Il y avait corrida ce samedi aux arènes de Vista Alegre. Je n'étais évidemment pas à Madrid, d'abord parce que çà fait un peu loin et cher pour voir un spectacle qui ne pouvait intéresser que les bobos et les vip espagnols, -vu le prix élevé des places- plus soucieux de se faire tirer le portrait par les medias pipoles et taurins que de se préoccuper efficacement de l'avenir menacé de la fiesta brava: au contraire, avec leur pognon, et leur cupidité, et leur seule soif de se montrer en barrera, ils creusent chaque tarde un peu plus la tombe de ce qu'ils prétendent aimer. Et puis, "détail" qui a son importance, les toros provenaient de "Garcigrande",- qui figure dans la "LISTA NEGRA" ci-dessus - que beaucoup n'appellent que "mierdagrande" ou "Garcimierda", tellement ces bovidés sont loin des toros sauvages et braves qui faisaient honneur à la corrida et que l'on ne voit aujourd'hui que trop peu et dans de trop rares arènes. Ce qui n'empêche pas que "vedettes" et "figuras" grassement payées ne recherchent que ces bovidés faibles et souvent abimés, diminués, pour "composer la figure" sans réel danger et couper facilement leurs trophées- oreilles et queues - devant des publics de gogos anesthésiés.
Le temps des broncas n'est plus qu'un souvenir.
¡Vaya aficion!
J'ai donc parcouru les blogs de nos amis espagnols, j'en ai retenu trois, et je vous livre leurs commentaires respectifs, c'est assez édifiant, et celles et ceux qui pourraient croire à un acharnement un tantinet excessif des aficionados tels que moi à tirer le signal d'alarme, se feront peut-être une idée plus compréhensive des raisons qui motivent cet entêtement.
Première reseña, tirée de "Hasta el rabo, todo es toro", sous le clavier de Antonio DIAZ:
"De ce que l'on a vu hier à Vista Alegre, on retiendra surtout, malgré la photo trompeuse des trois figuras sortant a hombros des arènes, que le toro sort de plus en plus faible, avec peu d'armures, une bonne tête commode, un bon collaborateur, qui provoque beaucoup de pitié: ce toro se répand comme un dangereux fléau, dans nos élevages, est la menace de la suppression de la corrida. Le toro d'aujourd'hui ne représente plus ce qui est nécessaire pour cette fête basée sur la caste, sur la sauvagerie et la bravoure d'un animal puissant et agressif qui inspire la peur, et procure au matador la renommée et la gloire, obtenues au terme d'un courageux combat.
Mais aujourd'hui, il n'y a plus de combat, ni même un semblant de bagarre, tout au plus comme des gesticulations de gamins dans une cours d'école, insipide, sans émotion, ni intérêt.
Les vedettes: elles ne réagissent pas? Mais non, puisque tout le monde s'en fout!"
Deuxième point de vue de la même corrida, compte-rendu d'Antonio LORCA, sur "Toro, torero, y aficion", titre:
" Corrida de Garcigrande IMPRÉSENTABLE".
Cette corrida hivernale est un bon apéritif pour la saison madrilène, bien que cela n'ait rien à voir avec le toro de Madrid tel qu'il doit être présenté dans la capitale. Vista Alegre, c'est près de Carabanchel, et garde son cachet habituel de plaza de quartier, bien que le superbe édifice à multi-usages ait remplacé l'antique arène, l'ensemble est imposant. Malheureusement, les spectacles proposés ici sont d'un niveau plus rural que madrilène. Pour preuve, la corrida minable de Garcigrande de ce samedi pour les trois toreros. Et le pire, le premier lot de toros fut rejeté pour présentation insuffisante.
Certainement que le Juli, désireux de se contenter de ce menu à sa portée, se mit très vite à table avec ses deux petites bestioles. Avec grande facilité et sans le besoin de montrer de grandes qualités, ni non plus sans aucun regret. Il pratiqua le toreo industriel à la mode, en s'efforçant, au quatrième, devant lequel il usa de mille artifices pour l'attirer dans la muleta, et il obtint une oreillette pour chacun de ses toros, profitant du triomphalisme en vogue pendant la soirée.
Avec Manzanarès, le torero choyé par la gente féminine, le même excès de triomphalisme se traduisit également par une oreillette généreuse pour chaque torito. Le premier ressemblait à un veau, il fit passer l'animal, qui avait un peu de sentido, sans jamais se croiser, ce qui le mit parfois en situation incommode. Pour le cinquième, il abusa de la main droite, pour une unique bonne série. Mais la soirée était bonasse, entre gens de bonne compagnie, et les récompenses tombèrent.
Mais c'est avec Talavante que le triomphalisme attint des sommets, lors de sa première prestation face à un gentil toutou. C'est vrai que le torero d'Extremadura mit beaucoup d'application à réaliser des derechazos longs et cadrés, bien qu'exagérant ses attitudes, avec son bras gauche raide, comme plâtré. Hombre, Talavante, tu dois savoir que ton bras doit tomber naturellement, et ne doit jamais rester en l'air. Mais pour le public ce torero fut la merveille, la révélation de la tarde, et après une estocade efficace, on lui fit cadeau de deux oreilles. Pas moins! Pour son second toro, Talavante pratiqua un toreo de pauvre approximation, des manières vulgaires et empruntées pour épater les gogos. Mais cela importait peu: la "puerta grande" était assurée. Et les trois sortirent contents."
Troisième témoignage, dont voici le titre, par "El Tiemblo, Aficionado al toro":
"Les TROIS avec SIX merdes"!
"C'est ainsi, les trois sortirent en triomphe, avec six merdes de Garcigrande. Ce n'est pas parce que je n'ai pas vu la corrida que je vais approuver cela, mais les tricheurs de l'information taurine passent sous silence l'épreuve de la pique, et ne mentionnent pas non plus que ces petits animaux n'avaient pas de forces. Comme d'habitude, les toreros, qui ont beaucoup d'artifices et peu de honte, se sont bien accommodés des six merdes de la ganaderia de Garcigrande. Ce que je ne m'explique pas, c'est que ces prétendues "figuras" continuent de toréer de telles saloperies, alors qu'ils devraient rougir de honte. J'aimerais voir ces trois hommes face à six petits novillos de MORENO DE SILVA. S'ils veulent donner un exemple de sérieux et de la grandeur de la fiesta, qu'ils commencent par choisir le toro brave, et non pas continuer de faire les forts aux dépens de merdes de Garcigrande."
Quand on dit et qu'on répète que les cochons sont dans le maïs....Et que ce ne sont pas les antis, qui sont responsables, mais bien ceux qui vivent d'un commerce lucratif et trop souvent tronqué.