L’école primaire du djihad
par Hedy Belhassine
vendredi 2 juillet 2021, par Comité Valmy
L’école primaire du djihad
C’est un sujet qui met tous les hommes politiques dans l’embarras. Il est rarement documenté dans les médias. Il concerne pourtant le premier devoir de la République : celui de protéger les enfants de l’endoctrinement.
Il y a cinquante ans, l’état français considérait que l’immigration était un phénomène conjoncturel et que les travailleurs ayant fui leur pays par nécessité économique feraient le chemin inverse à la faveur d’un revirement de fortune. Dans la perspective d’une « réinsertion » dans leur pays d’origine, il était important que les enfants scolarisés sur le sol français ne perdent pas leur attache culturelle. Cette vision démagogique remporta un succès unanime auprès des capitales d’Afrique du Nord, de Turquie, du Portugal, de Yougoslavie… Ainsi naquirent les Enseignements de Langues et Cultures d’Origine ELCO. Le dispositif perdure. Il n’a pas été étendu à la Russie ni à la Chine. On comprendra pourquoi.
L’école du communautarisme
Dans la pratique, il permet à tout établissement d’enseignement public français d’accueillir un instituteur étranger chargé d’apprendre aux enfants la langue et la culture du pays de leurs ascendants à raison de deux heures par semaine. Les cours ont lieu en fin de journée ou le samedi matin. L’an dernier, une centaine de milliers d’écoliers dont 60 000 maghrébins de filiation ont suivi cette formation en option qui conforte les enfants dans leur authenticité et leurs racines mais aussi dans leur singularité et leur différence.
Ce dispositif dérogatoire autorise les ingérences étrangères dans l’éducation nationale car les maîtres sont sélectionnés et rémunérés par le pays d’origine. Ces enseignants ne présentent aucune garantie de compétence pédagogique et certains d’entre eux parlent à peine le français. Recrutés par copinage et payés à la vacation par le consulat, ils ne sont ni notés ni réellement contrôlés ou inspectés. Les programmes sont établis hors de France.
« Si la pratique des maîtres est à cet égard de bon aloi… l’attachement au pays d’origine, à son régime politique, à ses valeurs propres, et enfin aux valeurs de l’Islam, est constamment rappelé… » alarment les inspecteurs généraux Jean David et Bruno Levallois dans leur rapport au ministre de l’Éducation nationale en mars 2006. Ils tentent toutefois de nous rassurer « Aucun cas de manquement aux règles de la laïcité n’a été signalé par les inspecteurs d’académie » mais soulignent la difficulté d’organiser ces inspections car elles doivent obligatoirement être conduites par un binôme étranger et français, or notent-ils sans humour, les inspecteurs d’académie sont rarement arabisants !
Décryptage : on soupçonne ces maîtres d’écoles de diffuser la propagande du régime dictatorial qui les rémunère et de répandre un catéchisme islamiste.
La prétexte de la langue arabe
Critiqué par tous, ce dispositif aberrant, d’asservissement des enfants à l’école primaire, n’a jamais été aboli malgré les promesses répétées des candidats aux élections. "L’apprentissage de l’arabe au CP mènera droit au communautarisme" Bruno Le Maire (RMC/BFMTV) #BourdinDirect janvier 2016. Durant sa campagne électorale, Emmanuel Macron multiplia lui aussi, les belles envolées indignées. Las, à peine élu, il se contenta de faire concocter par son ministre une réforme à la marge dont le décret du 30 avril 2020 est un modèle de rhétorique grammaticale. Il reconnait que le dispositif des ELCO est « insatisfaisant », et le remplace par les EILE (Enseignements Internationaux de Langues Étrangères). C’est un faux-semblant qui ne change rien sauf à masquer le diable dans les détails de la formulation. C’est ainsi qu’un accord récent entre la France et la Tunisie prévoit en termes alambiqués que désormais : « Dans les écoles d’enseignement public en France, il peut être organisé, en coopération avec les autorités tunisiennes, et selon les conditions locales, un enseignement complémentaire de langue étrangère se rapportant à la langue arabe… par des enseignants sélectionnés par la Tunisie ». Il n’est plus question de culture d’origine mais de langue étrangère se rapportant à l’arabe. La belle affaire !
Le prétexte est commode : il s’agirait de pallier le déficit de professeurs d’arabe en France. On use du même motif pour importer des imams ! On feint toujours d’ignorer que le premier enseignement de l’arabe en France remonte à 1530 au Collège royal ( Collège de France) ; conforté par celui de l’École des langues orientales en 1795 ; propagé par l’Ecole Normale d’Instituteurs à Alger en 1865 ; consacré par la création de l’agrégation en 1906 et du CAPES en 1975. Il y a probablement aujourd’hui en France plus de savants dans cette langue que dans nombre de pays arabes. Mais depuis 40 ans, le ministère préfère sous-traiter plutôt qu’ouvrir largement les concours de recrutement dans la fonction publique pour l’enseignement d’une langue qui est la seconde de France.
La laïcité à l’école est menacée
On peut se demander si des instituteurs tunisiens, algériens, marocains, turcs dont la formation est pétrie de religion et dont toutes les copies d’examen rédigées dans leur pays commencent sous peine de « zéro » par la formule : « au nom d’Allah le miséricordieux »… sont qualifiés pour enseigner dans les écoles publiques françaises.
En Tunisie, les parents fortunés qui souhaitent donner une éducation laïque à leurs enfants n’ont d’autres choix que les établissements français de La Marsa et de Mutuelleville. Dans sa thèse, la sociologue Émilie Pontanier rapporte qu’un professeur d’arabe recruté localement qui s’était révélé prosélyte, a été limogé sous la pression d’une association de parents d’élèves tunisiens musulmans, « farouches défenseurs d’une liberté menacée ». Toutes les observations de ces dernières années documentent que la formation des maîtres et des élèves en Tunisie est une insidieuse école de la bondieuserie. Cette islamisation rampante de la jeunesse n’est d’ailleurs pas spécifique à ce pays.
Dans le quotidien Liberté-Algérie, l’écrivain Amin Zaoui s’insurge : « L’école algérienne est une sorte de bivouac toléré pour l’endoctrinement idéologique, fanatique, perpétuel….Aujourd’hui, la guerre contre l’islamisme…est avant tout une guerre pédagogique…On ne peut mettre fin à l’islamisme fanatique sans une vraie révolution dans l’école et pour l’école. »
Un séparatisme islamiste assumé
Alors que l’islamisme se propage en France, les pouvoirs publics tergiversent. Le danger de contamination des jeunes consciences est éludé car politiquement il n’y a que des coups à prendre. La droite est à l’offensive calculée, la gauche défend les immigrés, les syndicats ont la tête dans le sable. Les collectivités territoriales, en particulier les mairies qui gèrent les locaux et les servitudes scolaires ne veulent pas se mettre les parents d’élèves à dos. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin observe « Petit à petit, la contagion islamiste gangrène nos quartiers sous la férule d’élus tantôt résistants tantôt collaborateurs. » (Le séparatisme islamiste éditions de l’Observatoire 2021). Dans son opuscule, le ministre des cultes ne mentionne pas les ELCO/EILE ; sans doute pour ne pas empiéter sur le domaine de son collègue de l’éducation nationale, lequel lui sert la réciproque. Lucide mais bras ballants, Darmanin se débarrasse de la patate chaude en jouant au Mistigri.
Des députés ont bien à plusieurs reprises réclamé une commission d’enquête. Elle a chaque fois été repoussée par la majorité parlementaire au motif que « si des problèmes d’ordre pédagogique ou organisationnel se posent pour les enseignements de langues et cultures d’origine, il revient aux inspecteurs d’académie de faire respecter les dispositions en vigueur ». C’est pas moi, c’est l’autre !
Le quai d’Orsay - qui s’occupe surtout de commerce extérieur - est aux abonnés absents. Il n’ose plus évoquer la suppression du dispositif ELCO/EILE depuis que les capitales d’Afrique du Nord ont clairement laissé entendre qu’elles pourraient en rétorsion « nationaliser les lycées français » installés sur leur sol. La Francophonie serait pareillement menacée ! Alors l’Élysée - domaine réservé de la Françafrique - a sans témérité, décidé de mettre un mouchoir sur les principes républicains. Le pouvoir feint d’ignorer les menaces graves que ce dispositif fait peser sur la sécurité du pays car le danger d’endoctrinement est réel pour ces enfants de 6 ans, âge où tout se joue.
Une seule question
La plupart des 600 instituteurs d’arabe nommés par l’étranger sont probablement de braves musulmans ; mais s’il n’est qu’un seul Satan parmi eux, qui le détectera, qui le dévoilera, qui cafardera le pervertisseur d’âmes des petits enfants ? Dans tous les pays arabes, religion et langue sont d’État. Au fil des ans, sous la pression insidieuse des salafistes, la langue arabe s’est liturgisée. Protéger l’école laïque contre ce prosélytisme est la priorité de toutes les urgences républicaines. Parmi la trentaine de djihadistes-tueurs qui ont semé la terreur en France au cours de ces six dernières années, combien avaient fréquenté les ELCO dans leur enfance ? C’est la seule question qu’il faut poser.
hyb.hedy@gmail.com
mercredi 30 juin 2021
https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/174000080.pdf
https://www.cairn.info/revue-education-et-societes-2014-1-page-63.htm
https://www.liberte-algerie.com/chronique/lecole-est-le-plus-grand-parti-islamiste-en-algerie-522
https://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1618.asp
https://hybel.blogspot.com/2013/10/larabe.html
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