Et merci a FIDEL SAN ROMAN, et à tous celles et ceux qui ont contribué au succès exceptionnel de CÉRET 2010!
Bien sûr, il y a eu "OYE MUCHO", novillo TORO de 45 mois, mis en suerte pour la quatrième embestida à l'opposé du piquero, qui se lance illico au galop pour traverser les 35 mètres du ruedo et charger la cavalerie en grand brave, après une première longue pique, où il soulève la monture, une seconde, plus courte, une troisième, bien dosée et poussée. Plaza debout, pour acclamer toro et torero à cheval. "OYE MUCHO" poursuivra ARENAS aux planches après chaque pose de banderilles, puis finira d'un bajonazo. C'était le sixième novillo de la matinée, ce fut un très grand moment de toreria, après une entrée assez terne, toros puissants et présents, en général plutôt mansos, qui furent les maitres du rond, novilleros dépassés usant et abusant du pico.
Il y eut "OYE MUCHO", mais pas seulement! Il y eut pendant ces deux journées cérétanes des images fortes, les planches qui volent, la cavalerie aussi, la peur souvent, puis la douleur, avec les 4 NOVILLOS-TOROS de Javier Gallego Garcia qui prirent douze piques, - 4 pour le premier de Mario Alcalde,- soulevèrent les chevaux, et arrivèrent à la mort bouche fermée, malgré des châtiments pas toujours orthodoxes. Douleur lorsque le jeune mexicain Sergio Florès fut pris - danger du toreo profilé face à des vrais toros- , fut emporté, puis revint courageusement et hurlant de douleur pour mettre une entière hasardeuse sur le côté , avant de partir à l'hôpital ( l'oreille ne s'imposait pas, mais le président, sans doute, se laissa emporter par l'émotion...)
Il y eut les COIMBRA portugais, égaux à eux-mêmes et à leur légende, quatre piques pour le premier, Espiào, qui fit régner la terreur dans le ruedo, renversa la cavalerie, brisa les planches, poussa le piquero jusqu'au centre du rond, puissant et brave autant que violent, suivi de Lord, qui prit ses trois rations en brave et vint à la mort bouche fermée, Sir, quatrième de la tarde, qui prit cinq piques devant un Rafaelillo aux abonnés absents, Braseiro, le cinquième, ruait comme un vrai manso, et reçut une lonque pique carioquée, seconde courte, puis sortie fermée pour la troisième... Le dernier, Andalus, 5 ans et demi, fut le plus puissant, mais fuyait les piques, - il sautait à la tête du cheval - et reçut la huitième vara après les clarines. Problème insoluble pour Aranda, qui démissionna, et logea une demie au troisième essai. A son premier, il avait toréé le public, avec un animal sans genio. La plupart des épées furent logées sur le côté, dans l'épaule, ou traseras, un golletazo de gala pour Rafaelillo à son premier.
Alfiler, second exemplaire de Fidel San Roman, fuyait les capes: mal piqué, piquero hué, banderilles à cornes passées, mal lidié par Paco Chavès, il ne passera pas à la postérité. Le troisième fut changé pour boiterie , et Aranda reçut un negro bragado plus faible que ses frères; très armé, mal piqué lui aussi, le torero nous servit un numéro de profil sans transmission, avant de démissionner totalement, et d'achever par un golletazo. Le quatrième, anovillado et manso, se retournait vite, grattait le sol: Saldivar le laissa mal piquer, après les clarines, abusa du pico, et montra ses limites, jusqu'à son cinquième essai pour coucher l'animal. A son second, qui montre ses intentions meurtrières en transperçant le burladero comme une tome de gruyère, Arenas laisse le piquero s'adonner à sa carioca favorite, puis balance son épée dans tous les sens sur un animal qui finira sans avoir été toréé.
Il y eut enfin les Escolar Gil, dont on attendait beaucoup, après leur triste prestation de St Sever. Le premier, refusait d'embestir, puis fusait d'un coup, sans prévenir, sur le piquero. Curioso, le second, prit trois piques , et secoue le varilarguero. Il mettra Alberto Aguilar en danger, restera le maitre, avant de recevoir une entière sur le côté. Le suivant, Matajacas, perce aussi le burladero, et reçoit quatre piques,les 2° et 3° sans pousser.
Deux paires de banderilles dans les cornes justement ovationnées. Faena quelconque, mort laborieuse. Le quatrième est mal piqué et mal lidié, faible et noble. Le cinquième, Cuidadoso, provoque un batacazo monumental, puis pousse peu, jusqu'à la quatrième ration. Il s'avère ensuite noble, et sera bien bien exploité par Aguilar: après une entière inefficace, la torero remet une épée, hélas dans le. poumon. Pas d'oreille, mais deux vueltas fêtées.
Le 28, Callejero, pousse aux planches: chute! Deuxième grosse pique, puis troisième embestida: piquero ovationné. Le toro s'avise assez vite, Joselillo n'a pas envie de s'arrimer, fait la moue: sifflets! Une entière. Rideau. Céret 2010 a vécu.
Mais que d'émotions, d'images de vraies peleas, de gestes de pundonor, parfois aussi sin vergüenza! Par exemple, lorsque certains peones réclament une oreillette, ou que les piqueros continuent leur destruction après les clarines, ou lorsque la ronde des enterreurs fait rage, alors que l'alguazil reste sourd et aveugle... Gardons toutefois l'essentiel: une plaza qui revendique une aficion forte, avec des choix de toros et d'encastes qui font honneur à la corrida et à la fiesta brava. Vive Céret, vive l'ADAC, bravo aux areneros qui ont botté le cul aux emmerdeurs imbéciles qui veulent interdire ce que nous aimons et revendiquons, merci aux palcos qui sont à l'heure, et nous respectent comme nous devons l'être, nous, public, et les toreros qui attendent, bravo, merci, aficionados Cérétans organisateurs, merci enfin à la Cobla, au Segador, a la Santa Espina, à toutes vos interprétations pleines d'art, d'authenticité et de fraternité.
Vive CÉRET 2011 !!