vendredi 8 janvier 2021

MONSIEUR LE PRÉSIDENT, JE VOUS FAIS UNE LETTRE ......

macron voeux

Par Michel Quinet, Secrétaire général du Parti de la démondialisation

Le 5 janvier 2021

Monsieur le Président, je vous fais une lettre que vous ne lirez certainement pas. Vous ne la lirez pas parce qu’il y a peu de chance qu’elle parvienne jusqu’à vous et surtout parce qu’elle ne vous intéressera pas.
J’ai regardé votre intervention. En différé, parce que j’avais autre chose à faire le 31 décembre à 20 h ; j’avais à préparer le réveillon pour les quelques amis réunis pour nous remonter le moral après l’année catastrophique qui se terminait.

Et si le réveillon n’a pas pu avoir lieu normalement, ce n’est pas comme vous l’avez dit l’épidémie qui nous l’a interdit, c’est vous ! Année catastrophique à cause d’un virus et surtout de la façon calamiteuse dont vous et le gouvernement, les gouvernements dans leur ensemble et l’Union européenne, avez géré l’épidémie de Covid 19.

Car dès le début votre priorité n’a jamais été la santé des Français, mais que l’hôpital puisse « tenir ». Mais il ne pouvait pas tenir car depuis deux décennies, sous l’impulsion de l’Union européenne et des néolibéraux de tout poil, les gouvernements, de droite et de gauche, se sont attachés à le détruire : tarification à l’acte (T2A), création des agences régionales de santé (ARS), fermetures de lits, de services, d’établissements. Et vous y êtes allé de votre projet de loi porté par Mme Buzyn : restructuration et poursuite des fermetures d’hôpitaux, développement de la télémédecine.
Non, Monsieur le Président, un hôpital, comme tous les services publics, ne se gère pas comme une entreprise, il ne doit pas et ne peut pas être un centre de profits, il doit être au service des citoyens et de leur santé. Cela implique qu’il y ait des lits et des équipements en quantité suffisantes, des personnels soignants en nombre, formés et rémunérés à un juste niveau.

Vous nous avez balloté au fil de l’année et je ne reviendrais pas sur vos manquements, à vous et à vos experts : masques ou pas masques, tests ou pas, confinement généralisé même là où l’épidémie n’a jamais dépassé le stade d’une grippe annuelle.
Année catastrophique donc pour les gens simples, les « premiers de corvée », ceux que vous avez, toute honte bue, élevé au rang de héros nationaux lors de votre allocution. Vous semblez découvrir ces visages mais je crains qu’ils ne s’effacent très vite pour vous.
Oui ce sont bien eux qui « ont tenu notre pays dans l’épreuve. ». Mais votre hommage a un goût amer. Car leur récompense est bien maigre : applaudissements, défilé sur les Champs-Élysées le 14 juillet, primes éparses dans les grandes surfaces, revalorisation a minima du salaire des personnels soignants, accordée aux forceps dans le cadre de la farce du ʺSégur de la santéʺ. Mais cela ne suffit pas… Et vous avez fait pire… les médecins en seront de leur poche puisque leurs années de carrière pour percevoir une retraite (à points désormais) est allongée de plusieurs années ! Les conditions d’exercice du métier d’infirmière sont telles que de très nombreuses démissions ont été enregistrées cet été. Quant à la situation des EHPAD, elle n’a cessé de se dégrader, tant pour le personnel que pour les résidents !
L’année a été dure pour eux, pour nous, elle ne l’a pas été pour tout le monde. Certains payent même très cher votre gestion calamteuse. Les travailleurs précaires se retrouvent sans ressources, car tous ne sont pas inclus dans le périmètre des droits sociaux, les petits commerces qui ne sont pas jugés essentiels – sur quels critères ? Quel mépris – ne peuvent pas travailler. Le monde de la culture est sinistré.
Mais non cela n’a pas été dur pour tout le monde, et certains tirent bien leur épingle du jeu. Les grandes surfaces, devenues des magasins indispensables, les entreprises du numérique – Gafam, Deliveroo, Uber, Zoom et autres – prospèrent et ont vu leur chiffre d’affaires et leurs profits exploser pour la plus grande joie de leurs actionnaires. Elles ont surtout vu, plus grave encore, leur influence grandir au point de modeler la société qui vient.
Alors oui cette épidémie a vraiment été une bonne aubaine pour avancer plus vite vers votre société du futur qui ressemble de plus en plus au « 1984 » de Georges Orwell ou au « Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley. Vous avez été habile, en jouant sur les peurs des gens, pour faire entrer dans les mœurs la société du numérique, du sans contact – rappelez-vous la lamentable « distanciation sociale » - , que vous appelez de vos vœux, en affichant un mépris des « Amish » (vous êtes allé le chercher loin celui-là) qui ont un autre projet de vie.
L’occasion était trop belle pour votre gouvernement, et un peu partout dans le monde occidental, de remettre un peu plus en cause la démocratie et d’instaurer un régime autoritaire, où le Parlement n’est qu’une chambre d’enregistrement. Et vous envisagez même de vous en passer dans votre projet de loi « instituant un régime pérenne de gestions des urgences sanitaires ». Elle est de la même inspiration anti-démocratique que votre loi « de sécurité intérieure et de lutte contre le terrorisme » qui a banalisé dans le droit commun les mesures de l’état d’urgence contre le terrorisme.
Lors de votre première intervention, vous nous aviez promis, dans une grande envolée lyrique, que rien ne serait plus comme avant. En effet, si on vous laisse faire, ce sera pire.
Vous vous vantez d’ouvrir des maisons « France services » qui ne sont que des ersatz de services publics, vous vantez les mérites des enseignants mais vous poursuivez la destruction de l’école publique au profit de l’enseignement privé et du « distanciel », enfin vous prétendez avoir engagé « une transformation en profondeur et des investissements historiques pour notre santé » quand il ne s’agit que de poursuivre la même politique de ʺrestructurationʺ, de fermeture de lits, de privatisation.
Vous dites « Notre souveraineté est nationale et je ferai tout pour que nous retrouvions la maîtrise de notre destinée et de nos vies. », mais vous osez ajouter aussitôt le contraire : « Mais cette souveraineté passe aussi par une Europe plus forte, plus autonome, plus unie. C’est ce que nous avons bâti en 2020 ». Pourtant toute l’année a été ponctuée d’interminables ʺ Conseils de la dernière chance ʺ où vous et vos semblables avez joué les prolongations pour accoucher d’accords bancals, mettant en lumière les divergences naturelles d’intérêts entre les pays membres de l’Union européenne.
Il faudra bien pourtant, comme les Britanniques, sortir de cette Union européenne si nous voulons retrouver notre souveraineté nationale.

Gouverner c’est choisir. Vous avez choisi : les premiers de cordée contre les premiers de corvée, l’Union européenne contre la France.

Votre objectif est d’imposer en France une politique néolibérale autoritaire pour le plus grand profit de vos commanditaires des classes dominantes.
En 2021, notre objectif à nous, les classes dominées, ne changera pas : vous combattre, vous et ce que vous représentez : le capitalisme mondialisé version néolibérale. Le peuple subit de plus en plus douloureusement les restrictions, les atteintes aux libertés, la violence de vos policiers, votre mépris et votre autoritarisme. Soyez assuré que nous ferons tout pour que le malaise, la méfiance et la colère populaire se cristallisent dans une révolte qui vous balaiera.

 

La pantalonnade du Capitole

Les médias « mainstream » ont fait un bombardement intensif d’images et de commentaires sur "la prise d’assaut du Capitole" par quelques centaines de personnes, excitées par Trump. Après avoir joué la peur et la stupéfaction, les commentateurs rassurés ont fait l’éloge de la solidité de la démocratie américaine.
Réaction à chaud.

La mise en scène
En boucle nous avons vu depuis hier des individus s’agiter devant, puis dans le Capitole avec force banderoles et pancartes. En moins de quatre heures, les forces de l’ordre fédérales les évacuèrent et les tinrent en respect par un rideau de boucliers, de fusils et de matraques qui ne sont pas sans nous rappeler les scénarios bien connus dans notre propre pays ! Après des velléités de contestation des résultats électoraux (fédéraux et propres à la Géorgie), appelant à une manifestation devant le Capitole - ce temple du théâtre d’ombre de la "démocratie" yankee - , Donald Trump capitula en rase-campagne et appela les troupes "à rentrer à la maison" ! Ainsi ce qui devait être un "coup d’État" (pour les opposants) et une reconquête de l’élection supposée truquée (par le camp Trump) s’est rapidement transformé en reddition sans condition au système de la "démocratie représentative" étatsunien. Et ceci à la plus grande satisfaction des "démocrates" qui ne valent pas plus que leurs homologues "républicains". L’ordre règne à Washington, Biden sera investi le 20 janvier, et le capital sera tranquille au Capitole !

Les raisons de cette pantalonnade
Le capital yankee est divisé entre deux tendances, qui ne sont pas le propre du capitalisme des Etats Unis. D’un côté les "continentalistes", qui veulent protéger les positions acquises aux Amériques (nord et sud), et qui veulent faire ce que Trump a fait, c’est-à-dire pratiquer le repli sur le continent par une politique de droits de douanes et de protectionnisme de droite, pour se préserver de la concurrence de plus en plus vive de la Chine et d’autres pays "émergents" (Inde, Brésil, Indonésie, Russie...). Cette tendance est représentée par la fraction de la bourgeoisie yankee qui a voté Trump et les "républicains" (Bien que le Grand Old Party soit désormais divisé).

De l’autre côté, les "mondialistes", représentés par les "démocrates", qui veulent reprendre la mission civilisatrice de l’impérialisme américain classique et qui veulent revenir à la domination mondiale des Etats-Unis en tant que "défenseurs de la démocratie" et de "’la liberté d’entreprendre". Autrement dit les leaders du capitalisme mondialisé, financiarisé, anti-communiste, et néo-colonialiste, et qui aimeraient bien reprendre la bonne et vieille politique des Clinton, Bush et Obama partout dans le monde, comme en Afghanistan, en Irak, en Libye ou en Syrie. Cette tendance ne se résout pas à la montée en puissance de la Chine, de l’Inde ni, dans une moindre mesure, de la Russie. Il est inutile de parler de "l’Europe" car celle-ci a été totalement subordonnée et réduite, depuis la fin du gaullisme, à une quasi-colonie des États-Unis. Rappelons aussi que Clinton avait envisagé une guerre nucléaire préventive contre la Chine au début de son mandat !

Quelles conclusions tirer de cette farce du Capitole ?
On a vu la précipitation avec laquelle tous les gouvernements de l’UE - totalement crétinisés et se complaisant en paillassons des Yankees - se sont scandalisés, au premier rang desquels l’ineffable Macron (drapeau des USA à côté du drapeau français et de celui de l’UE) et qui dénonça un complot contre la démocratie, ne manquant pas de stigmatiser indirectement tous ceux qui se risqueraient à contester son propre pouvoir en France ! On voit bien que l’Union européenne est totalement inféodée aux Etats-Unis, à l’OTAN, à "l’atlantisme", et que c’est une imposture et une plaisanterie de prétendre promouvoir une "Europe souveraine" !

En vérité, « la prise du Capitole » n’est qu’une escarmouche entre fractions divisées de la bourgeoisie yankee, toujours solidaires sur l’essentiel : la domination du capital sur les peuples. Trump a voulu montrer ses muscles, et une partie du peuple l’a suivi, mais il ne voulait pas faire un coup d’État. Cependant il y a trois leçons à tirer de cette pantalonnade.

1. Lorsqu’il s’agit de sauver les meubles, de sauvegarder l’essentiel - c’est-à-dire la domination politique et économique du capital sur le peuple des États-Unis et les peuples du monde -, la bourgeoisie resserre les rangs et siffle immédiatement la fin de la récréation (les multiples coups d’État dans le monde, organisés par le Pentagone et la CIA l’illustrent, de même que l’utilisation sauvage et non justifiée de la bombe atomique sur le Japon en 1945 !).

2. Le système politique yankee n’est pas plus solide que les autres et peut très bien s’effondrer pour peu que le peuple le décide ! La Constitution des "pères fondateurs" n’est qu’un rapport de forces temporaire, institué par la bourgeoisie yankee en 1787 et consolidé par plus de deux siècles de domination bourgeoise et impérialiste. Elle peut très bien être liquidée par les forces populaires, si celles-ci se donnent les capacités politiques pour la renverser !

3. Bien que la puissance yankee ne veuille pas le reconnaître, elle est sur le déclin. Elle ne pourra pas résister longtemps à l’avancée d’autres puissances comme la Chine, l’Inde ou la Russie et elle sera contrainte de compter avec elles. Ce faisant, sa puissance extérieure déclinant, elle offre son flanc intérieur aux forces populaires nord-américaines.

Il convient de réfléchir au sens de cette image du Capitole envahi par une partie du peuple irrévérencieux, bien que sur des bases erronées. Le peuple des États-Unis, sans aucun doute, méditera sur cet épisode...

Jean-Michel TOULOUSE, membre du Bureau politique du Parti de la démondialisation
Le 7 janvier 2021.

 

Cirque, propagande et fable de « démocratie » sous la dictature du Capital : pèlerins fanatiques au Capitole

de notre camarade Cecilia Zamudio, depuis la connaissance chèrement acquise par l’Amérique latine des pseudos alternatives des Etats-Unis voici la mise à nu d’une opération médiatique sur l’aliénation des masses par le racisme, la confusion mentale et les illusions d’un progressisme aux Etats-Unis. Il n’est pas difficile de voir l’équivalent en France quand on voir à travers la palinodie du Capital une pseudo-opposition entre Marine le Pen et autres soutenant Trump et le camp libéral s’indignant pour mener la même politique. (note de Danielle Bleitrach)

1.06.2021

Cirque, propagande et fable de « démocratie » sous la dictature du Capital : pèlerins fanatiques au Capitole

par Cecilia Zamudio

À propos de l’occupation momentanée du Congrès étasunien par les hordes fanatiques du courant Trump, qui ont fait irruption dans le Capitole le 6 janvier 2021 avec une étonnante facilité, il faut avoir en tête que les forces répressives ne laissent habituellement pas entrer les manifestations au Congrès. Les manifestations de masse du “Black Lives Matters” contre les assassinats réitérés de la population afro-descendante par les forces de police étasuniennes, n’ont jamais pu passer le cordon de police. 

Les manifestations contre les guerres impérialistes, ni aucune des manifestations remettant en cause d’une manière ou d’une autre le système établi, n’ont pas non plus pu franchir la barrière policière ; mais c’est par contre avec une étonnante facilité que sont entrées les hordes fanatiques de la droite la plus aliénée, qui n’ont évidemment aucune revendication de fond, structurelle, contre le système établi.

Les assaillants tolérés dans le Congrès, représentent la population la plus aliénée par ce système, leur action, en appui d’un magnat capitaliste face à une autre candidature également fonctionnelle pour le pouvoir économique, s’est déroulée avec passion car ils croient vraiment que soutenir un magnat capitaliste face à un autre c’est “lutter pour la liberté” (évidemment leur concept de “liberté” est l’escroquerie imposée par ce même système). C’est pour cela qu’ils les ont laissés entrer. Ce n’est qu’après le déploiement d’un spectacle de selfies et d’images rocambolesques que les forces répressives sont intervenues pour expulser les “pèlerins”.

Parmi les occupants du Congrès, fanatiques religieux, nationalistes, militants de l’aberrante “suprématie blanche” et autres aliénations, s’est distingué par sa tenue un homme portant un couvre-chef en fourrure à cornes et la poitrine découverte, remplie de symboles contradictoires, qui s’est même fait photographier à la tribune du Congrès et pendant des échanges verbaux avec la police inhabituellement “aimable”.

Dans une interview d’il y a quelques mois, le sujet, du nom de Jake Angeli, exprimait la pensée anticommuniste et saturée de confusion que l’appareil d’aliénation du capitalisme a réussi à répandre chez de nombreux individus. Angeli déclarait que son objectif était : «récupérer notre nation face aux communistes et des mondialistes qui ont infiltré notre gouvernement jusqu’au plus haut niveau pour le détruire de l’intérieur et créer un nouvel ordre mondial»[1].

Dans la pensée confuse que les moyens d’aliénation de la bourgeoisie sont arrivés à imposer à des esprits comme celui d’Angeli, il y a une incohérence destinée à empêcher toute possibilité d’analyse et de compréhension de la réalité. L’idée est de semer la confusion pour exalter le fascisme fonctionnel à la bourgeoisie, le fascisme qui feint de remettre en question l’injustice tout en la renforçant. Cette confuse pensée fascistoïde ne comprend pas que l’ordre mondial actuel c’est le capitalisme, que le capitalisme est transnational et qu’il opère son pillage au niveau mondial, qu’il augmente chaque jour l’exploitation et le pillage. Cette pensée confuse ne comprend pas qu’il n’y a aucun “nouvel ordre” dans l’augmentation de l’exploitation mais que c’est l’évolution logique du système actuel, que le caractère “mondialiste” est consubstantiel de l’expansion capitaliste et que le magnat Trump lui-même, perpètre le pillage capitaliste au niveau local et mondial alors même qu’il se gargarise avec un discours “protectionniste” pour tromper ses hordes ; que le communisme auquel ils vouent tant de haine n’a justement rien à voir avec le capitalisme. Les sujets à ce point aliénés ne comprennent pas que ce qui les opprime dans le système actuel ne sera pas changé par un “messie” ni par un magnat capitaliste, au contraire. Il faut remettre en question ce système à la racine pour apporter des changements en faveur de l’émancipation humaine et de la nature, et non défendre le fascisme systémique.

L’ignorance est le terrain fertile du fascisme ; l’ignorance est favorisée par le capitalisme, un système de profonde injustice sociale dans lequel la classe dominante maintient son hégémonie par l’aliénation et la violence répressive; le fascisme est l’outil de choc de la bourgeoisie pour perpétuer le capitalisme. Ainsi la bourgeoisie s’assure, au travers de l’aliénation, que ce soient les opprimés eux-mêmes qui défendent avec ferveur leurs oppresseurs.

Après tout le cirque, le Congrès a rendu effective la présidence de Biden, une autre carte du capitalisme. Nous ne devons pas nous leurrer, quel que soit le caractère répugnant de Trump et de ses hordes, sur le caractère tout aussi impérialiste et prédateur de la nouvelle présidence des États-Unis.

Tout ce cirque sert aux médias étasuniens et internationaux pour alimenter leur propagande destinée à faire croire à la prétendue “alternance démocratique” qui n’est qu’un leurre dans le capitalisme, car ce sont toujours les mêmes pouvoirs économiques qui gouvernent, indépendamment du nom du président en exercice. Mais ils feront couler des rivières d’encre et satureront les émissions avec le thème de la prétendue “démocratie en danger et retrouvée”, afin de soutenir les mécanismes plus que discrédités d’un système pourri.

Consolider la tromperie d’une prétendue “démocratie” sous le capitalisme est la pierre angulaire du récit qui perpétue le système. D’autant plus s’il s’agit de la puissance impérialiste qui a déchaîné le plus d’agressions contre les libertés des peuples du monde au cours du siècle dernier, qui a promu le plus de coups d’États contre des gouvernements qui ne se sont pas totalement agenouillés devant le pillage capitaliste, qui a mis en place le plus de plans d’ingérence et d’extermination contre des mouvements révolutionnaires dans le monde entier.

L’impérialisme étasunien et européen a planifié des exterminations massives, entraînant même en techniques de torture et de guerre sale les militaires et paramilitaires de régimes sanguinaires (comme en Colombie, pour citer un génocide colossal contre l’opposition au pillage capitaliste), a déclenché des guerres impérialistes avec leur effrayante charge de bombardements, mercenaires, imposition de régimes totalement asservis au capitalisme transnational (comme il l’a fait contre la Libye, l’Irak, etc.). L’impérialisme a promu le fondamentalisme religieux pour lutter contre les processus d’émancipation des peuples (comme il l’a fait contre l’Afghanistan, en créant les Talibans qui ont détruit l’émancipation afghane et qui règnent encore aujourd’hui sous les auspices des États-Unis), il a promu les bandes telles que les “Maras” et autres groupes paramilitaires (en Amérique Latine) afin de semer le “chaos contrôlé” pour “tuer dans l’œuf” toute possibilité d’organisation politique solide à caractère de classe, qui remette en cause le pillage capitaliste. Il a bloqué et saboté des pays (comme Cuba) dans une tentative constante d’effacer de la surface de la terre toute tentative de système socio-économique autre que le capitalisme.

Les États-Unis et l’Europe, dans leur profond caractère impérialiste et antidémocratique, ont besoin de ré-impulser de temps en temps la fable de la “démocratie”, et plus encore dans des moments historiques d’accélération exponentielle de l’accumulation capitaliste et d’accentuation des antagonismes de classe, quand l’injustice sociale hurle sa souffrance même au sein des métropoles capitalistes.

La “crise” de Trump, bon connaisseur des mécanismes réels du système, fait peut-être partie d’un macro théâtre ou peut-être est-ce la véritable crise de nerf d’un mégalomane ; ce qui est clair, c’est comment l’appareil médiatique du système met en scène ses cirques.

La bourgeoisie organise et règle au millimètre le jeu électoral (surtout dans des pays comme les États-Unis), pour que la classe ouvrière croie qu’elle “choisit” quelque chose. Alors qu’en réalité c’est la bourgeoisie qui dicte dans une large mesure qui on “élit”, car, sans les sommes de plusieurs millions de dollars, personne ne peut faire campagne et c’est précisément la bourgeoisie qui finance ses candidats (parfois plusieurs en même temps) qui lui rembourseront l’investissement avec bénéfices en se servant des budgets de l’État. Les budgets publics (argent récolté par les contributions de tous) sont régulièrement utilisés pour enrichir les plus grandes fortunes : les gestionnaires de l’État bourgeois injectent des sommes milliardaires dans la banque privée, la grande entreprise, le complexe militaro-industriel, des multinationales colossales, laissant de maigres miettes pour les budgets de la santé, de l’éducation, des retraites, des services sociaux, etc. Sous la forme de “contrats”, “exonérations d’impôts”, “subventions” (etc.) les États bourgeois effectuent un transfert constant de l’argent public vers le capital privé.

Ils nous vendent l’escroquerie majuscule que sous le système capitaliste existe la “démocratie” (pouvoir du peuple, étymologiquement) alors qu’en réalité c’est la classe bourgeoise qui dicte ce qu’on fait et comment on le fait. Le concept de dictature du Capital est sans doute celui qui correspond le plus à la réalité que nous vivons, puisque les diktats d’une poignée de capitalistes s’imposent à l’immense majorité de la population, à travers différents mécanismes. La propriété des moyens de production assure à ceux qui les possèdent le pouvoir sur la classe ouvrière, obligée a vendre sa force de travail pour subsister ; la propriété des médias et de l’industrie culturelle assure l’aliénation voulue par la classe dominante ; l’appareil de l’État bourgeois assure l’ordre social injuste tout en revêtant l’illusion de “démocratie” ; la répression et même la violence génocidaire se chargent de réduire les opposants à l’exploitation.

En tant que classe ouvrière, il est important que nous cherchions à discerner la paille du grain, que nous comprenions le fonctionnement structurel du système actuel qui nous opprime, que nous ne succombions pas aux tromperies de la bourgeoisie et au continuel cirque destiné à maintenir notre vision à la surface, que nous élevions les niveaux de conscience pour pouvoir nourrir la lutte nécessaire pour abolir le capitalisme et toute sa barbarie, pour abolir ce système de classes qui détruit l’humanité et la planète._______________________________  www.cecilia-zamudio.blogspot.com_______________________________

Texte original écrit en espagnol, traduction pour ce texte par Rose Marie Lou (révision de traduction C. Zamudio)

Note de Pedrito: Certains  paragraphes sont  surlignés par Pedrito