mardi 26 avril 2022

UKRAINE DÉMOCRATIQUE(SUITE)

 

Le bataillon néonazi Tornado, un plongeon dans l’horreur brute

Comme je l’écris déjà depuis plusieurs semaines, en Occident, le mensonge visant à cacher et protéger la présence de nombreux nazis en Ukraine sera difficile à tenir... Selon une rhétorique absurde et même ridicule tellement ces nazis sont visibles depuis 8 ans qu’ils agissent en Ukraine, il n’y aurait selon des « analystes » de journaux comme Le Monde, à peine un régiment de néonazis, en la personne d’Azov, et encore les 3 000 hommes de l’unité ne seraient pas tous des nazis... Fièrement, Le Monde lançait même un 3 % de l’armée ukrainienne. Oui mais... depuis 2014, nous autres qui combattons fermement cette propagande, nous avons pu les voir et les observer ces néonazis d’Ukraine et d’ailleurs !

Plus de 10 bataillons, au bas mot, sans parler d’unités indépendantes de partis ultranationalistes et néonazis, comme le Pravy Sektor, ça laisse des traces très visibles sur les réseaux sociaux. La quantité de massacres, tueries, viols et exactions dans le printemps et l’été 2014, fut remarquée, il ne pouvait en être autrement, par des associations en charge de la défense des droits de l’Homme comme Amnesty International. Pour la première fois depuis 1945, une Europe nazie pouvait s’exprimer, battre le pavé, s’armer, former des bataillons et bientôt se livrer à des massacres et reprendre le grand rêve hitlérien : s’attaquer au monde slave pour le dominer et l’anéantir. Aussi sur les réseaux ils ne se sont pas privés de parader, de publier, de filmer, en racontant même à l’envie ce qu’ils feraient aux Russes du Donbass, à leurs femmes et à leurs enfants. Dans l’Ouest, des jeunes gens propres sur eux se sont mis à poster des images explicites, notamment comment « mettre au four les enfants russes » ou encore ce fameux stand de « Shaourma à base de viande d’enfants de Moskals ». Cela faisait rire beaucoup de gens en Ukraine, au point de les voir défiler avec les portraits des criminels de guerre ukrainiens de la Seconde Guerre mondiale, de ré-enterrer des anciens SS en grande pompe, ou bien de défilés avec des flambeaux, des milliers de gens hurlant des cris racistes et assassins.

Des 300 de Zaporojie à la levée de Tornado à partir des criminels du bataillon Shakhtiorsk. Le bataillon Tornado fut formé assez tardivement dans l’oblast de Zaporojie (septembre 2014), dans une région massivement pro-russe et qui avait nécessité des répressions violentes. En Occident on ne peut se souvenir des fameux « 300 de Zaporijie », de courageux hommes qui protestèrent dans la rue contre le Maïdan, portant le fameux ruban de Saint-Georges célébrant la victoire contre l’Allemagne Nazie. Ils furent encerclés par des activistes du Maïdan, violents, armés et qui les encerclèrent pendant plusieurs heures. Ils furent bombardés de farine, d’œufs et de détritus, de pierres et de bouteilles et copieusement insultés et menacés. La Police laissa faire et ces hommes purent finalement se dégager, mais il est presque certain qu’ils furent décomptés et repérés. Ceux qui ne s’enfuirent pas dans les semaines suivantes, furent probablement arrêtés, torturés et assassinés par les extrémistes des partis ultranationalistes, les bandes armées des bataillons spéciaux, ou la terrible police politique du SBU. Pour venir à bout de ce sentiment russophile et des valeurs qui vont avec, l’Ukraine envoya dans l’Est la quasi totalité des fameuses compagnies de défense du Maïdan, qui avaient fait la Révolution « de la dignité » à Kiev durant l’hiver 2013-2014. Ils étaient devenus gênants, ils furent employés pour répandre la terreur dans l’Est, avec carte blanche et chèque en blanc. Le déchaînement de violence qui s’ensuivit restera à jamais gravé dans la mémoire du Donbass et de l’Est de l’Ukraine. Un horrible cortège de morts, d’enlèvements, d’assassinats, de pillages, de dénonciations et un exode sans précédent (au moins 1,5 millions de Russes du Donbass, et sans doute au moins 3 millions de Russes de l’Est de l’Ukraine et de toutes les zones ethniquement et culturellement russes.

Les choses tournant très mal dans le Donbass, avec une succession de défaites inquiétantes pour les bataillons de représailles de l’Ukraine, il fut bientôt nécessaire d’envoyer des renforts. C’est dans ce contexte que fut créé le bataillon Tornado, avec les débris du bataillon Шахтёрск (Shakhtiorsk), qui s’était distingué plus que tout autre, dans les tueries et les crimes contre les populations du Donbass (notamment à Marioupol, à Mariinka et Pesok). Un rapport publié par l’Union ukrainienne d’Helsinki pour la défense des droits de l’Homme, s’attacha à décrire le comportement odieux des hommes de Shakhtiorsk. En particulier l’enlèvement arbitraire de civils de Mariinka, leur transformation en esclaves, notamment pour servir de boucliers humains, pour travailler à des travaux de force, ou pour devenir des objets sexuels. Les crimes avaient été tellement violents, que le Ministère de la défense ukrainien, ne put que dissoudre ce bataillon couvert de sang et d’opprobre (16 octobre 2014). Ces membres furent versés dans le bataillon Sainte-Marie (versé ensuite dans les troupes supplétives de police, 4e régiment de Kiev), et dans le bataillon Tornado, dont la présentation fut faite aux journalistes à Zaporojie (23 octobre). Très peu d’hommes étaient originaires de cette ville, mais l’effet de propagande était surtout d’en imposer à la population et de tenter de remonter le moral déjà défaillant des Ukrainiens du front et de l’arrière. Par bravade, le bataillon fut déclaré comme devant servir à la manière des commandos SAS britanniques, à savoir s’infiltrer chez l’ennemi et effectuer du renseignement et des sabotages. La réalité qui va suivre en fera frémir d’horreur plus d’un.

Indiscipline, crimes de guerre et pillages. Pour l’étoffer, le bataillon fut renforcé d’anciens habitués des prisons ukrainiennes, criminels de droit commun et arrière-ban des bas-fonds de l’Ukraine de l’ultra corruption. Le résultat ne se fit pas attendre, notamment par l’arrestation à Kiev, de 6 soldats du bataillon par la police du SBU (2 novembre 2014), qui furent cueillis à Kiev armés jusqu’aux dents et déclarèrent venir dans la capitale pour y rassembler de l’aide humanitaire rassemblée pour les volontaires ! A Zaporojie, le bataillon qui posait déjà un problème à lui seul, entra en conflit avec le maire de la ville (12 novembre), bientôt accusé de favoriser « le séparatisme », et de refuser de fournir des locaux et des moyens. Le maire, courageusement, répliqua que le bataillon devait être envoyé sur le front, ce qui fut bientôt ordonné par le haut-commandement ukrainien, il devait prendre position à Berdyansk, une ville sur les arrières de Marioupol (mais pas comprise dans le Donbass). De fait le bataillon grenouilla encore longtemps sur ses bases arrières de Zaporojie et Berdyansk, jusqu’au moment des défaites cuisantes de l’hiver 2014-2015. Dans les conditions des pertes sévères subies dans la bataille de l’aéroport et de celle de Debaltsevo, le bataillon reçu l’ordre de monter en ligne (1er janvier 2015), et fut envoyé sur le front de Lougansk. Craignant les bombardements des insurgés, le bataillon s’installa dans un hôpital en service et ne tarda pas à revenir à ses travers : le pillage et les exactions.

Il commença par se livrer à l’arrestation et au dépouillement des habitants de la région, avec la confiscation des téléphones portables, le vol et les humiliations. Il se rendit vite célèbre par sa cruauté envers les civils, au point que ces derniers en appelèrent à l’armée régulière pour les protéger. Mais ces plaintes n’aboutirent pas. Le bataillon se lança alors dans la fouille illégale des habitations civiles, systématiquement pillées, la réquisition de certaines maisons et de biens, sans parler des coups, des vexations puis bientôt des assassinats de gens désarmés. Les soldats de Tornado passèrent encore des limites, en s’attaquant aux civils, prenant d’assaut de paisibles maisons, tuant les chiens d’une rafale, raflant tous les hommes, des adolescents aux vieillards. Ces derniers étaient rançonnés, en échange de biens divers, d’objets de valeurs, de télévisions, d’ordinateurs ou d’appareils ménagers. Ceux qui n’avaient rien furent détenus, battus et réduits en esclavages dans des conditions terribles. Bientôt ce furent les tortures, la disparition de gens et les viols. Malgré quelques courageuses plaintes de civils risquant leurs vies, rien ne fut fait par la justice militaire, jusqu’à la demande du chef de l’administration d’occupation de l’oblast de Lougansk, de renvoyer le bataillon à l’arrière (17 juin 2015).

De la dissolution forcée, à l’oubli et au camouflage de ces crimes. Après les exactions terribles de 2014, il devenait difficile à l’Ukraine de continuer à couvrir des massacres et des crimes devenant de plus en plus gênants. Une procédure pénale fut engagée contre deux bataillons, dont Tornado et le bataillon néonazi Tchernigov (mars 2015), mais toujours sans réaction du Ministère de la défense. Les exactions continuèrent de plus belle, notamment l’arrêt de trains de transports de marchandises, dans le but « de stopper la contrebande » avec le Donbass. Cette fois-ci les autorités militaires se décidèrent à bouger, le commandant du bataillon Onishchenko fut arrêté avec 8 autres officiers et combattants (deux furent libérés), puis quatre autres encore furent placés en détention (17 juin 2015). L’enquête révéla l’horreur, en particulier une chambre de torture dans un sous-sol d’une école de la ville de Lissichansk et la découverte que des enfants, garçons et filles avaient été torturés avec des adultes et violés, parfois assassinés. Le bataillon fut dissous par un ordre du Ministère de la défense, mais Tornado refusa de rendre ses armes et entra en insurrection armée. S’étant retranché sur ses positions en hérisson, le bataillon resta indélogeable jusqu’à la promesse de sanctions très légères. Seulement alors, il fut envoyé à l’arrière pour être dissous et désarmé. Le procureur général militaire en chef de l’armée ukrainienne entama alors des poursuites contre le chef de bataillon Onishchenko, accusé par 5 chefs d’accusation (son épouse se plaignit de la pureté de leurs intentions... et du désir de libérer Lougansk et Donetsk !). Il fut mis à jour qu’un quart des hommes du bataillon possédait un casier judiciaire, parfois pour des crimes de sang. Une autre salle de torture fut découverte dans l’école du village de Privolnensk et la saisie de téléphone apporta des vidéos tournées lors des séances de tortures et surtout des viols, notamment d’hommes dans des séances d’une perversité inouïe.

Les poursuites judiciaires étaient embarrassantes pour le régime de Kiev, mais encore plus si le bataillon était en mesure de poursuivre ces crimes affreux. Aussi la procédure fut-elle en partie étouffée et lente, le procès à huis-clos pour empêcher la médiatisation. Ce fut finalement l’inverse qui se produisit, les médias ukrainiens se jetant sur l’affaire. En septembre le procureur annonça la fin de l’enquête, mais les membres du bataillon répliquèrent que la contrebande avec le Donbass se poursuivait et qu’ils étaient « des patriotes ». Seuls 12 hommes avaient été emprisonnés et malgré le soutien des partis extrémistes néonazis et ultranationalistes, le scandale était trop grand, ces 12 là furent jugés. Il fallut cependant attendre deux ans, 80 volumes de documentations, 111 témoins et seulement 13 victimes survivantes ayant accepté de parler. Les condamnations furent très légères au vu des crimes, et ne furent prononcées que tardivement (7 avril 2017), 11 ans de prison pour le chef de bataillon Onishchenko, 9 ans pour le major Nikolaï Tsukour, 9 ans pour le Biélorusse Danil Liachouk, 10 ans pour Ilya Kholod, 9 ans et demi pour Boris Goultchouk, 9 ans pour Maxime Glebov et Nikita Koust, 8 ans pour Youri Chevtchenko, 5 ans pour Roman Ibach, Andreï Demtchouk et Nikita Sbiridovskiy. C’était très peu au vu des crimes barbares et de la prison déjà effectuée. Le président Zelenski a annoncé en avril 2022, la libération de prisonniers ayant une expérience militaire... il est à parier que ces fous dangereux ont été libérés et s’en donneront encore à coeur joie s’ils en ont l’occasion contre les civils russes. Quant au reste du bataillon, il avait été versé dans une autre unité supplétive de police, le régiment Mirotvorets (9 octobre 2015). Là aussi, on peut imaginer ce que ces hommes continuèrent de faire dans le Donbass, et quelles tortures ils purent infliger par vengeance à de nombreux civils innocents.

Durant leur procès, ces assassins se livraient encore à des provocations, la simple vu de leurs visages et l’air très satisfait, sans parler du « show » vous démontreront vite à quel type de personnages ces pauvres gens du Donbass avaient eu affaire. Il n’y a pas eu de journalistes de France pour venir raconter cette histoire, officiellement la France de Macron soutien l’Ukraine, Tornado compris, et prétend vous sauver de l’extrême-droite française. Je vous laisse conclure !

Laurent Brayard pour le Donbass Insider


Xi Jinping appelle à la retenue maximale dans le conflit ukrainien

Xi Jinping s'entretient avec le président Biden, ici
Xi Jinping s'entretient avec le président Biden, ici

Alors que la propagande occidentale est à son paroxysme, présentant la Russie et son dirigeant Vladimir Poutine (ou Putin, comme l'écrivent les Anglo-Saxons) comme isolé du reste du monde suite à son invasion de l'Ukraine voisine, le reste du monde observe et ne prend pas forcément partie pour le "camp du bien", le camp américain. C'est ce que démontre le dernier entretien entre des dirigeants européens et le dirigeant chinois.

Lors d'un récent appel, rapporté par l'AFP (Agence France Presse), impliquant les dirigeants français Emmanuel Macron et allemand Olaf Scholz, le président chinois Xi Jinping a appelé à la "retenue maximale" dans le conflit ukrainien, qualifiant la "crise d'extrêmement préoccupante".

M. Xi a déclaré "la nécessité de prendre en compte les préoccupations sécuritaires de tous les pays", et a refusé de condamner l'opération militaire russe en Ukraine, soulignant que "les deux parties maintiennent l'élan des négociations, surmontent les difficultés et poursuivent les pourparlers afin d'obtenir des résultats, et prévenir une crise humanitaire à grande échelle.".

C'est donc un appel au bon sens de la part des Chinois: ne pas intervenir alors même que les deux belligérants cherchent à trouver un terrain d'entente pour rétablir la paix. Mais il faut garder à l'esprit que la Chine risque de se retrouver dans la même situation que la Russie, puisque son projet de récupérer Taïwan par tous les moyens, par sa force armée si nécessaire, est imminent selon de nombreux spécialistes.

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La Russie propose de refaire le monde avec la Chine et l’Inde

Cet article traduit par Marianne Dunlop fait état des travaux d’un club conservateur qui a pris acte de la fin de l’hégémonie occidentale et s’interroge déjà sur le positionnement russe dans ce qu’il estime être le futur grand affrontement : la Chine et l’Inde. Dans l’énumération des atouts, il y a paradoxalement pour ceux qui ont jusqu’ici soutenu le libéralisme l’héritage soviétique, le seul capable de donner une place à la Russie, à tirer partie de ses immenses ressources et à jouir d’un positionnement politique amical entre le socialisme chinois et l’amitié indienne. Dans le fond la crise ukrainienne, ses sanctions ne font que précipiter la tendance. La grande question que pose cette vision hétéroclite reste quelle est la classe dominante et est-elle en mesure d’imposer autre chose que la concurrence des profits, la guerre, ou la coopération socialiste? Visiblement dans le bric à brac proposé l’essentiel est occulté à savoir que par exemple en Chine la dynamique du profit est soumise à “la dictature du prolétariat” comme dans l’ex-URSS ce qui est différent de la dictature du capital. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)


22 avril 2022, 02:51
Photo : Grigory Sysoyev/RIA Novosti

Texte : Mikhail Moshkin

Le monde est sur la voie d’un ordre économique fondamentalement nouveau. L’hégémonie de l’Occident libéral avec son “bâton” de sanction est une réalité passagère. L’agenda du futur proche est une bataille entre le socialisme chinois et la démocratie indienne armée d’intelligence artificielle. Ces opinions ont été exprimées lors de l’ouverture d’un nouveau club de discussion “La Colline des Moineaux” (1). Comment la Russie peut-elle ne pas tomber dans les oubliettes de l’histoire dans le cadre de la transformation mondiale?

Jeudi, la première réunion ouverte du club de discussion du même nom s’est tenue à Moscou sur la Colline des Moineaux.

En un peu moins de deux heures, des présentations ont été faites par Sergei Glazyev, ancien conseiller du président russe et actuel ministre de l’intégration et de la macroéconomie à la Commission eurasienne, le publiciste et auteur Nikolai Starikov, ainsi que des représentants du grand patronat et de la science économique universitaire. Le représentant de Russie Unie, Alexandre Joukov, premier vice-président de la Douma d’État (de 2004 à 2011, vice-premier ministre, conservateur du bloc économique et, en même temps, des “affaires sociales”), a participé activement à la discussion.

Toutefois, il convient de noter que presque tous les intervenants ont souligné qu’ils devaient être considérés uniquement comme des individus. Mais avant tout, en tant que porteurs d’idées destinées à aider la Russie à sortir dignement des perturbations post-sanction actuelles. “Le club discutera de toute question économique, c’est une plateforme non partisane ouverte à toutes les personnes, quelle que soit leur idéologie, qui se soucient du sort de la Russie”, a déclaré au journal VZGLYAD Alexander Babakov, l’un des organisateurs du club et le vice-président à la Douma d’État de Russie Juste – Pour la vérité.

L’une des idées discutées était le “Concept pour le renforcement de la souveraineté russe” (CURS) (2), qui a été présenté il y a environ un mois par un groupe d’économistes. Comme l’a expliqué Babakov, le CURS repose sur six idées.

La première est l'”émission ciblée”, c’est-à-dire la mise en circulation contrôlée de monnaie par le gouvernement pour une tâche spécifique. Cette tâche (c’est aussi le deuxième principe du CURS) est la construction d’une “économie multisectorielle”, ce qui implique de s’écarter du modèle purement marchand et de développer des industries indépendantes des approvisionnements étrangers : construction mécanique, production de biens de consommation, etc.

Pour cela, il est nécessaire de résoudre la troisième tâche : créer – ou plutôt recréer – un système de planification étatique. Pas le Gosplan à la soviétique, qui “dirige tout, jusqu’à la production d’un simple clou”, mais un système de planification stratégique au niveau des industries. “En utilisant les dernières technologies pour collecter et traiter de grandes quantités de données”, précisent les développeurs du CURS.

Les quatrième et cinquième principes sont liés entre eux. C’est l’introduction du concept de “coût équitable du travail”, que les économistes libéraux ignorent. Ce coût “doit inclure tous les coûts nécessaires pour assurer une qualité de vie élevée au travailleur – une bonne alimentation, un logement, des loisirs culturels, une éducation pour ses enfants, des possibilités de rétablir la santé et bien plus encore. En outre, CURS propose de mettre en œuvre en Russie l’idée bien connue (quoique controversée) d’un revenu de base inconditionnel : chaque Russe est reconnu comme copropriétaire des ressources de base du pays et bénéficiaire d’un certain dividende national du fait de sa naissance.

Enfin, le sixième principe est géopolitique. Les auteurs du concept appellent à la formation d’un “contour économique autosuffisant de la Russie” sur la base de l’Union économique eurasienne (UEEA). Il implique l’introduction du rouble numérique eurasien avec un centre d’émission unique – et qui devrait devenir le seul moyen de paiement (à la place du dollar, de l’euro ou du yuan) dans les règlements mutuels au sein de l’UEEA. Le nouveau bloc eurasien, avec 200 millions d’habitants et la Russie comme chef de file, devrait devenir la cinquième économie mondiale après la Chine, les États-Unis, l’Union européenne et l’Inde, selon les concepteurs de CURS.

Toutefois, précisent les organisateurs du Club, le concept proposé n’est pas un dogme, mais un sujet de discussion. “Nous voulons discuter, argumenter, car lorsque nous communiquons avec le gouvernement, il est souvent très difficile de trouver un consensus. Ce n’est qu’ici que nous avons la possibilité de discuter directement avec Sergueï Glazyev et Alexandre Joukov”, a déclaré Sergueï Mironov, coprésident de Russie juste et chef de sa faction à la Douma, en présentant le CURS et le club.

Toute la discussion a été accompagnée d’une métaphore, dictée par la proximité du lieu de réunion – le tremplin sportif sur les Collines des Moineaux. Notre économie doit maintenant “faire un bond” sans tomber dans le gouffre de la crise, ont souligné les participants à la discussion. “En fait, il y a deux tremplins, l’un est démantelé et l’autre est en réparation”, a fait remarquer le modérateur de la réunion, le journaliste et présentateur de télévision Igor Vittel. Cela a également été interprété de manière métaphorique :

Toutes les recettes traditionnelles pour le développement de la société, qu’il s’agisse du libéralisme de marché classique ou du “socialisme réel”, soit ne fonctionnent pas, soit doivent être “repensées”.

“Malheureusement, ces idées que nous défendions de manière si active et optimiste dans les années 70 n’ont pas pu être mises en pratique pour un certain nombre de raisons objectives et subjectives. Mais si elles peuvent être mises en œuvre maintenant, je ne pourrai qu’applaudir”, a fait remarquer M. Joukov, premier vice-président de la Douma.

“Je ne peux pas convenir que le système soviétique s’est avéré non viable”, a rétorqué M. Glazyev. – Si c’était le cas, nous n’aurions pas gagné la Grande Guerre Patriotique. Mais le système planifié soviétique n’a pas fonctionné à la fin des années 1980, ne répondant pas aux nouveaux défis. Cependant le socialisme a survécu en Chine, même si c’est un socialisme différent”.

L’humanité est en train de passer à un nouvel “ordre économique mondial”, note l’économiste dans son rapport. Selon Glazyev, le monde s’éloigne du “modèle impérial” (incarné par les pays du capitalisme classique dirigés par la superpuissance-hégémonique des États-Unis) – pour se diriger vers un “ordre économique mondial intégré”. “Il s’agit d’un nouveau système de gouvernance qui intègre tout ce qui a été élaboré jusqu’à présent. Mais le fait est que l’État dans ce système fonctionne comme un arbitre et un chef d’orchestre”, a expliqué l’expert.

M. Glazyev prédit que, dans un avenir proche, le développement économique de la planète sera déterminé par deux puissances – et ce ne seront pas les États-Unis et la Chine, comme cela semble être le cas actuellement. L’analyste estime que “le système actuel du capitalisme libéral centré sur l’Amérique a rendu l’âme”. Les concurrents seront la Chine (avec son socialisme à spécificité nationale) et l’Inde – “une démocratie d’un milliard et demi d’habitants, qui adoptera bientôt l’intelligence artificielle”, estime M. Glazyev. La tâche de la Russie dans les nouvelles conditions est de “se trouver au centre du nouvel ordre économique mondial et non en marge de celui-ci”.

“Pour ne pas se retrouver au bord du chemin, il faut faire ce que font les pays du noyau dur du nouvel ordre économique mondial. Il s’agit de la planification stratégique plus la concurrence du marché”, a expliqué M. Glazyev au journal VZGLYAD à la fin de la réunion du club. – L’augmentation du bien-être social devrait être désignée comme l’objectif.

“En tant que citoyens, nous devrions analyser les mesures prises par le gouvernement et les différentes institutions du pouvoir pour atteindre cet objectif”, a déclaré à son tour M. Babakov. – Tous les instruments de l’administration de l’État, y compris les systèmes monétaires, de crédit et bancaires, doivent tendre vers cet objectif d’amélioration du bien-être de la société. Ce système devrait avoir pour mission de maximiser les investissements. S’il y a maximisation de l’investissement, il y aura automatiquement minimisation de l’inflation.

“La route est déjà tracée ici”, a ajouté M. Glazyev. – Nous n’avons pas besoin de suivre aveuglément le FMI, ni de pleurer après les dollars américains et les institutions financières de Washington, nous devons nous engager dans un développement fondé sur les principes qui fonctionnent parfaitement bien en Chine, en Inde et dans l’ensemble de l’Asie du Sud-Est. Nous avons une énorme expérience dans ce domaine, et certains ont pris des leçons chez nous à l’époque…

Aujourd’hui, nous sommes tout à fait capables de nous développer à un rythme d’au moins 10 % par an si nous mettons en œuvre cette approche systématique globale de la gestion du développement.

“Nous avons suffisamment de ressources dans le secteur financier. Nous pouvons émettre autant d’argent que nécessaire pour approvisionner notre propre pays en production industrielle et en consommation naturelle”, affirme M. Babakov. Quant aux sanctions occidentales qui nous visent, elles n’ont fait que montrer que “nous devons résoudre les problèmes de développement économique nous-mêmes, par nos propres moyens”.

(1) Qui s’appelait les Monts Lénine à l’époque soviétique, c’est là que se trouve la gigantesque Université de Moscou.

(2) Le sigle en russe est riche de significations : “cours”, “ligne politique”, “manuel”, “instruction”, “année universitaire”.


Mélenchon ! comment tout faire exploser en jouant les victimes…

Voici l’article d’un militant communiste qui circule sur les réseaux sociaux… Comme il dit certaines choses que je pense, à savoir que la seule obsession de Mélenchon c’est de rouler pour sa pomme et d’écraser ceux qui ne veulent pas plier devant lui et détruire sans construire, la démonstration est faite une fois de plus de la manière dont il s’en prend au PCF ou du moins ceux des militants qui ne s’agenouillent pas devant lui, cette fois ce sont les camarades de VENISSIEUX qui sont la cible. Le réflexe d’un camarade à une manœuvre concoctée par la FI avant même toute discussion en sachant qu’à l’intérieur du PCF il y a des gens de la direction qui soutiennent l’opération contre la section de Venissieux coupable d’avoir toujours refusé la liquidation à laquelle ils œuvraient. Personnellement il me serait difficile de vivre une telle cohabitation et j’ai donc bien fait de prendre mes distances (Danielle Bleitrach POUR HISTOIREETSOCIETE)

Ne pas perdre la boule, même si c’est pas évident. LFI a eu la très bonne idée de parachuter Taha Bouhafs dans la circonscription de Vénissieux dans le Rhône. Une manœuvre digne de la Majo de l’UNEF, dont l’objectif seul est de faire exploser toutes négociations au plan national, tout en faisant en sorte de ne pas en porter directement la responsabilité, voire, au passage, de se faire passer pour des victimes. Un bon coup de pute. Bien calculé.

C’est une punition, doublée d’une humiliation, pour une des sections de France les plus importantes du PCF, qui a toujours été à contre-courant de la direction du PCF, en 2012, en 2017, qui a toujours été opposée au soutien à Mélenchon, et qui a contribué à l’élection de Fabien Roussel à la tête du Parti, contre ceux qui prônaient une dissolution lente dans LFI. C’est clairement fait exprès.

D’ici là à ce qu’un accord national soit trouvé, mais que les camarades de là-bas présentent quand même un candidat, puis que LFI se servent de ça pour présenter en dernière seconde une candidature dans une circonscription communiste, et que ça fasse boule de neige, il n’y a qu’un pas.

Par contre, il ne faut pas dire n’importe quoi. Par contre, même si l’insulte est grande, il serait bien venu de ne pas reprendre à son compte les arguments de l’extrême-droite contre Taha Bouhafs. Bouhafs n’est pas un islamiste, un intégriste ou un frère musulman ou je ne sais quoi. En revanche, c’est un aventuriste, un provocateur, un mec qui a l’insulte facile, un chien de garde de Mélenchon, qui derrière ses grands airs ne voit pas plus loin que sa petite carrière. On passera sur ses insultes en série, toutes plus ridicules les unes que les autres, envers des militantes, des syndicalistes. On passera sur son opposition au droit au blasphème, même sur ses insultes à nos morts. Dans le fond, il ne fait que se donner en spectacle.

C’est une ordure, c’est tout. Une ordure qu’on nous colle dans les pattes au pire endroit possible pour faire tout exploser et pour nous humilier, et qui finira par exploser dans les pattes de LFI aussi. J’espère qu’on s’en sortira…

Note de Pedrito

Une nouvelle preuve, si besoin était, de l'abominable personnage: union populaire, soit, mais autour de "moi." "Un pour tous, tous pour moi, aimez-moi les uns les autres". N'oublions pas son "je  suis la République", il fallait oser, il l'a fait, et ceci s'adressera de la même manière autoritaire à ceux qu'il affrontera pour s'imposer.

Quand le PC prônait l'Union Populaire, çà n'était pas autour d'un sauveur suprême, mais autour du parti communiste à l'époque puissant et respecté, et pouvant servir de fédérateur. 

Avec de tels loustics, aujourd'hui, la sortie du marécage de la gauche pour devenir majoritaire n'est pas pour demain.