La conférence de presse de Hollande: le coup d’Etat permanent avec un pouvoir décrédibiliséDanielle Bleitrach : histoireetsociete |
Jadis
en 1964, sous la présidence de Charles De gaulle, François Mitterrand
se fit une stature d'opposant en publiant un essai intitulé le coup
d'Etat permanent. Dans ce livre, il critiquait la Constitution mais
aussi la pratique du général De gaulle. Selon Mitterrand De Gaulle
avait renoncé à l'arbitrage présidentiel prévu en 1958 pour imposer ne
serait-ce que par l'élection au suffrage universel du président un
pouvoir dit personnel. Il n'est pas de Constitution au monde -peut-être
la mexicaine- qui soit aussi monarchique et depuis diverses
modifications comme le quinquennat ont encore renforcé ce caractère en
le doublant de ce que les américains appellent le spoil système, puisque
chaque président impose les hommes de sa propre administration et
substitue à la tradition française des commis de l'Etat, les hommes du
président, les obligés.
En
écoutant la conférence de presse de François Hollande, deux choses
m'ont frappée premièrement le fait qu'un individu peut venir dire au
Français qu'il réoriente toute sa politique à l'inverse du programme sur
lequel il a été élu il y a peu et qu'il puisse le faire sans la moindre
consultation préalable. La seconde est que le caractère monarchique est
d'autant plus frappant que l'individu en question flotte visiblement
dans les habits et le cérémonial inauguré par De Gaulle et que la
dynastie de maitres du palais qui a succédé au fondateur-commandeur ait
témoigné de la même incapacité et que nous soyons là devant l'ultime
métamorphose. Le prédécesseur était un capricieux égotiste. Lui est une
souche, quelqu'un de terrorisé par l'entourage patronal qui lui a fait
entrevoir le gouffre de son hostilité.
IL DIT "JE VEUX" POUR MIEUX VENIR NOUS EXPOSER SA REDDITION.
En contemplant la conférence présidentielle, cet homme venu présenter un complet revirement de la politique sur laquelle il a été élu, non pas aux représentants du peuple, mais à la presse, sensée faire l'opinion donc la représenter à l'exclusion de toute autre consultation démocratique, deux remarques se sont imposées. D'abord la permanence de ce coup d'Etat selon des modalités passées dans les moeurs mais qui n'en sont pas moins révoltantes. Ensuite le fait que l'homme que j'avais devant moi flottait dans cet apparat, dans ce cérémonial, dans la présidence telle que l'avait imposé De Gaulle pour affaiblir l'intervention populaire que représentait alors le PCF. Nous étions au bout d'une course dans laquelle s'étaient accentués d'homme en homme les vices d'un système conçu pour verrouiller les rapports de classe pour aboutir à ce président soliveau dénué de la moindre crédibilité qui venait à son tour en rajouter sur le fondamental: le rapport CAPITAL/TRAVAIL.
IL DIT "JE VEUX" POUR MIEUX VENIR NOUS EXPOSER SA REDDITION.
En contemplant la conférence présidentielle, cet homme venu présenter un complet revirement de la politique sur laquelle il a été élu, non pas aux représentants du peuple, mais à la presse, sensée faire l'opinion donc la représenter à l'exclusion de toute autre consultation démocratique, deux remarques se sont imposées. D'abord la permanence de ce coup d'Etat selon des modalités passées dans les moeurs mais qui n'en sont pas moins révoltantes. Ensuite le fait que l'homme que j'avais devant moi flottait dans cet apparat, dans ce cérémonial, dans la présidence telle que l'avait imposé De Gaulle pour affaiblir l'intervention populaire que représentait alors le PCF. Nous étions au bout d'une course dans laquelle s'étaient accentués d'homme en homme les vices d'un système conçu pour verrouiller les rapports de classe pour aboutir à ce président soliveau dénué de la moindre crédibilité qui venait à son tour en rajouter sur le fondamental: le rapport CAPITAL/TRAVAIL.
Le
temps est venu de régler le principal problème de la France, la
production dit-il. On croit rêver parce qu'on confie les clés de la ré-industralisation à ceux qui n'ont cessé de détruire notre industrie,
on ne cherche pas à réduire les coûts financiers qui pèsent sur
l'entreprise plus encore que les charges sociales: Non! On poursuit dans
la caricature de l'impuissance du début de cette présidence avec les
agitations dérisoires d'un ministre de l'investissement productif. Et le
choeur de célébrer la fin des "tabous" c'est-à dire en clair, le
retournement complet de la politique sur laquelle il a été élu, et opérer
ce revirement sans la moindre consultation démocratique des
représentants du peuple. Il est question d'une action sur «l'offre»,
via notamment la fin des cotisations familiales «pour les entreprises et
les travailleurs indépendants» d'ici 2017. La décentralisation devrait
aussi connaître une nouvelle étape ambitieuse sur le fond visant à
rapprocher la France des landers allemands, tandis que les économies
budgétaires seront évaluées par un Conseil stratégique lié directement
au Président.
L'appel à la mobilisation patronale par les cadeaux est un voeux pieux
hors compétence de ce politique, en revanche la pression sur la demande
est bien réelle. On mesure mal la déflagration annoncée, exonérer le
patronat non seulement de charge mais de sa part dans les protections
sociales des salariés est un chemin dont on ouvre la voie pour à la fois
envisager un démantèlement des dites protections par absence de moyens
mais par un pression accrue sur le travail par la fiscalité pour
compenser les cadeaux au capital. Il s'agit à la fois d'une
redistribution en faveur du capital et une modification considérable du
modèle français qui reprend et amplifie l'action de Sarkozy.
A
partir du moment où le monarque n'est plus de droit divin, la base du
contrat social ne peut être garantie que par le principe du droit à
l'insurrection. La seule chose que l'on peut déduire de cette éclatante
manifestation des vices de notre Constitution est que l'homme agit ainsi
dans le mépris, non pas parce qu'il est fort, mais parce que sa faiblesse
n'a cessé d'apparaître depuis son élection, elle nous prépare des temps
incertains. Le danger est qu'un pouvoir aussi déconsidéré et aussi
fragile engendre de la part du capital un choix plus autoritaire et que
ce dernier renforcé par tous les abandons et dans le même temps sans
personnel politique représentant un quelconque intérêt général et
incapable d'assumer une telle politique apporte son soutien à un pouvoir
plus répressif .
Danielle Bleitrach