mardi 28 mars 2023

 

Violences policières : « Le maintien de l’ordre part complètement à vau-l’eau et piétine toutes les règles », selon le chercheur Sebastian Roché

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Alors que les images de répression policière contre les manifestants se répètent, Sebastian Roché, chercheur au CNRS, pointe « l’usage de la violence non proportionnée et non-nécessaire, l’usage des nasses avec gaz, qui est complètement illégal, et le détournement de l’usage des gardes à vue ». Il note cependant quelques « progrès », par rapport à la doctrine du préfet Lallement.

Le 24 Mar 2023
François  Vignal Par François Vignal Public Sénat
10mn

A chaque soir son lot d’images sur les réseaux sociaux de forces de l’ordre qui interpellent parfois violemment des manifestants. Pour Sebastian Roché, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la police comparée, « on piétine complètement toutes les règles du schéma national du maintien de l’ordre ». « Le problème qu’on voit, c’est que la force n’est pas dirigée vers les gens dangereux », note celui qui est aussi expert pour les Nations Unies et le Conseil de l’Europe sur les questions relatives à l’encadrement des pouvoirs de la police. Sebastian Roché pointe notamment « les interpellations de masse pour dissuader de participer au cortège », avec « des personnes ramassées au hasard avec la technique de la nasse, et on envoie devant un officier de police judiciaire qui fait un PV Minority Report ».

Le chercheur note cependant que « la différence avec Didier Lallement, c’est la retenue dans l’usage des LBD ». « C’est un progrès, il faut le reconnaître », souligne cet universitaire. Reste encore de nombreux excès de maintien de l’ordre, comme les interventions des BRAV-M (brigades de répression des actions violentes motorisées), « inutilement brutales ». Pour Sebastian Roché, « les BRAV-M doivent être dissous ». « Le coup de matraque fabrique, ou plutôt détruit le citoyen, et détruit cette appartenance au collectif politique », analyse le chercheur, auteur de La Nation inachevée, la jeunesse face à l’école et la police (Ed. Grasset).

Il soulève aussi la question des forces de l’ordre qui ne portent pas leur numéro d’identification, le RIO. Or « pas de RIO, pas de conséquence aux mauvaises pratiques policières ». Selon le chercheur, « le gouvernement ne corrige pas ce problème pour maintenir la paix sociale dans les unités ». Il pointe aussi « la responsabilité politique ». Car pour le chercheur, « l’erreur individuelle, c’est l’excuse pour ne pas regarder les problèmes politiques ». Au fond, il rappelle que « le maintien de l’ordre est ultra-politique. On restreint la possibilité de dire qu’on est contre les règles ». Entretien.

De nombreuses associations comme la Ligue des droits de l’Homme, mais aussi la Défenseure des droits et même l’ONU dénoncent les excès et les cas de violence policière observés depuis plusieurs jours, dans le cadre des manifestations spontanées ou celle organisée, comme hier. On pensait jusqu’ici qu’on était dans un maintien de l’ordre post-préfet Lallement. Toutes les premières manifestations se sont bien passées. Puis, depuis le recours au 49.3 et les manifestations spontanées, la tension est là, des deux côtés. Qu’est-ce qui s’est passé et qu’en est-il de la doctrine de maintien de l’ordre appliquée ?

Ce qui s’est passé, c’est qu’il y avait un processus de contestation d’une loi qui a pris la forme de protestations dans la rue, organisées par les syndicats. Des protestations institutionnalisées. C’est ce qu’on appelle des formes non conventionnelles – le vote étant une forme conventionnelle. A partir du moment où le Président a souhaité interrompre le débat à l’Assemblée et ne pas aller au vote avec les 49.3, la pertinence de la participation à des manifestations encadrées en coordination avec la préfecture s’est effondrée, comme la porte était fermée au dialogue à l’Assemblée. Ça a fait exploser la colère. La colère était canalisée par les grands intermédiaires pour négocier que sont les organisations syndicales. C’est leur fonction. A partir de là, on a des explosions non-coordonnées de colère, auxquels se sont mêlés des groupes qui ont chacun leur agenda. On appelle black bloc de façon systématique des groupes organisés plutôt proche des thèses anarchistes, où la réforme de l’Etat par les institutions n’est pas possible.

Effectivement, face au problème de maintien de l’ordre, le gouvernement a changé son fusil d’épaule. Ce n’était pas que le préfet Lallement. A Lyon aussi on avait un maintien de l’ordre avec une mise en retrait des unités, qui n’étaient plus directement le long du cortège. On évitait de provoquer de l’agressivité en montrant des armes. Il y a eu des accrochages, c’est arrivé. Mais comparé aux gilets jaunes, le niveau de conflictualité était beaucoup plus faible. Il y avait des instructions nationales qui étaient de ne plus pratiquer un maintien de l’ordre aussi agressif.

Et quand on est entré dans la phase 2, c’est-à-dire que la porte de la négociation s’est fermée, là, c’était le vrai test pour le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, et les autres préfets. Car il allait être confronté à quelque chose qui ressemble aux gilets jaunes. Et là, on voit que les mauvais principes ont été pour une part poursuivis et pour une autre, pas poursuivis.

C’est-à-dire, quels sont ces mauvais principes ?

Les mauvais principes, c’est envoyer des unités non-professionnelles que sont les BRAV-M (Brigades de répression des actions violentes motorisées). Ce ne sont pas des pros du maintien de l’ordre, ce sont des couteaux suisses qu’on envoie dans toute sorte de situations. Celui à l’arrière de la moto est souvent de la BAC. On sait que ça avait fait des dégâts et le gouvernement choisit de continuer dans cette voie-là. Ce sont des interventions sauvages, mal coordonnées avec le reste du dispositif, inutilement brutales et dont les médias sociaux ont donné des dizaines d’illustrations. Et ça, c’est vraiment une décision politique, quand on va lâcher les BRAV-M, elles ne choisissent pas où elles vont. On sait que leur but officiel est d’aller au contact et de faire un maximum d’interpellations.

Le deuxième élément, ce sont les interpellations de masse pour dissuader de participer au cortège. C’est le deuxième pilier. On va priver des gens de liberté – pour 24 ou 48 heures, on n’est pas non plus en Russie – et on va ressortir. Mais ce sont des personnes ramassées au hasard avec la technique de la nasse, on ramasse tout, on envoie devant un officier de police judiciaire, qui fait un PV Minority Report. C’est-à-dire que vous êtes accusé car on pense que quelqu’un sait que vous allez faire quelque chose de pas bien. C’est une stratégie de police réfléchie.

Alors y a-t-il une différence avec la doctrine du préfet Lallement ou pas ?

Oui, la différence avec Didier Lallement, c’est la retenue dans l’usage des LBD. On a aussi des grenades, avec une mutilation, un pouce perdu pour le moment. C’est certain que ces armes n’ont pas leur place en maintien de l’ordre. Mais elles sont quand même utilisées. Les LBD, qui ont causé, lors des gilets jaunes, 30 mutilations avec ablation des globes oculaires, sont utilisés de manière limitée aujourd’hui. On voit peu de tirs filmés, mais on voit des menaces contre des journalistes avec les LBD en revanche. C’est une stratégie d’intimidation même s’il n’y a pas de journaliste touché. On essaie de contrôler les images, en limitant la liberté de la presse. C’est un problème qui doit être souligné. Mais en termes de blessures corporelles, on est pour l’instant à un niveau faible. Il y a derrière une instruction de ne pas tirer comme des malades, enfin en dehors de tout cadre réglementaire. C’est un progrès, il faut le reconnaître.

Mais globalement, le maintien de l’ordre part complètement à vau-l’eau et piétine toutes les règles énoncées dans le schéma national du maintien de l’ordre : la déontologie, parler avec respect, ne pas tutoyer ; le port du RIO (référentiel des identités et de l’organisation), qui est en pointillé, le port de cagoule, interdit en maintien de l’ordre. Elle est pourtant portée ; l’usage de la violence non proportionnée et non-nécessaire, l’usage des nasses avec gaz, qui est complètement illégal ; et le détournement de l’usage des gardes à vue. On piétine complètement toutes les règles du schéma national du maintien de l’ordre.

Faut-il revoir justement ce schéma national du maintien de l’ordre ?

Non, il faudrait déjà l’appliquer, même s’il est imparfait, et l’améliorer, par exemple, sur la redevabilité des agents. C’est-à-dire qu’on a le droit de demander des comptes aux policiers et aux décideurs. Or il n’y a rien dans le schéma sur ça.

Faut-il dissoudre les BRAV-M (brigades de répression des actions violentes motorisées) comme le demandent certains, notamment des députés LFI ?

Il y a toujours eu la volonté à la fois de quadriller le terrain et de pouvoir intervenir. Ça a toujours été deux éléments du maintien de l’ordre. Mais quand vous mettez beaucoup de moyens dans ce dispositif, 180 motos, vous orientez le maintien de l’ordre vers la confrontation. Je serai favorable à leur suppression, étant donné leur passif, un peu comme on a supprimé les voltigeurs. Ils doivent être dissous. Quelle est l’utilité pour la préfecture de police ? Pour autant, les préfets auraient du mal à se passer d’unités plus mobiles. La question, c’est de chercher la bonne approche. Ça veut dire des règles d’emploi et de sélection différentes et meilleures.

Les problèmes de répression policière viennent-ils selon vous de la formation des policiers et gendarmes ou plutôt des ordres qui leur sont donnés ?

Ce sont les ordres. Le maintien de l’ordre, c’est la partie la plus militarisée de la police, au sens organisé et planifié. Ce n’est pas comme la police de sécurité du quotidien. Dans le maintien de l’ordre, il y a un décideur qui est le préfet qui va valider ce que le commandement de l’état-major a préparé. Et ensuite, ce plan, qui est alimenté des informations reçues du renseignement territorial, et les contraintes en effectif, qui les limite, aboutit à une stratégie d’action pour le lendemain. Quand on va demander aux agents d’aller au corps à corps, on va envoyer les BRAV-M. Pour faire les nasses et interpellations massives, on va utiliser des unités faites pour ce type de fonction. Après, les agents eux-mêmes peuvent être perfectibles.

Il y a le paradigme du policier professionnel, qui est derrière son bouclier, qui est sous le stress, qui reçoit des projectiles. Mais il est formé à ça et réagit de façon placide. Il y a la question de l’orientation du maintien de l’ordre. Après, il y a la culture de l’organisation elle-même. On voit le contraste entre les gendarmes et les BRAV-M. Dans les travaux de recherche, on voit d’un côté la situation et de l’autre l’instruction, qui est le principal déterminant pour les agents. On le voit sur les tirs de LBD. Quand l’instruction est de ne pas le faire, il y a moins de tirs. Ça n’empêche pas les fautes, les erreurs. Mais l’erreur individuelle, c’est l’excuse pour ne pas regarder les problèmes politiques. La pomme pourrie, celui qui fait la faute et qu’on jette en pâture, c’est plus facile que démonter la responsabilité politique.

Les policiers et gendarmes font face aussi à une attitude violente d’une minorité. Cela ne leur complique-t-il pas la tâche et la recherche de la bonne réponse proportionnée ?

Bien sûr. Il y a une dimension de l’action qui est la configuration de la situation. Donc quand les policiers sont placés dans une situation où il y a plus d’agressivité, sont plus pris à partie, ça provoque une réaction de leur part. Mais la police – et c’est une norme qui se développe en Europe – a le devoir de réagir de façon proportionnée, d’utiliser la force que si cela est nécessaire et d’utiliser cette force que vers les groupes à l’origine des troubles. Et le problème qu’on voit, c’est que la force n’est pas dirigée vers les gens dangereux. Et quand on va nasser toutes sortes de personnes de façon indiscriminée, on ne répond pas à la menace bien réelle que vous indiquez, avec certains groupes qui sont rapides, mobiles, entraînés et qui vont détruire des abris bus ou des poubelles.

Dans ce contexte sensible de la réforme des retraites, peut-on voir aussi un usage politique du maintien de l’ordre ?

Mais c’est l’activité la plus politique de la police. Car c’est l’imposition par la coercition de l’obéissance. On ne peut pas trouver meilleure définition de la politique. La politique, pour un Etat, c’est la contrainte. L’Etat nous contraint par les règles, qui peuvent être fondées, par la taxation, par l’usage de la prison. Les Etats sont des systèmes de contrainte. La question, c’est la légitimité de ces contraintes. La légitimité est mise en question ensuite.

La question, ce n’est pas sa légalité – quoiqu’en France, elle est posée – mais sa légitimité. Est-ce que les gens acceptent ? C’est ce qu’on voit en Iran. Est-ce qu’on va dire aux femmes iraniennes, qui n’ont pas le droit de ne pas porter le voile, qu’on ne peut pas contester cela ? Est-ce qu’en démocratie, on permet de dire que les règles sont mauvaises ? C’est là que le maintien de l’ordre est ultra-politique. On restreint la possibilité de dire qu’on est contre les règles. La démocratie, c’est le conflit. La question, c’est comment on gère ce conflit. Et Emmanuel Macron a choisi, comme pour les gilets jaunes, une orientation très conflictuelle. En France, la chaîne de commandement est située à ce niveau-là. La police est nationale, donc centralisée auprès d’un ministre de l’Intérieur qui ne procède que de la volonté du Président. Il tranche les orientations.

Les policiers ne portent souvent pas le RIO, leur numéro d’identification, bien qu’il soit obligatoire. Comment l’expliquez-vous et quel en est la conséquence ?

Dans le schéma national du maintien de l’ordre, le RIO répond à l’objectif de transparence de la police. Mais le RIO lui-même est un numéro trop petit, trop long et peu lisible. Le RIO sert à pouvoir identifier les responsabilités des agents. Pas de RIO, pas de conséquence aux mauvaises pratiques policière. C’est aussi simple que ça. Il y a un enjeu énorme pour qu’il y ait un RIO de taille 20/20 cm. Et il faut que ce soit lisible de nuit à 20 mètres. Si on ne peut pas rechercher la responsabilité des personnes, on ne peut pas espérer un comportement impeccable en matière de maintien de l’ordre. Les gens savent que l’IGPN dira on n’a pas trouvé. Et le juge dira, on n’a pas trouvé.

Les chefs doivent commander. Mais les policiers ne sont pas toujours d’accord avec leur chef. Ils disent on nous envoie au casse-pipe et après on veut rechercher notre faute individuelle. La discipline a un prix pour la hiérarchie, en termes de temps passé et de conflictualité dans les unités. Donc le choix, c’est de ne pas faire appliquer la loi.

Dans ces conditions, peut-on aller jusqu’à parler d’impunité organisée pour les forces de l’ordre qui ne portent pas leur RIO ?

Je serais un peu moins sévère. Mais le gouvernement ne fait rien pour permettre l’identification individuelle, donc il ne corrige pas un problème qu’il connaît. Ce n’est pas organisé. Mais le gouvernent ne corrige pas ce problème pour maintenir la paix sociale dans les unités. Après une journée de maintien de l’ordre, les gars sont crevés, il faut qu’ils y retournent le lendemain. Est-ce que c’est le moment de s’engueuler sur le RIO ? La hiérarchie doit penser que non.

Ces cas répétés de répression policière mettent-ils à mal la confiance qu’a la population dans sa police ? Quel est ce niveau de confiance ?

L’expérience de la contrainte par la police, voire de la brutalité des policiers, a des effets que j’ai mesurés chez les jeunes. Dans mon livre La Nation inachevée, la jeunesse face à l’école et la police (Ed. Grasset), j’ai rassemblé 10 ans de recherches en France et aux Etats-Unis pour comprendre les conséquences du contact avec la police. L’expérience du contact qui se passe bien renforce les normes démocratiques dans la tête des adolescents. Quand ils ont un policier qui vient en classe les sensibiliser aux dangers de la drogue ou de la conduite rapide, ce bon contact fait qu’on croit davantage dans la République et qu’il y a une Nation française, un collectif où ils ont une place.

Quand ils sont mal traités dans la rue, les choses sont fortement corrodées. La mauvaise police va corroder l’idée que la République est bonne et qu’ils ont une place dans la Nation. Et ça, on le constate en France, comme aux Etats-Unis. L’exposition aux brutalités policières fait que les noirs américains ne se sentent plus citoyens à part entière. Les sous-jacents psychologiques sont les mêmes. Vous faites l’expérience de la citoyenneté dans votre chair, alors qu’on la représente de manière abstraite. Le coup de matraque fabrique, ou plutôt détruit le citoyen, et détruit cette appartenance au collectif politique. On n’y croit plus.

Note de P.

Venons en enfin au fait. Qui était  le plus sage d'élire: Macron le banquier ou Le Pen la fille du milliardaire? 

Et qui se comporte aujourd'hui comme un dictateur fasciste? Fallait-il alors mobiliser les Français pour ce pyromane qui embrase la France?

Réforme des retraites : la Société des Journalistes (SDJ) de France 3 dénonce le "mauvais traitement" de l'information

Auteur(s)
Chloé Lommisan, France-Soir
Publié le 27 mars 2023 - 20:20
Image
Manifestants
Manifestants contre la réforme des retraites, le 23 mars 2023.
F. Froger / Z9, pour France-Soir
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PRESSE - Lundi 27 mars 2023, la Société des journalistes (SDJ) de France Télévision (France 3, rédaction nationale), a dénoncé dans un communiqué le "mauvais traitement" de l'information réservé aux mobilisations contre la réforme des retraites.

Selon elle, "la hiérarchie de l'information s'inverse" : trop de place est laissée à "la violence des casseurs", trop peu aux manifestants et à leurs revendications contre le projet de loi. Les défilés de millions de personnes sont par ailleurs oubliés de certaines éditions du journal, dès le lendemain matin de l'événement. 

Quant aux "violences policières" et au "retour de pratiques interdites", celles-ci sont d'après le syndicat mises sous le boisseau, comme naguère les violences à l'encontre des Gilets Jaunes. À titre d'exemple, "la charge des forces de l'ordre à Paris sur le carré de tête où se trouvait l'intersyndicale" n'a pas été évoquée. Pour la SDJ, une police qui sait se tenir incarne la démocratie : l'information aussi.

Ne pas médiatiser un mouvement de millions de citoyens, ne pas lui donner la parole en amont et focaliser sur des thématiques annexes qui n'abordent pas les enjeux réels, sur le service public a fortiori, peut en effet interroger de façon légitime toute la profession.

 

Et les jeunes entrent dans la lutte

mardi 28 mars 2023 par Communistes

Édudiants et lycéens mobilisés : « une volonté de museler la jeunesse par la violence !
Immense soutien au maire de Saint-Brévin.

Depuis le passage en force du gouvernement par le recours au 49-3, la jeunesse revitalise le mouvement social dans les rues, en appui des secteurs bloquants. Mais les étudiants et lycéens font face, depuis mi-janvier, à une intensification de la répression. Présence policière démesurée, gazage, gardes à vue arbitraires ou pression administrative : la panoplie est large.

Depuis le recours à l’article 49-3, le 16 mars, les manifestations spontanées, largement portées par la jeunesse, s’enchaînent jour après jour à Paris et dans les grandes villes de France. Dans les universités, un regain de l’organisation étudiante s’observe.
À Tolbiac (Paris I), qui se veut l’épicentre de la contestation étudiante dans la capitale, une AG a réuni près de 1000 participants. Sous étroite surveillance policière :
Les vidéos de violences policières se multiplient sur les réseaux sociaux, ces derniers jours. Mais les lycéens et étudiants font face à des épisodes répressifs depuis déjà le 19 janvier. « Il y a une volonté de museler cette jeunesse par la violence, et une violence plus que manifeste aujourd’hui », dit Aurélie, parent d’élève au lycée Hélène-Boucher de Paris et membre du collectif Anti répression lycées, créé le mois dernier en Île-de-France.

Un des épisodes médiatisés de la séquence est la répression du blocage du lycée Racine (Paris) le 7 février. Ce jour-là, trois lycéens sont arrêtés et placés en garde à vue pendant une trentaine d’heures, un peu moins pour l’un d’entre eux. « Ça a été un des éléments déclencheurs pour s’organiser en collectif », souligne Cloé Buisson, enseignante au lycée Colbert (Paris), également membre d’Anti répression lycées.

Gardes-à-vue de mineurs :

À Marseille, les lycées Thiers, Saint-Exupéry et Jean-Perrin ou encore le lycée Théodore-Ozenne à Toulouse connaissent également des répressions violentes d’actions de blocage. « Cela dépend aussi de la manière de réagir des chefs d’établissement », « Certains appellent par exemple la police dès qu’ils sont prévenus qu’un blocage va avoir lieu. »

À Lyon, « un policier s’est permis de tirer un flashball vers un lycéen, la semaine dernière. Le lycéen n’a pas eu besoin d’aller à l’hôpital heureusement ».
À Marseille, les interpellations et gardes-à-vue de lycéens se multiplient tellement que l’ « on envisage d’y ouvrir une “legal team” locale », ironise le responsable syndical.

La peur de la police :

Sabrina, enseignante de physique-chimie, abonde : « Beaucoup de gamins ici ont des parents d’origine étrangère qui ont peur de la police, tout simplement. Il y a l’idée de ne pas faire de vagues. C’est très courageux de se mobiliser dans ce contexte ».

Dans les villes de banlieue du 93 et d’ailleurs, « cela fait des années qu’on est choqué par la répression. Je pense que tout le monde se souvient des images des lycéens de Mantes-la-Jolie fin 2018 », rappelle Cloé Buisson du collectif Anti Répression Lycées. Ces lycéens avaient été forcés à s’agenouiller par des policiers qui leur avaient lancé cette phrase :
« Voilà une classe qui se tient sage ».

Cette peur existe aussi chez leurs aînés : les étudiants. Non loin du lycée Utrillo se trouve l’université de Paris-8, à Saint-Denis. Trois amis prennent l’air devant l’entrée. Parmi eux, Léa*, étudiante en musicologie : « Je ne suis pas très imposante, je n’aime pas aller en manifestation toute seule. Du coup, je m’abstiens un peu. Des amis me racontent leurs mauvaises expériences avec la police, les gardes à vue pour un rien… Ça me fait un peu flipper. »

« Violence préventive » :

La jeune femme cite le cas de Léo, étudiant à Paris 8, militant au NPA et à Révolution Permanente, placé en garde-à-vue puis déféré au tribunal. Ressorti au bout de 50 heures, le 19 mars, il a écopé d’une interdiction de manifester et d’un futur procès en septembre. À l’intérieur de Paris 8, dans un hall recouvert de tags où se tient une AG, Abel*, chargé de cours, voit en Léo un exemple parmi d’autres de la « violence préventive » exercée par les forces de l’ordre contre la jeunesse.
« Les mobilisations spontanées donnent du courage à tout le monde pour prendre en main le mouvement social. L’Etat l’a bien compris », analyse Abel. « Ils essaient de casser cette spontanéité de la jeunesse pour éviter que cela ne prenne de l’ampleur, que les travailleurs s’en saisissent pour y puiser du courage ».

Les cas de répression des étudiants se multiplient dans plusieurs villes. Le 7 mars à Grenoble, alors que le cortège étudiant rejoint la manifestation du centre-ville depuis le campus, « on a été arrêtés par un barrage d’une vingtaine de CRS. Ils nous ont ordonné de nous disperser et qui nous ont gazés avec des lacrymos », raconte Emma, présidente de l’Unef locale. « On a essayé de rester en groupe compact et de prendre un chemin sur le côté mais d’autres CRS sont arrivés par-derrière et nous ont matraqués », raconte-t-elle encore.
Les étudiants ont fini par échapper au dispositif « au bout d’une trentaine de minutes, après que la CGT ait fait pression sur eux en disant qu’ils ne feraient pas partir la manif sans nous. » Une intervention du même type a lieu deux jours plus tard, le 9 mars, à Nantes. Plusieurs associations et syndicats ont dénoncé à cette occasion « différentes violences et intimidations », après la levée d’un barrage filtrant sur le périphérique.

Des « policiers en tenue anti-émeutes » dans l’université :

La répression s’installe aussi au cœur même des universités. Des dispositifs de contrôle drastiques, voire des fermetures complètes de bâtiments universitaires, ont eu lieu ici et là lors des mobilisations. Une forme de répression administrative visant à empêcher les actions de blocage et les occupations. On retrouve par exemple cette pratique le 10 février à Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; ou le 7 mars à l’université Paul-Valéry à Montpellier.
« La politique de répression du gouvernement passe d’abord par les présidences d’université qui essayent d’étouffer le mouvement en généralisant les cours à distance. »

Le 17 mars, à Grenoble, des étudiants ont envahi le hall d’entrée de la présidence pour exiger justement que le distanciel ne soit pas utilisé contre la grève. Le directeur général des services a proposé de recevoir une délégation de trois jeunes ; mais les 150 étudiants réunis dans le hall et à l’extérieur souhaitent un échange devant le groupe élargi. « Sinon, à chaque fois ils nous font de la langue de bois dans le bureau et on obtient rien », justifie Emma de l’UNEF.

C’est alors que les étudiants restés à l’extérieur alertent sur l’arrivée « d’environ cinq camions, pour un peu plus d’une vingtaine de policiers ». En apprenant, via des agents de sécurité, que le directeur général des services est « parti par une issue de secours, après avoir appelé la police », ceux occupant le hall prennent la décision d’en sortir. Face à eux : des « policiersen tenue anti-émeutes, entrés en bousculant un peu des camarades de l’extérieur », décrit Emma. « Ils n’ont pas eu à utiliser la force pour que l’on sorte. Mais ça nous a choqués », soutient la responsable de l’UNEF. « On chantait des slogans et un envahissement de la présidence, ça se fait régulièrement… D’autres présidences d’universités n’ont pas hésité à faire intervenir les forces de l’ordre, comme à Strasbourg, Brest ou encore sur le site de l’EHESS à Aubervilliers, où 20 étudiants ont été placés en garde à vue le 23 janvier. « On a l’impression que les présidents d’université ont pour consigne de ne pas lâcher du lest sur l’organisation étudiante ».

Appel intersyndical : la mobilisation sociale s’accentue, c’est l’heure du retrait !

A l’appel de l’ensemble des organisations syndicales et de jeunesse, la 9ème journée de mobilisation contre la réforme de retraites a encore réuni plus de 3 millions de manifestants, ce qui en fait l’une des plus importantes depuis le début du mouvement social. La jeunesse s’est aussi largement mobilisée. Massifs et déterminés, ces manifestations, ces actions intersyndicales, ces grèves et ces débrayages sont une réponse aux contre-vérités exprimées par le Président de la République et son entêtement incompréhensible. L’intersyndicale réaffirme que contrairement aux

propos du président de la République, de nombreuses alternatives aux mesures d’âge ont été formulées. Aucune n’a été sérieusement étudiée. La responsabilité de la situation explosive n’incombe donc pas aux organisations syndicales mais bien au gouvernement. Alors que l’exécutif cherche à tourner la page, ce mouvement social et syndical pérenne et responsable, confirme la détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme.

A l’issue d’un parcours parlementaire chaotique, au cours duquel le gouvernement a utilisé tous les outils constitutionnels à sa disposition permettant de limiter l’exercice démocratique, le texte de loi est à présent soumis au Conseil Constitutionnel. Dans ce cadre, l’intersyndicale lui adressera prochainement des contributions explicitant les raisons pour lesquelles cette loi doit être entièrement censurée.

Face à l’absence de réponse de l’exécutif, Président de la République en tête, les organisations syndicales et de jeunesse, ont demandé publiquement une consultation citoyenne. Les parlementaires se sont saisis de l’outil constitutionnel à leur disposition et ont transmis un projet de Référendum d’Initiative Partagée au Conseil constitutionnel. Les organisations syndicales et de jeunesses sont prêtes à y prendre toute leur part dans le périmètre de leur représentation du monde du travail et de la jeunesse.

Le puissant rejet social de ce projet est légitime et son expression doit se poursuivre. Revendiquant le retrait de la réforme des retraites, l’intersyndicale appelle les millions de travailleurs et travailleuses, les jeunes et les retraités à continuer de se mobiliser. Elle appelle à des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end et à une nouvelle grande journée de grève et de manifestations mardi 28 mars partout dans le pays. L’intersyndicale se réunira mardi 28 mars au soir.

Réquisition au dépôt pétrolier de Fos : faire front, l’intersyndicale doit organiser la riposte !

Mardi 21 mars , le gouvernement a annoncé la réquisition de travailleurs du dépôt pétrolier de Fos- sur-Mer où la grève est toujours aussi massive. Annoncée par la ministre de la Transition énergétique, ces réquisitions visent à briser la grève sur le dépôt qui commence à occasionner des pénuries de carburant, avec 37% des stations-essence à sec dans les Bouches-du-Rhône.
Cette mesure autoritaire, qui fait suite aux réquisitions la semaine dernière contre les éboueurs parisiens mais aussi à l’expulsion des grévistes qui bloquaient le dépôt pétrolier de Donges. Dans l’ensemble de ces cas, l’objectif est clair : casser les grèves reconductibles qui perturbent fortement le fonctionnement de l’économie. Des mesures face auxquelles les travailleurs se préparent, à l’image de la raffinerie de Normandie où la CGT Total expliquait hier qu’en cas de réquisition, « on empêchera les réquisitionnés de rentrer. »
Face à l’offensive, un rassemblement a été appelé par la CGT dès 9h30.

Contre la répression, qu’elle passe par les réquisitions, l’envoi de policiers expulser les piquets ou les violences et interpellations dans les manifestations, il faut faire front et s’organiser. Le gouvernement est affaibli et la solidarité est notre arme contre ses mesures autoritaires mais aussi pour passer à la contre- offensive.

De ce point de vue, il faut exiger de l’intersyndicale une réponse à la hauteur des attaques violentes contre le droit de grève et les manifestants des derniers jours. Les directions syndicales doivent se positionner de façon urgente pour dénoncer mais aussi organiser la riposte, en mettant tous leurs moyens au service de la solidarité mais aussi de la généralisation de la grève face au gouvernement.

Paris : les éboueurs tiennent bon !

La grève reconduite jusqu’à lundi 27 mars dans les trois usines d’incinération des déchets parisiens !
Sans surprise, le discours d’Emmanuel Macron n’a pas entamé la détermination des salariés des trois usines d’incinération des déchets parisiens (Ivry, Issy-les-Moulineaux, Saint-Ouen) où 100 % des travailleurs sont en grève. La reconduction du mouvement jusqu’à lundi au moins a été votée en assemblée générale en début d’après-midi.

« Normalement 1.000 camions-bennes rentrent chaque jour, là on en laisse passer que 60 à 80 », explique le secrétaire général du syndicat de production de la région parisienne, qui fait partie du secteur mines énergie. Chaque incinérateur produit à la fois de la chaleur pour le chauffage de
100.000 logements, et de l’électricité pour 30.000 logements. « C’est 15.000 mégawatts en moins chaque jour en ce moment, l’équivalent de 15 tranches nucléaires ». « Ils peuvent toujours essayer de nous réquisitionner, mais il y a tant de métiers en jeu qu’il va être compliqué de contraindre l’ensemble de la chaîne ».

Mines / Énergies : le gouvernement porte seul la responsabilité de l’escalade de la colère dans le pays !

Quoi qu’il se passe aujourd’hui, par la lutte la démocratie sociale veille !
Pour les députés hésitants, l’heure est a la raison. pour nous, l’heure est a la résistance. Le petit roi Macron a provoqué les électriciens, les gaziers et les énergéticiens en jouant la carte de la rupture du dialogue, nous lui répondons par l’organisation d’un choc énergétique national. Ciblons l’oligarchie mais aussi celles et ceux qui pourraient voter ce projet de loi ! Actuellement, plusieurs camarades sont ciblés. Par exemple nos camarades Renaud, Jean-Philippe, Simon et Amor du syndicat Energie Marseille Ville, viennent d’être convoqués au commissariat et mis en garde à vue pour des faits remontant à juin 2022 !

Personne n’est dupe, la date n’a pas été choisie au hasard, ils veulent museler la colère des travailleurs par la peur. Les véritables responsables de la situation explosive dans le pays ne sont pas inquiétés. Ils sont tranquillement installés à l’Élysée, à Matignon et dans les ministères. Ils ont peur, ils nous craignent, ils nous haïssent !
Les militants CGT sont convoqués au tribunal pour la mi-septembre !!!
Par l’action collective et la grève massive, nous sommes convaincus que nous allons gagner.

Après le 49.3 : le plus grand stockage de gaz d’Europe mis à l’arrêt par les grévistes à Chémery (Loir-et-Cher) !

Après l’annonce du passage de la réforme des retraites par 49.3, les travailleurs de l’énergie en grève reconductible radicalisent le combat et mettent à l’arrêt plusieurs sites centraux de stockage de gaz.

Le plus important site de stockage d’Europe, situé à Chémery, a été mis à l’arrêt par les grévistes de Storengy (sous-filiale d’Engie). « On a vu l’effet du 49.3, et sur les stockages et les terminaux méthaniers on n’est pas en reste », confirme le responsable national du gaz à la CGT Engie.

Dans son communiqué, la CGT Mines-Energie 41 déclare : « Avec l’utilisation du 49.3, le gouvernement a fait le choix d’un passage en force. Depuis cette annonce, les vannes des puits de gaz se ferment les unes après les autres. Le président Macron a réussi à mettre hors service tous les puits du plus gros site de stockage de gaz d’Europe ». Ajoutant : « Les syndicats FNME-CGT ont décidé de poursuivre et amplifier les actions. […] Le 49.3 n’a fait que renforcer la lutte, les énergéticiens ne lâcheront rien. »

« Les salariés grévistes en colère ont décidé d’arrêter les sites petit à petit, celui de Chémery vendredi. Celui de Céres, la semaine d’avant. » Les grévistes ont réduit le débit à 70.000 mètres cubes par heure, soit « le minimum technique pour ne pas endommager les machines » selon un délégué du personnel CGT.
Depuis le 7 mars, les 11 sites de stockage Storengy sont en grève, ainsi que l’ensemble des terminaux méthaniers de France (Elengy), au nombre de quatre. On compte 80 à 90% de grévistes sur les sites bloqués : « Ça fait depuis 1993, que je suis dans cette société, et je n’ai jamais vu une telle mobilisation, une telle détermination » déclare un militant syndical.

La direction de Storengy déclare que « cela n’a pas d’impact sur les livraisons, nous continuons à alimenter nos clients ». Tout comme elle la direction d’Engie, assure à propos de la mise à l’arrêt des sites de stockage que cela n’a pas d’impact concernant [ses] clients et la demande de gaz naturel ».
Une tranquillité affichée par la direction et démentie, aussi bien sur l’état des stocks : « Il y a zéro émission côté Elengy sur le réseau de GRT. On a très largement diminué les stocks de fin d’hiver. Le 7 mars on était à 50% de stocks et aujourd’hui on est à moins de 30% », que sur les terminaux méthaniers : « ce qu’il se passe sur les terminaux est très important. Ils sont hyper inquiets parce que l’activité est complètement à l’arrêt ».

Si la direction d’Engie minimise publiquement les effets de la grève, ses effets économiques se font bien sentir : « Je me suis entretenu avec Nelly Nicoli, la nouvelle directrice générale d’Engie aujourd’hui qui pleurait sur le fait que la grève leur coûtait 10 millions d’euros par semaine depuis le 6 mars et qu’il fallait à tout prix qu’on reprenne le travail. » conclut le syndicaliste.

Nantes : victoire des postiers grévistes contre la répression !

Après quatre jours de piquet de grève, sept postiers, syndicalistes CGT et Sud, ont été assignés pour entrave à la circulation des biens et des personnes, (avec des demandes d’amendes de 1.000 € par heure d’occupation). À l’audience, la direction de la poste a abandonné les poursuites. La répression a perdu.
L’audience n’a pas duré deux minutes. D’une petite voix, l’avocat de la direction de La Poste lâche que son client se désiste de son assignation en référé. Il rappelle brièvement que le blocage a duré quatre jours, à la plate-forme industrielle du courrier d’Orvault (PIC), puis à la plate-forme de Carquefou, au nord et à l’est de l’agglomération nantaise. Mais ces centres de tri ayant été débloqués à partir du 21 mars, « l’assignation était donc sans objet ».

En sortant de la salle d’audience, les militant-es, qui avaient dû enlever leur chasuble siglé et ranger leurs drapeaux pour pénétrer dans le palais de justice, sont perplexes : « ça veut dire quoi ? »…
« Ah, c’est comme retirer sa plainte ? Ben on a gagné, alors ! »
Sur le parvis du tribunal, l’annonce de l’abandon des poursuites déclenche une jolie ovation.
« Toutes les victoires sont bonnes à prendre ». Même si un de ces postiers pondère : si la vengeance patronale a fait pschitt, la menace a laissé un peu d’amertume : « Ça nous a détourné de la mobilisation contre la réforme des retraites pendant quelques jours ». Et la manœuvre a bel et bien brisé l’élan de la grève, le blocage étant levé collectivement et par solidarité par le piquet de grève pour ne pas faire porter plus de risques aux camarades envoyés au tribunal, et sous la menace de nouvelles assignations et de pénalités financières.

Une offensive contre le droit de grève !

Cette assignation pour entrave à la circulation des biens [les lettres] et des personnes [les non grévistes] n’a ciblé que des responsables syndicaux, alors que 60 personnes étaient présentes à chaque fois. Et qu’en fait, seuls les camions de transport du courrier étaient bloqués, le personnel non gréviste pouvant entrer et sortir sans encombres. Mais la direction a considéré que les machines de tri étaient à l’arrêt et les tournées paralysées, les non grévistes n’avaient plus de travail à effectuer, rendant les grévistes responsables de ce qui a été présenté comme « une atteinte à la liberté du travail », le terme déguisant mal une offensive contre le droit de grève.

C’est un mode de sanction inédit dans la région, ces assignations ayant été délivrées par surprise alors qu’un huissier était sur place tous les jours pour prendre en photo les feux des piquets de grève. Reste que le rapport de force a permis de bloquer ce coup de pression.

En quittant le tribunal, les quelques deux cents militants ont rejoint le rendez-vous de la manif. Mais ce n’était pas un retour à la normale puisque la manifestation nantaise a battu les records des semaines précédentes, avec 80.000 personnes dans la rue. Et plutôt en pétard !!!

Rouen (Seine–Maritime) : non aux violences policières !

L’intersyndicale interprofessionnelle de Seine Maritime et les organisations de jeunesse condamnent l’utilisation de la violence par la police et les gardes mobiles à l’occasion du rassemblement devant le rectorat de Rouen puis à l’issue de la manifestation devant la CARSAT de Normandie. Force est de constater qu’il n’y a eu aucun débordement dans les neufs manifestations que nous avons organisées à Rouen depuis le 19 janvier.

Nous condamnons l’utilisation de la force, des gaz lacrymogènes contre les travailleur-ses, les jeunes et les retraités. Le gouvernement est fébrile et minoritaire, il utilise la violence pour tenter de décrédibiliser le mouvement. Cela ne nous fera pas reculer. Nous continuerons la lutte jusqu’au retrait !

Le comité des travailleurs frontaliers interpelle le député de la 5ème circonscription de Moselle !

Monsieur le Député Vincent Seitlinger,
Le Comité de Défenses des Travailleurs Frontaliers de la Moselle vous appelle à voter contre cette abominable loi dont le but est de faire travailler jusqu’au tombeau. Cette contre-réforme pénalisera lourdement les anciens travailleurs frontaliers en chômage qui ne bénéficieront plus du maintien des droits de leurs allocations à partir de 62 ans. Ils devront survivre avec le RSA de 62 ans jusqu’à l’âge de la retraite allemande 66-67 ans. Un scandale après une dure vie de dur labeur.
Comme vous le savez, cette contre-réforme est purement idéologique. La France est encore le seul pays dans l’UE où l’on ne travaille pas jusqu’à 65 – 67 ans. Cette contre-réforme est dictée par la Commission européenne, par cette UE de malheur qui détruit toutes nos conquêtes sociales.
Thierry Breton, commissaire européen a affirmé le 9 décembre 2019 : « la commission européenne juge nécessaire toutes les réformes qu’il faut mener sur l’ensemble du continent, et notamment celle des retraites… ; la France doit instituer un régime unique de retraite pour faire 5 milliards d’économie… » Et cela a été rappelé par le Conseil de l’UE le 12 juillet 2022.
Lors du sommet européen à Barcelone le 22 mars 2002, Chirac, Jospin, Blair et Schröder ont signé avec le même stylo le recul de l’âge de la retraite de 5 ans / 7 ans.
L’ancien président du SPD Sigmar Gabriel et Siegfried Russwurm, président de la fédération allemande de l’industrie revendiquent de porter la retraite à 70 ans.
Oui travailler jusqu’au tombeau c’est l’objectif de leur « belle Union européenne et ses valeurs ». Un affront à la classe ouvrière !!!
Les Larcher, les Retailleau ces gras notables du Sénat qui s’y empiffrent et qui n’ont jamais mis les pieds dans une usine ; ces nantis déconnectés des réalités ont voté cette saloperie, et ils ont le culot de dire qu’il faut bloquer les bloqueurs. Eh bien qu’ils fassent, ainsi que tous les parlementaires qui sont pour cette loi, un stage de 6 mois : sur le trépied d’un camion poubelle, dans les hôpitaux soulever les malades, sur les chantiers, monter les échelles et les échafaudages, étaler le bitume par 40oC de chaleur sur les routes, dans les usines travailler à la chaîne.
Ainsi ces ronds de cuir affalés sur leur siège doré prendront conscience de la réalité du monde du travail. Monsieur le député nous sommes en colère !!! Nous espérons vivement que vous et vos collègues voterez contre cette abominable loi.

Salaire dérisoire et planning à trous : Une quinzaine d’auxiliaires de vie ont manifesté à Crécy-en-Ponthieu (Somme) !

Ces salariées ont protesté devant le siège de leur employeur Valloires Domicile vendredi matin, avant d’être reçues par la direction. Elles dénoncent des plannings à trous, des salaires trop bas et des défraiements dérisoires pour leurs déplacements professionnels.
Elles se sont donné rendez-vous, avec une vingtaine de militants de la CGT, devant le siège de l’association qui les embauche, avant une déambulation dans le centre-ville. Sur leur banderole, on pouvait lire : "Femmes mal payées, maltraitées, mal retraitées" !

Elles sont 80 à faire ce métier dans cette association : faire les toilettes quotidiennes des personnes dont elles s’occupent, préparer le repas, faire le ménage et puis discuter quand il y a le temps, tout cela entre trente minutes chrono. En tout, chacune peut suivre jusqu’à 16 usagers par jour, sur une quarantaine de communes qui vont du Ponthieu à la côte picarde.
Certaines salariées prennent des crédits pour payer l’essence !
Ces auxiliaires doivent utiliser leur propre voiture pendant le service avec 38 centimes remboursés par kilomètre explique Sylviana : "On réclame 50 centimes par kilomètre, explique cette salariée, en poste depuis 9 ans. Et puis l’usure de la voiture, c’est aussi à nos frais." Certaines font même des crédits pour payer l’essence !

Et ces trajets en voiture ne sont pas comptés comme du travail : "On est tout le temps sur la route, on travaille du matin au soir pour des salaires dérisoires", conclut Sylviana. Valloires Domicile a annoncé bientôt acheter 8 voitures pour 80 auxiliaires. Un début de solution timide, car chaque véhicule sera attribué 3 mois à une salariée, avec une carte carburant.

A cela, il faut ajouter des journées à trous, qui s’étalent entre 6h45 et 20h30 explique Sandra : "Parfois on commence le matin pour 3/4 d’heure, puis on revient à midi pour 3/4 d’heure, et pareil le soir". Et chaque jour, cette auxiliaire a le sentiment d’être maltraitante avec les usagers : "Essayez de faire en trente minutes une toilette, un repas, la vaisselle et le reste : c’est impossible. On n’a même plus le temps de discuter avec eux", poursuit cette salariée.
Les salariées réclament aussi des plannings fixes. Impossible dit Valloires Domicile, qui n’arrive pas à recruter. Difficile aussi de faire plus sur les salaires : "L’augmentation ne sera pas significative et ponctuelle, quand on pourra, indique Marie-Charlotte Thueux, directrice adjointe. En ce moment, on y travaille car nous sommes en négociation avec le département de la Somme » pour plus de souplesse financière pour ces salariées qui s’investissent" !!!
Les auxiliaires de Valloires Domicile envisagent d’autres actions prochainement.

Briançon (Hautes-Alpes) : Après la réforme de trop, le 49.3 de trop !!

Lundi 20 mars 16h : Rassemblement à Briançon à 16h devant le Lycée d’Altitude, sortie du collège et des lycéens des épreuves de spécialité du bac, pour continuer à exiger le retrait de la réforme des retraites.
Les épreuves de spécialités auront lieu les 20 et 21 mars.
Les organisations professionnelles dénonçaient déjà le non-sens de ces dates et demandaient leur report au mois de juin. Ce qui est encore possible.
Tractage pour faire connaître et appeler à suivre "le préavis de grève déposé qui couvre la période des épreuves de spécialités. Dans l’hypothèse où le gouvernement n’aurait pas retiré son projet de réforme des retraites, elles appellent (les organisation syndicales) à poursuivre la mobilisation pendant les épreuves de spécialité y compris par la grève de la surveillance là où c’est possible." Selon le suivi de cet appel des actions sont prévues pour mardi, 2ème jour des épreuves.

Réforme des retraites : les syndicats déclarent la grève illimitée sur le site Verescence (flacons de verre pour les produits de luxe) de Mers-les-Bains (Somme) !

Après le rejet de la motion de censure par l’Assemblée nationale, l’intersyndicale (CGT, CFDT, FO) du verrier Verescence a opté pour une grève illimitée. Objectif : permettre à chaque salarié de se déclarer en grève à tout moment.
Le militant syndical CGT explique l’implication du personnel de Verescence aidant les salariés pour bloquer le dépôt des camions-bennes dans la ville voisine de Eu. Les verriers soulignent leur conditions de travail extrêmes, motivant leur présence importante dans toutes les manifestations.

L’incendie du logement du maire de Saint Brévin (44)

Les organisations syndicales et associations : Attac, Confédération Générale du Travail, Fédération des Amicales Laïques-Ligue de l’enseignement, Fédération Syndicale Unitaire, France Palestine Solidarité, Ligue des droits de l’Homme, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, Syndicat des Avocats de France, Union syndicale Solidaires réunies dans le Collectif de Lutte pour les droits et les libertés Ensemble contre les idées et les actes des Extrêmes Droites (CLECED) tiennent par ce communiqué à apporter leur soutien total à Yannick Morez, maire de St Brévin, victime d’un acte de violence d’une gravité extrême.
Ce jet de cocktail molotov fait suite à des menaces à son encontre, celle de sa famille suite à son engagement d’élu pour l’implantation d’un centre d’accueil de demandeur-euses d’asile sur la commune dont il est l’édile. Outre le maire, d’autres élu·es et personnes brévinois-es ont été menacé·es à Saint Brévin. Un tract distribué en début d’année par des personnes s’opposant au CADA fait l’objet de plaintes pour provocation à la discrimination raciale.

Cet acte fait suite à la pression de groupes qui se situent à l’extrême droite, notamment le samedi 25 février devant la mairie de St Brévin, appelant pour certains à prendre les armes contre les étrangers et leurs soutiens.
Face à cet acte de violence d’une gravité extrême, le Collectif exprime le souhait que l’enquête actuellement en cours permette d’identifier les responsables et qu’une réponse pénale adaptée soit apportée.

Généralisation du SNU : un projet dangereux pour la jeunesse et l’éducation populaire !

Le président Macron avait annoncé dans son discours de nouvel année la généralisation du Service National Universel (SNU). Dans le contexte social de lutte contre la réforme des retraites, craignant la mobilisation de la jeunesse, les annonces des modalités ont été reportées. Un document interne, ayant fuité, donne les contours inquiétant des projets de généralisation. L’obligation pour les jeunes de seconde et de première CAP est prévue dans un premier temps dans 6 départements puis sur tout le territoire les années suivantes.
Le séjour de cohésion (12 jours) aura lieu sur le temps scolaire en seconde, complété par une « phase d’engagement » peu définie de 3 ans dans laquelle on trouve la volonté d’intégrer davantage de jeunes dans le dispositif « service civique ». Pour les animateurs et animatrices, l’effet s’annonce encore plus catastrophique. Dans un secteur extrêmement en tension, où trouver les animateurs pour encadrer dans une filière qui peine déjà pour tenir ses engagements et rémunérer décemment ses intervenant-es ?

La mesure risque de vider les accueils périscolaires, centres de loisirs, séjours de vacances des associations et des collectivités territoriales… Dans les projections le budget du SNU, s’il était généralisé, représenterait plus de 5 milliards d’euros (soit autour de 2.300 euros par jeune !). C’est un assèchement programmé du financement des associations d’éducation populaire, pour un projet d’embrigadement de la jeunesse.

Autres conséquences : Le risque d’impact négatif sur la disponibilité des hébergements pour les centres de loisirs et colonies de vacances est également très grand. Faire partir 800.000 jeunes 12 jours sur des périodes très restreintes va poser de très nombreux problèmes de logistique et d’hébergement. D’ores et déjà le gouvernement a créé les conditions pour contourner la loi sur les accueils de mineur-es : le SNU est défini comme séjour avec hébergement mais sans norme minimale en termes de taux d’encadrement ! Cela ouvre aussi la voie à une remise en cause des taux d’encadrement sur l’ensemble des Accueils collectifs de mineur-es (ACM). La part de l’encadrement non qualifié monte à 40 % contre 20 % maximum normalement. Il n’y a pour diriger les séjours, aucune exigence de qualification ! (Ni BPJEPS, ni BAFA, ni BAFD) ! Seule obligation pour les directions : être majeur-e et suivre une formation « maison » de 2 à 3 jours. On ne peut

qu’être inquiet pour la sécurité des jeunes qui seront accueillis. Ce projet a donc tout d’une catastrophe pour la jeunesse : embrigadement, détournement de financements qui devraient être consacrés aux associations d’éducation populaire. C’est aussi une catastrophe programmée pour les salarié-es de ces secteurs, dont le sens des métiers est bafoué, et qui subiront les coupes budgétaires programmées. Comment les directions de certaines fédérations qui se réclament des valeurs d’éducation populaire peuvent-elles mettre à ce point ces valeurs de côté en participant à un dispositif en tout point contraire à celles-ci ?

 

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Méga-bassines et élection du nouveau patron de la Fnsea

N'en déplaise à certains, la Fnsea fait partie des organisations patronales françaises et donc défend les intérêts de cette catégorie dont  justice sociale et progrès environnemental sont encore moins épais que du papier à cigarette.

Pour s'en convaincre davantage, pris sur le site internet de la Fnsea pour les intentions de vote de ses adhérents au premier tour de la présidentielle de 2022 : 30% Macron, 13% Pécresse, 12% Zemmour, 11% Le Pen, 9% Mélenchon, 8% Lassalle, 7% Jadot, 3% Dupont Aignan, 1% Philippe Poutou, Fabien Roussel et Anne Hidalgo. Je vous laisse faire les calculs.

Ce mardi, se tient le congrès de la Fnsea et Arnaud Rousseau va en être le prochain Taulier. Important céréalier, il cumule plusieurs mandats de direction dans l'agrobusiness. Son programme: méga-bassines ou comment capter gratos l'eau de pluie pour l'agriculture industrielle; retour aux pesticides et agenda pro-OGM. Deux ministres seront au congrès de la Fnsea: celui de l'Agriculture à la sauce Macron et celui de l'écologie à la sauce du capital. Peut-être une redondance, non?

Le ministre de la police sera lui absent. Le sieur Darmanin a toujours plus de chats à fouetter ailleurs que sur Sainte-Soline, cette méga-bassine qui plait beaucoup à la Fnsea et au capital. Là aussi, peut-être  encore une redondance...

Pour le ministre de la Police, j'allais écrire qu'il a d'autres chats à bombarder.

Mais non, on est dans la patrie des droits de l'Homme, pas d'usage intempestif des forces de l'ordre. Qu'est qu'ils ont donc à nous enquiquiner le Conseil européen des droits de l'homme, l'Onu, la Défenseuse des droits de l'homme en France et la Ligue des droits de l'homme sur ce qui se passe en ce moment dans les manifs. Ils en voudraient du bâton à la fin?

D'ailleurs, la photo ci-dessus, piquée dans Médiapart, montre bien des adhérents du syndicat patronal agricole en train de bosser, tout simplement. NON?

Note de P.

Dire qu on paye un pognon de dingue avec nos impôts pour que les flics s'entrainent et fassent joujou sur leurs engins "agricoles" pour taper sur les citoyens imposés !!!! 

Aux ordres du pyromane de l'Elysée élu  par des naïfs pour gouverner  la France et qui se prend depuis pour Louis XVI.....Au fait, qu'est ce qui lui est arrivé, à celui-là?

FASCISTE DONNEUR DE LEÇON


Contre "le régime algérien en place"

Le préfet Nunez, matraqueur à Paris, trouve le temps d’insulter l’Algérie.

Les paris sont ouverts, qui sera le champion de la répression entre l'exécrable Lallemand, qui a quitté sa place de premier flic de la capitale pour la laisser à Nunez qui vise à son tour la plus haute marche du podium ? Partage de la peur, angoisse communiquée par le tremblant de l’Élysée : c'est le feu vert : "on peut cogner chef". Entre deux coups de matraques, Nunez a trouvé le temps d'insulter la République d'Algérie. Il est fort ce protégé de Macron.

Le 13 févier 1991 j’étais à Bagdad quand un bombardier furtif américain – en opération humanitaire – a largué une bombe – forcément démocratique – sur un abri du quartier d’Amiriya. A l’intérieur plus de 400 femmes et enfants sont morts. Et il a été difficile de faire le compte exact de corps brûlés et broyés. Puisque le pilote n’était pas un barbare, mais un soldat du bien semant les graines d’un meilleur avenir, personne n’a imaginé traduire ce criminel contre l’humanité devant un tribunal. Une Cour Pénale Internationale quelconque.

Quelque temps plus tard Madeleine Albright, Secrétaire d’Etat des USA dira, un sourire de vipère accroché aux lèvres, qu’en Irak : « 500 000 enfants morts valaient bien le prix de la démocratie » ! Avoir vécu les moments de ces infamies m’a définitivement éloigné d’un droit-de-l’hommisme qui n’est qu’une Arme de Destruction Massive où le poison des mots remplace la poudre. J’écris ces quelques mots de préambule alors que j’entends évoquer le dernier avatar opposant la France à l’Algérie. Et vous me direz « Quel rapport entre les missiles de Bagdad et les relations entre l’Algérie et une France si hautement civilisée ? ».
Je vous affirme qu’il existe. La nécessité intime qu’ont les français, et leur cortège d’ONG si généreuses, de faire plier l’Algérie relève d’un post impérialisme imposé par le « bien », celui qu’on pouvait lire dans le ciel irakien noir de ferraille et de fureur. J’exagère ? Oui j’exagère.

Les oukases du camp des maîtres, ceux qui continuent de faire la leçon, ont l’avantage insigne de ne pas expédier des innocents à la morgue. Pourtant ce post colonialisme continue de provoquer des blessures cent quatre-vingt-seize ans après la prise d’Abd el Kader et sa smalah. Vous trouverez trop peu de français qui n’aient pas une saloperie à lancer sur le dos de l’Algérie. Un pays qui, dans leur imaginaire, continue d’être un chez-soi occupé par des squatteurs arabes et berbères. Qui donnera la moindre excuse à un pays vieux de soixante ans, jadis grandi sous le canon colonial, puis libéré par lui-même dans l’atrocité de la guerre ? Il y a quelques jours j’ai pris un taxi algérien qui m’a raconté, sa maison étant détruite par l’armée française, son enfance dans un « camp de transit » entre les barbelés et des murs en terre. Comment oublier, effacer une telle histoire ?

Le sommet du mépris étant atteint quand l’Algérie est devenue la première cible des fous d’Allah baptisés GIA. A cet instant le si généreux Occident, plutôt que de venir en aide aux assiégés, a laissé faire et même parfois protégé les terroristes. Le mensonge qu’il fallait propager dans les médias était « Le qui tue qui ? » Une sale baliverne qui voulait faire croire que les militaires algériens entretenaient cette guerre pour mieux tenir le pouvoir... Une infamie. Ai-je dit que l’Algérie était un Eden, le monde en idéal ? Non. Mais je me tais puisque la parole et les actes « français » ont ici commis tous les crimes et que ne prévalent que le silence et le recueillement des cimetières.

L’Algérie fait l’objet d’attaques continuelles au nom des droits de l’homme de la part d’ONG fantoches financées par la CIA et le capitalisme, la seule internationale existant aujourd’hui. Les bouches et les écrits des « bombardeurs » de Bagdad ont pris le manche des pilotes : on flingue mais en douceur. Un exemple me vient. Lors de la dernière réunion du Conseil des Droits de l’homme de l’ONU la France a sommé l’Algérie d’adopter une législation qui protège mieux les femmes des violence familiales. C’est parfait. Mais au même moment un certain Emmanuel Macron, réputé être président de la République Française, part en goguette avec son frère Kamel Daoud. Un ami et conseiller intime pourtant condamné par un tribunal d’Oran pour avoir frappé son ex-femme ! On tire l’oreille de l’Algérie mais on laisse la sienne intacte pour mettre en valeur la rouflaquette. Après cela, allez vous étonner que les Algériens soient « paranoïaques », mal embouchés, méfiants et toujours à se plaindre. Et qu’ils se méfient des « influences étrangères »...

L’origine de ma colère du jour me vient d’une lettre scandaleuse écrite par le préfet de police de Paris Laurent Nunez à un groupe de citoyens algériens ou franco-algériens, vivant en France et soucieux, par une manifestation symbolique, de montrer leur « désapprobation de cette diffamation » dont souffre leur pays d’origine. Le 14 mars le « Collectif unitaire Franco-Algérien » dépose à la préfecture de Paris une demande afin de manifester le 19 mars place de la République. Rien que de très banal puisque cette même place sert d’open bar à des groupes qui, eux, manifestent contre le gouvernement algérien, ce qui est leur droit. Pouvait-on croire.

Car la réponse est non. Il est bien vu, par la France, de venir secouer des oriflammes sous la statue de la République pour réclamer la mort de la république algérienne. Mais interdit de la soutenir. Pire, dans son courrier le préfet Nunez, il est vrai élevé dans la nostalgie d’une Algérie pays perdu, ose écrire les mots suivants : « Considérant que plusieurs rassemblements contre le régime algérien en place se dérouleront quant à eux également le 19 mars... ». C’est « non » car on ne peut soutenir « le régime algérien ». Vous avez bien lu : le « régime », comme celui de Vichy... Abdelmadjid Tebboune aurait-il quelque chose de Pétain ? Tout cela sous la signature d’un préfet qui fût un temps, heureusement court, ministre de la République Française.
Pour conclure, il est enrichissant d’apprendre que l’Algérie n’est pas une République mais un « régime en place », dont on attend qu’il la perde. Visiblement, trop occupé à danser la lambada à Kinshasa, à reconstruire le Liban, à envahir la Russie, Emmanuel Macron a autre chose à faire que contrôler l’insulte faite à un pays souverain. Après tout, il en a l’habitude.

Jacques-Marie BOURGET

PHOTO : interdits de manifestation Place de la République, des Algériens patriotes et solidaires de leur pays, se sont rassemblés ce dimanche 19 mars 2023 Place Colonel-Fabien. Photo Brahim MADACI

 


La présence d’armes nucléaires au Belarus détruira l’un des principaux mythes de l’Occident

Voici un article tout à fait fondamental pour permettre de comprendre ce qui se joue désormais y compris en matière nucléaire en Europe, nous devons exiger la paix face à nos gouvernants dont nous mesurons bien la manière comment dans ce domaine comme d’autres ils se sont enfermés dans leur propre impuissance et n’ont pas la moindre idée de la manière d’arrêter ce qu’ils ont eux-même déclenché. “Le déploiement d’armes nucléaires russes au Belarus signifierait une escalade et une menace pour la sécurité européenne, a déclaré le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell. Il est intéressant de noter qu’il ne considère pas la présence d’armes nucléaires américaines en Europe comme une escalade” dit l’article, comme les mêmes feignent de s’indigner de la manière dont les Russes ont mis des enfants à l’abri des combats, mais n’ont aucun problème à l’idée que la Grande-Bretagne livre des munitions à l’uranium appauvri empoisonnant durablement les zones dans lesquelles vivent ces enfants… (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/politics/2023/3/26/1204783.html

26 mars 2023, 19:20
Photo : MOD Russia/Twitter.com/Global Look Press
Texte : Rafael Fakhrutdinov

La Pologne sera désormais beaucoup plus prudente dans ses décisions de déployer des forces près de la frontière avec le Belarus”. C’est en ces termes que les experts expliquent la déclaration sensationnelle de Vladimir Poutine, qui s’est dit prêt à déployer des armes nucléaires russes au Belarus. La réaction de l’Europe est paradoxale : pour une raison ou une autre, l’Europe ne se soucie pas de la présence d’armes nucléaires américaines sur son territoire.

Moscou et Minsk ont convenu de déployer des armes nucléaires tactiques (TNW) sur le territoire de la Biélorussie, a déclaré le président russe Vladimir Poutine. “Nous avons déjà aidé les Bélarussiens : nous avons rééquipé des avions, 10 avions sont prêts à utiliser des armes nucléaires, nous leur avons remis l’Iskander. Le 3 avril, nous commencerons à former les équipages et à construire une installation de stockage pour les armes nucléaires. Nous ne transférons pas nos armes nucléaires au Belarus, mais nous les déployons et formons les militaires comme les États-Unis l’ont fait en Europe”, a-t-il déclaré dans une interview accordée à Russia 24.

M. Poutine a précisé que les armes seraient déployées sans violer les obligations internationales en la matière. Selon le président, la raison d’une telle mesure est la déclaration du Royaume-Uni concernant la fourniture de munitions à l’uranium appauvri à l’Ukraine.

Le chef d’État a indiqué que le Belarus demandait depuis longtemps à accueillir des armes nucléaires russes. Il a ajouté que Moscou faisait ce que les États-Unis font depuis des décennies. “Ils ont des alliés dans certains pays et préparent leurs porte-avions et leurs équipages”, a déclaré M. Poutine, cité par RIA Novosti.

Les États-Unis ont déjà réagi à la décision de Moscou, selon Reuters. “Nous ne voyons aucune raison d’ajuster notre propre position nucléaire stratégique, ni aucune indication que la Russie se prépare à utiliser des armes nucléaires”, a déclaré un haut fonctionnaire de l’administration présidentielle américaine.

Cette évolution a suscité des critiques à Kiev. “Le Kremlin a pris le Belarus en otage nucléaire”, a déclaré Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil ukrainien de sécurité nationale et de défense. L’Ukraine a demandé une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies à ce sujet.

L’OTAN a qualifié la décision de Moscou de “dangereuse et irresponsable”. La vice-présidente bulgare, Iliana Yotova, a appelé à des négociations urgentes entre la Russie et l’Ukraine, soulignant que la situation devenait “de plus en plus dangereuse et effrayante”. Le ministère allemand des affaires étrangères a qualifié les actions de la Russie de “nouvelle tentative d’intimidation nucléaire”, selon Welt.

Le journal VZGLYAD a écrit que les avions d’attaque Su-25 sont susceptibles d’être modernisés pour les TNW au Belarus, ainsi que les chasseurs MiG-29. Il pourrait également être question de réviser un petit nombre de bombardiers de première ligne Su-24M qui, à la fin de l’Union soviétique, constituaient le principal vecteur des armes nucléaires aéroportées.

En outre, Vladimir Poutine a mentionné les complexes Iskander. Les missiles de ce complexe peuvent également être équipés d’ogives nucléaires. La portée des missiles Iskander est de plusieurs centaines de kilomètres et ces missiles ne peuvent pas être interceptés par les systèmes de défense aérienne modernes.

Le déploiement d’armes nucléaires russes au Belarus signifierait une escalade et une menace pour la sécurité européenne, a déclaré le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell. Il est intéressant de noter qu’il ne considère pas la présence d’armes nucléaires américaines en Europe comme une escalade.

Cette présence est largement connue. Elle est présente en Europe depuis la guerre froide. En particulier, en 2019, une commission de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN a publié un rapport révélant où les États-Unis déploient leurs bombes nucléaires B61. 20 bombes sont déployées sur la base aérienne de Büchel, près de Kochem, en Allemagne, dont le 702e escadron de l’US Air Force est responsable.

Vingt-deux autres bombes se trouvent sur la base de Klein Brogel, où est stationnée la 10e escadre aérienne tactique de l’armée de l’air belge. 20 bombes se trouvent sur la base de Volkel, aux Pays-Bas. 35 bombes sont placées dans le nord-est de l’Italie, à 50 kilomètres à l’ouest de la ville d’Udine. L’Italie dispose également d’un autre site de stockage d’armes nucléaires : 40 bombes se trouvent sur la base de Gedi-Torre, dans le nord du pays, à 15 kilomètres de Brescia.

Enfin, la base la plus orientale du commandement de l’armée de l’air américaine en Europe est celle d’Incirlik, où sont stationnés la 39e escadre d’aviation de l’armée de l’air américaine, la 10e escadre de l’armée de l’air et le 2e commandement de l’armée de l’air turque. La base stocke 50 bombes atomiques, selon la Military Review («Военное обозрение»).

Mais après l’effondrement de l’URSS, la Russie a retiré toutes ses armes nucléaires des anciennes républiques soviétiques. D’importants arsenaux se trouvaient en Ukraine, au Kazakhstan et même au Belarus. En fait, dans une certaine mesure, la situation est revenue à ce qu’elle était à l’époque soviétique – après tout, les États-Unis n’ont jamais retiré leurs armes nucléaires d’Europe.

“D’un point de vue militaire, le déploiement de TNW au Belarus n’est pas essentiel. Tous les pays essaient de placer leurs armes nucléaires loin de leurs frontières afin qu’elles ne soient pas rapidement détruites lors d’un éventuel conflit militaire de grande ampleur”, a déclaré l’académicien Alexei Arbatov, de l’Académie des sciences de Russie.

“Les États-Unis ont de nombreuses possibilités de déployer des armes nucléaires non conventionnelles plus près de la Russie, en Pologne, dans les pays baltes, en Roumanie et en Bulgarie. Mais ils ne le font pas pour ne pas mettre ces armes en situation de grande vulnérabilité.

En outre, d’un point de vue militaire, le fait de placer des TNW sur le territoire d’un allié ne signifie pas que l’on est prêt à les utiliser, a souligné l’expert.

“Ni la Russie ni les États-Unis n’ont le droit de transférer des armes nucléaires à d’autres pays, ce qui est interdit par les articles 1 et 2 du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires”, a rappelé l’interlocuteur. – Les TNW au Belarus seront à la disposition des forces techniques nucléaires de la 12e direction principale du ministère russe de la défense. Il s’agit d’un service distinct qui ne peut transférer des TNW aux troupes que sur ordre du commandant en chef des forces armées russes, c’est-à-dire du président. Et ce service n’est subordonné qu’à lui, directement.

Le président du Belarus a effectivement fait part de son souhait de voir les armes nucléaires russes sur le territoire de son pays. “Je proposerai à Poutine de ramener les armes nucléaires en Biélorussie”, a déclaré le dirigeant biélorusse en 2021. Quelle est sa motivation ?

“Pourquoi Loukachenko en a-t-il besoin ? Cela confirme la force de l’alliance entre Minsk et Moscou. Désormais, la sécurité du Belarus est assurée non seulement par des forces polyvalentes, mais aussi par des armes nucléaires. En outre, cela renforce le poids politique du dirigeant biélorusse sur la scène internationale, en Europe en premier lieu”, a conclu M. Arbatov.

Toutefois, pour la Russie également, ce qui se passe est tout à fait logique d’un point de vue politique. “Le déploiement de TNW au Belarus est un signal que Moscou envoie aux États-Unis et à l’UE : la création d’une force anti-russe par procuration à partir de Kiev, l’approvisionnement de l’Ukraine en armes et l’extension de la présence militaire américaine en Europe de l’Est augmentent les risques d’un conflit direct entre la Russie et l’OTAN, d’une confrontation prolongée et d’une course aux armements”, explique Dmitri Souslov, directeur adjoint du Centre d’études européennes et internationales intégrées de la Haute école d’économie.

“Les États-Unis et l’Union européenne tentent de se convaincre et de convaincre le monde entier que leur politique en Ukraine n’entraîne pas de risques stratégiques accrus. La Russie souhaite détruire ce mythe. C’est pourquoi Moscou prend de telles mesures : suspension de la participation au traité de réduction des armes stratégiques, déploiement d’armes nucléaires dans un État voisin”, a expliqué l’interlocuteur.

“Une tâche extrêmement importante pour la Russie est d’inspirer aux élites des États-Unis et de l’UE la crainte d’une véritable guerre à grande échelle, si l’on peut dire – la troisième guerre mondiale. La même peur que celle qui régnait à l’Ouest pendant la guerre froide. C’est la seule chose qui puisse stabiliser la situation aujourd’hui. Lorsque l’Europe et les États-Unis commenceront à parler d’abris antiatomiques et de pansements faits maison, leurs autorités s’engageront dans la voie de la désescalade et du dialogue avec Moscou”, explique l’expert.

“Pour Minsk, en revanche, il s’agit d’une dissuasion accrue envers des pays européens face à un conflit potentiel. La Pologne, par exemple, sera désormais beaucoup plus prudente dans ses décisions de déployer des forces près de la frontière avec le Belarus”, a conclu l’analyste.

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