jeudi 7 mai 2020

Nous vivons le temps des crétins diplômés

mercredi 6 mai 2020 par Francis Arzalier (ANC)
Depuis deux mois que la Nation Française à été enterrée vivante sous le nom fallacieux de confinement, nous avons pu juger des "Élites " qui nous gouvernent. Elles ne se limitent pas aux quelques milliers de politiciens au pouvoir, Président, Ministres et sous-ministres, qui, depuis le début, après avoir tenté en cultivant la peur irraisonnée pour créer une " Union Sacrée" autour d’eux, ont multiplié les discours ampoules, avec une seule et unique logique : Démagogie et Incohérence.
Mais ce Monarque et sa Cour s’entourer d’une nébuleuse "d’experts", qui nous abreuvent à longueur d’antenne de conseils ressassés et contradictoires. " Faites ceci, ne faites pas cela ! ".
Experts en tout, bien sûr, car ces Messieurs-Dames qui forment nos " élites ", croient qu’à partir du moment où on a fait des études et reçu, au bout, un diplôme d’État, on est capable de juger à la place des intéressés de ce qu’ils doivent faire, dans la rue, chez eux, dans l’entreprise...

Le problème est que l’agrégation de lettres ou de mathématiques ne confère à ceux qui l’ont obtenue aucune compétence en matière médicale et sociétale. Or la nébuleuse de Comités, même quand ils sont dits par abus "scientifiques ", chargés depuis deux mois de nous dire chaque jour ce que nous, Citoyens lambda, devons faire ou ne pas faire face à l’épidémie, ont été désignés par fait du Prince, pour la seule raison qu’ils sont bien vus à l’Élysee.
Nous sommes revenus à la Monarchie d’avant 1789, que Beaumarchais dénonçait dans Figaro : " " Il fallait à la France malade un médecin, c’est un danseur qui fut nommé ! "
D’où la cacophonie des décisions prises et claironnées depuis deux mois, se contredisant d’un jour à l’autre, suivant l’humeur du Prince et de sa Cour. On enferme toute une Nation, mais on se refuse durant plus d’un mois à tester les malades éventuels, les seuls susceptibles de transmettre le virus, comme le font les pays voisins, l’Allemagne par exemple. D’où la contradiction entre le confinement généralisé, et l’ouverture prématurée des écoles et des transports. Etc...
La France de Macron, déjà traumatisée par ses offensives libérales contre les conquêtes sociales, sera t’elle aussi celle du Père Ubu ?

MAIS COMBIEN SONT PAYÉS CES MANGE MERDE POUR LEUR SALE TRAVAIL ?

Les éditorialistes réussissent à confiner la critique du gouvernement


Pour ne pas déplaire à Édouard Philippe, qui s’agace devant l’Assemblée de la morgue des commentateurs de café du commerce, LCI et BFMTV sélectionnent les experts les plus conciliants.
« Bonsoir à tous, salue Gilane Barret. Dans quelques instants, nous allons applaudir notre personnel soignant. » Applaudir avec BFMTV ? Sans moi. Depuis que la chaîne, dont les éditorialistes pourfendent les services publics depuis des années, retransmet chaque soir ces applaudissements, je préfère m’abstenir et faire brailler mes enceintes avec ce titre de R.A.D, cette adaptation familiale des Béruriers ou celle de Brel par Les Goguettes. Le rendez-vous de BFMTV est même devenu une rubrique à part entière, baptisée #20H on applaudit. Et, comme toutes les rubriques, elle ne manque pas d’être présentée par un sponsor, histoire de joindre le profit au pitoyable. « Lidl soutient # 20H on applaudit sur BFMTV et s’associe à la solidarité nationale en applaudissant aussi tous les salariés de la chaîne alimentaire. » Attention, c’est pour la bonne cause : « L’ensemble des recettes générées par ce partenariat seront reversées à la Fondation des hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France. » Dont les présidente est Brigitte Macron. Une nouvelle fois, la charité se fout de l’hôpital.

Au 20 heures de France 2, Nathalie Saint-Cricq anticipe le discours d’Édouard Philippe devant l’Assemblée. « Ça fait partie des choix les plus délicats depuis l’après-guerre. » Tandis que l’allocution d’Emmanuel Macron, le 13 avril, était qualifié sur BFMTV de « discours le plus important de l’histoire de la Ve République ». Pas de doute, nos dirigeants sont en train d’écrire l’Histoire (avec une grande hache). L’éditorialiste s’inquiète pour le Premier ministre. « Si vous rajoutez à cela que les Français, par rapport aux autres opinions, sont les plus exigeants… Conclusion, l’exécutif joue très gros. » Ces maudits Français sont vraiment ingouvernables. Nathalie Saint-Cricq va bientôt proposer, puisque le peuple n’est pas content, de changer de peuple.

À l’orée du discours le plus attendu de l’Histoire de France, Sylvain Maillard, député LREM, est l’invité de BFMTV mardi matin. Il étrenne un nouvel élément de langage pour expliquer le « changement de doctrine » sur le port du masque. Le docteur Christian Lehmann m’a mâché le travail en le retranscrivant dans sa précieuse chronique pour Libération. « Sur les masques, je veux profondément démentir la chose, je comprends qu’on puisse s’étonner d’un changement de doctrine, c’est le cas, mais là… euh… le changement de doctrine, il est pas politique, il est scientifique, les mêmes scientifiques qui nous disaient… euh… il y a deux mois ou qui ne parlaient pas, disaient que le… que le… qu’en tout cas le masque n’était pas quelque chose qui… qui… servait à… qui devait servir aux soignants mais pas au grand public, à l’heure actuelle ils nous disent plutôt l’inverse alors nous on s’adapte, on écoute le scien… les… le comité scientifique, on écoute l’Académie de médecine qui ne s’était pas prononcée et qui nous dit que les masques sont utiles. »

Si la population n’a pas pu porter de masques, c’est donc la faute aux scientifiques. « Visionner cet extrait, commente Christian Lehmann, c’est mesurer à quel point le pouvoir prend les Français pour des abrutis. » Et BFMTV aussi, puisque Sylvain Maillard n’est pas démenti. Et LCI aussi, puisque Roselyne Bachelot y répète cet argument depuis trois semaines. Je me demande même si ce n’est pas elle qui l’a inspiré à la majorité. Quelques heures plus tard, Édouard Philippe en use aussi à l’Assemblée : « Les scientifiques eux-mêmes ont évolué. Au début, beaucoup nous disaient que le port du masque en population générale n’était pas nécessaire. Et nous l’avons répété. Ils nous disent aujourd’hui – parfois les mêmes – qu’il est préférable de porter un masque, et il me revient donc de le dire. » Parfois les mêmes ? Ces scientifiques sont vraiment des girouettes, ils changent d’avis comme de surblouse (quand ils en ont). À moins que nos dirigeants soient des menteurs patentés… comme le prouve cette anthologie d’avis médicaux sur le sujet, publiée par le Huffington Post.
À l’issue du discours le plus important de l’Histoire de l’Occident chrétien, je suis d’autant plus curieux d’en découvrir les analyses qu’Édouard Philippe les a disqualifiées par avance : il s’en est pris aux « commentateurs ayant une vision parfaitement claire de ce qu'il aurait fallu faire selon eux à chaque instant. La modernité les a souvent fait passer du café du commerce à certains plateaux de télévision ; les courbes d'audience y gagnent ce que la convivialité des bistrots y perd, mais cela ne grandit pas, je le crains, le débat public ». Je reconnais que la convivialité des bistrots laisse à désirer depuis le 15 mars. D’où le gain enregistré par les courbes d’audience.

Afin de ne pas s’attirer les foudres du Premier ministre, BFMTV a trouvé la solution : faire appel à trois éditorialistes macronistes. « Pour en parler, Anna Cabana, éditorialiste politique BFMTV, Alain Duhamel, éditorialiste politique BFMTV, Ruth Elkrief, qu’on ne présente plus. » Puisqu’elle est éditorialiste BFMTV. « Tout d’abord, Ruth, la tonalité de ce discours ? ». « C’est un ton très grave. » « Le ton était d’une extrême gravité, confirme Nathalie Saint-Cricq sur France 2. Édouard Philippe a choisi le pragmatisme et la prudence. » Et la perfection dans le génie. De telles analyses consolent du peu de convivialité des bistrots.
Pour trouver d’autres « commentateurs ayant une vision parfaitement claire », je zappe sur CNews où le titre de l’émission Punchline a tout pour contenter Édouard Philippe : « Déconfinement, les spécialistes réagissent ». J’espère bien entendre l’avis de spécialiste de Jean-Claude Dassier mais je tombe sur un duplex avec un « économiste », Nicolas Bouzou. « Est-ce que les conditions de la reprise économique sont réunies pour le 11 mai ? », lui demande Laurence Ferrari. « On va vers une économie de la distanciation physique, il va falloir faire de la croissance économique comme ça. » Puisque la croissance est notre salut. « Ce qui n’est pas du tout inintéressant, c’est une façon de travailler tout à fait nouvelle. » Surtout dans le BTP, où les techniques de contruction ont été révolutionnées par Muriel Pénicaud, comme l’illustre cette édifiante enquête de Radio France. « C’est peut-être une occasion, dans les entreprises, d’apprendre à travailler autrement et de passer à des relations entre les managers et les salariés beaucoup plus basées sur l’autonomie et sur la confiance. » Le Covid-19 au secours de la démocratie sociale, c’est inespéré.

Laurence Ferrari demande « un dernier mot, Nicolas Bouzou, à propos de l’application StopCovid. C’est une bonne chose ? » « Je suis libéral sur le plan politique », rappelle l’économiste avant de juger l’utilisation d’une application « moins liberticide » que le confinement. « Si je vivais dans une dictature, bien évidemment, je ne tolérerais pas une telle application mais je vis dans un État de droit… » Celui où il n’est pas admis de parler de violences policières. « … Et si ça nous permet de retrouver une vie normale, je dis oui, mille fois oui. » « Merci de cet optimisme », salue Laurence Ferrari. Mon moral fait un bond.Je rejoins LCI qui, pour ne pas déplaire au gouvernement, a aussi réuni trois de ses supporters. Olivier Duhamel, macroniste modéré, qui sort un livre écrit avec le président du très libéral Institut Montaigne. La professeure Karine Lacombe, macroniste fervente, et Philippe Douste-Blazy, ex-camarade d’Édouard Philippe à l’UMP, présenté comme « ancien ministre de la Santé » (il a initié la bienfaisante tarification à l’acte) mais rarement comme candidat LR dissident aux municipales à Paris. Et fan de Didier Raoult… tout en étant membre du conseil d’administration de son Institut.

Olivier Duhamel est enthousiaste. « C’est absolument considérable de dire que peut-être il ne déconfinera pas. » Admirable. « Le message, c’est d’abord : “Arrêtez de vous relâcher !” Parce que ce qu’on constate, c’est des signes de relâchement. » Maudits Français notoirement indisciplinés en plus d’être injustement exigeants. « Moi, je suis un homme de santé publique, renchérit Philippe Douste-Blazy, donc je suis content qu’Édouard Philippe ait fait un discours de sécurité sanitaire. L’ennui, c’est qu’il faut aller jusqu’au bout, il faut expliquer militairement ce qu’on va faire. » Le bon sens militaire, on ne sait pas mieux faire.

Karine Lacombe se félicite d’un déconfinement département par département. « C’est tout à fait logique. » « C’est pas du tout pour vous contredire, se permet Olivier Duhamel, mais cette évidence sanitaire est quasi une révolution intellectuelle. On avait dit qu’on ne le ferait pas. Les Jacobins s’étranglent. » Ce gouvernment est vraiment révolutionnaire. « C’est peut-être le mot “déconfinement” qui était mal choisi, suggère David Pujadas. Avec le maintien de l’interdiction des plages, par exemple. On montre toujours cet exemple de Hong Kong… » Une photo de plage hongkongaise apparaît.

« C’est de l’autodiscipline, une distance de deux mètres entre les parasols, des gens qui se baignent loin les uns des autres… Vous êtes pas convaincue, Karine Lacombe ? » « Je ne vois pas comment on peut appliquer cette discipline-là sur les plages françaises. » Puisque les Français sont indécrottablement indisciplinés. « Ça vous semble impossible. On n’a pas le caractère autodiscipliné ? » On a le caractère gaulois réfractaire. « Aller à la plage, juge Karine Lacombe, ça reste un loisir qu’on peut remettre à quelques semaines ou quelques mois. » C’est même préférable : il y a beaucoup moins d’algues vertes sur les plages bretonnes au mois de décembre.

Olivier Duhamel psalmodie : « Le discours de Macron, c’était “11 mai”, “11 mai”,“11 mai”… Et là c’était “2 juin”, “2 juin”, “2 juin”… » « Nan mais il s’adapte à la réalité épidémiologique », le défend Karine Lacombe. Olivier Duhamel précise : « Nan mais c’est pas une critique. » Il ne manquerait plus que ça. « J’essaie d’analyser le plus exactement possible. » Et le plus fidèlement.
Pour élargir le spectre des opinions représentées, « on a le plaisir de retrouver Olivia Grégoire, députée LREM de Paris », se réjouit David Pujadas. « J’ai écouté avec attention le plateau de qualité, confie l’élue, parce que vous avez des intervenants de qualité qui savent de quoi ils parlent. » Puisqu’ils soutiennent le gouvernement de qualité. « J’ai beaucoup apprécié l’intervention de madame Lacombe. » Et son impartialité. « Madame Lacombe l’a dit, l’interdiction des plages, oui, c’est casse-pied. Moi, j’adore le Pays basque, bien sûr que j’ai envie d’aller à la plage. » Pauvre députée martyrisée… « J’ai trouvé, le docteur Douste-Blazy le rappelait, que le discours du Premier ministre était un discours de démocratie sanitaire. » Hum, pas tout à fait : l’invité a parlé de « sécurité sanitaire ». Mais bon, ne chipotons pas, « démocratie » et « sécurité », c’est du pareil au même.

« Je voudrais qu’on arrête les polémiques, ajoute Olivia Grégoire. Y a des gens encore aux urgences, des gens en réa, des gens, qui sont au moment où je vous parle, qui sont en train de mourir. » Par respect pour ces gens, il est interdit de critiquer le gouvernement. « Restez avec nous, Olivia Grégoire, intime David Pujadas, parce qu’on va continuer à dérouler ce plan pour que chacun se fasse une idée précise. » De l’extrême clairvoyance du gouvernement.
Après le départ d’Olivia Grégoire, « le moment est venu de rejoindre Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles pour Libération ». Chouette, encore une voix discordante. « Est-ce que vous trouvez que ce plan de l’après 11 mai est dans le bon équilibre ? » « Les dégâts économiques sont irrémédiables. On va avoir une récession de moins 10 % », se lamente celui pour qui le confinement est une mesure criminelle. « Il y a des pays au sein de l’Union européenne qui ont une faculté à rebondir extrêmement rapidement, le Royaume-Uni a les capacités de rebondir très vite parce que son marché du travail est très souple. » Comme les États-Unis, dont la remarquable « souplesse » du marché du travail a mis 26 millions de salariés au chômage en trois semaines. « Mais un pays comme la France pourrait redémarrer extrêmement lentement. » Sauf à abroger le code du travail. « Pour l’instant, on ne se rend pas compte des dégâts parce qu’on vit sous perfusion d’argent public, un argent qui n’existe pas et qu’il va falloir rembourser. » En plus de bosser comme des damnés, il va falloir raquer.

« Mais est-ce qu’Édouard Philippe vous a convaincu ? », insiste David Pujadas. « Il est coincé, déplore Jean Quatremer. Parce que, dès le premier mort, on va dire : “Vous avez déconfiné trop vite.” » Ce sont les commentateurs du café du commerce qui vont dire ça, pas ceux de LCI. « Je vous pose la question autrement, ré-insiste David Pujadas. Édouard Philippe, il va trop vite ou trop lentement ? » « Pour moi, il va trop lentement. On est tombé dans un piège en confinant à la chinoise. » Quand on vous dit qu’il ne fallait pas confiner — on n’est pas à cent mille morts près.
Le lendemain, Alain Duhamel me redonne des raisons d’espérer. « La peur et l’anxiété, c’est la qualité principale de cette phase. » C’est vrai, ça me fait un bien fou, la peur et l’anxiété. « Parce qu’il n’y a de responsabilité que si, au départ, il y a de la peur. Et s’il y a un comportement discipliné, ça aidera au redémarrage économique. » La voilà, la solution : instaurer le gouvernement par la peur. La meilleure manière d’éradiquer la légendaire indiscipline et l’insolente exigence des Français – sans parler de la rigidité du code du travail.