CORRIDA D'EAUZE
CORRIDA CIRQUE : un scandale inacceptable…
Soleil et chaleur. Arènes
remplies aux 3/4.
6 toros de Banuelos
hétérogènes de présentation, afeités et inégaux pour la
plupart. Seuls, 2 toros avaient des armures veletos. En réalité, il
s'agissait d'un lot de gros novillos arrangés pour les figuras.
A vrai dire, je
n'attendais pas grand-chose de cette course. Cependant, tomber aussi
bas mérite d'être signalé et surtout dénoncé car aucun
journaliste accrédité n'aura la courage de le faire.
Tout d'abord, je tiens à
mettre en avant une organisation minable. A 17 h 40, la plupart des
aficionados attendaient désespérément que les portes principales
des arènes s'ouvrent. Sur 4 ouvertures possibles, 2 seulement
donnaient la possibilité aux personnes d'accéder autour des arènes
pour rejoindre leur place. Nous étions comme un troupeau de moutons
sous une chaleur accablante alors que nous avions payé notre billet.
Cela me semble être un manque de respect total vis-à-vis des
aficionados. Comme l'accès aux arènes a été tardif, tous les gens
n'étaient pas à leur place à 18 h. De ce fait, le paseo a commencé
à 18 h 22 (soit 22 minutes de retard) sans que aucun organisateur
n'ait la politesse d'annoncer au micro le retard. De même, dès que
ces 3 tristes sires sont arrivés au palco, les Armagnacs se sont
empressés de jouer l'hymne « se canto » avant que
commence le paseo. Personnellement, je trouve cela lassant, inadapté
à une corrida et surtout stupide. En quoi défend-on la
tauromachie ? En quoi revendique t-on les valeurs fondamentales
et authentiques ? Il faudra m'expliquer.
Venons en maintenant à
la course. Que dire ? Tout simplement, ce fut une grande
mascarade avec des toros sosos et tardos qui ne transmettaient aucune
émotion. Quel ennui ! Quant aux toreros, ils sont tout
simplement venus chercher leur cachet en imposant une seule pique
voire une monopique. A ce sujet, sur les 6 toros, il n'y eut aucune
mise en suerte correcte pour le tercio de piques. Les picadors ont
collectionné des piques traseras, des cariocas et j'en passe...
Pour commencer, Sébastien
Castella ouvre l'après-midi en toréant constamment sur le pico et
en ne se croisant jamais. Comme il a enchaîné plusieurs séries
relativement fluides avec des redondos à répétition et un final
inspiré de Paco Ojeda, le public peu connaisseur a totalement
adhéré. L'estocade est habile et placé environ 20 centimètres sur
le côté. Par conséquent, comme le toro est tombé très vite,
quelques spectateurs demandèrent l'oreille. A ce moment là, j'ai
regardé la présidence et Monsieur Bernard PEYTRIN de Bayonne s'est
littéralement accordé la permission d'agiter ses mains en l'air
pour que la pétition (minoritaire) devienne majoritaire avant de
faire tomber le mouchoir du palco. 1Ère oreille hors de propos… Ce
scénario indigne d'un président qui est censé représenter la
principale autorité s'est produit à trois reprises. Concernant les
autres toros, Sébastien Castella a essayé de montrer un certain
professionnalisme au cinquième de la tarde et il y eut quelques
séries correctes. Ce furent les seules de l'après-midi. L'oreille
accordée peut se justifier même si elle est généreuse à mon
goût. En revanche, abuser des cambios en début de faena devient
répétitif et lassant. Il faudrait qu'il pense à varier un peu son
répertoire.
Quant à Thomas Dufau, il
fut égal à lui-même. Ce garçon ne sait pas toréer. Il abuse
constamment des cris lorsqu'il cite. Il ne se croise jamais et avance
toujours la jambe contraire. Son premier toro était un bonbon
présentant quelques signes de faiblesse. Il a réalisé une faena
stéréotypé qui ne présentait aucun intérêt mais qui eut une
certaine portée sur le public en raison des enchaînements de pechos
et de redondos. Je tiens également à signaler que ce torero se
prend pour une vedette alors qu'il ne comprend pas les toros. Quel
prétentieux ? Il se contente de réciter une leçon qui est
toujours la même et qui suscite l'ennui. Encore une fois, comme
l'épée est rentrée du premier coup, les spectateurs ont demandé
une oreille qu'ils ont obtenue sans se préoccuper de l'emplacement
ni de l'engagement. Son deuxième toro s'est révélé très faible
et donc avisé. Thomas Dufau s'est entêté à vouloir enchaîner des
passes sans se croiser et avec hésitation. De ce fait, lorsqu'il a
voulu effectuer une naturelle en laissant un espace de un mètre
entre la muleta et lui, il s'est mis le toro dessus qui lui a infligé
une blessure certes superficielle mais qui ne lui a pas permis de
revenir en piste. La farce était joué pour Dufau. Tirons le
rideau !
Pour résumer, la ville
d'Eauze a voulu créer un pseudo événement avec la complicité du
club taurin élusate qui est composé de gens incompétents et
orgueilleux. Ces gens là que je ne nommerai pas ont réussi à
présenter une corrida commerciale qui correspond parfaitement à
l'évolution de notre société actuelle et qui se résume à une
organisation approximative, négligée et non respectueuse d'un
public qui garnissait les gradins aux trois quarts. Je voudrais
également dénoncer une présidence technique complètement aux
ordres des toreros et de l'organisation. Elle était composé de
Monsieur Bernard PEYTRIN (Bayonne) assisté de Monsieur Pascal
LAVIGNE (Dax) et d'un autre monsieur qui portait une très belle
cravate et des lunettes cerclées de noir. « Au pays des
aveugles, les borgnes sont rois ». En définitive, ces 3 hommes
se sont montrés peu courageux et particulièrement laxistes (avis
sonnés au bout de la douzième minute en raison peut-être de leur
montre qui était quelque peu défectueuse, musique intempestive pour
faire plaisir aux Diam's et aux Armagnacs, changements de tercio
prématurés alors que le règlement stipule au moins deux rencontres
et si possible 2 piques, oreilles accordées après des épées
tombées et parfois très en arrière, pression à l'égard du public
en usant de gestes pour que les pétitions soient majoritaires…).
D'ailleurs, le président du club taurin élusate qui est un habitué
depuis 4 ans maintenant des palcos à MONT-DE-MARSAN et à DAX a
félicité ces messieurs cravatés d'avoir octroyé des oreilles. Où
sommes nous ? Au cirque peut-être… A ce moment là, il faut
être clair avec ses objectifs et annoncer un spectacle avec des
clowns et des marionnettes au lieu de vouloir à tout prix donner une
corrida. Ces méthodes pernicieuses sont très dangereuses pour
l'avenir de la fiesta brava. Bientôt, les détracteurs de la corrida
auront raison et les quelques aficionados qui défendent une corrida
authentique et sérieuse finiront peut-être par les rejoindre.
J'espère que nous n'en arriveront pas à ces extrémités. En
revanche, ces dérives doivent cesser le plus vite possible.
Les arènes d'Eauze ont
besoin de retrouver un nouveau souffle qui a disparu depuis de
nombreuses années maintenant…
Michel DARTAGNAN.