Par Gilda Landini-Guibert – 26 juillet 2022 Le 12 juin 2018, le sieur Macron déclarait sans honte à ses petits copains de l’Elysée :

« La politique sociale, regardez : on met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même pauvres. On n’en sort pas. Les gens qui naissent pauvres, ils restent pauvres. Ceux qui tombent pauvres, ils restent pauvres. On doit avoir un truc qui permette aux gens de s’en sortir. »

Alors sa seigneurie a réfléchi au meilleur moyen de permettre à certains de s’en sortir. Tenez par exemple, comment faire pour aider ses pôvres petits copains dans le besoin ? Comment leur éviter d’avoir à traverser la route pour trouver du boulot ? Tandis que les pauvres qui naissent pauvres, restent pauvres en travaillant plus et plus longtemps, il y a des branches qui recèlent des trésors.

Le montant faramineux des retraites des anciens présidents

Commençons par rappeler ce que tout un chacun sait : les montants faramineux des retraites des anciens présidents.

En juin 2019, notre président des communicants a annoncé, des trémolos dans la voix, renoncer à sa retraite de président de la République. Outre le fait qu’il avait touché auparavant des millions chez Rothschild et en touchera encore davantage en remerciement de sa politique antisociale quand il débarrassera enfin le plancher, il paraît tout à fait normal que ces exorbitants privilèges soient abolis quand on ose réclamer aux pauvres gens de travailler plus, mieux et plus longtemps.

Mais ses anciens collègues nous coûtent un pognon de dingue. Nous n’en retiendrons qu’un seul car il a battu des records : notre accordéoniste aux accents européens Giscard nous a pompé depuis 1981 pas loin de 4 millions d’euros par an durant 36 ans (ndlr soit un total de 144 millions !) si l’on ajoute sa retraite à vie (terminée depuis son décès en décembre 2020) alors qu’il ne fut président que 7 ans (!), ses autres fonctions dont celle membre du Conseil Constitutionnel, ses logements somptueux, les effectifs de protection pléthoriques de gendarmes et policiers dans ses différentes résidences… Ouf : sa mort va nous permettre de sérieuses économies. Mais les autres sont encore en vie et les trémolos de Macron n’ont jamais remis en question tous les avantages en nature auxquels ils ont droit ni même leur retraite à vie. La réforme des retraites n’est pas encore passée pour nos présidents.

500 millions d’euro pris aux retraités, mais des milliards pour les « ambassadeurs de la plume au vent »

En revanche les pauvres resteront pauvres car les membres du gouvernement ne veulent pas dépenser un pognon de dingue pour eux. C’est qu’il ne faudrait pas augmenter la dette publique. L’amendement voté qui prévoyait d’augmenter les pensions de retraite à hauteur de 500 millions d’euros a donc été revoté et annulé à la demande du gouvernement ce 26 juillet 2022. Silence aux pauvres !

Vaut mieux avoir des relations en ce bas monde. Ainsi vous pourriez devenir ambassadeur ! Non, ne vous inquiétez pas : on ne vous demandera pas d’aller à Pétaouchnok dans le monde et risquer votre vie dans des lieux dangereux. Vous pourriez être bien tranquillement ambassadeur chez vous ! Oui mais ambassadeur de quoi alors ? De la plume au vent : autrement dit, de rien du tout.

Et bien par exemple, si vous vous sentez une âme écolo (ou pas, on s’en fiche), vous pourriez être ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique pour les énergies renouvelables et la prévention des risques climatiques.

Si la Santé vous inquiète (non, pas la prison de la Santé, mais le système moribond de la Santé), lancez-vous et sauvez des vies en devenant ambassadeur chargé de la lutte contre le VIH-SIDA et les maladies transmissibles.

La canicule de cet été vous a fait prendre conscience de la gravité de la situation, vite sauvez les glaces éternelles des Pôles (du Pôle de Renaissance communiste ce serait bien, mais non, ce n’est pas de celui-là dont il est question) devenez comme Ségolène Royal, ambassadeur chargé de la négociation internationale pour les pôles Arctique et Antarctique (fallait la trouver celle-là non ?)

Ils seraient 28 dans ce genre-là, à toucher des sommes avoisinant les 18 000 € par mois. (ndlr 12 millions par an !)

Tiens : une autre bonne idée en ces temps où la redevance TV va être supprimée et où notre TV déjà aux ordres va le devenir encore plus, seriez-vous intéressée par le poste – pourvu toutefois jusqu’en 2025 par Roch-Olivier Maistre, un vieux copain de Chirac (pas Patrick mais Jacques) – de président de l’Arcom (L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) : ce pauvre homme ne touchait que 190 000 bruts en 2020 mais avec la fusion CSA-Hadopi en janvier 2022, et les lourdes responsabilités qui vont peser sur ses frêles épaules, il serait juste que les contribuables mettent un peu la main à la poche que diable ! En attendant que son poste se libère, vous pouvez vous contenter de celui de conseiller pour le modique salaire de 47 406€ par an (mais il faut espérer que celui-ci sera revu à la hausse avec l’inflation)

Pour ceux qui se sentent une âme SOCIALE, qui voudraient « relancer l’ascenseur social », aider à la formation des jeunes et des moins jeunes (qui chaque jour doivent péniblement s’adapter au marché de l’emploi – quelle horrible expression : ça fait marché aux bestiaux), vous auriez pu devenir président de l’AFPA : l’Agence nationale pour la Formation professionnelle des Adultes devenu EPIC en 2017 (Etablissement public à caractère industriel et commercial). Là, contrairement aux métiers d’ambassadeur de la plume au vent, vous auriez vraiment eu du boulot : c’est qu’il s’agit de résorber les 132 millions d’euros de dettes et rendre vie à un corps en perdition ! Dettes accumulées non pas par des salaires outrageusement distribués à ceux qui s’échinent à faire cours et dont les postes se raréfient comme peau de chagrin avec les suppressions successives des sites depuis la présidence de l’olympien Macron, mais par le transfert lancé sans aucune préparation de la commande publique de formation aux Régions et le changement des modalités d’achat ; par la mise en concurrence sur tous ces « marchés » et le changement du mode de prescription avec le départ des psychologues du travail à Pôle emploi.

Mais trop tard : ce poste a été pourvu en avril 2022 par Jean-Marie Marx. Nom prédestiné pensez-vous ? Eh non. Seul Laurent Wauquier en 2009 l’avait confondu avec son illustre homonyme : Karl Marx.  Mais le grand homme n’avait lui jamais tout au long de sa vie touché la bagatelle de 16 000€ par mois.

Un dernier mot pour tous ceux qui n’ont aucun diplôme, vous auriez peut-être une petite chance du côté de tous ces hauts fonctionnaires qui touchent des salaires exorbitants à ne rien faire ou des retraites dorées pour quelques années à peine de service (voire aucune d’ailleurs).

Prenons le cas de ces hauts fonctionnaires territoriaux nommés au bon vouloir du prince qui recase ainsi ses fidèles petits copains : pas besoin d’avoir passé de difficiles concours pour devenir préfets sans préfecture (en 2020, ils auraient été encore au nombre de 131): ces héros de la République sont « détachés », détachés du travail certes mais pas des salaires : de mystérieuses et opaques missions leur sont payées jusqu’à 8000€ nets par mois (sans parler des primes et avantages en nature) [NDLR : là encore au bas mot 20 millions d’euros par an). C’est ce qu’on appelle des « hors cadre » et forcément leur retraite est calculée sur ces bases généreuses.

D’autres connaissent des promotions miraculeuses à l’instar de Thierry Lepaon qui fut le secrétaire général de la CGT. Du temps de Manuels Valls, premier ministre en 2016 (celui dont plus personne ne veut ni en France ni en Espagne), Lepaon se vit proposer un poste au sein de la délégation interministérielle à la langue française. Ben allons donc ! Lui qui aurait dû passer sa vie à la défense des travailleurs a dès lors surtout défendu son salaire de 5000 euros par mois. Sûrement un remerciement politique pour son action militante ! Depuis mars 2019, c’est Macron qui l’a promu inspecteur général de la jeunesse et des sports de première classe. Quelle formation et quelle compétence lui ont permis d’en arriver là ? Rien du tout. Ça doit être ça « the french dream », le rêve à la française, l’ascenseur social.

Bon cessons là car des centaines de pages évoquant ce « pognon de dingue », largement octroyé à des individus autrement plus profiteurs que tous ces malheureux qui ne veulent plus traverser la route pour des salaires et des boulots frisant l’esclavage, ne suffiraient pas. Mais qu’on ne vienne pas nous seriner que nous sommes responsables de la dette publique !