De l’Élysée au ministère de l’Intérieur en passant par
la préfecture de police de Paris, difficile de s’y retrouver dans la
foule de personnages auditionnés à l’Assemblée et au Sénat ou mis en
cause dans l’affaire Benalla. france info a donc eu une excellente
initiative de publier ces principaux protagonistes. Cela permet déjà de
comprendre la manoeuvre de Macron qui vise à écarter du champ des
responsabilités ceux qui lui sont proches pour faire porter le poids de
l’affaire à la police, ministère de l’intérieur, préfecture de police et
service élyséens de protection. Ces derniers se défendent et refusent
de jouer les fusibles, d’où l’interruption des auditions par la
commission des lois de l’assemblée nationale où en Marche a la majorité.
Et la continuation au sénat où la droite a la majorité. Ceci explique
le théâtre immédiat mais pas le fond de l’affaire.(note de Danielle
Bleitrach)
Depuis qu’elle a été révélée par
Le Monde, mercredi 18 juillet,
l’affaire Benalla éclabousse
la classe politique jusqu’au plus haut sommet de l’État, mais aussi des
hauts gradés au sein des forces de l’ordre. Outre le comportement
violent d’Alexandre Benalla, proche du président de la République, place
de la Contrescarpe, à Paris), lors d’une manifestation pour le 1er-Mai,
c’est le fonctionnement ubuesque des institutions qui est pointé du
doigt.
Qui a autorisé Alexandre Benalla à être là ? Comment un citoyen
peut-il se retrouver avec un brassard de police, un casque et une
radio ? Qui était au courant de l’existence de la vidéo ? Qui a averti
le chef de l’État ? En attendant les réponses à ces questions,
franceinfo vous présente les rôles et les fonctions des différents
protagonistes.
Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur
Son rôle dans l’affaire. Responsable des forces de
police, Gérard Collomb a été informé par son directeur de cabinet des
violences d’Alexandre Benalla le 2 mai. Le « premier flic de France » a
également précisé qu’avant de le prévenir, ses collaborateurs s’étaient
« déjà entretenus avec le préfet de police et en ont informé le président de la République ». Il n’est pas allé plus loin et a attendu les révélations du
Monde pour saisir l’IGPN.
Sa réaction. Gérard Collomb estime n’avoir rien à se reprocher. S’il n’a pas réagi au début, c’est parce qu’il considérait
« que les faits signalés étaient pris en compte au niveau adapté ». Il a aussi précisé lors de
son audition devant la commission d’enquête parlementaire qu’il
n’avait pas été averti de la présence d’Alexandre Benalla sur le
terrain en amont et qu’il ne le connaissait pas personnellement.
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Stéphane Fratacci, directeur de cabinet de Gérard Collomb
Son rôle dans l’affaire. Selon Gérard Collomb, c’est
Stéphane Fratacci qui l’a informé de l’existence de la vidéo mettant en
cause Alexandre Benalla dès le 2 mai.
« J’ai été informé de ces vidéos l’après-midi [du 2 mai, donc]
par mon cabinet qui m’a signalé en avoir référé au cabinet du président »,
a expliqué le ministre de l’Intérieur face à la commission d’enquête
parlementaire. Ancien préfet du Grand-Est, il aurait donc géré
directement avec le cabinet d’Emmanuel Macron.
Sa réaction. Entendu mercredi 25 juillet par la commission d’enquête parlementaire, il est resté très évasif. S’il a reconnu ne pas
« connaître personnellement » Alexandre Benalla, il a multiplié les éléments de langage lors de son audition :
« Je n’ai pas eu ces informations »,
« je n’ai pas d’explications », remarque
France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
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Jean-Marie Girier, chef de cabinet de Gérard Collomb
Son rôle dans l’affaire. Collaborateur de Gérard
Collomb depuis 2012, Jean-Marie Girier est l’homme qui a validé
l’embauche d’Alexandre Benalla au sein du parti En marche ! Selon le
ministre de l’Intérieur, il est le premier membre de son cabinet à être
informé de la vidéo d’Alexandre Benalla.
Sa réaction. Jean-Marie Girier ne s’est pas exprimé publiquement sur cette affaire.
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Emmanuel Macron, président de la République
Son rôle dans l’affaire. Alexandre Benalla veille
sur lui depuis la campagne présidentielle et l’a suivi à l’Élysée. En
déplacement en Australie au moment des faits, il a été informé le 2 mai
par son directeur de cabinet.
« Si les faits sont avérés, il faut prendre des sanctions »,
aurait-il indiqué. L’opposition lui reproche aujourd’hui d’avoir été
trop clément et d’avoir attendu que l’affaire ne soit révélée pour
licencier son garde du corps.
Sa réaction. « Ce qui s’est passé le 1er-Mai pour moi a été une trahison », a réagi le président, une semaine après le début de l’affaire. Emmanuel Macron a ensuite endossé
la responsabilité des faits –
« S’ils cherchent un responsable, le seul responsable, c’est moi et moi seul » – et tenté de minimiser l’affaire, qualifiée de
« tempête dans un verre d’eau ».
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Patrick Strzoda, directeur de cabinet de l’Élysée
Son rôle dans l’affaire. Il a autorisé, sur le principe, Alexandre Benalla à assister aux opérations de maintien de l’ordre du 1er-Mai.
Il
est informé de l’existence de la vidéo dès le lendemain des faits. Il
prévient alors le chef de l’État, convoque son chargé de mission et le
sanctionne. Le 3 mai, dans un courrier à Alexandre Benalla, il formalise
sa mise à pied pour 15 jours, du 4 au 19 mai, avec suspension de
salaire.
« Je vous invite (…) à faire preuve, à l’avenir, d’un comportement exemplaire », lui écrit-il.
« À défaut, je mettrai fin définitivement à votre collaboration au sein des services de la présidence de la République. »
Sa réaction. Patrick Strzoda a été
auditionné par la commission d’enquête le 24 juillet. Il est revenu sur la suspension de 15 jours
« sans traitement » et
a assuré qu’il pensait que la préfecture de police de Paris était au
courant de la présence d’Alexandre Benalla dans son dispositif. Il
explique ne pas avoir prévenu la justice car il estimait ne pas
posséder
« assez d’éléments » et car
« cette interpellation n’a pas donné lieu à dépôt de plainte ou ITT ». Il a décidé de la sanction contre Alexandre Benalla
« seul, en son âme et conscience », dit-il.
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Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée
Son rôle dans l’affaire. Bras droit d’Emmanuel Macron, Alexis Kohler aurait informé le président de la République de l’existence de la vidéo, selon
Le Monde. C’est par son biais que le président a été prévenu des différentes étapes de la sanction contre Alexandre Benalla.
Sa réaction. Auditionné par le Sénat jeudi 26 juillet, Alexis Kohler a assuré qu’Alexandre Benalla
« n’a jamais été en charge de la sécurité du président », estimé que la saisie du procureur de la République n’était pas justifiée et reconnu qu’aujourd’hui,
« la sanction peut paraître insuffisante ».
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Vincent Caure, conseiller en charge des réseaux sociaux à l’Élysée
Son rôle dans l’affaire. D’après Gérard Collomb, c’est lui qui a repéré en premier la vidéo d’Alexandre Benalla sur les réseaux sociaux. Selon
Le Parisien, il la montre tout de suite à son supérieur hiérarchique, Patrick Strzoda.
Sa réaction. À ce jour, il ne s’est pas encore exprimé publiquement sur l’affaire.
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Michel Delpuech, préfet de police de Paris
Son rôle dans l’affaire. Responsable des forces de
l’ordre qui interviennent lors des manifestations du 1er-Mai, il a
croisé Alexandre Benalla à la préfecture de police, le soir même, après
son intervention place de la Contrescarpe. Le 2 mai au matin, son chef
de cabinet lui révèle l’existence d’une vidéo
« relatant des violences policières ».
Le nom de Benalla n’est pas encore mentionné. C’est Laurent Hottiaux,
conseiller « intérieur et justice » du président, qui lui apprend, par
téléphone, l’existence d’une
« affaire Benalla ». Michel Delpuech est aussi celui qui a accordé le permis de port d’arme à Alexandre Benalla le 13 octobre 2017.
Sa réaction. Le préfet de police a été auditionné le 23 juillet par la commission d’enquête. Il raconte avoir découvert,
« avec surprise », la présence d’Alexandre Benalla dans la salle de commandement de la préfecture. Lors de son
audition, il a aussi assuré ne pas avoir autorisé la présence d’Alexandre Benalla et de Vincent Crase, le 1er-Mai.
« Je n’ai jamais, je dis jamais, été sollicité par qui que ce soit en ce sens », affirme-t-il, précisant que si cela avait été le cas, il ne s’y serait pas opposé.
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Alain Gibelin, directeur de l’ordre public à la préfecture de police de Paris
Son rôle dans l’affaire. À la préfecture de police,
Alain Gibelin est chargé des opérations de maintien de l’ordre, un poste
très exposé. Devant la commission d’enquête parlementaire, il a assuré
qu’il n’était pas au courant de la présence d’Alexandre Benalla à la
manifestation du 1er-Mai. Mais la version est contestée par ce dernier
dans son interview au
Monde(article payant) :
« On
a déjeuné quelques jours avant. (…) À la fin, il m’a demandé si je
venais toujours le 1er mai et si j’avais reçu l’équipement que je devais
recevoir. » Alain Gibelin a également créé la confusion en
affirmant avoir croisé le chargé de mission de l’Élysée alors qu’il
était censé être suspendu,
avant de se rétracter.
Sa réaction. « Mon honneur est en jeu »,
a-t-il lancé au cours de sa seconde audition. Il réfute les propos
d’Alexandre Benalla et maintient que ce dernier ne lui a jamais indiqué
qu’il serait présent le 1er-Mai comme observateur.
« En aucun cas, je n’ai invité monsieur Benalla sur cette manifestation », s’est-il défendu.
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Laurent Simonin, chef d’état-major adjoint de la direction de l’ordre public et de la circulation
Son rôle dans l’affaire. Selon Alexandre Benalla et
Alain Gibelin, c’est lui qui a invité le chargé de mission de l’Élysée à
assister aux opérations de maintien de l’ordre du 1er-Mai. Ce que
confirment des SMS que
Le Monde (article payant) a
pu consulter. Après la révélation de l’affaire, il est soupçonné
d’avoir fourni à Alexandre Benalla les images de vidéosurveillance de
son intervention musclée. Ces faits lui valent d’être mis en examen pour
« complicité de port illégal d’insigne », « détournement d’images
issues d’une vidéoprotection » et « violation du secret professionnel ».
Sa réaction. Laurent Simonin ne s’est pas exprimé sur le sujet.
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Maxence Creusat, commissaire à la direction de l’ordre public et de la circulation
Son rôle dans l’affaire. Au moment des faits,
Maxence Creusat commandait la colonne de CRS qui intervenait place de la
Contrescarpe, à Paris. Selon Alain Gibelin, c’est lui qui a transmis la
vidéo des événements à Alexandre Benalla. Il a été mis en examen pour
« détournement d’images issues d’une vidéoprotection » et « violation du
secret professionnel ».
Sa réaction. Maxence Creusat n’a pas réagi publiquement. Son avocat l’a fait pour lui sur
Twitter :
« Mon
client n’entend esquiver aucune question, et notamment celle,
essentielle pour comprendre ce dossier, de la proximité manifeste aux
yeux du jeune commissaire qu’il est, entre la plus haute hiérarchie
policière et Monsieur Benalla. »
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Jean-Yves Hunault, commandant chargé de la liaison entre la préfecture de police et l’Élysée
Son rôle dans l’affaire. Il est suspecté d’avoir
transmis à Alexandre Benalla les images de vidéosurveillance de la place
de la Contrescarpe. Selon les propos de l’ancien garde du corps
d’Emmanuel Macron, c’est lui également qui lui a remis un sac avec
« un
casque, un ceinturon en cuir, un masque à gaz, un brassard police et
une cotte bleue marquée police et un grade de capitaine dessus ».
Sa réaction. Jean-Yves Hunault ne s’est pas exprimé sur le sujet.
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Philippe Mizerski, commissaire à la direction de l’ordre public et de la circulation
Son rôle dans l’affaire. Ce commissaire était
présent lors des manifestations du 1er-Mai sur la place de la
Contrescarpe, à Paris. Il était chargé d’accompagner Alexandre Benalla
au cours de son
« observation ». On le voit habillé en civil
sur les vidéos. Il n’intervient pas lorsque Alexandre Benalla et Vincent
Crase s’en prennent aux deux manifestants. D’après
les conclusions de l’IGPN, le major
« ne concevait pas de faire la moindre observation à celui qui était, à ses yeux, un personnage de première importance ».
Sa réaction. Il ne s’est pas encore exprimé sur le sujet.
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Christophe Castaner, délégué général de La République en marche
Son rôle dans l’affaire. Il n’a pas un rôle direct
mais en tant que chef du parti présidentiel, il est le supérieur
hiérarchique de Vincent Crase et pourrait donner des explications sur la
présence de cet homme en tant qu’observateur, lors des manifestations
du 1er-Mai.
Sa réaction. Sur CNews, Christophe Castaner a expliqué s’être
« entretenu » avec son salarié.
« Il ne comprend pas son geste. Il a présenté ses excuses mais ça ne suffit pas »,
a-t-il indiqué. Et pour expliquer la présence d’Alexandre Benalla dans
le bus de l’équipe de France lors du défilé sur les Champs-Élysées, il a
expliqué qu’il
« était en charge de la logistique, notamment des bagages ».
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Vincent Crase, salarié de La République en marche
Son rôle dans l’affaire. Ce gendarme réserviste est
en charge de la sécurité au sein du parti présidentiel. Le 1er-Mai, il
était avec Alexandre Benalla sur la place de la Contrescarpe, à Paris,
lui aussi en tant qu’observateur. Sur les vidéos, on le voit participer à
l’intervention musclée contre les deux manifestants. Il porte une arme à
la ceinture, sans que la préfecture ne lui en ait donné l’autorisation.
Il a été mis en examen pour « violences en réunion par personne chargée
d’une mission de service public », « immixtion dans l’exercice d’une
fonction publique » et « port prohibé » d’une arme à feu.
Sa réaction. Il ne s’est pas encore exprimé publiquement sur l’affaire.
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