lundi 3 juin 2019

je reviens sur la corrida de Zalduendo car je lis un peu partout qu’on a atteint des sommets avec LES deux faenas de l’histrion Ferrera.
Voilà ce que j’en pense …à chaud.
D G.
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D’abord le contexte...
Ferrera sort d’une histoire bizarre où il fut retrouvé au petit matin en bas d’un pont dans un état physique disons, délabré. La communication sur ce fait divers a été soigneusement camouflée, et bien sur, on ne peut alors qu’en imaginer les causes. Mais pour qui connait le lascar, elles sont écrites à l’encre peu sympathique.

Ensuite l’écriture d’un scénario bien huilé
Donc une réapparition à Cordoba où il coupe des oreilles comme on coupe la drogue, c’est à dire avec des produits bas de gamme pour faire encore plus de bénéfices. Il était prévu de longue date à la San Isidro, et bien hop, le samedi, revoili-revoilà notre histrion au paseo des Zalduendo en compagnie de Curro Diaz et du petit frère Adame, Luis David.

Puis l’optimisation du scénario
Les Zalduendo, en fait une branche sèche de la ramification Jandilla, de provenance directe Domecq, sont reconnus depuis longtemps et en particulier depuis leur rachat récent dans les nineties par Fernando Domecq pour un retour au bercail, pour leur noblesse. Un gène importé parmi les deux gènes initiaux du toro de combat : la bravoure et le trapio. Il faut bien alors empiéter sur l’un des deux existant pour pouvoir présenter maintenant le toro commercial qui pullule grâce à eux, dans les ruedos. Ce sera donc au détriment de la bravoure, car la carcasse, ça se voit, et il faut passer le reconocimiento. La bravoure, ce qui conforte l’adage du melon, elle, ne se voit réellement qu’à partir de la pique. Elle est pour moi, maintenant quasi inexistante chez le Zalduendo basique cuvée  2019 (donc dans les guarismos 4 et 5). Et on en a eu samedi, une confirmation évidente. Des toros qui tournent autour du piquet, qui embistent certes mais mollement, qui répètent et qui caracolent à l’infini. Et un torero qui n’a qu’à mettre la muleta devant le nez du bicho pour que celui ci démarre automatiquement comme si on appuyait sur le bouton marche-arrêt. Et dès que l'habit de lumière tout propre, rentre dans une phase risquée, en catimini, quelques pas invisibles dans le sens contraire de la marche et hop, le voilà sorti de la ligne…(tiens tiens, encore une histoire de ligne)…sans avoir souillé de la moindre tache, son traje de luz. Comparez le sien samedi avec celui de Luis David. C’est flagrant. Même pas besoin d’un coup de brosse. Celle inutile aux « fuera de cacho ».

Deux épées a recibir de loin.
Faciles, car les deux toros chargent droit et le torero ne s’est pas une seule fois croisé. Il n’y a pas de raison qu’il dévie d’un poil pour la charge suprême. Deux bajonazos d'école Ferrera. Et trois oreilles qui vaudraient normalement salut aux tiers. Pas une des deux épées en place, c'est à dire dans le rincon que Juan Mora, lui, trouvera facilement et naturellement le lendemain dimanche à Caceres devant des Pilar où sa demi épée en place sèchera le toro mieux que les entières de Ferrera. Dans un endroit aléatoire, loin du lieu classique recherché par ceux que l’on a coutume d’appeler Maestro. Là, d’ailleurs Ferrera rejoint Stromae et son clip hyperplanant sur la place de Bruxelles, mais là, hélas on est sur celle de las Ventas. On retrouvera Antonio d’ailleurs sur les étagères de Cacérès, assis à côté d’Aparicio, qui a déjà dépassé lui aussi dangereusement la ligne blanche. Mais aussi coupé deux oreilles à Madrid un soir de … grande inspiration (oserais-je dire respiration nasale)… Je me souviens de ses yeux comme des soucoupes…Il ne doit donc pas y avoir que les bébêtes qui les rapprochent ces deux-là…

Requiem in Pace : RIP
Fernando Domecq, le taulier de Zalduendo qui était l’ancien propriétaire des Jandilla, vient de décéder il y a quelques jours. Mais la constellation Domecq continue avec ses frères Juan Pedro fils de l’homonyme créateur de la saga, et l’autre, Borja Solis, qui viennent polluer avec leur media-toro, la planète du toro bravo tel que nous le concevons comme tout sauf un Domecq. Alors RIP les toros, RIP Fernando, et peut être RIP bientôt à un autre torero immolable à l’autel de la toromachie céleste : il viendrait y rejoindre ceux chers à notre cœur, récemment morts au combat comme entre autres, l’ont été Fandiño et Victor Barrios pour notre plus grand malheur.

La pluie d’oreilles que donne actuellement Madrid depuis que Casas a pris les commandes, font que Madrid n’est plus pour nous Madrid, mais une banlieue chic de Nîmes, avec son cortège d’officines ayant en stock des caisses d’oreilles en-veux-tu-en-voilà, et de queues itou à distribuer à l’envi, tout ça pour préparer l’événement du siècle : un indulto à las Ventas.
Les caisses, celles de récompenses comme celles de la taquilla, sont pleines. Pour le moment. Et le cartel de no hay billets est souvent accrochés tout comme certains toreros de verdad -comme Escribano-, le sont devant les toros durs de la semaine des albaserradas déclinant leurs petits gris à têtes de rats.

Je parie que le toro futur indulté sera un Domecq. Pourquoi pas alors l’appeler tout de suite Casas ? Et nous, une fois le mouchoir orange pendu au palco, nous sentirons-nous peut-être insultés dans notre aficion fondamentaliste. DG
Note de Pedrito: 
J'ai publié sous ses deux initiales la fine analyse de mon ami aficionado de verdad, que beaucoup sans doute reconnaîtront. 
Et c'est vrai que les excentricités et les tricheries  du "phénomène" Ferrera  ne peuvent que desservir la fiesta brava, par contre ceux qui tirent profit de la fiesta circo - la maffia mundillesque- en mettant en avant cette pantomime de corrida qui comble les nouveaux spectateurs - j'ai failli écrire aficionados- n'ont aucun scrupule à insulter, ni la corrida dans son esprit, et ses fondamentaux, drame et combat séculaires, qui justifient son devenir, ni le public aficionado, qui exige le respect de ses canons dans leur intégrité.
Heureusement qu'il est encore des aficionados dont nous faisons parti, DG et nous, qui s'obstinent à s'opposer à cette dégénérescence  de la corrida "moderne" condamnée à terme à disparaître par la faute de ses adeptes suicidaires, tellement occupés à scier la branche sur laquelle ils sont assis, qu'ils sont incapables de se préserver du drame qui les attend et qu'ils auront eux-mêmes préparé: la fin de la corrida, par le NON RESPECT de la FIESTA BRAVA.
Merci à DG pour cette courageuse et plus que jamais opportuniste analyse au service de la corrida intègre et de notre aficion commune, la seule qui préserve jusqu'à ce jour la corrida dans son devenir 
 ¿ Puede ser necesario traducir para nuestros amigos españoles? Si uno me lo pide, intentaré sin problema.....