jeudi 11 juin 2020

Assurance chômage : 15 jours pour obtenir l’abandon de la réforme


Inquiet de la progression du nombre de chômeurs, alors qu’une nouvelle classe d’âge entrera sur le marché du travail à la rentrée, l’exécutif ouvre des discussions express sur une adaptation des nouvelles règles de l’assurance chômage. Bien que les syndicats réclament l’abandon de cette réforme, le gouvernement tente de garder son cap, malgré un rapport de l’Unedic confirmant l’appauvrissement des demandeurs d’emploi.

« Il y a les aides sociales pour permettre d’attendre entre deux périodes d’activité, malheureusement elles ne sont pas assez incitatives » a expliqué Gérald Darmanin dans la matinale de RTL. C’était le 29 mai 2020 et non au début de l’année 2019. Pour le ministre de l’Action et des Comptes publics, pas de changement de cap sur le sujet. Toujours le même élément de communication qu’au moment de la mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage : des indemnisations trop généreuses ne poussent pas les chômeurs à rechercher du travail. Et tant pis si les données statistiques contredisent cet argument.
Depuis le 1er novembre, l’État a imposé un durcissement des règles pour ouvrir ou de recharger des droits, et un second volet, initialement prévu au 1er avril, prévoit de baisser le montant des allocations en changeant le mode de calcul des indemnités journalières. Sous l’effet du coronavirus et du confinement, cette seconde partie de la réforme a été repoussée au 1er septembre. Mais les conséquences du premier volet sont déjà bien présentes pour les plus précaires en cette période de crise économique. Ainsi, Muriel Pénicaud annonçait le 27 avril l’ouverture de discussions avec les partenaires sociaux « pour adapter rapidement nos règles d’assurance chômage à cette situation exceptionnelle ». Mais semaine après semaine : rien !
Un mois plus tard, le nombre de chômeurs en catégorie A, celle des personnes n’ayant pas du tout travaillé au mois d’avril, explose (+22,6 %). Elle s’explique en partie par la disparition du travail pour celles et ceux qui ordinairement enchaînent les contrats courts en CDD ou intérim. Toutes catégories confondues, le chômage progresse de 3,6 %. Au même moment, l’Unedic édite un dossier de synthèse sur l’assurance chômage. Les chiffres sont sans appel sur les conséquences du premier volet de la réforme. Entre novembre 2019 et février 2020, 20 000 chômeurs chaque mois ont vu un rejet de l’ouverture de leurs droits sur la base des nouvelles dispositions du 1er novembre. Avant même l’arrêt d’une grande partie de l’activité économique, la réforme avait déjà supprimé des droits à 80 000 personnes.

Emmanuel Macron à la manœuvre


Le « rapidement » de la ministre du Travail, d’abord sans effet, est alors devenu urgent un mois plus tard. Le 4 juin, Emmanuel Macron reprend la main. S’entourant de cinq ministres, il reçoit à l’Élysée les représentants du patronat et des salariés. Au programme : emploi des jeunes, chômage partiel, assurance chômage, formation et régulation du travail détaché.
Alors, comment comprendre cette réunion à l’Élysée sur la question de la réforme de l’assurance chômage ? Un coup de communication ? Une façon de jouer la montre ou une réelle intention de lâcher du lest sur un dossier à fort impact politique ? En tout cas : la conscience que l’arrivée sur le marché du travail de 800 000 jeunes en fin d’études dans un contexte économique dégradé va continuer à affoler la courbe du chômage. Et donc écorner encore l’image politique du gouvernement, voire casser l’élan d’un remaniement ministériel pressenti pour l’été. D’où probablement le thème des jeunes et de l’apprentissage placé en tête de gondole de la réunion.
Mais là, aucune annonce laissant penser à un changement de logiciel politique. En fait, pour l’apprentissage : la promesse d’une aide aux entreprises qui embauchent un nouvel apprenti entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021. Un « coup de pouce » de 5000 € pour un mineur et 8000 € pour un majeur sur 8 mois. Soit en réalité, l’essentiel de la charge restant à l’entreprise. En somme, du travail gratuit offert aux employeurs avec des deniers publics. Pour l’assurance chômage, malgré les éléments de constats produits par le rapport de l’Unedic : pas de mesures annoncées, mais l’ouverture d’une discussion avec Muriel Pénicaud. Celle-ci recevra tous les partenaires sociaux mardi 9 juin pour un séminaire de l’emploi, avant des rencontres bilatérales les 12 et 15 juin.
Pourtant, une annonce sur la prolongation des allocations versées aux chômeurs en fin de droit, même insuffisante, aurait pu être un premier signe donné. À l’inverse, alors qu’au printemps la ministre du Travail avait laissé entendre que ce dispositif pourrait courir jusqu’à l’été, celui-ci a pris fin brutalement le 31 mai. Il a coûté 530 millions d’euros depuis le 1er mars en couvrant l’absence de revenus promise pour 240 000 personnes. Une somme pas vraiment démesurée au regard des 24 milliards de prise en charge des salaires des entreprises dans le cadre du dispositif d’activité partielle.
À défaut d’annonces fortes cadrant les intentions gouvernementales, les leaders des organisations syndicales n’ont pas interprété de la même manière les volontés du pouvoir. Là où Philippe Martinez n’a rien entendu sur le sujet de l’assurance chômage, Laurent Berger a noté que le gouvernement reviendrait sur la durée d’affiliation dans sa réforme, alors qu’Yves Veyrier a compris que la suspension du deuxième volet pourrait être allongée. Réponse dans une quinzaine de jours.

Les soignants ne veulent pas être dupés

10 Juin 2020, 07:45am
| Publié par BLOG-PCF-ARRAS
Le gouvernement serait-il en train de noyer le poisson avec son

Ségur de la santé cornaqué par Nicole Notat ?

Présentée comme un grand projet pour tout remettre à plat et répondre enfin aux maux de l'hôpital public après la crise du Covid-19, cette série de réunions, déclinées en région par les Agences de la santé, est vécue avec de plus en plus de méfiance par les personnels, soignants en tête, qui ont le profond sentiment d'en être exclus.
Ce mardi, partout en France, la colère va encore s'exprimer à l'appel notamment de la CGT. Alors que le président Macron y est allé de son mea culpa, ce grand raout ressemble de plus en plus à un comité théodule, complexe, opaque.
Bref, sans réel ancrage dans la réalité vécue Changement de cap
S’il s’agit de poser un diagnostic, les raisons de la crise de l’hôpital public sont malheureusement connues depuis longtemps : mis sous la férule des règles comptables et de la concurrence, les CHU crèvent de cette gestion mortifère. Or. un service public doit être sanctuarisé et mis hors de la jungle du marché.
Ce n’est pas le chemin pris. Les propos du Premier ministre ont donné le ton : « Ce que je crois, c'est que la crise exige de noi4s non pas de changer de cap, mais de changer de rythme avait-il déclaré en annonçant les grandes lignes du plan pour l'hôpital. Parmi lesquelles, une revalorisation des salaires. Mais aussi la levée du « tabou des 35 heures ».
C’est ce qui s’appelle être à côté de la plaque. Seules la pression et la mobilisation des travailleurs de la santé peuvent rectifier le tir.
Eux veulent un changement de cap. Et le font savoir.

Nicole Notat, le retour d’une partenaire particulière

À 72 ans, Nicole Notat revient sur le devant de la scène en étant nommée par le gouvernement « Madame Ségur de la Santé ». Elle fut secrétaire générale de la CFDT durant 10 ans de 1992 à 2002.
Une période charnière pour la confédération à laquelle elle a donné une orientation fondée sur le syndicalisme « d’accompagnement », provoquant une scission qui allait donner naissance aux syndicats SUD.
Partenaire privilégiée du patronat durant son mandat syndical, elle succède à Denis Kessler, dirigeant du Medef, à la présidence du club Le Siècle, qui regroupe une certaine élite cooptée.
Sa nomination représente-t- elle une inflexion « sociale- libérale » dans le mandat d’Emmanuel Macron ?
Pas une rupture en tout cas : Nicole Notat l’avait soutenu dès le retour de la présidentielle. L.P.La Marseillaise