CONFINEMENT ? par Laurent Brun
A 100% d’accord, responsable et pourtant combatif… (note DB)
Le problème de notre pays c’est que le Gouvernement Macron est
engoncé dans une idéologie ultra libérale fanatique qui le conduit à ne
pas anticiper, ne pas intervenir sur les outils économiques et se
contenter de faire du marketing politique. Ce n’est pas de
l’incompétence. C’est du dogmatisme.
Le confinement est une mesure très archaïque. Comme on ne sait pas
quoi faire d’autre, on fige le pays en espérant que ça fige le virus.
C’est une mesure du moyen âge, qui peut se comprendre lorsqu’on est «
surpris » en mars, que l’on ne dispose pas des plus élémentaires moyens
matériels, et que l’hôpital est incapable de faire face à une épidémie
massive. Mais 8 mois plus tard, pourquoi est-on en situation de n’avoir
pas plus de choix ?
Le confinement est un désastre économique et social. Sa mise en œuvre
une seconde fois me met personnellement très en colère. Et ce n’est pas
la colère hypocrite du MEDEF dont les membres les plus éminents, en
bons capitalistes sans morale, ont profité de la pandémie pour
s’enrichir ou pour restructurer et délocaliser les industries. C’est la
colère des milliers de pauvres qui vont se noyer dans des difficultés
financières supplémentaires parce que perdre quelques euros de revenu
est un drame pour eux. La colère des milliers de chômeurs
supplémentaires et de tous ces jeunes qui débarquent sur le « marché »
de l’emploi dans ce contexte. La colère des filières culturelles ou
sportives qui meurent. La colère des salariés des « commerces non
essentiels » qui sont abandonnés. La colère de la sécu exsangue parce
que ses caisses sont prises pour un distributeur automatique par le
Gouvernement alors que les profits ne sont même pas égratignés. La
colère pour les infirmières et les médecins qui servent de paillasson à
leur Ministère, comme les profs d’ailleurs. La colère des premiers de
corvée à qui on promet une 2ème vague plus meurtrière que la 1ère. La
colère pour nous tous. Nous devons nous confiner. Mais nous devons aussi
demander des comptes à ce Gouvernement inconséquent. Ce sont des
criminels.
Je ne m’étends pas sur la situation, nous la connaissons tous. Même
Macron, tout de mépris vêtu, est obligé de reconnaître les erreurs. Mais
il s’en exonère immédiatement sous le prétexte qu’on ne pouvait pas
faire autrement. Responsable mais pas coupable. On l’a déjà entendu et
c’est la question principale : pouvait on faire autrement ?
Sans aucun doute puisque d’autre pays y sont parvenus. En octobre, la
Chine – pays d’1,3 milliards d’habitants – prenait de nouvelles mesures
ciblées et massives dès qu’elle détectait quelques dizaines de cas… pas
de seconde vague à l’horizon.
Le Vietnam ne compte que quelques cas détectés, tous importés, ces dernières semaines.
Pendant que l’Amérique du Sud plonge comme l’Europe, Cuba n’a connu
que 87 décès et la pandémie semble sous contrôle. Il faut rajouter que
l’île révolutionnaire a envoyé près de 50 000 médecins dans divers pays
du monde pour aider à soigner (dont 15 en Martinique).
Objectivement, il n’y a pas que les pays socialistes qui s’en sortent
bien : la Nouvelle Zélande (pays qui a renationalisé son chemin de fer
il y a quelques mois – spéciale dédicace) s’inquiétait le 15 octobre
d’une possible recrudescence après avoir détecté 1 cas !!! Des mesures
énergiques étaient immédiatement prises… A chaque fois il semble y avoir
une caractéristique commune : on détecte vite car on teste
systématiquement et massivement, et on agit pour circonscrire le foyer
infectieux.
Donc que devrait-on faire en France ?
Nous sommes « en guerre » selon le Président Macron. Et pourtant il
se contente d’attendre le virus derrière la ligne Maginot des mesures
barrière. La encore, je précise qu’il faut effectivement appliquer ces
mesures. Mais elles ne sont que symboliques et manifestement peu
efficaces. C’est ce qu’on applique quand il n’y a plus rien d’autre.
C’est comme si toute la sécurité des circulations ferroviaires reposait
seulement sur le port du gilet orange. Heureusement que nous avons les
mesures techniques lourdes et les procédures de sécurité, sinon il y
aurait des morts tous les jours ! Le gilet ne sert modestement que
lorsque toutes les autres mesures ont été débordées… donc en fait, il
vaut mieux éviter d’avoir à s’en remettre à lui, même s’il faut le
porter !
– Donc c’est parti pour le confinement. Déjà on s’interroge :
pourquoi l’État se contente d’interdire et n’organise pas. Il faut
réquisitionner les centres de colo ou de vacances (qui de toutes façons
ne servent pas) pour loger correctement les SDF, les orphelins, et tous
ceux qui sont en détresse. A ce titre, le Comite Central d’Entreprise
SNCF avait mis à disposition des pouvoirs publics ses propriétés lors du
précédent confinement mais très peu ont été utilisées…
Ensuite il faut stopper les procédures d’expulsion locative (je sais,
la trêve commence le 1er novembre, mais elles reprennent le 31 mars et
rien ne sera réglé à ce moment-là d’après le conseil scientifique, donc
autant anticiper et trouver des solutions alternatives). Il faut
également assurer le ravitaillement des personnes isolées, ou celles qui
ne peuvent pas sortir (handicapées), ou celles qui ne devraient pas
sortir car jugées fragiles face au virus. Certaines mairies ont mis en
place des choses mais c’est insuffisant et inégal d’une ville à l’autre.
Pourquoi ne pas mobiliser les personnels municipaux pour les livraisons
et réquisitionner les plate-formes de la grande distribution pour
l’approvisionnement…
la « guerre », c’est le moment où on organise la survie, pas celui où
on fait des expériences de décentralisation libérale !- concernant
l’application numérique pour tracer les cas contacts. Il y a clairement
un manque de confiance des citoyens vis à vis de ce dispositif. La
crainte principale semble être le flicage ou l’utilisation mercantile
des données collectées par l’entreprise privée fabricante. Plutôt que de
faire la morale, le Gouvernement devrait chercher à faire la
transparence : confier la création et la gestion de cet outil à un
organisme public au-dessus de tout soupçon (l’INSEE ou une autre
structure disposant d’un peu d’indépendance pourrait s’en occuper), et
créer un organisme de contrôle de l’utilisation avec des représentants
de toutes les tendances politiques, d’associations, et même de citoyens
tirés au sort. Bref, tout faire pour que ce dispositif ne soit plus un
objet de controverse mais redevienne un outil technique neutre au
service de l’intérêt général. Au passage, l’indépendance des
fonctionnaires grâce à leur statut, ça sert à ça..
.- si on veut limiter le confinement dans le temps, faire baisser
rapidement le taux de contamination et surtout éviter une remontée lors
du dé-confinement, il faut tester, tester, tester !!! Mais pas selon le
système actuel (on ne teste que les cas symptomatiques donc c’est déjà
trop tard, et on attend les résultats trop longtemps donc ça ne sert à
rien). Il faut passer au test systématique afin de débusquer tous les
cas non symptomatiques, les confiner rapidement et ainsi briser la
chaîne de contamination. Donc déjà il faut des tests rapides et simples
d’utilisation (les tests anti géniques donnent un résultat en 30 minutes
et ne nécessitent pas de geste médical). La Chine en dispose depuis
mars après avoir organisé la coopération de 22 de ses universités afin
de les développer… en France ils débarquent à peine parce qu’on laisse
les entreprises privées et le marché les développer… Grâce à eux il est
possible de créer de véritables check points partout, par exemple à
l’entrée des EHPAD (ce qui permettrait d’autoriser les visites),
évidemment à tous les points d’entrée du pays, et dans n’importe quelles
structures repérées comme génératrices de foyers d’infection. L’armée
pourrait être mobilisée pour créer des points de test dans les
quartiers, dans les gares, dans les centres commerciaux. Les employeurs
pourraient également être mis à contribution : ils ne veulent pas du
confinement, eh bien qu’ils organisent les tests systématiques à la
prise de service. En France 287 grandes entreprises emploient 4 millions
de salariés, ce serait déjà ça de moins à organiser pour les pouvoirs
publics. Si on élargit aux entreprises de taille intermédiaire c’est 7,5
millions de salariés de plus. Enfin l’école et l’université pourraient
aussi être des lieux de tests massifs. Et une fois la détection
largement déployée, il faudrait confiner immédiatement les cas positifs,
en prévoyant des dispositions pour les exonérer du travail et les
indemniser (afin qu’ils ne soient pas récalcitrants à se faire tester),
et aussi pour les isoler de leur famille s’ils le souhaitent (dans le
cas contraire, c’est toute la famille qui serait confinée).
Si ce genre de dispositif était déployé réellement, le confinement
systématique ne serait plus nécessaire. Et on disposerait aussi de
statistiques fiables sur l’évolution de l’épidémie.- pour terminer il
faut se préoccuper sérieusement de la dernière ligne de défense,
l’hôpital public, qui est dans un état grave. Macron fanfaronne en
expliquant qu’on ne peut rien faire puisqu’il faut 5 à 10 ans pour
former le personnel. Il faudrait déjà néanmoins afficher l’arrêt des
fermetures de lits et une programmation pluriannuelle de formation et
d’embauche de personnel médical. Ça ne résoudrait pas nos problèmes
d’aujourd’hui mais ça éviterait d’en créer dans 10 ans, comme l’ont fait
Sarkozy et Hollande. 10 ans c est demain. Ensuite il faut remotiver
sérieusement les effectifs existants, stopper l’hémorragie. Au delà du
plan d’embauche il faut de la reconnaissance : les personnels
revendiquent 300€ d’augmentation mensuelle, accordons-leur
immédiatement, sans mégoter ! La CGT a chiffré la mesure à 8,7
milliards. Certains en seront horrifiés mais c’est 1/10e du CICE qui n’a
crée aucun emploi, c’est la moitié du plan d’aide au secteur aérien qui
licencie à tour de bras, etc… et c’est une vraie mesure de relance
parce qu’en plus, ça dope la consommation et donc la reprise économique…
Côté réaction immédiate pour faire face à la vague, il faut une
mobilisation générale pour soulager la médecine de ville et les
urgences, pour faire les tests partout, etc… cette mobilisation pourrait
par exemple s’incarner dans la réquisition des spécialités non
essentielles (chirurgie plastique et plein d’autres). Ces gens ont fait
médecine. Ils ne peuvent peut-être pas traiter un patient en réa, mais
ils peuvent sûrement aider aux étapes antérieures de la maladie. Il faut
réquisitionner les personnels et infrastructures privées, et pourquoi
pas solliciter l’aide des pays qui ont déjà vaincu la maladie. Les
personnels de santé eux-mêmes ont probablement des idées sur la manière
de leur apporter des moyens. Là aussi il ne faut pas ergoter ! Nos lits
de réa, qui devaient passer à 15000 avec des respirateurs made in France
qui ne sont finalement jamais arrivés, doivent effectivement être
augmentés. 50 lits en moyenne par département c’est un scandale. Lancer
une entreprise publique de fabrication de ce genre de matériel ne serait
pas du luxe. Et en profiter pour rouvrir quelques hôpitaux fermés
récemment pourrait aussi être utile, notamment pour ne pas reporter trop
d’opérations et de traitement des autres maladies graves. Si les
Chinois arrivent à construire un hôpital de campagne en 15 jours, nous
devrions pouvoir rafraîchir et rééquiper un bâtiment assez rapidement
(Hôtel-Dieu à Paris et à Lyon, Val de Grâce…).
Peu importe qu’ils aient été cédés pour des opérations immobilières.
Si on peut mettre entre parenthèses le code du travail, pourquoi ne le
pourrait on pas avec le code du commerce ? On reprend ce qui n’aurait
jamais dû être vendu, dans l’intérêt supérieur de la Nation !- Alors
bien sûr tout cela coûte beaucoup d’argent. Donc dans les mesures
d’urgence, il faut aussi trouver de quoi assumer. A situation
exceptionnelle (nous sommes en guerre ou pas ?), mesure exceptionnelle :
les sociétés du CAC40 prévoient 30 milliards de dividendes à leurs
actionnaires cette année, taxons cela à hauteur de 50, 70, ou 100%, en
fonction de ce qui est nécessaire. Si l’on élargit à toutes les sociétés
cotées de France, on peut imaginer qu’au moins 80 a 100 milliards sont
mobilisables. Et si l’on rajoute les grandes fortunes, les très hauts
revenus, la rémunération des propriétaires d’entreprises non cotées, on
voit qu’il n’y a pas trop de problème. Si Chypre a pu prélever 60% de
l’épargne de ses citoyens au delà de 100 000€ pour faire face à une
petite crise financière, nous pouvons faire pareil sur les grosses
fortunes pour affronter la pire pandémie de notre siècle. Et si nous
voulions être encore plus efficaces, on ne se contenterait pas de taxer,
on reverserait la somme sous forme de salaire exceptionnel aux
salariés, l’État en récupèrerait au moins 20% sous forme de fiscalité,
les collectivités locales en profiteraient aussi, et la sécu – grâce aux
cotisations sociales – en récupèrerait 30%, et ça doperait un peu la
consommation pour relancer les spectacles, les librairies, les restos,
etc… Le dernier point c’est la mise en œuvre. 2 étapes : dès maintenant,
trouver des formes de lutte sociale pour exiger des mesures concrètes
de son entreprise, d’une autorité de santé, d’un préfet…
la CGT peut y contribuer alors syndiquez-vous, organisez-vous,
battons-nous ! et en 2022 on vire ces incompétents et on se mobilise
massivement pour porter au pouvoir des gens qui mettront réellement des
solutions en place ! Voilà, j’écris tout parce que ça fait du bien de
formaliser ses idées pour les soumettre au débat. Je n’en peux plus des
commentaires permanents sur les chaînes d’info et de la répétition
stupide des éléments de langage du gouvernement dans la plupart des
médias. Oui on peut faire autrement que l’enchaînement d’imbécilités
qu’ils nous imposent !!
(°) Titre seul de Pedrito