mardi 1 décembre 2015

PAS D'AMALGAME? CERTES....MAIS POURQUOI LAISSE-T-ON SE PERPÉTRER LE CRIME?




"Saint-Denis : ma ville à l’heure islamiste"

Un assaut du RAID a été donné ce 18 novembre au petit matin à Saint-Denis pour interpeller les auteurs et complices présumés des attentats du 13 novembre à Paris. Dans un numéro exceptionnel de Marianne paru lundi, l’universitaire Fewzi Benhabib, menacé de mort par les islamistes du FIS dans son Algérie natale, arrivé à Saint-Denis en 1994, amoureux de la laïcité, nous raconte la progression lente d’une idéologie mortifère dans son département. Extraits de son témoignage.
Librairie religieuse à Saint-Denis où l’on cherche en vain fictions et romans - Myr Muratet pour Marianne
"A Saint-Denis, une fracture s’est ouverte que mon expérience algérienne m’empêche d’ignorer. Elle se creuse là, le long des trottoirs, au milieu des rues, au marché le dimanche et, pourtant, des citoyens politisés refusent de savoir qu’un projet de société alternatif, obscurantiste et communautariste ronge le ciment démocratique d’une société qu’ils veulent – que nous voulons tous – plurielle. Cette cécité volontaire ne heurte pas seulement mon esprit scientifique ; elle porte en elle un danger pour la démocratie et pour l’humanité entière qu’il est urgent de pointer – à moins qu’il ne soit déjà trop tard.
[...]
Une enseigne, à mes yeux, symbolise cette conquête des esprits. Sur la grande avenue, face à l’arrêt de tram, à côté de l’énorme Mak d’Hal, ce fast-food qui reprend les codes graphiques de McDonald’s, jusqu’à la borne interactive de commande, pour des hamburgers 100 % halal, elle n’attire pas le regard. Mixte coiffure pourtant, n’est pas un salon banal. Comme son nom ne l’indique pas, ce salon est réservé aux femmes et, en fait de mixité, la patronne donne à ce mot riche un sens particulier.
Alors que je suis en arrêt devant le message publicitaire collé sur sa vitrine, elle sort et m’explique : « Quand j’ai ouvert le salon, ça fait neuf ans, j’ai voulu l’appeler “Mixte” parce que j’aime bien ce mot. Mais ici, c’est mixte parce qu’il y a une salle spéciale pour les femmes voilées, à l’abri des regards. » Cette femme est d’Oran, comme moi. Elle vient d’un quartier plus bourgeois que celui où j’habitais. D’abord en français puis en arabe, on badine. Pour dire qu’elle ne porte pas le voile, elle dit : « Je sais que c’est un commandement, mais moi, c’est comme ça, je suis en décapotable. » Je lui dis : « D’où t’est venue cette idée de coiffer les voilées à part ? Je n’ai jamais vu ça, même à Oran... » Pas décontenancée, la coiffeuse : «  TU NE VAS PAS COMPARER ORAN ET ST DENIS, QUAND MÊME ! »

Ici, m’explique- t-elle, les musulmans vont au bout de leur foi. Ce constat, combien de fois l’ai-je entendu, ces temps- ci ? D’Alger ou de Sétif, les amis reviennent effarés. « Au marché de Bab-El-Oued, les amoureux se tiennent par la main », me rapporte un ami comme s’il avait croisé un canard parlant anglais en allant chercher sa baguette. « Des femmes qui prennent un verre en terrasse, entre copines, c’est naturel là-bas alors qu’ici, ça nous surprendrait », se désole un autre compagnon.
[...]
Je suis ici, je suis en France, je marche dans une artère qui ose encore porter le nom de rue du Jambon, m’approche de l’une des librairies récemment inaugurées et je désespère. Où sont les poètes, où sont les romanciers ? En devanture, les affiches destinées aux enfants enseignant les bonnes pratiques de l’islam, ne pas se moquer des autres, dormir sur le côté droit, boire en trois fois. Sur les présentoirs trônent les grandes vedettes de l’islam politique, Hani et Tariq Ramadan, bien sûr, ainsi que Sayyid Qutb et Hassan el-Bana.
Dans cette librairie musulmane, aucune place n’est faite à des islamologues humanistes comme Tahar Haddad, Mohamed Arkoun ou Abdelwahab Meddeb. Et que dire de la place qui est faite au roman, à la fiction, à la poésie et à la connaissance universelle ? Kateb Yacine, Assia Djebbar, Driss Chraïbi, Aboul Qassem Echebbi, Nizar el-Kebbani ou Naguib Mahfouz, ce géant de la littérature arabe et prix Nobel de littérature qui a été poignardé en 1994 par un membre de la Gamaa al-Islamiya au Caire, ou bien le romancier algérien Kamel Daoud qui vient d’essuyer une fatwa pour « atteinte aux principes de l’islam », y sont persona non grata. On aurait pu s’attendre à y trouver au moins le plus grand poète palestinien, Mahmoud Darwich. Que nenni ! Il ne rentre pas dans les clous d’un système de pensée obscurantiste, pour lequel la question palestinienne n’est qu’un fonds de commerce ! Dans ces lieux où la culture se résume au politico-cultuel, le verrou sur la pensée libre pèse lourd.
[...]
Dans les années 90, j’ai vu mes concitoyens algériens pareillement désemparés face à la redoutable machinerie intellectuelle et logistique des intégristes algériens. L’islamisme progressait à bas bruit, par petites audaces successives, d’abord soucieux de n’effrayer personne, avant de basculer, un jour, dans le terrorisme et la barbarie. Lorsque j’ai voulu sonner l’alarme, avec d’autres, sur cette stratégie éprouvée de la contamination oblique et lente, notre réunion a été perturbée. Nous essaierons de la tenir le 3 décembre, en espérant que se soulève enfin la chape de plomb qui pèse sur notre ville et que se brise, avant qu’il ne soit trop tard, le chapelet des petites lâchetés quotidiennes. "
Fewzi Benhabib(*) avec Daniel Bernard

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Librairie religieuse !!
 (*)Menacé de mort par les Islamistes du FIS, dans son Algérie natale, Fewzi Benhabib vit en France depuis 1994. FRANCE: Liberté, Égalité, Fraternité, parce que LAÏCITÉ !!

 Le 29 novembre à 23:59, par Xuan En réponse à : "Saint-Denis : ma ville à l’heure islamiste"
Ce témoignage ne doit pas être pris à la légère, tout en se gardant de verser dans l’islamophobie.(1)
Michel Onfray signale à juste titre que l’islam - comme toutes les religions d’ailleurs - a deux visages et peut tout autant prôner une morale personnelle pacifique et fraternelle que légitimer une théocratie barbare et agressive.
Or la république bourgeoise ne peut pas s’opposer à la théocratie islamiste pour deux raisons :
D’une part elle est responsable de crimes de masse dans ces régions. Et on rappelle que le mandat français en Syrie ne s’est achevé qu’en avril 1946, un an après le bombardement de Damas sur ordre du Général De Gaulle.
Ce n’était pas le premier. En 1925, une insurrection éclate dans la Syrie mandataire, à partir du pays druze. La révolte a gagné une partie du pays. A l’assemblée nationale le député communiste Jacques Duclos s’emporte : "Quel est l’exploit principal du général Sarrail ? [Haut-commissaire en Syrie] Le bombardement de Damas. (...) jamais n’est apparue de façon plus éclatante la brutalité de la colonisation ».
D’autre part, la bourgeoisie française a elle-même attisé les flammes du terrorisme et appuyé les islamistes d’Al Nosra, afin de reprendre pied en Syrie par la subversion. Dans ces conditions comment le capitalisme pourrait-il réduire le terrorisme et apaiser les conflits religieux ?
Seul le socialisme peut venir à bout du terrorisme et instaurer une laïcité apaisée.

(1) Quand cessera-t-on de nous inviter à ne "pas verser dans l' islamophobie"? Comme si nous n'avions pas le droit de nous méfier de l'islam, comme de toute religion totalitaire?