Ce n’est pas de la joie de vivre, c’est une effrayante irresponsabilité”, écrivait dans la soirée du dimanche 15 mars la correspondante à Paris du magazine féminin polonais Wysokie Obcasy (“Talons hauts”), lié au journal Gazeta Wyborcza.
Alors que ces derniers jours, la Pologne a fermé ses frontières et la quasi-totalité des lieux publics afin de confiner la population à domicile et contenir la pandémie de coronavirus, “les Parisiens se sont précipités samedi dans les restaurants pour savourer la vie encore un peu une dernière fois, bavarder, boire du vin, rigoler entre amis, et sans doute s’infecter mutuellement”.
L’auteure explique “habiter en France depuis deux ans et avoir appris à rire de la nonchalance des Français, tolérer leur légère arrogance et aimer leur joie de vivre” mais cette fois, elle est “tout simplement furieuse”.
Sur les plateaux télévisés, les invités ne sont pas des médecins, mais des philosophes, des sociologues, des spécialistes de sciences politiques. Comment ça, ils ferment le pays ? D’accord, il y a le virus, mais où allons-nous maintenant satisfaire nos besoins de sociabilité ? Quelles seront les conséquences sociales ? Ça réduit notre vie, notre liberté ! Les Français n’ont pas l’air de comprendre que la liberté s’accompagne d’une grande responsabilité, en l’occurrence pour la santé et la vie de nos proches et des autres.”

Des Français incrédules

La journaliste en vient à regretter de ne pas être en ce moment en Pologne, car bien qu’elle soit “loin d’éprouver de la sympathie pour le gouvernement actuel, il faut lui reconnaître une chose : sa réaction au coronavirus a été immédiate et sans faute. Si la France avait fermé ses frontières et ses écoles il y a deux semaines, ses citoyens n’en seraient pas maintenant à regarder avec incrédulité à la télévision les courbes montrant l’évolution du nombre de malades en Italie et en France. Elles sont pratiquement identiques”.
Mariée à un Français, l’auteure a cherché, en vain, à le dissuader d’aller voter. Il aurait répondu que “ses ancêtres sont morts pour qu’il puisse aujourd’hui aller voter” et que “c’est son devoir de profiter d’une démocratie durement arrachée”. Tout en y voyant un “concentré de la mentalité française”, la journaliste conclut que “certes, la démocratie est importante, mais les morts n’en profitent pas.
(°) Seul le titre est de Pedrito