Le journal le Point publie cet interview, que faut-il en déduire?
Pourquoi cette brèche, cette” bombe” qui fait voler en éclat par son
franc parler toutes les arguties, pourquoi dans la propagande de notre
presse et ceci venant d’un patron de presse Pinault qui est ce qu’il
est: un milliardaire ultraconservateur qui joue parfois le populisme et
les francs tireurs, mais qui montre en fait le chantage permanent qu’à
travers les médias, cette caste industrialo-financière exerce sur leur
“État” auquel ils ne payent pas d’impôt et le “ruissellement des
profits” attendu de cet appareil de moins en moins capable de défendre
l’intérêt général, y compris du capital. Qu’est-ce qui se joue là dans
les concurrences et les contradictions d’une classe sociale et qui peut
être utilisé pour comprendre la réalité de la situation, de la guerre en
particulier, c’est un apprentissage auquel nous invitait déjà Lénine,
savoir lire la vérité dans les mensonges de l’adversaire alors même que
tout est fait y compris par l’adversaire pour nous inviter à ne pas
lire, à réduire notre appréciation à la seule personnalité de son
auteur, on exploite les instincts qui ne sont même plus de classe pour
économiser la réflexion. Alors lisez… même si ce qui devrait paraitre
dans l’Humanité parait chez Pinault… Ce n’est pas un hasard et c’est la
gauche voir l’Humanité qui doit censurer alors que la droite et
l’extrême-droite ont quelqueslatitudes… A méditer… (note de Danielle
Bleitrach pour histoireetsociete)
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Voici une interview vraiment remarquable de Maria
Zakharova, porte parole du ministre des Affaires étrangères russe par le
journal français Le Point. Une fois n’est pas coutume, on ne peut
qu’être agréablement surpris par la publication d’un tel document dans
un hebdomadaire français de niveau national et dans le contexte général
d’une véritable hystérie russophobe.
Le point de vue russe est enfin mis à la disposition des citoyens de
notre pays qui ne sont pas aveuglés par la Propagande de guerre.
Difficile de ne pas trouver de nombreux points de convergence avec les
propos tenus par Maria Zakharova. Dominique Delawarde
***
Maria Zakharova, 46 ans, est depuis 2015 la porte-parole du ministère
des Affaires étrangères de la Fédération de Russie. Première femme à
occuper ce poste au cœur du pouvoir, elle est connue pour son
franc-parler et son infatigable détermination à développer et préciser
la vision russe du monde, notamment sur sa chaîne Telegram. La
rencontre, sans interprète, a duré plus d’une heure dans une salle de
réunion du ministère des Affaires étrangères, en plein centre de Moscou,
la veille du départ de la délégation russe pour le G20 de Bali.
Rompue à l’exercice, Maria Zakharova a répondu avec verve, sans
consulter les notes qui lui avaient été préparées par ses services.
Classée par la BBC, il y a cinq ans, parmi les 100 femmes les plus
influentes du monde, elle n’avait pas accordé d’interview à un média
occidental depuis plusieurs mois. La traduction de ses propos, effectuée
par nos soins, a été validée par le ministère.
Le Point :
Qu’est-ce que l’Occident aurait selon vous « raté » dans ses relations
avec la Russie ? Et plus particulièrement dans la guerre entre la Russie
et l’Ukraine ?
Maria Zakharova : Tout a
commencé à la fin des années 1980 et au début des années 1990. À
l’époque, on pouvait encore différencier l’Europe des États-Unis. Avant
la dislocation de l’URSS, le monde était bipolaire. Quand les États
membres du pacte de Varsovie ont commencé à le quitter – et ce processus
a débuté avant la fin de l’URSS –, l’Europe aurait pu affirmer son
indépendance. L’URSS était en faveur de l’union des deux Allemagne, les
États-Unis étaient contre…
C’est là que l’Europe a commencé à saisir ce que ça signifiait d’être
vraiment l’Europe unie, sans ligne de démarcation. Elle a commencé à
s’unir. Là aussi, nous étions pour. Nous disions : nous sommes avec vous
! Unissons-nous, intégrons-nous ! Construisons un avenir ensemble !
Mais là, ça a été l’horreur : les États-Unis d’Amérique, les élites, «
l’État profond », je ne sais pas vraiment, ont tout d’un coup compris
que ça serait un cauchemar. Que si l’Europe s’unissait avec nous, avec
nos ressources russes, ça leur ferait non seulement de la concurrence,
mais ça serait même la fin pour eux.
D’abord, ils se sont prononcés contre notre intégration, ont refusé
le régime sans visa, ensuite, ils ont commencé le processus de
rapprochement de leurs bases militaires, avec des contingents et du
matériel, vers nos frontières. Puis ils ont accepté de nouveaux membres
dans l’OTAN, mais surtout, ils ont créé ce narratif historique
anti-russe.
Le Point : À quel moment cela a-t-il basculé ?
Maria Zakharova : Au début des années 2000, quand on
a fini par comprendre de quoi il s’agissait, nous leur avons dit : eh,
dites donc camarades, quel monde construit-on ? C’est nous qui nous
sommes ouverts à l’Occident, et pas l’inverse ! L’Europe, elle, a
poursuivi son intégration, notamment économique : création de l’euro, de
Schengen ; et pour les États-Unis, ça a été un second choc : le dollar a
cessé d’être la seule devise dominante. Or le dollar n’est sécurisé que
sur sa propre dette, sur rien d’autre. Alors que l’euro, lui, est
sécurisé par le niveau économique élevé d’une vingtaine de pays, sans
compter les économies des pays de l’Europe orientale, de l’Europe
centrale et du Nord… Pardon, mais c’est une économie puissante, et qui,
en plus, à ce moment-là, se nourrissait du fort potentiel des ressources
russes !
En face, la devise américaine, c’est une bulle de savon ! Là, ils ont
compris qu’il fallait agir, non seulement envers nous, mais aussi
envers l’Europe : ils ont commencé à saper nos liens énergétiques avec
l’Ukraine qui est devenue le nœud central de cette politique. Les
politiques ukrainiens se sont mis à s’écrier qu’on était très dangereux
parce qu’on ne leur livrait pas notre gaz gratuitement, les Américains
ont répondu aux Européens, mais achetez donc le nôtre ! Les Européens
ont rétorqué : il est cher, si on achète plus cher, nos opinions
publiques ne comprendront pas… Augmentez donc les impôts, ont-ils
répondu ! Problème, parce que les impôts, c’est aussi le peuple, a
répondu l’Europe. OK, d’accord, débrouillez-vous, voilà ce qu’on dit les
Américains.
Donc, l’Ukraine, c’est juste un instrument, c’est tout ! L’Europe a deux bananes dans les oreilles.
Le Point : Donc, pour vous, cette situation n’est pas une nouveauté ?
Maria Zakharova : Quelle nouveauté ? Que l’Europe a
les deux yeux fermés et deux bananes dans les oreilles ? Tout ça, c’est à
cause de vos médias qui ne se sont jamais déplacés dans le Donbass
pendant toute cette période, à l’exception de quelques-uns. Au moment de
Pussy Riot ou de Navalny, en revanche, ils étaient tous là. Mais
là-bas, quand des milliers de personnes mouraient, il n’y avait
personne. Et savez-vous que depuis 2014, les Criméens n’ont pas eu droit
à des visas Schengen ? Pourquoi ? Parce qu’ils auraient pu raconter la
situation !
En revanche, il suffisait de venir en Crimée pour s’en rendre compte
par soi-même. En 2016, on a organisé des voyages de presse en Crimée, on
a demandé aux journalistes ce qu’ils voulaient voir et faire, on a dit
OK à tout. Un Français a dit qu’il voulait aller sur la base navale de
la flotte de la mer Noire. On a accepté. Mais quand on a lu son article,
on n’en croyait pas nos yeux, une telle censure ! Son titre était
quelque chose du genre « pour faire peur à l’Europe, la Russie a
regroupé des journalistes et leur a montré la flotte de la mer Noire »,
et vous me demandez pourquoi l’Europe n’est au courant de rien !
Justement à cause de ce genre de journalistes !
Le Point :
Depuis neuf mois, la Russie a-t-elle réussi à développer ses relations
avec des pays en dehors de la sphère occidentale ?
Maria Zakharova : Nous ne nous impliquons pas dans
des coups ou des renversements. Pendant toutes ces années, nous nous
sommes vraiment efforcés de nous tourner vers l’Occident. Aujourd’hui,
nous souhaitons avoir des relations harmonieuses et équilibrées avec
tous ceux avec qui il est possible de construire des relations sur un
pied d’égalité, mutuellement respectueuses et bénéfiques. Une conception
« multi vecteurs » avait commencé à être déployée dès l’arrivée de
Primakov aux Affaires étrangères (Evgueni Primakov a été ministre des
Affaires étrangères de 1996 à 1998 avant de devenir Premier ministre,
NDLR). Avant lui, on n’avait d’yeux que pour l’Occident. Kozyrev (Andreï
Kozyrev a été ministre des Affaires étrangères de 1990 à 1996, NDLR)
avait même prononcé la phrase suivante : « Il est impossible pour la
Russie d’avoir des intérêts qui différeraient de ceux des États-Unis » !
Oui, il l’a dit, et aujourd’hui il dit que Lavrov était bien avant, et
qu’aujourd’hui, il est terrible…
Mais ce qui est terrible, c’est justement ce qui s’est passé avec
Kozyrev, et pas avec Lavrov. Ceux qui ont dirigé la Russie dans ces
années 1990 avaient même l’impression qu’ils pouvaient réduire le nombre
d’ambassades russes dans le monde, et ils l’ont fait ! Ils ne payaient
pas les salaires des fonctionnaires du ministère, ne les envoyaient plus
en mission, etc. Primakov, lui, a insisté sur nos intérêts nationaux et
sur la nécessité d’une diplomatie forte. Il a tout fait pour qu’on
reçoive nos salaires et que nos ambassades ne manquent de rien. C’est
depuis ce moment-là que la Russie a commencé à tisser des liens étroits
en dehors de l’Occident. Et aujourd’hui, ces pays d’Asie, d’Afrique,
d’Amérique latine sont justement ceux qui, contrairement aux exigences
des USA, n’adoptent pas de position anti-russe. Et ils représentent la
majorité des pays du monde !
L’armement que vous envoyez en Ukraine est déjà en train de se déverser en Europe sur le marché noir.
Le Point : L’Occident mène-t-il, selon vous, une politique anti-russe ?
Maria Zakharova : Ce
n’est pas une position anti-russe, c’est une position antinationale
vis-à-vis de vos propres peuples. Qu’avons-nous à voir là-dedans ? Bien
sûr, nous aimerions être perçus normalement, objectivement et
positivement, mais que peut-on y faire ? En premier lieu, c’est
vous-même que vous détruisez ! Finalement, vous n’avez plus rien, vous
ne disposez plus des ressources ni des possibilités que vous offraient
les relations avec la Russie, et vous n’avez même plus la paix en
Europe.
L’Ukraine flambe depuis 2014 dans le Donbass et personne ne s’en
préoccupait. Vous n’arrivez même pas à comprendre que tout l’armement
que vous envoyez en Ukraine est déjà en train de se déverser en Europe
sur le marché noir. Vous savez pourquoi ? Parce que ce que vous pensez
être la mafia « russe » n’a jamais été « russe », ce sont plutôt des
gars de Moldavie et d’Ukraine. Vous avez toujours cru que tous ceux qui
venaient de l’ex-URSS étaient des Russes, vous n’avez jamais fait la
distinction. Vos ministères de l’Intérieur, vos forces policières et
services de renseignements sont au courant, mais l’opinion publique en
général ne le sait pas. Je vous félicite, après avoir reçu les « élites »
d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, aujourd’hui vous avez remplacé
tout ça par des gens qui viennent d’Ukraine, mais ce ne sont pas des
gens qui veulent travailler ou étudier…
Le Point : Vous voulez dire, les réfugiés de guerre ?
Maria Zakharova : Oui,
vous les appelez comme ça. Beaucoup souffrent de la situation
humanitaire, c’est vrai, mais ce ne sont pas des gens qui apporteront
leur part personnelle à la vie en Europe, ils vont juste en profiter !
Ils ont besoin d’allocations, de logements et ils utiliseront cette
situation politique. Ils ont vu comment en profiter… Nous connaissons
leur mentalité, vous non. Vos belles valeurs sur la tolérance ont perdu
leur sens : on est passé à la complaisance. La tolérance n’est plus du
tout le respect d’un avis différent ou la possibilité d’écouter
quelqu’un qui n’a pas la même mentalité que vous, c’est devenu une
complaisance vis-à-vis de tous ses actes d’une personne, bons ou
mauvais. Du coup, c’est le chaos.
Le Point : Parleriez-vous ainsi si nous étions avant le début de la guerre, en février 2022 ?
Maria Zakharova : Bien sûr ! Ça fait des années
qu’on le dit, au moins depuis 2014. Et souvenez-vous qu’en 2007,
Vladimir Poutine était venu à la conférence de Munich. Il avait dit : «
Réfléchissez bien, que voulez-vous de nous ? Que nous soyons ensemble ou
pas ? Sachez que nous, on ne peut pas rester impassibles face à vos
mensonges ! »
En 2015, sur la Syrie, Poutine déclare à l’Assemblée générale de
l’ONU : « Si vous voyez, comme moi, que l’État islamique existe, il faut
s’unir pour le contrer. Comme en 1941, quand nous avons tous raté
Hitler justement parce que vous ne vous étiez pas décidé à temps !
Unissons-nous et ensemble, nous vaincrons l’EI. » Une moitié du public
s’est moquée, l’autre a hué… Poutine a dit OK, il est rentré à Moscou,
et la semaine suivante nos avions partaient pour la Syrie. Il avait
raison, en tous points, même si, à l’époque, beaucoup nous ont menacés.
Aujourd’hui, les mêmes pays nous remercient et nous disent qu’on les a
sauvés ! Qu’est-ce que vous croyez ? Que ça se serait terminé comme ça
avec la Syrie ? Pas du tout, « l’Occident collectif » aurait été
ailleurs, là où il y a du gaz et du pétrole. Ils ne vont jamais là où
règnent la pauvreté, les problèmes et la famine. Uniquement là où il y a
des ressources.
Le Point : L’Occident ne se serait réveillé qu’à cause du conflit en Ukraine ?
Maria Zakharova : Qui
s’est réveillé ? L’Occident ? Il dort d’un sommeil léthargique. Ce sont
les États-Unis d’Amérique les plus actifs à ce jeu. L’Union européenne
est un peu comme le /Titanic/, l’eau rentre par tous les côtés, mais
l’orchestre continue à jouer !
Dès que la bataille est honnête, les Américains perdent.
Le
Point : Les médias et dirigeants politiques occidentaux ont interprété
le retrait des troupes russes de Kherson comme une défaite . Pouvez-vous
convaincre qu’il en est autrement ?
Maria Zakharova : Nous n’avons aucune intention de
convaincre quiconque de quoi que ce soit. L’époque où on essayait de
convaincre est passée, c’est leur problème. À eux de voir comment ils
vont prendre tout ça ! Certains dorment, ou nous sifflent, mais tous
s’occupent de livraisons d’armes, et nous, on a déjà compris que la
discussion sous ce format était inutile. On leur a couru après pendant
huit ans, on a essayé d’obtenir, via les Occidentaux, que Kiev respecte
les accords de Minsk. Pendant huit ans, les Occidentaux ne l’ont pas
fait. Et on irait maintenant parler avec eux ?
Je comprendrais que vous n’avez pas pitié de nous, je comprends même
que vous n’ayez pas pitié de l’Ukraine, mais enfin, vous n’avez même pas
pitié de vous-mêmes, avec toutes ces armes que vous livrez, vous avez
oublié tous les actes terroristes commis sur vos sols ? Vous en avez
tous subi. Personne n’y prête attention, c’est devenu un problème de
politique intérieure. En plus, à la tête des institutions politiques de
certains de ces pays se tiennent des personnes liées aux États-Unis
parce qu’elles y ont étudié, travaillé… Les États-Unis ne veulent qu’une
chose : primo, dominer le monde et être les seuls qui contrôlent tous
les processus ; deuzio : ne pas avoir de concurrents…
Or, dès que la bataille est honnête, ils perdent. Technologiquement,
ils ont déjà perdu face à la Chine ; économiquement, financièrement et
d’un point de vue civilisationnel, ils ont perdu face à l’Europe et au
reste du monde ; du point de vue de leur complexe militaro-industriel,
ils ont compris qu’ils étaient en retard. Pour ce qui est du cosmos, je
suis ravie qu’on puisse y envoyer des voitures, mais ça a été rendu
possible grâce à nos fusées de lancement ! Tout ça n’est que de la com.
En fait, les États-Unis ont tout perdu à cause de la crise de leur
système fondé sur cette suprématie du dollar. Leur dette est
gigantesque. Leur économie n’est pas réelle, elle n’est que virtuelle.
Il vous faut des preuves ? Écoutez Trump ! Quand il parlait de « Make
America Great Again » ça voulait dire qu’il fallait revenir à l’économie
réelle !
Souvenez-vous comment le G20 a été créé, en 2008, au moment où le
marché américain de l’immobilier avait éclaté, embarquant avec lui
toutes les Bourses mondiales. C’était une crise mondiale mais
artificielle, à cause du système hypothécaire américain… Or, là, en
2008, ils avaient besoin de tout le monde pour réanimer le système
économique mondial, de l’UE, du Brésil, des pays du Golfe, de la Russie,
de la Chine. « Big Brother », pardon pour l’expression, avait fait dans
sa culotte, il fallait que tout le monde aide… Ensuite, quand il s’est
remis, « Big Brother » a commencé à se mêler de l’Irak, de la Libye, de
l’Afghanistan, de la Syrie, et de l’Ukraine…
Le Point : Les relations russo-américaines étaient-elles plus faciles sous Trump que sous Biden ?
Maria Zakharova : Pas du tout, surtout quand, tous
les jours, Trump était accusé d’avoir des liens spéciaux avec les
Russes… Et qu’est-ce que ça veut dire « plus facile » ?
Le Point : N’est-ce pas plus compliqué aujourd’hui, avec Biden ?
Maria Zakharova : Aujourd’hui, c’est plus marrant…
Non, je plaisante, mais on se rend tous compte que ce qui se passe est
absurde. Le scrutin qui a élu Biden en 2020 s’est déroulé de manière
sauvage, pas honnête. Les Américains eux-mêmes le disent : lisez les
sondages selon lesquels la population ne croit pas en ces résultats ! Et
de quelle liberté d’expression parle-t-on quand on ferme le compte
Twitter d’un président en exercice, rendez-vous compte, en exercice !
Uniquement parce que c’est le souhait des sphères libérales !
En 2016, Trump a gagné justement parce qu’il avait été capable de
s’adresser directement à son public via les médias sociaux. Pendant ces 4
ans, il n’y a pas eu un seul jour où on ne l’accusait pas de liens avec
la Russie, mais qu’avons-nous donc à voir là-dedans ? En revanche, nous
avons bien vu comment certains dirigeants européens étaient liés, eux, à
Hillary Clinton. François Hollande, par exemple, qui l’a félicitée
avant même que les résultats soient proclamés, il voulait sans doute
être le premier. Le problème est plutôt qu’on a accusé la Russie de
soutenir Trump, même si aucun fait ne le prouve, alors que certains
soutenaient ouvertement Hillary Clinton et là, c’est encore une fois
deux poids, deux mesures. Ils pensent qu’ils ont le droit de le faire et
pas nous. Ils expliquent que c’est parce que nous ne serions pas une «
vraie » démocratie. Voilà, tout est dit.
Classe ! On leur demande : mais qui définit une « vraie » démocratie ?
Nous, « l’Occident collectif », ils répondent. L’Iran ? Non, l’Iran
n’est pas une démocratie, le Venezuela ? Non plus… En 2020, Mme
Rodriguez, la vice-présidente du Venezuela, a prononcé une phrase
géniale lors d’une visite ici à Moscou : « Savez-vous combien de
scrutins électoraux nous avons organisés ? Pas un seul n’a plu aux
États-Unis ! Pourquoi ? Parce que ce ne sont pas les élections qui les
intéressent, mais leurs résultats ! » C’est ainsi : les Américains ne
considèrent comme légitimes que les résultats électoraux qui leur
conviennent.
Le Point : Le /Wall Street Journal /affirme
que, ces dernières semaines, le Kremlin et l’administration
présidentielle ont mené des discussions officielles concernant la menace
nucléaire. Confirmez-vous ?
Maria Zakharova : Je ne sais pas à quels contacts en
particulier vous faites allusion. En revanche, pour ce qui concerne
notre position sur l’arme nucléaire, nous essayons de rassurer tout le
monde. Nous avons publié une déclaration à ce propos sur le site du
ministère des Affaires étrangères. Cessons ces spéculations, cessons
d’en parler.
Le Point : Mais si Vladimir Poutine en parle, les spéculations reprendront…
Maria Zakharova : En parle-t-il maintenant ? Non.
C’est nous qui décidons ce qu’on a envie de dire, et vous, vous décidez
ce que vous avez envie d’entendre. Nous continuerons à dire ce que nous
avons envie de dire. Et pour ce qui est de poursuivre le dialogue,
écoutez… Ici, Macron nous a tous fatigués.
Surtout quand on a appris que pendant ses coups de fil avec Moscou,
il y avait une caméra derrière lui et que tout était enregistré pour un
film (/Un président, l’Europe et la guerre/, 2022, NDLR). Avec qui on
parle alors, et de quoi ? Cela fait huit ans qu’on a déjà discuté de
tout et pour ce qui est de l’Ukraine, ce sont les États-Unis qui
décident.
Rendez-vous compte que l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne a traité
le chancelier Scholz de « saucisse offensée » (en mai 2022, NDLR), c’est
comme s’il lui disait que son seul boulot était de continuer à donner
de l’argent, des armes. Avec qui pourrait-on parler de l’Ukraine dans
l’UE? Conseillez-moi. Peut-être avec Borrell ? Ou avec un Italien ? Ou
avec l’Allemande Baerbock, spécialiste de l’écologie ? Avec qui parler,
et de quoi ? Ils ne savent même pas de quoi ils parlent…
Le Point : Personne en Europe ne pourrait donc influencer la situation ?
Maria Zakharova : Ils le pourraient, s’ils
admettaient que le centre des décisions se trouve à Washington qui prend
des sanctions, établit des listes, livre des armes, dit qu’il faut
accueillir des réfugiés, faire ceci, ou voter cela… Comment les
Européens pourraient-ils admettre tout ça, alors qu’ils n’arrivent même
pas à être indépendants, c’est-à-dire à agir par eux-mêmes ? Le plus
triste, et je le dis sur un ton sarcastique, c’est que chaque État de
l’UE pense qu’il est indépendant, en est convaincu, même s’ils sont
incapables de dire en quoi ça consiste. Ils sont même incapables de
poser des questions tout doucement, par exemple, celle-ci : qui a fait
exploser les gazoducs (Nord Stream, NDLR) au fond de la mer Baltique ?
Ils n’ont même pas le droit de la poser. Pourtant, quand un certain
Skripal avait été empoisonné (Sergueï Skripal est un agent russe devenu
un agent double britannique, qui a survécu en 2018 à une tentative
d’empoisonnement au Novitchok, NDLR), toute l’Europe en parlait… mais en
quoi cela concernait-il la France, l’Italie, la Grande-Bretagne ? Ils
ne savaient même pas ce qui s’était vraiment passé.
Alors que ce projet est celui d’une infrastructure nous concernant
tous. Oui, c’est notre gaz et nos tubes, mais pour approvisionner
l’Europe ! Il a été détruit et aucun chef d’État ou Premier ministre de
l’UE n’ose poser cette question simple : qui a fait ça ? Et vous me
parlez de politique indépendante européenne ! Le peuple, lui, est
capable de se poser des questions, mais chez lui, pas publiquement. Dès
que quelqu’un s’exprime là-dessus, les services spéciaux viennent le
voir et l’accusent d’être un agent russe.
Le Point : Vous pensez que ce que vous dites là arrive en France ?
Maria Zakharova : Je ne le pense pas, je le sais…
Le Point : La russophobie existe-t-elle en France ?
Maria Zakharova : Les Français tentent d’y résister
parce qu’ils lisent, regardent des films, vont au théâtre et qu’ils sont
habitués à penser et réfléchir par eux-mêmes grâce à leur niveau de
culture. Mais on essaie de la leur imposer d’en haut. Comme en Espagne,
au Portugal et en Grèce.
Le Point : Vous évoquez souvent ce que vous qualifiez de «
deux poids, deux mesures » entre la Russie et l’Occident, pouvez-vous
expliquer ce que vous entendez par-là en rapport avec l’Ukraine ?
Maria Zakharova : Voici un exemple : en 2012, un
groupe de jeunes femmes russes habillées en punk a fait irruption dans
une cathédrale de Moscou. Elles s’appelaient les Pussy Riot. Elles ont
bondi derrière l’autel, dansé sur fond d’icônes et d’objets saints, fait
quelques déclarations et posté ce moment sur les médias sociaux. En
Russie, le peuple et les structures de sécurité ont été épouvantés.
Cette cathédrale du Christ Sauveur est la plus grande sur le territoire
de la Russie, elle a été complètement reconstruite après sa destruction
par les communistes qui en avaient fait une piscine. Elle avait été
érigée avec l’argent du peuple, d’abord au XIXe siècle pour célébrer
notre victoire sur Napoléon en 1812, puis au XXe. Ces filles ont profané
en quelques minutes tout ce en quoi les gens de notre pays croient !
Elles voulaient provoquer. Le monde libéral les a défendues et aussi
Madonna, Sting, Red Hot Chili Peppers, etc. On nous disait : Comment
osez-vous punir des jeunes femmes pour leurs actes civiques ? C’est de
l’art !
Aujourd’hui, on voit qu’en différentes parties de l’Europe des
activistes, du même âge qu’elles, pénètrent dans les musées et jettent
une substance sur des œuvres. Ils protestent contre ce qu’ils estiment
être un préjudice infligé à la nature par les industries. Leur but n’est
pas de détruire l’œuvre d’art protégée par une vitre, mais d’attirer
l’attention sur ce problème. Et que voit-on ?
Personne ne s’exprime en leur faveur. Ni l’Union européenne, ni le
président des États-Unis, ni aucun diplomate ne les soutiennent, alors
que chacun d’entre eux défend un programme environnemental et que dans
tous ces pays, les démocrates considèrent l’écologie comme un thème
central. Tout ça pour vous dire que des actions grotesques similaires
n’aboutissent pas aux mêmes réactions.
Quand ça se passe en Russie, c’est critiqué, mais dès que ça touche
l’Occident, ces personnes sont considérées comme des hooligans !
Pourquoi ? J’aimerais bien le savoir ! Et ce n’est qu’un exemple parmi
d’autres.
Combien de jeunes ont terminé en prison pour avoir participé aux
Gilets jaunes en France ou à des protestations en Amérique ? Des
centaines, des milliers de gens partis à l’assaut du Capitole ont été
pénalement condamnés. Mais dès que c’est chez nous, ça concerne
immédiatement les États-Unis, Bruxelles, Paris, Rome, Madrid, Lisbonne !
J’ai envie de dire : eh, les amis, faudrait peut-être avoir les mêmes
standards !
Pour ce qui est des élections, c’est la même chose. Aux États-Unis :
personne ne comprend ce qui s’est vraiment passé. Des observateurs de
l’OSCE se sont exprimés avec grande délicatesse sur les violations. Je
le sais, j’ai attentivement lu leur conférence de presse. Alors que pour
ces mêmes observateurs occidentaux, pas un seul scrutin ne s’est
déroulé tranquillement chez nous. Chaque fois, c’était la même hystérie.
Nous ne nous mêlons pas des élections aux États-Unis, alors qu’ils ne
se mêlent pas des nôtres ! C’est un second exemple. Et au Venezuela !
Pour les Occidentaux, Maduro n’est pas président. OK mais qui est-ce
alors ? Même si aujourd’hui, tout a changé, Macron l’a salué, et aussi
Kerry qui, je le rappelle, représente un pays qui le recherche.
Le Point : Et l’Ukraine ?
Maria Zakharova : En ce qui concerne l’Ukraine, tout
a commencé quand les États-Unis, de concert avec l’Union européenne,
Bruxelles, Berlin et Paris dans une moindre mesure, Varsovie et les pays
Baltes ont commencé à se mêler des affaires internes de ce pays, et ils
n’ont pas fait que ça : ils ont carrément modelé la situation sur place
en dépensant de l’argent, en multipliant les soutiens politiques, en
formant ceux qui, en 2014, avaient fomenté le coup d’État. En 2004, la
Révolution orange, c’était quoi ? Le troisième tour des élections ?
Alors que tout le monde voyait bien que Ianoukovitch (l’ex-président
ukrainien pro-russe entre 2010 et 2014, NDLR) les avait gagnées. Tout le
sud-est de l’Ukraine avait voté pour lui. Donc ils ont conçu une
Ukraine à leur main, ont été à la source d’un changement gouvernemental
et ont transformé les problèmes énergétiques en facteur politique. Ce
sont eux qui ont décidé comment l’Ukraine allait nous acheter de
l’énergie et que ces tuyaux passeraient à travers leur territoire en
transit. Ensuite, il est apparu qu’eux seuls avaient le droit d’agir
ainsi, encore un double standard, et ça ne pouvait qu’exploser, car
quand on met dehors à deux reprises un président élu, ça ne peut pas
bien se passer. Ils l’ont viré comme un malpropre !
Le Point : Pouvez-vous expliciter le terme « Occident collectif » ?
Maria Zakharova : C’est le fait que vous n’avez aucune politique extérieure individuelle !
À de nombreuses reprises, lors de conférences de presse, j’ai été
témoin des questions posées par des journalistes à des ministres des
Affaires étrangères des pays européens. Tous répondaient qu’ils
n’avaient pas le droit de donner leur avis sur des questions
internationales globales parce qu’ils suivent une politique collective
au sein de l’UE et de l’OTAN. Donc ils ne peuvent que commenter que les
relations bilatérales.
Vous êtes l’« Occident collectif » parce que vous êtes unis dans un
système administratif de direction au sein de l’OTAN. Depuis les années
1990 et 2000, l’UE a cessé d’être une union politico-économique, elle
est devenue une partie de l’OTAN, elle a cessé d’être autonome.
Pourtant, selon certains sondages, la population de tel ou tel pays
européen ne soutient pas les sanctions anti-russe, et ce, non par amour
pour la Russie, mais parce que ça leur rend la vie plus complexe, mais
elle n’a aucun moyen de déléguer son opinion aux dirigeants. On sait
très bien qui a pris le premier la décision des sanctions au lendemain
de 2014, c’est Biden, alors vice-président, c’est lui qui a influencé la
décision de l’UE, c’est de notoriété publique. C’est seulement après
que les pays de l’UE ont décidé de nous sanctionner, alors, vous voyez
bien ce qu’on veut dire avec l’idée de « l’Occident collectif » ! Il n’y
a rien de répréhensible à prendre une décision de façon collective,
nous aussi sommes membres de structures collectives, mais il y a une
différence fondamentale : nous décidons avec les autres sur un pied
d’égalité.
Sur certaines questions pas vraiment cruciales, les Européens
prennent des décisions de concert, mais dès que certains pays sont
tentés de prendre des décisions qui leur seraient individuellement
bénéfiques, mais qui diffèrent de ce qui est important pour la
superstructure, ils sont punis. Regardez ce qui se passe en Pologne, et
ça n’a rien à voir avec la Russie, elle a sa propre législation
nationale sur la question du genre ou la question nationale, mais si ça
ne plaît pas à Bruxelles, ils sont punis ! Et la Hongrie ! Comment on
l’a traitée, comment on traite Orban ! Voilà : personne ne peut prendre
ses propres décisions si elles ne coïncident pas avec les opinions de «
Big Brother ».
MAIS POURQUOI LE POINT OSE-T-IL ROMPRE LA CENSURE DE LA PROPAGANDE OCCIDENTALE ?
(1) quelques lignes pour commenter cet interview inattendu dans
l’unanimité de la propagande des médias français. Ceux-ci sont
entièrement soumis à des patrons de presse qui sont souvent des
marchands d’armes et quand ils ne le sont pas ils sont devenus les
instruments des publicistes qui gèrent les annonces donc les ressources,
mais aussi de patrons de presse comme François Pinault qui peuvent avec
leurs immense fortune prétendre jouer parfois les “francs tireurs”
comme ici. En fait il n’en est rien, voici comment la possession d’un
titre peut aider encore et toujours à jouer face au petit personnel
politique, assurer leur souplesse et garantir des protections bassement
financières : édifiant.
François Pinault est devenu le propriétaire du Point le 16 octobre
1997 à partir de la vente du Point (et de l’Express) par le groupe
Havas. En 2021 le magazine Forbes le classait 27e fortune mondiale, il
fait partie de ce patronat français dont le COVID et les mesures de
soutien du gouvernement français ont encore fait croitre la richesse, il
est désormais au 24e rang. En 2020, le patrimoine familial de François
Pinault est estimé à 32 milliards d’euros par le magazine Challenges en
augmentation par rapport aux années précédentes, et ce, malgré la
pandémie de Covid-19, qui a fortement affecté la consommation mondiale
et donc le secteur du luxe, ce qui pose le problème de l’origine d’une
telle “croissance”, mais partout dans le monde la croissance des
fortunes se fait par interpénétration des budgets de l’Etat et des
intérêts privés, de gens dont la particularité est qu’ils se soustraient
à l’impôt : François Pinault en fait partie et il a besoin à ce titre
de tenir en laisse les médias d’en faire les instruments de leur
propagande.
En ce qui concerne le Point, Dassault était sur les rangs mais «
l’offre retenue est celle qui a eu la préférence personnelle du
directeur général du Point, Claude Imbert, et celle de son management »,
précise le communiqué d’Havas. (…) « Dans ma petite cote personnelle,
le groupe Pinault arrivait en tête, notamment en raison de ses activités
et de sa surface financière », explique Claude Imbert. Le directeur
général de l’hebdomadaire a certainement joué un rôle important dans
cette négociation. Consulté par les vendeurs, qui manifestement ne
voulaient pas risquer de braquer la direction et la rédaction, Claude
Imbert, rétif à l’image militaire du groupe Dassault, avait fait savoir
qu’une telle solution provoquerait sa démission, expliquait le Monde.
Mais déjà le nom de BHL mis en évidence par le Monde, nous alerte :” Par
ailleurs, François Pinault était un ami du père du philosophe
Bernard-Henri Lévy, éditorialiste au Point avec lequel il entretient de
bonnes relations” dit le Monde sans préciser que ces relations sont
fondées sur l’exploitation des bois en Afrique et les liens avec
quelques amis de la françafrique. En 1946, le père de BHL s’installe à
Casablanca dans le quartier d’Anfa et fonde au Maroc la Becob, une
société d’importation de bois précieux africains et de résineux (de
Finlande, d’URSS ou de Roumanie) ; après avoir passé plusieurs années au
Maroc, alors protectorat français, sa famille s’installe en France, à
Neuilly-sur-Seine, en 1954. Sa mère vend ses parts à la société Pinault
Bois et Matériaux, filiale au groupe Pinault-Printemps-Redoute, qui
devient plus tard Kering en 1997 et achète le Point, où BHL est
“éditorialiste” pour 750 millions de francs français. Après la vente de
l’entreprise, Bernard-Henri Lévy est resté actionnaire et administrateur
de plusieurs sociétés en particulier de films. Toujours les médias.
Il y a pas mal de combats communs mais aussi quelques divergences en
particulier sur la Russie et sur l’appréciation de la politique de
Macron. du moins apparemment entre BHL et Pinault mais que l’on se
rassure, les brouilles ne sont que de surface parce que pour les deux
hommes leurs opinions politiques fluctuent non seulement en fonctions de
leurs amitiés, et de leurs diners en ville mais aussi de la manière
dont on peut en tirer profit pour ne pas payer d’impôts et pour régler
aux mieux ses nombreux contentieux juridiques.
C’est aussi du donnant-donnant, le coup de pouce par le rachat d’une
entreprise en difficulté dans une circonscription dont l’élu brigue le
mandat. C’est déjà sur cette base que ses liens s’approfondissent avec
Jacques Chirac, son président préféré dont il partage bien des foucades y
compris le vote pour Hollande en 2012, vous savez celui qui au même
moment proclame que “l’ennemi c’est la finance”, ce qui lui rallie
immédiatement Pinault et sa fibre populiste.
Lors d’un entretien accordé à M, le magazine du Monde le 22 juin
2018, Pinault déclare que le président Emmanuel Macron « ne comprend pas
les petites gens [et] mène la France vers un système qui oublie les
plus modestes » ce à quoi Benjamin Griveaux répond « De la part de
quelqu’un qui pendant longtemps n’a pas payé d’impôts, je ne suis pas
certain qu’il comprenne lui-même les petites gens. » Le sort de Griveaux
est scellé et le scandale suivra avec l’utilisation notez-le bien d’un
Russe fou qui donne dans la performance artistique extrême (se clouer
les couilles sur la Place Rouge, un certain art contemporain).
Je vous conseille de suivre les démêlés fiscaux de François Pinault,
son goût extrême pour les paradis fiscaux, cela occuperait des pages et
des pages, en France et au niveau international il sévit, c’est édifiant
et cela se termine toujours par un compromis après que Pinault ait
utilisé son magazine et sa presse comme une menace de révélation des
turpitudes du pouvoir en place. On voit que la presse cela sert à faire
la guerre mais aussi à exercer des pressions sur le pouvoir et que pour
cela il faut construire un monopole, éliminer par censure ou achat des
rédactions, les deux, toute opinion divergente et on comprend un peu
mieux certains silences y compris de la presse communiste. Il s’agit de
bâtir un continuum et de qualifier tout le reste de complotisme en
utilisant y compris des provocateurs comme Soral et Dieudonné, les
antivaccin, j’en passe et des meilleures.
Il s’agit également de se bâtir une réputation d’indépendance et
d’amour de l’art, quelque chose de bien “français” qui se limite à la
droite extrême. Même l’amour de l’art contemporain n’échappe pas à cette
combinaison d’autopromotion par l’excellence et le franc parler, voire
la défense du petit peuple contre la technocratie qui se combine
aisément avec les profits monstrueux et les conflits d’intérêt. Ainsi à
propos de l’artiste Jeff Koons et du prêt de ses œuvres, le rôle de
Jean-Jacques Aillagon, alors directeur du château de Versailles, est
critiqué dans la mesure où ce proche de François Pinault a alterné les
passages entre structures privées de François Pinault et structures
publiques, alternance potentiellement porteuse de conflits d’intérêts.
Notons que dans ce cas-là Pinault joue volontiers les franc-tireurs et
il prête ses œuvres à Moscou où une clientèle d’oligarques peut-être
convaincue de faire monter les cotes.
Cet arrière-fond des raisons pour lesquelles l’hebdomadaire de
François Pinault peut publier l’interview de Maria Zakharova pourrait
utilement se doubler d’un portrait de cette personnalité qui si elle est
le porte-parole de l’un des ministères russes aux traditions les plus
“soviétiques”, le ministère des Affaires étrangères, a souvent exprimé
les sympathies les plus conservatrices voire monarchistes. Mais sans
aller jusqu’à cette vision prospective de l’issue du bras de fer entre
occident et monde multipolaire, on peut y voir également ce que le
capitalisme européen est en train de découvrir en matière de mauvaises
manières des USA et de leurs capricieux caitatlistes à la Elton Munk .
Il suffit de lire à quel point les Allemands qui ont investi massivement
aux USA, découvrent de mauvaises manière et d’absence de réciprocité de
la part de l’Etat américain et de ses poulains : avec ses tarifs
énergétiques exorbitants et son vaste plan de soutien à l’économie
américaine, Washington fragilise l’Union européenne, assure la
“Frankfurter Allgemeine Zeitung”. Paris et Berlin demandent une “réponse
forte”, mais les Vingt-Sept restent divisés sur l’attitude à adopter
déclare aujourd’hui le .Frankfurter Allgemeine Zeitung
On le voit dans le monde actuel, les voies du “progrès” et de la paix
prennent parfois d’étranges relais et nous devons apprendre à les
connaitre tout en nous félicitant chaque fois qu’est levée la censure du
système de propagande de l’OTAN
Danielle Bleitrach pour histoire et société