IL N'EST PAS TROP TARD POUR PRENDRE LA MESURE |
dimanche 2 avril 2017
POUR SAUVER LA GAUCHE ET LA SOUVERAINETÉ
Publié par El Diablo
Renversez la table, Monsieur MÉLENCHON, ou résignez-vous à la défaite !
On
vous dira que ce n’est pas vrai, mais vous pouvez, si vous le voulez,
créer la surprise le 23 avril. Vous pouvez, si vous vous en donnez les
moyens, porter très haut la “France insoumise” et contribuer à bâtir
cette force dont la vraie gauche, celle qui défend le peuple sous les
crachats, a tant besoin dans un pays ravagé par l'égoïsme des nantis et
miné par la résignation des humbles.
Mais
pour y parvenir, il faut faire des choix clairs, compris de tous. C'est
le moment ou jamais ! Vous pouvez représenter, demain, la principale
force de gauche, reléguant un parti socialiste vermoulu à la place
subalterne qu'il mérite, comme la SFIO des années 60. Si vous laissez
passer cette occasion historique, en revanche, la classe qui se croit
supérieure parce qu'elle détient le capital continuera de tenir le haut
du pavé avec le concours de ses larbins de la vraie droite et de la
fausse gauche.
Alors,
allez droit au but, et tapez fort ! Vous n’y échapperez pas. L'enjeu
essentiel, c'est la restauration de la souveraineté nationale, sans
laquelle la révolution citoyenne que vous appelez de vos vœux restera
lettre morte. Allez jusqu'au bout de vos idées, ne décevez pas les
espoirs que vous suscitez, levez les équivoques dont souffre encore
votre campagne. Parlez au peuple, et parlez peuple. Dites que, si vous
êtes élu, vous proposerez aux Français, par référendum, la sortie de
l'Union européenne.
Cette
mystification supranationale, cette supercherie néolibérale n'a que
trop duré. C'est un carcan imposé aux peuples par une oligarchie cupide,
et vous le savez. Ne faites pas semblant de croire qu'elle est
réformable, car elle ne l'est pas. N'accréditez pas l'idée qu'on puisse
la changer, car c'est impossible. Ne laissez pas au Front national le
privilège de l'avoir compris avant les autres et d'être presque seul à
le dire. Ne lui faites pas ce cadeau !
Ce
n'est pas pour rien que les dogmes libéraux sont inscrits dans le
marbre des traités européens. Pour s'en débarrasser, il faut quitter
l'UE. On ne peut restaurer la souveraineté populaire qu'en restaurant la
souveraineté nationale. Mais on ne peut restaurer la souveraineté
nationale qu’en rompant les amarres avec une institution supranationale
dont la fonction est de soustraire l'essentiel à la délibération
démocratique.
En
jetant aux orties l'Europe des banquiers, vous provoquerez un tsunami
idéologique, vous scellerez la réconciliation entre la gauche et la
souveraineté. Ce faisant, vous sauverez la gauche et vous sauverez la
souveraineté. Mais si vous refusez de le faire, vous tuerez la gauche en
la livrant aux socialistes qui pourrissent tout ce qu'ils touchent, et
vous livrerez la souveraineté au FN qui en fera un usage conforme à son
ADN droitier.
Manifestez
donc, face au carcan européiste, la même intransigeance que celle dont
vous faites preuve face au carcan atlantiste. Pour restaurer la
souveraineté de la France, vous voulez que la France quitte l'OTAN.
Contrairement à Marine Le Pen, vous ne voulez pas seulement quitter le
commandement intégré, mais l'alliance atlantique elle-même. Vous avez
raison, et vous êtes l'un des rares, avec François Asselineau, à le dire
haut et fort.
En
consommant cette rupture, vous mettrez fin au scandaleux alignement de
la France. Vous ferez entendre une voix indépendante sur la scène
mondiale. Vous conduirez cette diplomatie souveraine, élargie aux cinq
continents, qui est la vocation de notre pays. Ce défi lancé à
l'impérialisme vous honore, mais si vous voulez qu'on prenne votre
ambition au sérieux, montrez la même radicalité face à cette Union
européenne qui est le temple de l'ordolibéralisme.
L'expérience
grecque a montré qu'un compromis avec les Pères Fouettard de
l'oligarchie se solde toujours par une capitulation du faible devant le
fort. Ne laissez pas ces rapaces miner tout espoir de changement,
coupez-leur l'herbe sous le pied en annonçant qu’il n’y aura aucune
négociation, aucun compromis, que la France veut recouvrer sa liberté et
qu’elle nouera ensuite, avec qui elle veut, les coopérations qu’elle
jugera utiles.
Vous
voulez relancer l’économie, redistribuer les revenus, rétablir les
droits sociaux, réformer la fiscalité, réguler la finance. Ce beau
projet a un prix qui est celui de la rupture avec le système
oligarchique, la déconnexion avec ses instruments privilégiés que sont
l’UE et l’OTAN.
Renversez la table, M. Mélenchon, ou résignez-vous à la défaite !
Bruno Guigue
Le 24 mars 2017
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