Perpignan,
Montpellier, Albi, Béziers, Nîmes : alors que certains médias se
régalent d’annoncer l’échec du retour des gilets jaunes, les points de
rendez-vous occitans drainent petit à petit de plus en plus en monde sur
les ronds-points.
Sur
le rond-point de la Méridienne, à Béziers, les gilets jaunes étaient
une quarantaine ce 23 octobre. Une des participante, elle aussi
“historique” des GJ, nous lâche, avec un enthousiasme prudent :“C’est encourageant, on est plus que la semaine dernière, et on a l’impression de rencontrer un écho autour de nous”...
Même
schéma au rond-point d’accès sud à l’autoroute de Perpignan, qui est
lui occupé occasionnellement en semaine. Sur Nîmes, la poignée de gilets
jaunes remobilisés aux ronds-points du kilomètre delta et devant le
Jardiland de la ville est fortement irriguée par la mobilisation contre
le pass sanitaire et l’obligation vaccinale. Ils étaient quelques
dizaines ce samedi présents sur leur lieu de rendez-vous, mais de plus
petits groupes y viennent en semaine aussi, comme ce vendredi 22 au
soir. Toujours dans le Gard, les GJ de Sint-Gilles organisaient un café
citoyen sur leur rond-point dans la mâtinée...
L’histoire
ne se répète pas. Le gilet est devenu un symbole de lutte contre les
inégalités, de persévérance. Mais aussi de la terrible répression dont
la société bourgeoise est capable quand elle se sent menacée. Si
mouvement social il doit y avoir dans les semaines ou les mois à venir,
il sera très certainement différent de celui de l’automne 2018. Pour
autant, les gilets restent un marqueur de la nouvelle culture des luttes
sociales en France, et les aficionados du chasuble fluo ont très
certainement leur rôle à jouer dans l’histoire. A suivre…
Blog pcf Littoral
A propos d’illusions perdues et de l’impossible restauration: l’irreversible et la nostalgie
Comaguer après lecture de mon article sur les illusions perdues
m’envoie ce texte de Jankelevitch. Une manière d’appuyer sur ce qui rend
Balzac révolutionnaire quelles que soient ses opinions royalistes. Il a
décrit ce que tant de gens refusent de voir, à savoir que le processus
révolutionnaire est irréversible… Le djinn ne rentre pas dans la
bouteille même avec la contrerévolution. Il faut lire le dernier
discours de Poutine c’est cette conscience-là qui est à l’œuvre chez ce
conservateur intelligent. Comme Heine considère que Guizot est beaucoup
plus perspicace que des figures romantiques, Poutine est beaucoup plus
conscient que des gens de “gauche” ou même certains “radicaux”. Il sait
que l’on ne revient pas dans un un avant le bolchevisme, peut-être comme
Heine a-t-il peur de ce qu’une révolution ferait de la Russie, mais le
fait est qu’il est impossible de croire que le capitalisme pourra
survivre à l’URSS puis à la Chine, pas plus que la féodalité n’a pu
survivre à la révolution française… Il n’y aura aucune force politique a
fortiori communiste qui pourra se développer en ignorant cela. (note
de Danielle Bleitrach pour histoire et société)
P37 et 38
L’irréversible et la nostalgie
Vladimir Jankelevitch (Editions Champs Essais)
« Même pour les doctrinaires de la réaction, qui sont en réalité des
doctrinaires de la rétrogradation progressive, il ne s’agit pas de
ramener Louis XIV en personne sur le trône de Versailles, ni de coiffer
d’une perruque poudrée la tête du président de la République, mais de
restaurer l’équivalent moderne de la monarchie. Ce que Louis XVIII a «
restauré » en 1815, ce n’est pas le statu quo ante, ce n’était déjà plus, ce ne
pouvait être la monarchie d’avant la Révolution : 1789 était passé par
là, et puis Napoléon et les convulsions terribles qui bouleversèrent le
destin de la France et à jamais modifièrent son visage. En s’intitulant
dix-huitième du nom, le restaurateur de la monarchie, renouant avec le
passé là même où l’exécution de son prédécesseur l’avait interrompu, a
voulu faire comme s’il ne s’était rien passé entre-temps, comme si les
vingt-cinq années précédentes étaient nulles et non avenues ; et il a
tiré un trait sur tout cela ; tel le duc de Maulévrier, ce personnage
comique inventé par de Flers et Caillavet, Louis XVIII estimait sans
doute qu’il ne s’est rien passé en France « depuis la chute de la
monarchie légitime ». Pourtant la régression que souhaitent les
réactionnaires est encore une progression, mais une progression sabotée,
boiteuse et ralentie, une progression en perte de vitesse. On ne peut
transformer le factum et encore moins le fecisse en infectum et le temps advenu en quelque chose d’inadvenu, nihiliser
les faits accomplis. L’empreinte est partout présente, indélébile. Et
c’est le cas de le dire : il en restera toujours quelque chose… Ducunt fata volentem, nolentem trahunt. C’est-à-dire,
dans notre langage : l’irréversible conduit par la main ceux qui
consentent à la futurition ; il traîne ceux qui se raidissent contre
lui et tentent follement, désespérément d’aller à contre-courant et de
remonter vers l’origine. De toute façon l’irréversible-irrésistible aura
le dernier mot, et l’impuissance du rétrograde qui croit marcher à
reculons est le simple verso négatif de cette toute-puissance.
L’impuissance devant l’impossible, dont nous parlions en termes
généraux, prendrait ici la forme suivante : la conscience régressive,
quoi qu’elle fasse, est toujours devancée par l’à priori de la
futurition prévenante. Impossible d’échapper à cet à priori ! Le revenir
du devenir nous ramène obstinément à un devenir du revenir. Chassez
l’irréversible par la porte, il rentre par la fenêtre, ou par la
cheminée… Mieux encore : il n’était jamais parti ; nous le retrouvons
installé à notre table de travail, dans la familiarité de notre vie
quotidienne.
Mme Zakharova accuse la France de “militariser les médias sociaux”
La France a vendu la mèche en reconnaissant qu’il y avait
militarisation de l’information telle qu’elle la concevait. Si nous
avions encore quelques doutes sur la nature de l’information que nous
Français nous subissions ils sont désormais levés et ce texte de la
porte parole du ministère des affaires étrangères russes nous invite à
en prendre conscience… Ce qui reste à analyser est l’articulation entre
“les médias sociaux” et le système médiatique dans lequel le capital
s’installe comme Bolloré, les deux fonctionnant en résonance même quand
ils paraissent s’opposer. On investit pour la claque et pas pour
l’information… Et il se trouve même des gens qui payeraient pour se
vendre selon le mot balzacien… (note de Danielle Bleitrach, traduction
de Marianne Dunlop)
27 octobre 2021, 13:48
Photo : MFA Russia/Global Look Press
Texte : Elizaveta Bulkina
La France s’est en fait engagée dans une voie de militarisation des
médias sociaux, dévoilant une nouvelle doctrine de “lutte d’influence
par l’information”, essentiellement une manipulation de l’opinion
publique, a déclaré la porte-parole du ministère des affaires
étrangères, Maria Zakharova.
“Le 20 octobre, le ministre de la Défense du pays, F. Parly, a promis
lors d’une conférence de presse à Paris que les cybersoldats français
se battraient désormais pour les esprits et les cœurs des gens dans
l’espace d’information, y compris dans les réseaux sociaux, et qu’il
s’agirait en fait d’une manipulation de l’opinion publique”, a écrit la
diplomate sur son canal Telegram.
Mme Zakharova a demandé si la France avait notifié aux
administrations des géants de l’informatique qu’ils étaient désormais,
selon la pensée occidentale qui valorise avant tout la liberté et le
pluralisme, des théâtres de guerre. Elle a noté que la ministre de la
défense du pays, Florence Parly, ne l’avait pas précisé.
” Le domaine de l’information est un théâtre de guerre réelle “, a
précisé le général d’état-major français, T. Burkhard, porte-parole du
ministère des Affaires étrangères.
“La Doctrine elle-même est très franche. Il affirme sans ambages que
“la guerre de l’information est devenue une réalité pour les armées”,
détaillant les objectifs et les types d’opérations dans l’environnement
informationnel, en utilisant un vocabulaire entièrement militaire. Il
s’agit de manipulation délibérée sur les médias sociaux, de
“coercition”, de “contre-attaque” et de “discrédit””, a expliqué Mme
Zakharova.
Elle a déclaré que désormais, lorsque “une fois de plus, Libération
écrit des spéculations sur une “usines à trolls”, ou lorsque des
instituts du ministère français des affaires étrangères et du ministère
de la défense affirment que les médias russes “manipulent les faits”,
nous conseillerons à nos collègues français de contacter le ministère
militaire français pour obtenir des cartes des champs informatifs
minés”.
“Il est également intéressant de voir comment Reporters sans
frontières, éternellement critique à l’égard de la Russie pour ses lois
nationales sur les médias, va prendre la déclaration du ministère
français de la défense selon laquelle l’espace d’information est un
nouveau champ de bataille et prévoit de déployer des opérations
d’information pour s’emparer de l’influence. Comment les défenseurs
français des droits de l’homme, qui publient des déclarations à chaque
occasion, évalueraient-ils les plans de l’armée française pour manipuler
l’information dans les réseaux sociaux et, comme le note la doctrine,
“forcer l’adversaire à prendre la mauvaise décision”, s’est demandé le
diplomate.
Le fait que les Français soient à l’offensive en matière
d’information, y compris l’espace en ligne, est clairement visible dans
la situation autour du Mali, de la RCA, etc. “Les médias français et
francophones dépendent de la partition du chef d’orchestre”, a observé
Mme Zakharova.
“Mais c’est la première fois que les responsables français parlent
d’instruments spécifiques. Il s’agit notamment de la plateforme CAR-ISM,
un mécanisme d’intelligence artificielle avancé que tout un conglomérat
informatique, dont Airbus Defence and Space, développe pour les besoins
du ministère de la défense. Selon les informations disponibles, CAR-ISM
opérera dans les réseaux sociaux de manière purement instrumentale.
Cette pieuvre, lancée en ligne, analysera les communautés, les
internautes, leurs réactions et fera des prédictions en fonction des
événements. Et tout cela à des fins de renseignement militaire et de
“guerre d’information offensive””, a-t-elle écrit, ajoutant que personne
n’avait encore osé déclarer aussi ouvertement son intention de
transformer l’espace d’information en un champ d’opérations militaires.
Mme Zakharova a également demandé l’avis de l’OSCE sur la question.
La France, en effet, s’est officiellement engagée dans la voie de la
militarisation des médias sociaux, pour transformer la boîte à outils
auxiliaire de la propagande militaire “classique” en une arme à part
entière. « Étant donné que certains experts considèrent déjà que les
techniques de propagande dans le monde sont comparables à des armes de
destruction massive, si ce n’est en termes de puissance destructrice, du
moins en termes de couverture, les déclarations de Paris ne peuvent
inspirer que de graves préoccupations », a poursuivi la porte-parole du
ministère des affaires étrangères.
“En attendant, il est très curieux de voir comment les
administrations des géants du numérique eux-mêmes vont réagir à cette
situation. Vont-ils prendre des mesures, y compris celles relatives aux
paramètres de modération, pour empêcher les campagnes de désinformation
et l’influence ciblée sur l’opinion publique, explicitement prévues par
la doctrine ?” – a-t-elle conclu.
Rappelons que Parly a souligné que “l’espace de l’information est
devenu un lieu de rivalité stratégique”, Paris doit être capable de “se
battre dans la sphère de l’information”. Il est souligné que les
“informations fausses, manipulées, fortement reconstruites” constituent
une “arme” tant pour les terroristes que pour les rivaux stratégiques de
la France.
Ps. Ce qu’il faut mesurer c’est que loin de fonctionner
indépendamment des grands médias désormais complètement dirigés comme
ici par des capitalistes menant leur combat sans état d’âme, les medias
sociaux en sont la caisse de résonance.