UNE TARDE ORTHÉZIENNE DÉCEVANTE !
3/5 ème d’arène pour cette tarde ORTHÉZIENNE de la déception, du doute(bof), et de l’amertume, dont les aficionados attendaient tant. Trop, sans doute….
C’est d’une telle évidence, les AGUIRRE n’ont pas, loin de là, et c’est un doux euphémisme, comblé les espoirs que nous mettions en eux depuis de longues semaines. Et j’ai beau observé à la loupe les photos de Bilbanero, de Cigarrero, de Langosto, et de leurs frères, publiées sur le dépliant des fêtes, après avoir vu la vidéo, je ne décèle aucun piton anormal, tous limpios, alors que les animaux, TOUS, sortis hier au Pesqué, portaient des stigmates douteux, tellement douteux que j’ai entendu autour de moi parler de toros dignes du rejon. Tout çà ne fait pas très sérieux, tout çà fait mal à la corrida, et éloigne à chaque fois un peu plus des tendidos des aficionados déçus et trompés. Écoeurés ! Un os de plus au travers de la gorge, avec la désagréable sensation que la fraude s’installe inexorablement, même là où on le l’attendait pas, malgré toute l’admiration affectueuse que je voue au Président de la commission taurine d’ORTHEZ, je me demande, et nous sommes nombreux à nous demander, qu’est-ce qui se passe, ou que s’est-il passé, pour que ces toros annoncés « certifiés limpios » aient été à ce point défigurés ?
Soupçon d’afeitado général largement partagé autour de nous, - au moins une corne en pinceau à chaque animal, parfois les deux- Malaise qui ne s’est pas départi de toute la tarde, dès la sortie du premier, destiné à FRASCUELO. Pour ce qui concerne sa toreria, le matador conserve encore quelques gestes précieux de sa planta romantique et de sa classe de lidiador, mais il m’a aussi rappelé les dernières heures sombres de Curro ROMERO, en pleine débâcle de sa despedida qui n’en finissait pas de finir, alors qu’il était poursuivi par un torito mollasson, et qu’il fallait une nuée de nombreuses capes providentielles pour le sortir de ses mauvais pas. Certes, FRASCUELO n’est pas le bouffon que fut le Sévillan, mais il me parait raisonnable qu’il laisse aux plus jeunes le soin de perpétuer l’art de CUCHARES. Cada uno en su sitio. Face à son premier, il fit illusion, le temps de quelques véroniques, mais c’est le toro qui s’imposa vite en maître absolu du ruedo béarnais. Mise en suerte ratée, d’abord, pique dans l’épaule – piquero carnicero et matador complice, pourquoi se gêner ?- puis deuxième embestida partant de plus loin. A partir de là, pico, gestes mal assurés, désarmés, poursuite, toreo à reculons, et au final, abandon. Le toro, bouche fermée, se couche après une entière desprendida. Mort laborieuse, après multiples descabellos. Impossible équation pour le madrilène, quelques sifflets malséants.
Pique assassine pour le second, dans l’épaule, mais applaudie par un public ignarissime: à ces réactions anachroniques, on jauge là l’aficion nouvelle. Deuxième rencontre : le Dolorès s’échappe. Troisième pique : DANS LE DOS ! Il s’échappe encore, heureusement pour lui,il fuit un châtiment qui ne s’imposait pas, c’est un manso, certes, mais parfois, comme ici, çà sert. Pour la faena, évidemment, aucune charge, bouche fermée, refus de combattre, malgré des pattes d’acier, mais entre les cariocas qui plus est traseras, et une corne droite raccourcie, son moral en a pris sans doute un sacré coup. Profil du marador, reprofil, avec le pico, torchonnades approximatives, de celles qui accentuent les défauts, ajoutées aux mises en suertes interminables pour la pose des banderilles, la totale ! Avis, une entière, douze descabellos. Circulez, monsieur Raùl VELASCO, bagage insuffisant. A ne pas revoir.
Deux pitons amputés, pour le toro reçu par Alberto LAMELAS, et de plus, il boite incontestablement. Quelques draps verts déployés çà et là, dans les tendidos. Le palco hésite, puis ordonne le changement. Par bonheur, il reste encore quelques aficionados intègres, et prévoyants, qui gardent la bouche ouverte et les yeux en éveil.
Le toro qui sort est le second qui était prévu pour LAMELAS, dommage là aussi que le public ne reçoive aucune information officielle, au fur et à mesure des incidents et changements provoqués. La corne gauche du quadrupède ressemble à un pinceau, mais celui-là n’a rien d’un artiste : il renverse la cavalerie, et manque rééditer son exploit au cours de la troisième rencontre. Il s’avère dur à fixer, solide sur ses pattes. LAMELAS lui impose sa loi, au cours d’une faena exclusivement droitière, certes, mais volontaire et poderosa, réussissant à canaliser la charge désordonnée d’un animal au départ difficile à fixer. Conclusion par un bajonazo. Hélas !!
Le second opposant de FRASCUELO est un negro bragado puissant. Et le jour d’ORTHEZ tant attendu se transforme vite en débâcle. En plus rapide encore, le matador duplique sa démission du premier. Hésitations, reculades, il est assez pitoyable. Pas assez cependant pour une partie du public – impitoyable, celui-là- qui le conspue, sans doute parce qu’il a été trop longtemps privé de faena, de triomphe espéré, d’oreilles, après une demie hasardeuse pour se débarrasser de son autre insoluble problème.
Manso de gala, également, le quinto non malo est un negro bien présenté. Mise en suerte laborieuse, le chevel de « PIMPI » ne semble pratiquer que la marche arrière. Picador désarçonné après la première embestida, mais cheval resté debout. Panique générale dans le ruedo, le toro fonçant partout, FRASCUELO y laisse la deuxième cape de la tarde. Troisième pique évidemment assassine – assassiner les toros sur les ordres de leurs petits chefs, c’est la spécialité de la plupart des piqueros - Banderilles à la sauvette, en courant au cul du toro : là aussi, les professionnels sont rares, et d’autant plus appréciés que les premiers, les nuls, sont méprisables. Et recommence le sempiternel numéro de passes profilées, pour un animal qui nous a paru mériter une vraie lidia qui pouvait mettre en valeur les deux opposants. Des passes encore, sans relief, sans dominio, un pinchazo, et une entière trasera. Le toro lutte longuement contre la mort….la caste à fleur de cuir …. Meurt en brave, à genou, dépouille applaudie. Sans doute le plus complet de la tarde. Mais VELASCO a confirmé qu’il était largement en dessous de ce qu’on pouvait attendre d’un lidiador. Un second couteau, sans plus !
Le dernier de la tarde, pour LAMELAS : cornes esquintées, honteusement abimées. Un manso qui court, évite le cheval. Première pique : dans l’ÉPAULE ! Seconde pique : dans le DOS ! Changement après la troisième. Pauvre toro, pauvre aficion ! Et pauvre corrida : comment et quand finiront ces saloperies ? La pluie nous trempe, le froid nous gagne, vivement la fin, tellement cette tarde est triste jusqu’au bout. Mais pas seulement par le temps, hélas LAMELAS partage sans doute notre avis : il abrège, dans l’indifférence et l’apathie, générales.
Retour : lot bien présenté, hormis les armures. Scandaleusement mutilées. Comment ? Pourquoi. ? Par qui ? Piqueros voyous. Cuadrillas souvent à la dérive, dépassées, mais avec le culot, et l’œil mauvais, pour certain, de toiser les aficionados qui osent exprimer dégoût ou désaccord.
Depuis quand et pourquoi déclancher la musique au cours d’une suerte de picar méprisable ?
Quand les clarines sonnent, pourquoi la peña musicale continue-t-elle de jouer jusqu’à couvrir leur sonnerie ? Beaucoup trop de monde dans les callejons, qui n'ont rien à y faire. Quand va cesser cette manie du copinage, des passe-droits?
Et puis, surtout, à quoi servent les alguaciles, sinon à rien!
Photos sans légende. Pour les cornes, surtout, cliquer.