vendredi 29 octobre 2021


Perpignan, Montpellier, Albi, Béziers, Nîmes : alors que certains médias se régalent d’annoncer l’échec du retour des gilets jaunes, les points de rendez-vous occitans drainent petit à petit de plus en plus en monde sur les ronds-points.

Sur le rond-point de la Méridienne, à Béziers, les gilets jaunes étaient une quarantaine ce 23 octobre. Une des participante, elle aussi “historique” des GJ, nous lâche, avec un enthousiasme prudent : “C’est encourageant, on est plus que la semaine dernière, et on a l’impression de rencontrer un écho autour de nous”...

Même schéma au rond-point d’accès sud à l’autoroute de Perpignan, qui est lui occupé occasionnellement en semaine. Sur Nîmes, la poignée de gilets jaunes remobilisés aux ronds-points du kilomètre delta et devant le Jardiland de la ville est fortement irriguée par la mobilisation contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale. Ils étaient quelques dizaines ce samedi présents sur leur lieu de rendez-vous, mais de plus petits groupes y viennent en semaine aussi, comme ce vendredi 22 au soir. Toujours dans le Gard, les GJ de Sint-Gilles organisaient un café citoyen sur leur rond-point dans la mâtinée...

L’histoire ne se répète pas. Le gilet est devenu un symbole de lutte contre les inégalités, de persévérance. Mais aussi de la terrible répression dont la société bourgeoise est capable quand elle se sent menacée. Si mouvement social il doit y avoir dans les semaines ou les mois à venir, il sera très certainement différent de celui de l’automne 2018. Pour autant, les gilets restent un marqueur de la nouvelle culture des luttes sociales en France, et les aficionados du chasuble fluo ont très certainement leur rôle à jouer dans l’histoire. A suivre…

 Blog pcf Littoral

A propos d’illusions perdues et de l’impossible restauration: l’irreversible et la nostalgie

Comaguer après lecture de mon article sur les illusions perdues m’envoie ce texte de Jankelevitch. Une manière d’appuyer sur ce qui rend Balzac révolutionnaire quelles que soient ses opinions royalistes. Il a décrit ce que tant de gens refusent de voir, à savoir que le processus révolutionnaire est irréversible… Le djinn ne rentre pas dans la bouteille même avec la contrerévolution. Il faut lire le dernier discours de Poutine c’est cette conscience-là qui est à l’œuvre chez ce conservateur intelligent. Comme Heine considère que Guizot est beaucoup plus perspicace que des figures romantiques, Poutine est beaucoup plus conscient que des gens de “gauche” ou même certains “radicaux”. Il sait que l’on ne revient pas dans un un avant le bolchevisme, peut-être comme Heine a-t-il peur de ce qu’une révolution ferait de la Russie, mais le fait est qu’il est impossible de croire que le capitalisme pourra survivre à l’URSS puis à la Chine, pas plus que la féodalité n’a pu survivre à la révolution française… Il n’y aura aucune force politique a fortiori communiste qui pourra se développer en ignorant cela. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

P37 et 38

L’irréversible et la nostalgie

Vladimir Jankelevitch (Editions Champs Essais)

« Même pour les doctrinaires de la réaction, qui sont en réalité des doctrinaires de la rétro­gradation progressive, il ne s’agit pas de ramener Louis XIV en personne sur le trône de Versailles, ni de coiffer d’une perruque poudrée la tête du président de la République, mais de restaurer l’équivalent moderne de la monarchie. Ce que Louis XVIII a « restauré » en 1815, ce n’est pas le statu quo ante, ce n’était déjà plus, ce ne pouvait être la monarchie d’avant la Révolution : 1789 était passé par là, et puis Napoléon et les convulsions terribles qui boulever­sèrent le destin de la France et à jamais modifièrent son visage. En s’intitulant dix-huitième du nom, le restaurateur de la monarchie, renouant avec le passé là même où l’exécution de son prédécesseur l’avait interrompu, a voulu faire comme s’il ne s’était rien passé entre-temps, comme si les vingt-cinq années précédentes étaient nulles et non avenues ; et il a tiré un trait sur tout cela ; tel le duc de Maulévrier, ce personnage comique inventé par de Flers et Caillavet, Louis XVIII estimait sans doute qu’il ne s’est rien passé en France « depuis la chute de la monarchie légitime ». Pourtant la régression que souhaitent les réactionnaires est encore une progression, mais une progression sabotée, boiteuse et ralentie, une progres­sion en perte de vitesse. On ne peut transformer le factum et encore moins le fecisse en infectum et le temps advenu en quelque chose d’inadvenu, nihiliser les faits accomplis. L’empreinte est partout présente, indélé­bile. Et c’est le cas de le dire : il en restera toujours quelque chose… Ducunt fata volentem, nolentem tra­hunt. C’est-à-dire, dans notre langage : l’irréversible conduit par la main ceux qui consentent à la futuri­tion ; il traîne ceux qui se raidissent contre lui et tentent follement, désespérément d’aller à contre-courant et de remonter vers l’origine. De toute façon l’irréversible-irrésistible aura le dernier mot, et l’impuis­sance du rétrograde qui croit marcher à reculons est le simple verso négatif de cette toute-puissance. L’im­puissance devant l’impossible, dont nous parlions en termes généraux, prendrait ici la forme suivante : la conscience régressive, quoi qu’elle fasse, est toujours devancée par l’à priori de la futurition prévenante. Impossible d’échapper à cet à priori ! Le revenir du devenir nous ramène obstinément à un devenir du revenir. Chassez l’irréversible par la porte, il rentre par la fenêtre, ou par la cheminée… Mieux encore : il n’était jamais parti ; nous le retrouvons installé à notre table de travail, dans la familiarité de notre vie quotidienne.

 


Mme Zakharova accuse la France de “militariser les médias sociaux”

La France a vendu la mèche en reconnaissant qu’il y avait militarisation de l’information telle qu’elle la concevait. Si nous avions encore quelques doutes sur la nature de l’information que nous Français nous subissions ils sont désormais levés et ce texte de la porte parole du ministère des affaires étrangères russes nous invite à en prendre conscience… Ce qui reste à analyser est l’articulation entre “les médias sociaux” et le système médiatique dans lequel le capital s’installe comme Bolloré, les deux fonctionnant en résonance même quand ils paraissent s’opposer. On investit pour la claque et pas pour l’information… Et il se trouve même des gens qui payeraient pour se vendre selon le mot balzacien… (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

                            27 octobre 2021, 13:48

Photo : MFA Russia/Global Look Press

Texte : Elizaveta Bulkina


La France s’est en fait engagée dans une voie de militarisation des médias sociaux, dévoilant une nouvelle doctrine de “lutte d’influence par l’information”, essentiellement une manipulation de l’opinion publique, a déclaré la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Maria Zakharova.

“Le 20 octobre, le ministre de la Défense du pays, F. Parly, a promis lors d’une conférence de presse à Paris que les cybersoldats français se battraient désormais pour les esprits et les cœurs des gens dans l’espace d’information, y compris dans les réseaux sociaux, et qu’il s’agirait en fait d’une manipulation de l’opinion publique”, a écrit la diplomate sur son canal Telegram.

Mme Zakharova a demandé si la France avait notifié aux administrations des géants de l’informatique qu’ils étaient désormais, selon la pensée occidentale qui valorise avant tout la liberté et le pluralisme, des théâtres de guerre. Elle a noté que la ministre de la défense du pays, Florence Parly, ne l’avait pas précisé.

” Le domaine de l’information est un théâtre de guerre réelle “, a précisé le général d’état-major français, T. Burkhard, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

“La Doctrine elle-même est très franche. Il affirme sans ambages que “la guerre de l’information est devenue une réalité pour les armées”, détaillant les objectifs et les types d’opérations dans l’environnement informationnel, en utilisant un vocabulaire entièrement militaire. Il s’agit de manipulation délibérée sur les médias sociaux, de “coercition”, de “contre-attaque” et de “discrédit””, a expliqué Mme Zakharova.

Elle a déclaré que désormais, lorsque “une fois de plus, Libération écrit des spéculations sur une “usines à trolls”, ou lorsque des instituts du ministère français des affaires étrangères et du ministère de la défense affirment que les médias russes “manipulent les faits”, nous conseillerons à nos collègues français de contacter le ministère militaire français pour obtenir des cartes des champs informatifs minés”.

“Il est également intéressant de voir comment Reporters sans frontières, éternellement critique à l’égard de la Russie pour ses lois nationales sur les médias, va prendre la déclaration du ministère français de la défense selon laquelle l’espace d’information est un nouveau champ de bataille et prévoit de déployer des opérations d’information pour s’emparer de l’influence. Comment les défenseurs français des droits de l’homme, qui publient des déclarations à chaque occasion, évalueraient-ils les plans de l’armée française pour manipuler l’information dans les réseaux sociaux et, comme le note la doctrine, “forcer l’adversaire à prendre la mauvaise décision”, s’est demandé le diplomate.

Le fait que les Français soient à l’offensive en matière d’information, y compris l’espace en ligne, est clairement visible dans la situation autour du Mali, de la RCA, etc. “Les médias français et francophones dépendent de la partition du chef d’orchestre”, a observé Mme Zakharova.

“Mais c’est la première fois que les responsables français parlent d’instruments spécifiques. Il s’agit notamment de la plateforme CAR-ISM, un mécanisme d’intelligence artificielle avancé que tout un conglomérat informatique, dont Airbus Defence and Space, développe pour les besoins du ministère de la défense. Selon les informations disponibles, CAR-ISM opérera dans les réseaux sociaux de manière purement instrumentale. Cette pieuvre, lancée en ligne, analysera les communautés, les internautes, leurs réactions et fera des prédictions en fonction des événements. Et tout cela à des fins de renseignement militaire et de “guerre d’information offensive””, a-t-elle écrit, ajoutant que personne n’avait encore osé déclarer aussi ouvertement son intention de transformer l’espace d’information en un champ d’opérations militaires.

Mme Zakharova a également demandé l’avis de l’OSCE sur la question.

La France, en effet, s’est officiellement engagée dans la voie de la militarisation des médias sociaux, pour transformer la boîte à outils auxiliaire de la propagande militaire “classique” en une arme à part entière. « Étant donné que certains experts considèrent déjà que les techniques de propagande dans le monde sont comparables à des armes de destruction massive, si ce n’est en termes de puissance destructrice, du moins en termes de couverture, les déclarations de Paris ne peuvent inspirer que de graves préoccupations », a poursuivi la porte-parole du ministère des affaires étrangères.

“En attendant, il est très curieux de voir comment les administrations des géants du numérique eux-mêmes vont réagir à cette situation. Vont-ils prendre des mesures, y compris celles relatives aux paramètres de modération, pour empêcher les campagnes de désinformation et l’influence ciblée sur l’opinion publique, explicitement prévues par la doctrine ?” – a-t-elle conclu.

Rappelons que Parly a souligné que “l’espace de l’information est devenu un lieu de rivalité stratégique”, Paris doit être capable de “se battre dans la sphère de l’information”. Il est souligné que les “informations fausses, manipulées, fortement reconstruites” constituent une “arme” tant pour les terroristes que pour les rivaux stratégiques de la France.

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Ps. Ce qu’il faut mesurer c’est que loin de fonctionner indépendamment des grands médias désormais complètement dirigés comme ici par des capitalistes menant leur combat sans état d’âme, les medias sociaux en sont la caisse de résonance.