NOVILLADA DE MUGRON:
CHAUD SOLEIL DANS LA MÉDIOCRITÉ PASCALE
Préambule.
Essentiellement préoccupés à
nous faire prendre des vessies pour des lanternes, afin de justifier auprès des organisateurs de
corridas leurs entrées gratuites et leurs « accréditations », les
squatteurs des callejons, entre deux séances de langue de bois, sur la Dépêche ou sur le Sud-Ouest,
ne tarissent pas d’éloges sur cette feria pascale. Pourtant, à Aignan, mon ami JIPITO
n’en finissait pas de s’étrangler au téléphone, dimanche midi, en m’annonçant
le méfait dont il venait d’être le
témoin: la grâce d’un utrero SOLLICITÉE
PAR LE GANADERO gersois himself auprès du palco depuis la talenquère, indulto déshonorant,
évidemment accordé, magouille en contradiction totale avec les règles de la
tauromachie, mais nous sommes dans le Gers, où l’on s’arrange en famille, au
mépris des règles, comme on vit à St Gilles et à St Martin de Crau ces mêmes
magouilles, avec d’autres indultos crapuleux exigés par les éleveurs. Peu
importent les règles de la lidia, peu importent aux éleveurs les moyens de
parvenir à leurs fins, les responsables complices acquiescent, les amis et le
public non aficionado ferment les yeux, et tant pis si les arènes se vident :
le négoce seul triomphe. De la forfaiture, aucun témoignage sur les
journaux : par contre, le public n’a
pas compris (sic !!) la faena de JBJ, et « N’A PAS ÉTÉ ASSEZ
CHALEUREUX, LE TEMPS FRAIS N’INCITE PAS A APPLAUDIR » (RE sic !!!). Quand
aux « tiraillements au sein de l’élevage » qu’évoque le revistero
patenté, on n’en saura pas plus que ses non-dits ne laissent envisager,
seulement que le mayoral se serait « effondré en larmes ( re re sic !!)
Mystère, et …. ambiance !!
Et que dire de la feria d’Arles,
où, dès vendredi, un cartel de trois retraités s’est offert le luxe de couper
11 oreilles et 3 queues : ONZE et TROIS !!! Ridicule ! Du grand
cirque, en tout cas tout le contraire du sérieux dont doit s’entourer la fiesta
brava ! Si c’est ainsi que l’on croit défendre la corrida, c’est raté. Et les
pas gentils zantis peuvent se frotter les mains…
NOTE IMPORTANTE: Après info, il n'y aurait pas eu de rabo. Donc, je retire ce passage concernant les trois queues, et m'en excuse uprès de vous.
Toutefois, j'ai lu sur un blog ou un article que je n'arrive pas à retrouver, - çà n'est pas venu de mon imagination, - l'attribution de ces trophées. S'agit-il d'une autre corrida, notamment Andalouse? Je continue mes recherches
AIGNAN AUX TISONS, MUGRON AU BALCON
Qui avait raison: celui qui avait choisi AIGNAN, ou celui qui préféra MUGRON?
Je n’ai pas retenu le nom du
quidam qui officiait ce lundi pascal au palco de Mugron, Miguel m’a bien donné
son nom, « le petit-fils de l’ancien concierge des arènes de Bayonne »,
trop compliqué à retenir. Je garderai par contre en mémoire son incompétence,
son incorrection, d’abord, puisqu’il s’installa sur ce qu’il doit prendre pour
son trône avec CINQ minutes de retard, les trop nombreuses décisions
malheureuses qu’il prit ou ne prit pas tout au long de la tarde. Il doit par
exemple savoir que la musique en cours de faena, doit être immédiatement
interrompue dès qu’il y a désarmé ou cogida du torero, que la mono pique
accélère, d’une part la dégénérescence
du toro de combat, et par conséquent la fin de la corrida telle qu’elle puisse être
défendue, avec des animaux conservant l’instinct, la puissance, et les armes,
de leur sauvagerie naturelle. Sinon, il cautionne la fiesta cirque, ce qui est illogique
et condamnable. Les alguaciles brillèrent également par leur absence, chez l’un
d’eux, très connu, c’est la règle, sans compter d’autres excès dont il est
coutumier : les picadors peuvent tranquillement et longuement assassiner
leurs opposants, ils ne bronchent ni n’interviennent jamais.
MON REGARD SUR LA NOVILLADA DE LUIS
ALGARRA.
Quatre cinquièmes d’arènes,
temps printanier, retrouvailles après une longue hibernation avec les
aficionados amis. Bétail très bien présenté, presque tous les novillos
applaudis à la sortie du toril. Belle affiche pour une arène de cette catégorie.
Placita pimpante, un air de fête qui
vous rajeunit, et fait espérer les
indécrottables optimistes que nous sommes.
Le premier ALGARRA, superbe
estampe à la robe noire et aux armes en pointes, s’écrase contre les planches :
merci les peones qui laissent les capes contre les planches. Piquero
copieusement sifflé, au terme de son interminable ration de fer, ne relevant
jamais la pique, alors que l’animal durement châtié reste collé au peto. Changement.
C’est le moment que choisit le novillo pour recharger la cavalerie qui sortait
du ruedo : deuxième ration, après les clarines ! Peu de
protestations. Sergio FLORES entreprend une faena droitière de profil. « Cargar
la suerte » ne semble plus de mise dans les écoles taurines. Essai avec la
main gauche, désarmé immédiat, et la musique continue, comme si de rien n’était.
Le novillero semble prendre un peu d’assurance,
les gestes sont plus templés, il se croise enfin pour deux naturelles stylées.
Le toro diminue sa charge, noblesse et
faiblesse ont peu à peu raison de sa caste, il est temps d’abréger : ce
sera fait, avec un horrible bajonazo. Trois ou quatre mouchoirs s’agitent,
heureusement vite rentrés, FLORES ne sortira même pas pour saluer les quelques
rares palmitas.
Le second opposant de Sergio est
bien roulé, mais armé commode, et il va aussi s’écraser contre les planches, à
croire que c’est la spécialité de son équipe, de faire remater aux bois. Une
seule pique. Changement. Quelques derechazos de bonne facture, puis séries de
naturelles sans « avancer la jambe ». La faena devient brouillonne.
Puis, comme à son premier acte, FLORES prend de l’assurance, et entame
véritablement une faena méritoire, il finit par imposer sa volonté à un novillo
qui garde « boca cerrada ». Conclusion hélas dans le cou, au deuxième
essai après pinchazo, hémorragie abondante. Oreille !! Épée de « voyou », dont plus
personne ne s’offusque.
C’est sous le palco que Fernando
ADRIAN entreprend avec le percale le
joli novillo noir qui lui échoit. On se prend à rêver, jusqu’à l’entrée du
groupe équestre : sans que le novillero ne fasse le moindre geste pour
dévier sa charge, et l’amène doucement au cheval, le toro se jette depuis
trente mètres contre la monture. Longue pique meurtrière, rien à voir avec l’épreuve
de bravoure règlementaire. Mais le toro a de la caste à revendre, il poursuit
les banderilleros jusqu’aux planches. Hélas, ADRIAN ne sera pas, et de loin, à
la hauteur de son opposant. Il fait quelques passes avec le pico à un mètre de
son buste arc bouté, attitude disgracieuse, il se découvre dangereusement, se
fait prendre, évidemment, puis entreprend un numéro de porfia entre les cornes,
muleta balancée d’un côté à l’autre de son dos. Un numéro de non lidia, peu goûtée
par le public, conclu d’une entière hasardeuse, mais concluante. Salut.
Dépouille du novillo applaudie.
Le second opposant de Fernando est
un joli castaño bien roulé. Mais l’épreuve de la pique sera la réédition du
premier acte : novillo échappe au torero, pique ratée, l’animal s’appuie
contre le matelas du bourrin, et le piquero peut tranquillement lui administrer
une grosse ration de fer à bout portant, sans se gêner, sans vergogne. Le plus
beau geste sera au crédit du banderillero, applaudi pour deux très belles
paires posées en vrai torero. La faenita débute, en musique immédiatement
protestée, mais le palco reste sourd, égal à lui-même, c’est-à-dire médiocre :
cettemusique ne se méritait pas, hormis sans doute pour le toro, encasté, noble
à souhait, il bouffait la muleta, comme tous ses frères. Mais ADRIAN devrait
changer de métier, la toreria ne doit rien au hasard, et le danger peut être
grave, de très nombreux exemples le
prouvent. Au moment de l’estocade, le garçon est pris, soulevé, jeté en l’air,
puis piétiné, pendant de longues secondes on a craint le pire. Il s’en sort
bien, se relève, s’arrache des bras qui l’ont secouru : une entière,
ladeada, un peu hasardeuse, elle aussi, envoie le novillo ad patres. Oreille du
courage ?
David Martin ESCUDERO ne s’embarrasse
pas avec les formalités de la pique : son novillo, une jolie estampe bien
armée, est déposé pratiquement sous le cheval, à 50 centimètres du
fer : vaya bravura. Résultat : il s’épuise sans avoir chargé !
Le garçon lui sert ensuite une série de derechazos parallèles, insipides, il se
découvre, au point de se faire poursuivre par le gentil ALGARRA. Quelques
muletazos souvent accrochés, et le toro finit par se figer. Et un golletazo
pour conclure, UN ! Le « brézident » est prêt à sortir son
mouchoir pour satisfaire les gogos : heureusement, il n’y en a pas
beaucoup. OUF ! On a eu chaud !
Le sixième de la tarde est une
autre estampe, un castaño plus clair, fin, armé en pointe, palmas de
satisfaction du public. Et le novillo s’emploie bien contre la cavalerie, il
met les reins, il pousse, jusqu’au batacazo spectaculaire, image chère au cœur des
aficionados, symbole de la vitalité, de la force sauvage, sans qui la corrida
ne peut-être qu’une pantomine cruelle et condamnable. La deuxième pique sera
brève, mais dans les règles, et applaudie, le public saluant le piquero. Public
debout, piquero applaudi : Pourquoi cette image, qui se renouvelle dans
toutes les arènes où interviennent ces phases exceptionnelles de la corrida, n’interroge-t-elle
suffisamment pas les responsables ? N’y a-t-il pas là matière pédagogique à réflexion, pour la défense de la fiesta
brava ?
L’émotion passée, la dure
réalité s’impose à nouveau. Le novillo humilie, il faut le toréer avec art et temple.
ESCUDERO use du pico, le contraire de « cargar la suerte ». Le
novillo étale une noblesse sans défaut, il lui manquait seulement un adversaire
à sa hauteur ; le garçon tente quelques naturelles de bonne facture. Une
entière pour conclure. Oreille. Mais nous sommes passés à côté d’un festin
taurin, il ne manquait qu’un ingrédient ….
Merci à l’organisation
Mugronnaise, pour cette tarde agréable.
Merci à nos voisins de tendido,
pour la tarde agréable passée ensemble. N’oubliez pas d’ajouter un commentaire,
si le cœur vous en dit : vous êtes les bienvenus. L’aficion me semble un
bien précieux, et la partager décuple le plaisir.
Quelques photos de la novillada sous peu.