lundi 27 juin 2011

MIRADA SUR LA FERIA DE RIEUMES

Ci-contre, en prélude à cette tarde garonnaise, défile en chemisette blanche en répondant à l'ovation du public un des deux torileros Rieumois, mon ami Bernardo Mercadobès, aficionado Avignonétain de verdad à l'état pur. Image pour la postérité(cliquez sur la photo pour l'agrandir)
"Nous sommes tous Rieumois", publiait sur la "Montera qui pleure" bison futé, tentant ainsi de mobiliser les aficionados du S.O. pour soutenir le dernier bastion garonnais de la tradition taurine dans ses efforts à réussir sa feria depuis longtemps compromise.
Rieumes, pour moi, même si, entre autres anomalies qui abondent dans ce milieu taurin, je ne supporte pas que les membres de sa peña profitent de squatter le callejon pour agiter impunément mouchoirs et bérets à tout bout de champ - il faudra bien leur apprendre que la règle est que les gens du callejon doivent rester réservés, et surtout pas faire taire le public, car on a vu encore ce dimanche, comme à VIC, deux types de l'organisation se précipiter sur les tendidos pour faire taire un spectateur! (C'est le monde à l'envers, partout !!! )-, Rieumes donc pour moi est un nom qui m'est cher, et pour de multiples raisons personnelles trop longues à énumérer. C'est notamment le village de mon ami Antoine Tinelli, ancien collègue de la Poste et compagnon de lutte que je voulais saluer ce dimanche, mais, hélas, en voulant prendre de ses nouvelles pour lui rendre visite, j'appris brutalement par une de ses anciennes collègues, qu'il venait juste de quitter ce monde. ¡ Descanse en paz, compañero!
Que la vie est injuste!

Rieumes devait être un rendez-vous de l'amitié, des retrouvailles, avec des aficionados qui me sont chers, et ce fut effectivement une belle journée d'amitié partagée, avec ces aficionados membres du CT qui ne comptent pas leur peine pour mener à bout leur belle aventure, armés d' un dévouement sans bornes, jusqu'à l'abnégation, malgré les déboires et l'ingratitude que l'on peut récolter dans de tels moments, et qui sont souvent le lot quand rien ne se passe comme on le souhaiterait. Par exemple, j'appris ce dimanche que l'alcalde Rieumoise attribue royalement 800 euros de subvention au club taurin, pour cette novillada piquée, alors que mon ancien club où règne la magouille qui me le fit quitter, en reçoit 10.000 pour un NSP !

DIX MILLE EUROS d'argent public, dont une partie disparut un soir de fête, sans que le maire de MAUBOURGUET ni aucun autre élu ne s'en indigne. A croire que ces silences ont des raisons inavouables.

Mais Rieumes, en plus des membres de sa peña qui apostrophent les aficionados assis sur les gradins, c'est aussi d'autres désagréaments entrés dans les moeurs année après année, et que nous sommes obligés d'ingurgiter: un député et un sénateur assis au palco, DEUX politiciens -de trop !!!!- qui devraient laisser la place à des aficionados désintéressés, ce qui donne à la feria rieumoise une saveur politicienne désagréable par ces temps de malaise taurin. Faudra-t-il un jour montrer sa carte du parti rose en vogue dans notre S.O. pour s'asseoir sur les tendidos? Sans oublier un président indélicat qui continue de parader, protégé par la loi du silence que lui garantissent les responsables gersois solidaires de ce qui est condamnable, comme si d'autres avaient aussi à se faire pardonner. Le ver est partout dans le fruit...
Et la novillada de "La Laguna", dans tout cela?

Trois quarts d'arène, environ, grosse chaleur, comme partout, et un paseillo retardé de 30 minutes, comme nulle part ailleurs, le palco politicien de Rieumes ne respectant jamais aucun des horaires annoncés. La corrida est une chose, la politique en est une autre, ce dont ni Fortassin ni Auban ne semblent l'un et l'autre s'embarasser, sans doute tiennent ils les cordons de la bourse, ce qui autorise les singuliers écarts dont s'accommode leur clientèle.....


Premier novillo, de presque 4 ans, sans trapio ni poder: il cogne dans les bois, Guillon le banderille à cornes passées, ce qui lui vaut un triomphe pueblerino, c'est dans le clinquant qu'il excelle le mieux. Pour la lidia, elle sera bâclée, le Landais est magistralement promené sans que le public dans son immense majorité n'élève un soupçon de critique. Desplantes évidemment malvenus par un garçon qui a subi les choix de son manso opposant. Un tiers d'épée, novillo puntillé debout. Quelques mouchoirs de la famille, et Guillon sort des planches pour saluer, alors que pas une palma ne l'y a invité. Puis retourne sagement au callejon, devinant sans doute que la vuelta qu'il rêvait de s'octroyer risque surtout de déclancher la bronca de respetable.


Le novillo de Conchi RIS a plus de présence, con trapio y morillo, pero arreglado. Ce qui n'empêchera pas le danger et la cogida. Les gestes de la jeune torera sont allurés, ses véroniques sont prometteuses. Las, la lidia s'avère rapidement approximative, sans assurance, RIS se montre incapable de conduire son toro vers le cheval, et c'est le peon de brega qui doit s'en charger. Une pique, changement. Le novillo est manso, et se réfugie près du toril. Des voix plus expertes, de sa cuadrilla ou de ses compañeros, auraient dû mettre en garde la novillera contre le danger de cette querencia. Conchi tente un muletazo pour l'attirer, elle est aussitôt soulevée, puis salement secouée, la corne a pénétré dans la cuisse droite, et la chica est promenée dans les airs comme un malheureux pantin, tête en bas sur une quinzaine de mètres. Emmenée et opérée sur place, elle est ensuite évacuée sur Toulouse par hélico. Guillon couche alors le quadrupède de 2/3 d'épée.


Afeité aussi l'exemplaire de Diego SILVETI, les deux cornes abimées dès l'unique puyazo. Malgré cela, le mexicain va nous offrir les plus beaux moments de la tarde, essentiellement avec des séries de naturelles douces, templées, puis rematées avec art, et avec la détermination d'un garçon décidé à toréer, et à plaire. Derechazos serrés, volontaires, nouvelles naturelles en se croisant, après avoir mis de la distance avec le novillo, l'art de mettre en valeur ses opposants, sans les étouffer et les abrutir. Épée contraire, un peu plate, et le novillo lutte longuement debout, avant de se résigner à tomber. Oreille méritée d'un manso mort en brave, pour un novillero largement au-dessus de son compagnon de cartel.


Car Guillon ne voudra pas s'embarasser de son second novillo, qui prendra vite le dessus sur le Landais. Joli petit colorado armé, qui parait vouloir jouer de son piton gauche, le torito n'a ni trapio, ni morillo, un culito de vache landaise, mais le garçon ne peut cacher sa peur, il tentera bien quelques passes, mais en reculant sans cesse, sans sitio ni volonté, il sera littéralement bouffé par son opposant; mansote et noble sans excès, le novillo aurait mérité d'être toréé, ses qualités ne seront pas du tout exploitées. En prime, pinchazo dans l'épaule, puis trasera basse. Trois descabellos. A oublier, et même à éviter: ce métier ne convient qu'à peu de monde.


Le castaño quinto tape furieusement sur les planches, puis pousse bien le chevel. Meilleure pique de la tarde, sans doute. Mais il y en eut si peu....Plus compliqué peut-être que ses frères.... Silveti l'embarque en se croisant avec art pour deux séries de derechazos, puis enchaine par des naturelles d'aussi belle facture que pour sa première lidia. Naturelles encore, puis deux cambiadas dans le dos, avant de conclure par une lame basse, légèrement sur le côté. Oreille.


Nous avons cette chance: le sixième, prévu pour Conchi Ris, échoit à Silveti. (Et non à Guillon) Tape dans les bois, comme le lot entier. Puis évite in extrémis deux vueltas de campana. Signes de faiblesse. D'ailleurs, un "piquette" plus tard, le manso s'avère justito. Diego recule à quinze mètres de lui, puis s'approche en citant avec calme, majestueux, attitude très torera. Malgré les derechazos accrochés, la faenita sera agréable. Plusieurs séries à gauche, tout en donnant du volume aux embestidas pourtant timides. Puis le noville s'éteint rapidement. Mais la volonté et la classe du mexicain déclancheront l'octroi d'un nouvel appendice, après 2/3 d'épée trasera un peu tombée.

Fin de la feria de Rieumes.

Mais nous aurons passé de bons moments avec des chouettes gens. Merci à eux, dévoués artisans de cette agréable journée passée en leur compagnie, ces amis découverts et conservés grâce à la corrida, à notre aficion commune, parfois différente, mais toujours partagée. A Serge, polyvalent dans toutes les responsabilités, à Bernardo Mercadobès, "coopérateur du Portail" reconverti en torilero de verdad, Mireille, de la taquilla aux restaurant, toujours avec le même sourire et la même patience, abrazo cariñoso à tous, mais aussi à Claude et Sarah, à Yannick le Colliourais engagé dans sa commission taurine et qui nous attend dans ses arènes catalanes le 16 Août avec les Christophe YONNET, à Jean Louis l'ami St Sulpicien de la Lèze retrouvé après de longues années dans ce club où il se donne sans compter .... Tant pis si le cartel de ce dimanche ne fut pas le plus judicieux ou le plus attractif pour reconquérir une aficion qui se liquéfie, tarde après tarde, ou qui est en liquidation, pour reprendre les termes de Florent sur son blog "Aficion a los toros": le choix des encastes me parait primordial, on ne le répètera les uns et les autres jamais assez, avant d'être un jour enfin entendus, beaucoup plus que la présence au cartel d'une jeune demoiselle torera, mais cette journée Rieumoise gardera grâce à cette équipe de copains cités plus haut un relief tout particulier.
Suerte a todos y todas y abrazos