mercredi 5 avril 2023

Espagne et Pays Basque

La ministre espagnole du Travail, Yolanda Diaz (PCE/IU), a lancé dimanche sa candidature pour devenir la première femme Première ministre du pays lors d'un événement massif à Madrid.

Article et traduction Nico Maury


Yolanda Diaz veut devenir la première femme Première ministre d'Espagne
Devant plus de 3000 personnes réunies dans le Centre sportif Magariños de Madrid et 2000 bloqués à l'extérieur faute de place, Yolanda Diaz a lancé la campagne des élections législatives.

"Aujourd'hui, je crois que je peux être utile à notre pays. Aujourd'hui, je vais faire un pas en avant." Et sous les applaudissements, elle déclare : "Je veux être la première Présidente* de ce pays".

C'est sous les couleurs de Sumar (Unir), une coalition large dépassant les cadres de l'alliance entre Podemos et Izquierda Unida que la ministre du Travail engage sa campagne. La vice-présidente du gouvernement précise que le programme de Sumar se veut un programme de classe et féministe, construit par la base, et pendant 9 mois de rencontres locales et sectorielles.

Elle bénéficie du soutien des maires de Barcelone (Ada Colau), du maire de Valence, d'Alberto Garzón (ministre et dirigeant d'Izquierda Unida), d'Enrique Santiago, Secrétaire général du Parti Communiste d'Espagne (PCE) et des militants écologistes, LGBT et féministes.

Les grands absents de la rencontre, Podemos.

Ni le secrétaire général de Podemos, la ministre des Droits sociaux, Ione Belarra, ni la ministre de l'Égalité, Irene Montero n'ont fait leur apparition, après l'échec des négociations sur le format des élections primaires internes de Sumar.

Pablo Iglesias, qui exerce toujours une influence considérable sur Podemos a critiqué à plusieurs reprises les actions de Yolanda Diaz pour ce qu'il décrit comme son intimité avec le Parti socialiste et son incapacité à se positionner sur des questions telles que l'envoi d'armes en Ukraine.

On ne sait toujours pas si Podemos rejoindra Sumar ou présentera des listes indépendantes. Les élections locales et régionales du 28 mai seront un test pour connaitre les rapports de force entre les deux organisations.



*Présidente du gouvernement : Première ministre
 
Mercredi 5 Avril 2023

La ministre espagnole du Travail, Yolanda Diaz (PCE/IU), a lancé dimanche sa candidature pour devenir la première femme Première ministre du pays lors d'un événement massif à Madrid.

Article et traduction Nico Maury


Faut il payer les gens à travailler, ou gratuitement?

3 Avril 2023 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Economie, #GQ, #Qu'est-ce que la "gauche", #Théorie immédiate, #Mille raisons de regretter l'URSS

Faut il payer les gens à travailler, ou gratuitement?

Travail ou allocs ?

Salaire ou revenu universel ?

Voilà qui mérite un examen approfondi !

Il s’agit effectivement de deux perspectives économiques et sociales très opposées.

La fin du travail, postulées par les gauchistes culturels et politiques dont la pointe avancée étaient les situationnistes, dès les années 50 et 60, est l’horizon voire même le présent qui est impliqué dans la revendication du revenu universel (et de ses variantes). Le droit de vivre sans travailler, dont disposent déjà les rentiers et les riches, étendu à tous. Avec un revenu suffisant (déterminé comment?). Avec le risque évident d’aboutir non au pays de Cocagne mais à un compromis sur un revenu de survie ou même inférieur à cela.

La plausibilité d’un tel système paraît d’ailleurs géopolitiquement très faible, dans un ordre mondial où le modèle socialiste de collectivisation des moyens de production, d’économie planifiée, et de droit au travail réalisé, rivalisant avec le capitalisme, fourni par l’URSS et ses alliés (RDA, etc) a quasiment disparu, sauf à Cuba et en RPD de Corée, où il est miné par les blocus et les sanctions.

Pour convaincre la bourgeoisie de payer assez d’impôts pour financer un revenu universel pour que les pauvres puissent vivre sans travailler, il faut que la bourgeoisie y trouve son intérêt, et ce qui était incontestablement le cas de 1920 à 1980, environ, quand ce contre-modèle existait à l’échelle mondiale, ne l’est manifestement plus.

Elle avait intérêt à utiliser la redistribution partielle des richesses sociales pour démotiver politiquement et déstructurer la classe ouvrière et pour l'éloigner du contrôle des moyens de production, et des quartiers centraux de grandes villes aussi. Ce n’est plus guère le cas aujourd’hui où les mouvement sociaux sont retombés à un niveau d'organisation et de conscience comparable aux jacqueries d’Ancien Régime, comme celui des Gilets Jaunes, et où ils s’effondrent sous leur propre poids, comme des soufflés. Donc quelque soient les interpellations colériques de JL Mélenchon, la bourgeoisie ne paiera pas la facture du revenu universel. Mais pas de panique. Elle continuera comme avant à entretenir les rangs improductifs d’une petite bourgeoisie du gauche, et gauchiste, qui a fait la preuve de son incapacité sociale politique à prendre le pouvoir « à la finance » et de son aptitude à inventer chaque jour une nouvelle idée pour diviser la classe ouvrière sur des questions identitaires.

Mais à supposer que ce soit économiquement et politiquement possible, et quelque soit le montant du revenu ainsi concédé, de vivre sans travailler, si la richesse est produite par le travail, ça signifie que quelqu’un d’autre travaille pour vous. Si on est marxiste, et même si on n’est que libéral ricardien.

Donc la base philosophique de la gauche anti-travail est anti-marxiste, elle contient l’hypothèse, explicitement formulée ou non, que le travail ne produit pas, ou ne produit plus, la valeur. En général, quand on le demande des explications aux partisans de cette solution ils supposent que ce sont les machines qui le font . Que la valeur, de toute manière, est subjective. Voire que c’est la nature-mère qui y pourvoira généreusement, si on sait la concilier avec les gestes qu’il faut.

Si on pense que le point de vue ricardien-marxiste est toujours le bon et que toute valeur en dernière analyse est produite par le travail (et toute les richesses par le travail et par la nature) on dira que la revendication du revenu universel est un leurre, ou pire encore une trahison : une aristocratie plébéienne des métropoles impérialistes va se mettre à vivre sur le dos des travailleurs exploités du Tiers Monde, voire sur le dos des travailleurs immigrés sans-papier à domicile, en se faisant livrer des pizzas par Uber Eats.

Si un revenu universel risque d’être de toute manière insuffisant, il risque aussi d’être moralement dégradant dans une société où l’estime de soi passe par travail, qui est l’insertion concrète de l’individu dans la collectivité. Sinon, l’estime de soi dans les masses ne pourra être atteinte que par la possession de la richesse monétaire et par la consommation d’ostentation, et on comprendra immédiatement qu’aucun revenu universel n’y suffira jamais.

Seul un système de valeur basé sur la reconnaissance morale du travail peut faire du revenu, apporté par ce travail, un revenu suffisant pour satisfaire les besoins matériels et intellectuels. Car dans le capitalisme contemporain, basé sur la loi du désir, l’unique besoin réel est finalement celui d’avoir plus d’argent que tous les autres et de pouvoir le montrer.

Mais qu’en est-il de la réalité observable dans les pays socialistes qui ont réalisé concrètement le droit au travail, le plein emploi, en collectivisant les moyens de production, et en planifiant l’économie ? Et qui ont donc effectivement résolu le dilemme qui nous occupe ici.

La conclusion souvent inférée des difficultés économiques rencontrées par le socialisme à partir de 1970 environ, c’est qu’une telle organisation économique ne stimulait pas du tout la productivité. Cette observation mérite d’être révisée, le bilan du socialisme tel qu’il a été établi par ses adversaires, qui sont partout dans la culture, les médias, les institutions, etc ., n’est évidemment pas fiable du tout.

On a dit aussi que le plein emploi socialiste était un plein emploi factice où la plupart des salariés ne travaillaient pas véritablement. En somme les citoyens de base du bloc socialiste auraient vécu d'allocations maquillées en salaire et ne travaillaient plus. Avec le recul, si on examine les performances sociales et économiques de l'URSS et des pays socialistes sur le temps long, il  s'agit là d'une manifeste distorsion du réel, extrapolée à partir des récriminations qu'on entendait à l'époque dans les rangs de la bureaucratie, mais elle témoigne en effet d'une crise de motivation qui s'est développée surtout chez les cadres et dans "l'intelligenstsia" à partir des années 1970, et dont la racine fondamentale est dans une perte de moral, dont la raison doit être recherchée dans le processus arbitraire de la déstalinisation lancée par Khrouchtchev, qui a détruit la foi en la valeur du système socialiste, et qui a petit à petit miné le désir des masses de s'investir dans le travail au service du socialisme.

Si les cadres du socialisme ne croient pas au socialisme, comment demander aux masses de le faire?

Cependant, considéré dans les résultats d'ensemble les sociétés socialistes ont été très productives, pour ce qu'il est de réaliser leurs tâches prioritaires qui s'imposaient nécessairement à elles : développer l’instruction, la science, l'industrie de base, et la puissance militaire pour résister au fascisme et à l'impérialisme.

Mais si on s’en tient aux lieux communs et à l’opinion générale qui sont restées dominantes après le reflux mondial du socialisme dans les années 1990, la leçon de l'histoire, ou de la "fin de l'histoire" serait que pour rendre plus productifs les travailleurs, qui seraient congénitalement paresseux, il faudrait les exploiter impitoyablement, il faudrait qu'ils se sentent dans la nécessité permanente de travailler pour leur survie et cela, et non à leur gré mais au gré de leur employeur. Et lorsque leur employeur est l’État, ou un monopole, il faudrait pour les réveiller aligner leurs conditions de travail sur celles des travailleurs les plus précaires.

Alors ce n’est pas très étonnant si aujourd’hui on entend dire partout qu’il y a un rejet populaire du travail, une épidémie mondiale de démission, et un rejet viscéral de l’ennui, et contradictoirement du stress, de la vie en entreprise. Il y a gros à parier que ce mouvement ne sera que provisoire, car il n’est vraiment pas durable et soutenable, comme on dit aujourd’hui.

Il est vrai qu’il existe une importante couche sociale intermédiaire, qui existe dans les pays métropolitains du capitalisme, mais pas seulement dans ceux là, qui peut sans doute survivre sans produire grand-chose pendant assez longtemps, peut être pendant deux générations, sur la richesse sociale accumulée par le travail passé et par l’impérialisme actuel.

Mais le but ce n’est pas de vivre sans travailler, ou de ne travailler qu’à ce qu’on « aime faire »  et quand on a envie de le faire. Le but est de s’accomplir dans le travail et d’obtenir la reconnaissance qui n’est finalement donnée qu’à ceux qui sont socialement utiles. Quelque soit ce travail, et en sachant que tout travail réel est difficile puisqu'il doit affronter la résistance du matériaux - et de la durée.

Le travail manuel, dangereux, pénible, salissant, fatigant, ennuyeux, celui qui met au contact de la laideur, des déchets et de la souffrance sont idéologiquement dévalorisés et du coup réservés de plus en plus exclusivement aux immigrants, dans la droite logique de la division du travail mondiale imposée par l’impérialisme. Mais ces professions et ces fonctions stigmatisées dans une logique de caste qui n’est finalement pas très différente de celle qui est codifiée dans la culture de l’hindouisme (à cause d’un fond culturel indo-européen partagé par tout l'Occident?) ne sont dévalorisantes en fait que dans une société qui glorifie la fréquentation des mythes et des idées considérées en soi pour la distinction sociale qu'elles procurent, et qui pratique un éloignement obsessionnel de la nature et du contact concret avec la matière. Une société qui déifie la technologie tout en la haïssant.

Si je pars de mon expérience personnelle, je n’ai pas choisi mon travail d’enseignant du second degré, je m’y suis adapté malgré les difficultés, et je m’en suis bien trouvé. La très grande majorité des gens se retrouve dans ce cas. Elle exerce des professions ou des fonctions dont elle ne connaissait même pas l’existence à l’époque où on lui demandait de choisir sa voie, dont elle n’avait pas rêvé et pour laquelle elle n’avait jamais eu le moindre désir, et pourtant elle s’en accommoderait très bien, si elles procuraient une meilleure rémunération et davantage de respect social.

La productivité du travail social est largement liée à cette reconnaissance psychologique que ne peut pas donner la société bourgeoise, puisque le but réel des individus qui réussissent dans cette société est en règle générale d’atteindre à la vie parasitaire et oisive des anciennes classes de rentiers, suivant en cela un modèle aristocratique de civilisation bien antérieur au développement du capitalisme. De ce point de vue, ce mode de production pourrait bien n’être d’ailleurs à l’échelle de l’histoire longue qu’un système transitionnel entre féodalisme et socialisme, dont les vices privés sont transformés en vertus publiques par la magie de l’idéologie.

Certes les salariés du capitalisme déclinant travaillent dur, mais ils consacrent paradoxalement une part considérable et croissante de ce travail à la reproduction directe et indirecte de leur propre force de travail, et aussi au maintien de leur position, aux dépens de celle de leurs collègues, dans l’univers interne impitoyable, absurde et anarchique de l’entreprise capitaliste, ou à tenter d’accomplir les injonctions paradoxales de leurs chefs dans les décombres des services de l’État bourgeois. Il pratiquent ainsi un travail au produit négatif en terme de valeur et leur productivité finale est dans bien des cas inférieure à zéro. D'où l'illusion croissante que l'on pourra se passer du travail complètement, que "le seuil de l'abondance est franchi" comme disait Debord.

C'est une idée complètement en dessous de toute critique. et le réel fera retour pour dissiper définitivement ces illusions.

 

 

 

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

capture d'écran

capture d'écran

Laurent Brun, 37 ans, secrétaire général de la CGT-Cheminots, a été élu au Bureau confédéral de la CGT lors du 53e congrès tenu à Clermont-Ferrand du 27 au 31 mars. Il s'exprime sur sa page Fb:

Après un peu de repos, bien nécessaire, je remercie tous les camarades qui m’ont envoyé un petit mot. Je ne peux pas répondre à tout le monde mais ça fait chaud au cœur.

Je retiens deux choses de la période :

- Le congrès confédéral a été d’une très haute teneur. Il y a eu des débats vifs, parfois même des affrontements, les délégués ont voulu signifier leur mécontentement en ne validant pas le rapport d’activité, ils ont largement réécrit le document d’orientation en votant leurs amendements, et tout cela donne un message cohérent et puissant : nous voulons le rassemblement de la CGT, sur des bases de luttes, sur un positionnement de classe, en intégrant les enjeux de l’environnement et de la lutte contre toutes les divisions de la société, en particulier les discriminations femmes-hommes, en réaffirmant les fondamentaux de la CGT, son caractère internationaliste, ses syndicats comme orga de base, le rôle de ses UL, le fédéralisme, etc… Il s’est exprimé une énorme aspiration a la démocratie en interne comme dans le pays… bref des orientations de combat, de détermination ! Ça fait du bien et il faudra beaucoup d’efforts pour en être dignes !

Bravo à Sophie Binet, nouvelle secrétaire générale de la CGT ! Elle n’a pas été élue parce que c’est une femme, mais bien parce que c’est une dirigeante et qu’elle a su écouter et rassembler l’organisation.

Le Bureau Confédéral dont je fais désormais partie sera avec elle pour construire cette CGT forte, ouverte, joyeuse et combattante que nous aimons !

- Ensuite je vois les gesticulations du Gouvernement pour passer outre le débat sur la réforme des retraites. Les bassines, la fin de vie, tout est bon pour passer à autre chose. Ne laissons pas faire ! Merci aux partis politiques (PCF, LFI, EELV) qui ont annoncé qu’ils ne rencontreraient pas la Première Ministre Elisabeth Borne sur autre chose que les retraites (elle les avait convoqué sur les futures réformes, toujours dans l’optique de passer à autre chose). La CGT se rendra à la réunion de mercredi pour recevoir l’annonce du retrait de la réforme. Il n’y aura ni discussion d’autres sujets, ni tractation de notre part. Depuis 3 mois, le pays est dans une crise sociale sans précédent, provoqué par le Gouvernement. Il est temps que celui-ci revienne à la raison. Le Gouvernement mise sur la résignation mais la colère monte contre lui dans l’opinion publique et les salariés ne se sont pas autant impliqués pour finalement baisser les bras. Nous devons être MASSIVEMENT mobilisés jeudi 6 avril dans les grèves et dans les manifestations, pour montrer qu’il n’y a pas d’autres issues pour le Gouvernement que de retirer cette réforme inutile et injuste !

La lutte continue !

 

Macron le petit ?

Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur (Beaumarchais).

Monsieur Emmanuel Macron est un homme de taille moyenne, aux yeux bleu acier : il a le clin d’œil facile voire complice, le regard déstabilisant voire fuyant, et le sourire insincère voire carnassier. C’est un orateur banal, au charisme surfait, un personnage sans grande culture, capricieux, théâtral et vain. Certes, ce cerveau est trouble, certes, ce cerveau a des lacunes, mais on peut y déchiffrer plusieurs pensées suffisamment enchaînées. Monsieur Macron a une idée fixe : en même temps. Il sait ce qu’il veut, et il y va. À travers les ordonnances, à travers la loi, à travers la constitution, à travers la raison, à travers l’intérêt général, à travers le Peuple lui-même, soit, mais il y va. Ce n’est pas un idiot, non. C’est tout simplement un homme d’un autre temps que le nôtre, bien qu’il parlât un jour de start-up nation. Il semble absurde et fou parce qu’il est seul, sûr de lui, forcené, déconnecté, d’aucuns diront hors-sol : est-ce à dire que demeurer à l’Élysée tourneboule à ce point les esprits non aiguisés ?

Monsieur Macron se laisse volontiers entrevoir progressiste. Il sent qu’il y a là pour lui une sorte de champ politique suffisamment vague, exploitable pour son ambitieux projet. Alors il ne s’exprime pas, il communique, il prêche, pour le dire simplement, il ment. Cet homme ment comme les autres hommes respirent. Il annonce une intention honnête, prenez garde ; il affirme, méfiez-vous ; il fait un serment, tremblez. Machiavel fait encore des petits : ce fondé de pouvoir des banques est un de ses rejetons.

Dans ses basses manœuvres, dans la sape minutieuse du programme du Conseil National de la Résistance, il a besoin de seconds couteaux, de collabos. Il les trouve. Aujourd’hui il en est environné : ces individus lui font cour docile et cortège ordonné prompts à ânonner les fameux éléments de langage ; ils mêlent leur coupable incompétence à sa mégalomanie pathologique. Monsieur Macron a pour son éminence grise l’oreille attentive ; il a pour les cabinets privés les portes du palais grandes ouvertes. C’est dire si la Chose publique est vraiment étrangère à son affaire. Incapable d’assumer ses erreurs, ses échecs, il en vient à déverser sa bile en petit comité. À certaines époques de l’Histoire, il y a des pléiades de grands personnages ; à d’autres époques, manque de chance, il y a des pléiades de coquins.

Monsieur Macron a réussi, grâce à la main invisible du marché. Il a pour lui l’argent, la finance, la bourse, les mass-media, les forces de la répression et tous ces politiciens qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a qu’à enjamber, non pas le Styx, mais le minuscule ru de leur conscience.

Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si insignifiant, et qu’ensuite on mesure les conséquences de ses actes et qu’on le trouve si extraordinaire, il est impossible que l’esprit n’en éprouve pas quelque surprise, pas quelque répulsion. On se demande : diable ! comment a-t-il fait ? On décompose le personnage et l’action, on ne trouve au fond de l’homme et de son procédé que deux choses : l’autoritarisme et la violence, le tout habillé d’un narratif formaté jusqu’à l’outrance, jusqu’à se vautrer dans la post-vérité. Grâce à lui, la démocrature étend, toujours plus, ses tentacules sanitaires, arbitraires, ses bras sécuritaires, réactionnaires, ses brigades antisociales, et ses réseaux algorithmiques.

Soyez tranquilles, l’Histoire tient déjà notre homme. Qu’il n’aille pas s’imaginer, parce qu’il a décrété régression sociale sur régression sociale, qu’il a ordonné répression sur répression qu’il se hissera jamais à la hauteur des grands scélérats historiques. Quoiqu’il ait commis des forfaitures énormes, il restera mesquin. Il ne sera jamais que le bâillonneur nocturne de la Liberté, que l’éborgneur compulsif de la Démocratie à coup de LBD, que le sapeur pyromane des conquis sociaux à coup d’ordonnances et de 49.3, qu’un serviteur de second rang de l’Oncle Sam, que l’inconséquent fossoyeur de la diplomatie française, que l’irrationnel confineur d’un peuple, que, de la Nation, le Père Imbu qui multiplie les conseils de défense ubuesques.

L’acabit de l’individu se refuse de fond en comble à la grandeur, et cela même dans l’infamie. Président, il est tellement triste sire qu’il en devient inconsistant sur la scène internationale. Déjà sa prise de fonction ne fut qu’une comique intronisation, qu’une ridicule mise en scène théâtrale qui confine au tragique a posteriori. Faire hausser les épaules au genre humain, c’est finalement sa destinée.

Que voulez-vous que l’historien fasse de ce sinistre personnage ? L’historien ne pourra que le mener à la postérité par l’oreille, comme un enfant mal élevé pris à chaparder : il se rêvait en monarque républicain, le voilà en roi Midas. Quand certains, qu’ils soient illustres ou inconnus, font l’Histoire, la petitesse du méprisant de la République n’œuvre qu’à défaire la grandeur d’un pays pour quelques amis privilégiés.

Quand des défis, des changements de société se profilent, quand l’extractivisme nous entraîne dans l’abîme, quand le capitalisme financier joue à la roulette russe avec nos existences, quand une guerre est menée jusqu’au dernier Ukrainien et que d’autres conflits plus anciens sont ignorés, quand un Monde multipolaire se dessine enfin et que l’Occident croit encore pouvoir s’y opposer, cet homme-là n’est en rien l’homme de la situation, mais en tout un problème : ni l’homme du présent, encore moins celui du futur, mais en tout l’homme dépassé par un peuple révolté. Une fois dépouillé de l’apparat, le piédestal ôté, les ors et les remparts de la République éloignés, la poussière retombée, le pauvre petit être mis à nu et grelottant, peut-on s’imaginer rien de plus chétif, rien de plus piteux ? La déréliction sera sa destinée : déjà, le minable microcosme politique bruit de l’impatience de futurs prétendants. Bien sûr, son avenir pécuniaire est bien assuré : quelques âmes charitables veilleront à récompenser, comme il se doit, ce loyal et dévoué serviteur.

Monsieur Macron, vous n’êtes qu’un insigne ambitieux en service commandé ; vous visiez haut assurément, mais il faut bien vous dire la vérité : c’est raté ! La Roche tarpéienne reste toujours proche du Capitole. Eh bien ! que voulez-vous que nous y fassions ? Vous avez eu beau martyriser le peuple de France, vous avez eu beau le mépriser, le surveiller avec vos drôles, avec vos drones, le confiner, le vacciner de gré ou de force, le gazer avec insistance, le ficher comme dans les pires heures, vous avez eu beau suspendre, emmerder les gaulois réfractaires par caprice, votre nom sera associé, à jamais, à une infâme félonie.

Pour ce peuple de France que vous avez réprimé avec assiduité, pour tous ces gens qui ne sont rien à vos yeux, pour toutes ces années de sévices, votre épitaphe est déjà toute trouvée : « Ci-gît Macron le maudit ».

D’après Victor HUGO, Napoléon le petit.

La ligne rouge nucléaire de Poutine

mercredi 5 avril 2023 par Manlio Dinucci

“La Russie déploiera ses armes nucléaires tactiques en Biélorussie à la demande de Minsk” annonce le président Poutine. “En réalité -clarifie-t-il- nous sommes en train de faire tout ce que les États-Unis font depuis des décennies”.

Moscou souligne que les États-Unis ont placé leurs armes nucléaires tactiques en Europe, dans six pays de l’OTAN : Italie, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Turquie et Grèce (en Grèce il n’y en a pas actuellement, mais il y a un dépôt prêt à les recevoir).

Les bombes nucléaires B61, qui en Italie sont déployées dans les bases d’Aviano et Ghedi, sont à présent remplacées par les nouvelles B61-12, que l’US Air Force est déjà en train de transporter en Europe. Elles ont des caractéristiques qui les rendent beaucoup plus létales que les précédentes : chaque bombe a 4 options de puissance en fonction de l’objectif à toucher, elle est dirigée sur l’objectif par un système de guidage satellitaire et peut pénétrer dans le terrain pour détruire les bunkers des centres de commandement ennemis.
Probablement les USA déploieront-ils aussi les B61-12 en Pologne et autres pays OTAN encore plus au bord de la Russie.

Trois puissances nucléaires de l’OTAN -USA, Grande-Bretagne et France- et quatre pays OTAN dotés d’armes nucléaires étasuniennes -Italie, Allemagne, Belgique et Pays-Bas- participent à l’opération Baltic Air Policing dans l’espace aérien de Lettonie, Lituanie, Estonie et Pologne, avec des avions qui peuvent transporter des armes nucléaires tactiques.

Outre ceux-ci, des bombardiers stratégiques B-52H de l’US Air Force effectuent des missions d’entraînement à la guerre nucléaire dans la région de la Baltique et dans d’autres zones européennes limitrophes au territoire russe.
Les Alliés européens ont mis à disposition 19 aéroports pour ces missions. Les États-Unis, après avoir déchiré le Traité FNI, préparent en outre des missiles nucléaires à portée intermédiaire à déployer en Europe.

À ce déploiement offensif s’ajoutent les bases et navires du système de “défense de missile” Aegis déployés par les USA en Europe. Les navires comme les installations terrestres Aegis sont dotés de lanceurs verticaux Mk 41 de Lockheed Martin qui -documente le constructeur même- peuvent lancer non seulement des missiles intercepteurs mais aussi des missiles de croisière armés de têtes nucléaires.

Après que USA et OTAN ont repoussé les propositions russes pour arrêter cette escalade nucléaire de plus en plus périlleuse, la Russie répond par les faits, en déployant en Biélorussie, en position rapprochée par rapport aux bases USA-OTAN en Europe, des bombes nucléaires et missiles à portée intermédiaire prêts à être armés de têtes nucléaires.

 


Marlène Schiappa : des réseaux sociaux et du pillage des fonds publics

Alors qu’à la suite de l’enquête du magazine Marianne et “l’Oeil du 20 heures” de France 2 des doutes sérieux sont émis sur ce qui est doublement un scandale. Un Fonds contre la radicalisation sur lequel on ne peut qu’avoir des doutes sur l’usage des 2 millions d’euros alloués vu le traitement opaque des bénéficiaires. Double scandale puisqu’on a utilisé l’émotion publique pour rétribuer des gens qui prétendaient défendre les valeurs républicaines en ligne après l’assassinat de Samuel Paty et sont effectivement bien connus pour leur prises de position mais y voient rétribution. Certaines associations lauréates ne semblent en effet pas correspondre à la mission du fonds. Marlène Schiappa est directement mise en cause. C’est très grave et bien digne de ce pouvoir qui ne cherche qu’à diviser les citoyens, provoquer plutôt qu’effectivement créer les conditions du respect des valeurs républicaines. Mais cela ne nous interdit pas non plus de nous interroger sur la manière dont sont effectivement utilisés les réseaux sociaux pour désamorcer ce genre de scandale et comment certains par pure imbécilité se prêtent à cette manipulation. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Le scandale tel qu’il se découvre dans l’enquête de Marianne porte d’abord sur la manière dont des gens ont utilisé la mort de ce pauvre innocent qu’était Samuel Paty en 2021, en créant un fond qui leur permettait de surfer sur la vague de l’émotion publique et de s’en mettre plein la lampe. Marlène Schiappa était alors ministre déléguée chargée de la citoyenneté. Cela revient de fait à montrer comment le pouvoir et ceux qui en vivent transforment la politique en fait divers pour manipuler à leur gré l’opinion publique, ce qui doit être dénoncé comme un mode de gouvernement qui jouit de complicité, d’influenceurs qui lancent les thèmes qui leur conviennent. Il y a là tout un milieu qui ne vit que d’affrontements secondaires et fausses indignations tandis que d’autres leur répondent par des provocations vulgaires qui sont sensés faire peuple et tout ce monde des réseaux sociaux joue la partition qui convient au pouvoir, ne voit plus ni l’exploitation ni la guerre et papote sur la partition du moment, rapidement oubliée.

Le fonds baptisée Marianne comme il se doit, pour dire que la République était bonne fille pour ceux qui savaient flatter les puissants de l’heure, il avait mission de soutenir les associations luttant en ligne pour les valeurs républicaines – et bien sûr contre le cyber-djihadisme. C’était un moyen de contrer le fondamentalisme en ligne, dont on estimait qu’il avait joué un rôle central dans l’assassinat du professeur en 2020. En fait, ces gens là comme le pouvoir de Macron qui est lui même né d’une manipulation de la crédulité et que l’on a lancé comme une marque de savonnette ne sont que des pantins jouant de ce lien permanent entre médias et réseaux sociaux. C’est le fonctionnement de LCI où Bouygues nous vend la guerre en Ukraine grâce à une bande de spécialistes rétribués, le fonctionnement d’émission comme C dans l’air et tant d’autres.

Les révélations du journal Marianne et de L’Oeil du 20 heures de France 2 portent directement sur l’usage de ce fonds de plus de 2 millions d’euros par les pouvoirs publics. Ce qui signifie qu’il y a un personnel rétribué pour utiliser les passions suscitées autour de ce qui peut provoquer l’émotion, on peut ainsi mettre sur le même plan ou tenter de le faire : la réforme des retraites et l’affaire Palmade. Il y a des gens qui sont là pour tenter de canaliser une émotion qui retombe aussitôt et dont personne ne se souvient quelques mois après. Il y a un personnel rétribué pour ça, éditorialistes, intervenants spécialistes de l’indignation avec un vague statut d’intellectuels.

Sur les 17 lauréats du fonds, les deux médias relèvent une association sportive, une société de production audiovisuelle, ou encore un éditeur de bandes dessinées. Ce qui ne parait pas être en relation directe avec la défense des valeurs républicaines en ligne, le doute s’est encore renforcé par le refus – au départ – des institutions publiques à communiquer cette fameuse liste de lauréats.

Une association officiellement sportive subventionnée à hauteur de 355.000 euros

L’enquête des deux médias s’est ensuite axée sur une société en particulier, la principale lauréate. L’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation au service militaire – au nom pourtant franchement éloigné du but du fonds – a en effet récolté 355.000, soit 15% des fonds alloués à l’initiative. L’association, est en fait celle de Mohamed Sifaoui, connu pour ses prises de position sur les sujets de laïcité, il se défend en arguant avoir été à l’initiative d’une initiative nommée Ilaïc, aux résultats peu probants : quelques dizaines de vues pour ses 13 vidéos YouTube. En réalité, selon l’enquête, l’argent public semble avoir servi à hauteur de 120.000 euros à rémunérer les deux administrateurs de l’association : Mohamed Sifaoui et Cyril Karunagaran.

Le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation a annoncé lancer une enquête sur l’attribution de ces fonds, reconnaissant une légitimité à certaines interrogations. Le secrétariat d’Etat chargé de la Citoyenneté a également saisi l’inspection générale de l’administration, et le ministère de l’Intérieur pourrait effectuer un signalement au Procureur, suite aux révélations de l’enquête de France 2 et Marianne. Marlène Schiappa, de son côté, n’a pas réagi aux accusations des deux médias. Le cabinet de la ministre déléguée estime en effet que le fonds Marianne ne relève plus du domaine de compétence de celle qui est désormais chargée de l’Économie sociale et solidaire… et de la Vie associative.

Mais j’aimerais souligner le mode de fonctionnement des réseaux sociaux. Comme le pouvoir sait faire dévier l’opinion publique de la questions des retraites à celle de la “sécurité” quitte à créer les conditions d’un affrontement comme l’affaire de la répression dans les “bassines” et les provocations du ministre de l’intérieur, le dévoiement est permanent. Pourquoi faut-il qu’il soit aisé de détourner ce scandale en gadget à propos d’une Une de playboy assortie de photos de Marlène Schiappa obèse en porte-jarretelle? C’est cela l’imbécilité des réseaux sociaux … L’ignominie de ceux qui croient servir leur cause en dénonçant l’âge de madame Macron et qui ne sont ce faisant que des clowns de bas étage qui dévoient la nécessité de demander des comptes. Avec cette vulgarité salace qui suscite l’intérêt mais est oubliée très vite, il y a des crétins spécialistes de la chose, des gens qui ont tôt fait de transformer le scandale du manque de masques, des superprofits de vaccins créés avec l’argent public en méfiance contre toute mesure visant à protéger la population. Utiliser à plein ce que l’on a fait en matière de dépolitisation pour protéger le pouvoir par le fait divers.

Danielle Bleitrach

 

 

Partenariat Russie-Chine : quelle incidence pour l’Afrique?

Deux faits intervenant aujourd’hui disent l’irréalisme non seulement de la domination occidentale mais de leur marionnette… Volodymyr Zelensky a dénoncé la « faillite » des Nations unies, où la Russie a pris samedi la présidence du Conseil de sécurité pour le mois d’avril. Le chef de l’Etat ukrainien a notamment appelé à une « réforme des institutions mondiales, y compris du Conseil de sécurité de l’ONU ». Rien que ça et la Russie a tranquillement pris la présidence laissant ce malade en train de vitupérer.
La Chine, par la bouche de Geng Shuang, représentant permanent adjoint de la Chine auprès de l’ONU, a appelé à l’abolition des arrangements de partage nucléaire et préconise le non déploiement d’armes nucléaires à l’étranger par aucun pays et le retrait des armes nucléaires déployées à bord des navires. Nous sommes bien là dans un nouveau moment historique où les diktats occidentaux sont ignorés. Le néocolonialisme c’est terminé et il n’y a pas besoin d’alliance militaire pour l’imposer, simplement un monde de respect des souverainetés où tout serait négociable dans l’intérêt de chacun. Cette invite concerne tout le monde y compris les vassaux européens mais en priorité des continents comme l’Afrique qui subissent le joug colonial. Le sommet entre Poutine et XI a immédiatement été suivi de celui avec l’Afrique dont nous avons déjà parlé. Ce que propose la Chine c’est un accès à la modernité qui ne passe pas par le modèle occidental, question que nous abordons par ailleurs. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

Chronique : PolitiqueRégion: Afrique


Le président Xi Jinping a effectué une visite historique en Fédération de Russie du 20 au 23 mars. Il était plein d’événements et de symbolisme, qui seront analysés par les politologues pendant longtemps. Il est maintenant clair que cette visite a marqué le début d’une transformation profonde de l’ensemble du système des relations internationales, qui aura un impact direct sur le continent africain.

Le tissu même de la visite et la manière dont elle a été organisée démontrent qu’elle a été conçue et réalisée par les deux parties exactement comme prévu: le dirigeant chinois est venu à Moscou pour sa première visite d’État depuis sa réélection; son arrivée a été précédée d’un échange d’articles conceptuels par les dirigeants russes et chinois, dans lesquels ils annonçaient essentiellement le début d’une nouvelle ère dans les relations internationales. Au cours de la visite, les parties ont échangé des déclarations importantes et démontré un modèle de coopération entre les pays au 21ème siècle.

Si nous résumons les déclarations des deux dirigeants, ils se sont prononcés à l’unisson en faveur de la construction d’un monde multipolaire fondé sur le respect des normes et principes du droit international, en particulier ceux consacrés par la Charte des Nations Unies, et sur les principes d’indivisibilité de la sécurité, de valeurs universelles reconnues, d’avantages mutuels et d’un partenariat positif à long terme dans lequel les parties adhèrent à une forte tradition de dialogue continu et substantiel.

Les commentateurs occidentaux se sont concentrés sur la formulation simplifiée du dirigeant chinois, principalement en ce qui concerne le conflit en Ukraine, manquant l’essentiel : la visite de Xi Jinping au milieu de la campagne russophobe en Occident et les tentatives de pression et de harcèlement de la Russie, comme on dit, pour l’isoler « à tous les niveaux », était en soi un défi au système de coordonnées en politique étrangère que l’Occident a décidé d’imposer au monde.

Voyons maintenant ce que l’Occident collectif, qui prétend être « plus uni que jamais », a à donner au monde.

Premièrement. Ils cherchent effectivement à ramener le monde à un paradigme qui n’est même pas l’unipolarité, mais une structure complètement coloniale de pensée et d’action, cachée derrière des accusations d’impérialisme et d’agression russes. Cela signifie l’application sélective du droit international: Quod licet Jovi, non licet bovi (ce qui signifie « ce qui est permis à Jupiter n’est pas permis à un bœuf »). La Yougoslavie a été bombardée en 1999 par les États-Unis et leurs alliés sous prétexte d’une « intervention humanitaire » après avoir créé des « preuves » du massacre de civils à Srebrenica par les Serbes. Une stratégie similaire a été utilisée en Irak, que les États-Unis ont envahi aux côtés de leurs alliés sous le couvert du régime de Saddam Hussein développant des armes biologiques. Comme il s’est avéré plus tard, rien de tout cela ne s’est produit, mais le pays a été détruit. Le même plan a ensuite été mis en œuvre en Libye, mais cette fois au nom de la défense des droits de l’opposition. Il en va de même pour l’Ukraine : là-bas, l’Occident résout ses problèmes de sécurité en développant sans cesse l’OTAN et en avançant ses capacités de guerre plus près des frontières de la Russie, ignorant totalement les inquiétudes de Moscou, tout en attribuant l’agression à la partie russe, qui a osé défier la demande occidentale.

Pour cette raison, l’Occident a rejeté l’idée que la sécurité ne peut pas être divisée, déclarant que la sécurité pour lui-même et ses alliés passe avant tout en les traitant comme des vassaux sans la possibilité de voter.

La deuxième composante du modèle occidentalo-centrique est la soumission totale de ceux qui se sont déclarés alliés aux intérêts de la superpuissance, notamment les États-Unis et les élites mondiales qui la soutiennent. Il n’y a pas de démocratie, aucun effort n’est permis à quiconque de défendre ses meilleurs intérêts. Les efforts de l’Allemagne pour construire son économie au prix des ressources énergétiques russes bon marché en sont un exemple remarquable. Ils ont été ignorés froidement, et les gazoducs russes ont tout simplement explosé : achetez notre GNL à trois fois le prix et payez-en les conséquences ! En outre, une « guerre jusqu’à la victoire » en Ukraine est imposée à tous les alliés d’Europe occidentale, que ce soit dans leur intérêt national ou non.

Allons plus loin. Le concept occidental de démocratie n’est pas ouvert au débat, et les différences entre les pays, les identités culturelles, les coutumes et les valeurs ne sont pas prises en compte. Tout le monde reçoit la même prescription, qui ne peut pas être changée – le cadre est un et est déclaré être la plus grande réalisation de l’humanité. Toute divergence est passible de sanctions et de poursuites par la Cour pénale internationale, qui établit effectivement un code pénal universel qui, pour des raisons qui ne sont pas claires, doit remplacer le droit interne. Il est obligatoire que l’égalité des sexes s’accompagne de protections obligatoires pour les droits des minorités sexuelles. Pourquoi sexuelles ? Personne n’offre d’explication ; c’est tout simplement comme ça. Pourtant, comme l’expérience l’a montré, notamment en Ukraine, les droits des minorités nationales peuvent être écrasées en toute impunité, même jusqu’à l’interdiction de la langue et de la culture nationales, l’expulsion du clergé du Temple et l’effacement de la mémoire nationale.

Regardons maintenant l’économie. Il est postulé dans le discours occidental que si votre pays développe des institutions démocratiques au sens occidental, il doit bien se porter économiquement. Et si ce n’est pas le cas ? Le FMI et la Banque mondiale se précipitent alors à votre secours. Cependant, il s’avère que ces prêts sont accordés à des taux d’intérêt élevés et ont un « effet de levier » relativement court, ce qui signifie que vous êtes tenu de rembourser la dette rapidement, et si vous n’avez pas le temps, la dette ne sera pas nécessairement restructurée et ne sera certainement jamais abolie, mais de nouvelles conditions défavorables seraient plutôt imposées. Tous ces prêts vous interdiront de développer vos propres entreprises, mais ils garderont votre marché ouvert aux biens et aux capitaux occidentaux, soutenant votre dépendance à l’égard des pays occidentaux dans d’autres domaines ainsi qu’en termes de technologie. Il est peu probable que quelqu’un développe une production de haute technologie dans votre pays. Au lieu de cela, ils seront préoccupés par la façon de pomper rapidement et à peu de frais vos ressources. L’Europe, qui s’est retrouvée sans ressources russes et cherche maintenant des alternatives, en a désespérément besoin, en particulier le pétrole et le gaz. À la lumière de cela, les Européens n’aspirent pas à construire des installations de transformation sur le sol africain, du moins pas celles appartenant à des Africains.

Il en va de même pour la monnaie unique africaine. Le sort de Mouammar Kadhafi, qui cherchait à adopter le dinar d’or pour l’ensemble du continent, est très révélateur. Le meilleur modèle pour les pays occidentaux est la zone franc CFA, dans laquelle 70% des finances de 14 États africains, principalement membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sont détenues dans des banques françaises. Pourtant, n’importe lequel de ces pays ne peut retirer ces fonds que théoriquement, car il n’y a pas eu de précédent pour cette pratique.

On peut nous répondre que l’Occident reste le leader économique et technologique mondial, qu’il est, représenté par la Réserve fédérale américaine, l’émetteur de la principale monnaie mondiale, le dollar, qui est utilisé dans 42% des règlements, alors que le yuan n’est utilisé que dans 2% des transactions commerciales mondiales et que le PIB de la Russie ne représente que 2% du PIB mondial. De telles données, cependant, semblent trompeuses, car il est clairement évident pour tout le monde que le modèle occidental de capitalisme financier est dans ses derniers instants, que le dollar est imprimé sans discernement au même rythme que dans certains pays africains, et qu’il n’est soutenu que par la « parole d’honneur » de Washington (rappelez-vous Quand George H.W. Bush a dit, Lisez sur mes lèvres), la dette nationale des États-Unis a dépassé le seuil insondable de 30 000 milliards de dollars, et les pays occidentaux consomment plus de 20% du PIB mondial, produisant beaucoup moins de matières premières mais beaucoup plus de services financiers sous la forme de transactions purement spéculatives. Contrairement au yuan, qui est riche en biens à part entière produits dans l’Empire céleste, et l’utilisation par la Russie de la monnaie chinoise (renminbi), qui a été convenue lors de la visite du président Xi Jinping en Russie, le rend beaucoup plus attrayant pour les règlements internationaux, car Moscou est la source de 20% des hydrocarbures mondiaux et un producteur d’une gamme diversifiée de biens militaires et civils.

Lorsque vous combinez ce modèle efficace de partenariat égal entre la Russie et la Chine avec la popularité croissante d’associations non occidentales telles que les BRICS, l’OCS et d’autres, il devient évident où souffle le vent du changement mondial et qui façonnera le monde à l’avenir.

L’Afrique est invitée à décider avec qui elle veut coopérer et dans quel genre de monde vivre – un monde de diktat et de vols constants ou un monde de coopération mutuellement bénéfique menant à la sécurité et au développement.

Piotr Konovalov, observateur politique, exclusivement pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».Tags: AfriqueChineGéopolitiquePolitique internationaleRussie