L’idée de “crise humanitaire” est utilisée pour intervenir au Venezuela
- 15 Déc 2017
L’expert indépendant de l’Organisation
des Nations Unies (ONU) Sur la Promotion d’un Ordre International
Démocratique et Équitable Alfred de Zayas a averti qu’on utilise le
terme « crise humanitaire » pour intervenir au Venezuela et renverser le
Gouvernement actuel.
« Ce terme de « crise humanitaire »
devient facilement un prétexte à une intervention pour renverser le
Gouvernement élu, » a-t-il expliqué lundi dans une interview accordée à
Télésur.
Alfred de Zayas a indiqué qu’au Venezuela, il y a un problème de
pénurie d’aliments et de médicaments « mais ce n’est pas une situation
d’urgence aigüe » et le Gouvernement a une série de programmes pour
résoudre ces situations.
« Je n’aime pas les exagérations. Les crises humanitaires existent
dans de nombreux pays d’Afrique, du Moyen Orient. Au Venezuela, il y a
une pénurie mais il faut connaître les causes de ces problèmes, savoir
jusqu’à quel point c’est la faute du Gouvernement, jusqu’à quel point
c’est le résultat de la guerre économique qui vient de l’étranger, des
sanctions, de la chute du prix du pétrole, de l’inflation, de la
contrebande (vers la Colombie), » a-t-il déclaré.
L’expert de l’ONU a rappelé l’histoire de la crise au Chili en 1973
mais « ils n’oublient pas que (Henry) Kissinger et (Richard) Nixon ont
dit qu’on ne pouvait pas tolérer qu’un modèle alternatif réussisse en
Amérique Latine et ensuite, le Gouvernement (de Salvador Allende) a été
renversé par la force grâce à un coup d’État. »
De même, De Zayas a indiqué qu’une autre raison éventuelle des
signalements d’une soi-disant crise humanitaire au Venezuela serait de
faire diversion : « Il y a d’autres problèmes, au Brésil, au Honduras,
en Argentine, dont on parle très peu. »
Il a expliqué que l’intervention dans un pays ne peut être basée que
sur des cas de génocide comme au Rwanda en 1994 et au Cambodge dans les
années 70.
Il a précisé que l’article 2 paragraphe 3 de la Charte des Nations
Unies est très clair dans sa condamnation des interventions car elle
plaide pour la résolution des conflits par le dialogue.
« Les membres de l’Organisation régleront leurs controverses
internationales par des moyens pacifiques de telle sorte que ni la paix
ni la sécurité internationales ni la justice ne soient mises en danger, »
dit l’article 2 paragraphe 3 de la Charte des Nations Unies.
Sur les demandes de la droite internationale pour que le président
constitutionnel du Venezuela, Nicolás Maduro, soit jugé pour crimes
contre l’humanité, l’expert de l’ONU a assuré que c’est quelque chose de
« surréaliste » et que « ce n’est pas sérieux. » Il a indiqué qu’il « y
a 20 ou 30 autres chefs d’État qui tomberaient plus facilement sous
cette juridiction. »
Il a remis en question, en outre, le fait que l’on n’enquête pas sur
les Gouvernements impliqués dans des crimes contre l’humanité pendant
les interventions en Irak, en Afghanistan et en Libye.
De Zayas a dit que quelques semaines avant de se rendre au Venezuela,
il a été harcelé : « Ils m’ont affublé de toutes sortes d’épithètes et
sur les réseaux sociaux, on disait que je n’étais pas indépendant » mais
il a précisé que ceux qui le critiquent « ne veulent pas un rapporteur
indépendant, ils en veulent un qui vienne condamner. Je viens écouter
pour ensuite formuler des recommandations constructives. Moi, ça ne
m’intéresse pas de condamner un État, je viens aider par mes conseils,
mon assistance technique. »
L’expert indépendant est arrivé au Venezuela le 27 novembre dernier
et il a rencontré des fonctionnaires du Gouvernement, des victimes de
violations des droits de l’homme et de la violence de ce qu’on appelle
les « guarimbas » (protestations violentes de l’opposition) pour
connaître la situation politique, économique et sociale du pays.
« J’ai vu 15 ou 16 ministres, des conseillers, pour savoir ce qui
s’est passé ces dernières années, la chute des prix du pétrole, la
pénurie, le manque d’approvisionnement, » a-t-il précisé.
« Je voulais voir de mes propres yeux et à la fin de mes huit jours
de visite, je ferai au chancelier des recommandations préliminaires, »
a-t-il dit.
Il a indiqué qu’avant de venir au Venezuela, il a révisé les rapports
de la Commission Inter-américaine des Droits de l’Homme (CIDH) et qu’il
n’était pas convaincu que sa méthodologie « soit correcte et objective.
»