lundi 25 août 2008

NOVILLADA TORISTA DES ZABALLOS DE CARCASSONNE

Ce samedi 23 Août, les aficionados du grand Sud s'étaient donné rendez-vous à l'espace Jean CAU pour cette novillada annoncée comme sérieuse:Nîmois,Audois,Catalans,Gersois,Bigourdans,aucun ne me démentira,il y avait des toros, avec trapio, cornes astifines, bravoure, caste, et même noblesse, dans le ruedo Carcassonnais, comme nous l'espérions tous, et les ZABALLOS ont comblé les espoirs que nous mettions en eux.
Il manque deux peones, quand le paseillo s'avance, à 18H03, devant demi arène, mais la tarde s'annonce relevée.
Jesus de NATALIA reçoit son premier opposant très(trop?) près des planches, un pur Saltillo, armé, noir, long et haut : on craint la bousculade, mais quelques véroniques allurées l'éloignent vers le centre. Hélas:après la traditionnelle pique trasera- qui ne sera sans doute pas étrangère aux signes de faiblesse décelés en début de faena,- une nouvelle embestida, mais le piquero rate son coup, se reprend et choisit tranquillement le secons impact, alors que le bicho reste collé au peto! Du grand art de voyou, interdit, mais jamais sanctionné. Après le tercio des banderilles assuré par le novillero himself,la faena débute aux planches rest conduite aux medios par doblones, mais se révèle vite brouillonne, le novillo se livrant peu, NATALIA trépigne, recule, meuble avec des passes trop saccadées, abuse du pico, bref, même esquinté, le novillo reste le maître,il a repris du gaz et oblige le chaval à "toréer" en marche arrière. Il mourra bouche fermée, après une entière "sur le côté" devenue la règle chez tous les aspirants et matadors actuels.
Son second opposant, même robe, même aspect, parait plus lourd. La cavalerie est poussée contre les planches, avec Olivier RIBOULET aux rênes. Deuxième ration plus légère, et le grand NATALIA nous sort son second numéro aux palos, les premiers de poder à poder,la seconde et troisième paire (courte) al violin, le gentil public exulte. Muleta en main, parti des tablas, le garçon entame sa faena par des doblones dominateurs, genou ployé, pour conduire au centre de belle manière Pañuelo, qui laisse entrevoir une noblesse idéale.Mais,hélas,le garçon va passer à côté d'un toro,sinon de bandera,du moins de grande faenon.Il fallait du bagage, le novillero n'a que son envie, insuffisante pour un tel opposant, brave et encasté.Les séries se suivent, inachevées, la flanelle est régulièrement accrochée,aucun temple,ni domination,Pañuelo offre sa charge droite et s'engouffre dans le leurre,mais Jesus ne peut que se défendre et conclure son manque total de dominio par un desplante de très mauvais goût,qui porte sur les étagères avides de palmas.Il ne manque plus que l'infâme bajonazo administré dans les règles, le président évalue vite les 300 mouchoirs, et tombe l'oreillette, que le revistero de "la Dépêche" qualifiera le lendemain de "grand poids". Alleluia !!
David VALIENTE le mal nommé devrait changer d'apodo ...Mais il est vrai que sa carrière devrait être des plus brèves, comme celles de ses deux compagnons d'infortune, il gardera donc probablement ce nom jusqu'à son départ des ruedos.Ceci dit sans vouloir lui manquer de respect, mais simplement parce que, comme pour SIRO, et NATALIA, mieux vaut poue eux partir que de risquer de servir de "carne de toros". Avec la cape, après de belles véroniques templées saluées par le public, l'inévitable et infâme pique trasera viendra gâcher la suite des débats, même si la seconde rencontre est plus symmbolique, le mal est fait.Dès les premiers derechazos, le novillo se retourne, cherche son ennemi.A droite,comme à gauche, en résultent des séries décousues, toreo de profil, sans jamais se croiser, la cogida guette.Un pinchazo précède une épée tendue, et le novillo longe les planches sur trente mètres avant de se coucher, près du toril.
Une belle rebolera clôture la série de véroniques gratifiées au magnifique quinto noir, armé, haut, qui repousse le groupe équestre jusqu'au centre, au terme d'une grosse pique.Puis le novillo sort seul de la seconde rencontre. A noter ensuite le salut du banderillero,très professionnel,après la troisième paire,réaction probable du public à la charlotade qui venait de précéder. Valiente n'aime pas courir après ses toros,il attend patiemment et longuement que ses peones lui servent sur un plateau,aux tablas. Le novillo s'avère lui aussi d'une grande noblesse, malgré son trapio impressionnant. Mais sitôt commencée, la faena tournera court, malgré quelques essais décousus, à droite comme à gauche. Et le ZABALLOS reste le maître, malgré le desplante irrespectueux vis à vis du public, d'un garçon qui tente pitoyablement de faire croire que le patron, c'est lui. Quelques sifflets lui rappellent qu'il y a des limites à la vergüenza, et nous sommes nombreux à regretter de n'avoir pû apprécier les qualités inexploitées d'un beau et bon toro, qui se couchera après deux pinchazos.
Dès la sortie du toril du du 3°de la tarde, negro,puissant, astifino, applaudi, J. Antoño SIRO l'accueille dans sa cape avec une certaine grâce,et une superbe rebolera clôture la série de véroniques. Deux piques durement carioquées laissent deviner ce qui risque d'advenir par la suite du respect de la lidia, confirmation avec la déroute des hommes de plata. Et SIRO entame son travail, muleta en main,par d'agréables derechazos, puis quelques naturelles légères. Et çà se gâte, la faena s'étire, laborieuse, inachevée, gâchée par l'omniprésence du peon de brega -Martin BLANCO pour la postérité- qui distribue 40 ou 50 capotazos à un toro qui se décompose.Un pinchazo, un bajonazo, règlent son sort. Pour le dernier de la tarde, un véritable toraco de 640 kg, sans graisse, haut,long,puissant,la mise en suerte s'avère calamiteuse. Une énorme pique, puis une seconde dont le tio sort seul, puis une troisième rencontre, pour l'embestida. Cambio qui pouvait attendre, banderilles à la sauvette, et SIRO prend la flanelle pour tenter de résoudre l'impossible équation. Le courage -il en fallait- ne sera pas suffisant. Séries à droite alternent au début avec les naturelles, le toro se réserve, la faenita, décousue, est abrégée par un nouveau desplante de mauvais goût à toro non dominé, resté le maître du ruedo. Un pinchazo, une entière sur le côté(otra !!) , un avis, et le bicho va se coucher devant la porte du toril.
EN CONCLUSION : vraie tarde de toros, de bout en bout intéressante malgré les faibles ressources techniques des toreros. Bravoure, poder, et casta, des ZABALLOS, plus qu'il en fallait pour les piétons. Toros puissants, malgré les piques traseras assassines. Bien dosées, appliquées dans le morillo, les piques doivent tester la puissance et la bravoure et peuvent corriger certains comportements défectueux. Elles peuvent permettre également de multiplier les embestidas, pour le plaisir de l'aficion, et pour la fierté des ganaderos.Mal appliquées,trop en arrière, elles handicapent les toros,parfoisjusqu'à la paralysie,faussant ainsi le but et les résultats de l'épreuve.
Les toreros ont encore montré qu'ils ne se croisent que très rarement, préférant le toreo de profil, sur le passage. Ils subissent ainsi la pression de la charge, plutôt que de la canaliser, ils s'exposent davantage, tout en se faisant "manger" le terrain, le dominio change de camp, c'est le toro qui avance, alors que les garçons reculent, et les desplantes sont souvent l'illustration de leur carences techniques.

COUP D'OEIL SUR LA PRESSE CARCASSONNAISE.
Pour le revistero de "La Dépêche", NATALIA,avec une "oreille de grand poids" (sic!!) laissera aux aficionados un souvenir durable.
Pour son collègue du "Midi Libre", ce novillero s'est affirmé à son second toro
Celui de "L'Indépendant", n'a pas peur des mots. Il évoque le "triomphe" du même novillero ( rappel : une oreille ). Il a vu AGUILAR partir bredouille ( qui était absent et remplacé)
Aucun des trois n'évoque l'épreuve honorable des 13 piques, aucun n'a vu les infâmes bajonazos distribués par les trois actuants, au contraire, deux d'entre eux fustigent la Présidence pour son manque de générosité !!!
Voilà pour la "presse taurine", et rejoints en cela par un aficionado Rieumois, qui lui aussi, se satisfait des multiples bajonazos - qui ne dit mot consent - et reproche sur une interwiew l'avarice du président CONSTANS dans sa distribution de trophées. Comme si le but suprême de la corrida devait être la distribution de panier d'oreilles, quitte à récompenser ce qui peut être montré de pire . Feo ! Feo ! criait mon jeune voisin aficionado .
Ne faudra-t-il pas bientôt enseigner aux revisteros appointés qui occupent gratos les callejons, aux aficionados "en vue" qui font parti des mundillitos, aux présidents et aux apprentis présidents qu'il me parait indispensable de "former", - à charge à eux de vulgariser cette règle -enfin aux toreros, que les golletazos et les bajonazos sont des mises à mort déloyales, infâmantes, qui ne méritent surtout pas de trophées ?
Merci à tous mes amis voisins du tendido, d'avoir partagé avec moi ces heures agréables d'aficion exigente mais juste.

samedi 16 août 2008

ROQUEFORT : TERNES GALLONS POUR UNE TARDE D'ENNUI

Roquefort ne nous avait pas habitués à une telle déconvenue : nous avions encore en mémoire les triomphales tardes des années précédentes, et avec les novillos de GALLON, on s'attendait au pire. Mais le pire a été dépassé. Et les aficionados sont partis frustrés des pauvres débats auxquels ils ont assisté, et de la conduite des débats.
Deux tiers d'arènes, lorsque débute le paseillo. Après un énième hommage à Robert SOLDEVILLE, le résuscité de PARENTIS, BELDA reçoit son premier novillo negro, veleto, pour 5 véroniques. Petite pique trasera, vite levée, et on passe déjà aux palos. Mais les limites du cornu apparaissent très vite , le novillo est tardo, se défend, beugle; la faena sera laborieuse, la noblesse ne pouvant effacer l'extrême faiblesse, et le desplante final sera peu apprécié. Entière sur le côté, le salut ne s'imposait pas.
Pour son second opposant, negro playero astifino, la mansedumbre s'étale dans le ruedo: le novillo fuit les capes, tente un saut raté sur un burladero. Une pique trasera, comme dab, cambio, et banderilles sans charge. Faenita avec quelques jolis gestes, naturelles agréables, mise à mort laborieuse, épée ressortie après une entière hasardeuse. Trois autres essais, le toro se couche. Divisions.
Mario AGUILAR reçoit son numéro 85,lui aussi negro astifino, difficile à fixer, avec une corne droite inquiétante. Longue pique, avec sortie fermée, qui fatigue excessivement le novillo qui n'avait pas besoin de ce régime. Après un début prometteur où naturelles et derechazos alternent, la faena va à menos, la muleta est accrochée, un bajonazo, et quelques applaudissements d'un public avide de succès. Le 5 ème, n° 86, negro et bien armé comme ses frères, est applaudi pour sa superbe présentation. Il fait un petit galop, puis s'affale, tout seul. Une pique, toujours trasera, et il s'effondre à nouveau. Dès le second muletazo, il plante les cornes dans le sable, puis se couche par deux fois. Pitoyable. Quelques coups de torchon qui ne s'imposaient pas à un tel invalide, trois pinchazos, une entière. La messe est dite.
L'exemplaire qui échoit à Javier CORTES, beau et noir comme ses frères, fuit les capes, difficile à fixer. Mis en suerte à un mètre de la pique, carioca, sans que personne ne bronche, présidence ou alguazil. Bronca au piquero - ENFIN!-Après trois derechazos, le novillo trébuche. Puis se para après 5 naturelles. Reste de marbre pour un nouvel essai à droite. Nouvelle tentative du novillero à gauche sans se croiser, de profil et sur le passage, une demie épée sur le côté, se fait soulever avec le descabello. Silence.
Le numéro 82 ressemble comme un jumeau à ses prédecesseurs. Reçu par des véroniques bien dessinées, le public sort d'un trop long aburrimiento, et se prend à rêver. Mais la pique dans l'épaule le ramène à la réalité, les banderilles sont posées une à une. La faena commence par des derechazos laborieux, puis des naturelles aidées jusqu'au centre. Javier est touché au visage par un puntazo ou une banderille. Il se reprend, mais le bicho est déjà sans charge, éteint, comme le lot tout entier. Le novillero insiste, arrache 3 naturelles de rêve après une petite série droitière. Puis il est pris et piétiné avec l'acier, se relève péniblement et décoche un pinchazo, avant une nouvelle épée sur le côté. Série de descabellos, avant que le novillo se couche.
En résumé : tarde soporifique, de par l'extrême faiblesse du bétail. Quelques piqueros peu scrupuleux, personne pour faire respecter cet aspect FONDAMENTAL de la lidia, président aux abonnés absents, plus prompt pour faire jouer la musique qui ne s'impose pas que pour valoriser son rôle. Aux ordres des jeunes, sans réaction face à l'unique piquette mal appliquée ou carioca.
Si ROQUEFORT ne se ressaisit pas, le public aficionado fera bientôt faux bond, ce ne sont pas les nombreuses invitations des gradins et du callejon et la centaine de musicos qui rempliront les caisses, alors que les prix pour cette mansada nous paraissent excessifs, payer pour les invités et les absents, çà ne durera qu'un temps.
Pedrito

lundi 11 août 2008

PARENTIS EN BORN : FIESTA BRAVA

SAMEDI 9 AOÛT : LA MISE EN BOUCHE DES PABLO MAYORAL
Lot homogène, negro bragado, bien armé, astifino, impression générale de faiblesse. Arènes presque pleines.
Alberto LAMELAS reçoit son beau premier novillo à porta gayola. Bien vite les aficionados décèlent dans le galop une certaine justesse de forces. Deux piques administrées dans les règles, et l'on passe à la suerte de banderilles, chère au garçon, terminée par un quiebro fêté par le public.
LAMELAS entame sa faena par 3 statuaires dans le dos, mais le novillo apprend vite le latin, et le garçon est averti par deux fois, quand la corne caresse sa poitrine. Plusieurs essais à droite, puis à gauche, sans conviction ni dominio, la muleta est sans cesse accrochée, le garçon se découvre, le danger rôde : près deux pinchazos, une demie lame met fin à la vie du beau novillo.
Reçu aussi à porta gayola, le quatrième de la tarde piétine son le torero. Cinq véroniques ponctuées d'une rebolera, et le bicho est mis en suerte. Première pique appuyée, la seconde est plus légère, mais la charge était franche. Comme à son premier, LAMELAS banderille, et casse ses palos pour poser la troisième paire, ce qui "porte" sur le public touriste. Succès garanti.
La faena, elle, sera heurtée, accrochée, décousue, sans un début de lidia authentique. LAMELAS la finira en subissant la pression de son toro, sans pouvoir jamais s'imposer, malgré les cris qui ponctuent chaque passe. Après une entière, l'oreille, bruyamment réclamée, mais minoritaire, sera justement refusée. Merci Marcel.
PAJARES remplaçait "EL PAYO", blessé. Son bel exemplaire noir remate les burladeros, et le garçon étend sa cape pour des véroniques allurées.
La première pique est bien dosée, idem pour la seconde, toro parti depuis le centre. Mais on devine déjà la faiblesse des charges, après le passage des banderilleros, à oublier. La fena ira a menos, fade, le bicho glissant plusieurs fois. Première série droitière templée, les autres seront accrochées.. Quelques essais à gauche, naturelles saccadées, puis nouvelle tentative à droite. Le novillero fait montre de ses limites : ni domination, ni poder, que des passes sans relief, égrenées une à une. Un pinchazo, une entière : silence .
Le quinto est reçu par véroniques, puis place au piquero, qui choisit l'épaule pour loger son fer, avant deux autres piques traseras. La faena debutera par redondos, mais la muleta est constamment accrochée, dès les premières passes. A gauche, mêmes problèmes, et mêmes lacunes. Le "temple" est aux abonnés absents, alors que le bicho possède un fond de noblesse, ce que le garçon semble ne pas voir. A droite encore pour quelques muletazos accrochés, et le toro reste le maître du rond, il conduit le bal, et sa mort interviendra, laborieusement, après trois pinchazos, et une demie. Silence.
C'est Juan Luis RODRIGUEZ qui aura laissé la meilleure impression de cette tarde. Mais tout est relatif. Certainement dû à la noblesse la plus exploitable de ses deux opposants. Il accueille son premier par des véroniques ciselées, les pieds rivés au sol - ce qui devient rare -. Puis place le novillo à quinze mètres du cheval, et la bête charge avec alegria. Quite . Deuxième mise en suerte, le novillo s'élance, mais se retire du peto, seul. Banderilles sin pena ni gloria. Brindis. Et débute la faena, mais le novillo charge peu, ou pas, s'arrête. La muleta est accrochée sans cesse, quelques essais encore, et le garçon décide d'abréger. Un pinchazo, un tiers de lame, sept ou huit descabellos. OUF !!!
Pour le sixième et dernier de la tarde, réceptions par véroniques moyennes, deux piques traseras, banderilles quelconques. L'entame de la faena a lieu depuis les tablas, par des muletazos allurés, genou plié, le torero conduisant son opposant au centre. Première série templée, pecho libérateur, le public est ravi. Nouveaux derechazos suaves, puis tentative à gauche, plaisante. A droite à nouveau, mais le novillo reprend le dessus, malgré les vains efforts de RODRIGUEZ pour renverser la tendance. La muleta est souvent accrochée, la faena s'étire, terne, a menos. Echec. Une entière, un peu sur le côté, oreille réclamée à grands cris et gestes par les peones.
On l'apprendra plus tard: le train d'arrastre renverse un alguazil - le doyen, de 82 ans, SOLDEVILLA père - : Traumatisme crânien . Le blessé se remet . Fin de l'acte 1.
DIMANCHE 10 AOÛT : NOVILLADA DE RASO DE PORTILLA .
CUANDO HAY TOROS, HAY POCOS TOREROS !!!
Arènes presque pleines. Durée : 2H30. Les novillos : lourds, plus puissants que braves, sans doute. De la noblesse inexploitée pour certains. Mansos, avec un fond indéniable de caste. Les novilleros : dépassés, très nettement en dessous des toros.
Mais quelle tarde !!
Le premier exemplaire, pour LAMELAS, est impressionnant: noir, puissant, lourd, un vrai toro, que le garçon reçoit d'une larga afarolada de rodillas.Puis quelques véroniques, et le toro est placé au centre.
Première charge, au trot : la cavalerie est soulevée. Deuxième charge, de loin : pique ratée. Troisième charge, de loin : même chose, la pique est ratée.
Après le numéro habituel des banderilles cassées et posées "al quiebro", LAMELAS débute sa faena aux planches, et dirige les débats vers le centre du ruedo. Mais le toro prend le dessus, et le novillero torée "sur le recul". Le novillo continue de peser tout au long d'une faenita décousue, toutes les séries, droitières uniquement, finissent désordonnées, le novillero est poursuivi, en danger, et le toro avance inexorablement. Après quatre pinchazos et 1/3 de lame dans l'épaule, le toro se couche.
Son deuxième opposant affiche un comportement de manso puissant . Les véroniques sont difficiles. Placé au centre, le toro se lance et renverse la cavalerie. Nouvelle mise en suerte : nouvelle chute! Troisième charge : le piquero est de nouveau secoué. Une quatrième charge sans donner de la pique, et le piquero sort sous l'ovation.
C'est aux banderilles que LAMELAS est pris, piétiné, repris, dans la panique des cuadrillas. Profondément meurtri, affaibli, Il prend les trastos pour une faena que l'on pressent laborieuse, et risquée. Diminué par ses cornadas, dominé par un toro qui a conservé poder et sentido, d'autant que son handicap le met en danger permanent, LAMELAS sera incapable de prendre l'ascendant sur son bicho . Après quelques brèves tentatives avortées de faena, à droite puis à gauche, il prend l'acier pour 7 ou 8 pinchazos, avant une entière libératrice. Pendant que le toro est honoré d'une vuelta posthume, le garçon est dirigé vers l'hôpital de la TESTE.
Juan Carlos VENEGAS reçoit son premier par véroniques agréables, mais le toro semble "chatouilleux" de la corne droite. Plus léger que son prédécesseur, il pousse quand même la monture jusqu'aux planches, une première fois, puis une seconde. Coincé, le piquero peut tranquillement carioquer sous le regard passif du novillero qui laisse faire. A mauvais picador, mauvais peon et demi, et la suerte des banderilles tourne à la charlotade, ce qui nous laise présager d'une triste suite. Effectivement, la faena s'avère vite décousue, saccadée, sans dominio, le novillero se fait même caresser de la corne, et par deux fois, la poitrine. Incapable de mener le débat, il se défend, recule, multiplie maladresses et insuffisances. Après deux pinchazos, il enfonce l'acier dans le dos du toro, qui finit par se coucher. Moment que choisit le peon de brega pour se présenter derrière la tête de l'animal pour le puntiller. Bronca majuscule ! Aplausos à la dépouille du novillo.
Le magnifique quinto, colorado, ojo de perdiz, tout en puissance, est applaudi à sa sortie, comme presque tous ses frères. Il soulèvera TROIS FOIS la cavalerie, et les deux grosses piques reçues n'auront pas raison de sa pelea. Après le désastre banderillero habituel chez la cuadrilla de VENEGAS, la faena débute à gauche. De profil, sans jamais se croiser, si bien que le toro s'avise vite. A droite, essai, échec, puis nouvel essai: rien ne passe. Sans honte aucune, débordé, le garçon prend l'acier, et enfonce un demi fer après trois tentatives pinchées. Il retourne au callejon dans le silence, dépouille applaudie du RASO DE PORTILLA.
Dès sa sortie, l'adversaire de Carlos GUZMAN ira remater aux planches par trois fois, avant de s'aviser. Quelques véroniques à reculons, le toro prend déjà l'ascendant sur le novillero. Puis le garçon finit par se reprendre.
Première pique: la cavalerie est envoyée dans les cordes. Après une seconde charge menée avec entrain, une troisième embestida se ponctue d'une légère pique. Après les banderilles, la faena est superbement conduite au centre par le novillero, genou ployé, muletazos souverains : le public y croit. Mais dès le premier derechazo, la charge s'avère compliquée, dangereuse. GUZMAN se replace, et entame une nouvelle série de 6 derechazos, suivie de naturelles, la dernière accrochée. Puis nouvelle série templée, puis une autre encore, avant de prendre l'acier, pour une demie trasera, avis, et le toro tombera après une trop longue agonie.
Le dernier, beau colorado, lourd, le plus armé, applaudi, lui aussi, va donner du fil à retordre. Il blesse le cheval au cou, d'un puntazo rageur, renverse la cavalerie, et blesse à nouveau l'équidé, qui est emmené hors de l'arène et remplacé illico - Fait très rare, de nos jours - Le toro boite, changement de suerte, rien qui présage du bon. Après les banderilles, le toro semble pourtant bien répondreà la muleta. Mais il donne vite des coups de tête désordonnés - probablement insuffisamment piqué - . Le novillero tente quelques derechazos, quelques naturelles, mais il est rapidement débordé, incapable de résoudre cette trop difficile équation pour son bagage. Il prend l'épée pour une entière, d'effet rapide, et les aficionados, heureux d'avoir assisté à de vraies suertes de piques, regrettent tout de même d'avoir vu gacher des occasions de voir des vraies faenas, faute de novilleros aguerris. Combien uaraient pû s'avérer être de grands toros ? DEUX ? TROIS ? PLUS ?
En résumé, grandes tardes de toros, passionnantes de bout en bout, malgré les carences évidentes de la toreria actuelle; Un grand bravo à l'ADA PARENTIS. Pour la novillada du dimanche, un prix devait être attribué pour la meilleure brega à la pique : les SIX picadors ont été récompensés !! Du jamais vu, ce qui en dit long sur l'aficion de cette placita, de ses dirigeants, et de toute l'équipe.
Bémol : pourquoi voit-on - ou plutôt subit-on - partout les mêmes indéboulonnables "présidents" ? Mauvais à VIC, à RIEUMES, M. Tanguy sévissait aussi à PARENTIS : n' y a-t-il pas d'autres aficionados suffisamment sérieux pour officier aux palcos, à la place de ces "élites" proclamées ou auto proclamées, qui savent si mal compter qu'elles attribuent une récompense à la demande bruyante de minorités ?
Pedrito