dimanche 19 janvier 2020


Pourquoi Macron ne cède pas

Macron ne cède rien. Il agit en montrant qu’il n’est pas là pour faire une carrière politique. Comme s’il se foutait de ce qu’on pense ou dit de lui, et de son avenir politique. Comme s’il se foutait de sa cote de popularité. Pour être réélu ? Il fait comme si cela ne lui était pas un souci. 
Macron agit comme un général mandaté par ses parrains de la finance pour détricoter et privatiser tout ce qui est collectif et solidaire en France. Et sa récompense ne sera peut-être pas d’être réélu ou de prendre place dans le paysage politique français, mais d’aller siéger dans de multiples conseils d’administration et notamment ceux des sociétés qu’il aura privatisées pour ses commanditaires. Il a agi en deux temps : en pourrissant l’État français de l’intérieur sous un Hollande bien acquis au même projet, et en prenant appui sur ce pourrissement pour mener à bien son pillage en règle de l’État. Voilà pourquoi il se moque de tous ces scandales à répétition le concernant et concernant son gouvernement. Il agit comme s’il était « en mission ». Voilà pourquoi nous avons un gouvernement « de crise » composé sans vergogne à moitié de millionnaires, voilà pourquoi il garde un Président de l’Assemblée mis en examen, ou des ministres liés à des lobbys, comme Wargon, Buzyn, et Delevoye « expert » pour la formation des cadres des Assurances ; et pourquoi sa ministre de la justice peut dire en rigolant qu’elle a juste oublié de déclarer trois appartements au fisc. Voilà pourquoi il met sans honte un voyou à la tête de la police et autorise à cette police des comportements de voyous.
Voilà surtout pourquoi il ne cède devant aucune grève. Parce qu’il s’en fout. Il se fout de vous, il se fout du pays, il se fout de la misère et de la pauvreté, il se fout des éborgnés et des amputés par sa police. Il s’en fout. Il détricotera tout jusqu’à la dernière maille sans écouter personne hors ses amis des 1% les plus riches, sans état d’âme. Il n’a pas besoin de penser trop à son avenir : il est bien assuré de ce côté-là. 
Et il terminera en laissant un pays épuisé et exsangue, trop sonné pour se défendre contre le plus violent des systèmes de finance néolibérale qu’on puisse imaginer. 
Voilà pourquoi il ne cède pas, et voilà pourquoi la seule façon de le faire céder est de nous montrer plus obstinés, plus jusqu’au-boutistes, plus tenaces. Le seul mouvement qui l’ait jamais ébranlé, c’est celui des Gilets Jaunes, parce qu’il l’a désarçonné, politiquement et sur le terrain, là où il ne s’y attendait pas. Il faut ouvrir un intense débat politique, un immense RIC, pendant des mois pour affirmer des buts communs pour la masse des gens qui se réclament des principes de solidarité et d’égalité.
Il a déjà entrepris la privatisation des hôpitaux, de la SNCF, des gares, des aéroports, des barrages, de la Sécu. Il s’attaque à celle des routes, des universités, de la culture, de la justice. Cet homme ne veut plus de services publics qui appartiennent à tous et sont au service de tous. Il ne veut qu’un État minimum (armée, police, pouvoir judiciaire…) et nous savons tous qu’un tel État s’appelle une dictature.
Robert Joumard, Pierre Cours-Salies, Jean-Luc Picard-Bachelerie, Margaret Méchin, Jean-Michel Cosso, Jeanne Parreau, Fred Licciardi, Jean-Yves Sage, Christian Delarue, Guillaume Ageorges et Monique Demare, de la Commission démocratie d’ATTAC
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Ce texte est très fortement mais librement inspiré d’un texte de Ian Manook.