dimanche 21 août 2011

COLLIOURE, TERRE DE TOROS, TERRE D'EXIL.

Au coin du monument, la bandera andalouse


Des hommages, par centaines, tous les jours, des fleurs fraîches, 72 ans après sa mort


"Et quand viendra le jour du dernier voyage

Quand partira la nef qui jamais ne revient,

Vous me verrez à bord, avec peu de bagage,

Casiment nu, comme les enfants de la mer".


COLLIOURE, ANTONIO MACHADO : MON PÈLERINAGE.

Ce mardi 16 Août, j’avais donc décidé de me rendre à COLLIOURE, pour cette passionnante novillada de Christophe YONNET, dont j’ai rendu compte ces jours derniers. Il m’était par contre impossible de ne pas me rendre, -comme toujours -, dans son cimetière, rendu célèbre depuis qu’y repose l’illustre ANTONIO MACHADO, un des plus grands poètes espagnols du XX° siècle, mort en terre d’exil, chassé par le franquisme, l’ami de FREDERICO GARCIA LORCA, lui-même assassiné par les franquistes, deux destins rares, deux amitiés de cœur et de combat pour la République espagnole, deux talents immenses réunis dans la gloire et la mort, deux martyrs de la guerre civile.
Un hommage qui est une tradition, un pèlerinage, depuis que je connais ANTONIO MACHADO, à jamais associé à COLLIOURE.

C’est Jean FERRAT qui m’a fait découvrir ANTONIO MACHADO, à travers une chanson qui trotte souvent dans ma tête et dans mon cœur, parce que tout ce qui touche à la tragédie espagnole ne peut laisser indifférent le républicain, pour ne jamais oublier les souffrances endurées d’un peuple abandonné au fascisme, jusqu’à la retirada et (ou) la mort:

« MACHADO dort à COLLIOURE
Trois pas suffirent hors d’ESPAGNE
Quand le ciel pour lui se fit lourd
Il s’assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours….
Et ferma les yeux pour toujours…. »

Son frère, MANUEL MACHADO, également poète, passé dans les rangs des nationalistes, n’eut pas, semble-t-il, la même célébrité reconnue, même si FRANCO et ses sbires ne retinrent et n’encensèrent évidemment que le loyaliste à la cause franquiste. Une autre chanson de Jean FERRAT fait allusion aux drames et aux déchirements que provoqua la guerre civile Espagnole : « MARIA »
« Maria avait deux enfants, deux garçons dont elle était fière,
Et c’était bien la même chair, et c’était bien le même sang,
Ils grandirent sur cette terre, près de la Méditerranée,
Ils grandirent dans la lumière entre le lys et l’oranger

C’est presque au jour de leurs vingt ans, qu’éclata la guerre civile,
On vit l’Espagne rouge de sang, crier dans un monde immobile,
Les deux enfants de Maria, n’étaient pas dans le même camp,
N’étaient pas du même combat : l’un était ROUGE, et l’autre BLANC….. »

Et du même auteur interprète, concernant l’assassinat de GARCIA LORCA, ce vers qui sonne comme un glas, et que j’associe à mon hommage à Antonio l’immense :
« DIEU, le fracas que fait un poète qu’on tue ! »

Exilé du franquisme, Antonio MACHADO abandonna son poste de membre de l’Académie royale Espagnole. Arrivé à COLLIOURE, accuilli à l’Hôtel QUINTANA, le 2 Février 1939, il décèdera le 22 du même mois, et sa mère le suivra dans la mort trois jours plus tard.

Dans le cimetière de mon petit village, je m’arrête souvent devant une tombe où il est écrit ce petit texte poignant, celui de son épouse, sans doute, des voisins à nous, lorsque j’étais gamin, mais un bonhomme, un nom, que je ne peux oublier :
« Ici repose, JOSÉ MARIE MARTORREL,
MORT EN TERRE D’EXIL…. »

Combien sont-ils, par milliers, par millions, ceux qui sont morts comme eux, et dont le seul crime fut d’avoir rêvé de la RÉPUBLIQUE, et de s'être battu pour elle ?




"Mi corazon està donde ha nacido,



No a la vida, al amor, cerca del Duero,



¡ El muro blanco, y el ciprés erguido !"





Gracias, Maestrissimo MACHADO