Robert Desnos, poète résistant, est arrêté par la Gestapo le 22 février
1944 et amené à Compiègne. De là, il est envoyé à Buchenwald, puis à
Floha, en Saxe. Au moment de l'arrivée des troupes alliées, il est
déplacé vers Terezine dans l'ancienne Tchécoslovaquie. Une marche de 200
km à pied, des jours de souffrance et de désespoir pour ces hommes
affaiblis, sous-alimentés, malades, que l'on achève en cours de route
s'ils ne parviennent pas à suivre...
Quand les alliés arrivent à Terezine, Desnos est atteint du typhus. Il
est transporté à l'hôpital militaire installé par les russes pour
accueillir les malades. Ceux-ci font appel à des étudiants de la faculté
de médecine de Prague pour enrayer l'épidémie.
C'est ainsi qu'un jeune tchèque, Joseph Stuna, lit dans les registres
que Robert Desnos est parmi les prisonniers. Épris de poésie française,
admirateur du surréalisme et de Robert Desnos, le jeune homme cherche le
poète et croit le reconnaître dans les traits émaciés d'un malade; et
comme on demande à ce dernier s'il connaît le poète français Robert
Desnos, il répond :
- Oui! Robert Desnos, poète français, c'est moi! C'est moi!
Le 8 juin 1945, Robert Desnos s'éteint. Il devra à la poésie, ce langage universel, de ne pas mourir seul, inconnu, et d'avoir autour de lui des amis pour le soutenir.
On a retrouvé dans la poche de son vêtement un poème qui a pendant longtemps été considéré comme le dernier, dédié à sa femme Youki. Or, il n'en est rien. Le poème a été écrit en 1926 et dédicacé à la Mystérieuse, une autre que Youki. Voir le petit monde de Youki.
Mais le poème, devenu légende, n'a rien perdu de sa beauté.
Yvonne Georges, la muse de Montparnasse, le futur modèle de la chanteuse Barbara, fut le grand amour de Robert Desnos. Elle avait un répertoire de 200 chansons et seulement une vingtaine fut enregistrée. C’était déjà beaucoup pour l’époque. Elle est morte en 1930, elle avait 33 ans. Le 8 juin 1945, Robert Desnos va mourir en camp de concentration. Avant sa mort, en hommage à sa maîtresse Yvonne, il écrira un dernier poème.
"J’ai rêvé tellement fort de toi,
J’ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu’il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres
D’être cent fois plus ombre que l’ombre
D’être l’ombre qui viendra et reviendra dans ta vie ensoleillée."