TEXTE DE JEAN ORTIZ, UNIVERSITAIRE.
En réponse à l'obscurantisme des "animalistes"
madrid - Des toros et des hommes
Le 9 juin dernier, cinq cents
"animaliers" ou "animalistes" (selon les sources) ont
"séquestré"* les arènes de Las Ventas à Madrid, dans une Espagne en
vente, et ce pour protester contre la "barbarie taurine". 18 000
toros sacrifiés à l'année dans les arènes espagnoles!!! Le génocide est
cependant et heureusement inférieur au nombre des républicains espagnols
"disparus", enterrés dans des fosses communes (environ 130 000). La
plupart des "animaliers", âmes sensibles, souhaitent que ces
"rouges" continuent à y reposer en paix.
Les amis des animaux ont
exigé aujourd'hui à Madrid l'abolition de la corrida, et ont condamné
"l'exploitation des animaux"... Comme l'homme fut (est?) un animal,
nous aussi nous demandons le respect de ses droits... et notamment celui de ne
pas se faire massacrer en Irak, Afghanistan et ailleurs, pour les intérêts des
grands de ce monde cannibale. Nous exigeons , avec les amis des bêtes, la fin
de ces mises à mort à odeur pétrolière.
Comme un enfant meurt de
faim chaque cinq secondes dans le monde, nous proposons que, si les corridas
devaient continuer, les dépouilles des toros soient livrées aux affamés de la
planète, la faim étant un état naturel du monde dans lequel l'homme (surtout
quelques uns...) n'est pour rien et contre lequel il ne peut rien. Nous
suggérons également que la viande des éléphants, et phantes, chassés par le roi
d'Espagne, soit distribuée dans les bidonvilles du Botswana et les défenses
offertes à l'areine Sophie.
("Ne
dites jamais : "c'est naturel" afin que rien ne passe pour
immuable" (B. Brecht)
Pendant que les
animanologues défendaient les toros, le FMI estimait qu'il fallait au minimum
40 milliards d'euros pour sauver les banques espagnoles de l'estocade fatale.
Deux oreilles et la queue aux "marchés"!! L'opération 40M est
présentée comme un "rescate" (un sauvetage). Il y a des
"sauvetages" qui ressemblent fort à des pillages et à des
séquestrations, bien réelles celles-ci. Mais on ne peut à la fois séquestrer
les arènes et la Bourse. Pour sauver les Banques, chaque citoyen espagnol
(surtout ceux des "ganaderías" populaires, les plus nombreuses) devra
se "sacrifier", comme les toros dans l'arène sanglante. Nous voyons
bien combien toros et hommes partagent désormais un même destin. Il n'y a que
les pauvres et les toros que l'on puisse dépouiller. Et si donc le toro et
l'homme partagent un sort et un avenir communs, comment dès lors interdire la
corrida? Il faudrait aussi interdire, et cela serait "populiste", le
travail des enfants, les multinationales, l'exploitation de l'homme par l'homme
(et du toro par l'homme ?).
Soyons réalistes, ne
demandons pas l'impossible; mais déclarons ouverte la chasse à la bêtise
intéressée, au fauxculisme, aux "apolitiques" toujours de droite, aux
faux amis des animaux, aux vrais prédateurs de l'homme, de la nature, des animaux...
Jean Ortiz (universitaire -Pau)
* ils
ont fait une ronde autourde Las Ventas et ont appelé cela
"séquestration"