veut dire avec l’idée de « l’Occident collectif » ! Il n’y a rien de répréhensible à prendre une décision de façon collective, nous aussi sommes membres de structures collectives, mais il y a une différence fondamentale : nous décidons avec les autres sur un pied d’égalité.

Sur certaines questions pas vraiment cruciales, les Européens prennent des décisions de concert, mais dès que certains pays sont tentés de prendre des décisions qui leur seraient individuellement bénéfiques, mais qui diffèrent de ce qui est important pour la superstructure, ils sont punis. Regardez ce qui se passe en Pologne, et ça n’a rien à voir avec la Russie, elle a sa propre législation nationale sur la question du genre ou la question nationale, mais si ça ne plaît pas à Bruxelles, ils sont punis ! Et la Hongrie ! Comment on l’a traitée, comment on traite Orban ! Voilà : personne ne peut prendre ses propres décisions si elles ne coïncident pas avec les opinions de « Big Brother ».

MAIS POURQUOI LE POINT OSE-T-IL ROMPRE LA CENSURE DE LA PROPAGANDE OCCIDENTALE ?

(1) quelques lignes pour commenter cet interview inattendu dans l’unanimité de la propagande des médias français. Ceux-ci sont entièrement soumis à des patrons de presse qui sont souvent des marchands d’armes et quand ils ne le sont pas ils sont devenus les instruments des publicistes qui gèrent les annonces donc les ressources, mais aussi de patrons de presse comme François Pinault qui peuvent avec leurs immense fortune prétendre jouer parfois les “francs tireurs” comme ici. En fait il n’en est rien, voici comment la possession d’un titre peut aider encore et toujours à jouer face au petit personnel politique, assurer leur souplesse et garantir des protections bassement financières : édifiant.

François Pinault est devenu le propriétaire du Point le 16 octobre 1997 à partir de la vente du Point (et de l’Express) par le groupe Havas. En 2021 le magazine Forbes le classait 27e fortune mondiale, il fait partie de ce patronat français dont le COVID et les mesures de soutien du gouvernement français ont encore fait croitre la richesse, il est désormais au 24e rang. En 2020, le patrimoine familial de François Pinault est estimé à 32 milliards d’euros par le magazine Challenges en augmentation par rapport aux années précédentes, et ce, malgré la pandémie de Covid-19, qui a fortement affecté la consommation mondiale et donc le secteur du luxe, ce qui pose le problème de l’origine d’une telle “croissance”, mais partout dans le monde la croissance des fortunes se fait par interpénétration des budgets de l’Etat et des intérêts privés, de gens dont la particularité est qu’ils se soustraient à l’impôt : François Pinault en fait partie et il a besoin à ce titre de tenir en laisse les médias d’en faire les instruments de leur propagande.

En ce qui concerne le Point, Dassault était sur les rangs mais « l’offre retenue est celle qui a eu la préférence personnelle du directeur général du Point, Claude Imbert, et celle de son management », précise le communiqué d’Havas. (…) « Dans ma petite cote personnelle, le groupe Pinault arrivait en tête, notamment en raison de ses activités et de sa surface financière », explique Claude Imbert. Le directeur général de l’hebdomadaire a certainement joué un rôle important dans cette négociation. Consulté par les vendeurs, qui manifestement ne voulaient pas risquer de braquer la direction et la rédaction, Claude Imbert, rétif à l’image militaire du groupe Dassault, avait fait savoir qu’une telle solution provoquerait sa démission, expliquait le Monde. Mais déjà le nom de BHL mis en évidence par le Monde, nous alerte :” Par ailleurs, François Pinault était un ami du père du philosophe Bernard-Henri Lévy, éditorialiste au Point avec lequel il entretient de bonnes relations” dit le Monde sans préciser que ces relations sont fondées sur l’exploitation des bois en Afrique et les liens avec quelques amis de la françafrique. En 1946, le père de BHL s’installe à Casablanca dans le quartier d’Anfa et fonde au Maroc la Becob, une société d’importation de bois précieux africains et de résineux (de Finlande, d’URSS ou de Roumanie) ; après avoir passé plusieurs années au Maroc, alors protectorat français, sa famille s’installe en France, à Neuilly-sur-Seine, en 1954. Sa mère vend ses parts à la société Pinault Bois et Matériaux, filiale au groupe Pinault-Printemps-Redoute, qui devient plus tard Kering en 1997 et achète le Point, où BHL est “éditorialiste” pour 750 millions de francs français. Après la vente de l’entreprise, Bernard-Henri Lévy est resté actionnaire et administrateur de plusieurs sociétés en particulier de films. Toujours les médias.

Il y a pas mal de combats communs mais aussi quelques divergences en particulier sur la Russie et sur l’appréciation de la politique de Macron. du moins apparemment entre BHL et Pinault mais que l’on se rassure, les brouilles ne sont que de surface parce que pour les deux hommes leurs opinions politiques fluctuent non seulement en fonctions de leurs amitiés, et de leurs diners en ville mais aussi de la manière dont on peut en tirer profit pour ne pas payer d’impôts et pour régler aux mieux ses nombreux contentieux juridiques.

C’est aussi du donnant-donnant, le coup de pouce par le rachat d’une entreprise en difficulté dans une circonscription dont l’élu brigue le mandat. C’est déjà sur cette base que ses liens s’approfondissent avec Jacques Chirac, son président préféré dont il partage bien des foucades y compris le vote pour Hollande en 2012, vous savez celui qui au même moment proclame que “l’ennemi c’est la finance”, ce qui lui rallie immédiatement Pinault et sa fibre populiste.

Lors d’un entretien accordé à M, le magazine du Monde le 22 juin 2018, Pinault déclare que le président Emmanuel Macron « ne comprend pas les petites gens [et] mène la France vers un système qui oublie les plus modestes » ce à quoi Benjamin Griveaux répond « De la part de quelqu’un qui pendant longtemps n’a pas payé d’impôts, je ne suis pas certain qu’il comprenne lui-même les petites gens. » Le sort de Griveaux est scellé et le scandale suivra avec l’utilisation notez-le bien d’un Russe fou qui donne dans la performance artistique extrême (se clouer les couilles sur la Place Rouge, un certain art contemporain).

Je vous conseille de suivre les démêlés fiscaux de François Pinault, son goût extrême pour les paradis fiscaux, cela occuperait des pages et des pages, en France et au niveau international il sévit, c’est édifiant et cela se termine toujours par un compromis après que Pinault ait utilisé son magazine et sa presse comme une menace de révélation des turpitudes du pouvoir en place. On voit que la presse cela sert à faire la guerre mais aussi à exercer des pressions sur le pouvoir et que pour cela il faut construire un monopole, éliminer par censure ou achat des rédactions, les deux, toute opinion divergente et on comprend un peu mieux certains silences y compris de la presse communiste. Il s’agit de bâtir un continuum et de qualifier tout le reste de complotisme en utilisant y compris des provocateurs comme Soral et Dieudonné, les antivaccin, j’en passe et des meilleures.

Il s’agit également de se bâtir une réputation d’indépendance et d’amour de l’art, quelque chose de bien “français” qui se limite à la droite extrême. Même l’amour de l’art contemporain n’échappe pas à cette combinaison d’autopromotion par l’excellence et le franc parler, voire la défense du petit peuple contre la technocratie qui se combine aisément avec les profits monstrueux et les conflits d’intérêt. Ainsi à propos de l’artiste Jeff Koons et du prêt de ses œuvres, le rôle de Jean-Jacques Aillagon, alors directeur du château de Versailles, est critiqué dans la mesure où ce proche de François Pinault a alterné les passages entre structures privées de François Pinault et structures publiques, alternance potentiellement porteuse de conflits d’intérêts. Notons que dans ce cas-là Pinault joue volontiers les franc-tireurs et il prête ses œuvres à Moscou où une clientèle d’oligarques peut-être convaincue de faire monter les cotes.

Cet arrière-fond des raisons pour lesquelles l’hebdomadaire de François Pinault peut publier l’interview de Maria Zakharova pourrait utilement se doubler d’un portrait de cette personnalité qui si elle est le porte-parole de l’un des ministères russes aux traditions les plus “soviétiques”, le ministère des Affaires étrangères, a souvent exprimé les sympathies les plus conservatrices voire monarchistes. Mais sans aller jusqu’à cette vision prospective de l’issue du bras de fer entre occident et monde multipolaire, on peut y voir également ce que le capitalisme européen est en train de découvrir en matière de mauvaises manières des USA et de leurs capricieux caitatlistes à la Elton Munk . Il suffit de lire à quel point les Allemands qui ont investi massivement aux USA, découvrent de mauvaises manière et d’absence de réciprocité de la part de l’Etat américain et de ses poulains : avec ses tarifs énergétiques exorbitants et son vaste plan de soutien à l’économie américaine, Washington fragilise l’Union européenne, assure la “Frankfurter Allgemeine Zeitung”. Paris et Berlin demandent une “réponse forte”, mais les Vingt-Sept restent divisés sur l’attitude à adopter déclare aujourd’hui le .Frankfurter Allgemeine Zeitung

On le voit dans le monde actuel, les voies du “progrès” et de la paix prennent parfois d’étranges relais et nous devons apprendre à les connaitre tout en nous félicitant chaque fois qu’est levée la censure du système de propagande de l’OTAN

Danielle Bleitrach pour histoire et société


 

Youri Afonine : en Ukraine sévit un fascisme compradore à la Pinochet

Certes le fascisme sévit en Ukraine mais il n’est même pas “national”, il est “compradore” comme l’était celui de Pinochet ou d’autres dictatures d’Amérique latine, c’est à-dire que l’oligarchie ukrainienne comme celle de ces dictatures vend à l’étranger le patrimoine national et en reçoit le prix de cette trahison. S’agit-il seulement de l’Ukraine, ou d’un modèle applicable à tout le continent européen ? Ce n’est pas un hasard si une entente anglo-saxonne vise en priorité l’Allemagne mais aussi la France, leur économie pour que ces pays ne soient pas en état de profiter du dépeçage du continent comme l’Allemagne a prétendu le faire déjà en Ukraine, en Pologne et dans d’autres ex-pays socialistes. A l’intérieur même de “l’offensive ukrainienne” et ses développements, il y a déjà une concurrence impérialiste pour installer sa propre domination y compris celle espérée du dépeçage de la Russie. C”est du moins la mise en garde que l’on peut tirer de l’analyse du communiste russe Youri Afonine sur ce qui a été fait de l’Ukraine, non seulement une grenade dégoupillée de l’OTAN mais un far west économique dans lequel se sont rués les capitaux, ceux de l’Allemagne, qui a prétendu réaliser pacifiquement le projet hitlérien mais les Etats-Unis flanqués de la Grande-Bretagne qui eux y sont allés à la manière dont ils agissent dans le reste du monde. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

Source : Compte VK (VKontakte) de Youri Afonine : https://vk.com/al_feed.php

L’émission 60 Minutes a suggéré de réfléchir à ce qui arrivera à l’Ukraine si elle reste sous la coupe du régime actuel.
Je suis tombé sur des statistiques très intéressantes concernant la quantité de terres vendues aux étrangers par certains pays. Il s’avère que l’Ukraine occupe une place très élevée, en quatrième position. Seuls la République démocratique du Congo, l’Indonésie et le Cameroun ont un rang plus élevé. Alors que la RDC et l’Indonésie sont plusieurs fois plus grandes que l’Ukraine, cette dernière a toujours plus de terres vendues aux étrangers. En outre, les trois pays situés au-dessus de l’Ukraine dans ce classement sont tous des pays du tiers monde qui ont longtemps été un terrain de jeu pour les sociétés étrangères ; la vente de terrains aux étrangers y est pratiquée depuis des décennies. En Ukraine, la loi autorisant la vente de terres agricoles à des résidents étrangers n’est entrée en vigueur qu’en 2020. En deux ans seulement, l’Ukraine est devenue l’un des leaders de la vente de terres aux étrangers. Déjà 5,5 % des terres ukrainiennes appartiennent à des entreprises et des citoyens étrangers. À ce rythme, dans 20 ans, plus de la moitié de l’Ukraine appartiendra à des étrangers.
Nous qualifions à juste titre le régime actuel de Kiev de fasciste. Mais l’histoire nous montre qu’il existe différents régimes fascistes. Les régimes fascistes, comme ceux de l’Allemagne ou de l’Italie, malgré tous leurs traits horribles, étaient actifs dans le développement des économies nationales et servaient les intérêts du capital national de leurs pays. Mais il y avait aussi des variantes du fascisme qui servaient les intérêts du capital étranger et lui vendaient en fait leur pays. C’est le cas, par exemple, du régime fasciste de Pinochet au Chili, qui a ouvert l’accès le plus large possible à son pays aux entreprises étrangères, principalement américaines.
Les libéraux russes nous ont longtemps raconté des histoires sur le “miracle économique” de Pinochet. Mais les statistiques démentent complètement ces fables : si vous regardez le taux de croissance de l’économie chilienne, il a été le plus bas sous Pinochet. Avant et après lui, l’économie chilienne était beaucoup plus florissante. La seule chose qui prospérait sous Pinochet est la terreur fasciste – le meurtre et la torture des opposants au régime. Il est évident que le fascisme ukrainien est justement un tel fascisme compradore, servant les intérêts du capital étranger. Si ce régime persiste, l’Ukraine perdra sa souveraineté réelle et sera asservie économiquement.
L’Ukraine a un fascisme compradore à la Pinochet.

 

Un monument à Fidel Castro à Moscou

Le président russe Vladimir Poutine et le président cubain Miguel Diaz-Canel Bermudez ont inauguré un monument à Fidel Castro à Moscou, rapporté par TASS. Dans le cadre d’un voyage d’amitié mais aussi de coopération sur le plan technique, scientifique, énergétique. Après l’Algérie, l’histoire de deux pays qui conservent des liens profonds au-delà des vicissitudes de l’histoire. Peut-être aurons-nous la traduction de l’important discours que Poutine a consacré à Fidel Castro, il a raconté ses rencontres avec ce génie politique et la manière dont Fidel avait prévu la fin de l’hégémonie des USA et le rôle de nouveaux rapports sud-sud, le monde multipolaire. Poutine a ajouté que la Russie était désormais en plein dans ce combat annoncé par Fidel. Tandis qu’il parlait, au premier rang des auditeurs il y avait Ziouganov et Novikov, attentifs eux aussi à ce récit historique. En attendant voici la traduction en espagnol tel que peuvent en prendre connaissance les Cubains et les pays d’Amérique latine qui ont la chance de ne pas subir la censure existant en France.

Mais peut-être sommes-nous déjà dans une nouvelle phase de cette transition et les Cubains le savent parce qu’ils sont les meilleurs connaisseurs de l’État de l’Empire. Le choix de la tournée (Algérie, Russie, Turquie, Chine) dit peut-être celui d’un mur à ériger pour la paix, le but cubain, le nôtre. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et societe)

Peut être une image de 11 personnes, personnes debout et plein air

Le monument d’une hauteur de trois mètres a été installé sur la place du même nom dans le quartier de Sokol. Le héros se tient sur un rocher dans lequel une carte de Cuba est stylisée.

L’image est conçue pour refléter le parcours héroïque d’un homme qui a défendu les droits et libertés des personnes dans son pays, a déclaré le Kremlin.

Photo: Sergei Savostyanov/TASS

Peut être une image de 2 personnes, monument, plein air et texte qui dit ’риа новости’

Le premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba, Miguel Díaz-Canel Bermudez, a rencontré Guennadi Andrèyevich Ziugànov, secrétaire général du Parti communiste russe, dans le cadre de sa visite officielle à ce pays.


Le président Miguel Díaz-Canel Bermúdez a ensuite rendu hommage aux soldats soviétiques tombés dans la Grande guerre patriotique. Vers 11 heures, heure locale, le chef de l’État est venu sur la tombe du soldat inconnu, située en face du mur du Kremlin.


Le président Miguel Díaz-Canel Bermúdez a également visité le siège de la chaîne RT en espagnol, qu’il a qualifié de référence pour le monde alors que rappelons-le celle-ci est interdite en France… On ne sait jamais, si le citoyen français pouvait se faire une opinion hormis la propagande qui lui tient lieu d’information.

Diaz-Canel à Moscou : un nouveau chapitre dans l’histoire d’une solide amitié

Le Premier Secrétaire du Comité central du Parti communiste et président de la République de Cuba, Miguel Diaz-Canel Bermudez, est arrivé en Fédération de Russie le 19 novembre, après 21h 30 (heure locale), pour effectuer une visite officielle dans ce pays frère, dans le cadre d’une tournée qui le mènera également en Turquie et en Chine

Auteur: Yaima Puig Meneses | internet@granma.cu

21 novembre 2022 08:11:04

Photo : compte Twitter de la présidence cubaine

MOSCOU, Fédération de Russie, – La Havane – si loin et pourtant si proche de cette terre bien-aimée – était encore illuminée par le soleil du couchant ce 19 novembre, lorsque l’avion transportant le Premier Secrétaire du Comité central du Parti communiste et président de la République de Cuba, Miguel Diaz-Canel Bermudez, atterrissait à l’aéroport international Vnoukovo 2 de Moscou, peu après 21 h 30.
C’est la troisième fois que Miguel Diaz-Canel Bermudez se rend en Russie en tant que chef d’État. Auparavant, il s’y était rendu en 2018 et en 2019.
Au terme d’un voyage de plus de 4 000 kilomètres, il laissait derrière lui les souvenirs précieux d’une visite attachante en République algérienne démocratique.
Une fois en Russie, ce pays qui est lié par tant de fils au cœur de l’Île des Caraïbes, le président et la délégation qui l’accompagne ont été accueillis dans le hall de l’aéroport par le vice-ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Riabkov.
Ils ont avancé sur le tapis rouge, et passé en revue la garde d’honneur. Puis, les hymnes des deux pays ont été joués – deux airs magnifiques et émouvants.  Ce fut alors le début d’une visite officielle qui durera jusqu’au 22 novembre et qui, pour les Russes et les Cubains, représente un chapitre parmi tant d’autres d’une amitié qui a transcendé tous les défis de l’histoire.
La délégation officielle cubaine pour cette deuxième étape de la tournée est composée de Bruno Rodriguez Parrilla, membre du Bureau politique et ministre des Relations extérieures de la République de Cuba ; des vice-Premiers ministres Ricardo Cabrisas Ruiz et Alejandro Gil Fernandez, également ministre de l’Économie et de la Planification, ainsi que des ministres du Commerce extérieur et des Investissements étrangers, Rodrigo Malmierca Díaz, et de Vicente de la O Levy, ministre de l’Énergie et des Mines.

Photo : tirée du Twitter de la présidence cubaine


Précédant l’arrivée du président Diaz-Canel à Moscou, la 19e Commission intergouvernementale s’était réunie le 18 novembre en Russie, afin de discuter de la coopération économique-sociale et scientifique-technique entre Cuba et la Russie. Les principaux sujets abordés ont porté sur la coopération bilatérale et les projets communs entre les deux pays dans le domaine de l’énergie.
Au cours de la réunion, présidée par le vice-Premier ministre cubain Ricardo Cabrisas Ruiz et son homologue russe Dmitry Chernychenko, l’expansion de la coopération commerciale, économique, de crédit, financière et bancaire, la mise en œuvre de projets prioritaires dans l’industrie, la science et la numérisation, les transports, la culture et le sport, entre autres, ont été abordés.
L’importance de renforcer la coopération dans le domaine de la santé et de promouvoir l’interaction dans le domaine des technologies de l’information et de la communication a également été soulignée.
Le programme de travail de la délégation cubaine en Fédération de Russie prévoit, entre autres, une rencontre officielle avec le président Vladimir Poutine, des échanges avec la mission diplomatique cubaine dans ce pays, ainsi que des espaces pour rendre hommage à l’histoire des deux nations.

 Note de Pedrito

Qui pourrait encore douter que le monde change, inexorablement? Le vieux monde capitaliste n'en a pas fini de s'éteindre, mais les prémices s'accumulent, rien ne sera plus comme avant. L'impérialisme finira par capituler devant la montée des peuples qui se libèrent de leurs chaines qui les liaient au dollar et au "libéralisme".... 

Ce sera long, sans doute. Et nous n'en sommes qu'au début.

Qui peut croire encore aux États-Unis ?

Dans les questions qui reviennent souvent parmi les lecteurs, celles dubitatives concernant l’implication des États-Unis avec les néonazis en Ukraine est révélatrice de la désinformation que nous subissons. Lorsqu’elle est posée, c’est toujours dans le doute que les États-Unis, les hommes du débarquement en Normandie, le pays de la « Démocratie » puissent avoir la faiblesse de travailler, utiliser, protéger et même privilégier des partis ou des régimes d’extrême droite ou dictatoriaux à travers le monde. La grande ignorance vient à la fois du fait des intenses propagandes menées depuis 70 ans, mais aussi de l’idée, à travers par exemple le cinéma, que l’Américain est forcément toujours « le gentil ». Les Américains ne nous ont-ils pas sauvé à la fois du nazisme, puis du communisme durant la Guerre froide ? Que serions-nous sans les Américains ?

La drôle d’alliance « éternelle » entre la France et les États-Unis d’Amérique. C’est oublier l’histoire agitée des relations entre nos deux pays. S’il y eut dans le monde un pays redevable de la France, ce sont bien les États-Unis. Sans la flotte française, les manufactures d’armes qui produisirent à crédit celles dont avaient besoin les insurgés américains, la révolte américaine serait restée dans l’histoire comme une insurrection écrasée. Cette guerre coûta à la France l’équivalent du prix de trois châteaux de Versailles, une somme colossale qui ne fut jamais remboursée. Pire encore, elle aggrava la situation économique de la France, jusqu’à l’éclatement de la Révolution française. Les traités de commerce et d’alliance éternels signés par les États-Unis avec la France furent dénoncés par les Américains, dès l’appel à l’aide contre l’Angleterre (1793). Malgré un convoi de blés, resté fameux, qui sauvant sans doute la France révolutionnaire (1794, ce dernier ayant été payé rubis sur l’ongle), l’Amérique penchait dangereusement dans le camp de la perfide Albion. Il en découla une guerre franco-américaine larvée, qui fut notre récompense pour notre aide (1798-1800). Cette guerre exclusivement navale, fit le bonheur des corsaires français qui ravagèrent les rangs de la flotte de commerce américaine, près de 2 000 navires furent pris par la France… contre seulement 22 perdus pour les Français. Ce fut Bonaparte, Premier Consul qui en termina, avec un traité de paix signé par son frère Joseph à Mortefontaine (30 septembre 1800), puis pour éviter une guerre future, préféra leur vendre la Louisiane (1803, immense territoire composé de plus d’une dizaine d’états américains actuels), contre argent… dégrevé du prix des fameux navires. Les Anglo-saxons ne perdent jamais le Nord… du dieu argent.

Au secours de La Fayette… si vous payez l’addition. Les droits de l’Homme et le respect des traités signés par les États-Unis s’arrêtent toujours à leurs intérêts marchands. Toute l’histoire de ce pays le démontre avec éclat, l’incident des sous-marins français devant être vendus à l’Australie, le prouve hélas de nouveau (automne 2021). Il n’y a pas d’alliés pour les USA, seulement des serviteurs ou des territoires à exploiter. C’est ainsi que les traités signés avec les Amérindiens furent dénoncés et que l’ensemble de leurs terres furent volées, tandis que les différents peuples furent quasiment exterminés, durant la longue conquête de l’Ouest. Les États-Unis étaient également absents en 1914, tout au plus quelques dizaines de pilotes volontaires dans une escadrille et se fut tout jusqu’en 1917. Lorsque les Américains chantèrent « La Fayette nous voilà ! », la France était au bord de la rupture et manqua bien d’être vaincue, surtout après la Révolution en Russie, qui mit hors de combat l’allié russe. Ils n’entrèrent en guerre qu’après la naissance de la menace des sous-marins allemands et des incidents maritimes notables (torpillage du Lusitania). Si les USA avaient « fini par y aller », ce n’était pas politiquement de bon cœur. Leur intervention eut un prix, le matériel et les usines américaines ne tournèrent pas à plein régime comme nos manufactures de 1780, sans compensation financière… Entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, 80 % des stocks d’or du Monde qui se trouvaient en Europe, principalement entre Londres, Paris et Berlin se retrouvèrent entre les mains des États-Unis. Un coup de maître pour les USA, devenant dès lors la première puissance économique mondiale.

Ford, eugénisme et nazisme. L’intervention dans la Seconde Guerre mondiale fut encore plus tardive, et le fait par ailleurs, de l’attaque japonaise de Pearl Harbour (7 décembre 1941), et d’une déclaration de guerre de l’Allemagne hitlérienne (12 décembre). Sans cela, nous pouvons légitimement nous demander, si les Américains seraient finalement intervenus. Avant la guerre, une importante frange du peuple américain, par ailleurs liée à l’Allemagne, avait de fortes sympathies avec l’Allemagne nazie. Rappelons simplement Ford et son amitié pour Adolf Hitler, ou encore les théories communes de l’eugénisme dans les deux pays, le parti fasciste américain à l’influence réelle, et enfin l’importante diaspora allemande. La suite nous la connaissons, la victoire, le plan Marshall, la Guerre froide, des guerres par procuration partout dans le monde, la création de l’OTAN (1947). Prenant fermement le rôle de gendarme de l’Humanité, les États-Unis n’ont dès lors cessé d’interférer dans toutes les parties du globe, souvent militairement, à chaque fois pour des raisons économiques, de maintien de leur hégémonie, politiques ou stratégiques. Ces raisons d’État ont même été la cause des ratlines américaines, à savoir le recyclage de plus de 20 000 nazis et collaborateurs européens, sans parler de l’accueil ou l’organisation de la fuite de dizaines de milliers d’autres.

Le recyclage systématique des élites nazies par les USA. Partout, elles furent réutilisées, au niveau de la recherche et des sciences, citons simplement Wernher von Braun (1912-1977), le père des fusées américaines, nazi notoire qui termina directeur de la NASA. Mais aussi des spécialistes des services secrets, comme Reinhard Gehlen (1902-1979), nazi, chef des services allemands sur le front de l’Est, bientôt chef des services secrets de l’Allemagne de l’Ouest, ou encore Klaus Barbie (1913-1991), chef de la Gestapo de Lyon, meurtrier, réutilisé par la CIA dans ses actions souterraines en Amérique du Sud, notamment comme spécialiste de la torture. Otto von Bloschwing (1909-1982), nazi et SS, agent des services secrets de la SS, le SD, recyclé par la CIA et opérant ensuite Europe, décédé en Californie. Que dire encore de Wilhelm Höttl (1915-1999), également SS, travaillant dans le contre-espionnage pour le RSHA (énorme organisation de police politique nazie), lui aussi recyclé comme agent de la CIA (1947-1949), ou Guido Zimmer (1911-1977), officier SS du SD, criminel de guerre impliqué dans des massacres et l’Holocauste, lié également aux services américains et qui échappa toujours à la justice grâce à eux. Plus de 20 000 nazis de cette sorte, imaginez l’énorme dictionnaire qu’il faudrait faire pour en étaler l’histoire et la teneur… Car après la vitrine des procès autour de Nuremberg (1945-1949), les États-Unis ne se privèrent pas dans leur lutte contre l’URSS d’employer des milliers de nazis. Ils ne furent pas seulement Allemands ou Autrichiens, mais aussi Croates, Hongrois, Roumains, Bulgares et bien sûr Ukrainiens. Le principal repli des partisans de Bandera et Choukhevytch fut justement l’Europe occidentale et surtout le Canada et les États-Unis. Les membres de l’UPA furent massivement employés comme Yaroslav Stetsko (1912-1986), lieutenant de Bandera, mouillé dans les massacres de Juifs et de Polonais (1941-1944), qui fonda aux USA l’ABN, le Bloc des nations anti-bolcheviques. Ainsi les États-Unis ne cessèrent jamais d’employer des nazis, puis des fanatiques religieux, des régimes militaires ou dictatoriaux. Nous pouvons d’ailleurs repérer quatre phases distinctes.

Au nom de la lutte contre le communisme, le « spécialiste » nazi au cœur des services américains. La première commença dès avant 1945, et perdura jusque dans les années 70. Elle consistait à recycler et utiliser les nazis dans toutes les parties du monde. en Europe particulièrement, afin de lutter contre l’Union soviétique dans l’âpre combat de la Guerre froide. Ils participèrent à du renseignement, à la formation de réseaux, au recrutement d’agents, de saboteurs, d’hommes de main. Ils furent très actifs dans les pays du Pacte de Varsovie, dans les Balkans, en Grèce, en Europe Centrale et de l’Est. Mais ils furent aussi utilisés en Amérique du Sud ou dans les Caraïbes (assassinat de Trujillo en Républicaine Dominicaine, avec l’aide de la CIA, en 1961). Sur le continent sud-américain, ils installèrent ou supportèrent des régimes militaires et fascisants et différentes dictatures, verrouillant l’Amérique du Sud, terrain propice à la propagation du communisme avec la proximité de Cuba. Très soucieuse de ne pas voir tomber la zone sous l’influence soviétique, les Américains fermèrent les yeux sur les exactions terribles des différents régimes, commises parfois avec leur aide, comme le prouve Naomi Klein dans sa Stratégie des chocs (2007). Partout, en Argentine, au Paraguay, en Uruguay, au Chili, en Bolivie, au Brésil, des agents nazis ou fascistes, Allemands, Autrichiens, Italiens, Hongrois, Croates furent à la base des polices secrètes, des méthodes concentrationnaires, d’interrogatoires et de tortures, d’assassinats. Avec le temps, ces régimes furent abandonnés, les sbires nazis autrefois d’utiles agents, finalement lâchés et parfois poursuivis. Ce fut le cas par exemple de Klaus Barbie. Les USA se débarrassaient alors de tout un système afin de laver ses écuries et se donner bonne conscience.

Réseau Gladio, financement du terrorisme d’extrême-droite et supports aux dictatures dans le monde. Dans cette deuxième phase qui commença au début des années 70, les néonazis furent employés sans vergogne. Ce fut le cas de Stefano Delle Chiaie (1936-2019) un militant italien néofasciste utilisé ainsi que beaucoup d’autres, pour mener des actions terroristes financées et pilotées par la CIA, dans le cadre de la stratégie de la tension. Il s’agissait ici de terroriser la population en maintenant une pression avec des attentats meurtriers (années de plomb), soit mis sur le dos de mouvements terroristes d’extrême-gauche, soit pour montrer le danger de la montée des forces d’extrêmes gauches. L’exemple italien ne fut pas isolé, cette stratégie, pouvant d’ailleurs être couplée avec celle du choc (soutien à des régimes dictatoriaux meurtriers). Cette dernière fut déployée par les USA partout dans le monde, en Amérique du Sud (assassinat du président Allende au Chili, le 11 septembre 1973, par exemple), mais aussi en Afrique (avec le soutien à Mobutu au Zaïre, des années 60 à 80), au Moyen Orient (soutien aux islamistes contre le Shah d’Iran dont le régime prit fin en 1979), et en Asie (financement des premiers fanatiques religieux, comme en Afghanistan de 1979 à 1989). Elle fut généralisée et permis la construction de digues contre le communisme, le contrôle des électorats, la mainmise sur des économies et des richesses stratégiques. A la fin de l’Union soviétique, l’écroulement du bloc de l’Est et la disparition du Pacte de Varsovie, cette deuxième phase se termina, ayant donné lieu aussi à l’infiltration des syndicats comme en France (Trotskistes, révolution de 1968). La chute de l’URSS lança bientôt les États-Unis dans des opérations militaires de contrôles directs de différents pays.

Des interventions militaires à la multiplication des révolutions colorées. C’est donc au début des années 90 que commença la troisième phase. Ce fut le cas au Moyen Orient avec l’intervention au Koweit (1990), la déstabilisation puis la destruction de la Yougoslavie (1991-2001, dont la guerre du Kosovo, 1998-1999), suivie de l’intervention en Somalie (1993), l’invasion de l’Afghanistan (2001-2021), puis de l’Irak (2003-2011), le soutien et le financement d’une révolution colorée en Géorgie (2003), puis de la Révolution Orange en Ukraine (2004), d’un coup d’État militaire à Haïti (2004), d’une révolution colorée au Kirghizistan (2005), d’une autre avortée en Biélorussie (2005), de celle dite du Cèdre au Liban (2005) et de celle de Jasmin en Tunisie (2005), d’opérations militaires de nouveau en Somalie (2006-), puis de l’invasion de la Libye (2011), de la tentative de destruction de la Syrie (2011-2018). La liste donne déjà le tournis et ne doit pas faire oublier que dans le monde arabe, les USA étaient à l’œuvre depuis longtemps. Ils soutinrent dans le passé des régimes, comme celui de l’Irak dans sa lutte contre l’Iran (1980-1988), qu’ils allaient ensuite détruire. Les Américains ont ainsi réalisé dans le monde musulman la même chose qu’ils avaient faite avec les nazis : supporter et armer les islamistes à des fins machiavéliques visant à atteindre des objectifs concrets de contrôles de points stratégiques et de ressources capitales pour le virage du XXIe siècle. Ces plans se sont jusqu’alors en partie réalisés, alors que les États-Unis prenaient quasiment le contrôle de l’Union européenne en passe de vassalisation totale.

Une révolution colorée de trop, la révolution du Maïdan et l’écueil russe. C’est la réapparition de la Russie dans le jeu international, concurrente de nouveau gênante, qui a entamé la quatrième phase de cette longue liste de manipulations et d’agressions à l’internationale. Pour frapper la Russie, les États-Unis ont imaginé refaire le coup des révolutions colorées, quasiment réussies partout, en visant l’Ukraine. Ce pays apparaissait comme une cible de choix, car elle comprenait une composante néonazie très importante. En renouant avec les stratégies du temps passé, les USA pouvaient espérer faire tomber le pion ukrainien en utilisant toute la violence et force des nombreux réseaux et milieux néonazis en Ukraine. Ce fut la Révolution du Maïdan (2013-2014), commencée alors que la Russie était sur le point de fonder l’Union Eurasiatique, s’étant d’ailleurs rapprochée de pays non-alignés comme le Venezuela, le Brésil, l’Inde ou la Chine. En Ukraine, les Américains n’ont donc eu aucun scrupule, à financer et utiliser les partis néonazis comme le Parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, et d’autres groupuscules émergeant, comme le Pravy Sektor (Secteur Droit), le Marteau Blanc et autres. En se cachant derrière une pléiade de politiciens et oligarques corrompus (Porochenko, Timonchenko, Zelensky), qui apportaient une couleur légale, européiste et sociale-démocrate, cette dernière révolution fut en partie un échec. Les mercenaires, l’argent, les bataillons néonazis, rien ne put empêcher le rattachement de la Crimée à la Russie (mars 2014), puis l’insurrection du Donbass (avril-mai 2014), conduisant cette fois-ci à une guerre larvée de huit ans, puis à l’intervention russe (24 février 2022).

Historiquement, il n’y a donc aucune impossibilité aux Américains de faire alliance avec des néonazis. La realpolitik américaine depuis l’indépendance du pays en 1776 a été construite sur les seuls intérêts américains, envers et contre tous. Les États-Unis furent le dernier pays esclavagiste occidental, la terre de création du Ku Klux Klan, des ségrégations raciales, mais aussi la mère des théories eugénistes et récemment de celles du Gender. Elle fut aussi à l’origine de l’extermination systématique des Amérindiens, la mère de la bombe atomique et seule nation l’ayant utilisée contre d’autres hommes, en l’occurrence seulement des civils. En faudrait-il plus pour démontrer que le gouvernement américain a toujours été prêt à tout ? Qui peut croire encore à la bienveillance des États-Unis, à sa parole donnée, à ses bonnes intentions et au fait que selon nos médias occidentaux, il n’y a pas de néonazis en Ukraine, encore moins au service des USA ? Qui ?

Laurent Brayard pour le Donbass Insider

 

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

capture d'écran

capture d'écran

Ben oui, mesdames et messieurs qui me lisez! Après le Canard enchaîné, qui l’accusait la semaine dernière d’avoir embauché son ex-épouse "dans des conditions pénelopesques" entre 2007 et 2016, voilà que Libération en remet une couche. Son ex-épouse aurait bossé aussi pour des potes politiques à son mari.

Tellement que le taulier des députés LR  dit que le Parquet national financier, qui ouvre une enquête sur les soupçons de détournements de fonds publics, serait une manigance de Satan à l'encontre du député de son coeur: Eric Ciotti.

Ben oui, pourquoi en faire un fromage après tout? L'ex-épouse du député ne cumulait que plusieurs contrats pour 94.500 euros de revenus bruts pour la seule année 2009. Cette année-là, aux 20.000 euros comme collaboratrice de son mari député, se sont ajoutés 62.800 euros de la mairie de Nice et 11.700 euros de la communauté urbaine Nice-Côte d’Azur. Evidemment qu'elle n'était pas technicienne de surface! Et alors, quand on aime, est que l'on compte?

Surtout, comme l'indique dans un communiqué Eric Ciotti, "bassement attaqué " parce qu'il veut devenir Calife de LR, jamais son ex-épouse n'a dépassé les 44 heures par semaine prévues par la loi. Non Mais!

#Politique

 Note de Pedrito

"Bassement attaqué"?  Cela nous rappelle quelque chose....Celui qui a été battu aux présidentielles américaines, qui se prétend toujours victime des magouilles de ses adversaires démocrates, de tricheries imaginaires mais sans cesse avancées avec des médias complices, et qui n'hésite pas à tenter de soulever ses partisans aussi débiles que lui pour reprendre la main et le pouvoir, même au risque de créer une guerre civile. 

Pour continuer de dominer le monde et fomenter partout sur la planète des coups d'état, des dictatures, en y installant leurs marionnettes tout à la solde du dollar impérialiste.

On voit là la "grandeur" de certains hommes politiques: se montrer, durer, passer à tout prix, pour au moins tenter de mieux faire oublier leurs manigances, leurs crimes.....FILLON, CIOTTI......A qui le tour?