“Une société terrifiée” par “une horreur qui va au-delà de l’horreur” : cette chroniqueuse du quotidien El Universal résume l’état de choc dans lequel se trouve le Mexique après la diffusion d’une vidéo de l’assassinat de cinq jeunes enlevés dans l’ouest du pays. Postée dans la nuit du lundi 14 au mardi 15 août, cette vidéo est depuis devenue virale sur les réseaux sociaux.

“On y voit un des jeunes, Jaime, le seul en vie, qui frappe avec une pierre [son ami] Daniel Cedillo attaché à terre. [Puis] les tueurs à gages lui lancent un couteau pour le forcer à le décapiter”, écrit le Blogdelnarco. Ce site spécialisé dans le trafic de drogue s’est refusé à reproduire la vidéo et demande à ses lecteurs de suivre son exemple :

“Ne tombez pas dans le piège des cartels en diffusant ce genre de vidéos.”

En surimpression, la courte vidéo est signée “MZ”, ce qui serait la marque d’Ismael “El Mayo” Zambada, qui dirige l’une des branches du tristement célèbre cartel de Sinaloa.

Les cinq jeunes, âgés de 19 à 22 ans, avaient été enlevés dans la soirée du vendredi 11 août, aux alentours de la ville de Lagos de Moreno, dans l’État de Jalisco (Ouest). Un État que se disputent les deux grands cartels de la drogue mexicains, celui de Sinaloa et le Cartel Jalisco Nueva Generación (CJNG). Le site La Silla Rota écrit :

“Le Mexique a mal […]. La mort rôde à Jalisco ! Cet État est depuis longtemps un État failli.

“Quelle putain de douleur… ”

Le site El País México reprend les mots d’Ernesto López Portillo, universitaire et spécialiste en sécurité, démocratie et droits de l’homme :

“Nous ne sommes pas confrontés à un problème de sécurité, nous faisons face à la barbarie.”

Sur le réseau social X (ex-Twitter) Saskia Niño de Rivera Cover, présidente d’une ONG de défense des droits de l’homme, a lancé : “Pousser un gamin à tuer ses amis à coups de pierre, quelle douleur, quelle putain de douleur… On croyait avoir touché le fond… Que faut-il faire pour ne plus vivre avec cette violence ?”

Alors que les hommes du parquet de l’État de Jalisco et du parquet général fédéral travaillaient à retrouver les corps des cinq amis, le silence du président Andrés Manuel López Obrador lui a valu de vives critiques sur les réseaux sociaux et dans la presse. “Devant tant d’horreur et de cruauté, écrit El Universal dans cet autre commentaire, le chef de l’État, comme responsable de la sécurité et de la lutte contre la violence du narcotrafic, ne devrait-il pas avoir au moins quelques mots de condoléances pour les familles de ces jeunes ?”