LA
FEMME QUI PLEURA LA MORT DE JOSELITO
« EL
GALLO »
16 Mai 1920.
TALAVERA DE LA REINA ( Prov. TOLÈDE): un toro bronco, avisé, ganaderia Vve ORTEGA, à la vue déficiente- il ne voit pas la muleta que lui présente EL GALLO,- inflige une double cornada au " plus grand torero de tous les temps", selon la légende. Image horrible des viscères arrachés par la corne de Bailador. Et mort rapide de Joselito, pleuré par ses compagnons des trois cuadrillas. Il avait brindé la mort de son premier toro à son père, qui avait inauguré cette même plaza quelques années auparavant.« J’aime les femmes plus que tout : cela est connu, n’en disons pas plus. Si je ne devais toréer que pour des hommes, je me serais coupé la coleta. Quelques fois, au cours des tardes fatales comme chacun peut en connaître, lorsque les larmes jaillissent de mes yeux et que l’envie me prend de jeter épée et muleta en me réfugiant contre la barrière, je regarde vers les gradins, affrontant les cris hostiles du public, et là il arrive que mon regard croise les jolis yeux d’une nana, et leur caresse me dit qu’elle voudrait bien me consoler. Ceci m’est arrivé quelques fois, et ensuite je suis retourné affronter le toro, comme un marcassin, avec ma cape, encouragé par la chaleur du regard de cette inconnue, et j’ai enthousiasmé le public, en réalisant tout ce que je savais faire et plus encore. Les yeux d’une gitane dégagent un sacré fluide. »
TALAVERA DE LA REINA ( Prov. TOLÈDE): un toro bronco, avisé, ganaderia Vve ORTEGA, à la vue déficiente- il ne voit pas la muleta que lui présente EL GALLO,- inflige une double cornada au " plus grand torero de tous les temps", selon la légende. Image horrible des viscères arrachés par la corne de Bailador. Et mort rapide de Joselito, pleuré par ses compagnons des trois cuadrillas. Il avait brindé la mort de son premier toro à son père, qui avait inauguré cette même plaza quelques années auparavant.« J’aime les femmes plus que tout : cela est connu, n’en disons pas plus. Si je ne devais toréer que pour des hommes, je me serais coupé la coleta. Quelques fois, au cours des tardes fatales comme chacun peut en connaître, lorsque les larmes jaillissent de mes yeux et que l’envie me prend de jeter épée et muleta en me réfugiant contre la barrière, je regarde vers les gradins, affrontant les cris hostiles du public, et là il arrive que mon regard croise les jolis yeux d’une nana, et leur caresse me dit qu’elle voudrait bien me consoler. Ceci m’est arrivé quelques fois, et ensuite je suis retourné affronter le toro, comme un marcassin, avec ma cape, encouragé par la chaleur du regard de cette inconnue, et j’ai enthousiasmé le public, en réalisant tout ce que je savais faire et plus encore. Les yeux d’une gitane dégagent un sacré fluide. »
« Je
suis très amoureux – « enamoradisimo »,
notez
le superlatif, comme les espagnols en ont le secret-, de la fille
d’un célèbre éleveur de Séville, et je vais me marier avec
elle. Dans quelques années, j’arrête. Et je vais imiter
GUERRITA : pour la feria du Pilar de SARRAGOSSE, celle que
j’aime tant, et sans surprise . » Mais les clarines de
cette feria du Pilar ne devaient jamais sonner pour Joselito. Ni non
plus il ne vit jamais Guadalupe en robe de mariée. La famille de la
jeune fille, qui faisait partie de l’aristocratie Sévillane, ne
voulait pas de cette relation amoureuse avec le torero de GELVES. «
Comment pourrais je laisser ma fille se marier avec un gitan ? »,
déclara un jour Philippe de PABLO-ROMERO . Et joselito, qui
avait plusieurs fois tenté de plaider sa cause auprès de la
famille, se lamentait ainsi auprès de ses intimes :«
Autrefois, il m’appelait fils, aujourd’hui, je suis gitan ».
En
définitive, fils de paysan et de gitane, ce n’est pas cela qui
empêcha le mariage, mais la tragique et inattendue mort du torero en
1920. Pas vaine, sa cour à Guadalupe, car Joselito lui brinda un
toro aux arènes de BILBAO, alimentant ainsi bavardages et cancans
du public présent. Et la belle ne se maria jamais, elle mourut à 80
ans, dans le quartier Sévillan de Los Remedios, en 1983. Sur son
testament, elle demanda que l’on n’oublia jamais de fleurir la
tombe de son bien-aimé José. Dans son livre, « Le
Sacristain du Diable : Vie magique de Fernand VILLALON »,
Manuel BARRIOS reprend des textes de l’époque, relatifs à
l’enterrement du GALLO : « Au bout du Paseo del Duque,
une femme voilée de deuil, jeune et belle, (sans doute Guadalupe de
PABLO-ROMERO, qui jusqu’à la fin de sa vie fleurit la tombe de
José), les yeux rougis par les larmes, jeta un cri « Joselito ! »,
et des amis l'éloignèrent sur le trottoir»
Le
soir où il se trouva face à Bailador,
Joselito avait quatre soucis qui lui nouaient la gorge : la mort
de sa mère, la concurrence avec les figuras, les accrochages avec la
presse, qui fut plus dure que jamais à son égard,en cette
temporada 1920, notamment Gregorio CORROCHANO, mais surtout et
par-dessus tout, son amour impossible avec Guadalupe.
Sans compter ce toro à la vue déficiente. Et tout cela fit sans doute beaucoup trop.
Sans compter ce toro à la vue déficiente. Et tout cela fit sans doute beaucoup trop.