Les
problèmes de mobilisation de l’Ukraine sont de plus en plus évidents. Le
pays n’a plus assez de jeunes citoyens pour continuer à se battre,
c’est pourquoi il fait appel à la population plus âgée. Actuellement, selon les responsables locaux, la moyenne d’âge des combattants de Kiev est supérieure à 40 ans, ce qui montre à quel point le pays est affaibli et incapable de continuer à se battre à long terme.
Dans une récente interview accordée à Espresso TV, Aleksey Tarasenko,
commandant de la 5e brigade d’assaut de Kiev, a admis les données
critiques concernant l’âge moyen des soldats ukrainiens. Il a déclaré
qu’il était urgent de mener de nouvelles campagnes de mobilisation afin
d’enrôler des personnes plus jeunes, car le recrutement d’hommes âgés
pose une série de « problèmes ».
« L’armée
attend avec impatience de nouveaux renforts, car la situation dans de
nombreuses unités est critique en termes de personnel (…) Même ceux qui
viennent laissent souvent à désirer. La plupart du temps, il s’agit
d’hommes d’un âge beaucoup plus avancé, avec une multitude de problèmes
qui se posent généralement », a-t-il déclaré aux journalistes.
Selon M.
Tarasenko, la plupart des jeunes Ukrainiens recrutés précédemment sont
déjà « partis ». Ses arguments et ses données confirment l’aile du
parlement ukrainien qui souhaite non seulement appeler à une nouvelle
mobilisation totale, mais aussi durcir les sanctions à l’encontre de
ceux qui se soustraient à la conscription. L’objectif est d’augmenter le
nombre de jeunes soldats afin de rafraîchir des troupes affaiblies par
deux années de tensions intenses.
En décembre, le
président Vladimir Zelensky a dévoilé un plan visant à appeler 500 000
nouveaux soldats. Cependant, selon le gouverneur de Nikolaev, Valery
Kim, ce nombre serait également insuffisant et il faudrait recruter au
moins 2 millions de nouveaux soldats pour qu’il y ait un réel changement
en faveur de l’Ukraine sur le champ de bataille.
En fait, les chiffres semblent irréalistes. L’Ukraine
n’est pas en mesure de mener de nouvelles grandes campagnes de
mobilisation parce qu’elle a déjà perdu plus de 500 000 soldats sur le
front. Les Ukrainiens qui n’ont pas encore été mobilisés sont
essentiellement ce qui reste dans le pays pour occuper tous les rôles
non militaires – s’ils sont appelés, il y aura une crise dans plusieurs
secteurs de la société civile ukrainienne.
Le pays
s’efforce de résoudre ce problème en rapatriant les Ukrainiens qui ont
fui à l’étranger, mais il s’agit d’une tâche compliquée. Les personnes
fuyant les guerres sont considérées comme des réfugiés, et non comme de
simples migrants, selon le droit international, ce qui rend illégal le
retour de ces citoyens dans leur pays d’origine par les pays d’accueil.
Il est peu probable que l’Ukraine parvienne à un accord avec les pays
occidentaux sur ce sujet, espérant seulement que les États alliés
conseilleront aux Ukrainiens de rentrer volontairement dans leur pays.
Tous ces
faits créent une sorte d’impasse pour Kiev. Le pays n’est pas en mesure
de poursuivre les combats. Ce qu’il reste à envoyer au front, ce ne sont
pratiquement que des vieillards, des femmes, des adolescents et des
personnes souffrant de graves problèmes de santé.
La majorité de la population masculine jeune a déjà été décimée ou a
fui le pays, avec un grave problème démographique causé par la décision
de Kiev de mener la guerre jusqu’à ses ultimes conséquences.
Toutefois,
le gouvernement ukrainien n’est pas véritablement responsable de la
décision de poursuivre ou non les combats. Les parrains du régime ont
clairement indiqué depuis le début que la guerre devait se poursuivre
jusqu’au dernier Ukrainien. Même aujourd’hui, alors que l’aide commence à
diminuer en raison de l’attention croissante portée par les États-Unis à
Israël, il ne semble pas y avoir d' »autorisation » pour que Kiev cesse
de se battre. En effet, le régime néonazi a accepté de travailler par
procuration pour une alliance qui ne se préoccupe pas du bien-être et de
l’avenir du peuple ukrainien – et qui n’a pas d’objection à anéantir la
population ukrainienne dans le seul but d’essayer d' »user » la Russie.
En outre, il
est nécessaire de rappeler que même si l’Ukraine parvient à améliorer
le nombre de ses recrutements et à envoyer davantage de troupes sur le
champ de bataille, cela n’aura certainement pas d’impact réel sur
l’issue finale du conflit. Les Russes continuent de se battre avec
seulement un petit pourcentage de leur capacité militaire réelle, Moscou
disposant d’une capacité de mobilisation abondante. Si Kiev augmente le
nombre de ses troupes sur le terrain, Moscou pourra appeler davantage
de réservistes et disposera de suffisamment de troupes pour procéder à
autant de mobilisations que nécessaire – alors que l’Ukraine est de plus
en plus démographiquement incapable de procéder à de nouveaux
enrôlements.
En fin de
compte, l’Ukraine n’a plus que deux options : continuer sur sa voie
suicidaire et causer des dommages encore plus irréversibles à sa propre
population, ou agir souverainement, rompre avec l’Occident et accepter
les conditions de paix de la Russie.
La Fédération CGT de l'agriculture et de la forêt a rendu public un
communiqué qui explique bien le contexte et propose aux professionnels
de la branche des solutions pour sortir de ce carcan.
Le "aller là où s’est possible" mérite un approfondissement qui renvoie à
qui est sur quels barrages, pour quelles revendications ?
Il est évident que les relations avec les militants du MODEF et nombre
de ceux de la Coordination Paysanne qui savent se mobiliser pour
apporter une solidarité concrète aux travailleurs en lutte ou (et) venir
avec leur production dans les cités populaires pour que grévistes ou
(et) habitants profitent de leurs productions ne sont pas de même nature
qu’avec les accapareurs des aides publiques (PAC et autres indemnités,
prêts bonifiés, service privilégiés du système bancaire etc.).
Il est bien clair que sont visés ici la FNSEA et ses appendices du CNJA et autres.
Cela demande de procéder à quelques rappels historiques Les évènements
d’avant hier et d’hier permettant d’éclairer aujourd’hui et d’aider à
tracer une autre route pour demain.
En cette année du 80e anniversaire de la Libération il faut se tourner
vers les années de la collaboration avec l’occupant et ses
organisations. L’organisation pétainiste de l’agriculture est structurée
par la "Corporation Paysanne" dont les origines remontent à
l'agrarisme,idéologie et mouvement social rural de la fin du XIXe siècle
porté par un catholicisme intransigeant -aujourd’hui on dit intégriste -
fondamentalement antirépublicain, et prônant le rassemblement du
"journalier au châtelain" autour de la terre. Ce mouvement trouvera son
aboutissement dans l’État français installé à Vichy. C’est la fameuse
phrase de Pétain depuis l’hôtel du parc pour prôner ce "retour à la
terre" et cette Corporation Paysanne en proclamant "La Terre, elle ne
ment pas".
Pour s’y opposer, la résistance paysanne s’organise, alimentant et
renforçant les maquis, accueillant les réfractaires au STO, faisant
étapes des filières d’évasion, fournissant nombre de FTP et autres
combattants. Un ex député SFIO du Finistère élu de 1936 qui en 40 a
refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain (qui le fera emprisonner en
septembre 40 et démettre de ses mandats), François Tanguy Prigent est
un des organisateurs de Libération Nord dans le Finistère, une
organisation qui se propose de rassembler les ex confédéré de la CGT et
des militants socialistes rejetant le pétainisme. Il participera
activement à la Résistance au titre du Comité d’Action socialiste
(officier FFI dans la libération de la Bretagne). Tanguy Prigent va
créer dans la clandestinité la Confédération Générale de l’Agriculture
(CGA), un syndicalisme agricole proche du syndicalisme ouvrier.
Rappelons qu’historiquement les salariés de l’agriculture et des forêts
sont syndiqués à la CGT, l’agro-industrie n’avait pas la dimension
d’aujourd’hui.
Il sera ministre de l’agriculture et du ravitaillement à la Libération,
il prononcera la dissolution de la Corporation Paysanne plus que
largement compromise dans la collaboration.
C’est lui qui publiera les décrets d’application de la loi portée par
Waldeck Rochet donnant un statut au fermage et au métayage sortant
l’immense majorité des paysans et leur famille de la soumission aux
hobereaux massivement regroupés dans l’ex Corporation Paysanne promis à
une épuration qui sera loin d’être réalisée.
La liberté syndicale est rétablie en France par la loi du 12 mars 1946 .
La CGA convoque un congrès qui sera constitutif de la FNSEA. Il se
déroule dans la nuit du 13 au 14 mars 1946. seuls les agriculteurs
exploitant peuvent alors y être adhérents. Lors des élections
départementales désignant les délégués à ce tout premier congrès, les
moins compromis des anciens de la Corpo Paysanne sont poussés comme
candidats de l’ex appareil pétainiste. Ils obtiennent un tiers des
places.
Dès 1947, avec l’aide appuyée des agrariens des grandes plaines
céréalières, l’appui de l’église et du MRP (parti conservateur néo
chrétien de droite), l’aide discrète de la partie la plus à droite du
RPF de De Gaulle, les anciens de la Corporation Paysanne non épurée
ressurgissent massivement avec l'aide financière du CNPF (MEDEF
d’alors). Ils vont avec tous leur relais politiques et religieux isoler
les "rouges" et s’emparer de l’organisation.
Ce processus va conduire à ce que le congrès de 1953 autorise les
propriétaires fonciers non exploitants à adhérer à la FNSEA et y prendre
des responsabilités. Cela toujours avec l'aide active des gros
céréaliers en particulier d'Île de France pour prendre en main les
leviers du syndicalisme agricole afin d'en faire des outils du
libéralisme agraire. Cette marginalisation des petits agriculteurs du
sud et du centre de la France surtout des métayers et fermiers va les
conduire en 1959 à fonder le MODEF organisation calé sur des bases
progressiste où cohabitent des militants communistes socialistes et
anarchisants.
Si l’Église a eu un rôle idéologique décisif au coté des partis de
droite pour faire revenir les non épurés de collaboration, n’oublions
pas le Crédit Agricole, bras séculier financier tenu par l’agro
industrie et les grands propriétaires fonciers, chargé de l'étranglement
des petits et de ceux qui refusaient de se plier au dogme qui se
construisait autour du marché commun, du libre-échangisme et l'arrivée
de la PAC captée pour 80 % de ses aides par 20 % des plus riches
agrariens.
Comble de duplicité ceux qui stérilisent la production vivrière de leurs
terres pour faire du fioul de colza qui alimentent leurs engins ou pour
spéculer avec la bourse de Chicago se servent de la détresse de ceux
qu’ils ont exclus du tour de table et que l’UE tente de finir de
liquider pour le plus grand profits des Auchan Leclerc etc, des grands
groupes de l’agro industrie et leurs méthode quasi terroriste de gestion
de leur salariés et les petits producteurs. Ces petits producteurs au
bord de la ruine sociale et économique que tentent de sauver le MODEF et
la Coordination Paysanne avec pour cette dernière les limites des
comportements et déclarations parfois surprenantes face à l’UE et la PAC.
Voilà qui donne un éclairage pour regarder avec qui construire et éclaire sur ce "aller là où s’est possible".
Le MODEF, oui à coup sûr. La Coordination Paysanne oui ; mais là où sont
les héritiers de la pétainiste Corpo Paysanne et le MEDEF, pas
question.
Génocide : les masques tombent, les responsables et les complices devront aussi tomber
La décision de la Cour internationale de
justice (CIJ), officialisée vendredi 26 janvier 2024 constitue un
événement historique majeur, dont les implications dépassent largement
le conflit israélo-palestinien.
J'observe qu'une campagne médiatique coordonnée a été déclenchée afin
de tromper l'opinion publique sur la nature et les conséquences de
cette décision de justice, parallèlement à de nombreuses tentatives de
diversion. En toute logique, on peut s'attendre à des tentatives de
discréditer la CIJ elle-même.
J'ai entendu à plusieurs reprises, aussi bien dans des médias français,
allemands ou américains, des formules du type : "La CIJ demande à Israël
de prendre plus de précautions envers les civils palestiniens". Cet
énoncé est totalement faux et volontairement trompeur.
Premièrement, la CIJ ne "demande" pas à Israël, elle ORDONNE à Israël de
cesser immédiatement des actes qu'elle a reconnu comme constitutifs de
génocide. La cour a été très loin dans ses démonstrations, elle a
reconnu que les actes commis par l'armée d'occupation israélienne sont
de type génocidaire, non seulement par les faits, mais également par
l’intentionnalité. Elle a également ordonné que cessent et soient punis
tous les propos constituant des incitations au génocide. Le procès n'est
pas terminé, mais sur le fond, la question juridique est déjà
tranchée. Pour des raisons techniques, et parce que la justice à le
devoir d'examiner les faits de manière exhaustive, le procès peut être
long, avant que le verdict définitif ne soit prononcé. La "Convention
pour la prévention et la répression du crime de génocide" prévoit donc
des mécanismes qui visent simplement à ne pas attendre qu'un génocide
soit terminé et entièrement qualifié juridiquement pour entreprendre des
actions afin de le stopper. Nous sommes dans ce cas de figure. La cour a
reconnu dans les actions israéliennes 4 des 5 actes constitutifs de
génocide, tels que décrits dans l'article II de la convention, à
savoir :
Meurtre de membres du groupe ;
Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
Il y a un second point fondamental qu'il faut mettre en lumière
concernant la convention. Vous imaginez bien que lorsqu'on a affaire à
des individus qui commettent un génocide, c'est-à-dire des fous
criminels, on ne compte pas sur eux pour arrêter leurs crimes lorsque la
justice le demande. C'est donc l'autre aspect contraignant de la
convention : à daté de vendredi 26 janvier 2024, l'ensemble des pays
signataires de la convention sont dans L'OBLIGATION de prendre toutes
les mesures possibles pour empêcher le génocide, sachant que ces mesures
bénéficient d'un statut d'extra-territorialité. Ceci signifie donc que
l'état français est dans l'obligation d'agir de manière concrète,
sincère et efficace à l'arrêt des actes décrits plus haut, sans quoi les
responsables actuels pourront être poursuivis en justice pour
non-respect de la convention, et le cas échéant, pour complicité de
génocide. Et des poursuites similaires pourront être menées à l'encontre
d'individus pour des propos visant à inciter au génocide. Le
gouvernement a été très occupé à mettre en place toute sortes de
dispositifs pour lutter contre la "haine en ligne", il est désormais
légitime, et même moralement obligatoire de se saisir de ces mécanismes
pour dénoncer la haine contre les Palestiniens, qui est une incitation
au génocide. De plus, lorsque le verdict final sera rendu, et que très
probablement l'acte de génocide sera définitivement reconnu, tout
individu qui niera ce crime contre l'humanité sera passible des
sanctions prévus par la loi dite "Gayssot" de 1990, qui réprime la
négation des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
En tant que citoyen, c'est plus que jamais un devoir moral de
soutenir les associations de défense des droits des Palestiniens, qui
pourront, avec votre aide, entreprendre les actions juridiques
appropriées contre les apologistes du génocide, ou d'éventuels criminels
de guerre bi-nationaux.
J'évoquais des "diversions" en introduction, effectivement, tout un
baratin, un "hasbaratin" si j'ose dire, c'est immédiatement mis en
branle dans les médias pour tenter de détourner l'attention.
L'affaire de l'UNRWA, minable tentative de compromettre une organisation
caritative de plusieurs milliers de membres à l'aide de 12 personnes
dont les Israéliens ont arraché des aveux grâce à des "techniques
d'interrogatoire" très sophistiquées. En français, ils ont été
torturés. Piètre contre-feu, typique du caractère minable et sordide des
pratiques du pouvoir israélien.
Les questions autour du cessez-le-feu, ou plutôt du fait que la cour ne
l'ai pas demandé, sont instrumentalisées de manière totalement
délirante. Certains vont jusqu'à prétendre que c'est un feu vert pour
continuer des actions "militaires" légitimes, c'est absolument faux. La
raison pour laquelle la cour n'a pas demandé directement et
explicitement un cessez-le-feu, c'est qu'elle traite la plainte de
l'Afrique du Sud contre Israël, la partie palestinienne n'est pas
représentée au procès, la cour ne peut donc pas techniquement ordonner
un cessez-le-feu, qui logiquement devrait concerner les deux
partis. Cependant, les exigences qu'elle a imposé à Israël impliquent
objectivement un arrêt des hostilités. La question est donc très
secondaire.
Les Israéliens se retranchent derrière leur rhétorique frelatée autour
du 7 octobre. C'est un regret exprimé par les Palestiniens, la cour n'a
pas considéré dans son "périmètre" l'ensemble des actes dont les
Israéliens se sont rendu coupables, y compris avant le 7 octobre. On
notera cependant que le mot "fétiche" de la propagande israélienne,
"terroriste", n'a pas été prononcé par la cour concernant la résistance
palestinienne. Les Israéliens, disais-je, prennent prétexte de ce qu'ils
nomment "les massacres du 7 octobre". Je ne reviens pas sur les fables
sordides des "bébés décapités", ni des prétendus violes de masse, non
seulement la presse américaine a démenti ces allégations, après leur
avoir donné crédit, mais on remarque aussi qu'il aurait été très facile
pour les Israéliens de convoquer une enquête internationale, réalisée
par une entité indépendante, pour fournir des preuves crédibles aux yeux
du monde. Au lieu de cela, ce sont des militants sionistes intégristes
qui continuent à propager des récits grotesques qu'on nous demande de
croire sur parole.
J'avais fait un article sur ce sujet en novembre 2023, et toutes les
révélations qui ont suivi n'ont fait que le confirmer. On peut désormais
brosser un tableau assez précis des événements du 7
octobre. Premièrement, la presse occidentale a cherché à dissimuler la
dimension militaire de l'opération palestinienne. C'est d'abord et avant
tout l'armée israélienne qui a subi une défaite retentissante. La
question des civiles a également été totalement éludée par la presse au
profit de comptines macabres. Il faut comprendre que particulièrement
dans les kibboutz, les colonies israéliennes avoisinant Gaza, la
séparation entre civil et militaire n'est qu'une question d'uniforme,
les civils sont armés et organisés pour la défense des lieux, hommes et
femmes. Enfin, il est parfaitement clair et démontré que l'armée
israélienne a tué un nombre considérable de ses compatriotes, en vertu
de la "directive Hannibal".
Dernière arnaque visible dans la presse, certains veulent faire croire
que les ordres de la CIJ à l'état d'Israël sont conditionnés par la
libération des otages du Hamas. C'est évidemment faux.
Les réactions internationales à la décision de la CIJ montrent une fois
de plus l'isolement croissant des pays sous domination des Etats-Unis,
qui s'auto-proclament "communauté
internationale", enfermés dans une rhétorique absurde et minable, qui
consiste à dire : "nous sommes indéfectiblement attachés au droit
international et à la CIJ, c'est pourquoi nous ne respecterons pas le
droit international ni la CIJ". Le quai d'Orsay, ou disons ce qu'il en
reste, a fait un communiqué dans cette veine, la prodigieuse stratégie
diplomatique française consiste désormais à jouer à l'imbécile, à
l'idiot du village qui comprend tout de travers. Vu le niveau du
personnel politique, la bande de pieds nickelés qui entoure leur grand
leader Macron, c'était assez prévisible.
Notre brillant ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné,
avait, à l'Assemblée nationale le 17 janvier, prononcé ces
paroles : « Les mots ont un sens, Madame Obono, et accuser l’état juif
de “génocide“, c’est franchir un seuil moral ». Ce que notre ministre
n'avait pas compris, c'est dans quel sens le "seuil moral" est franchit
avec ces propos. Si l'anti-sémitisme est contraire aux principes
républicains, le philo-sémitisme l'est tout autant. Cet état d'exception
permanent sur une base communautaire a été trop longtemps toléré. Le
résultat est désastreux pour tout le monde, c'est le syndrome de
l'enfant gâté. Même en dehors des questions morales ou idéologiques
concernant le sionisme, force est de constater que la stratégie
israélienne est suicidaire, qu'elle n'est correctement caractérisée que
par les mots "connerie crasse".
« Un taxi vide est entrée dans la cour du Parlement, et monsieur Clément Attlee en est descendu » (Winston Churchill)
Aujourd’hui, je vais me lancer dans un style littéraire inédit : je
vais commenter des non-évènements. Je parle bien entendu de la
nomination d’un non-premier ministre, en la non-personne de Gabriel
Attal le 9 janvier dernier. Un non-évènement suivi d’un autre, la
conférence de presse du non-président de la République du 16 janvier.
Il paraît que depuis le 9 janvier, nous avons un nouveau premier
ministre, c’est-à-dire, un homme qui depuis l’Hotel Matignon « détermine
et conduit la politique de la nation », selon les termes consacrés par
la Constitution. Est-il possible, sans consommer des produits illégaux,
imaginer Gabriel Attal dans ce rôle ? Impossible, non, difficile,
certainement, surtout après avoir constaté qu’il hérite ses principaux
ministres du gouvernement d’Elisabeth Borne, et que ceux-ci déclarent
rester en poste par la volonté exclusive de l’occupant de l’Elysée sans
même en avoir discuté avec le nouveau premier ministre.
Et ce n’est pas une question d’âge : à 34 ans, on peut avoir beaucoup
vécu. Pensez à ces jeunes qui à vingt ans ont connu l’enfer des
tranchées. Ou bien ceux qui ont rejoint la Résistance ou la France Libre
en laissant tout derrière eux, avec au bout la perspective des
batailles, de la torture, de la déportation, de la mort. Quatorze ans
plus tard, ils avaient vécu pour beaucoup la fraternité des combats, la
peur de l’arrestation, la prison, la déportation, les combats de la
Libération et ceux de la reconstruction. Ils avaient vécu des tragédies,
et eu l’opportunité d’en tirer les leçons. Plus près de moi, je pense à
mon grand-père, qui à trente-quatre ans avait vécu un pogrom, une
émigration, le métier de contrebandier, la vie à l’usine, une grève
sanglante, une crise économique – celle de 1929 – et formé une famille
avec la responsabilité de mettre le pain sur la table tous les jours.
Rien de tel pour Gabriel Attal, exemple presque caricatural du cursus
honorum de l’apparatchik socialiste du XXIème siècle, cet homme dont
l’histoire tient dans deux arrondissements parisiens, comme l’écrit si
joliment « Le Temps ». Né dans un foyer aisé, éduqué dans la meilleure
école privée parisienne que l’argent puisse acheter, passé par cette
institution bâtie sur le bavardage qu’est Sciences Po Paris, formé dans
la politique étudiante et rentré dans le monde des cabinets ministériels
sans passer par la case « boulot ». Sa vie active commence… avec un
stage comme attaché parlementaire de Marisol Touraine alors députée,
qu’il suivra comme conseiller lorsqu’elle deviendra ministre. Dès lors,
tout son parcours se fait dans le petit monde de la politique façon PS.
En bon apparatchik socialiste, il se présentera à la première
opportunité pour avoir un mandat, ce sera en 2014 pour devenir
conseiller municipal à Vanves. Il quittera le parti socialiste lorsque
Macron annoncera sa candidature… mais pas avant de s’être assuré de
l’investiture du parti présidentiel aux élections législatives. Elu
député, il connaîtra une ascension fulgurante. A quoi le doit-il ? A sa
connaissance des dossiers ? A sa vision stratégique ? Que nenni : «
grâce à son sens politique et à son aisance à l’oral. Et surtout, en
profitant du vide. Alors que beaucoup de ses collègues du groupe LREM,
composé en majorité de novices, n’osaient pas prendre la parole en
public au début de la législature, lui a très vite crevé l’écran en
défendant l’action d’Emmanuel Macron avec un aplomb et une facilité
déconcertants pour son jeune âge » (Alexandre Lemarié, « Le Monde », 16
octobre 2018).
Mais derrière cette facilité de parole, cet aplomb qui feraient de
lui, n’en doutons pas, un excellent directeur de la communication,
quelle profondeur, quel vécu, quelle tragédie personnelle, quelle
expérience formatrice qui le rendraient réceptif aux joies, aux peines,
aux malheurs et aux besoins de la nation qu’il est chargé en théorie de
conduire ? Il n’y a chez lui rien, à part l’ambition dévorante. Pas de
projet, pas d’engagement, rien. Sa promotion à Matignon réalise les mots
prophétiques du cardinal de Retz : « l’homme public ne monte jamais si
haut que lorsqu’il ne sait pas où il va ».
Tout ça n’a guère d’importance, parce que personne ne demandera à
Gabriel Attal de conduire et déterminer la politique de la nation (1).
Non. Le président de la République n’a pas nommé un premier ministre,
dont il n’a que faire. Avant lui, le président avait nommé une préfète
dont la mission était de faire ce qu’on lui demandait de faire. La
mission d’Attal – et il semblerait qu’il l’ait acceptée – est de diriger
une campagne électorale, celle des élections européennes. Et non de
diriger – et encore moins de former – un gouvernement. Comment le
pourrait-il d’ailleurs, alors que ses principaux ministres tiennent leur
légitimité et prennent leurs ordres à l’Elysée, et s’en vantent
publiquement ? Même le privilège d’annoncer les orientations du nouveau
gouvernement lui est dénié : ce sera le président de la République qui,
dans sa conférence de presse à peine quelques jours après l’avoir nommé,
donnera le « la ». On économise ainsi le travail : Attal n’aura plus
qu’à en faire le résumé devant la représentation nationale quand il
prononcera finalement – trois semaines après sa nomination, un record –
son discours de politique générale.
Ce qui m’amène à la conférence de presse du président. En regardant
cet étrange spectacle, je n’ai pu m’empêcher de me demander ce que
Mongénéral en aurait pensé. Le décorum était certes digne de la
république gaullienne était là : le bureau solitaire, les couleurs
nationales, la devise de la République dans laquelle, par une étrange
maladresse, la « fraternité » figurait en caractères deux fois plus
petits que les deux autres éléments du triptyque républicain. Seul
manquait l’élément essentiel, le président de la République.
A sa place, le fauteuil était occupé par un candidat, débitant un
discours de campagne. La rémunération du travail ? Tout le monde sait
qu’elle se dégrade depuis dix ans, mais le candidat nous promet qu’en
2024 son gouvernement va prendre des mesures « pour mieux gagner sa vie
au travail » et s’assurer que « la dynamique salariale soit au
rendez-vous des efforts ». Les « déserts médicaux » ? Ce n’est pas un
secret que la situation s’aggrave d’année en année depuis vingt ans,
mais promis juré, en 2024 on fera ce qu’il faut. La sécurité ? Les
trafics gangrènent les quartiers et les points de deal fleurissent au vu
et au su de tout le monde depuis des lustres, mais en 2024 « dix
opérations « place nette » seront menées chaque semaine contre le trafic
de drogue, dans toutes les catégories de ville ». A l’entendre nous
expliquer que l’école va mal, que l’hôpital va mal, que l’industrie va
mal, que l’ordre public va mal, mais que désormais on va voir ce qu’on
va voir, on a l’impression qu’il a oublié qu’il préside aux destinées de
la France depuis six longues années, et qu’il participe à la conduite
des affaires de la nation au plus haut niveau depuis une décennie.
Comme le politique n’a plus de projet global, pas de boussole qui
donne un sens à son action, sa communication ne peut qu’être réduite aux
sacro-saintes « annonces », sorte de liste au père noël que présidents
et ministres égrènent à chaque apparition publique, et qui est
soigneusement composée pour satisfaire chaque segment de l’opinion sans
mécontenter les autres. Liste dont les électeurs que nous sommes
écoutons la lecture un peu comme les vaches regardent passer le train,
parce que l’expérience a largement montré qu’il ne sort jamais de ses
rails, et qu’au bout du compte il suit la même voie, qui dans le cas
d’espèce est une voie de garage. Mal réfléchies, ne s’inscrivant dans
aucune cohérence, ces annonces restent dans la catégorie du vœu pieux,
quand ce n’est pas du recyclage d’annonces précédentes, ou de dépenses
déjà prévues et qui sont resservies régulièrement. Cela fait penser à ce
pays latino-américain raconté par Gabriel Garcia Marquez où chaque
autorité nouvellement élue réclame le privilège d’inaugurer un hôpital.
Mais comme d’hôpital, il n’y en a qu’un, le méchant bâtiment est
régulièrement « inauguré »… (2)
Le macronisme n’a jamais été un projet. Il était et reste la
conjuration des ambitions personnelles des seconds couteaux venus de la
droite et de la gauche « de gouvernement » qui, dans un contexte de
rejet des partis traditionnels, et soutenus par une bourgeoisie et des
classes intermédiaires pressées de faire sauter ce qui reste de l’œuvre
du Conseil national de la résistance, ont vu une opportunité de prendre
le pouvoir. Avec un discours faussement « moderne », en se prétendant
« progressistes », en usant et abusant de ce « en même temps » censé
contenter tout le monde, ils ont pu faire illusion pendant quelques
années. Mais après six ans au pouvoir, l’heure du bilan n’est pas loin :
il montre qu’ils n’ont rien à dire au pays, rien à lui proposer, aucune
conviction profonde à faire partager, aucun combat collectif à engager.
Macron veut jouer le personnage de De Gaulle, mais pour cela il lui
manque ce qui faisait l’essentiel du discours gaullien, une « certaine
idée de la France ».
Ce manque de vision explique d’ailleurs pourquoi le macronisme est
réduit, depuis ses débuts, à jouer les pompiers. L’action n’est pas
guidée par un projet, mais par l’urgence de faire face aux crises et aux
accidents au fur et à mesure qu’ils se présentent, en général en jetant
quelques milliards dans le trou. Quand les gilets jaunes ont cassé
l’Arc de Triomphe, ils ont eu 15 milliards entre subventions et
réductions fiscales. Quand ça a commencé à s’agiter sur l’inflation, on a
jeté soixante milliards en subventions à l’énergie. Et maintenant,
alors que les agriculteurs bloquent les routes, qu’est-ce qu’on leur
offre ? Un projet pour une agriculture de demain, qui permettra aux
agriculteurs de vivre de leur travail ? Non, bien sur que non. On ne
leur propose qu’une liste de mesurettes et quelques centaines de
milliers d’euros de prolongation de la détaxe sur le gasoil.
Le seul souci de la macronie, c’est de garder le pouvoir, sa seule
problématique, c’est de durer. Macron est prêt à signer la loi sur
l’immigration la plus droitière de notre histoire, parce que les voix
sont à droite. Si elles étaient à gauche, il serait en train de serrer
la main des immigrés clandestins à l’Elysée. Attal, qui en son temps
conchiait la ligne anti-communautariste de Manuel Valls qu’il estimait
trop « jacobine », marque des points en se faisant passer pour l’ennemi
numéro un de l’abaya. Tous deux étaient antinucléaires sous François
Hollande, quand il s’agissait de fermer Fessenheim, ils jurent pour le
nucléaire aujourd’hui – sans qu’on voie d’ailleurs grande chose bouger.
Vous me direz qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
Je vous répondrais qu’il ne s’agit pas ici d’avis, mais de discours.
Parce qu’en dehors de quelques vagues opinions, je ne suis pas persuadé
que Macron pas plus que Attal n’aient de convictions faites sur ces
questions, qu’ils aient un véritable « avis » qui serait susceptible de
changer. Ou du moins un avis qui résisterait un tant soit peu aux
appétits électoraux. L’exemple de la loi immigration, où le président
demande à sa majorité de voter un texte qui jette par-dessus bord tout
son discours sur la question pour racoler la droite, et n’hésite
ensuite, devant la grogne de ses troupes, à demander au Conseil
constitutionnel de le refaire, souligne jusqu’à la caricature l’absence
de convictions de la tête de l’exécutif. Un célèbre homme politique
avait choisi le slogan « mes idées ? mais ce sont les vôtres ! ». Le
couple Macron-Attal lui donne largement raison (3).
On dit que si dans les années 1920 l’académie des Beaux-Arts de
Vienne avait été moins stricte dans sa procédure d’admission, bien des
malheurs auraient été évités au monde. Il est probable que si la Comédie
française avait appelé le jeune Emmanuel ou le jeune Gabriel à
rejoindre sa troupe, la France se serait bien mieux portée. Beaucoup de
commentateurs négligent en effet ce point commun aux trajectoires de
notre président et de son premier ministre. Tous deux ont été et sont
des passionnés de théâtre, et celui-ci a joué un rôle important dans
leur parcours. C’est vrai pour Macron, qui s’est découvert lui-même et a
découvert le seul amour de sa vie dans des cours de théâtre. Cet amour
du théâtre ne l’a jamais quitté : c’est une constante de son parcours
politique. Depuis 2017, il joue chaque jour une pièce qui s’appelle
« moi, président » devant un public de moins en moins nombreux et de
moins en moins intéressé. Et en le regardant, on ne peut que rappeler le
constat de la pièce d’Eduardo de Filippo qu’il s’était proposé, à 15
ans et avec l’aide de sa professeure de théâtre, de réécrire : « la
parfaite vérité, c’est et ce sera toujours la parfaite fiction ».
Gabriel Attal partage avec le président ce détail biographique. Pour
lui aussi, le théâtre a joué un rôle fondamental dans sa formation même
si, contrairement au président, il n’a pas poussé la chose jusqu’à
coucher avec son professeur – quoi que puissent dire les ragots
malveillants. On comprend alors pourquoi Macron a choisi Attal. Tous
deux agissent comme si la politique était d’abord un spectacle, comme si
la mission de l’homme politique était de faire partager une fiction.
Peu importe que la couronne soit en laiton, que l’épée soit en bois,
pourvu que les gens y croient. Et peu importe que le royaume soit perdu,
que le personnage soit mort, puisque le cadavre se relèvera pour
rentrer chez lui une fois le rideau tombé. Cela explique peut-être
pourquoi notre président donne plus d’importance à la parole qu’à la
réalité, pourquoi il est insensible aux désastres et aux malheurs que
ses décisions provoquent, pourquoi il semble presque surpris lorsqu’il
constate que, contrairement à ce qui arrive lorsqu’on est sur les
planches, les paroles ne s’envolent pas lorsque le rideau tombe.
Descartes
(1) C’est d’ailleurs une constante du macronisme que de réduire le
rôle du premier ministre. Avec Castex puis Borne, le choix s’était porté
sur des hauts fonctionnaires ayant une mentalité préfectorale,
c’est-à-dire, aptes à conduire n’importe quelle mission confiée par
l’autorité sans états d’âme quelles que fussent leurs convictions
personnelles. On pouvait alors parler de « vide » politique, mais au
moins était-ce un « vide » techniquement compétent. Avec Attal, on se
trouve devant un « vide » qui ne sait faire autre chose que communiquer…
sur le vide.
(2) Comme tous les communicants vous le diront, une bonne campagne
s’organise autour d’un leitmotiv. Mitterrand 1981 c’était « la force
tranquille », Ségolène Royal 2007 c’était « l’ordre juste ». Macron
2024, ce sera le « réarmement ». Pourquoi pas, après tout. Seulement,
parler de « réarmement » implique de caractériser une menace. Or, c’est
là le grand absent du discours présidentiel. On est invité à se «
réarmer », mais on ne sait pas très bien contre qui, contre quoi. Or, la
nature de la menace dicte la forme du réarmement. On ne choisit pas les
mêmes armes pour combattre l’islamisme, la finance, le communautarisme
ou le déclin économique.
(3) J’entends déjà votre objection, cher lecteur. Prenons la réforme
des retraites. N’est-ce pas là un exemple des convictions de notre
président ? N’est-ce pas un exemple où il a fait voter par conviction un
texte rejeté par une large majorité des électeurs ? La réponse est
simple : le texte qui a été voté n’est pas celui que Macron avait
défendu. Rappelez-vous : à l’origine, le président voulait une réforme
qui instituait un système « à points », ce qui sur le fond n’était pas
une mauvaise idée. A la fin, il s’est retrouvé à faire voter une simple
mesure d’âge. Un peu l’illustration du principe énoncé par Groucho Marx :
« voici mes convictions, mais si elles ne vous plaisent pas, j’en ai
d’autres ». Et s’il est resté droit dans ses bottes, ce n’est pas par
conviction mais pour deux raisons tactiques : la crainte que reculer sur
une réforme emblématique réduise ses marges de manœuvre pour l’avenir, à
l’image de ce qui était arrivé à Juppé en 1995 ; et la conviction que
le vote mettrait en difficulté le groupe LR…
Le mot, humble, de Pedrito
Rien que le titre : " L'ère du vide " !!!
Magistral !!!
Merci monsieur Descartes
Si au moins le petit personnage -et sa troupe de guignols- qui règne sur notre pays martyrisé par tant d'incompétences additionnées pouvait le lire....Et prendre la leçon d'humilité qui leur rendrait raison et sagesse....
La pantomime devant la botte de paille restera dans les annales de la Macronie. Et tant d'autres....
On peut toujours rêver.
En attendant: plus les jours passent, plus le désastre submerge le pays.
tirée de l'article de 'RÉVEIL COMMUNISTE " du 28 Janvier signé G.Q. :
"LES CONDITIONS SUBJECTIVES DE LA RÉVOLUTION SOCIALE"
Aujourd’hui,
les ouvriers penchent vers la droite, parce que faute qu’on leur
propose quelque chose de concret, ils ont cessé de croire aux lendemains
qui chantent pour la classe ouvrière, et qu’au niveau de leur difficile
vie quotidienne, ils ont développé un rejet massif de l’immigration, du
laxisme sécuritaire, et de l’assistanat, c’est à dire de ce que propose
ce qui fait figure aujourd’hui de « gauche » et qui est tombé à un
niveau d'adhésion d'environ 10% dans la population.
Note de Pedrito
On peut dire que la classe ouvrière s'est dépolitisée, essentiellement la plus jeune, au point de se laisser séduire par les pires des discours: ceux de la division, de la haine de l'autre, opposés au lien indispensable de la solidarité. Celle que craignent les capitalistes. Le seul combat qui ait toujours été couronné des plus grandes conquêtes sociales. Au terme de luttes menées avec de puissants syndicats de travailleurs.
Qui combat ce système injuste où il y a de plus en plus de milliardaires d'un côté et des salariés de l'autre qui vivent de plus en plus mal de leur travail et de leurs efforts? De leurs sacrifices?
Qui?
Surtout pas la droite ni l'extrême droite !!! Ni même le PS ! Il n'est qu'à voir Fabius et tous les anciens socialistes qui pataugent dans le marigot de la Macronie. Toujours à la recherche d'un morceau de gras et de selfies et de caméras pour parader sur les écrans de merdias à genou devant les magnats de la presse muselée.
Les écolos? Combien sont ils, réellement anti capitalistes et anti impérialistes?
Le PC a encore du boulot pour remonter la pente. Retrouver ses racines marxistes vraiment internationalistes.....Et débarrassées du carcan trompeur de l'OTAN, l'outil de l'impérialisme US !
Pourquoi les Américains sont-ils toujours mal à l’aise avec l’athéisme ?
Face à la mentalité “protestante”, puritaine des Etats-Unis, ce que
Marx notait déjà comme se rapportant au fétichisme de la monnaie, de
l’homme abstrait, “times is money”, il y a dans la mentalité chinoise,
(mais aussi chez les juifs qui ne sont dit Marx que “les pores” d’un
monde non marchand permettant pendant des siècles cet échange minimal)
un aspect dubitatif sur les conséquences possibles des événements. Voyez
cette fable chinoise rapportée par Marianne : Un sage se fait voler son
cheval, tout son entourage le plaint et lui s’interroge “peut-être que
c’est un bien ou un mal, qui sait ?” la semaine qui suit le cheval
revient avec une jument. Le village s’extasie sur la prescience du sage,
qui demeure dubitatif. Effectivement le fils de la maison veut
chevaucher la cavale et il se casse une jambe et devient boiteux. “Comme
tu avais raison de douter”, oui mais la guerre est déclarée et le fils à
cause de son infirmité est exempté d’aller se faire tuer… On peut
continuer à l’infini, mais cette “attente” est le produit d’une vie
suspendue aux accidents, coups du destin, (le fait est qu’il y a pour un
juif historiquement menacé, quelque chose de rassurant comme pour le
paysan chinois quand les emmerdements sont là alors que dans la félicité
le doute vous taraude). Mais cela se résout essentiellement dans la vie
terrestre et pas dans un au-delà qui n’intéresse pas réellement celui
qui traque les signes d’un devenir soumis aux aléas de la nature comme
un paysan cherche les signes de la future récolte. Attendre ce que
l’expérience vous apprend au lieu de se référer à la loi morale avec ou
sans dieu. Le contraire du puritanisme, d’où la tentative éperdue de
ceux qui aux Etats-Unis veulent rationaliser leur refus de la guerre, et
sont à la recherche d’un impératif catégorique, par le biais de Spinoza
et de la connaissance comme prière… Ou encore aller comme Biden
demander aux Chinois d’intervenir auprès des Houthis ne relève-t-il pas
de la même obstination métaphysique quant à la vocation que dieu
attribuerait à la nation américaine ? en violation totale de la logique
des faits. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)
Deux nouveaux livres explorent ce que les incroyants croient réellement.
Écoutez cette histoirehttp://audm.herokuapp.com/player-embed?pub=newyorker&articleID=5bc74dba33b38f2d31b3dbe8
Daniel Seeger avait vingt et un ans lorsqu’il écrivit à son comité de
conscription local pour dire : « J’ai conclu que la guerre, d’un point
de vue pratique, est futile et contre-productive, et que d’un point de
vue moral plus important, elle est contraire à l’éthique. » Quelque
temps plus tard, il reçut le formulaire 150 du United States Selective
Service System, lui demandant de détailler ses objections au service
militaire. Il lui fallut quelques jours pour répondre, parce qu’il
n’avait pas de réponse à la première question du formulaire : «
Croyez-vous en un Être Suprême ? »
Insatisfait des deux options disponibles – « Oui » et « Non » –
Seeger a finalement décidé de dessiner et de cocher une troisième case :
« Voir les pages jointes ». Il y avait huit de ces pages, dans
lesquelles il décrivait la lecture de Platon, d’Aristote et de Spinoza,
qui avaient tous « développé des systèmes éthiques complets d’intégrité
intellectuelle et morale sans croyance en Dieu », et concluait que «
l’existence de Dieu ne peut être prouvée ou réfutée, et l’essence de sa
nature ne peut être déterminée ». Pour faire bonne mesure, Seeger a
également utilisé des citations effrayantes et des mots barrés pour
trafiquer la déclaration imprimée qu’il devait signer, de sorte qu’elle
se lisait comme suit : « Je suis, en raison de ma formation et de ma croyance « religieuses », consciencieusement opposé à la participation à la guerre sous quelque forme que ce soit. »
Au moment où Seeger a soumis son formulaire, à la fin des années
1950, des milliers d’objecteurs de conscience aux États-Unis avaient
refusé de se battre dans les deux guerres mondiales. Ceux qui
appartenaient à des traditions religieuses pacifistes, comme les
mennonites et les quakers, étaient envoyés à la guerre en tant que
non-combattants ou pour travailler comme agriculteurs ou pompiers sur le
front intérieur par l’intermédiaire de la fonction publique civile ;
finalement, il en fut de même pour ceux qui pouvaient prouver leur
propre pacifisme indépendant et motivé par la religion. Ceux qui ne le
pouvaient pas étaient envoyés en prison ou dans des camps de travail.
Mais alors que les lois sur le service sélectif avaient été révisées à
maintes reprises pour clarifier les critères de l’objection de
conscience, elles ne tenaient toujours pas compte des jeunes hommes qui,
comme Seeger, refusaient de dire que leur opposition à la guerre
provenait de la croyance en un Être suprême.
Au fil du temps, les conseils de conscription en sont venus à
ressembler à des séminaires de philosophie de première année dans leurs
tentatives de décider qui se qualifiait et ne se qualifiait pas pour le
statut de C.O. Ce n’était pas le cas d’un socialiste juif qui dirigeait
une entreprise de gravure, mais d’un artiste de pulp et d’un athée qui
faisait appel à l’idée d’un humanisme laïc ; certains membres de
l’Ethical Culture Society se sont qualifiés, mais pas d’autres ; au
début, les Témoins de Jéhovah ne l’ont pas fait, en partant de la
théorie selon laquelle quelqu’un qui est prêt à combattre le diable
pendant Harmaguédon devrait être prêt à combattre les ennemis de
l’Amérique pendant une guerre ; un écrivain devenu consultant financier
qui n’appartenait à aucune église mais avait lu « des philosophes, des
historiens et des poètes de Platon à Shaw » obtint le statut de C.O.
après deux lectures rapprochées contradictoires de sa pièce anti-guerre.
Différentes commissions sont arrivées à des conclusions très
différentes, diverses commissions d’appel ont confirmé et infirmé ces
décisions sans beaucoup d’uniformité et, inévitablement, certains de ces
appels se sont retrouvés devant les tribunaux fédéraux. Lorsque le
conseil local de Seeger n’a pas été touché par son argument, il l’a
porté jusqu’à la Cour suprême, où, en 1965, les juges ont conclu à
l’unanimité qu’un conscrit n’avait pas besoin de croire en Dieu pour
avoir une conscience qui pouvait s’y opposer.
La victoire de Seeger a contribué à marquer un tournant pour une
minorité qui s’était autrefois vu refuser le droit de témoigner devant
les tribunaux, même pour sa propre défense. Les athées, longtemps
discriminés par les autorités civiles et ridiculisés par leurs
concitoyens, se sont soudainement retrouvés éligibles à certaines des
exemptions et protections qui étaient auparavant réservées aux croyants.
Mais, au cours des décennies qui ont suivi l’arrêt U.S. v. Malgré
l’augmentation du nombre de personnes qui s’identifient comme
non-croyantes, leur position devant les tribunaux et dans la sphère
publique a été lente à s’améliorer. Les Américains, en grand nombre, ne
veulent toujours pas que les athées enseignent à leurs enfants ou les
marient. Ils préféreraient, selon les sondages, un président féminin,
gay, mormon ou musulman plutôt qu’un athée à la Maison Blanche, et
certains d’entre eux ne s’opposent pas aux tentatives d’empêcher les
non-croyants d’occuper d’autres fonctions, même lorsque la fonction est
celle de notaire public. Les athées ne sont pas les bienvenus dans la
loge maçonnique, et bien que les Boy Scouts of America aient ouvert leur
organisation aux homosexuels et aux filles, ils continuent d’interdire
tout participant qui ne s’engage pas à « faire mon devoir envers Dieu ».
Une telle discrimination est à la fois une cause et un effet de la
manière grossière dont nous analysons la croyance, qui n’a guère changé
depuis que Daniel Seeger a rempli sa demande de C.O. : cochez « Oui » et
d’interminables questions s’ensuivent ; cochez « Non » et
l’interrogatoire se termine. Le manque de croyance en Dieu est encore
trop souvent considéré comme signifiant l’absence de toute autre
croyance morale significative, ce qui a fait des athées une minorité
facile à vilipender. C’est particulièrement vrai en Amérique, où
l’insistance sur l’idée que nous sommes une nation chrétienne a lié le
patriotisme à la religiosité, ce qui a conduit à des paroxysmes aussi
étranges que celui produit par le président Trump lors du Sommet des
électeurs sur les valeurs de l’année dernière : « En Amérique, nous
n’adorons pas le gouvernement, nous adorons Dieu. »
Comme cette remarque le suggère, le seul mur que l’administration
actuelle ne veut pas construire est celui entre l’Église et l’État. La
manifestation la plus évidente de cette résurgence du nationalisme
chrétien a été l’animosité envers les musulmans et les juifs, mais le
groupe le plus littéralement exclu de toute vision pieuse de l’Amérique
est, bien sûr, les athées. Pourtant, les préjugés nationaux à leur
encontre sont bien antérieurs à Daniel Seeger et à son comité de
conscription. Elle a ses racines à la fois dans l’histoire
intellectuelle du pays et dans une impulsion anti-intellectuelle
persistante : l’incapacité généralisée à considérer ce que les
incroyants croient réellement.
L’antipathie américaine pour l’athéisme est aussi vieille que
l’Amérique. Bien que de nombreux colons soient venus dans ce pays dans
le but de pratiquer librement leur propre foi, ils ont apporté avec eux
une notion de liberté religieuse qui ne s’étendait qu’aux autres
religions, souvent aux autres confessions chrétiennes. De John Locke,
ils ont hérité l’idée que les athées ne peuvent pas être de bons
citoyens et ne doivent pas être intégrés dans le contrat social ; Dans «
Une lettre concernant la tolérance », Locke avait écrit : « Ceux qui
nient l’existence d’un Dieu ne doivent pas du tout être tolérés. »
La véritable liberté religieuse était rare dans les colonies : les
dissidents étaient condamnés à des amendes, fouettés, emprisonnés et
parfois pendus. Pourtant, étonnamment, aucun athée n’a jamais été
exécuté. Selon les professeurs de Cornell R. Laurence Moore et Isaac
Kramnick, les auteurs du nouveau livre « Godless Citizens in a Godly
Republic : Atheists in American Public Life » (Norton), c’est seulement
parce qu’aucun athée ne s’est présenté à l’exécution. Les non-croyants
étaient soit peu nombreux dans l’Amérique coloniale, soit prudents à
l’idée de se faire connaître ; Le clergé et les magistrats se donnaient
rarement la peine d’en parler, même par dérision.
L’un des rares à l’avoir fait fut Roger Williams, qui, après avoir
été banni de la colonie de la baie du Massachusetts pour avoir répandu «
des opinions diverses, nouvelles et dangereuses », offrit une vision de
la séparation de l’Église et de l’État si extrême qu’elle semblait
accommoder les athées. Dans son livre « The Bloudy Tenent of
Persecution, for Cause of Conscience », publié à Londres en 1644,
Williams écrit qu’« un pilote païen ou antichrétien peut être aussi
habile à porter le navire jusqu’au port de son choix, que n’importe quel
marin chrétien ». Il faisait référence au navire de l’État, mais sa
tolérance n’a jamais été pleinement mise à l’épreuve : aucun athée n’a
jamais essayé d’occuper un poste dans le Rhode Island, la colonie qu’il a
fondée. Pourtant, son argument était audacieux à une époque où la
plupart des colonies avaient établi des églises et collecté des impôts
ecclésiastiques pour les soutenir.
Il était donc frappant de constater qu’après la guerre
d’indépendance, lorsque les hommes qui s’étaient réunis pour la
Convention constitutionnelle interdisaient les tests religieux pour les
titulaires de postes, dans l’article VI. Il n’y aurait pas d’église
gouvernementale, pas de religion d’État et, à l’exception d’avoir été
signé en l’an de grâce 1787, aucune mention de Dieu dans le texte
fondateur de l’Amérique. La liberté religieuse a été formellement
établie dans le premier amendement de la Constitution. « La Constitution
impie », comme Moore et Kramnick l’ont appelée dans un livre précédent,
était principalement le produit de Thomas Jefferson et James Madison,
qui se sont battus pour garder Dieu en dehors du document. Mais, bien
que ni l’un ni l’autre n’aient été des chrétiens croyants, les deux
hommes étaient monothéistes et, comme John Locke, leurs idées sur la
tolérance ne s’étendaient généralement qu’à ceux qui croyaient en une
puissance supérieure.
C’est un autre des révolutionnaires qui est devenu un héros pour les
non-religieux. Thomas Paine, dont le « Common Sense » s’était vendu à un
demi-million d’exemplaires l’année où les États-Unis ont déclaré leur
indépendance, est mort paria à cause d’un pamphlet qu’il a écrit plus
tard sur la religion. Attaquer le roi d’Angleterre, c’était bien, mais
quand Paine, dans « L’âge de raison », a jeté son dévolu sur le roi des
rois, il a été ridiculisé comme un « reptile répugnant » et un « sale
petit athée ». Peu importait que Paine, comme Jefferson, s’identifie
réellement comme déiste, ou que son texte s’ouvre sur la déclaration
brutale « Je crois en un seul Dieu » ; ses critiques du christianisme
étaient si scandaleuses qu’il a été inscrit dans l’histoire comme un
incroyant.
Telle est l’étiquette glissante d’« athée » dans le contexte
américain : elle est collée à ceux qui le rejettent explicitement,
évitée par les incroyants qui souhaitent éviter sa stigmatisation. Les
athées et leurs détracteurs font souvent une confusion désespérée de la
catégorie, parfois parce qu’il est vraiment compliqué d’évaluer la
croyance, mais souvent pour d’autres raisons. Certains athées essaient
de revendiquer comme l’un des leurs tous ceux qui, morts ou vivants, ont
déjà réfléchi à deux fois à la religion – et il y a un peu de ce
glissement chez Moore et Kramnick, où les non-affiliés religieux (les
soi-disant « nones ») sont tous assimilés aux incrédules. Certains
croyants, quant à eux, utilisent l’athéisme pour discréditer quiconque
n’est pas d’accord.
Pour les athées, au moins, cette élasticité définitionnelle offrait
une sorte de sécurité dans les chiffres, aussi gonflés soient-ils : au
fur et à mesure que leurs rangs grossissaient, leur volonté de rendre
publiques leurs croyances controversées augmentait également. Au
dix-neuvième siècle, Robert Ingersoll, « le grand agnostique », faisait
payer un dollar par tête aux milliers de personnes qui se rassemblaient
pour l’entendre critiquer le christianisme ; croyants et sceptiques ont
eu des échanges de plusieurs mois dans les pages des journaux ; et les
débats entre des gens comme le laïc J. Spencer Ellis et le théiste Miles
Grant remplissaient les salles comme le font aujourd’hui Sam Harris
contre William Lane Craig et Bill Nye contre Ken Ham.
Avec les non-croyants qui ont commencé à s’affirmer, les croyants ont
commencé à protéger leur foi de manière plus agressive contre l’offense
ou l’examen. Les lois sur le blasphème étaient appliquées contre ceux
qui insultaient Dieu, Jésus-Christ, le Saint-Esprit ou la Bible. Un
ancien pasteur baptiste devenu libre-penseur du nom d’Abner Kneeland a
été arrêté dans le Massachusetts pour un article qu’il avait écrit
expliquant pourquoi il ne croyait plus en un Dieu monothéiste ; Même
l’éminent prédicateur unitarien William Ellery Channing ou l’ancien
pasteur unitarien Ralph Waldo Emerson, qui ont tous deux pris la défense
de Kneeland, n’ont pas pu lui épargner une peine de prison. À New York,
un homme du nom de John Ruggles a été condamné à trois mois de prison
pour avoir insulté Jésus ; en Pennsylvanie, un autre homme, Abner
Updegraph, a été condamné à une amende pour avoir qualifié la Bible de «
simple fable » qui contenait « beaucoup de mensonges ». (Des lois
contre le blasphème, bien que rarement appliquées, existent toujours
dans le Massachusetts, le Michigan, l’Oklahoma, la Pennsylvanie, la
Caroline du Sud et le Wyoming.) Tous les États, sauf trois, ont adopté
des lois sabbatariennes, qui ont été imposées à tout le monde, y compris
aux observateurs religieux dont le sabbat ne tombait pas le dimanche.
(De telles interdictions persistent dans les lois bleues, qui
restreignent maintenant principalement la vente d’alcool le dimanche.)
Un marchand juif a porté son cas jusqu’à la Cour suprême de
Pennsylvanie, mais s’est vu refuser une exemption parce que, selon les
mots de la cour, « tout ce qui frappe à la racine du christianisme tend
manifestement à la dissolution du gouvernement civil ».
Peu de ceux qui ont été poursuivis pour avoir violé les lois sur le
sabbat ou le blasphème se sont effectivement identifiés comme athées,
mais cela n’a pas empêché leurs détracteurs de les dénoncer comme tels.
En effet, l’accusation d’athéisme est devenue un moyen commode de
discréditer les croyances non théologiques, y compris l’anarchisme, le
radicalisme, le socialisme et le féminisme. L’agnosticisme d’Elizabeth
Cady Stanton et l’athéisme d’Ernestine Rose ont été retenus contre les
premières suffragettes, et après que huit anarchistes prétendument
impies aient été reconnus coupables d’avoir tué onze personnes lors de
l’affaire Haymarket à Chicago et que le président William McKinley ait
été assassiné par un anarchiste qui avait rejeté les enseignements
catholiques, l’athéisme est devenu lié, dans l’imagination populaire, au
terrorisme intérieur. « Les attaques publiques contre la religion »,
écrivent Moore et Kramnick dans leur récit de la façon dont l’athéisme
est devenu anti-américain, « étaient présumées conduire à la défense
d’autres idées dangereuses. »
Cette présomption est devenue à la fois plus populaire et plus
puissante pendant la guerre froide. Ce n’était pas la politique ou
l’économie, disaient certains, qui distinguait l’Amérique de ses
ennemis, c’était la religiosité. « De la racine de l’athéisme découle la
mauvaise herbe du communisme », a déclaré le député catholique Louis
Rabaut, sur le parquet de la Chambre des représentants. Deux siècles
après que les Fondateurs aient écrit une constitution impie, le
gouvernement fédéral a obtenu la religion : entre 1953 et 1957, un
petit-déjeuner de prière est apparu sur le calendrier de la Maison
Blanche, une salle de prière a été ouverte dans le Capitole, « In God We
Trust » a été ajouté à toutes les monnaies, et « under God » a été
inséré dans le serment d’allégeance. Les Fondateurs avaient déjà choisi
une devise, bien sûr, mais E pluribus unum s’est avéré trop
laïc pour l’époque. Alors même que les tribunaux invalidaient les lois
sur le blasphème et reconnaissaient les droits des non-théistes au
statut d’objecteur de conscience, les législateurs de tout le pays
essayaient de promouvoir le christianisme d’une manière qui ne violait
pas la clause d’établissement. Ils ont réussi, bien qu’à un prix : les
tribunaux ont maintenu les références à Dieu dans les serments, les
serments, les prières et les hymnes au motif qu’ils n’étaient pas
réellement religieux. L’expression « déisme cérémoniel » a été inventée
par un doyen de la faculté de droit de Yale en 1962, et dans les
décennies qui ont suivi, elle a été utilisée par un tribunal après
l’autre pour expliquer les exceptions au premier amendement. Comme dire «
Que Dieu vous bénisse » quand quelqu’un éternue, les tribunaux ont
conclu que ces « sous Dieu » et « En Dieu nous avons confiance » sont
inoffensifs ; Ils appartiennent au domaine du patriotisme, pas de la
prière.
Il n’est pas surprenant que ni les croyants ni les non-croyants ne
croient cela. Chacune de ces décisions est une victoire à la Pyrrhus
pour les dévots, pour qui les invocations de Dieu sont sacrées, et
aucune victoire du tout pour les athées, pour qui les invocations de
Dieu, lorsqu’elles sont parrainées par l’État, sont des tentatives
évidentes de promouvoir la religion. Les contestations judiciaires du
serment d’allégeance, en particulier, persistent, parce que les
non-croyants sont préoccupés par son importance dans la vie quotidienne
des écoliers. Les poursuites judiciaires pour mettre fin à la récitation
du serment dans les écoles publiques ont commencé presque aussitôt que
les mots « sous Dieu » ont été ajoutés, et bien que le « déisme
cérémoniel » ait longtemps contrecarré ces défis, les non-croyants ont
récemment commencé à poursuivre une stratégie différente. Au lieu
d’affirmer que le serment viole la clause d’établissement du premier
amendement, ils ont commencé à faire valoir qu’il viole la clause
d’égalité de protection du quatorzième amendement, car il présente une
occasion pour les enfants non croyants d’être ostracisés. David Niose,
le directeur juridique de l’American Humanist Association, est l’un de
ceux qui ont suggéré que les athées pourraient même être une classe
suspecte, le genre de minorité qui mérite une protection spéciale de la
part des tribunaux.
Mais les athées sont-ils une classe suspecte, ou juste une classe
sceptique ? Contrairement aux minorités raciales, leur condition n’est
pas immuable, mais, comme beaucoup de minorités religieuses, elles sont
sujettes à l’hostilité et aux préjugés. L’athéisme, cependant, n’est pas
une identité, une idéologie ou un ensemble de pratiques uniques, et en
parler de cette façon est aussi réducteur que de parler de « religion »
plutôt que de judaïsme, de bouddhisme ou de christianisme – ou, plus
utile encore, de judaïsme réformé, de bouddhisme mahayana ou de
pentecôtisme. « Athéismes » est un concept plus précis, comme le
démontre le philosophe John Gray dans son nouveau livre, « Sept types
d’athéisme » (Farrar, Straus et Giroux), et qui pourrait aider les
Américains à aller au-delà de leur lutte insoluble sur l’existence de
Dieu.
Gray, qui a enseigné à Oxford, Harvard, Yale et à la London School of
Economics avant de se consacrer à plein temps à l’écriture, commence
par offrir une définition très provisoire et idiosyncrasique de « athée »
: « toute personne n’ayant aucune utilité pour un esprit divin qui a
façonné le monde ». Comme il le concède, cela rend la catégorie si vaste
qu’elle inclut certaines des principales religions du monde : ni le
bouddhisme ni le taoïsme ne présentent de dieu créateur. Pourtant, cette
capacité est appropriée, parce qu’elle suggère, à juste titre, qu’il
n’y a pas de vision du monde athée unique. Une grande partie de
l’animosité et de l’opprobre dirigés contre les non-croyants en Amérique
vient du soupçon que ceux qui ne croient pas en Dieu ne pourraient pas
croire en quoi que ce soit d’autre, moral ou autre. La raison pour
laquelle les athées n’ont pas été autorisés à témoigner devant les
tribunaux pendant si longtemps était la certitude que les témoins qui
n’étaient pas disposés à prêter serment à Dieu n’avaient aucune raison
d’être véridiques, puisqu’ils ne craignaient pas le jugement divin.
L’enquête de Gray, bien qu’elle ne soit pas exhaustive, est un correctif
bienvenu à ce point de vue peu généreux.
C’est aussi un regard rafraîchissant au-delà des soi-disant «
nouveaux athées » qui ont récemment dominé la conversation autour de
l’incrédulité. Gray ne tolère pas ce qu’il décrit comme leur «
répétition fastidieuse d’une querelle victorienne entre la science et la
religion » et, contrairement à Moore et Kramnick, qui croient que de
nouveaux athées comme Sam Harris et Richard Dawkins ont généré un «
réveil athée », Gray les rejette dans un seul chapitre. « Les nouveaux
athées ont dirigé leur campagne contre un segment étroit de la religion
tout en ne comprenant même pas cette petite partie », écrit-il. Selon le
récit de Gray, ils ignorent presque entièrement le polythéisme et
l’animisme, tout en insistant pour lire les versets de la Genèse ou les
lignes du Credo de Nicée comme s’il s’agissait de théories scientifiques
primitives. Tous les monothéistes ne sont pas littéralistes et, pour
beaucoup d’entre nous, aujourd’hui et à travers l’histoire, le jardin
d’Eden n’est pas une hypothèse erronée sur l’évolution, mais une riche
histoire symbolique sur le bien et le mal.
La plus grande plainte de Gray est que les nouveaux athées ne
parviennent pas à offrir une vision morale plus cohérente que celle
qu’ils veulent remplacer. La stratégie qu’ils défendent, l’éthique
scientifique, a déjà été essayée, avec un échec notable. Auguste Comte
et ses collègues positivistes du XIXe siècle envisageaient un Grand
Pontife de l’Humanité qui présiderait aux côtés de prêtres-scientifiques
; Malheureusement, les scientifiques de l’époque pratiquaient la
phrénologie. Plus tard, les humanistes évolutionnistes et les monistes
ont remplacé l’ordre de Dieu par des anthropologies « scientifiques »,
puis ont construit des hiérarchies raciales et ont placé les Européens
blancs au sommet. Aujourd’hui, la version véhémente de la science en
tant que religion est le transhumanisme, qui prétend que la technologie
surmontera les limites humaines à la fois physiques et mentales,
peut-être grâce à la bio-ingénierie, à l’intelligence artificielle ou
aux cyborgs qui peuvent transporter le contenu de notre cerveau. Gray
n’est pas optimiste quant à de tels développements, s’ils se produisent
un jour, parce que nous avons déjà un modèle du chaos qui a lieu lorsque
certains mortels se voient accorder des pouvoirs divins : « Quiconque
veut avoir un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler un avenir
post-humain devrait lire Homère. »
Dans l’ensemble, Gray est du genre à voir le verre à moitié vide, et
ce que les autres considèrent comme nouveau ou prometteur, il le voit
souvent comme dérivé ou tout simplement stupide. Il soutient, par
exemple, que l’humanisme laïc est en réalité un monothéisme déguisé, où
l’humanité est Dieu et où le salut peut être atteint par nos propres
efforts plutôt que par une intervention divine. Contrairement au
linguiste – et nouvel athée – Steven Pinker, Gray considère l’idée que
le monde s’améliore comme une évidence stupide. « L’augmentation
cumulative des connaissances en science n’a pas d’équivalent en éthique
ou en politique », souligne-t-il. Les religions sont toujours
florissantes, tout comme les guerres entre elles, et les régimes laïcs
ont fait autant, sinon plus, de ravages sous les auspices du
jacobinisme, du bolchevisme, du nazisme et du maoïsme.
Gray s’intéresse particulièrement aux athées qui, en plus de n’avoir
aucune foi dans le divin, n’en ont pas dans l’humanité. (Compte tenu de
son propre penchant intellectuel, on le soupçonne de se délecter à la
fois de leur pessimisme et de leur impopularité.) Ce ne sont pas des
misothéistes – ceux qui haïssent Dieu, comme le marquis de Sade, de
nombreux nouveaux athées et le critique littéraire William Empson, dont
Gray cite les « Sept types d’ambiguïté » comme une influence. Ce sont
des penseurs comme George Santayana, un matérialiste pur et dur qui se
moquait du progrès humain jusqu’à l’indifférence à la souffrance
humaine, mais qui aimait tellement les traditions catholiques qu’il a
choisi de vivre la fin de ses jours sous la garde des religieuses. De
même, le romancier Joseph Conrad n’avait aucune foi en Dieu et a perdu
sa foi dans le progrès après avoir été témoin de la colonisation du
Congo, mais il a magnifiquement écrit sur ceux qui ont affronté de front
leur destin vide : les marins survivant à l’indifférence de la mer. De
tels hommes – et presque tous les athées du livre de Gray sont des
hommes – ne reconnaîtraient pas l’athéisme plein d’espoir qui fait
fureur aujourd’hui. (Gray fait de la place à Ayn Rand, qui vole
brièvement la vedette, alors que ses adeptes lèvent leurs
porte-cigarettes en tandem avec les siens, épousent des compagnons
choisis par « le Collectif » et font des claquettes à leurs mariages
parce que Rand considère que c’est la seule forme de danse vraiment
rationnelle.)
Gray s’intéresse également à ceux qui pratiquent ce qu’il appelle «
l’athéisme du silence » et qui sont particulièrement attirés par
ceux-ci. Ces athées, comme ceux qui rejettent la notion de progrès
humain, n’attirent pas souvent un grand nombre d’adeptes. Au lieu de
chercher des substituts pour Dieu, ils essaient d’acquiescer à quelque
chose qui transcende la compréhension humaine. Gray admire l’athée
mystique Arthur Schopenhauer, qui ne croyait pas en Dieu et ne croyait
pas particulièrement à la réalité non plus. Gray inclut également dans
cette catégorie des penseurs qui étaient clairement pieux, tels que
Spinoza, qui rejetait un Dieu créateur mais voyait Dieu comme une
substance éternelle dans toute la création, et le philosophe russe Lev
Shestov, qui a écrit que la raison devait être surmontée pour que nous
connaissions Dieu, et que la révélation « nous porte au-delà des limites
de toute compréhension humaine et des possibilités que la compréhension
admet
».https://227c00b2c0f5acd054c6dd283ac9f7f0.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-40/html/container.htmlADVERTISEMENT
Ce genre de théologie apophatique a beaucoup en commun avec le
mysticisme athée, soutient Gray, parce que dire que Dieu n’existe pas
n’est pas si différent de dire que nous ne pouvons pas comprendre
l’existence de Dieu. Dans les deux cas, le monde matériel peut être
caractérisé par une compréhension limitée et un émerveillement sans
limite. C’est la charité si rarement accordée aux athées en Amérique :
l’idée qu’eux aussi peuvent être impressionnés et lutter pour donner un
sens à l’humain et au cosmique. « Un monde sans Dieu est aussi
mystérieux qu’un monde imprégné de divinité, et la différence entre les
deux peut être moindre que vous ne le pensez », écrit Gray.
Les cosmologies, en d’autres termes, peuvent faire d’étranges
compagnons de lit, et une partie de ce que Gray fait de mieux dans
« Sept types d’athéisme » n’est pas seulement d’établir des distinctions
entre les athées, mais d’établir des liens entre les non-croyants et
les croyants. Les chrétiens ignorants de leur propre histoire, par
exemple, seront surpris d’apprendre que leurs premiers ancêtres dans la
foi ont eux-mêmes été ridiculisés en tant qu’« athées » parce qu’ils
refusaient de participer au culte polythéiste : en grec, atheos signifie
« sans dieux », et non anti-Dieu. Pendant ce temps, ceux qui sont venus
à l’athéisme par l’intermédiaire des nouveaux athées pourraient être
surpris de constater que beaucoup de leurs ancêtres intellectuels n’ont
pas fait la guerre à la religion, ou même n’ont ressenti aucun dégoût
pour elle.
En toute justice, les athées américains contemporains peuvent être
enclins à faire la guerre à la religion parce que la religion leur fait
la guerre depuis si longtemps. Une brève trêve a été conclue à la fin de
l’administration Obama, lorsque le Congrès a adopté, et que le
président a signé, une nouvelle version de la Loi sur la liberté
religieuse internationale qui incluait officiellement les non-croyants. «
La liberté de pensée, de conscience et de religion est comprise comme
protégeant les croyances théistes et non théistes et le droit de ne
professer ou de pratiquer aucune religion », a déclaré la loi.
Cette loi a étendu de nouvelles protections importantes aux athées.
Pourtant, comme Gray aurait pu le prédire, il est difficile, dans ce
moment politique particulier, de croire que le cercle des droits
s’élargit pour les athées ou pour qui que ce soit d’autre. Moore et
Kramnick, qui ont écrit une histoire approfondie et utile du statut
juridique et politique des athées en Amérique, croient sans surprise
qu’un tel travail est salvateur – que comprendre les préjugés contre les
athées dans le passé peut aider à y mettre fin à l’avenir. Gray n’a pas
un tel espoir, et pourtant son livre offre une voie à suivre. Il nous y
aide à comprendre comment ceux qui ne croient pas en Dieu, ou
d’ailleurs ceux qui le croient, se sont orientés dans l’univers. La foi,
après tout, a conduit les puritains à Plymouth Rock, mais les a ensuite
conduits à exécuter trois de leurs voisins quakers ; il a inspiré les
esclavagistes américains mais aussi les abolitionnistes américains ; et,
quoi qu’on accuse l’athéisme de faire d’autre dans ce pays, il a
soutenu la curiosité scientifique et le pacifisme profond du double
lauréat du prix Nobel Linus Pauling, la philanthropie d’Andrew Carnegie
et l’art et l’activisme de Lorraine Hansberry. Nous tous, nihilistes
inclus, croyons quelque chose – beaucoup de choses, en fait, sur
nous-mêmes, sur le cosmos et les uns sur les autres. En fin de compte,
la chose la plus intéressante à propos d’une conscience est la façon
dont elle répond, pas à qui elle répond. ♦Publié dans l’édition imprimée
du numéro du 29 octobre 2018, sous le titre « Sans prière ».
Notons que ces modifications électorales qui dénoncent la manière
dont les Etats-Unis ont fait de ces îlots leur dominion reconnaissant
Taïwan correspondent à un mouvement plus large dans le Pacifique y
compris la colère contre les essais nucléaires. Le groupe communiste au
parlement français qui comprend des élus de ce monde en plein
bouleversement et retournement d’alliance ne peut pas ignorer ce
mouvement de fond qui dit à quel point les illusions “otanesques” sur
l’Asie pacifique se heurtent à la force des faits. (note de Danielle
Bleitrach histoireetsociete)
Ce sont des élections qui d’ordinaire ne suscitent qu’un intérêt très
limité sur la scène internationale, mais le scrutin qui s’est déroulé
vendredi à Tuvalu, un archipel du Pacifique d’environ 11 000 habitants,
est suivi de très près par Taïwan, la Chine, les États-Unis et
l’Australie. Car ce micro État est l’un des douze derniers à entretenir
des relations diplomatiques officielles avec Taïwan et le Premier
ministre sortant, très favorable à Taipei, a perdu son siège.
Kausea Natano, qui dirigeait le pays depuis septembre 2019, a échoué
à se faire réélire député dans sa circonscription de l’île principale,
Funafuti, et devra donc quitter son poste.
Avec la défaite du Premier ministre sortant, Kausea Natano, Taïwan
vient peut-être de perdre l’un de ses derniers alliés sur la scène
internationale, souligne notre correspondant régional, Grégory Plesse.
Si le résultat définitif des élections n’est pas encore connu et le
nouveau gouvernement pas encore formé, d’autres élus, notamment l’ancien
ministre des Finances, Seve Paeniu, le seul candidat dans sa
circonscription, a lui clairement indiqué qu’il souhaitait revoir les
relations diplomatiques de l’archipel. Il a jouté qu’il n’hésiterait pas
à tourner le dos à Taïwan au profit de la Chine, si une alliance avec
Pékin répond mieux aux besoins de Tuvalu, dont le territoire, menacé par
la montée des eaux, sera totalement submergé d’ici la fin du siècle.
L’Australie, qui a signé en novembre dernier un accord d’asile climatique avec Tuvalu,
suit cette élection de près, tout comme les États-Unis, qui se sont
récemment engagés à raccorder l’archipel avec un câble sous-marin pour y
améliorer les télécommunications.
Un changement d’allégeance serait un coup dur pour Taïwan, qui au
lendemain d’élections ayant porté au pouvoir un candidat favorable à
l’indépendance, a perdu le soutien de Nauru, une autre nation insulaire
du Pacifique, qui s’est laissée séduire par des promesses chinoises
d’aide à son développement.
Parce qu’il n’y a pas de partis politiques à Tuvalu, et que certaines
îles se trouvent à plus de 24 heures de bateau de la capitale,
Funafuti, il faudra attendre la semaine prochaine pour connaître la
composition du prochain gouvernement, et ses intentions en matière de
politique étrangère.
Les Tuvalu figurent parmi les douze derniers pays à reconnaître Taïwan depuis que Nauru, un autre micro-État du Pacifique, a changé d’alliance au profit de la Chine à la mi-janvier.
Communiqué aux médias : sur l’audience juridique de Julian Assange : 20-21 février 2024
Pourquoi les États-Unis tentent-ils d’extrader Julian Assange ?
Les
États-Unis poursuivent Julian Assange pour les documents qu’il a
publiés en 2010 et qui lui ont été fournis par Chelsea Manning, une
dénonciatrice de l’armée américaine. Ces publications ont révélé des
crimes de guerre, des actes de torture, des assassinats, la liste des
prisonniers de Guantanamo Bay et les règles américaines en matière de
frappes aériennes. Chelsea Manning a été graciée par Obama et libérée
après 7 ans de prison. L’administration Obama a décidé de ne pas engager
de poursuites contre Assange, mais celles-ci ont été relancées sous le
président Trump.
Quels sont les enjeux ?
Pour
la première fois, le gouvernement américain tente d’utiliser sa loi sur
l’espionnage de 1917 contre un journaliste et un éditeur. Assange n’est
pas un citoyen américain et ses publications ont eu lieu au
Royaume-Uni.
Si les États-Unis réussissent, ils auront redéfini le
journalisme d’investigation comme étant de l’"espionnage". Ils auront
étendu leur portée judiciaire au niveau international et l’auront
appliquée à un citoyen non américain sans extension équivalente des
droits du premier amendement, dont les procureurs soutiennent qu’ils ne
s’appliquent pas à M. Assange en tant que citoyen non américain publiant
depuis le Royaume-Uni.
Cette décision constitue une menace
existentielle pour la liberté de la presse, car d’autres pays pourront
faire valoir qu’ils devraient eux aussi être autorisés à extrader des
journalistes et des éditeurs du Royaume-Uni pour avoir enfreint leurs
lois sur la censure ou le secret.
Qui soutient la campagne contre l’extradition ?
Toutes
les organisations de défense des droits de l’homme et tous les
syndicats de journalistes connus, y compris : Amnesty International,
Human Rights Watch, l’American Civil Liberties Union, Reporters sans
frontières, l’Union nationale des journalistes, la Fédération
internationale des journalistes, PEN International.
Le Guardian,
le New York Times, Le Monde, El Pais et Der Spiegel, qui ont publié les
révélations de Wikileaks, ont signé une lettre ouverte s’opposant à son
extradition.
Sur le plan politique, des groupes parlementaires
d’une douzaine de pays, dont huit en Europe, le gouvernement australien
et l’opposition australienne, ainsi que sept chefs d’État des Amériques
s’opposent à son extradition. Le pape a également exprimé son
opposition.
Que se passera-t-il lors de l’audience ?
Un
collège de deux juges entendra la dernière tentative de M. Assange de
faire appel de l’extradition. Il demande l’autorisation de faire appel
de la décision du secrétaire d’État et de la décision du juge de
district de la Westminster Magistrates Court en janvier 2021 lorsque son
extradition a été bloquée pour des raisons médicales, le gouvernement
américain ayant ensuite fait appel avec succès, mais pas pour les autres
raisons invoquées (voir l’annexe ci-dessous pour plus de détails).
Assange sera-t-il présent à l’audience ?
Assange a demandé à assister à l’audience en personne afin de pouvoir communiquer avec son équipe juridique.
La décision sera-t-elle immédiate ?
On
ne sait pas avec certitude si les juges rendront une décision immédiate
à l’issue des deux jours d’audience ou s’ils réserveront leur jugement.
Que se passera-t-il si Assange obtient gain de cause ? Une date sera fixée pour une audience d’appel complète.
Que se passera-t-il si M. Assange perd l’affaire ?
Si le droit d’appel lui est refusé, il n’y a pas d’autres possibilités d’appel au niveau national.
M. Assange peut-il saisir la Cour européenne des droits de l’homme ?
Oui.
Le Royaume-Uni fait partie de la CEDH et la Cour a le pouvoir
d’ordonner la suspension de l’extradition d’Assange. Elle peut le faire
en émettant une instruction au titre de l’article 39. Les avocats
d’Assange peuvent demander une telle décision si tous les recours devant
les tribunaux britanniques ont été épuisés. Les instructions au titre
de l’article 39 ne sont données que dans des "circonstances
exceptionnelles".
Le gouvernement britannique peut-il contourner une instruction au titre de l’article 39 ?
Certaines
utilisations de l’article 39 ont été controversées dans la politique
britannique et le gouvernement britannique pourrait tenter de faciliter
l’extradition immédiate d’Assange avant qu’une instruction au titre de
l’article 39 ne soit émise ou subvertir l’instruction au titre de
l’article 39 après coup. Toutefois, cela serait très controversé dans
une affaire qui concerne la liberté de la presse et qui a des
ramifications mondiales. Il s’agirait également d’une violation du droit
international.
Qu’arrivera-t-il à Assange s’il est extradé ?
Il
sera incarcéré dans une prison américaine de haute sécurité en
attendant son procès. À l’origine, le juge de district avait refusé son
extradition au motif que les conditions d’isolement rigoureuses
auxquelles il serait soumis dans le système pénitentiaire américain
mettraient sa vie en danger. Cette décision n’a été annulée en appel
qu’après que les États-Unis eurent offert des garanties conditionnelles,
qu’Amnesty International a qualifiées de "profondément erronées", car
"le fait que les États-Unis se soient réservé le droit de changer d’avis
à tout moment signifie que ces garanties ne valent pas le papier sur
lequel elles sont écrites".
Amnesty s’est également inquiétée du
fait qu’en cas d’extradition vers les États-Unis, Julian Assange serait
confronté à "un risque réel de graves violations des droits de l’homme
en raison de conditions de détention qui pourraient s’apparenter à de la
torture ou à d’autres formes de mauvais traitements".
M. Assange
serait jugé par le tribunal du district oriental de Virginie, où les
jurés sont en grande partie des employés ou des membres de la famille
d’employés de la CIA, de la NSA, du Pentagone et d’autres institutions
chargées de la sécurité nationale.
Quels sont les abus commis jusqu’à présent dans l’affaire Assange ?
L’entreprise
de sécurité chargée de surveiller Julian Assange lorsqu’il demandait
l’asile à l’ambassade d’Équateur a été démasquée pour avoir espionné
Julian Assange et ses avocats pour le compte de la CIA, et les médias
ont révélé que la CIA prévoyait d’enlever et d’assassiner Julian
Assange.
Voir ci-dessous pour plus d’informations sur la signification juridique des abus dans cette affaire.
Pourquoi
les avocats d’Assange font-ils appel de la décision initiale du juge de
district, qui a bloqué son extradition en janvier 2021, et de la
décision du ministre de l’intérieur d’approuver l’extradition en juin
2022 ?
1.M. Assange ne devrait pas
être extradé pour faire face à des poursuites et à des sanctions pour
ses opinions politiques exposant la criminalité d’État.
La
juge a rejeté à tort l’argument selon lequel la demande d’extradition a
été faite pour poursuivre ou punir M. Assange pour ses opinions
politiques. M. Assange est poursuivi pour avoir dénoncé la criminalité
du gouvernement américain, notamment les crimes de guerre et la torture.
De nombreux éléments de preuve ont été présentés au juge de district à
ce sujet, notamment les opinions politiques d’Assange sur l’importance
de la transparence pour pouvoir demander des comptes aux gouvernements
afin de les dissuader de commettre des abus à l’avenir.
L’extradition
pour des opinions politiques n’est pas autorisée et si le juge de
district avait examiné les preuves avec précision, l’extradition aurait
été stoppée. Les nouvelles preuves apparues depuis l’audience concernant
les plans de la CIA pour kidnapper et/ou tuer Assange renforcent ce
motif.
2.M. Assange ne devrait pas être
extradé pour faire face à des poursuites où le droit pénal est étendu
d’une manière sans précédent et imprévisible, ce qui viole l’article 7
de la Convention européenne des droits de l’homme ("CEDH").
C’est
la première fois dans l’histoire des États-Unis qu’un éditeur est
poursuivi pour avoir obtenu ou publié (par opposition à fuiter) des
secrets d’État américains. Le juge de district a entendu des preuves non
contestées selon lesquelles les rédacteurs de la loi sur l’espionnage
n’avaient pas l’intention de faire entrer les éditeurs dans son champ
d’application, des témoignages d’experts non contestés ont montré que la
réception et la publication de secrets d’État étaient des opérations
courantes et qu’il existait une "pratique ininterrompue de
non-poursuite" des éditeurs.
Des preuves concordantes ont montré
que l’accusation "franchit une nouvelle frontière juridique" et "rompt
avec tous les précédents juridiques". L’extradition exposerait donc
Assange à une extension nouvelle et imprévisible du droit pénal, en
violation de l’article 7.
3. M. Assange ne
devrait pas être extradé car les poursuites dont il fait l’objet
constituent une violation grave de son droit à la liberté d’expression
au titre de l’article 10 de la CEDH.
Il s’agit d’une
poursuite sans précédent concernant un discours protégé, ce qui
constitue une violation grave de la liberté d’expression en vertu de
l’article 10 de la CEDH et devrait mettre un terme à l’extradition.
La
jurisprudence de la CEDH reconnaît le rôle vital que la publication de
secrets d’État peut jouer dans une société démocratique et le fait que
des poursuites pénales et des condamnations pour de telles publications
dissuaderont la presse de jouer ce rôle de "chien de garde". L’acte
d’accusation américain contre Assange criminalise des pratiques
journalistiques essentielles et impose une peine disproportionnée (175
ans), ce qui constitue une grave violation de l’article 10 de la CEDH.
4. M. Assange
ne devrait pas être extradé alors que les États-Unis déclarent qu’il
pourrait ne bénéficier d’aucune protection au titre du premier
amendement.
Les États-Unis ont déclaré qu’ils soutiendraient
au procès que M. Assange ne bénéficierait pas de la protection du
premier amendement (protection de la liberté d’expression) car il n’est
pas un ressortissant américain. En d’autres termes, en tant qu’accusé,
il serait lésé lors d’un procès puisqu’il n’est pas citoyen américain.
5.L’extradition
devrait être refusée car M. Assange ne bénéficiera pas d’un procès
équitable, en violation de l’article 6 de la Convention européenne des
droits de l’homme.
En raison de la tradition de négociation de
plaidoyer coercitive et du fait que le jury sera composé de personnes
liées à des agences et des contractants du gouvernement américain, les
jurés sont susceptibles d’avoir des préjugés à l’égard de Julian
Assange. Ils seront également sensibles aux commentaires publics du
président américain et du directeur de la CIA. La présomption
d’innocence s’en trouvera altérée.
Les preuves obtenues grâce au
traitement inhumain et dégradant de Chelsea Manning et au retrait
illégal des dossiers juridiques de Julian Assange de l’ambassade
d’Équateur peuvent également affecter sa capacité à bénéficier d’un
procès équitable aux États-Unis.
6. Le traité
américano-britannique interdit l’extradition pour des délits
politiques, ce qui signifie que l’extradition de M. Assange violerait le
traité et le droit international et constituerait un abus de procédure
(y compris l’article 5 de la CEDH).
Les infractions dont
M. Assange est accusé sont toutes formellement des "infractions
politiques pures" (espionnage, obtention et publication de secrets
d’État), ce qui signifie qu’elles sont interdites à l’extradition en
vertu de l’article 4, paragraphe 1, du traité d’extradition entre les
États-Unis et le Royaume-Uni. Les États-Unis commettent un abus de
procédure en présentant une demande d’extradition qui est interdite en
vertu du traité.
7. Demande renouvelée
d’admission de nouveaux éléments de preuve concernant les projets
américains d’enlèvement/remise/assassinat de M. Assange en 2017 -
pertinents pour ses droits au titre des articles 2 et 3 de la Convention
européenne des droits de l’homme.
La CIA a planifié
l’enlèvement et l’assassinat d’Assange. Cela indique qu’il sera soumis à
un traitement inhumain et dégradant s’il est extradé vers les
États-Unis. Extrader Assange reviendrait à le livrer directement aux
mains de ceux-là mêmes qui ont comploté pour l’assassiner.
8. Le
traité d’extradition permettrait aux États-Unis de modifier ou
d’ajouter des chefs d’accusation qui pourraient exposer Julian Assange à
la peine de mort.
Si les faits allégués dans la demande
d’extradition sont les mêmes, Julian Assange peut être à nouveau inculpé
en vertu des dispositions de la loi sur l’espionnage (Espionage Act)
qui prévoient la peine de mort. Il convient de noter que Chelsea Manning
a été accusée d’avoir "aidé l’ennemi", ce qui est passible de la peine
de mort, et que des représentants du gouvernement américain ont
publiquement qualifié les allégations contre Julian Assange de trahison
et réclamé la peine de mort.
Pour plus d’informations ou pour toute demande d’interview, veuillez contacter : assangetrial@thephagroup.com
Une conférence de presse de l’Association de la presse étrangère aura lieu le jeudi 15 février à 11 heures à la Royal OverSeas League,
6 Park Pl, St. James’s, Londres SW1A 1LR. Stella Assange, Kristinn
Hrafnsson, rédacteur en chef de Wikileaks, et Jennifer Robinson,
conseillère juridique de WikiLeaks, prendront la parole. La séance
d’information est ouverte aux journalistes britanniques et non
britanniques.