vendredi 17 avril 2020

AUCUN PAYS N'EST UNE ÎLE......

....En cas de pandémie, aucun pays n’est une île.

  
Un texte révélateur d’un journaliste économique...

Le chef de la rédaction économique du Financial Times n’est pas du tout un critique du système capitaliste, c’est le moins qu’on puisse dire... Son alerte sur l’ampleur de la crise économique à venir et l’urgence de réponses publiques et mondiales à la pandémie est d’autant plus pertinente.
pam  blog faire vivre et renforcer le pcf

Martin Wolf , chef de la rédaction du Financial Times

Dans ses dernières Perspectives de l’économie mondiale, le FMI appelle ce qui se passe actuellement, le "Grand verrouillage".Je préfère la "Grande Fermeture":cette expression traduit la réalité selon laquelle l’économie mondiale s’effondrerait même si les responsables politiques n’imposaient pas de mesures de verrouillage et pourrait rester en panne une fois que les mesures de verrouillage auront pris fin.
Pourtant, quel que soit le nom que nous lui donnons, c’est clair : il s’agit de la plus grande crise à laquelle le monde a été confronté depuis la Seconde Guerre mondiale et du plus grand désastre économique depuis la dépression des années 1930. Le monde est arrivé à ce moment avec des divisions parmi ses grandes puissances et une incompétence aux plus hauts niveaux de gouvernement aux proportions terrifiantes. Nous allons passer par là, mais dans quoi ?
En janvier encore, le FMI n’avait aucune idée de ce qui allait se produire, en partie parce que les responsables chinois n’avaient pas réussi à s’informer mutuellement, et encore moins le reste du monde. Aujourd’hui, nous sommes en plein milieu d’une pandémie aux conséquences considérables. Mais beaucoup de choses restent floues. Une incertitude importante concerne la manière dont les dirigeants myopes répondront à cette menace mondiale.
Pour ce que valent toutes les prévisions, le FMI suggère maintenant que la production mondiale par habitant se contractera de 4,2 % cette année, soit beaucoup plus que les 1,6 % enregistrés en 2009, pendant la crise financière mondiale. Quatre-vingt-dix pour cent de tous les pays connaîtront une croissance négative du produit intérieur brut réel par habitant cette année, contre 62 % en 2009, lorsque la forte expansion de la Chine a contribué à amortir le choc.
En janvier, le FMI prévoyait une croissance régulière cette année. Il prévoit maintenant un plongeon de 12 % entre le dernier trimestre de 2019 et le deuxième trimestre de 2020 dans les économies avancées et une baisse de 5 % dans les pays émergents et en développement. Mais, avec optimisme, le deuxième trimestre devrait être le nadir. Par la suite, elle s’attend à une reprise, bien que la production dans les économies avancées devrait rester en dessous des niveaux du quatrième trimestre 2019 jusqu’en 2022.
Cette "base de référence" suppose une réouverture économique au cours du second semestre 2020. Si c’est le cas, le FMI prévoit une contraction mondiale de 3 % en 2020, suivie d’une expansion de 5,8 % en 2021. Dans les économies avancées, la prévision est de 6,1 % de contraction cette année, suivie d’une expansion de 4,5 % en 2021. Tout cela pourrait s’avérer trop optimiste.
Le FMI propose trois scénarios alternatifs qui donnent à réfléchir. Dans le premier, les blocages durent 50 % plus longtemps que dans le scénario de base. Dans le deuxième, il y a une deuxième vague du virus en 2021. Dans le troisième, ces éléments sont combinés. Dans le cadre d’un verrouillage plus long cette année, la production mondiale sera inférieure de 3 % en 2020 par rapport au scénario de base. Avec une deuxième vague d’infections, la production mondiale serait inférieure de 5 % à la base de référence en 2021. Avec ces deux malheurs, la production mondiale serait inférieure de près de 8 % à la base de référence en 2021. Selon cette dernière possibilité, les dépenses publiques dans les économies avancées seraient supérieures de 10 points de pourcentage par rapport au PIB en 2021 et la dette publique de 20 points de pourcentage à moyen terme par rapport à la base de référence déjà défavorable.
Nous n’avons aucune idée précise de ce qui s’avérera le plus correct. Cela pourrait être encore pire : le virus pourrait muter, l’immunité des personnes qui l’ont eu pourrait ne pas durer, et un vaccin pourrait ne pas être disponible. Un microbe a renversé toute notre arrogance.
Que devons-nous faire pour gérer cette catastrophe ? Une réponse est de ne pas abandonner les mesures de confinement avant d’avoir maîtrisé le taux de mortalité. Il sera impossible de rouvrir les économies avec une épidémie qui fait rage, augmentant le nombre de morts et poussant les systèmes de santé à l’effondrement. Même si nous étions autorisés à acheter ou à reprendre le travail, beaucoup ne le feraient pas.
Mais il est essentiel de se préparer à ce jour, en créant des capacités largement renforcées pour tester, tracer, mettre en quarantaine et traiter les personnes. Aucune dépense ne doit maintenant être épargnée à cet effet, ni pour investir dans la création, la production et l’utilisation d’un nouveau vaccin.
Surtout, comme l’indique l’essai introductif d’un rapport du Peterson Institute for International Economics à Washington sur le rôle essentiel du groupe des 20 pays les plus avancés : "Pour dire les choses simplement, dans la pandémie de Covid-19, le manque de coopération internationale signifie que plus de gens mourront.
C’est vrai pour la politique de santé et pour assurer une réponse économique mondiale efficace. La pandémie et le Grand Arrêt sont tous deux des événements mondiaux. Il est essentiel de contribuer à la réponse sanitaire, comme le souligne Maurice Obstfeld, ancien économiste en chef du FMI, dans le rapport. Mais l’aide économique aux pays les plus pauvres, par le biais de l’allégement de la dette, de subventions et de prêts bon marché, l’est également. Une nouvelle émission massive de droits de tirage spéciaux du FMI, avec transfert des allocations inutiles aux pays les plus pauvres, est nécessaire.
Le nationalisme économique à somme négative qui a animé Donald Trump tout au long de son mandat de président des États-Unis, et qui a même fait son apparition au sein de l’UE, constitue un grave danger. Nous avons besoin que les échanges commerciaux se fassent librement, en particulier (mais pas uniquement) dans le domaine des équipements et des fournitures médicales. Si l’économie mondiale se désagrège, comme cela s’est produit en réponse à la dépression, la reprise sera touchée, voire anéantie.
Nous ne savons pas ce que la pandémie nous réserve, ni comment l’économie va réagir. Nous savons ce que nous devons faire pour traverser ce bouleversement terrifiant avec le moins de dommages possibles.
Nous devons maîtriser la maladie. Nous devons investir massivement dans des systèmes de gestion de la maladie une fois que les mesures de confinement actuelles auront pris fin. Nous devons dépenser tout ce qui est nécessaire pour protéger à la fois nos populations et notre potentiel économique des conséquences. Nous devons aider les milliards de personnes qui vivent dans des pays qui ne peuvent pas s’aider eux-mêmes. Nous devons surtout nous rappeler qu’en cas de pandémie, aucun pays n’est une île. Nous ne connaissons pas l’avenir. Mais nous savons comment nous devons essayer de le façonner. Le ferons-nous ? Telle est la question. 

Je crains fortement notre réponse.


Publié par El Diablo

D’où je parle

Je suis chercheur en neurophysiologie au CNRS affecté à un laboratoire de mathématiques appliquées. Je vais qualifier ici de « fondamentale » une recherche qui n’est pas entreprise en vue d’application immédiate, mais dont la principale motivation est « la connaissance pour elle-même » ; ce qualificatif est descriptif, pas normatif, il ne sous-entent en aucun cas qu’il y a une recherche « noble » car fondamentale, supérieure à une autre « appliquée », les deux sont en fait liées et s’enrichissent mutuellement. Je m’intéresse, en amateur, aux maladies infectieuses depuis ma lecture du livre « Le temps de la peste » de William Mc Neill ; je suis donc plus compétent pour parler de recherche fondamentale et de biologie, que du SARS-Covid-2.

Recherche fondamentale et SARS-Covid-2

Dans un contexte épidémique où l’urgence domine, le virus ayant déjà causé la mort de plus de 14000 personnes en France à la mi-avril — nombre à comparer au 21000 décès provoqués par l’épidémie de grippe 2016-2017 —, la recherche fondamentale fournit un cadre et des pistes. Le « cadre » nous permet de situer ce nouveau virus dans « le portrait de famille » des maladies infectieuses. Nous savons ainsi que c’est un virus à ARN dont l’information génétique est stockée sous forme d’une séquence d’acide ribonucléique (ARN) comme le virus de la grippe et non sous forme d’ADN comme le virus de la varicelle. Le « support ARN » fait que ce virus dépend pour la copie de son information génétique et donc pour sa multiplication, d’une protéine spécifique (au nom barbare d’ARN polymérase ARNdépendante), il fait ensuite synthétiser par ses cellules hôtes une longue chaîne protéique qui doit être coupée aux bons endroits pour donner des protéines fonctionnelles (voir l’article Coronavirus de Wikipédia qui est clair et pas trop technique). La mise en évidence de ces étapes clés, identifiées par un patient effort hautement collectif de recherche fondamentale, fournit des pistes pour des traitements antiviraux : il s’agit d’interférer avec une ou plusieurs 1 des étapes en employant des molécules connues pour leur activité dans des contextes similaires. Le fait que nous avons un coronavirus nous dit aussi immédiatement que nous avons affaire à un virus au génome « long », deux fois plus long que celui de la grippe et trois fois plus long que celui du SIDA, ce qui nous fournit quelques espoirs pour le développement d’un vaccin. Ce sera de toute façon long à venir, mais un vaccin a, par exemple, été développé contre le coronavirus canin ; alors les virus de la grippe et du SIDA sont connus pour muter vite — ce qui a conduit à l’échec, jusqu’à présent, du développement d’un vaccin contre le second et ce qui rend, comme chacun sait, les vaccins annuels contre le virus de la grippe plus ou moins efficaces. Les génomes longs sont connus pour évoluer / muter moins vite et les coronavirus font de plus synthétiser des protéines de corrections de mauvaises copies de leur génome. Moins bonne nouvelle, des sept coronavirus maintenant connus pour infecter l’homme, quatre sont responsables de 15 à 30 % de nos rhumes et, comme nous l’apprenons tous à nos dépends, le temps ne fait rien à l’affaire et nous ré-attrapons des rhumes tous les ans ou presque, ce qui suggère fortement que l’immunité acquise après l’infection par un coronavirus n’est pas d’aussi longue durée que celle qui fait suite à une varicelle.

Je n’ai fait jusqu’ici que survoler certains aspects moléculaires et cellulaires du coronavirus, mais il pose, comme toutes les maladies infectieuses émergentes, d’autres questions nécessitant un effort de recherche fondamentale : le passage d’une espèce « réservoir du virus » à l’homme est du ressort de la dynamique des populations, de l’étude des conséquences de la destruction des habitats et des questions évolutives, c’est-à-dire, de l’écologie. La maîtrise du précédent coronavirus, le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, fait quand à elle intervenir l’anthropologie, puisque l’espèce réservoir semble être le dromadaire dont le lait est commercialisé non stérilisé dans 80 % des cas ; or il est très délicat de « mettre en cause » un animal symbole de statut social — le lecteur qui trouve cela étrange pourra faire un parallèle avec la voiture chez nous.

Mais pour être fiable et donc utile dans une situation comme la présente épidémie, la « recherche fondamentale » doit être ouverte et conduite dans une perspective « à long terme » ; c’est malheureusement l’opposé qui nous est maintenant imposé avec le financement systématique sur projets (de deux à cinq ans) et le « darwinisme social » prôné, par exemple, par le PDG du CNRS.


Christophe Pouzat

LE SABRE, LE GOUPILLON, ET LE POGNON.

CF des Bastides dans le Tarn.

Geoffroy Roux de Bézieux ou: on ne saurait caricaturer une caricature

17 Avril 2020 , Rédigé par bernard GENSANE Publié dans #Social
Geoffroy Roux de Bézieux ou: on ne saurait caricaturer une caricature
Geoffroy Roux de Bézieux, le patron des patrons, a appelé les entreprises à reprendre le travail dès maintenant. Il a lancé cet appel depuis son château du Croisic où il est confiné. Et il a proposé de donner l’exemple en travaillant comme caissier une journée dans un supermarché. Non, là, j’déconne vraiment.

Dans la France du banquier éborgneur qui se prend pour Jupiter, il y a les manants qui se prennent une amende de 135 euros parce qu’ils sont sortis de chez eux munis du précieux ausweismais qui n’ont acheté qu’une seule baguette, et puis il y a les faux aristos (la République ne reconnaît pas les nobles) qui ne respectent pas le confinement, même dans leurs résidences luxueuses. C’est le cas de ce Bézieux qui, selon Ouest-France, est retourné à Paris le 22 mars au soir après avoir été vu en train de faire ses courses dans la charmante cité de Loire-Atlantique. Ne sachant apparemment pas qu’il existe la possibilité de visio-conférences, Bézieux a violé la loi pour assister à une réunion du conseil exécutif du syndicat patronal.

Geoffroy Jacques Roux de Bézieux est né le 31 mai 1962 dans le XVe arrondissement de Paris. Fils de Bruno Roux de Bézieux, dirigeant de plusieurs sociétés nationales et multinationalesdont la Financière Truffaut, le petit Geoffroy n’a eu qu’à naître et récupérer la cuiller d’argent qu’il avait dans la bouche. Un Henri Alphonse Émile Roux de Bézieux fut l’un des administrateurs de Péchiney et d’Ugine. La famille fut anoblie par charge d’échevin de Lyon en 1769 et appartient – mieux vaut tard que jamais – à l’Association d’entraide de la noblesse française (une association d’utilité publique mais qui ne répond pas à l’intérêt général) depuis 1989.

Fils d'un banquier et ancien élève du lycée Sainte-Croix de Neuilly, Geoffroy fut élevé entre le XVIe arrondissement et Neuilly-sur-Seine. Il est diplômé de l’ESSEC (pourquoi pas HEC ?) et de l’université Paris-Dauphine en “ affaires internationales ”. La liste des anciens élèves de Sainte-Croix est prestigieuse : le cardinal Daniélou (spécialiste de la mort subite et de l’épectase), Didier Recoin, François-Xavier Demaison, le recteur Robert Mallet, Jean Piat, Pierre Renoir. Entre 1984 et 1986, le soldat Bézieux accomplit son service militaire dans les commandos de marine, unité d’élite spécialisée dans le contre-terrorisme.

Milton Friedman semble être sa grande référence intellectuelle : « Attention, dit-il, Friedman explique que la liberté économique amène la liberté politique, pas le monétarisme du capitalisme sans foi ni loi, explique-t-il. Je pense que la liberté est supérieure à l’égalité, notamment parce que c’est grâce à elle que les hommes innovent. Mais parallèlement, chacun doit être responsable de ses actes. »
Bézieux (« Roux de Bez », comme l’appellent ses familiers) entre chez L’Oréal en 1986. Il en devient le directeur “ Marketing UK ” avant de créer la filiale polonaise en 1993. En 1996, il crée The Phone House, devenant très rapidement le plus gros vendeur de téléphones portables. En 2007, il entre au conseil de surveillance de PSA dont il devient vice-président. De 2005 à 2008, il préside l’association CroissancePlus, un groupe de pression d’entrepreneurs soucieux d’éthique (si, si !). Il est l’un des membres de la Commission pour la libération de la croissance française en 2008 (Commission “ Attali ”), dont le futur banquier éborgneur est rapporteur général adjoint.
Il est élu président de l’Unédic en mai 2008 et s’occupe de la bonne marche du club sportif Bourgoin-Jallieu Rugby.
En 2013, il devient vice-président du Medef. Cinq ans plus tard, il est élu président du syndicat patronal.
En avril 2019, il se prononce en faveur d’un recul de l’âge légal du départ à la retraite et qualifie la réforme des retraites du banquier éborgneur de « vrai progrès social ».
En juillet 2019, il invite Marion Maréchal Le Pen à l’université d’été du Medef. Il est contraint d’annuler cette invitation suite aux remous dans ses propres rangs qui avaient découvert l’invitation en lisant la presse.
Ces jours-ci, il propose de supprimer des jours fériés, des congés payés, ou encore d’allonger le temps de travail pour relancer la croissance et réduire la dette publique. Il ne lui vient pas à l’esprit de pénaliser le capital ou les détenteurs de dividendes. 
Geoffroy Roux de Bézieux : le sabre, le goupillon et le pognon.



Après leur gestion calamiteuse de la pandémie, nos privations de libertés, pas de masques mais une pluie d'amendes, ils vont tout de même pas nous faire payer leur incurie? Où est, que fait l'opposition, la vraie gauche populaire, hormis les populistes démagos de tout bord,  pour  ramener ces menteurs incapables à la raison?