jeudi 31 janvier 2019

PAS DE MIRACLE A L'HÔPITAL DE LOURDES.

 Ma petite perle chérie, ma Gisèle adorée, hier, j'ai du me présenter aux anesthésistes à l'hôpital de Lourdes, pour continuer mon traitement du calcul par ultra-sons, interrompu au début octobre. Comme je ne connaissais pas les lieux, j'ai pris la première entrée. Et comme de juste, pour trouver une place  pour me garer, il n'y en avait pas, alors je me suis glissé entre deux ambulances stationnées dans un coin de l'hôpital, il y avait d'ailleurs plusieurs autres emplacements de libres, je me suis dit: "je prends mon ticket, et dès que la secrétaire m'aura appelé, je ressors vite pour trouver un emplacement plus normal ."
Bien mal m'en a pris: et à Lourdes, il n'y a pas eu de miracle. Comme il y a ton numéro - notre, maintenant, tu es toujours sur le répondeur- de téléphone sur une affichette posée sur la voiture, un gars m'appelle, et commence par me hurler dessus, que je n'avais pas le droit, que des malades beaucoup plus graves que moi arrivaient sur des brancards, donc je prenais LEUR place, etc....etc....J'ai tenté de lui expliquer que, à mon âge, sa leçon de morale n'était pas nécessaire, que j'allais quitter l'endroit aussitôt passé à l'accueil, que j'étais face à un mur, que j'avais donc près de 80 ans, et donc droit à un peu plus de respect, qu'il y avait des places libres pour les ambulances, que je n'avais jusque là paru ne gêner personne, il m'a répondu qu'il s'en foutait, de mon âge, qu'il allait me coincer jusqu'à 6H du soir.... Un vrai abruti, un autre, un de plus, on est cernés par les cons et les morveux en tout genre....Celui-là n'a pas dérogé à la règle: heureusement, les secrétaires de l'accueil ont compati à ma peine, mon désarroi, je me sens très fragilisé, devant ce genre d'agression, mais une nouvelle fois, je t'ai appelé à  mon secours, et tu n'es pas venue. Et je me rends de plus en plus compte à quel point la vie sans toi demeure un cauchemar, dont il m'est particulièrement difficile de m'éveiller, et d'affronter les revers. Il me semblait que les ambulanciers sont des gens qui transportent et prennent soin des malades. Celui-là a du oublier la règle première de son métier. Respect des personnes d'âge respectable. En plus, le jour de la distribution des prix de la c.....rie, il s'est cru à l'abri, sous un parapluie. Mais, comme il est très futé, intelligent, plus que la moyenne, il avait retourné son parapluie à l'envers, ce qui fait qu'il en a pris un max. Et çà reste...
C'est ce que m'a suggéré un voisin, à la salle d'attente, il avait beaucoup d'humour, pour tenter de me rendre un peu le sourire....

Un peu plus tard, il m'a fallu remplir des papiers, sur mon identité. Et là, un mot, que je n'avais jamais pensé utiliser pour moi, moi qui tant de fois ai coché cette case pour les autres, au cours de centaines ou milliers d'imprimés administratifs que j'ai remplis pour des amis, des clients, une case qu'il m'a fallu cocher d'une petite croix: VEUF! Tu te rends compte, ma petite femme chérie? J'ai coché la case "veuf"! Je suis veuf!   Veuf de mon amour adoré, veuf de ma Gisèle chérie....Cocher cette case m'a encore fait pleurer, évidemment. Le cauchemar n'aura pas de fin! Je t'aime à la folie, je continue plus que jamais de t'aimer à perdre la raison, alors que je dois préciser que je suis "veuf"?. Quel mot épouvantable.! Tu m'as laissé meurtri, inconsolable, et je dois écrire sur un sale petit bout de papier que je suis "veuf"! Alors que je voudrais partout écrire que je suis amoureux fou de mon épouse chérie, de ma perle adorée, que je ne me raisonne pas de sa  cruelle absence, J'ai toujours l'impression qu'elle va apparaître, au bout de l'allée, ou penchée vers une fleur, je n'ai qu'une sinistre case à cocher d'une abominable croix....Je suis veuf, et je pleure mon trésor perdu. Mon si joli trésor que le putain de mal a tant fait souffrir, avant de me le prendre....
Je te serre très très fort contre mon cœur, contre moi, ma petite femme adorable et adorée. Je t'aime à l'infini.