LA MONARCHIE FRANÇAISE ET SES DÉGUISEMENTS
par Par Francis Arzalier (ANC)
Le monde entier s’est étonné du
gonflement médiatique au de là du raisonnable à propos de "l’affaire
Benalla", dans une France qui passe encore pour l’inventrice et
l’exemple même d’une République : il est vrai que nos " élites ",
politiciens et bavards à leur service, ne cessent de se gargariser de ce
mot, tous le revendiquent à leur usage en y mettant toutes sortes de
sens, des partisans du Capital et des votes truqués les plus divers,
jusqu’aux Droites nationalistes et réactionnaires de Wauquiez et Marine
Le Pen.
C’est d’ailleurs un usage
du mot que l’on retrouve ailleurs : les "Républicains" des USA sont le
conglomérat de professionnels de l’élection les plus conservateurs, et
la "République" en Afrique du Sud était au siècle 20 le nom donné à
l’apartheid raciste.
Il faut donc partir du constat que ce sigle, qui dans la
Rome d’il y a 2000 ans signifiait la Chose publique, qu’elle soit
dictature d’un seul ou d’une caste de privilégiés, n’a que le sens qu’on
veut bien lui donner. Rien à voir avec la Démocratie politique,
gouvernement du peuple par lui même en sa majorité, encore moins avec le
concept de Démocratie sociale, qui inclut l’égalité entre les citoyens.
Il est vrai que l’histoire de France depuis trois siècles a confondu
les combats populaires contre les Rois avec les progrès sociaux et
politiques, d’où l’attachement d’une certaine Gauche y compris
révolutionnaire ou humaniste a l’idée même de République. Mais les
marxistes rationnels ne peuvent oublier que ce terme bien galvaudé,
manipulé, mérite d’être précisé, et déjà confronté à la réalité
contemporaine, et à l’histoire depuis la première de ce nom, en 1792.
En aout 1792 en effet, les "Sans-culottes" des quartiers pauvres de
Paris, aidés des volontaires en armes provinciaux, envahit le Palais des
Tuileries et imposa la déchéance du Roi héréditaire Louis XVI aux
députés issus de la bourgeoisie.
En quelques mois, la Monarchie Capétienne disparut, avec
l’assentiment de la majorité des Français : Louis XVI qui s’est opposé
aux réformes voulues par la Nation et a tenté de stopper la Révolution
en faisant appel aux monarques étrangers n’est pour eux plus digne
d’être Roi. C’est depuis lors qu’être "Républicain" se confond
volontiers pour la majorité de nos concitoyens avec l’aspiration aux
progrès sociaux et politiques.
Avec bien des ambiguïtés, car la plupart d’entre eux n’ont cessé
d’aspirer depuis lors à confier épisodiquement leur sort à un monarque
élu, choisi par eux comme sauveur de la Nation en crise. Ce fut le cas
des Bonaparte Un et Trois en 1800 et 1848, mais aussi du Maréchal Pétain
en 1940 et du Général De Gaulle en 1958. Bien sûr, ces "sauveurs"
adulés quelques temps sont quelques années plus tard discrédités par les
réalités.
Mais le dernier d’entre eux nous a légué la Constitution de la " 5ème
République", cette "Monarchie républicaine" selon la définition de son
auteur Michel Debré, Monarchie élective qui donne aux " Présidents" un
pouvoir personnel considérable face à des Assemblées souvent amorphes.
Ne nous y trompons pas, depuis 1958, comme sous le Consulat en 1800, les
Présidents successifs, De Gaulle, Mitterrand, Giscard, Chirac ou
Sarkozy, ont eu un pouvoir plus important que les Rois héréditaires a
Londres, Bruxelles ou Madrid, soumis, eux, aux Assemblées
parlementaires.
Chacun a su user et souvent abuser de ce pouvoir monarchique, en
"ordonnances" et aventures militaires en Afrique et ailleurs, avant de
sombrer dans le discrédit de fin de mandat. Ce fut aussi le cas de
Hollande, dont la maladresse accéléra la chute. Et Macron, monarque mal
élu grâce aux médias et à l’explosion des partis politiques en 2017,
s’inscrit dans la même tradition séculaire du monarque élu, y compris
par l’érosion rapide de sa popularité.
Plus encore que les précédents, il a profité de "l’état de grâce"
initial et éphémère, pour imposer ses vues ultra-libérales, détruire un
maximum de conquêtes sociales et privatiser au détriment des services
publics, avec le soutien de députés choisis par lui, dont l’ignorance
politique s’ajoute à la servilité.
C’est dans ce contexte qu’il faut replacer
"l’affaire Benalla", du nom de ce flic privé favori du Président Macron,
filmé en train de tabasser des manifestant(e)s le Premier mai à Paris,
sans que son patron n’y trouve à redire. Une parmi bien d’autres
illustration du caractère monarchique du régime politique de la France.
Rien de bien neuf en somme, les actes de notre monarque détruisant les
protections sociales, les services hospitaliers ou de transports
publics, sont de nature tout aussi monarchique, et encore plus graves.
Mais ce fait divers a permis aux médias soumis au Capital d’organiser
tout un cirque hypocrite, alimenté par des Indignés de Droite Extrême
et "Républicaine", et par d’autres de la Gauche libérale, qui faisaient
semblant d’oublier les précédents de leur famille politique en la
matière, le monarque De Gaulle parrainant les tueurs du SAC, le monarque
Mitterrand et son "cabinet noir", Le monarque Sarkozy, ses argousins
privés et ses casseurs-provocateurs lors des manifs...
Sans compter que Benalla remplissait il y a quelques temps son office
au service du PS de Hollande ! Beaucoup de bruit pour rien de neuf en
somme, puisqu’on savait dès le départ que le Président-monarque Macron
était intouchable grâce au bouclier constitutionnel. Mais un bruit
médiatique suffisant pour étouffer toute allusion télévisée à ces
cochons de grévistes, qui s’obstinent en pleine canicule a défendre
leurs droits...Car, fort heureusement, la France est aussi le pays qui a
donné naissance à ce chant qui conserve aujourd’hui toute sa lucidité
subversive, comme il y a un siècle et demi
Ni Dieu, ni César, ni Tribun.
Producteurs, sauvons Nous nous-mêmes,
Écrivons seuls notre destin"....