À l’heure où la crise mondiale s’aggrave et où de plus en plus de
voix réaffirment que le capitalisme fauteur de guerre n’est pas notre
avenir, il convient de reprendre le débat que le congrès a décidé
d’ouvrir sur le projet alternatif à porter auprès de la population. Ce
texte est initié par des membres du parti communiste et de la jeunesse
communiste. Il est particulièrement bienvenu pour donner de la force à
la liste de assemblement menée par le candidat communiste Léon
Deffontaines et il justifie l’engagement que certains membres de ce blog
ont pris de soutenir cette liste. Mais on conçoit aisément qu’une telle
prise de position dépasse le cadre de cette élection et suppose une
réflexion sur le parti qu’il faut pour avancer vers un tel projet et que
l’engagement pris ici se situe lui aussi dans cette élection et
au-delà. Aujourd’hui nous insistons sur la manière dont le capitalisme
aliène les individus, en les isolant, et en leur interdisant de ce fait
les chemins de leur libération autant en tant que classe, exploités,
humiliés qu’en tant d’individus. S’engager dans une action collective
sans attendre qu’elle en soit au stade idéal et idéalisé, est une
nécessité urgente. (note de Danielle Bleitrach pou histoire et societe)
Lien vers l’original :
https://socialisme.blog/Le-socialisme-a-l-horizon
Ce texte vise à contribuer à la préparation des
prochaines élections au Parlement de l’UE et . Il s’efforce de resituer
les travaux menés jusqu’ici par le parti dans le nouveau contexte
international en proposant un perspective globale, à l’horizon d’une
génération. Il reprend des axes fondamentaux de notre travail autour de
la question de la souveraineté, de la paix, des pôles publics, du la
planification de la transition climatique et industrielle.
La société des jours heureux n’est pas seulement un programme à défendre mais un projet de société à bâtir.
Les traités de l’Union européenne sont conçus comme un carcan à tout projet d’émancipation.
Le choix de conduire une liste autonome aux prochaines élections européennes impose d’affronter cette question.
Le congrès a décidé d’instruire un grand débat sur la manière de
qualifier cette société alternative. Pour certains dont nous sommes,
l’idée d’un socialisme d’un type nouveau mérite d’être travaillée.
L’organisation de jeunesse du mouvement communiste a déjà tranché en ce
sens initiant par là-même un travail de réflexion.
Les signataires de cette tribune font leur cette démarche. Ils
affirment que la force qui est la nôtre est celle du collectif, de la
culture du débat et de l’élaboration partagée.
Nous proposons que l’élaboration de notre projet pour l’échéance
européenne soit une étape dans cette démarche. Dans les cellules, les
sections, les fédérations et jusqu’au Conseil national, des moments de
débats sont nécessaires ainsi qu’un espace national de contributions.
Le texte joint à notre tribune se veut une première contribution à ce
débat. Construit collectivement, il donne des points de repères fruits
d’expériences plurielles. Dans cet esprit, il ne préjuge pas de la
conclusion du débat mais ouvre des pistes de réflexion et appelle à des
réponses. Dans cet esprit, nous invitons à prendre connaissance du texte
de contribution joint. Chacun peut s’y joindre, l’utiliser pour
permettre le débat…
José Ardura (90), Isabelle d’Aubuisson (91), Stephane Baillanger
(33), Luc Basin (26), Pablo Biancarelli (84), Jean-Pierre Bouilloux
(01), Gauthier Bouviala (81), Victor Blanc, Pierre Boufflers (62),
Pascal Brula (69), Robert Brun (26), Marie-Christine Burricand (69),
Michèle Carbonnier (62), Léo Carrier (91), Cedric Cauchetier (51), Fanny
Chartier (75), Dany Nadia Chevalier (26), Jean-Pierre Cognard (26),
Hélène Cogez (91), Nicolas Cossange (34) Alec Desbordes (75), Maeva
Durand (94), Walid El Mghari (81), Esteban Evrard (62), Bernard Gilleron
(59), Clara Gimenez (34), Enki Goulier (69), Gilles Gourlot (93), Kevin
Guillas Cavan (75), Antoine Hamria (92), Michaële Lafontant (92),
Thomas Lassalle (40), Fabienne Lefebvre (94), Jean-Claude Delaunay (94),
Jean-Paul Legrand (81), Valentin Lemaire-De Simone (75) Anna Leva (51),
Anne Manauthon (06), Jules Margotin (91), Franck Marsal (33), Jean
Pierre Meyer (83), Pierre-Alain Millet (69), Arlette Moitié (33), Leila
Moussavian Huppé (33), Willy Pepeljnak (38), Marc Petronelli (25),
Michèle Picard (69), Camille Pinet (84), Hervé Poly (62), Thierry
Racinet (26), Alexandre Rault (56), Gilbert Rémond (69), Isabelle Rocher
(26), Benoit Roger (62), Henri Rossetti (26), Flavien Ronteix-Jacquet
(31), Laurent Santoire (91), Tibor Sarcey (75), Igor Segouffin (31),
Stephanie Segouffin (31), Fabrice Selingant (45), Maurice Sertorio (26),
Raphael Steiger (51), Nicolas Stienne (93), Pierre Thiou (29), Danielle
Trannoy (33), Julien Tremel (29), Serge Truscello (69).
Point sémantique : Dans
le présent texte, le terme « Europe » se réfère au sous-continent
européen au sens géographique ; l’expression ’pays européens’ renvoie
aux pays ayant au moins une partie de leur territoire en Europe,
incluant donc la Russie et la Turquie. L’Union Européenne est reprise
sous le signe « UE » et les pays membres sous l’appellation « pays de
l’UE ».
Sens de ce texte : Ce texte vise à
contribuer à la préparation des prochaines élections au Parlement de
l’UE. Il s’efforce de resituer les travaux menés jusqu’ici par le parti
dans le nouveau contexte international en proposant un perspective
globale, à l’horizon d’une génération. Il reprend des axes fondamentaux
de notre travail autour de la question de la souveraineté, de la paix,
des pôles publics, de la planification de la transition climatique et
industrielle.
Après une longue phase de réaction …
Depuis la seconde guerre mondiale, les USA ont dominé la production
industrielle, le commerce international, la production et le raffinage
pétrolier (meilleure source d’énergie disponible), les technologies de
pointe, et une bonne partie de la production culturelle et scientifique.
Partant de cette position, ils ont rapidement mis la main sur les
outils de contrôle financier, monétaire et politique de l’économie
mondiale, imposant un nouveau régime impérialiste au monde capitaliste.
A ce moment, les USA ont été en situation d’exercer un contrôle
global sur les flux de profit et d’accumulation du capital. Les étapes
ultérieures de ces développements ont correspondu avec les crises
successives d’accumulation capitaliste, en premier lieu avec la première
grande crise générale de suraccumulation de l’après guerre qui a
commencé à la fin des années 1960. Ces crises successives ont poussé la
puissance capitaliste dominante à chercher des solutions diverses qui se
sont rassemblées sous l’appellation de « néo-libéralisme » :
dérégulation, libre circulation des capitaux et généralisation de
l’évasion fiscale, financiarisation, ouverture des marchés,
externalisation de la production industrielle vers des pays sans
protection sociale, à faible monnaie et bas prix de la force de travail.
Ces différentes solutions ont conduit à une restriction
générale de la souveraineté des états, soumis aux exigences des capitaux
portées à la fois par la structure de la sphère financière et monétaire
et par l’appareil impérialiste des USA et leurs relais officiels ou
officieux. Ce processus a été grandement renforcé par la
disparition de l’Union Soviétique qui constituait le principal
contrepoids à la puissance états-unienne dans les relations mondiales.
Les anciennes colonies et semi-colonies de l’Occident avaient conquis
une indépendance formelle dans la période 1945 / 1975 pour l’essentiel.
Cependant, pour la plupart d’entre elles, la domination coloniale
directe avait simplement été remplacée par une domination néo-coloniale
masquée. S’en est suivi pour ces pays une longue phase de développement
empêché, de quasi-stagnation économique et d’exclusion du monde
développé. Maintenus à la périphérie du système productif mondial, la
plupart de ces pays n’ont pas accédé aux infrastructures productives
nécessaires à leur développement. La libre circulation des capitaux, la
domination monétaire et l’ouverture des marchés ont laminé les premiers
pas réalisés par ces pays dans la voie du développement notamment sous
la forme catastrophique des « Plans d’Ajustement Structurel » du FMI.
Cette réduction de la souveraineté des Etats a également atteint les
pays capitalistes développés et a également conduit à des régressions
catastrophiques : chômage et réapparition de la pauvreté de masse,
désindustrialisation et liquidation des services publics, montée de la
réaction et du fascisme.
… une situation mondiale radicalement nouvelle
L’affaiblissement de la souveraineté des Etats et la force du
contrôle financier et monétaire ont empêché, durant des décennies, la
formulation d’une perspective alternative concrète. Cependant, après une
longue évolution, l’ascension de la Chine suivie par d’autres grands
pays du « Sud global » a ouvert de nouvelles perspectives. Les points de
domination états-uniens sont aujourd’hui étiolés ou menacés. La Chine
domine désormais la production industrielle dans de nombreux secteurs.
Elle dispose d’une capacité scientifique et technologique de 1er plan.
Elle est la deuxième économie du monde et le principal partenaire
commercial de la plupart des pays. Elle dispose ainsi depuis de
nombreuses années d’excédents commerciaux et de réserves monétaires qui
lui permettent de contrebalancer la position états-unienne. Elle peut
proposer à de nombreux pays un autre système avec une véritable
alternative aux capitaux états-uniens et au dollar. Elle peut leur
ré-ouvrir la voie du développement des forces productives.
D’autres grands pays ont commencé à poser les jalons d’un
développement conséquent et nouent aujourd’hui, notamment au sein des
BRICS (l’alliance initialement créée par le Brésil, la Russie, l’Inde,
la Chine et l’Afrique du Sud). Cette alliance s’est récemment élargie à 6
nouveaux pays et est en position de contester frontalement les rapports
mondiaux et de les modifier radicalement.
La crise du capitalisme US – UE est de ce fait privée de solutions et resurgit aggravée et élargie.
C’est pourquoi le monde est désormais entré dans une période de
changements accélérés. Après une longue évolution du système productif
mondial, ces changements sont en train désormais de bouleverser
complètement les rapports internationaux et, en particulier, la
domination impérialiste états-unienne. De nouvelles perspectives
s’ouvrent. Les pays du « Sud global » relèvent la tête et sont en
situation de se battre pour réaliser leur développement économique et
social tant attendu.
L’affaiblissement de l’impérialisme et les fractures internationales ouvrent des potentialités nouvelles.
Les bourgeoisies mondiales, notamment celles qui avaient le plus
profité de cette période de réaction ont parfaitement compris la
situation. Elles résistent pied à pied, par tous les moyens à leur
disposition et quitte à piétiner les principes dont elles avaient fait
leur raison d’être, comme la liberté du commerce pour défendre leurs
privilèges. Quitte aussi à écraser les plus faibles pour sauver les plus
forts.
L’Europe, à nouveau divisée, est dans l’impasse :
Dans ce contexte, l’intervention militaire de la Russie en Ukraine a
été le catalyseur qui a accéléré la polarisation des lignes de tensions
internationales. Elle-même est la conséquence de la pression exercée par
l’Occident (l’OTAN) et les USA à travers le coup d’état du Maïdan en
2014, qui visait à arrimer l’Ukraine au camp occidental. Cet
expansionnisme est lui-même lié à la crise non résolue du capitalisme
contemporain et au besoin en résultant de circonscrire la souveraineté
d’un nombre croissant d’Etats.
En Europe (continent européen), des changements radicaux sont apparus
après le début de l’intervention militaire russe sur le territoire
ukrainien. Après des années de fluctuation, les relations entre la
Russie et la Biélorussie d’une part, les pays de l’UE, la
Grande-Bretagne et les USA d’autre part se sont réduites à un niveau
jamais atteint pendant la guerre froide. Une grande vague de
militarisation parcourt le continent.
Les USA ont encerclé les pays de l’UE dans un véritable mâchoire
stratégique : les pays de l’UE n’ont que peu de ressources, notamment
énergétiques. Ils sont dépendants d’approvisionnement pétroliers et
gaziers extérieurs. Le gaz russe, une des sources d’énergie bon marché
dont bénéficiait l’économie de l’UE passait par trois itinéraires
possibles : les gazoducs NorthStream 1 & 2, sous la Baltique, ont
été détruits. Les deux autres itinéraires passent l’un par la Pologne,
l’autre par l’Ukraine, deux pays très proches (voire satellites) des
USA. Par leurs alliés, les USA disposent donc du principal robinet
énergétique de l’économie de l’UE. Par la pression médiatique et
diplomatique, ils ont même convaincu l’UE de renoncer à une large partie
des approvisionnements pétroliers directs venant de Russie, obligeant
les pays de l’UE à acheter en Inde le pétrole russe, ré- étiqueté après
raffinage et plus cher.
Cette situation a également produit un changement de nature des
institutions de l’UE. Celle-ci devient ouvertement un centre support de
l’OTAN et de la politique états-unienne, sur laquelle elle est
totalement alignée. La Suède et la Finlande, jusqu’ici officiellement
neutres, ont engagé le processus d’adhésion à l’OTAN. La Pologne, alliée
privilégiée des USA en Europe, s’est engagée dans un processus de
militarisation accélérée qui modifie les équilibres géopolitiques du
continent et peut provoquer de nouveaux conflits. Une pression accrue
est désormais exercée sur les Etats de l’UE pour bloquer leurs relations
avec la Chine.
En même temps, ce changement est en train de faire mûrir une crise
économique et sociale majeure au sein de l’UE, une perte de
compétitivité que se traduit déjà par une fragilisation du tissu
productif et un appauvrissement massif. Surtout, la politique de l’UE
paraît désormais sans perspective. La fuite en avant néo-libérale épuise
les ressources fondamentales accumulées durant la reconstruction
d’après-guerre. La position générale est de continuer à faire ce qui ne
marche pas, mais même la conviction des néo-libéraux les plus acharnés
s’émousse.
Le verrou de la politique impérialiste peut être levé :
Cette situation est lourde de dangers, mais elle est aussi porteuse
de nouvelles perspectives pour les classes travailleuses du monde.
Depuis environ 50 ans, la domination états-unienne et des grandes
bourgeoisies sur le monde a constitué des barrières majeures sur la voie
de l’émancipation populaire. Les expériences socialistes ont été
combattues avec cynisme et acharnement. Les idéaux communistes ont été
vilipendés et diffamés. L’histoire a été travestie. Toute tentative de
changement a dû faire face non seulement aux menaces et au chantage,
mais surtout à l’isolement du marché mondial et à l’étouffement
économique à une échelle jamais vue. Cuba, qui résiste, en est encore le
témoin.
Pour tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, la
politique néo-libérale est désormais synonyme de misère, de régression
et de chaos.
En revanche, l’émergence de nouveaux rapports internationaux, la
croissance de la Chine et sa politique d’investissements (BRI : Belt and
Road Initiative), fondée sur la construction des infrastructures clés
et la libération des forces productives ouvre la possibilité d’une autre
voie, souveraine vers le développement et la résolution des crises.
Elle permet d’envisager d’en finir au niveau mondial avec le
néo-colonialisme et le néo-libéralisme.
La crise cumulative du capitalisme et de l’impérialisme mobilise
progressivement des forces de changement d’une ampleur nouvelle. Une
solution salvatrice pour l’humanité devient possible, un socialisme de
deuxième génération, seul capable de résoudre les contradictions
actuelles. Cela rend possible l’émergence d’une prise de conscience des
classes travailleuses. Une nouvelle phase est en train de se ré-ouvrir :
la perspective de la socialisation et la transition des classes
travailleuses de classes en soi vers classes pour soi.
Seule la perspective du socialisme peut résoudre les défis de notre époque :
Cette perspective d’une nouvelle étape socialiste devient non
seulement possible, elle devient nécessaire et urgente. Tous les travaux
convergent pour constater que les Etats capitalistes piétinent sur la
réduction des émissions de CO² et qu’une catastrophe de grande ampleur
menace désormais notre civilisation humaine. En même temps, émerge dans
le débat international la perspective d’une communauté de destin pour
l’humanité.
La réponse à la crise du CO² nécessite au moins six éléments clés que
seule une perspective socialiste peut correctement dessiner :
- une planification supervisant l’ensemble des grands choix
économiques et industriels, dégagée de la logique de rentabilité de
court terme exigée par le capital ;
- d’immenses investissements de très long terme, incompatibles avec la recherche capitaliste du profit ;
- un développement massif de nouveaux services publics, hors de la logique du marché ;
- la mobilisation de toutes les couches de la société ;
- l’arrêt de la militarisation et des conflits pour mobiliser tous les moyens disponibles dans l’effort collectif ;
- un codéveloppement Sud – Nord fondé sur le libre accès aux savoir-faire et le partage des ressources.
La crise climatique n’est pas le seul défi auquel l’humanité est confrontée :
- Le défi de la paix et du désarmement mondial, avant qu’une catastrophe n’arrive ;
- Le
défi du développement pour donner à chaque enfant, où qu’il naisse,
l’accès à la santé, au savoir, à l’éducation, à la culture et à une vie
décente ;
- Le défi des migrations pour faire en sorte qu’on ne soit plus contraint de quitter son pays, mais simplement libre de le faire ;
Seule une perspective d’une transition à l’horizon d’une génération
vers une société socialiste permet de sortir du vide de la pensée
dominante et d’envisager une solution aux défis de notre époque
historique, de mobiliser largement les classes travailleuses, de
ré-ouvrir un avenir positif pour l’humanité (les « jours heureux ») et
de trouver la paix et l’harmonie, tant au sein des sociétés humaines que
dans leurs rapports avec la nature.
Qu’est-ce qu’un socialisme de nouvelle (2ème) génération ?
Au vingtième siècle, au moins une douzaine de pays ont mis en place
des sociétés socialistes, sur plusieurs continents. Tous ces pays sont
partis d’une économie capitaliste très peu développée, souvent arriérée,
parfois marquée par la colonisation ou des formes de néo-colonialisme.
Malgré leur diversité historique et géographique, ils ont un certain
nombre de traits communs, de réussites communes (notamment dans
l’éducation, la santé, le développement, la paix, l’internationalisme,
la culture, la réduction des inégalités), mais aussi d’échecs ou de
difficultés semblables (notamment, à l’exception de la Chine et du
Vietnam aujourd’hui, le dynamisme économique et, à l’exception de Cuba,
la vitalité démocratique). Ils correspondent à une époque historique.
Ils sont une source d’enseignement, d’expérience pratique. Ils ont fait
l’objet d’une bataille idéologique intense pour les dénigrer et les
criminaliser qui a conduit à ce qu’une partie de la population le
rejette sous le couvert du concept idéologique de totalitarisme. Il est
temps d’entrer dans une phase de bilan objectif de ces étapes et moment
historiques, passés ou existants.
Les pays développés n’offrent pas d’exemple de société socialiste,
mais des institutions portées ou initiées par les partis communistes et
socialistes peuvent être également sources d’exemples (pour la France
par exemple la Sécurité sociale, telle que portée par Ambroise Croizat,
ou EDF tel que fondé par Marcel Paul).
Pourquoi pouvons-nous et devons-nous envisager aujourd’hui un socialisme de nouvelle génération ?
- Depuis la première génération d’états socialistes, le monde a
considérablement évolué. La population humaine a grandi dans des
proportions inouïes et la classe travailleuse également. Selon la banque
mondiale, la population active mondiale est de 3,4 milliards de
personnes en 2021, Elle n’était que de 2,3 milliards de personnes, en
1990, soit une progression de plus d’un milliard de personnes en 30 ans.
C’est considérable. En 1950, la population active mondiale n’était
« que » de 1,1 milliards de personnes. Les forces productives se sont
également développées. La production mondiale d’électricité est passée
de 15 000 Térawatt/heures en 2000 à 27 000 TWh en 2020, alors qu’elle
n’était que d’environ 1 000 TWh en 1950. Le nombre mondial
d’utilisateurs d’internet a doublé au cours des 7 dernières années pour
atteindre 5,4 milliards de personnes.
- Dans le monde actuel, une
société socialiste ne peut s’édifier de manière isolée, comme ce fut le
cas au 20ème siècle (par force) mais dans une inter-relation économique
et industrielles mondiale. C’est donc (comme l’a expérimenté la Chine)
une économie socialiste de marché, et non une économie de type
socialiste étatique qui seront établies dans un premier temps. Les
formes économiques socialistes (propriété collective des moyens de
production, distribution centralisée et équitable) cohabiteront avec des
formes capitalistes (propriété privée, distribution par le marché)
pendant une période de dépassement progressif des secondes par les
premières. Sur le plan des formes politiques, nous disposons désormais
également d’expériences de formes démocratiques avancées et ouvertes
(Cuba qui vient de voter un code de la famille le plus plus avancé du
monde selon une procédure démocratique exemplaire ; Chine) pour de
futurs états socialistes.
- Les moyens techniques actuels rendent
possible la planification globale du pilotage de l’économie et de la
production que les défis écologiques et de développement mondial rendent
nécessaires. Ils permettent également d’intégrer sans contrainte
excessives, des formes individuelles et privées de production, des
mécanismes de marchés pour rendre cette planification globale compatible
avec une liberté économique individuelle.
Cadre et positionnement général :
Le socialisme est le cap qui nous permet de répondre aux défis
actuels et d’avancer vers la société communiste. Formuler cette
perspective nous permet d’identifier les priorités actuelles, qui
consistent à créer les conditions nécessaires à l’établissement futur de
sociétés socialistes en Europe et dans le monde.
Le cadre général dans lequel nous pouvons agir, mobiliser reste
prioritairement la nation. C’est le cadre historique, social et culturel
de la souveraineté populaire. C’est dans ce cadre que doit d’abord être
établi un rapport de force de classes suffisant. Ce n’est que sur cette
base, réalisée si possible dans plusieurs nations, que des changements
pourront être obtenus au niveau européen.
Par ailleurs, les tensions internationales et les conséquences de la guerre posent aujourd’hui la question de la survie de l’UE.
Nous présenter aux élections au parlement de l’UE est important pour :
- faire connaître et faire converger nos idées entre pays,
- interpeller les gouvernements et les responsables politiques,
- appuyer nos mobilisations respectives les unes sur les autres,
- contribuer au développement des forces communistes et ouvrières dans tous les pays,
- fédérer
et organiser ces forces au sein du Parti, outil démocratique essentiel
pour une transformation révolutionnaire de la société toute entière.
Mais nous ne pouvons pas nous limiter au périmètre de l’UE. Il existe
déjà une rencontre régulière des partis communistes et ouvriers au
niveau international. Il est important d’œuvrer à ce que se constitue un
cadre spécifique entre ces partis sur le périmètre de l’Europe.
Nous proposons à ce titre la réalisation d’une revue internationale
partagée (papier ou en ligne), polyglotte (4 ou 5 langues, plus si
possible), impliquant un nombre significatif de partis communistes et
ouvriers d’Europe, représentatifs de la diversité culturelle, historique
et politique de notre continent comme premier cadre de discussion
collectif continental.
Ce positionnement doit nous permettre de préciser et de rendre plus concrète notre spécificité sur le champ politique.
Construire de nouveaux cadres de coopération multilatéraux pour rendre caduques les traités
L’Union Européenne se trouve aujourd’hui en zone de grande fragilité
économique, stratégique, industrielle, sociale et politique. Les
désaccords s’accumulent. L’Euro, monnaie unique de la plupart des pays
de l’UE n’a pas permis pour l’instant de se protéger de la hausse des
taux pratiquée par la banque centrale états-unienne, et cela menace d’une grave récession.
Après 70 ans environ de soi-disant « construction européenne », il est temps d’établir un bilan.
L’UE devait garantir la paix, la démocratie et la prospérité. Elle
est aujourd’hui un facteur de guerre, de grande pauvreté, de destruction
des acquis sociaux. Elle est l’outil essentiel de retrait de la
souveraineté, une camisole de force sur les choix démocratiques. Elle
préside à la désindustrialisation massive et sombre dans la crise
économique. L’euro devait nous protéger et nous libérer de la domination
du dollar. En réalité, il nous soumet à la politique décidée à
Washington et New York.
Cela crée une situation inédite, complexe et très dangereuse : Il
n’existe aucune option juridique pour changer radicalement une politique
qui ne fonctionne pas et qui menace une partie du continent d’un grave
chaos.
- Quitter l’UE individuellement nécessite un processus d’au moins 5
années, comme la montré l’exemple britannique (et encore, la Grande
Bretagne est insulaire et n’avait pas adopté l’euro). En cas de départ
conflictuel, il existe des possibilités énormes de chantage à l’égard du
pays qui souhaite sortir.
- Réécrire les traités nécessite l’unanimité des pays concernés. Cela pose un grave problème
démocratique et un grave problème pratique.
La nécessité fait toujours son chemin. Mais il est difficile de
connaître à l’avance les détours exacts que ce chemin peut prendre.
La position historique du Parti doit être maintenue : il faut sortir
des traités que nous n’avons jamais soutenus. Il faut dénoncer
radicalement la démarche et la méthode de fonctionnement de l’UE et son
élargissement. Il faut bâtir une Europe de coopération librement
consentie et réversible, entre nations souveraines et peuples associés.
Mais nous pouvons aller plus loin aujourd’hui. Car les BRICS
aujourd’hui montrent une autre voie. Ils ouvrent la possibilité d’une
véritable alternative à l’hégémonie monétaire états-unienne sans perte
de souveraineté, mais au contraire dans la reconquête de celle-ci par
l’établissement de mécanismes monétaires, financiers et commerciaux
ouverts et équitables.
Le choix n’est plus entre l’acceptation des traités et le repli
national. Le choix est entre deux systèmes de relations internationales.
D’un côté, une UE repliée sur elle-même, inféodée aux USA et
verrouillée par les traités. De l’autre, un système multipolaire de
relations internationales basé sur le respect de la souveraineté, le
multilatéralisme et le développement.
Même si nous ne pouvons pas formuler de mécanisme institutionnel
précis pour y parvenir, nous devons clarifier la direction de sortie de
crise. Nous devons nous prononcer pour la voie du multilatéralisme, de
la construction d’institutions mondiales de régulation et de
coopération, autour du cadre de l’ONU, sur des bases équitables et
ouvertes, sans hégémonie d’aucune sorte.
Le continent européen doit sortir de la crise et de la division et
bâtir des institutions ouvertes, équitables et également respectueuses
et garantes de la souveraineté de chaque État.
Pour cela, il faut réaffirmer la primauté du droit national. La
souveraineté n’est pas un obstacle. Elle est au contraire le moyen
indispensable pour bâtir ces nouveaux cadres internationaux.
Dans la prochaine élection européenne, nous pouvons développer ce positionnement autour de 5 axes majeurs :
Axe n° 1 : Pour l’internationalisme de classe, au service de la paix, de la coopération et du développement
Alors que le monde est comme jamais menacé d’une guerre nucléaire et
d’une destruction catastrophique, écarter les logiques de guerre, de
militarisation, les alliances militaires, les occupations de tous pays
par d’autres et les tentatives de domination mondial est une priorité.
Il faut créer les conditions d’une paix durable, fondée sur l’égalité
des nations, pour permettre un désarmement massif et définitif, et
réaffecter les fonds faramineux actuellement investis dans l’armement
vers la transition climatique et le développement, les véritables
urgences.
L’égalité des nations nécessite un accès égal de tous les pays au
développement. Cela suppose l’arrêt de toute forme de sanctions
économiques contre quel pays que ce soit, l’accès égal de tout pays au
commerce international, l’établissement d’un système financier
international démocratique et ouvert, la dissolution de tous les blocs
commerciaux, l’annulation massive des dettes publiques et la création
d’un fond financier international massif pour le développement et la
construction des infrastructures productives dans les pays en
développement.
Cela implique une rupture dans la politique européenne et de l’UE, le
désalignement sur les USA, l’annulation du partenariat stratégique UE –
OTAN avec pour objectif la dissolution de l’OTAN et la solidarité
illimitée avec les pays du Sud. Cela suppose le respect total de la
souveraineté de chaque pays, l’arrêt de toute ingérence, de
manipulations externes et le respect des étapes de développement et des
formes politiques propres.
Les expériences tragiques de l’Irak, de l’Afghanistan, de la Libye
(…) ont montré l’impossibilité et le danger de changer de l’extérieur le
cours politique d’un pays. Une solidarité active des forces
progressistes au niveau international suppose le respect du mouvement et
des étapes propres de développement de chaque pays.
L’Europe pour sa part, doit établir un cadre de sécurité commun,
garantissant la paix sur le continent et une libre coopération entre
tous les pays. Aucun pays ne peut être exclu a priori de ce processus.
Pour éviter d’être coupée en deux par des logiques de blocs, le
continent européen doit faire le choix de la neutralité et l’OTAN doit
être dissoute.
La guerre en Ukraine doit cesser au plus vite. Des négociations
doivent régler les conditions d’une paix durable et mutuellement
acceptable. Le cercle vicieux de la guerre doit être stoppé. Un
cessez-le-feu et l’arrêt des livraisons d’armes doivent être la
priorité, et les initiatives de la Chine, des pays africains, du Brésil
en faveur de la paix doivent être soutenues.
La guerre terrible qui fait rage en Palestine doit également cesser.
Le danger d’un embrasement général s’élargit. Un grand nombre de pays
appellent également à la désescalade, au cessez-le-feu et à des
négociations sérieuses et équilibrées.
Dans toutes les zones qui sont déstabilisées le chemin vers la paix
ne peut passer par la restauration de l’ordre ancien qui a mené à ces
blocages, à ces crises et à ses guerres.
L’Union Européenne doit cesser d’alimenter les conflits par les armes
comme par la propagande et accepter les médiations et le rôle
prééminent de l’ONU comme cadre multilatéral de coopération.
L’Union Européenne doit cesser toutes les opérations qui transforment
la Méditerranée, la Manche et d’autres mers en cimetière. Une politique
d’accueil digne, humaine et légale doit être proposée pour les millions
de personnes qui fuient les guerres, les conditions climatiques et la
misère.
Nous devons aussi proposer un vaste et inclusif partenariat pour le
développement, en faveur de la construction des infrastructures
(énergies, transport, télécommunications en particulier) et du
développement des services publics en Afrique et au Proche Orient. Nous
proposons que chaque pays de l’UE abonde ce fond de développement à
hauteur de 2 % de son PIB (niveau des dépenses militaires exigé par
l’OTAN) sans contrepartie ni dette pour les pays en voie de
développement.
Chaque personne doit pouvoir vivre dignement dans son pays et participer à son développement.
Axe n°2 : Pour le climat, un nouveau système productif est à bâtir : Plan de transition climat
La parti présentera le 6 novembre prochain son plan de transition
climat – qui est un plan très solide scientifiquement et très ambitieux
économiquement et socialement. Ce plan apporte une argumentation solide
pour porter des changement urgents. Notre parti est le seul à porter,
autour du climat, un projet de société global et cohérent, le seul à
exprimer que les changements nécessaires ne sont pas que techniques mais
nécessitent de modifier en profondeur les structures sociales et
économiques.
Il suppose notamment (en cohérence avec les travaux de la commission économie) :
- D’énormes investissements publics dans de nombreux secteurs
(production énergétique, logement, transports, usines et structures
productives, …) ;
- De réorienter massivement les flux de
plus-value en direction de ces investissements, sur la base d’autre
critères que la rentabilité ;
- De modifier la structure
financière et les critères comptables ; reconstituer les monopoles
publics dans les domaines du transport, de la production d’énergie et
des réseaux ;
- Le retour d’une organisation en service public de
secteurs clés comme la production électrique, l’énergie ou les
transports de voyageurs et de marchandises, et le développement de
nouveaux services publics comme par exemple un service public de
voitures individuelles électriques partagées.
- Un vaste plan éducatif.
L’ambition
de ce plan et l’urgence des problématiques donne tout son sens à la
perspective socialiste que nous envisageons à moyen terme pour notre
pays.
Axe n° 3 : Faire sauter les verrous libéraux, développer de
nouvelles formes sociales avancées de propriété des outils de
production : pôles publics
Le traité de l’UE de Lisbonne, comme ceux qui l’ont précédé,
sacralisent la propriété privée, l’économie de marché et l’accumulation
capitaliste du profit. Les bourgeoisies des pays de l’UE (en particulier
française) se sont appuyés sur ces outils et la valeur
quasi-constitutionnelle des traités pour détruire et vider de leur sens
les conquêtes populaires de l’après guerre. Les avancées historiques
portées par le conseil National de la Résistance sont encore inscrites
dans le cœur de la société française.
Elles ont cherché à faire tourner la roue de l’histoire en arrière et
le résultat en est, non pas une « construction », mais une destruction.
Nous devons clairement réaffirmer la supériorité de la propriété
collective des grands moyens de production, notamment en ce qui concerne
l’énergie et le transport et la fin des mise en concurrence des grands
services publics (y compris la santé, l’éducation l’eau…) et, en créant
de nouveaux services (voir Anicet Le Pors) pour la protection des
personnes, de l’environnement et de l’humanité.
Nous disposons en France d’une expérience très avancée en termes de
service public nationalisés, dont le meilleur exemple est la création de
l’Electricité de France par Marcel Paul, par le Parti Communiste et la
mobilisation des électriciens et gaziers. Ce modèle était basé sur :
- la garantie, pour tous, d’un service universel, de qualité, moderne et à bas prix, hors marché capitaliste ;
- un
statut très avancé des personnels en termes de formation et de
protection sociale, droit du travail, participation à la gestion et aux
décisions stratégiques ;
- la capacité à contribuer à la
modernisation du pays, en relation avec les entreprises privées du
secteur selon une répartition des rôles stable et claire et grâce à
l’articulation avec le Commissariat à l’Énergie Atomique, créé aussi à
la libération par le communiste, prix Nobel, Frédéric Joliot Curie.
L’avancée de ce modèle a été paradoxalement confirmée par la vague de
nationalisation de 1981. Il est en effet clair que la seule
nationalisation d’entreprises de secteurs stratégiques n’avait pas alors
permis des avancées réelles, ni pour les consommateurs, ni pour les
salariés, ni pour le pays.
La notion de pôles publics, développée par le parti et la commission
économique du Parti répond à cette problématique. Elle permet
d’envisager une nouvelle étape qui s’appuie sur l’expérience de 1945, en
l’approfondissant dans la perspective future d’une économie socialiste
de marché.
Elle doit être un axe de campagne fort, à décliner concrètement sur les secteurs concernés.
Il faut démontrer que le développement de services publics modernes
et portant le développement du pays est incompatible avec ce traité qui
doit donc être remplacé par un nouveau cadre multilatéral de
coopération.
Enfin, il faut porter clairement l’idée que la réindustrialisation
d’un pays comme la France nécessite une forte implication de l’État et
de la puissance publique. Les pôles publics peuvent être le vecteur
essentiel de cette réindustrialisation.
Un pôle public du logement, récupérant les logements et bâtiments
possédés par les banques et assurances et maître d’ouvrage de la
rénovation et de la construction des logements en lien avec les
collectivités et les habitants serait par exemple un puissant outil de
transformation urbaine et de l’aménagement du territoire. Il pourrait
tirer l’ensemble de la filière vers de nouvelles technologies de
production et de nouveaux modes d’usage du logement.
Axe n° 4 : Unir le peuple en renversant les hiérarchies sociales
Le ton populaire, simple, direct et plein de solidarité porté par
notre secrétaire national depuis la campagne présidentielle a fait
mouche dans de nombreuses catégories sociales. C’est parce qu’il répond à
une problématique majeure de notre société. C’est parce qu’il est au
fond un discours qui porte et appelle à un point de vue de classe. Il
change les termes du débat.
La bourgeoisie a l’habitude d’imposer sa hiérarchie sociale : les
classes supérieures dominent la société. Les « essentiels », ceux qui
produisent les richesses, font vivre et fonctionner l’ensemble de la
société sont invisibilisés et privés largement de participation à vie
sociale et politique. La petite bourgeoisie se considère habituellement
comme le porte-parole légitime du peuple (privé de parole) et déteste
être remise en cause dans ce rôle.
Un actif sur deux est soit ouvrier, soit employé. Mais la présence de
ces classes sociales à l’assemblée, au sénat, ou même dans les conseils
des collectivités locales est rare. La presse et la télévision ne leur
accorde qu’une portion congrue. Le travail en général reste un huis
clos.
La dignité, l’ampleur et la popularité du mouvement contre la réforme
des retraites sont un autre exemple de prise de parole et
d’intervention de classe dans la vie politique. Ce mouvement a également
reçu un fort soutien dans de nombreuses catégories sociales, tout en
rencontrant des obstacles, en particulier pour généraliser les grèves.
Pour changer la donne politique et les termes du débat une nouvelle
phase et d’autres perspectives comme celle d’un front populaire des
grèves et des luttes et le renforcement des organisations syndicales et
politiques à l’intérieur des entreprises sont nécessaires. Le moment des
élections européennes doit être une étape importante de débat et de
mobilisation dans les entreprises. En agissant ainsi, nous permettrons
aux travailleurs de se saisir de l’élection européenne, de lui donner un
sens et d’y faire irruption pour que cette élection soit un moment de
lutte et de structuration.
Cela montre la capacité des classes travailleuses à porter une
direction pour l’ensemble du peuple. Ce n’est pas un hasard si la
popularité de notre secrétaire national s’est accélérée à la suite de ce
mouvement social.
C’est cette analyse de classe, portée par la classe qui peut seule
donner son sens à la notion de souveraineté comme un droit collectif du
peuple. Non seulement la grande bourgeoisie française n’a pas défendu la
souveraineté nationale, mais elle a même appuyé son abandon au sein des
institutions européennes. Car pour la bourgeoisie, la perte de
souveraineté était au fond une reconquête : la reprise des acquis
sociaux de 1945, la destruction de la capacité d’agir du peuple.
Plutôt la soumission à l’UE et aux USA que les acquis de la Libération.
Nous devons porter une critique de classe concrète et pédagogique de
la démocratie bourgeoise libérale actuelle. Nous devons lui opposer un
retour aux sources de la démocratie et une République sociale, laïque et
féministe : le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple,
la priorité de l’intérêt collectif sur les intérêts privés, notamment
ceux du capital qui dominent aujourd’hui, la satisfaction collective des
droits et besoins matériels essentiels, le développement des forces
productives pour répondre aux besoins sociaux, l’unité du peuple comme
base.
Axe n°5 : Faire société autour du travail
La misère économique et sociale, la perte du sens au travail et des
repères collectifs constitue une source majeure de mal-être. La division
des gens entre eux, la construction d’opposition en large partie
artificielle entre des catégories de population qui partagent au fond de
mêmes intérêts sociaux, le développement des réflexes racistes et des
oppositions religieuses (réelles ou fantasmées) est un grand danger. La
crise de la jeunesse, le développement des trafics, notamment de drogue,
de la violence, dont les classes populaires sont les premières victimes
exacerbe ces divisions.
La crise démocratique et la manipulation de l’opinion publique par
des médias contrôlés par les grands groupes capitalistes enferme notre
peuple dans des répétitions dangereuses. Les rejets se multiplient mais
l’oligarchie financière continue d’imposer sa politique et son point de
vue. C’est un cercle vicieux : la difficulté à porter des changements
politiques profonds nourrit l’abstention des classes populaires et le
désintérêt pour la politique. En même temps, l’abstention et le
désintérêt des classes populaires empêche de porter des changements dans
notre système politique. Le verrou du traité de l’UE et le
fonctionnement des institutions de l’UE est un outil essentiel de ce
blocage démocratique.
Une large partie de la classe travailleuse n’a plus accès à un
collectif syndical actif sur son lieu de travail ni à une expression
politique communiste. C’est encore plus vrai pour les couches les plus
jeunes et les plus précarisées.
Or, ceux qui font tourner la société sont les mieux placés pour voir
ce qui ne fonctionne pas et sont les seuls capables de l’énergie
nécessaire pour le combat du changement. C’est le sens des orientations
de notre dernier congrès. Cela doit aussi, dans la lignée de notre
histoire et de nos campagnes déjà menées, un axe fort de campagne : la
parole à la classe travailleuse, des candidats de la classe travailleuse
pour des députés de la classe travailleuse, un travail pour construire
des expressions collectives.
Les prises de consciences s’accélèrent. L’unité des classes
travailleuses, l’organisation collective à l’échelle des masses doit
traduire ces prises de consciences en capacité d’agir. Le Parti et les
organisations de masse sont l’outil à développer pour porter et
structurer cette capacité d’agir collective.
En cohérence également avec nos choix de congrès, nous devons
porter l’ensemble de ces débats sur les lieux de travail qui sont les
lieux privilégiés de conscientisation et de formation.