mercredi 9 juin 2021

Blog Le Grand Soir

Roman Protasevich, la victime de l’incident Ryanair en Biélorussie, crache le morceau.

Un documentaire télévisé sur l’alerte à la bombe contre un avion Ryanair (vidéo) confirme notre analyse. C’est une histoire bidon construite par des militants qui veulent changer le régime en Biélorussie. Ils prétendent que, le 23 mai, un avion de la Ryanair a été forcé par le gouvernement biélorusse à atterrir à Minsk, après quoi un militant se trouvant à bord, Roman Protasevich, a été arrêté. Mais en réalité, une véritable alerte à la bombe, transmise par courrier électronique, a bien été reçue à l’aéroport de Minsk ainsi que par les autorités aériennes lituaniennes. L’avion a été informé de la menace par le contrôle aérien biélorusse et le pilote, après avoir communiqué avec la direction de Ryanair, a décidé d’atterrir à Minsk.

Le 4 juin 2021

La Biélorussie a traité l’affaire dans les règles de l’art et l’avion a été libéré après avoir été fouillé, sans trouver la bombe présumée. Il y avait des mandats d’arrêt en cours contre deux passagers se trouvant à bord, Roman Protasevich et sa petite amie russe Sofia Sapega. Tous deux ont été arrêtés au moment du passage des contrôles douaniers.

Roman Protasevich a été trahi. Ce sont d’autres militants pour le changement de régime, avec lesquels il n’était pas d’accord, qui avaient envoyé le courriel d’alerte à la bombe pour le piéger.

C’est ce qui ressort de son témoignage dans la dernière partie du documentaire télévisé dont le lien figure ci-dessus, où il apparaît comme un fumeur invétéré, vif et engagé.

Un deuxième reportage de la télévision biélorusse (vidéo), un extrait de quatre-vingt-dix minutes d’une interview de quatre heures de Protasevich, a été diffusé hier :

L’ancien rédacteur en chef de NEXTA, Roman Protasevich, a accordé une interview à la chaîne publique biélorusse ONT. Il y plaide coupable dans une affaire pénale d’organisation et de préparation d’actions violant l’ordre public. Il critique également l’opposition biélorusse et dit respecter Alexandre Loukachenko.

Dans cette interview, Protasevich révèle l’existence d’une organisation d’opposition financée par l’étranger, à l’origine de la tentative de révolution de couleur tentée en 2020 au Belarus.

Les médias « occidentaux », ainsi que d’autres activistes du changement de régime, affirment que Protasevich a dû être torturé pour parler ainsi. Cependant, à part les légères marques de menottes à ses poignets, il n’y a aucun indice montrant cela. Protasevich a été blessé lorsqu’il a combattu dans le bataillon ukrainien fasciste Azov contre les sécessionnistes du Donbass. C’est un dur à cuire qui ne se laissera pas impressionner par des menottes que, soit dit en passant, la police utilise dans le monde entier pour les mêmes raisons.

Pendant la guerre de Corée, des pilotes américains, capturés par la Chine, ont admis avoir largué des armes biologiques sur la Chine. Les États-Unis ont longtemps nié l’utilisation d’armes biologiques et ont affirmé que les pilotes avaient été torturés et avaient fait de faux aveux. Des décennies plus tard, des dossiers secrets étaient publiés, prouvant que les déclarations des pilotes étaient exactes.

Au début de l’interview avec Marat Markov, le directeur de la chaîne de télévision publique biélorusse ONT, Protasevich est encore un peu tendu. Mais après 3 ou 4 minutes, l’entretien se transforme en un échange animé au cours duquel Protasevich interrompt et corrige parfois le journaliste. La voix de Protasevich est rude et parfois pressée. C’est fumeur invétéré et il prétend être enrhumé. Vers la fin, lorsqu’ils parlent des dommages personnels que la tentative de révolution de couleur a causés à de nombreuses personnes, tous deux deviennent quelque peu émotifs mais en aucun cas hostiles l’un envers l’autre.

Le comportement de Protasevich, son engagement, son langage corporel et son attitude générale tout au long de l’interview m’ont convaincu qu’il agit volontairement et qu’il dit la vérité. Il n’est pas en train de lire un script que quelqu’un d’autre a écrit. Il raconte tout sur l’effort de changement de régime financé par l’étranger auquel il a participé. Et pourquoi pas ? Il a été trahi par ses anciens camarades. Il risque maintenant jusqu’à quinze ans de prison. Le fait de tout raconter pourrait bien l’aider à réduire le verdict pour ses crimes.

Il n’y a pas encore de sous-titres ni de transcription en anglais de l’interview. Les extraits suivants sont tirés d’un résumé en huit parties publié en langue russe sur Office Life. Le texte est traduit par ordinateur :

Roman Protasevich, sur l’antenne de la chaîne de télévision ONT, dans l’émission "Markov. Rien de personnel", a déclaré qu’il a accepté d’être interviewé tout à fait volontairement. Mais il a noté qu’il avait un petit rhume.

Il a ajouté qu’il est difficile de prévoir comment l’opposition réagira à l’interview, et qu’il ne serait pas surpris d’être traité de traître.

Protasevich a souligné qu’il ne se soucie absolument pas de ce qu’ils disent. Selon lui, il veut juste tout faire pour corriger ses erreurs. ...

Roman Protasevich, sur l’antenne d’ONT, a suggéré que les informations sur son vol au-dessus de la Biélorussie auraient pu être données par Daniil Bogdanovich, qui était le directeur du projet.

Protasevich a souligné que pour la première fois depuis longtemps, il a communiqué des données sur ses déplacements à quelqu’un. Il a parlé du vol depuis Athènes dans un chat, auquel participent Frank Viacorka et Daniil Bogdanovich. Protasevich était en conflit avec ce dernier. Roman affirme qu’en fait, dans son dos, lors d’un "appel téléphonique" en ligne, il a été dit qu’il pourrait être licencié. Lui-même n’a pas participé à cet "appel" en raison d’une mauvaise communication à l’hôtel. Des collègues lui ont fait part du contenu.

Protasevich pense que c’est Bogdanovich qui aurait pu prendre l’initiative d’un éventuel licenciement.

Au cours de l’interview, Roman a également souligné qu’il n’avait rien à voir avec la page Black Book of Belarus. Il a seulement organisé un atelier sur la façon de faire les gros titres, etc. Roman pense que beaucoup de données personnelles ont été transférées à la chaîne par d’anciens agents de sécurité. Protasevich a souligné qu’il n’avait rien à voir avec la publication de données personnelles.

« Black Book » est une page Telegram utilisée par l’opposition pour publier des adresses et des informations personnelles sur des policiers biélorusses et leurs familles.

Protasevich donne ensuite quelques détails sur les personnes impliquées dans l’opération d’opposition et sur leur corruption. Je ne m’y attarderai pas, car la plupart d’entre elles me sont inconnues et ne présentent qu’un intérêt mineur. Il y a cependant quelques personnes dont nous avons déjà entendu parler :

La personne interrogée a également parlé d’Olga Karach. Il a dit qu’elle avait obtenu la possession d’une maison d’une superficie de 600 mètres carrés dans le quartier d’élite de Vilnius. Karach lutte contre Tikhanovskaya pour obtenir l’argent de la diaspora.

Protasevich a ajouté que Tikhanovskaya vit en partie aux frais de l’État lituanien, en partie aux frais de certains entrepreneurs. Elle est surveillée par les services spéciaux lituaniens.

Andrey Strizhak (Fondation BySol), selon Protasevich, n’est pas non plus parfait. Des plaintes ont été déposées contre Strizhak et, toujours selon Protasevich, elles "n’étaient manifestement pas infondées". Cela s’est passé pendant que, selon Roman, il y eu de l’argent qui a disparu.

En outre, Protasevich a déclaré que ByPol, à son avis, est financé par la Pologne. Aussi, selon lui, la partie polonaise a donné 50 millions de zlotys à la Maison du Bélarus à Varsovie.
Suivent ensuite des détails sur le canal Telegram NEXTA qui a été utilisé pour diriger les manifestations et émeutes de l’été dernier à Minsk. Selon Protasevich, cette chaîne est suivie au Belarus par 500 000 personnes « au maximum ».

Protasevich tente de faire baisser la peine potentielle qui pèse sur lui :

Roman Protasevich a déclaré sur l’antenne de ONT qu’il respecte Alexandre Loukachenko. En même temps, il estime que certaines des décisions de cet homme politique étaient erronées.

Protasevich a admis avoir "beaucoup critiqué Lukashenko".

Il affirme s’être rendu compte que beaucoup des choses pour lesquelles le chef de l’État était critiqué étaient un élément de pression. Selon Protasevich, Lukashenka se comportait comme un homme aux œufs d’acier.

Le financement de la chaîne NEXTA (traduite en « Nektha ») et de son nombreux personnel est abordé ci-après :

Sur l’antenne d’ONT, Roman Protasevich a déclaré qu’au départ le projet Nekhta (reconnu comme extrémiste en Biélorussie) vivait de la publicité. Les publications coûtaient "pas mal d’argent" : par exemple, 20 000 dollars. Le salaire de Protasevich pouvait être de 1500 dollars. En août 2020, il a touché 5 000 euros.

À un moment donné, selon Protasevich, il y a eu un financement russe : 3-5 000 euros par semaine. L’argent venait d’une certaine société russe, qui, à en juger par son nom, est associée à l’Oural et aux mines.

Son propriétaire est un oligarque russe bien connu et un concurrent direct de Mikhail Gutseriev. Protasevich n’a pas donné son nom de famille, mais peut-être veut-il parler d’un natif de Minsk, Dmitry Mazepin, qui contrôle actuellement Uralkali.

Protasevich a également déclaré qu’il aurait été prévu de transférer l’un des canaux de Nekhta aux mains de russes.

Roman Protasevich a également déclaré que la scission dans l’équipe Nekhta était due à la figure politique de l’émigration biélorusse, Ales Zarembyuk, qui, selon le journaliste, a utilisé Putilo et l’ensemble du projet comme une "vache à lait".

Aujourd’hui, selon Protasevich, il n’y a plus de publicité sur "Nekhta", bien qu’il y ait plus de personnel dans la rédaction. Cela signifie, selon lui, que quelqu’un soutient le projet.

La Biélorussie socialiste dispose de vastes ressources en potasse. Il ne serait pas étonnant qu’un oligarque néolibéral russe du secteur des engrais tente de s’en emparer par le biais d’un changement de régime et de privatisations.

La partie suivante concerne la tentative de coup d’État militaire contre Loukachenko qui a échoué, il y a deux mois de cela :

Roman Protasevich a déclaré sur l’antenne d’ONT qu’il était presque devenu un agent de liaison "entre les conspirateurs et le quartier général de Tikhanovskaya." En d’autres termes, son rôle consistait à rapprocher le quartier général de ceux qui conspiraient contre Loukachenko.

Protasevich affirme qu’il avait des contacts constants avec Dmitry Shchigelsky, qui vit maintenant aux États-Unis et ils auraient beaucoup en commun. Contrairement à Alexander Feduta et Grigory Kostusev, Shchigelsky n’a pas été détenu par les services spéciaux biélorusses.

Roman assure également qu’il existe en Biélorussie des "cellules dormantes" de gens qui prônent un scénario de renversement du gouvernement actuel par la force.

Protasevich affirme également que Frank Viacorka n’avait pas été inclus dans le projet de renversement violent. Roman estime qu’il a "la langue trop pendue".

Selon Protasevich, les conspirateurs ont parlé d’une vingtaine de familles de militaires qui devaient être évacuées de Biélorussie, et ils voulaient obtenir pour elles des sommes importantes du fonds BySol, mais cela n’a pas fonctionné. Protasevich pense qu’en réalité ces militaires et leurs familles sont une fiction.
Protasevich parle ensuite de son séjour dans le bataillon Azov :

...

En même temps, Protasevich dit qu’il ne faisait pas officiellement partie de l’état-major d’"Azov", et qu’il n’était pas dans leurs affaires ; "il s’occupait principalement de photographie." Mais il a effectivement reçu une mitrailleuse légère. Cependant, selon Protasevich, il n’a pas participé aux hostilités, et "était presque tout le temps à la base". Roman admet également qu’il a violé l’éthique journalistique.

En outre, Protasevich a admis qu’il craint une sorte d’extradition (vers quel pays, ce n’est pas clair) - (1) - et espère qu’Alyaksandr Lukashenko aura suffisamment de volonté politique pour ne pas accepter l’extradition.

Roman affirme qu’il n’y a pas si longtemps, il était lui-même sur le point de retourner en Biélorussie. Il a déclaré qu’il coopérait avec l’enquête et qu’il repensait à beaucoup de choses dans la vie. À la fin de l’interview, Protasevich a même fondu en larmes. Après cela, ils ont montré le commentaire déjà enregistré séparément du présentateur, où il explique qu’en fait l’interview a duré environ quatre heures et que tout n’a pas été diffusé à l’antenne.

Moon of ALABAMA

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

(1) - Note de Geb.

Protasevitch craint une extradition vers la DNR , (la République de Donestk dans le Donbass), ou il risque la Peine de Mort pour "crimes de guerre". Ca suffit largement pour lui faire avouer la vérité sans fard, d’autant qu’il sait qu’il a été vendu par ses copains.

Au Belarus il risque simplement 15 ans de prison pour "sédition".

Y a pas photo pour choisir.

Voir le film ci dessous. (En Russe, (V.O.), et en Anglais approximatif avec le traducteur).

https://reseauinternational.net/protassevitch-aurait-ete-piege-par-son...

 Note de Pedrito

' Au vu de ce que l'on sait maintenant, doit-on toujours qualifier le personnage de "victime de l'incident" comme il est qualifié dans le titre?

Il y a des baffes qui se perdent ! suivi de Hystérisation

mercredi 9 juin 2021 par Alain Chancogne et Pierre-Henri Paulet.  Blog ANC

Je les ai tous entendu de Marine Le Pen à Mélenchon.
Donc l’historique gifle de ce 8 juin est surtout quasiment un crime d’État parce que en giflant Macron, vu son statut c’est la France qui est frappée...

Pourtant certains de ceux qui reprennent ce slogan qui me fait sourire, expliquaient il y a encore quelques temps "Non monsieur Macron vous n’êtes pas mon Président" !
Il paraît même que c’était le président des riches,seulement.
Alors j’ai envie de dire : Basta !

Non pas que je me foute royalement qu’un royaliste soufflette Emmanuel 1er...
Non pas que je sois complotiste au point de trouver particulièrement curieux que Sa Suffisance lui aie fait choisir parmi la foule son agresseur en lui tenant le bras pour que l’autre puisse mieux lui en balancer une dans son minois républicain.

Mais parce que trop c’est trop....

On va quand même pas rétablir la guillotine pour décapiter le capétien....
Je n’apprécie pas non plus, autant le dire franchement, le tweet de Mélenchon.
Du genre" bon vous allez comprendre maintenant au moins etc... "
Pour parler très franchement j’avoue que je ne dois pas être un excellent citoyen respectueux de nos institutions et des personnes qui disent d’eux mêmes ou dont on dit, qu’elles seraient" sacrées", que la "République c’est eux"

Non

"Ma France" outragée, brutalisée, agressée en permanence, bâillonnée, ghettoïsée dans cette société pourrie par le capitalisme, elle n’est pas symbolisée par un petit banquier arrogant , qui nous représenterait au prétexte qu’il couche à l’Élysée porté sur son trône en raison d’un mode de suffrage universel tel que celui qui permet à nos institutions monarchiques de doter la France de la Commune de Paris, d’un roitelet sorti tout droit des coffres de la banque Rothschild, et biberonné par son parrain Hollande.

J’ai vu le moment où on allait différer l’allégement des mesures sanitaires prévu pour demain afin de nous confiner quelques jours de plus dans une sorte de " deuil national".

Macron ce n’est pas Jésus
La preuve ?
il n’a même pas tendu l’autre joue😥

Notre Saigneur est sorti fort heureusement indemne de cet acte terroriste.

Il pourra mercredi confirmer au Conseil des ministres qu’il ne faut pas retarder la réforme des allocations chômages.
Et donner quelques instructions pour que Monsieur Darmanin précise bien à Monsieur Lallement que ce prochain samedi 12, l’ordre doit régner dans ce pays "quoi qu’il en coûte".


Lire aussi :

Hystérisation

Il fait peu de doutes que l’étrange séquence politique à laquelle nous venons d’assister affectera le déroulement des dix mois qui nous séparent du second tour de l’élection présidentielle. L’enchaînement des polémiques a rendu irrespirable en quarante-huit heures une atmosphère déjà pesante.

Invité de l’émission dominicale conjointe de franceinfo, France Inter et Le Monde, Jean-Luc Mélenchon, au terme d’une longue tirade confusionniste, a expliqué qu’un « grave incident » interviendrait certainement pendant la dernière semaine de la prochaine campagne présidentielle, à l’instar de la tuerie commise par Mohammed Merah en mars 2012 ou de l’attentat des Champs-Élysées en avril 2017, tout cela étant « écrit d’avance ». Sous le feu nourri des critiques, le candidat déclaré de la France insoumise, ainsi que ses lieutenants, ont choisi de s’abriter derrière le piètre bouclier de la mauvaise foi, jurant que d’odieux détracteurs avaient honteusement déformés les propos tenus. Jean-Luc Mélenchon ne pense peut-être pas, laissons-lui le bénéfice du doute, que les attentats terroristes résultent d’un scénario préétabli. N’empêche que c’est bien ce qu’il a dit... Il craint très certainement que des faits divers soient à nouveau instrumentalisés dans les dernières encablures de la campagne, notamment par l’extrême-droite. N’empêche qu’il ne l’a pas dit ainsi… Se posant en victime d’« un bon coup monté à partir d’une phrase », il a indéniablement contribué à alimenter l’indignation générale contre lui au lieu de calmer le jeu en reconnaissant ce qui était, a minima, une grosse maladresse d’expression.

La faute politique commise par le chef de file des Insoumis est réelle, mais n’explique ni ne justifie les réactions démesurées qu’elle a générées. On a vu un philosophe centriste bon-teint, intellectuel organique au sens gramscien du terme, admettre sans complexe qu’entre Le Pen et Mélenchon, il voterait Le Pen. On a vu un « influenceur » d’ultra-droite simuler en vidéo l’exécution d’un électeur de Mélenchon. On a vu une intervention en direct du principal intéressé, destinée à dénoncer légitimement cet appel au meurtre, interrompue sans gêne par BFM-TV au motif qu’il s’agissait d’une « manœuvre politique ». Pas une rédaction qui n’y soit allée de ses commentaires tendancieux pour une installer l’image d’un Mélenchon complotiste au mieux, antisémite au pire.

Le phénomène d’hystérisation du débat public a pris une coloration nouvelle ce mardi avec la gifle infligée à Emmanuel Macron par un individu proche de la droite identitaire, lors d’un déplacement du Président de la République à Tain-L’Hermitage (Drôme). Ce geste, condamnable comme l’est toute violence physique dans le cadre de la vie publique, excessif par nature mais bénin dans ses conséquences, a suscité un torrent de réactions de condamnation rarement à la mesure de l’offense. Pour de nombreux commentateurs, gifler le chef de l’État, c’est attenter à la République elle-même voire à la « souveraineté nationale » (Jean-Pierre Chevènement), quand ce n’est pas carrément « porter un coup à chaque Français » (Marlène Schiappa). À les entendre, l’offense semble d’une gravité inédite. Oubliés, les 150 tirs d’arme automatique contre la DS du général de Gaulle au Petit-Clamart ou les bombes qui le manquèrent de peu au Mont Faron et au Pont-de-Seine. Oubliée, la tentative de meurtre au fusil contre Jacques Chirac lors d’un défilé du 14 juillet. Oubliés plus encore les assassinats d’une violence inouïe contre les présidents Sadi Carnot et Paul Doumer, sous une autre République. L’agression contre Emmanuel Macron ressemble davantage à celle qu’avait subie Nicolas Sarkozy dans le Lot-et-Garonne en 2011 sans susciter le même emballement émotionnel ni la même peur d’un vacillement de la République. Comme s’il n’était désormais plus possible de faire la part des choses.

Les provocations d’élus ou la brutalité physique et verbale des opposants à la politique du gouvernement d’un côté, l’indignation surjouée des soutiens du gouvernement et leurs relais médiatiques de l’autre, rendent plus difficile chaque jour le fonctionnement serein de la démocratie. La sortie inappropriée de Jean-Luc Mélenchon a occulté la problématique sérieuse que son intervention soulevait initialement, à savoir l’impossibilité pratique de voir triompher un programme politique alternatif dans le cadre institutionnel et médiatique qui est le nôtre. La radicalité d’un youtubeur-militant comme Papacito rappelle, si besoin était, le danger que représente l’ultra-droite sans répondre à la seule question qui vaille : comment reconstruire une offre politique à la hauteur des attentes des Français ? Invoquer la République en péril pour un soufflet sur la joue présidentielle renforce, enfin, la distorsion entre l’anecdotique et le fondamental. Un quinquennat de régressions sociales, de recul des libertés publiques, la concentration du pouvoir entre les mains d’un homme au détriment de la représentation nationale et même les pitreries communicationnelles auxquelles nous nous résignons menacent bien plus assurément la République que le dérapage verbal d’un candidat de l’opposition ou qu’une atteinte mineure sur la personne du chef de l’État. Gardons cela à l’esprit.

 

MADELEINE RIFFAUD: L'HÉROÏNE....

 

Madeleine Riffaud est née en 1924. Fille d'instituteurs, elle grandit en Picardie et rejoindra la Résistance en 1942 à Paris, où elle prend le nom de Rainer, en hommage au poète allemand Rainer Maria Rilke. Amie de Paul Éluard, Picasso ou Hô Chi Minh, poétesse et écrivaine elle-même, elle devient grand reporter après la guerre.

À partir de ses souvenirs, Jean-David Morvan et Dominique Bertail transposent en BD son témoignage direct pour faire connaître cette héroïne incroyable

C'était sur France-Culture

https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/par-les-temps-qui-courent-emission-du-jeudi-03-juin-2021

Madeleine Riffaud est née en 1924.

Fille d'instituteurs, elle grandit en Picardie et rejoindra la Résistance en 1942 à Paris, où elle prend le nom de Rainer, en hommage au poète allemand Rainer Maria Rilke. Amie de Paul Éluard, Picasso ou Hô Chi Minh, poétesse et écrivaine elle-même, elle devient grand reporter après la guerre. À partir de ses souvenirs, Jean-David Morvan et Dominique Bertail transposent en BD son témoignage direct pour faire connaître cette héroïne incroyable

 

Extraits de l'entretien 

J'ai vu Madeleine Riffaud dans un documentaire qui s'appelait Résistante en 2017. Elle avait un ton péremptoire super puissant. J'ai eu envie de l'entendre alors j'ai essayé de la contacter. Je lui ai demandé si elle voulait faire une bande dessinée. Depuis qu'on s'est rencontrés, on ne s'est plus quittés. Je ne sais pas combien de centaines d'heures j'ai d'enregistrements de Madeleine, c'est une matière fabuleuse. C'est principalement la difficulté : résumer la vie de madeleine. Car elle raconte une autre histoire de l'histoire de France, du côté de la résistance anticolonialiste.
Jean David Morvan, scénariste

 

La poétesse, journaliste, correspondante de guerre et résistante Madeleine Riffaud nous accueille chez elle à Paris pour nous présenter la bande dessinée "Madeleine" son travail autobiographique en compagnie du scénariste Jean-David Morvan qui l'a accompagnée sur ce projet.

Blog "çà n'empêche pas Nicolas"