samedi 16 mai 2020

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Deux écrans, deux mondes, deux systèmes de production

(Première partie)

Pendant que nous étions enfermés seuls chez nous, nous étions dans une position tout à fait spéciale pour observer la scène du monde à travers les deux écrans que nous avions à notre disposition, l’officiel, la télévision, et l’alternatif, l’ordinateur et Internet.
Deux écrans
Il faut une solide colonne vertébrale pour garder l’équilibre entre ces deux pôles. A la TV, la parole des puissants est célébrée comme parole d’évangile, quel que soit son niveau de crédibilité, et on dirait même que moins elle en a, plus les médias l’encensent, sans doute pour compenser. Les experts, les journalistes et autres éditorialistes qui squattent les plateaux
sont la lie de l’humanité en matière de compétence comme de probité, leur seule qualité est d’être serviles jusqu’à l’abject. La loyauté à l’organisation est la qualité mafieuse par excellence. Le rôle de ces medias est d’incarner la bien-pensance face à des figures de la « dissidence » qu’on trouve, elles, sur internet. Je ne parle pas de révolutionnaires, non, simplement des gens qui sont encore assez libres ou honnêtes pour refuser de servir de marchepied aux puissants dans l’espoir que leur bienveillance ruissellera sur leurs têtes. La télévision orchestre ainsi des contre-feux à chaque voix non conforme qui se lève. Par exemple, contre le Professeur Raoult qui n’en faisait qu’à sa tête, une tête qu’on ne pouvait pas couper parce sa valeur et sa réputation étaient inattaquables, la télévision officielle a utilisé Karine Lacombe, une praticienne bien connue pour ses liens avec les laboratoires que France info, à défaut de pouvoir les nier, a présentés comme normaux. C’est, en effet, sans doute normal dans leur monde à eux.
Quant au Français vraiment normal, celui qui est simplement à la recherche d’informations exactes et véridiques, il doit louvoyer entre la propagande éhontée des médias du pouvoir et ce qu’il peut glaner sur Internet. C’est devenu extrêmement difficile de savoir ce qui se passe vraiment et à qui on peut se fier. Je comprends ceux qui se détournent carrément de ce panier de crabes et vont cultiver leur jardin comme Candide, enfin pour ceux qui en ont un...
Deux mondes
La période que nous venons de vivre n’est pas terminée même si l’épidémie est finie. Le gouvernement vient de l’admettre du bout des lèvres à l’issue du Conseil des ministres de ce mercredi 13 mai. Il peut se le permettre maintenant qu’il a réussi à faire prolonger l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 12 juillet pour tenter, à la faveur de ce qu’il nous restera de vacances, de nous faire oublier les conséquences désastreuses de sa gestion de l’épidémie. Ne doutons pas qu’il trouvera autre chose (pourquoi pas une seconde vague ?) pour nous empêcher de manifester en septembre.
On se doutait que l’épidémie touchait à sa fin. Outre que le Professeur Raoult nous l’avait dit, le Dr Laurence Peignot a fini par avouer au Point que les urgences étaient vides depuis un mois :
« Les internes que je côtoie me racontent leur stage hospitalier : les services qui ont été réorganisés pour accueillir les patients atteints du Covid ont été pleins durant deux ou trois semaines, au plus fort de la vague. Mais, depuis un mois, ce n’est plus du tout le cas. Les urgences sont désertes là n’est pas l’essentiel ».
Ce qui la contrariait le plus, c’était que « Certains médecins détournent à présent leur savoir et leur pouvoir pour alimenter une psychose collective qui va nous coûter cher sur le plan médical, social, psychologique et économique », avec évidemment la complicité des médias toujours prêts à affoler la population pour faire le buzz.
On comprend que les médecins, longtemps marginalisés par les économistes et autres experts patentés, essaient de profiter de la tribune que le Coronavirus leur offre pour faire avancer leur agenda, mais ce n’est plus de la médecine, c’est de la politique.
A propos des soins eux-mêmes, France 24 a interviewé, Andry Rajoelina, le président de Madagascar. C’était un dialogue de sourds très étrange. Le malheureux président expliquait en long, en large et en travers, qu’à Madagascar, ils n’ont pas eu un seul mort parce qu’ils ont trouvé un remède naturel qui guérit le virus, mais les deux journalistes se fichaient complètement des morts. Pour eux, ce ne sont pas les guérisons qui font la valeur d’un médicament, c’est l’estampille officielle, le cachet de l’administration. Peu importe, comme le souligne habilement le président malgache, que cette estampille ait causé la mort de milliers de personnes comme dans le cas du Médiator ou autres. Pour le président malgache, il s’agit d’une forme de racisme :
« Si c’était un pays européen qui avait découvert ce remède, est-ce qu’il y aurait autant de doutes ? Je ne pense pas [...] Le problème, c’est que cela vient d’Afrique. Et on ne peut pas accepter qu’un pays comme Madagascar, qui est le 163e pays le plus pauvre du monde, ait mis en place cette formule pour sauver le monde ».
Bien sûr, il a raison et le titre et le sous-titre « prétendument » équilibrés, mais pleins de sous-entendus, de l’article du Monde sur cette interview le prouvent à l’envi : « Madagascar : le président défend sa potion prétendument anti-coronavirus. Andry Rajoelina dénonce une attitude condescendante envers la médecine africaine, en balayant les critiques sur l’efficacité et les dangers de la potion à base d’artémisia ». Mais il y a aussi autre chose, à mon avis. Dans l’univers hors-sol et bureaucratisé de nos élites, la réalité n’a plus de valeur, la seule chose qui compte, c’est le cachet d’Autorités, aussi corrompues soient-elles, qui se soutiennent entre elles.
Mais dans le monde réel, les gens de terrain, qui ne peuvent se payer de mots ou de paraphes, soignent les gens, sans trop se préoccuper des Autorités de l’autre monde. Ainsi la Provence titre : « Malgré l’interdiction Coronavirus : l’explosion des prescriptions de l’hydroxychloroquine » et explique : « Malgré la polémique et les alertes, la prescription de la bithérapie de l’IHU associant azithromycine et hydroxychloroquine a été largement suivie en ville. Un bond de 7 000 % fin mars avec 10 000 patients ».
Deux systèmes de production
Il y a énormément d’articles en ce moment sur Internet sur l’après-covid. La situation inspire tout le monde. Les contributions se chevauchent de manière assez répétitive, du fait, sans doute, que les mêmes événements engendrent les mêmes réflexions, et que beaucoup de questions demeurent sans réponse. Mais parfois on trouve un joyau qui donne corps à ce qu’on pressent, et j’ai eu la chance d’en trouver deux, coup sur coup.
— Les travailleurs sont prêts à prendre le pouvoir sur la production
Le premier est un article de Jacques Chastaing, « Confinement et déconfinement sont des rapports de force, des rapports de classe » qui répond à une question que je me pose depuis le début : pourquoi l’oligarchie a-t-elle décidé de nous enfermer pendant deux mois sous bonne garde policière ? Comme lui, je ne crois pas une seule seconde que ce soit pour nous préserver de la maladie. La meilleure preuve c’est qu’aucune mesure de protection n’a été fournie aux Français et qu’aucun soin n’a été autorisé en attendant le résultat d’une hypothétique étude « Discovery » qui n’a évidemment rien donné.
Jacques Chastaing explique que c’est la résistance du monde du travail qui a provoqué cette décision :
« Face à la pandémie, le monde du travail, dans la foulée de ses résistances précédentes, a refusé massivement de sacrifier sa vie pour les profits des capitalistes en multipliant des droits de retrait, grèves, débrayages et mises en maladie dans les secteurs non indispensables à la survie immédiate ... Cette résistance a été immense et a amené le gouvernement à précipiter un confinement généralisé pour éviter le risque d’une marche du prolétariat vers un contrôle de fait de la production : qui produit quoi, pour qui et dans quelles conditions avec à partir de là, la prise de conscience générale de classe qui peut l’accompagner. »
Je trouve cela génial, car c’est bien là le nerf de la guerre : il faut abolir la propriété privée des moyens de production et le droit de tirage qu’elle donne sur la richesse produite par les travailleurs. Cela fait environ quatre siècles que la bourgeoisie travaille à renforcer et consolider la propriété privée par tous les moyens, légaux et illégaux. Et cela suffit !
J’ai revu dernièrement le film Jaurès, naissance d’un géant. Le film finit dans la liesse au moment où Jaurès est élu à la Chambre, en janvier 1893, après être parvenu à convaincre les vrais socialistes (les ouvriers qui voulaient prendre le pouvoir sur la production) de le choisir comme représentant, à l’issue de la grande grève des mineurs de Carmaux. La joie de la victoire est amère quand on sait que cette élection a sonné le glas du mouvement ouvrier socialo-anarchiste, vu que Jean Jaurès n’était au fond qu’un réformiste républicain qui entourait habilement ses actes d’un parfum révolutionnaire. Quant aux communistes, ils ont laissé leurs idéaux anti-capitalistes sombrer avec l’URSS. Depuis, à gauche, il ne reste plus que quelques minuscules groupes pour remettre en question la propriété privée des moyens de production.

RE.....RE.....RE.....RE.....

https://img.over-blog-kiwi.com/0/61/83/70/20200508/ob_92f1e2_moutons-silence.jpg#width=720&height=785

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Covid-19: un salarié de Monoprix perdant-perdant
Rappelez-vous les queues dans la grande distribution lors du début du confinement et les salariés, tout comme les clients, sans aucune protection sanitaire. 

Si le petit commerce avait baissé rideau, la grande distribution, libre et non faussée dans notre société capitaliste, était ouverte à tous les vents et ne vendait pas que des produits de première nécessité. Mais bon prince, celle qui augmentait de façon faramineuse son chiffre d'affaires, promettait une prime de 1 000 euros à ses salariés seuls face au covid-19.

Depuis 19 ans, Zouhir bosse au Monoprix des Passages, à Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine, au rayon des fruits et légumes. Il raconte: "Je n'avais pas de gants alors que les clients manipulent les produits. On nous donne un masque par jour alors qu'on travaille six heures"

 Il est infecté par le coronavirus et hospitalisé 15 jours en avril. De ce fait, sa prime de 1 000 euros est calculé par rapport à son temps de présence chez Monoprix. Monoprix qui en outre ne prend jamais des informations sur la santé de son salarié hospitalisé.

"Ils ne pensent qu'à l'argent alors qu'ils ont fait un chiffre d'affaires phénoménal", renchérit Zouhir dans le Parisien du 12 mai 2020. Selon la CGT, le chiffre d'affaires de l'enseigne a bondi de 200, voire 300 points par rapport à l'an dernier. "C'était Noël tous les jours. En parallèle, l'augmentation salariale est de 0,8% depuis le 1er mai. On ne va pas continuer à ramasser les miettes!" 

Je ne lui fais pas dire et ce qui est vrai pour Monoprix sur la prime dite "exceptionnelle" est vrai partout dans la grande distribution.

A moins que le palais de l'Élysée offre une breloque aux travailleurs de la grande distribution. Vous savez bien, comme pour le personnel de la Santé publique.
Covid-19: un salarié de Monoprix perdant-perdant

DÉCONFINEMENT DE CLASSE.

no comment

Pétitionnaires de la guerre

15 Mai 2020, 10:59am
| Publié par BLOG-PCF-ARRAS
Pétitionnaires de la guerre
HEUREUSEMENT qu'on les a, les artistes et les stars de la télé.
Les voilà qui se mobilisent dans « Le Monde » (6/5) pour le nouveau monde, celui de ('après. Un monde où régnera l'« intelligence collective », le « travail qui épanouit ». où la vie sera • applaudie ». où l'humanité sera « réanimée » et où on ne va plus « se mentir » tout en « réparant la planète ». Écrit Nicolas Hulot, qui vit très frugalement avec cinq ou six voitures.

Il y a encore 95 autres principes du même genre. Çà sonne bien, et ça ne mange pas de pain non plus. La tribune de Hulot est appuyée par celle de 200 artistes et scientifiques qui refusent « un retour à la normale» et fustigent « un consumérisme qui nous a conduits à nier la vie en elle-même ».

Cette idéologie mortifère est donc vouée aux gémonies par Juliette Binoche, initiatrice de la pétition et visage de I'ancôme. Mais aussi par Marion Cotillard (Dior). Vanessa Paradis (Chanel). Cate Blanchett (Armani). Monica Bellucci (Dolce & Gabbana), Eva Green (L'Oréal). Jane Fonda (L'Oréal). Pénélope Cruz (Chanel). .. Sans oublier le chausseur low cost Christian Louboutin et l'acteur mélancolique Benjamin Biolay.qui fut un temps égérie de Balthazar, l’espace homme du Bon Marché, ainsi que Yann Arthus-Bertrand, qui a très peu pris l'avion.

C'est vrai, c’est moche, tous ces gens qui voyagent en business class et fréquentent l’hôtellerie de luxe après une petite pause dans leur domaine du cap Ferret.

Il va falloir s'arrêter. Enfin, surtout les autres.

Note de Pedrito.
On attend maintenant leur pétition pour faire cracher au bassinet de la Patrie les milliardaires de chez Dior, Chanel, Armani, L'Ancôme, Dolce & Gabanna,l'Oréal, etc...,  toutes ces enseignes populaires qui sentent bon la riche bourgeoisie où pleuvent les dividendes.

François Mitterrand, un guillotineur en Algérie

Cet article est encore en-de ça de la vérité sur Mitterrand. Dans mes mémoires, vous verrez à quel point le personnage est pire encore que la manière dont le décrit cet article, c’est tout sauf un humaniste. Je raconte comment Aragon a refusé de voter pour lui tant il méprisait le personnage et ce mépris était partagé par toute la direction du parti. Pourquoi et comment avons-nous accepté de participer à cette escroquerie historique, c’est ce que je tente de comprendre. Je décris également la manière dont nous avons du assister impuissants à ses colloques singuliers avec Gattaz… Dans le fond tous les opportunismes d’aujord’hui sont déjà là… (note de danielle Bleitrach pour histoire et societe)
Par Emmanuel BerrettaPublié le 04/11/2010 à 12:40 | Le Point.f
France 2 diffuse jeudi à 22 h 50 le documentaire, François Mitterrand et la guerre d’Algérie* cosigné par l’historien Benjamin Stora et François Malye, collaborateur du Point. Ce dernier répond à nos questions.
Le Point.fr : Face au problème algérien, François Mitterrand est-il un humaniste, un pragmatique ou un arriviste ?
François Malye : Les trois. Quand l’insurrection algérienne éclate à partir du 1er novembre 1954, il est plutôt pragmatique. En tant que ministre de l’Intérieur, il tente d’écraser la rébellion et de rétablir l’ordre. Mais il se montre également un humaniste. La torture le heurte. En 1955, il a l’intention de réformer la police en Algérie afin de la rendre plus respectueuse des populations musulmanes. Son projet consiste à muter en métropole les éléments les plus durs de la police locale et à nommer en Algérie des policiers de la métropole, plus vertueux. Un projet qui n’aboutira pas, car le gouvernement Mendès-France, dont il est membre, tombe le 5 février 1955 après huit mois d’exercice du pouvoir.

Comment va-t-il en arriver à faire couper des têtes ?
Le virage est pris lorsqu’il devient ministre de la Justice du gouvernement de Guy Mollet, le 2 janvier 1956. Le président du Conseil revient d’Alger où il a été conspué. Cette fois, il est bien décidé à écraser le FLN. La politique va se durcir. Garde des Sceaux, Mitterrand est alors le numéro trois du gouvernement. Au rythme où ceux-ci tombent, c’est bientôt son tour de diriger les affaires du pays, se dit-il. Mais pour rester dans la course, il ne faut pas faire partie des “mous”. Il va alors se déclarer favorable, dans la grande majorité des cas, à l’exécution des condamnés à mort qui attendent dans les geôles d’Algérie, contrairement à ses compagnons Pierre Mendès France, Alain Savary ou Gaston Defferre. Le seul autre à approuver les exécutions est Maurice Bourgès-Maunoury, ministre des Armées, en compétition avec Mitterrand pour le poste de président du Conseil.

Au bout du compte, combien de demandes de grâce a-t-il refusées ?
On compte 45 guillotinés tandis qu’il occupe les fonctions de garde des Sceaux. Il refusera trente-deux demandes de grâce, en acceptera huit. Cinq avis ne sont pas connus. Retenons que dans 80 % des cas connus, François Mitterrand a refusé la grâce. Contrairement à ce qu’on a pu croire, ces premiers condamnés à mort exécutés de la guerre d’Algérie ne sont pas des poseurs de bombe. Ils ont participé à l’insurrection, mais souvent sans commettre de meurtre. L’un des deux premiers auxquels on a coupé la tête, Abdelkader Ferradj, était un musulman qui avait tenté de mettre le feu à une meule de foin ! Ce n’est qu’après Mitterrand que les poseurs de bombe du FLN d’Alger seront capturés. Avant, les prisonniers sont juste de pauvres types qui n’ont pas fait grand-chose…

Sur le fond, il désapprouve la situation en Algérie. Mendès France et Alain Savary démissionnent, pas lui. Pourquoi ?
Jean Daniel le dit très bien dans le documentaire. Très vite, la tutelle morale de Mendès France lui a paru insupportable. Ce Mendès à la conscience pure n’est plus un exemple pour Mitterrand. Mendès France démissionnera en 1956 quand il comprendra que Guy Mollet n’utilise les pouvoirs spéciaux que contre les musulmans et pas contre les Européens d’Algérie. Mitterrand en est soulagé. Mendès France ne reviendra plus jamais au premier plan de la politique. Au fond, Mitterrand s’est arrimé à lui le temps qu’il fallait… S’il approuve la politique de répression, c’est qu’il croit que la guerre peut être gagnée très vite. C’est loin d’être un visionnaire.

Pourquoi cette partie de sa biographie a-t-elle été si longtemps enfouie ?
Franz-Olivier Giesbert, Jean Lacouture ou Catherine Nay ont évoqué ce passé dans leurs écrits. S’il a été occulté dans les années 1970, c’est que tout le monde au PS et au PC avait un intérêt à l’oublier. Les communistes, eux aussi, avaient voté les pouvoirs spéciaux. Mitterrand est le champion dont on espère qu’il fera revenir la gauche au pouvoir. En outre, il a passé un deal avec les pieds-noirs dans un discours célèbre prononcé à Avignon pendant la campagne de 1981. Ne l’oublions pas, c’est lui qui, une fois élu, réintégrera, en 1982, le général Salan dans tous ses droits. Cela déchirera la gauche, et c’est d’ailleurs à cette occasion que l’article 49-3 sera utilisé pour la première fois. Quant à la droite, elle ne juge pas si mal l’action de Mitterrand en Algérie. Donc, finalement, tout le monde s’est tu, et tout le monde est tombé d’accord pour oublier. L’Algérie, c’était sale. À l’époque, il n’y avait guère que la presse d’extrême droite pour remuer ce passé, mais sans le crédit de la presse traditionnelle.

Pourquoi ce souvenir remonte-t-il à la surface aujourd’hui ?
Les confessions du général Paul Aussaresses en 2001 sur la torture en Algérie ont brusquement fait resurgir ce passé. Le premier article sur les guillotinés de Mitterrand est publié dans Le Point, en 2001 . Ensuite, avec Benjamin Stora, nous avons fait le constat, en 2008, que très peu de choses avaient été écrites sur les guillotinés de l’époque. Il fallait remonter aux sources, les archives. Elles sont très difficiles d’accès concernant cette période. Nous avons d’ailleurs trouvé très peu de choses sur le fonctionnement même du ministère de la Justice de 1956 à 1957.

aurait-il eu des destructions volontaires ?
C’est difficile à dire… En tout cas, l’Algérie demeure un passé non digéré. Cette histoire demeure l’otage de différents lobbys. On n’a pas fini le travail d’apaisement. C’est pourquoi il faut la raconter en évitant de juger, mais en tentant de serrer la vérité au plus près.
*François Mitterrand et la guerre d’Algérie cosigné par Benjamin Stora et François Malye, avec Frédéric Brunnquell à la réalisation.