mercredi 22 février 2023

 

Débat télévisé sur une guerre mondiale annoncée

Les journalistes qui rient dans les cimetières

Un jour de juin 1922, le Président Poincaré arpentait un cimetière militaire et il eut un sourire capté par un photographe. Le quotidien l’Humanité diffusa la photo à 100 000 exemplaires. Elle fut transformée en carte-postale. Elle façonna l’image de « l’homme qui rit dans les cimetières ». Il ne resta plus aux médias éhontés qu’à reprendre les « éléments de langage » : il s’agissait d’un « rictus dû au soleil » (qu’il n’avait pas en face).

Le 5 février 2023 à 20 h, dans l’émission « C politique » la 5 nous donna à admirer sept Poincaré probablement éblouis par les projecteurs, sept pauvres jouets de rires purement nerveux.

C’était dans un débat ayant pour titre : « Chine-USA : l’autre guerre qui menace ».

Le titre de l’émission nous glace. D’emblée, un invité nous dit que nous sommes entrés «  dans une guerre froide. On craint même une guerre chaude ». L’animateur précise que c’est une « question brûlante ».

Quelques images de Joe Biden ouvrent l’émission. Il dit qu’il est content : un avion de chasse a abattu un ballon chinois que l’animateur appelle « un ballon de surveillance ». Ballon météo en dérive ? Ballon espion ? La question est donc tranchée dans les premières secondes (0mn 11) : il surveillait les Etats-Unis.

Pas moyen de trouver un Chinois pour une émission télé

Parmi les six invités : un états-unien, une états-unienne. Un tiers, donc. Les six et l’animateur sont sympathiques, souriants, pas énervés du tout. Genre marchands d’aspirateurs qui mettent leur pied dans la porte, avenantes vendeuses de Tupperwares. Ils sont heu-reux ! Elles sont heu-reuses !

Combien de Chinois ? D’amis de la Chine ? De politologues neutres ? Zéro. C’est pour ça qu’ils sont heu-reux, les sept mercenaires.

Insistons : dans ce débat télévisé sur la Chine et les Etats-Unis, on voit deux Etats-Uniens, cinq français critiques envers la Chine, aucun Chinois, alors qu’on va surtout parler d’eux (déblatérer sur). Personne pour faire grimacer les deux Etats-Uniens.

On compte 1,4 milliard de Chinois. Et impossible d’en dénicher un pour une émission dont le titre évoque la possibilité d’une guerre entre la Chine et les Etats-Unis ! Pour les Yankees, c’est plus simple : sur les Champs-Elysées, vous tapez du plat de la main contre un réverbère et il vous en tombe deux douzaines, pas le peine de mettre des stagiaires en chasse. Vous choisissez la plus jolie et celui qui parle bien français et qu’on voit sur d’autres chaînes en tant que spécialiste de l’Ukraine, de la Russie, de la démocratie, des canons Caesar, de Poutine et des tartes Tatin (pour les tartes, j’imagine, mais je m’attends à le voir dans l’émission « La persécution des pâtissiers ouïghours »).

Premier constat : tout débat démocratique dans un pays démocratique (la France) sur une télé démocratique peut réunir sept démocrates (dont deux Etats-Uniens) du même avis (négatif) sur la Chine, démocratiquement exclue.

Second constat (amer) : le seul fait d’énoncer le premier constat fait de vous un prochinois.

En effet, trouver à redire, c’est se voir délivrer par les médias la carte du Parti Communiste Chinois. Vous n’avez pas lu Libé ?

Pas lu non plus le brûlot à 100% anti-chinois des militaires français (l’IRSEM, organisme flanqué d’un lieutenant-colonel états-unien) où je suis dénoncé 54 fois (+ 8 photos) au Pentagone et à l’OTAN, OTAN dont un des deux rédacteurs du rapport fut membre jusqu’en 2019 ?

A quoi il fut répondu par ce livre :

L’émission de la 5 dura cinquante-trois minutes. Inutile de la voir, sauf si vous voulez absolument perdre presque une heure de votre vie. Contentez-vous de cliquer au hasard pour glaner des moments où les invités s’approuvent, s’écoutent religieusement, rient, ou éclatent de rire. Tenez, pour vous aider : allez voir à 13mn48, à 18mn16, à 46mn56. Mais vous en trouverez bien plus.

Coupez le son et vous vous croyez sur C8 chez Hanouna quand Bigard fait rire les chroniqueurs et les invités en contant l’histoire de la boulangère à qui Toto a dit : « Vous avez de belles miches ».

Gardez le son et vous croyez écouter « La bande originale » de Naguy sur France Inter où fusent les rires si un invité à répondu « yau de poêle » à la question « Comment vas-tu ? ».

La guerre nous menace ? Rions ensemble sur la 5
Pourquoi cette jovialité alors qu’on parle de « l’autre guerre qui menace » ? Alors qu’on nous dit que nous sommes entrés « dans une guerre froide » et qu’on « craint même une guerre chaude » ?

Pourquoi ?
Pourquoi ? Parce que l’animateur et les six invités sont de la même obédience. Ils boxent à sept sur un ring contre un adversaire qui n’est pas là et qui ne les gratifiera pas d’un bourre-pif.

Mettez sur le plateau, face aux sept comparses, UN SEUL débatteur qui n’adhère pas à leur discours et la mayonnaise est ratée.
UN SEUL, et finis les sourires, les rires, les éclats de rire, les hochements de tête, les tranquilles « Je dirai même mieux », les « Vous avez raison », les « J’ajouterai », les « Ce que je crois, je pense, à mon avis... ». Finis les petits désaccords à la marge, anodins, insignifiants, les ersatz de réserves, les objections de pacotilles, les simulacres de discussions : « Permettez que j’apporte une nuance ? » et « Ce n’est pas pour vous contredire... ».

Il suffirait d’UN contradicteur et les gentils fronceront les sourcils. On verra les grimaces, les coupures de parole, une tension jusqu’alors inconnue. Les sept jetteront des cailloux au mal élevé, à l’imprécateur qui brise le ronronnement harmonieux, qui tarit le dégoulinant baratin, un baratin qui, habituellement, pour l’essentiel des téléspectateurs, n’est que vérité, puisque 100% des personnes présentes le valident.

Donc, pas d’intrus et un choix très «  politique » des sujets. N’oublions pas que, pour les Etats-Unis, les ennemis prioritaires sont la Chine et la Russie. Par conséquent, de la France aussi. C’est donc de ces deux pays qu’on va parler, déparler, à satiété, dans un confortable entre-soi. Le ministre Bruno Le maire avait donné le la en annonçant que « nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie » et en fanfaronnant :. « Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe ».

Puis, dans un déferlement de propagande médiatique inouï, la gauche français étant muette, les députés court-circuités (et soulagés ?), la chaîne de télé RT interdite, ce furent les livraisons d’armes à l’Ukraine, des militaires ukrainiens formés sur notre sol pour tuer des soldats d’une armée qui nous délivra du nazisme, soldats d’un pays qui portait la France dans son cœur jusqu’à considérer que parler notre langue était classieux. Et voilà que le petit-fils de Tolstoï dit (dans un français parfait), au nom de la Russie : « La France » est notre ennemie » Tiens, pourquoi ?

L’ARCOM (ex-CSA) ne regarde par la 5, la 5 se fiche de l’ARCOM.
Sud Radio vient d’être mise en garde par l’ARCOM sur une émission d’André Bercoff « Dans tous ses états ».
« L’Arcom a été alertée au sujet des séquences consacrées à la guerre en Ukraine, diffusée les 10 mai et 29 juin 2022 dans l’émission Bercoff dans tous ses états sur Sud Radio et Sud Radio+.
Aux termes de l’article 1er de la délibération du 18 avril 2018 relative à l’honnêteté et à l’indépendance de l’information et des programmes qui y concourent : « (…) Il (l’éditeur) veille au respect d’une présentation honnête des questions prêtant à controverse, en particulier en assurant l’expression des différents points de vue par les journalistes, présentateurs, animateurs ou collaborateurs d’antenne ».
Elle a relevé que plusieurs déclarations orientées avaient été délivrées à l’antenne, sans véritable contradiction, alors même que le sujet traité, particulièrement sensible, nécessitait l’expression de points de vue différents ou à tout le moins nuancés.
La diffusion de cette séquence caractérise une méconnaissance des obligations précitées issues de l’article 1er de la délibération du 18 avril 2018.
En conséquence, l’Autorité a mis en garde l’éditeur des services contre la répétition d’un tel manquement ».

Bis repetita placent : « Le média veille au respect d’une présentation honnête des questions prêtant à controverse, en particulier en assurant l’expression des différents points de vue par les journalistes, présentateurs, animateurs ou collaborateurs d’antenne ».

Les sujets dont on ne parle pas existent-ils ?
Les sujets dont on ne parle pas sont peu graves, voire inexistants. Pour un livre collectif « La troisième guerre mondiale a commencé » (titre possible), à paraître aux éditions Delga, j’ai écrit un texte sur les médias. En voici un extrait :

« En France, la règle tacite est que la véracité d’une information qui sert les intérêts des Etats-Unis n’a pas besoin d’être authentifiée avant diffusion. Il suffit pour nos médias d’identifier le pays émetteur. Les Etats-Unis ? On prend.

Comment doit-on, demandent-ils, qualifier des manifestants de Hong-Kong ? Manifestants « pro-démocratie ? » On prend. Il n’y a pas eu des dizaines d’éborgnés comme en France ? Passons.

Que faut-il dire quand la Chine proteste si des navires de guerre états-uniens patrouillent au large de ses côtes et à 10 000 kilomètres de Washington ? Il faut dire, écrire et clamer que « Xi Jinping, furieux, menace et montre ses muscles ». On prend.

Que nous dit-on de Poutine. Il est « fou, cancéreux, parkinsonien, isolé, paranoïaque, mégalomane » ? On prend.

Pour le public, la véracité d’une information qui sert les intérêts des Etats-Unis est prouvée par sa répétition dans la quasi totalité de nos médias transformés en vulgaires caisses de résonance. Inversement, un fait non rapporté par nos médias n’existe pas, même s’il a une importance mondiale.

Prenons l’exemple d’une information qui ne sera pas exagérément offerte à notre émotion : celle de l’incendie de la Maison des syndicats d’Odessa, le 2 mai 2014 où trente-deux Ukrainiens pro-Russes ont péri (quarante-trois, par suite des affrontements dans la ville).

Quant aux bombardements des provinces ukrainiennes russophiles du Dombass depuis 2014 par l’armée de Zelinsky, ils seront éludés afin de pouvoir dater le début de la guerre au 24 février 2022, quand les troupes russes sont entrées en Ukraine, répondant à un interminable appel au secours.

« L’omission est la forme la plus efficace du mensonge. » (George Orwell)


Du 2 au 4 juin de l’année 2005, s’est tenue à La Havane la première rencontre internationale « Contre le Terrorisme, pour la Vérité et la Justice ». Plus de 700 délégués venus du monde entier ont participé aux trois jours de débats et de témoignages. Trois jours pendant lesquels ont été dénoncées la nature et l’étendue d’un terrorisme qui sévit depuis des décennies sur le continent latino-américain, d’un terrorisme mis en œuvre dans le cadre d’une politique décidée à la Maison Blanche et baptisée « Plan Condor »(1). Pendant trois jours ont été démontrés, en direct et sans fioritures, les liens étroits qui existent entre les autorités états-uniennes et le terrorisme de masse. Pendant trois jours ont été exposées les archives du plan Condor, découvertes presque par hasard dans un coin perdu du Paraguay. Trois jours pendant lesquels tous ceux qui s’intéressent à l’Amérique latine ont pu, enfin, voir s’énoncer quelques vérités, ailleurs que dans le cadre des cercles d’initiés. Trois jours pendant lesquels, en pleine « guerre mondiale contre le terrorisme », les sièges réservés à la presse riche des pays riches sont restés désespérément vides. Aucune (insistons sur « aucune ») information n’est passée dans la presse occidentale, car…pendant ce temps, au procès du chanteur Mickael Jackson, mille-quatre-cents journalistes (insistons sur « mille-quatre-cents ») piaffaient d’impatience pour savoir si, oui ou non, un Mickael Jackson lubrique avait bien touché dans son lit quelque chose qui n’était pas à lui ».

Finalement, c’est mieux que des journalistes de la trempe de ceux qu’on a vu sur la 5 n’y soient pas allés. On a échappé à une émission de franche rigolade entre amis assis sur des cadavres.

Maxime VIVAS

Note (1). L’opération Condor (ou « plan Condor) est le nom d’une campagne d’assassinats et de lutte anti-guérilla conduite conjointement par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay avec le soutien des États-Unis au milieu des années 1970. Les régimes dictatoriaux du Cône Sud ont torturé, tué et fait disparaître, non seulement des dirigeants politiques reconnus, mais aussi des dizaines de milliers de militants ou soupçonnés de l’être, ou susceptibles de pouvoir le devenir. L’opération Condor, « dirigée et assistée par Washington [fit], au moins 50 000 victimes, 35 000 « desaparecidos » (disparus) et 40 000 prisonniers parmi les opposants en tout genre, des religieux aux militants de gauche, des syndicalistes aux journalistes et aux intellectuels. »

Comment un réseau de propagandistes nazis a contribué à jeter les bases de la guerre en Ukraine blog Le Grand Soir

« L'histoire n'est pas ce qui s'est passé, mais les récits de ce qui s'est passé et les leçons qu'ils comportent. La sélection même des histoires à enseigner dans une société façonne notre vision de la façon dont ce qui est est arrivé et, à son tour, ce que nous comprenons comme possible. Ce choix de l'histoire à enseigner ne peut jamais être « neutre » ou « objectif ». Ceux qui choisissent, soit en suivant un programme établi, soit en étant guidés par des préjugés cachés, servent leurs intérêts. Leurs intérêts peuvent être de poursuivre ce monde tel qu'il existe actuellement ou de créer un nouveau monde. » - Howard Zinn

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, bon nombre de ceux qui furent architectes des pires atrocités de l’histoire ont été secourus et protégés par les services de renseignement des EU (1). Le rôle manifeste de scientifiques nazis tels que Wernher von Braun (qui a personnellement supervisé la torture et le meurtre de travailleurs forcés) dans le programme spatial étasunien et l’industrie ouest-allemande est connu depuis des décennies.

Ces dernières années, la fin de la guerre froide a donné lieu à des révélations sur les « gladiateurs » de la CIA, tels que Yaroslav Stetsko et Licio Gelli, qui ont influencé l’évolution politique du monde par tous les moyens. De l’Allemagne et de l’Italie au Japon et à la Corée du Sud, il existe désormais une vaste collection de preuves de l’existence de réseaux étendus et bien financés de terroristes fascistes qui n’hésitaient pas à recourir à la violence pour soumettre les peuples « libres » du monde.

Ce que l’on sait moins, c’est que des milliers d’universitaires fascistes et anticommunistes ont également été secourus et entretenus par les États-Unis pour mener une guerre idéologique contre le communisme. Ces historiens révisionnistes ont passé des décennies à travailler dans l’ombre de la presse universitaire jusqu’à ce que la chute de l’Union soviétique leur permette de rentrer chez eux et de réécrire enfin l’histoire à leur goût. Après des décennies d’efforts, nous pouvons maintenant voir les résultats de leur travail, les graines plantées il y a 70 ans portent enfin leurs fruits empoisonnés.

Semer les graines

« Cette lutte exige une action impitoyable et énergique contre les agitateurs bolchéviques, les guérilleros, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination totale de toute résistance active ou passive » - Franz Halder, Directives pour la conduite des troupes en Russie.

L’un des premiers et des plus importants de ces historiens n’était pas du tout un historien.

Franz Halder était un officier d’état-major de carrière, ayant débuté dans la Reichswehr pendant la Première Guerre mondiale. Il a rejoint le parti nazi en 1933 et son amitié personnelle étroite avec Hitler lui a permis de gravir très rapidement les échelons. En 1938, il a été nommé chef d’état-major général de l’Oberkommando des Heeres (OKH), ce qui faisait de Halder le chef de la planification de l’ensemble de l’armée allemande et le second commandant après le Führer lui-même. Aucun ordre ne pouvait quitter le quartier général de l’OKH sans l’approbation et la signature de Franz Halder. Cela signifie que non seulement Halder était intimement conscient des crimes du régime, mais qu’il en avait planifié la plupart.

Dès l’invasion de la Pologne en 1939, Halder a personnellement autorisé la liquidation des « indésirables » tels que les Juifs, les Polonais et les communistes. Son bureau était responsable du tristement célèbre Ordre du commissaire et du Décret Barbarossa, qui permettaient aux soldats nazis d’exécuter des civils à volonté et sans répercussion. Ces ordres ont conduit à la mort de millions de personnes en Union soviétique, à la fois par déportation vers des camps et par des campagnes de représailles brutales dans les territoires occupés.

« Des mesures collectives drastiques seront prises immédiatement contre les localités d’où sont lancées des attaques perfides ou insidieuses contre la Wehrmacht, sur ordre d’un officier ayant au moins le grade de chef de bataillon et plus, si les circonstances ne permettent pas d’appréhender rapidement les coupables individuels. » - Décret sur la juridiction de la loi martiale et sur les mesures spéciales des troupes (alias le décret Barbarossa), 13 mai 1941.

Sous l’euphémisme de « guerre de sécurité », les nazis ont anéanti des villages et des villes entières dans les territoires occupés. Selon l’époque et le lieu, les habitants étaient passés par les armes, brûlés vifs, torturés, violés, leurs biens pillés. Le résultat était toujours le même. Toute colonie qui aurait pu abriter des partisans présumés était complètement dépeuplée de tous les hommes, femmes et enfants.

Au total, un minimum de 20 millions de civils soviétiques ont été tués par les nazis, mais certains spécialistes russes estiment que le véritable chiffre est au moins le double.

Halder était un professionnel accompli ; il se penchait sur les documents pendant des semaines, les écrivant et les réécrivant pour s’assurer que son exprssion était aussi précise et sans ambiguïté que possible. Il a réussi, car ses ordres ont été largement utilisés comme preuves contre le régime nazi lors des procès de Nuremberg et, aujourd’hui encore, ils sont spécifiquement cités comme le type d’ordres criminels que les soldats doivent refuser.

Les Alliés considéraient les ordres de Halder comme si répréhensibles que des nazis tels que Hermann Hoth et Wilhelm von Leeb furent condamnés pour crimes contre l’humanité simplement pour les avoir transmis à leurs subordonnés. De nombreux nazis de rang inférieur ont été pendus pour avoir suivi les ordres de Halder en Union soviétique. Malgré cela, Halder n’a subi aucune conséquence pour les avoir émis.

Après que Halder s’est rendu à l’armée des EU, ce pays a refusé de le juger à Nuremberg. Au lieu de cela, il ne subit qu’un procès mineur pour « aide au régime nazi » devant un tribunal allemand. Il nia toute connaissance des crimes qui portaient sa signature littérale et fut déclaré non coupable. Après la guerre, il mena une vie confortable en tant qu’auteur, commentateur et « consultant historique » pour le Centre d’histoire militaire (CMH) de l’armée des EU.

Le vieux fasciste fut sauvé de la potence pour servir de planificateur en chef d’une autre guerre. Halder ne planifia plus de vastes batailles et l’extermination de races, mais il resta à la pointe de la guerre contre ce qu’il appelait le « judéo-bolchevisme », un terme appris de son Führer bien-aimé.

Le travail de Halder consistait à réhabiliter le nazisme au profit de ses nouveaux mécènes étasuniens. Si les nazis pouvaient être idéologiquement séparés du peuple allemand et de l’armée allemande, les EU pourraenit utiliser les soldats d’Hitler les plus utiles dans sa guerre contre l’Union soviétique sans éveiller de soupçons. Halder a supervisé une équipe de 700 anciens officiers de la Wehrmacht et a intentionnellement entrepris de réécrire l’histoire pour présenter l’image d’une Wehrmacht propre et d’un peuple allemand ignorant de la brutalité nazie. Son adjoint était l’agent de la CIA Adolf Heusinger, un criminel de guerre nazi qui était en grande partie responsable de la planification des massacres sans fin de la « guerre de sécurité », et qui a ensuite été commandant de l’armée allemande et de l’OTAN.

Par la manipulation, la fabrication et la censure généralisée, Halder et Heusinger ont réécrit un récit complet d’eux-mêmes et de la Wehrmacht, se décrivant comme des victimes brillantes, nobles et honorables du fou Hitler plutôt que comme des monstres ayant massacré un continent.

Halder et Heusinger ont publié des tonnes de mensonges fantaisistes avec la CMH, affirmant que la Wehrmacht n’avait commis aucun crime sur le front de l’Est. Selon Halder et Heusinger, les nazis ont créé des marchés et des centres culturels pour acheter de la nourriture aux agriculteurs locaux et organiser des danses et des événements sociaux pour les personnes reconnaissantes. Halder et Heusinger ne mentionnent que brièvement les problèmes à l’Est, affirmant qu’ils étaient le fait d’infiltrés « judéo-bolcheviques » du NKVD et non de la noble Wehrmacht.

Rien de tout cela n’aurait pu être plus éloigné de la vérité. Sous les ordres sans équivoque de l’OKH, la Wehrmacht était directement responsable de la soumission et de l’extermination d’un continent entier dans le cadre du Generalplan Ost. Chaque parcelle de l’Europe de l’Est devait être nettoyée par et au profit de la Wehrmacht, et les soldats ont fait leur devoir.

L’arme principale était la famine. La Wehrmacht se nourrissait des terres conquises, puisant dans les ressources et la main-d’œuvre en quantités massives. Des programmes brutaux de réquisition de céréales et de viande ont tué des millions de personnes, tandis que les autres travaillaient dur pour nourrir leurs suzerains nazis avec une ration quotidienne de 420 calories. Lors de la phase de planification de l’opération Barbarossa, les nazis ont conclu que la guerre ne pouvait être gagnée que si l’ensemble de la Wehrmacht était nourrie par les terres soviétiques dès la troisième année. En 1944, les nazis ont réquisitionné plus de 5 millions de tonnes de céréales et 10,6 millions de tonnes d’autres denrées alimentaires dans les territoires occupés, dont 80 % ont été consommés par la Wehrmacht.

Les nazis avaient besoin de plus que de la nourriture pour conquérir le monde. Ils avaient également besoin d’armes et d’équipements. Pour cela, l’Allemagne a mobilisé sa puissance industrielle mondialement connue. Les tristement célèbres camps de concentration contenaient d’énormes usines et complexes de travail où des millions d’esclaves travaillaient jusqu’à la mort pour fabriquer les armes et les équipements que la Wehrmacht utilisait pour les soumettre. Étant donné l’ampleur des contrats, très peu de sociétés allemandes ont gardé les mains propres, et même les plus sales n’ont pas eu à rendre tout l’« argent du sang » après la guerre.

Les deux éléments entretenaient une relation symbiotique presque parfaite. Le capital allemand servait les intérêts de l’armée, et l’armée servait les intérêts du capital. À mesure que les conquêtes nazies se succédaient, les peuples conquis servaient d’esclaves pour construire davantage d’armes qui étaient ensuite utilisées pour conquérir et réduire d’autres peuples en esclavage. Le monstre à deux têtes exploitait les terres conquises avec une efficacité si féroce que les généraux et les planificateurs économiques nazis craignaient de manquer d’esclaves.

« Lorsque nous fusillons les juifs, laissons mourir les prisonniers de guerre, exposons des portions considérables de la population urbaine à la famine, et dans l’année à venir, perdons également une partie de la population rurale à la faim, il reste à répondre à la question : Qui est censé produire de la valeur économique ? » - Général de division Hans Leykauf

Malgré l’énormité de ses crimes, l’entreprise de blanchiment de Halder a connu un succès fou ; avant la chute de l’URSS aucun historien occidental n’a remis en question ses mensonges.

Même les chercheurs bien intentionnés se sont laissés prendre au piège de Halder. Celui-ci jouissait d’un statut spécial, ne divulguant des informations qu’aux journalistes et historiens les plus privilégiés. Grâce à la légitimité que lui conféraient son titre, son accès aux informations et le soutien du gouvernement des EU, le CMH de Halder était considéré comme une source de référence pour les historiens universitaires et ses informations étaient très convoitées. Halder s’en servait pour contrôler soigneusement à qui il communiquait des informations, s’assurant ainsi d’obtenir un impact maximal.

De 1955 à 1991, ses travaux ont été cités au moins 700 fois dans des publications universitaires, notamment par des professeurs et des chercheurs des académies militaires occidentales. Comme les historiens occidentaux ont été contraints de s’abreuver au puits de Halder, ils ont transmis le poison à leurs étudiants, et de là, les mensonges ont fait leur chemin dans la conscience publique. Finalement, la propagande nazie a été blanchie en vérité par la simple répétition et le contrôle minutieux des sources.

Bien que l’accès aux archives soviétiques ait conduit à une résistance croissante à cette propagande, certains historiens, comme Timothy Snyder de l’université Yale, s’appuient toujours fortement sur les idées de Halder, ou les recyclent, pour soutenir ce que l’on appelle la théorie du « double génocide ». Créée par des néonazis baltes pour dissimuler leur participation à l’Holocauste et leur collaboration généralisée avec le régime nazi, cette théorie a langui dans l’obscurité jusqu’à ce que Snyder la mette au goût du jour avec Bloodlands. Même 70 ans après sa publication, le poison d’Halder reste un élément-clé dans les tentatives de dépeindre l’Armée rouge comme rien de plus que des sauvages, et ainsi de rendre les nazis plus modérés.

L’armée savait que Halder ne publiait rien d’autre que des éloges, mais c’était le but. Halder est resté dans l’armée pendant des décennies et fut fréquemment récompensé pour son travail bien fait. Il a même reçu une médaille pour service civil méritoire en 1961, en l’honneur de son service inlassable dans la cause de la négation des génocides.

« Il est nécessaire d’éliminer les sous-hommes rouges, ainsi que leurs dictateurs du Kremlin. Le peuple allemand aura à accomplir la plus grande tâche de son histoire, et le monde entendra que cette tâche sera accomplie jusqu’au bout. » - Messages de la Wehrmacht pour les troupes, № 112, juin 1941

Le terreau fertile

« À l’Est, j’ai l’intention de piller et de saccager efficacement. Tout ce qui peut convenir aux Allemands de l’Est, doit être extrait et ramené en Allemagne immédiatement. » - Hermann Goering

Après des décennies de lutte dans l’ombre, la chute de l’Union soviétique a créé une opportunité en or pour les universitaires fascistes. Alors que les professeurs ex-soviétiques partaient, prenaient leur retraite ou étaient licenciés au cours des tumultueuses années 1990, une génération entière d’universitaires fascistes formés à l’Ouest était prête à les remplacer.

Des écoles privées richement financées sont apparues dans tout l’ancien Pacte de Varsovie, avec un personnel composé de professeurs fascistes venus du Canada, d’Australie et des États-Unis qui avaient passé des décennies à réhabiliter leurs prédécesseurs collaborationnistes nazis.

Grâce au soutien financier quasi illimité de l’OTAN et d’un éventail vertigineux d’ONG affiliées, les fascistes peuvent désormais réécrire l’histoire à leur guise et former une génération entière de nouveaux soldats dans leur guerre idéologique.

À titre d’exemple, nous pouvons nous concentrer sur la biographie du correspondant de guerre indépendant de Kiev, Illia Ponomarenko. À travers lui, nous pouvons voir certains des rouages de la machine.

Illia est né dans la ville de Volnovakha, dans l’Oblast de Donetsk, en Russie. Cette ville d’environ 20 000 habitants, qui faisait alors partie de l’Ukraine, se trouve à environ 60 kilomètres au nord de Marioupol et de la mer d’Azov.

Fondée en 1881, comme gare sur ce que l’on appelait le « chemin de fer de Catherine », un grand projet ferroviaire nommé à titre posthume en l’honneur de l’impératrice régnante, la ville n’a guère connu d’évolution depuis. Illia a finalement déménagé dans le sud pour aller étudier à Marioupol , la ville portuaire industrielle qui constituait l’épine dorsale de l’économie de la région.

Marioupol et ses environs ont souvent été plongés dans l’histoire tumultueuse de l’Ukraine. La région a été l’un des principaux points chauds de la guerre civile russe et a changé de mains à plusieurs reprises au cours des combats entre l’Armée rouge, les forces tsaristes, les bandits de Makhno et les puissances centrales, avant d’être reprise par les forces soviétiques en 1920.

Au cours des décennies suivantes, la région a connu une explosion du développement économique en raison de sa position stratégique sur la mer d’Azov, à quelques encablures seulement des plus riches mines de fer de l’URSS. La plus remarquable est la désormais célèbre usine sidérurgique d’Azovstal, joyau de la couronne du premier plan quinquennal de Staline. Les fondations de l’usine ont été posées en 1930 et, en 1933, Azovstal a produit son premier lingot de fonte. La production augmente rapidement et, en 1939, l’usine établit un record mondial en produisant 1 614 tonnes de fonte brute en une seule journée.

Lorsque les nazis sont venus asservir l’Ukraine, Marioupol et Azovstal ont tenu bon. L’usine a produit des blindages pour les chars T-34 jusqu’au bout, les derniers ouvriers ayant été évacués le jour même de la prise de la ville par les nazis. En partant, les travailleurs ont détruit les hauts fourneaux et les centrales électriques pour les soustraire à l’ennemi. Azovstal est passé sous le contrôle de Krupp, mais les sabotages répétés des partisans soviétiques ont maintenu l’usine hors service jusqu’en 1945.

Plus de 6 000 travailleurs d’Azovstal ont combattu les nazis en tant que partisans ou soldats de l’Armée rouge. Plusieurs centaines d’entre eux ont été décorés pour leur courage, dont huit ont été nommés Héros de l’Union soviétique, la plus haute distinction possible pour un soldat de l’Armée rouge. Malheureusement, des centaines d’entre eux ont payé le prix ultime dans la guerre contre le fascisme. Un monument a été érigé en leur honneur à l’extérieur de l’usine, mais le régime de Maidan, qui a sans doute honte de ce qu’il représente, l’a laissé tomber en ruines faute d’entretien.

Même cette grande et coûteuse victoire n’a apporté qu’un sursis à Marioupol. Les habitants de Marioupol ont vécu pendant des décennies dans la paix et la prospérité, ignorant béatement ce qui allait suivre. En 1991, moins de 50 ans après la victoire de 1945, les monstres sont revenus pour ravager une fois de plus l’Ukraine et son peuple.

En 1990, après une décennie de sabotage économique et au bord de l’effondrement, l’indice de développement humain de l’URSS était le 25ème plus élevé au monde, à 0,920. Après l’effondrement un an plus tard, il n’atteindra plus jamais ce niveau.

En 2019, dernière année où les données ont été publiées avant la guerre, la Russie se classait 52ème. Loin de la prospérité que leur promettait l’Occident, quatre années de régime Maïdan ont encore aggravé la situation de l’Ukraine, qui est passée du 83ème rang en 2014 au 88ème, en dessous du Sri Lanka, du Mexique et de l’Albanie. L’Iran et Cuba, écrasés par la guerre de siège que l’Amérique appelle par euphémisme « sanctions », offrent tout de même un meilleur niveau de vie à leur population.

En 2022, aucune des anciennes républiques soviétiques n’avait retrouvé son niveau de 1990. Même lorsque l’URSS était à quelques mois de sa dissolution, les citoyens soviétiques jouissaient d’une plus grande prospérité que depuis leur « libération ». Leur richesse et leur sécurité ne se sont pas évanouies dans l’éther ; les mêmes capitalistes occidentaux qui avaient pillé le pays une fois auparavant ont fait main basse dessus.

Il est facile de considérer ces chiffres comme de simples abstractions, des mesures d’une machine économique vaste et presque incompréhensible, mais, tout comme dans les années 1940, cette campagne de pillage systématique a été fatale. Des études évaluées par des pairs ont conclu à un minimum de cinq millions de décès supplémentaires dus à la famine, au manque de soins médicaux, à la toxicomanie et aux privations rien qu’en Russie entre 1991 et 2001. Si l’on ajoute le reste des anciennes républiques soviétiques, la facture du boucher dépasse aisément celle de l’Holocauste.

Si cela s’était produit ailleurs, ou avait été perpétré par quelqu’un d’autre, on l’aurait appelé par ce que c’était : un génocide. Le fait d’avoir grandi au milieu de la dévastation causée par la brutalité effrénée de « l’ordre international fondé sur des règles » ne fait que rendre encore plus choquante la future collaboration de Ponomarenko.

Ponomarenko s’est installé à Marioupol pour suivre des cours à l’Université d’État de Mariupol en 2010. Malgré son nom inoffensif, cette université a été fondée en 1991 grâce à des subventions de l’USAID et de George Soros et reçoit encore aujourd’hui des fonds considérables des États-Unis et de l’UE. La ligne du collège est ouvertement pro-OTAN, ses professeurs visitent le siège de l’OTAN et l’université annonce fièrement ses liens avec des groupes de réflexion atlantistes basés à Washington.

La MSU n’est pas unique. Des universités comme celle-ci ont vu le jour dans tout le bloc de l’Est, grâce à l’argent des gouvernements occidentaux et de leurs groupes de réflexion. La Fondation Open Society, soutenue par Soros, a été un canal particulièrement important à cet égard. Non seulement Soros a créé des dizaines de nouvelles universités dans tout le bloc de l’Est, mais il est allé jusqu’à produire de nouveaux manuels scolaires pour les écoles primaires et secondaires de la région. Ses écoles comptent parmi leurs anciens élèves des présidents, des membres du parlement et d’innombrables bureaucrates de moindre importance.

Tout cela est au service de sa guerre contre le communisme, qu’il mène depuis au moins les années 1970 avec le soutien officiel et officieux du gouvernement. Il est particulièrement ironique que la droite traite le féroce anti-communiste George Soros de communiste, d’autant plus que Soros a personnellement tiré un énorme profit du pillage de l’ancienne Union soviétique.

Ponomarenko a obtenu son diplôme en 2014, juste à temps pour être emporté par la prochaine tempête qui a frappé l’Ukraine.

La moisson sanglante

« Apparemment, une de ces bizarreries de la nature humaine permet aux actes de malveillance les plus inqualifiables de devenir banals en quelques minutes, à condition seulement qu’ils se produisent assez loin pour ne pas représenter une menace personnelle. » - Iris Chang

Le récit que l’on nous vend concernant le coup d’État de Maïdan en 2014 est simple. On nous dit que les manifestants se sont levés avec un soutien quasi universel pour se libérer du joug du Parti des Régions de Viktor Ianoukovitch, illégitime et honni, et donc de la mainmise russe. Après cela, disent-ils, la transition a été propre et ordonnée, les problèmes à l’est ne sont apparus qu’à cause de l’infiltration russe et tous les vrais Ukrainiens se sont rangés derrière le nouveau régime. Aujourd’hui encore, le régime du Maïdan maintient avec véhémence que le conflit en Ukraine n’est pas une guerre civile, mais plutôt une invasion étrangère qui dure depuis huit ans.

Si vous écoutez bien, vous pouvez presque entendre les échos de Franz Halder et d’Adolf Heusinger dans le récit approuvé par le Maïdan, et je ne crois pas que ce soit accidentel. Tout comme à l’époque, le fantasme créé par la propagande de l’OTAN ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Le Maïdan n’a jamais bénéficié d’un soutien universel, et le processus de mise au pas du pays a été long et sanglant.

Malgré l’insistance du gouvernement ukrainien à affirmer le contraire, le conflit est une guerre civile selon toute définition raisonnable, les séparatistes étaient des citoyens ukrainiens presque sans exception et ils ont commencé à se battre pour défendre un gouvernement ukrainien légitimement élu. La plupart des soutiens étrangers ont pris fait et cause pour le Maïdan, et non Ianoukovitch et les séparatistes. Dès le début du Maïdan, des groupes comme la Légion géorgienne de Mamuka Mamulashvili, soutenue par les États-Unis, ont envoyé des mercenaires sur le terrain pour transformer une manifestation pacifique en un coup d’État sanglant.

De nombreux miliciens étaient membres de l’armée ukrainienne, et ont fait défection lorsqu’on leur a ordonné de tirer sur leur famille, leurs amis et leurs compatriotes ukrainiens dans le Donbass. Les analystes de l’OTAN estiment que 70 % des membres de l’armée ukrainienne ont déserté ou fait défection plutôt que de tuer pour le régime du Maïdan, et qu’ils ont emporté leurs armes avec eux, un fait qui enfonce un nouveau clou dans le cercueil du récit du Maïdan sur les infiltrés étrangers.

Le récit d’une invasion étrangère, plutôt que d’une guerre civile, est particulièrement important pour le régime du Maïdan. Si nous acceptons qu’il s’agissait d’une guerre civile, nous devons nous demander pourquoi ce gouvernement soi-disant « nationaliste » tue tant d’Ukrainiens dans le Donbass en bombardant quotidiennement des zones résidentielles, des écoles, des hôpitaux et d’autres cibles civiles. Il serait impossible de justifier le fait de les qualifier de nationalistes, et encore moins de libérateurs, avec le sang de tant d’Ukrainiens sur les mains.

La solution à cette contradiction est simple. Si vous dépouillez les habitants du Donbass de leur identité et de leur histoire en tant qu’Ukrainiens, il devient beaucoup plus facile de concilier leur anéantissement. Dans l’idéologie des « héros de l’Ukraine » Yaroslav Stetsko et Stepan Bandera, fondatrice de l’extrême-droite ukrainienne, seul un Galicien est un véritable Ukrainien. La majeure partie des habitants de la nation sont des « Moskals » et des « Asiatiques » indignes de vivre dans le Reich galicien.

Le fait que la Galicie ait fait partie de la Pologne ou de l’Autriche, et non de l’Ukraine, pendant plus d’un millénaire est tout simplement ignoré au profit de leur fantasme délirant selon lequel eux, et eux seuls, sont de vrais Ukrainiens en vertu d’un ancien sang viking.

Hier comme aujourd’hui, l’idéologie permet aux fascistes galiciens de justifier facilement le meurtre d’Ukrainiens par milliers.

Lorsque les manifestations du Maïdan ont commencé en 2014, des contre-manifestations ont émergé dans tout le pays, des milliers d’Ukrainiens étant descendus dans la rue pour soutenir le gouvernement démocratiquement élu de Viktor Ianoukovitch et du Parti des régions. Alors que le Maïdan devenait de plus en plus violent sous l’influence de l’extrême-droite, les manifestants anti-Maïdan ont refusé d’être intimidés et ont riposté. Ils ont fini par se regrouper en milices issues de la grande variété de militants anti-Maïdan et la résistance est devenue beaucoup plus organisée.

Craignant une contre-révolution, le gouvernement non élu d’Arseniy Yatsenyuk, trié sur le volet par les Américains, a créé la Special Tasks Patrol (STP), une police composée presque exclusivement de néonazis infestant l’Ukraine et dotée de pouvoirs étendus pour détenir et tuer des Ukrainiens.

Le plus célèbre d’entre eux était le bataillon Azov. Bien avant leur repositionnement cynique dans le sillage de l’invasion russe de 2022, le bataillon Azov de 2014 était une milice ouvertement néo-nazie. Les soldats qu’Illia Ponomarenko compte comme compagnons d’armes défilaient sous le même drapeau que leurs ancêtres dans les années 1940.

Les échos de l’histoire sont faciles à entendre depuis Azov. Appelée à l’origine « Patriote d’Ukraine », l’organisation a été fondée en 2005 par Andrei Belitsky en tant que coalition de plusieurs groupes néonazis de Kharkiv, tels que Tryzub (le bras armé du Congrès des nationalistes ukrainiens de Slava Stetsko, agent de la CIA et collaborateur des nazis), et l’UNA-UNSO (dirigée par le fils d’un membre du commando de la CIA et auteur de l’Holocauste Roman Shukhevych) et composée de soldats issus des grandes bandes de hooligans d’extrême-droite ukrainiens.

Au cours de leurs années de formation, les membres de Patriote d’Ukraine ont travaillé comme hommes de main pour le caïd de la mafia Arsen Avakov, qui a été élevé au rang de ministre de l’intérieur après le Maïdan. Avakov a tiré les ficelles pour faire sortir de prison le lieutenant Belitsky, qui avait battu à mort un gangster rival, et le jeune nazi talentueux a été chargé de mettre au pas les séparatistes.

À Marioupol, la boucle est enfin bouclée et le monde a pu voir de ses propres yeux ce que Halder et Heusinger ont mis tant de temps à préparer.

Après des mois de protestations, les combats à Marioupol ont commencé en mai 2014. Selon la version ukrainienne des événements, le 3 mai, des infiltrés russes se sont approchés d’un poste de contrôle de la ville avec de la nourriture pour les gardes mélangée à des somnifères, puis ont pris les soldats et leurs armes après les avoir rendus incapables. Ce fantasme cache probablement la vérité : les soldats se sont simplement rendus. Les séparatistes ont érigé des barricades dans le centre-ville et ont commencé à occuper les bâtiments administratifs de la ville. La situation échappe rapidement au contrôle du régime du Maïdan.

Azov a été l’une des premières unités envoyées par le régime pour reprendre Marioupol. Inséré dans la ville le 7 mai, Azov a commencé à tuer presque immédiatement. Azov a démantelé les barricades par la force, en tirant sur la foule des manifestants non armés qui s’y opposaient. Azov a terminé son travail dans la nuit du 8 mai, et le jour de la Victoire, le 9 mai, ils ont commencé la phase suivante de leur mission. Alors que la majeure partie de l’Ukraine commémorait le sacrifice de huit millions d’Ukrainiens dans la lutte contre les ancêtres d’Azov, les héritiers de Stetsko et Bandera ont marqué l’occasion à leur manière traditionnelle, en tuant des Ukrainiens. Lorsque la police locale a fait défection après avoir reçu l’ordre d’ouvrir le feu sur la foule, Azov n’a pas hésité. Le jour de la Victoire s’est transformé en un bain de sang lorsque les terroristes d’Azov ont ouvert le feu sur la foule.

Des manifestants locaux et des transfuges de la police ont occupé le quartier général de la police régionale et ont fait prisonnier le chef de la police. Les militants d’Azov ont tenté de briser le siège mais, face à la résistance armée, les « cyborgs » ont été battus à plates coutures. Ils se sont repliés après avoir subi des pertes et ont été contraints de négocier la libération des prisonniers. Comme auparavant, la bravade et les prouesses des voyous fascistes se sont évaporées dès que leurs victimes ont riposté.

Azov a été vaincu ce jour-là, mais il n’a pas été détruit. Avec le soutien de l’État ukrainien et des gangsters qui prennent de plus en plus le pouvoir, Azov est revenu en juin, ses forces étant renforcées par des mercenaires étrangers et une colonne de véhicules blindés. Après avoir été attaqués par des drones, les séparatistes ont été contraints de se retirer et les forces de la RPD ont été chassées de Marioupol, faisant 5 morts et 30 prisonniers. Aucun d’entre eux n’est revenu vivant.

Parmi les assaillants ce jour-là se trouvaient des hommes portant l’insigne de la 1ère brigade d’aviation de l’armée des EU, une unité chargée de former les soldats de l’armée aux opérations interarmées. Au vu de leur participation, la source de la soudaine compétence d’Azov en matière de drones devient très claire.

Les Azov ne se sont pas reposés sur leurs lauriers. Avec le reste des unités du STP, Azov est rapidement retourné à ses racines en tant que ce que les habitants de la région appelaient autrefois des « punisseurs », faisant respecter l’ordre par tous les moyens nécessaires. On ne sait pas exactement combien de personnes ont souffert dans les cachots des STP et du SBU (services de renseignements ukrainiens), mais la campagne était si étendue que même le régime du Maïdan a jugé des dizaines d’entre eux coupables de crimes tels que des viols collectifs (dont au moins un cas où 8 à 10 membres d’Azov ont violé un handicapé mental jusqu’à ce qu’il frôle la mort), pillage, torture, meurtre, contrebande et extorsion. Ils avaient beau porter l’insigne d’une unité militaire, Azov n’avait guère changé depuis l’époque où ils étaient des tueurs de la mafia.

Pendant tout ce temps, Azov a été nourri par les États-Unis et ses alliés de l’OTAN. Des preuves sont apparues d’un entraînement de la CIA au moins à partir de 2015, si ce n’est plus tôt. Les marchands d’armes se sont ouvertement vantés d’avoir transféré des armes antichars et, en 2017, Azov posait pour des photos avec des conseillers militaires de l’OTAN.

Alors même que des hommes défilant sous une croix gammée ont une fois de plus taillé une brèche dans sa maison, Illia Ponomarenko a été l’un de leurs plus fervents supporters dès le début. Après que le COVID l’a forcé à annuler un stage prévu aux États-Unis, Illia est allé travailler pour des journaux financés par l’OTAN, comme le Kyiv Post, puis le Kyiv Independent.

Son éducation dans les écoles financées par l’OTAN lui a bien servi, et il a fait un travail exemplaire pour poursuivre celui commencé par Franz Halder et Adolf Heusinger il y a tant d’années en réhabilitant une fois de plus les tueurs fascistes qui massacrent les Ukrainiens. Il a maintenant des millions d’adeptes sur Twitter et fait régulièrement des apparitions dans les grands médias occidentaux, comme la BBC, CNN et Fox News. Ses années passées à porter de l’eau pour ses amis nazis ont finalement porté leurs fruits, Illia est passé du statut de personne se trouvant simplement au bon endroit au bon moment à celui de partie prenante de la machine.

Ce que nous voyons aujourd’hui en Ukraine n’est pas un accident : C’est un plan préparé depuis sept décennies. Depuis le tout début, les États-Unis et l’OTAN s’emploient à réhabiliter l’héritage du fascisme afin de pouvoir l’utiliser comme une arme. Ces réseaux ne sont pas seulement en Ukraine ; ils ont des branches partout dans le monde. Des militants d’Azov ont même été repérés lors de manifestations à Hong Kong, le dernier front en date de la guerre secrète menée par les États-Unis. Heureusement, les autorités chinoises ont empêché la ville de subir le même sort que Marioupol.

Les graines de ce conflit n’ont pas été plantées en 2014, ni en 1991. Elles ont plutôt été semées le 22 juin 1941, lorsque les troupes nazies ont traversé la frontière pour la première fois dans le cadre de l’opération Barbarossa de Franz Halder. Après quatre longues années et des dizaines de millions de morts, les États-Unis ont absorbé « les meilleurs et les plus brillants » du Troisième Reich et, pendant 70 ans, ils ont soigneusement entretenu les jeunes pousses de Halder et Heusinger, attendant l’occasion de prendre racine.

En 2014, nous avons enfin vu les mauvaises herbes nocives du fascisme revenir sur la terre qu’elles ont souillée il y a si longtemps, arrosées une fois de plus dans des rivières de sang ukrainien.

Evan REIF

 

 

21 février 2023

Dans son discours annuel  il avertit Biden et l'OTAN que s'ils veulent la guerre ils l'auront.

* La Russie   se retire temporairement du traité New Start,  traité de réduction des armes stratégiques nucléaires.

*Le ministère de la Défense et Rosatom doivent se préparer à effectuer des essais nucléaires si nécessaire, a ajouté le président russe, mais uniquement si les Etats-Unis le font en premier.

En janvier, l'Otan a demandé à Moscou de laisser entrer des inspecteurs dans les installations d'armes stratégiques, comme le prévoit le traité New Start. La réponse est sans équivoque.  Les Occidentaux vont évidemment accuser Poutine d'escalade. C'est jouer sur les mots puisque les USA approuvent le bombardement de la Crimée. Poutine a donc dit en réalité à Biden : si la Russie est bombardée  nous vous en tiendrons pour  responsable et nous nous réservons la possibilité d'utiliser l'arme nucléaire.

 Plus que jamais la paix est nécessaire pour rompre cette escalade  ultra dangereuse. L'appel de Stockholm  rénové retrouve toute sa valeur.

Published by PCF Littoral - dans Ukraine

 

Publié par El Diablo

Guerre en Ukraine : ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron le petit télégraphiste de Washington à la conférence de Munich

"La Russie « ne doit pas gagner"

« L’agression russe doit échouer, parce qu’on ne peut pas accepter la banalisation du recours illégal à la force », a lancé Emmanuel Macron. « Sinon c’est toute la sécurité européenne et plus généralement la stabilité mondiale qui serait mise en cause », a rappelé le président français

"Les Occidentaux prêts à une guerre longue"

« Nous sommes prêts à un conflit prolongé », a par ailleurs expliqué le président français. « En disant cela, je ne le souhaite pas. Mais surtout si nous ne le souhaitons pas, nous devons collectivement être crédibles dans notre capacité à durer dans cet effort. »

« Nous devons intensifier notre soutien à l’Ukraine », a-t-il poursuivi. Ce soutien accru doit, selon le locataire de l’Élysée, permettre à Kiev « de mener la contre-offensive qui seule permettra des négociations crédibles, aux conditions choisies par l’Ukraine, ses autorités et son peuple ».

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Ainsi, Emmanuel Macron a revêtu son uniforme de chef de guerre à la Conférence de Munich.

L'an passé, le président de la République par ses déclarations publiques, et ses coups de fil à Poutine - "qu'il ne fallait pas humilier" - semblait .se démarquer des enragés, prêchant, lui,  le dialogue avec le Kremlin.

Aujourd'hui, tout a changé. 

L'oncle Sam, et ses neveux financiers du CAC 40, lui ont-ils fait la leçon ?

Le temps n'est plus de faire cavalier seul. La France est enchaînée au pire des traités, l'Otan, bras armé des Etats-Unis, dont nos forces militaires en sont leur Légion étrangère.

Est-ce à dire que la Maison Blanche a choisi le sentier de la guerre ?

Le peuple américain ne prend pas ce chemin.

Washington: dimanche 19 février, la colère du Bloc populaire* veut faire taire la guerre.
Mais pourquoi le pouvoir aux  USA s'oriente-t-il dans cette direction ?

*  Bloc populaire : Alliance entre organisations pacifistes et des Libertariens

**Le Parti libertarien, classé à droite, se veut une alternative aux partis démocrate et républicain. Les partisans de ce libertarianisme souhaitent une plus grande liberté personnelle. Le Parti libertarien défend des positions très anti-étatistes et veut réduire considérablement le poids de l'État.

JEAN


Retraites : Macron perd le nord - JT du jeudi 16 février 2023 - YouTube

Brigitte Macron, le Baron David de Rothschild et Emmanuel Macron, en février 2016. © EREZ LICHTFELD/SIPA

Le Figaro :

Macron sur les retraites :

«Les oppositions n'ont plus de boussole et sont totalement perdues»

Soyons rassurés, Macron, lui, n'a pas perdu sa boussole : les milieux  financiers. 

Ceux-ci l'ont repéré en 2012. Ils  feront sa carrière. 

Jacques Attali se vante de cette bonne prise

« Emmanuel Macron ? C’est moi qui l’ai repéré. C’est même moi qui l’ai inventé. Totalement. A partir du moment où je l’ai mis rapporteur où il y avait Tout-Paris et le monde entier et où je ne l’ai pas éteint, il s’est fait connaître. C’est la réalité objective. » 

Le propos empreint de modestie est attribué à Jacques Attali dans l’ouvrage d' Anne Fulda, et intitulé  "Emmanuel Macron, un jeune homme si parfait".

Jacques Attali à la tête d’une commission en charge de plancher sur la « libéralisation de la croissance française » a donc repéré Emmanuel Macron. 

Quelques mois après cette expérience, Emmanuel Macron se met en disponibilité de la fonction publique et, en 2008 devient banquier d’affaires, en tant qu'associé-gérant chez Rothschild & Cie…adoubé et recommandé non seulement par Jacques Attali mais également par Serge Weinberg, président de Sanofi. 

Très vite, avec un tel Curriculum Vitae, ,Macron, qualifié par David de Rothschild de " Mozart de la Finance", franchit les échelons de la politique : secrétaire-général adjoint de l'Elysée, chargé de l'Economie, avec François Hollande, élu président en 2012. Celui-ci le nomme ministre de l'Economie, en 2016.

Depuis plus de onze ans, l'ancien banquier supervise donc l'économie française. Et chacun peut apprécier dans quel état celle-ci est devenue.

Et chapeau, Macron a bien gardé sa boussole...

 

JEAN LEVY

 

 
  • Socialisme et communisme en Amérique Latine 

 

et l'Église catholique est "une mafia"
 
Mercredi 22 Février 2023

[Note] Étant profondément athée, il ne s'agit pas de faire la promotion d'une religion, mais bien d'analyser le rôle que joue une religion dans les processus révolutionnaire et contre-révolutionnaire.

Il faut lire la note comme un antagonisme entre d'un côté un Christ révolutionnaire et de l'autre une institution (l'Église catholique) contre-révolutionnaire. Le socialisme au Nicaragua tire ses racines des luttes anticoloniales, anticapitalistes et du christianisme.

Article et traduction Nico Maury (Blog de Nicolas MAURY . Perspective Communiste)


"Le socialisme est le christianisme" et l'Église catholique est "une mafia"
Une déclaration du Président du Nicaragua, Daniel Ortega, a attiré mon attention, car elle porte sur la question du christianisme et de la révolution et donc de l'apport de la théologie dans les processus révolutionnaires en Amérique Latine.

Dans un contexte de fortes pressions internationales, visant à renverser, y compris par la violence, les sandinistes au pouvoir, l'Église Catholique est mise en procès au Nicaragua. Loin de la propagande dénonçant une persécution des catholiques dans le pays, le christianisme est mis en avant comme outil révolutionnaire, en opposition à l'Église Catholique, un outil antidémocratique, maffieux et réactionnaire.

Mardi, le Président du Nicaragua a qualifié l'Église catholique de "mafia" et l'a accusée d'être antidémocratique pour ne pas permettre aux catholiques d'élire directement le pape, les cardinaux, les évêques et les prêtres. Lors d'un hommage au héros nicaraguayen Augusto Sandino (1895-1934), le président déclare que Jésus-Christ est ressuscité des morts pour le peuple et "non pas à cause de l'exemple des prêtres, des évêques, des cardinaux et des papes, qui sont une mafia".

L'Église catholique, outil d'oppression au service du capitalisme

Dans son discours, Daniel ortega pointe les "crimes quotidiens commis" par les dirigeants de l'Église catholique, notamment financiers et politiques. Il ajoute qu'il ne respecte "ni les rois, ni les papes, ni les évêques nicaraguayens.

Daniel Ortega rappelle que l'Église Catholique et sa hiérarchie ont combattu tous les processus révolutionnaires et les révolutions au Nicaragua. Elle a joué un rôle essentiel pour maintenir le système d'exploitation capitaliste et colonial dans ce pays d'Amérique centrale.

"Quel respect puis-je avoir pour les évêques que j'ai rencontrés au Nicaragua, ils étaient tous somocistes ! (Partisans des dictateurs nicaraguayens - ndlr). Lorsque j'étais enfant, lors des funérailles d'Anastasio Somoza García en 1956, les évêques ont enterré Somoza comme prince de l'Église, c'est-à-dire comme s'il était un cardinal de l'Église catholique". Il démontre ainsi l'importance du lien entre l'infrastructure et la superstructure qui régit un État capitaliste. Les grands propriétaires terriens, les capitalistes s'appuient sur l'Église pour maintenir leurs privilèges de classes.

Enfin, il dénonce le fonctionnement de l'Église Catholique. "Qui élit le Pape ? Combien de votes le Pape obtient-il parmi le peuple chrétien ?"

"On va parler de démocratie (...), il faudrait d'abord que le peuple élise les prêtres, puis les évêques, les cardinaux, et il faudrait qu'il y ait un vote du peuple catholique partout, au suffrage universel direct, pour le pape. Laissons le peuple décider et non la mafia qui s'organise au Vatican !", souligne-t-il.

"Le socialisme est le christinaisme"

Pour Daniel Ortega, mais aussi de nombreux révolutionnaires latino-américains, Jésus-Christ est une inspiration révolutionnaire. Il "ne s'habillait pas comme les évêques, encore moins comme les cardinaux ou le pape, et ne vivait pas non plus dans des palais comme les cardinaux et le pape".

"Ils disent que je suis communiste, et je l'ai dit à d'autres occasions quand ils m'ont fait remarquer : je suis un révolutionnaire grâce au Christ. Par le Christ, je suis devenu un révolutionnaire et puis, en tant que révolutionnaire, j'ai rencontré Marx et Engels".

Il insiste sur le fait que "le Christ est celui que je porte toujours dans mon cœur" et que le socialisme, que son gouvernement promeut, "est le christianisme et c'est ce que défendent les Nicaraguayens et le Front sandiniste de libération nationale".

Au Nicaragua, l'Église Catholique joue un rôle de contre-révolution. Elle est un outil pour renverser les sandisnistes (coup d'État de 2018) et ses dirigeants n'échappent pas aux sanctions qui découlent de leurs activités politiques de déstabilisation. Le 12 février dernier, le pape François a déploré l'emprisonnement de l'évêque Mgr Rolando Álvarez et l’expulsion de 222 "opposants" vers les États-Unis.