mercredi 19 avril 2023

La guerre est toujours terrifiante. Mais c’est encore plus effrayant lorsque, en peu de temps, le pays dans lequel vous êtes né devient une dictature. Un pays où tous ceux qui se sont élevés contre l’anarchie sont persécutés, où vous êtes arrêté pour ne pas avoir soutenu l’idée que la Russie est l’ennemi. Vous pourriez être attaché à un poteau ou simplement tué, simplement parce que vous êtes différent. Selon Zelensky, la guerre fera tout oublier. Et beaucoup de gens le croient. Mais ce n’est pas le cas. Chacun devra répondre de ses crimes.Faina Savenkova - Chacun doit répondre de ses crimes - Donbass Insider

 

Interview du député Jean-Paul le Coq sur la nouvelle résolution déposée à l’assemblée nationale le 4 mai prochain


Une nouvelle résolution, dans le cadre de la niche parlementaire du groupe GDR (Gauche démocratique et républicaine) visant à « réaffirmer la nécessité d’une solution à deux États et condamnant l’institutionnalisation par l’État d’Israël d’un régime d’apartheid consécutif à sa politique coloniale » sera débattue et soumise au vote à l’Assemblée Nationale le 4 mai prochain.

Ci-dessous une interview réalisée le 11 avril dernier par l’Agence Média Palestine avec le député GDR de la 8ème circonscription de Seine-Maritime Jean-Paul Le Coq à ce sujet.

Jean-Paul Le Coq

Agence média Palestine : Que pensez-vous de la loi Etat-Nation du Peuple Juif, votée le 19 juillet 2018 par le Parlement israélien, et qui affirme : « l’État israélien est le foyer national du peuple juif, dans lequel il est le seul à pouvoir exercer son droit à l’autodétermination. Il est ouvert à l’immigration juive, et fera tout pour assurer la sécurité des membres du peuple juif. »

M. le Député Jean-Paul Lecoq : Cette loi fait partie des éléments qui ont présidé à la rédaction de notre résolution, et qui permettent de qualifier la politique de l’Etat israélien d’apartheid car elle grave dans le marbre de la loi les critères de la domination d’un peuple sur un autre et la discrimination qui s’instaure dans ce pays de manière légale, ce qui caractérise l’apartheid. L’apartheid s’exprime à la fois dans ses aspects législatifs, mais également par la pratique. Souvent, la pratique d’Israël, depuis sa création, fait qu’il y a déjà une discrimination. Dès lors que ça entre dans la loi, personne ne peut le contester puisque les autorités israéliennes elles-mêmes institutionnalisent l’apartheid.

Vous allez déposer le 4 mai prochain une nouvelle résolution contre l’apartheid israélien, quel impact espérez-vous ?

Dès lors qu’on a déposé cette résolution une première fois sur le bureau de l’Assemblée nationale en juillet dernier, les médias s’en sont emparés. La première réaction à ce projet de résolution a été de dire qu’il s’agissait d’une résolution antisémite. A l’époque, la résolution s’appuyait sur B’Tselem et les ONG qui avaient documenté ce qu’il se passait dans les territoires occupés et en Israël, et peu le voyaient. Un professeur à Sciences Po disait à ce sujet que le procès en antisémitisme cachait le malaise à parler du fond, de la raison d’être de la résolution. Je pense qu’il avait raison. A l’époque on n’a parlé que de ça. On en est sorti quand Hubert Védrine et trois autres anciens Ministres des Affaires étrangères ont fait une tribune qui affirmait que la politique menée par Israël était assimilable à l’apartheid. Quand d’autres intellectuels ont à nouveau fait une tribune sur le même sujet, l’on a pu constater qu’une partie des gens qui réfléchissent et ont une expérience politique, dont Védrine qui a souvent défendu Israël, avaient évolué sur la question. Les choses sont donc à nouveau mures pour pouvoir défendre cette résolution. 

Est-ce que certains députés sont en cheminement vers la reconnaissance de la situation d’apartheid en Israël/Palestine que plusieurs grandes ONG ont déjà documentée ?

Certains députés sont effectivement en cheminement, notre nouveau projet de résolution a suscité de l’interêt mais beaucoup de députés restent sensibles à l’accusation d’antisémitisme. 

Qu’est-ce qui a fait hésiter tant de Députés et de Sénateurs de gauche à signer cette résolution, voire à retirer leur signature après avoir signé ?

L’accusation d’antisémitisme. Parce que c’est insupportable, c’est nous accuser d’être racistes. Il y a également des circonscriptions, des électorats davantage sensibles. Je pense à Strasbourg, Lyon, où une pression forte peut se faire ressentir. 

Effectivement on a déjà vu sur les réseaux sociaux des réactions virulentes et violentes notamment de la droite et l’extrême droite contre cette résolution qui vise avant tout à défendre le droit international. Avez-vous déjà reçu des menaces ?

Je crois que j’en ai déjà reçu, mais je les regarde assez peu. On m’a déjà promis des semaines assez difficiles… J’en reçois de tous les côtés, j’ai reçu des menaces d’Israéliens, de Marocains (ndlr :par rapport au Sahara Occidental). Dès lors que je prends une position politique, je reçois des messages désagréables. 

Comment expliquez-vous ce double standard des Députés et de la diplomatie française visant à ne pas reconnaître les droits fondamentaux du peuple palestinien, contrairement à d’autres peuples ?

J’ai toujours eu un problème : l’Assemblée nationale a reconnu l’Etat palestinien par un vote sous la présidence de François Hollande en 2014 et le pouvoir en place, qui a l’appui de l’Assemblée, pourrait s’appuyer sur un vote de l’Assemblée nationale pour s’opposer à l’apartheid israélien. Les votes comme celui de 2014 ont pour objectif d’aider l’exécutif à essayer de sortir Israël de cette situation dans laquelle il mène une politique toujours plus dure, du moins à ne pas en être complice. Les valeurs de la France et de son peuple ne devraient pas permettre que l’on soit complices de cela. 

Je me refuse à faire une association d’idées entre la situation en Israël et en Ukraine  mais le fait qu’il y ait deux poids deux mesures à l’échelle internationale quant au respect des résolutions est avéré. Pourquoi dans un cas les sanctions sont-elles appliquées, et dans l’autre, rien depuis des décennies ? Cela sème l’incompréhension parmi ceux qui suivent la vie politique, et nous rendent complices, par notre soutien aveugle, de la politique israélienne. Je propose aux députés d’ouvrir les yeux, et de voir ce qu’il se passe, sans avoir de haine pour Israël, sans agresser le peuple israélien et les Juifs. On rappelle même que les deux Etats ont le droit d’exister, ça n’est pas un peuple contre l’autre avec un choix à faire. Notre groupe fait le choix de deux Etats. 

L’une des tactiques employées par les relais du régime israélien d’apartheid et notamment à l’Assemblée nationale est de faire adopter la définition biaisée de l’antisémitisme de l’IHRA et ses exemples. Allez-vous y faire référence dans la résolution ? 

Je ne le ferai pas parce que cette résolution n’est pas sur l’antisémitisme. Cette résolution n’a pas pour objectif de qualifier l’antisémitisme, d’autant que le temps est chronométré à l’Assemblée nationale. Mais par le passé, à l’Assemblée parlementaire de l’OSCE, un député allemand avait proposé à l’Assemblée que toute critique d’Israël devait être assimilée à de l’antisémitisme. Toute la délégation française, tous partis confondus, avaient voté contre au motif que c’était une atteinte contre la liberté d’expression, ce qui n’a pas empêché cette définition d’être adoptée. Juste après cette délibération, Stéphane Hessel devait intervenir à la Sorbonne – intervention qui a été interdite car il critiquait la politique israélienne. 

Êtes-vous en relation et en coordination sur cette problématique avec d’autres parlementaires de l’Union Européenne ?

Non, je l’étais quand j’étais membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et de l’OSCE. Au Conseil de l’Europe, Israël était d’ailleurs membre observateur. Cela me permettait de diffuser la critique de la politique israélienne en Europe et au-delà, ce qui est beaucoup plus compliqué depuis que je suis Député à l’Assemblée nationale française. 

Pensez-vous que l’état du débat actuel sur l’apartheid israélien en France est en retard par rapport aux autres pays de l’Union Européenne ?

Oui, par rapport à d’autres pays comme l’Irlande par exemple. D’autres pays osent réagir à la politique menée par Israël. Je dis souvent au Ministre des Affaires étrangères « ce sont vos amis, dites-leur ce que vous pensez ». Lors de mon premier mandat, je suis allé en Israël après l’opération plomb durci, et j’ai rencontré Ehoud Olmert, le Premier ministre. Je lui ai dit « nous avons visité Gaza, nous avons tous vu la même chose ; l’hôpital, les bombes. L’utilisation de ces armes est un crime. Je sais qui est terroriste sur ce territoire. Je sais que votre fils fait ses études à Paris, j’espère que quand vous viendrez le voir vous serez arrêté à la sortie de l’avion pour que vous soyez jugé pour crime contre l’humanité ». Il s’est mis dans une colère froide, et a répondu « quand Israël se défend, le monde entier est contre Israël. Mais sachez que la prochaine fois que nous agirons, vous entendrez les Palestiniens hurler jusqu’au Pôle nord jusqu’à ce que vous ne les entendiez plus ». 

A la fin, il a tenu à me serrer la main, apparemment parce qu’il considérait que j’étais le seul qui avait vraiment dit ce qu’il pensait.  

Après cette résolution, envisagez-vous de prendre d’autres initiatives avec d’autres parlementaires français et/ou européens, notamment pour faire avancer la demande de sanctions pour faire respecter le droit international ?

Nous avons reconstitué le groupe d’étude France-Palestine au Parlement, donc nous prendrons des initiatives dans le cadre de ce groupe, pour que ce soit transpartisan. Le fait de parler de cette résolution aide aussi ceux qui luttent au quotidien pour défendre les Palestiniens, le droit international et la paix. Beaucoup d’ONG en France attendent que des actes politiques de cette nature les soutiennent, les accompagnent. Les prises de parole que nous prenons font partie de cela.

 

 

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QUAND LA FRANCE AUX NATIONS UNIES
 

VOTAIT POUR UN ETAT PALESTINIEN

 

"En votant aujourd’hui - nous sommes alors en novembre 2012 -  pour la reconnaissance de la Palestine comme Etat , la France a voté en faveur de la solution des deux Etats, de deux Etats pour deux peuples, Israël et la Palestine, vivant, côte à côte, en paix et en sécurité, à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues ; en faveur d’une solution dont elle s’est faite l’avocate avant que l’ensemble de la communauté internationale ne s’y rallie ; en faveur d’une solution aujourd’hui menacée par l’impasse du processus de paix".

Refusant toujours de se plier à ce vote, l'Etat d'Israël a ,  - à l'inverse et en permanence quelque soit la couleur du gouvernement de Tel Aviv - appliqué un vaste plan expansionniste en territoire palestinien, s'annexant de fait, par la multiplication des implantations de colonies juives, des pans entiers du territoire palestinien, qui, devait, selon l'ONU, devenir un état arabe.

Rappelons que les Israéliens, en 1948, ont par la terreur, détruits villages et maisons palestiniennes, entraînant un exode massif des populations hors d'Israël...

La Palestine, aujourd'hui, ressemble chaque jour davantage à une peau de panthère, les taches noires représentant les implantations de colons israéliens, fruit de la politique délibérée des gouvernent d'Israël, considérant les terres palestiniennes comme historiquement juives, et les natifs arabes comme des intrus. 

Cette politique raciste et expansionniste des divers gouvernements d'Israël est de fait admise  par les états occidentaux, dont la France, qui par leur silence, entérine sans broncher la politique israélienne.

Ils n'ont pas la même mansuétude aves la Russie, entérinant les sanctions illégales contre Moscou, alors qu'on pourrait au moins attendre des mesures coercitives à l'égard de Tel Aviv.

Les Palestiniens seraient des êtres inférieurs aux Ukrainiens ?

JEAN 
LEVY

 

Pourquoi soutenir la Russie? Sans adhérer au discours des "valeurs traditionnelles" !

19 Avril 2023 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Russie, #Ukraine, #Qu'est-ce que la "gauche", #lutte contre l'impérialisme, #GQ, #Mille raisons de regretter l'URSS

Pourquoi soutenir la Russie? Sans adhérer au discours des "valeurs traditionnelles" !

Certains se demandent pourquoi il faudrait soutenir la Russie plutôt que l’Ukraine, ou s’il ne faudrait pas endosser une position complètement neutre dans ce conflit qui opposerait deux nationalismes d’égale nocivité.

On remarquera que cette dernière position implique au minimum de s'opposer aux livraisons d'armes à l'Ukraine qui prolongent inutilement un conflit dont l'issue en faveur de la Russie ne fait guère de doute, au moins pour ceux qui ne sont pas sous l'influence des médias mainstream. Et c'est triste à dire mais fort peu de ces militants de gauche qui renvoient les deux camps dos à dos atteignent ce minimum requis.

Pour les communistes, soutenir la Russie signifie aussi avaler les couleuvres que nous sert Vladimir Poutine qui ne rate pas une occasion pour manifester son aversion pour Lénine. Avec une grande ingratitude, même de son point de vue, car on peut dire que c’est grâce aux bolcheviks que l’Ukraine et la Russie sont restées liées pendant le XXème siècle, les forces séparatistes organisées de l’extérieur ayant déjà réussi pratiquement à détacher le premier pays du « monde russe « dès 1919.

A propos de « monde russe », ce concept de l'intellectuel réactionnaire russe Douguine (dont la fille a été assassinée par les services ukrainiens en août 2022) n’est qu’une tentative de récupérer le patriotisme soviétique qui reste puissant dans l’ensemble de l’ancienne Union, comme le fait de récupérer le drapeau rouge comme « drapeau de la victoire » apolitique.

On peut soutenir la Russie dans la guerre d’Ukraine, sans pour autant souscrire aux discours idéologiques que la Russie a produit pour justifier cette guerre, production inutile en ce qui nous concerne puisqu’elle est déjà amplement justifiée par les provocations répétées de l’OTAN et de Kiev et par les intérêts nationaux vitaux de la Russie qui doit faire face à un projet officiel de démembrement.

Il semble bien que l'objectif à long terme de la stratégie occidentale unifiée (Occident : triade monde anglo-saxon, Europe, Japon) soit de démanteler ou de dissoudre tout ensemble géopolitique susceptible d’agir de manière autonome et de contester tout ou partie de son hégémonie, donc tous les grands États à commencer par la Chine et la Russie, comme Israël le fait à son échelle en semant le chaos dans le monde arabe et musulman depuis 75 ans. L’Empire occidental est objectivement me nacé par le développement économique, social, et scientifique du Sud et cherche à conserver son hégémonie en le dissociant en entités les plus petites et les plus faibles possibles, les plus manipulables et influençables possibles, comme il a balkanisé l'Afrique au moment des indépendances vers 1960. Il cherche aussi à le conquérir de l’intérieur en modelant ses élites. La seule chose qui l’en a empêché jusqu’à présent, c’est le profond racisme suprématiste inconscient de ses classes dirigeantes qui perce à travers leur langage moralisateur et hypocrite : les bourgeoisies du Sud et de l’Est qui ne demandaient pas mieux que de s’intégrer et de participer à la fête du meilleur des monde du libéralisme technologique se sont faites renvoyées dans leurs buts. Cela s'est fait en général en invoquant à contre-sens l'écologie, les droits de l’homme, de la femme, et des minorités sexuelles.

L'Occident du dernier stade de l'impérialisme a développé une économie parasitaire néocoloniale, en externalisant la production industrielle et la classe ouvrière avec elle. Vouloir favoriser sa domination mondiale parce que l'on croit qu'il recèle le nec plus ultra de la modernité et de la liberté des individus, dans l'espoir chimérique qu'il en sortira un dépassement du capitalisme, c'est être en retard d'une ou plusieurs révolutions. L’Occident n'a pas d'autre avenir que le déclassement.

Les Russes, quoiqu'on pense par ailleurs de leur gouvernement, ont donc raison de vouloir mettre fin au régime de Kiev issu du coup d'État du Maidan, en 2014, qui est une sorte de « ISIS » européen, bâtard de postmodernisme ultralibéral terroriste et mafieux et de nazisme assumé. Leur guerre est une guerre défensive contre un adversaire qui a foulé aux pieds tous les principes du droit et de la diplomatie, ainsi que les plus élémentaires décence et moralité et qui très adéquatement représenté par son clown-président.

La Russie oligarchique n’est en rien équivalente moralement à son adversaire de ce point de vue, lequel est tombé dans le caniveau depuis longtemps, depuis les massacres perpétrés à Odessa et dans le Donbass en 2014 avec les encouragements bruyants et la complicité silencieuse des médias de masse occidentaux.

Mais au niveau idéologique, les élites russes tentent de présenter leur combat non seulement pour ce qu’il est c’est à dire un combat existentiel patriotique, mais comme une croisade planétaire contre un mal « globaliste » envisagé d’une manière mystique déraisonnable. Ce faisant elles singent la logique simpliste de la propagande occidentale en tentant simplement d’en inverser la direction, et récupèrent la théorie ad hoc de Samuel Huntington, dite du « choc des civilisations » (comme s’il y avait plusieurs civilisations actuellement sur la planète alors que c’est à peine s’il y en a une!).

Ces élites dont Poutine, Lavrov, Zakharova, Medvedev, Kadyrov, sont des représentants intelligents (on ne peut pas en dire autant des nôtres!) sont embarrassées du fait que l’amour ou la haine de la Russie qui sont fort répandues toutes les deux dans le monde n’ont qu’une seule et même cause : le souvenir encore brûlant de la grande Révolution d’Octobre. La Russie risque bien de reperdre rapidement tout ce que les sacrifices qu’elle consent de faire aujourd'hui sur le champ de bataille lui apporteront si elle persiste à renier le point central de son histoire, qui est l’événement le plus important de l’histoire de l’humanité du dernier millénaire, et qui est la seule cause qui puisse mobiliser en sa faveur les masses, à l'intérieur et dans le monde. et il est de plus en plus évident qu'au-delà de l'épisode de la guerre en Ukraine, qu'elle ne gagnera pas la confrontation globale avec l'Empire occidental - sur l'échelle de temps de la décennie à venir - sans l'intervention des masses.

Il faut aussi noter que le principal allié de la Russie, la Chine, ne montre aucun enthousiasme particulier pour la défense des « valeurs traditionnelles » invoquées contre la décadence de l’Occident. L'affirmation du caractère socialiste de plus en plus explicite de ce pays montre la voie à suivre dans la confrontation contre l'Empire en phase terminale.

La Russie doit gagner pour l’intérêt des peuples qui luttent contre l’impérialisme et pour l’intérêt des classes ouvrières du monde mais ces dernières ne le savent pas. Elle vivent en effet dans le monde imaginaire du spectacle occidental, dans l’univers lénifiant ou pervers des Disney, des Stefen King, etc. Ce n’est pas en inventant un récit du même tonneau qui présente la Russie comme le paladin de valeurs traditionnelles dont les masses mondiales confrontées à la réalité matérielle des crises à répétition se fichent éperdument qu’on va déchirer le voile de quatre générations de propagande de guerre froide qui ont diabolisé ce grand pays.

Le combat de la Russie n’est pas une croisade du « Bien «  contre le « Mal » où on aurait simplement inversé les protagonistes habituels, c’est un combat pour le retour au réel. C’est un combat contre le monde de la post-vérité. C’est un combat, que ça plaise ou non à ceux qui l’ont déclenché à contre-cœur, parce qu'ils y ont été acculés par l'impérialisme, un combat contre le capitalisme à son stade ultime de décomposition.

GQ, 26 août 2022, revu le 1

 

Les « collabos de Poutine » selon Laurent Joffrin

La "Libre-Débats" du week-end des 15-16/04/2023 a publié un article de Laurent Joffrin qui s’efforce de décrédibiliser tous ceux qui se refusent de diaboliser Poutine (1). Rien que le titre « Les collabos de Poutine » en dit long sur les intentions de l’auteur. "Collabo" est un terme injurieux désignant communément tous ceux qui, à des titres divers, ont collaboré avec l’occupant nazi.

Comme au bon vieux temps de l’épuration et des femmes tondues, Laurent Joffrin se croit autorisé à livrer à la vindicte populaire quelques noms au hasard, avec des accusations qu’il imagine gravissimes :

- Michel Onfray : « devenu, à force de zigzags idéologiques, le polygraphe officiel du nationalisme le plus obtus »,

- Régis Le Sommier : « ancien de Paris-Match, animateur de la revue qui signe des reportages édifiants sur le courage des soldats russes »,

- Maurice Gourdault-Montagne : « diplomate plutôt nuancé soudain enrôlé dans cette opération de désinformation »,

- Arno Klarsfeld : « mirobolant polémiste surtout connu pour ses rollers »,

- Jacques Sapir : « économiste venu de l’ancien Front de Gauche passé à la droite souverainiste la plus rigide »,

- Henri Guaino : « ex-gaulliste et néo-sarkozyste, devenu prêcheur du relativisme poutinoïde ».

Amusant de voir Laurent Joffrin accuser Michel Onfray de « zigzags idéologiques ». Joffrin n’est-il pas lui-même le champion toutes catégories de cette spécialité ? Ancien familier de Jean-Marie Le Pen (2), il est passé plusieurs fois de L’Obs à Libé et vice-versa avant de s’aventurer dans un nouveau média, Le Journal. Un parcours sinueux qui laisse rêveur.

Libre à Joffrin de ne pas aimer l’idéologie de Régis Le Sommier. Mais il y a bien d’autres journalistes de terrain qui ne partagent pas la doxa occidentale du méchant Poutine contre le gentil Zelensky, comme Christelle Néant ou Anne-Laure Bonnel – dont sans doute Joffrin n’a jamais entendu parler, pas plus qu’il n’a sans doute entendu parler de témoins privilégiés, comme l’assistant humanitaire Adrien Bocquet ou l’observateur international Jean Neige.

Pourquoi s’en prend-il particulièrement à Maurice Gourdault-Montagne ? Cet ancien ambassadeur de France, à la carrière prestigieuse, n’est pourtant pas le seul diplomate à critiquer vivement les agissements de l’OTAN en Ukraine, comme, par exemple, le Britannique Alastair Crooke, le Suisse Jean-Pierre Vettovoglia ou l’Indien M.K. Bhadrakumar, lesquels sont, bien entendu, snobés par le nombrilisme parisien de Laurent Joffrin.

Il n’est pas question ici de juger le parcours politique d’Arno Klarsfeld dont on peut penser ce qu’on veut. Mais sa dénonciation argumentée de la présence bien réelle du nazisme en Ukraine mérite assurément le respect. En tout cas, réduire cette évidence (3) à « des bribes de vérité » en traitant l’activiste juif Klarsfeld de « mirobolant » et en ironisant sur « ses rollers », c’est, de la part de Joffrin, minable, sinon pathétique, voire odieux.

Que les analyses de Jacques Sapir dérangent les certitudes de Joffrin, ça ne change rien au fait que le conflit ukrainien a accéléré l’émergence d’une nouvelle architecture géopolitique multipolaire dans laquelle l’Europe a déjà commencé à payer très cher sa vassalisation vis-à-vis l’Oncle Sam. C’est aussi l’avis d’un nombre croissant d’observateurs non alignés : Caroline Galactéros, Jacques Baud, Sylvain Ferreira, Éric Denécé, Emmanuel Todd, etc.

Et Henri Guaino, ancienne plume de Sarkozy, aurait-il tort de renouer avec la vision de Charles De Gaulle pour qui l’Europe s’étend de l’Atlantique à l’Oural ? Joffrin oserait-il s’en prendre à Pierre De Gaulle, le petit-fils du Général, qui ne cesse de dénoncer le rôle funeste de l’OTAN ? Ira-t-il jusqu’à l’accuser de « relativisme poutinoïde » ?

C’est probable, car pour Joffrin il suffit de faire remarquer que la guerre n’a pas commencé le 24 février 2022 pour se voir accusé « d’épauler la propagande du Kremlin ».

Avec de telles prémisses, on ne s’étonnera pas de le voir assener de grossières contre-vérités. Deux exemples :

D’après Joffrin, « (...) des solutions diplomatiques (...) ont été rejetées avec force par Vladimir Poutine ». C’est exactement le contraire de la vérité, comme l’a révélé l’ex-Premier ministre d’Israël Naftali Bennett (4).

Autre déclaration de Joffrin : « (...) « les libertés publiques ont toujours été respectées dans la nouvelle Ukraine ». C’est complètement faux : fermeture des télévisions d’opposition, arrestation de journalistes indépendants et accroissement des mesures contre la culture russe (5).

Comment peut-on publier impunément de telles contre-vérités ? Comment qualifier une telle impudence ? Qu’est-ce qui autorise Joffrin à traiter de « collabos » ceux qui ne pensent pas comme lui ? Espère-t-il ainsi gagner des lecteurs ?

Le mercredi 12 avril, à Paris, Laurent Joffrin lançait officiellement « Le Journal », un nouveau média en ligne avec pour ambition d’affirmer la voix d’une gauche réformiste face à « l’extrême droite nationaliste, la technocratie verticale macroniste et le populisme de gauche » : excusez du peu. Son slogan : « On peut être de gauche et avoir une bonne droite ». Encore faut-il ne pas décocher ses coups dans le vide comme un boxeur dans le cirage.

André LACROIX

(1) https://www.lalibre.be/debats/2023/04/15/les-collabos-de-poutine-H43FW....
(2) Photo à l’appui. Voir, entre autres,
https://www.legrandsoir.info/laurent-joffrin-ou-le-mepris-de-ses-lecteurs.html).
(3) Lire, par exemple : https://forward.com/news/462916/nazi-collaborator-monuments-in-ukraine/.
(4) Voir https://cf2r.org/editorial/quand-le-brouillard-de-la-guerre-commence-a... ou https://www.investigaction.net/fr/loccident-a-sabote-la-paix-en-ukrain....
(5) Voir notamment http://www.defenddemocracy.press/zelensky-bans-political-opposition-na... et http://www.defenddemocracy.press/ukraine-parliament-passes-new-laws-se... de même que : https://lafauteadiderot.net/Repression-censure-neoliberalisme-a-la-Pin....



Hommage à Jacques Gaillot, Juste parmi les Justes.

Nous apprenons avec tristesse la mort de Jacques Gaillot, un grand militant chrétien qui n’avait pas peur d’affronter sa hiérarchie quand sa conscience le lui conseillait (il fut « cassé » par le pape archi-réactionnaire Woytela, qui le démit en 1995 de sa charge d’évêque d’Evreux dont il occupait le sacerdoce depuis 1982 ), de fréquenter des communistes « sulfureux » et j’ai de lui deux souvenirs pas si « pieux » que cela:

– Contacté par mon camarade Désiré Marle, prêtre-ouvrier du Pas-de-Calais et militant CGT, président du Comité Honecker de Solidarité Internationaliste, le Père Gaillot avait apporté son soutien à Erich Honecker et aux communistes allemands au moment où ils étaient abandonnés par tous, et d’abord par les dirigeants « eurocommunistes » occidentaux et français.

– Quelques années plus tard, pour marquer sa solidarité avec Cuba, Jacques avait concélébré une messe dédiée à Cuba socialiste avec Désiré Marle.

« Et si les chrétiens du pays / Sans vergogne / Jugent que cet homme a failli

Çà laisse à penser que pour eux / Sans vergogne / L’Evangile c’est de l’hébreu »

Brassens, Les Quatre Bacheliers

Honneur et tendresse pour ce Juste parmi les Justes!

Georges Gastaud 

Note de Pedrito

Ce devait  être en 2000, 2001. Nous venions avec mon épouse Gisèle de passer le dimanche après midi, comme tous les quinze jours, à l'hôpital de LANNEMEZAN, où mon neveu Philippe avait été transféré après avoir été battu à mort deux ou trois ans auparavant à la sortie d'un bar à AUCH, par trois ivrognes sanguinaires.  Nous rentrions par la route qui descend vers TRIE, destination finale MAUBOURGUET. En traversant CASTELNAU MAGNOAC, je reconnais, assis sur un banc public et devisant avec un ami, Mgr GAILLOT. Je dis et j'écris monseigneur, parce que, bien que athée, j'avais pour cet homme une profonde admiration, tellement son comportement humain me paraissait exemplaire, en opposition absolue avec le pape de l'époque, le très réac  polonais qui ne lui arrivait pas à la cheville dans le domaine de la fraternité prôné par l'Église catholique.

J'ai stoppé le moteur, je me suis approché d'eux, je  les ai salués, juste le temps de dire à l'Évêque ma profonde et respectueuse admiration. Il n'a pas paru étonné, l'habitude sans doute de recevoir de tels hommages. J'ai tout de suite reconnu le regard et le visage tout entier de l'homme bon que la télé m'avait fait connaitre. Il m'a remercié, sensible sans doute à ma démarche spontanée, agréablement surpris sans doute car je lui avais précisé en deux mots que je n'étais pas croyant mais que si j'avais tenu à le saluer c'était pour son courage et l'image qu'il donnait de sa foi et de l'Église. Et je l'ai quitté aussi rapidement que je m'étais arrêté.

J'ai appris plus tard qu'il vivait dans une maison de retraite pour religieux.

Sa disparition m'a fait beaucoup de peine. 

Épilogue.

Quand à mon pauvre neveu, il s'est éteint peu de temps après, et ces quatre années de grandes souffrances sur son fauteuil roulant. Quand on a ramené le corps chez ses parents, alors que mon épouse Gisèle, - sa tante par alliance, qui l'avait patiemment visité chaque quinzaine  par amour pour moi, pour me faire plaisir- se levait pour saluer sa dépouille, comme la mère de Philippe venait de lui prendre la main, en lui disant "vous venez, Gisèle? " , mon autre neveu, le frère de Philippe, s'était interposé d'un autoritaire " NON MAMAN, LA FAMILLE D'ABORD!" 

Dois-je préciser que je n'ai pas apprécié. Pour mon épouse, et pour elle seule, sa patience, sa gentillesse, l'amour qu'elle avait manifesté pour tous, elle qui avait effectué avec moi une centaine de visites de Philippe, alors que le frère ne s'était pas donné la même peine.....Loin de là.... Ma femme qui avait sacrifié pendant plus de 4 ans une centaine de dimanches, ma perle considérée par un petit malappris comme ne faisant pas partie de la famille!!! . Je n'ai pas pardonné. L'immense orgueil de ce neveu l'a dispensé d'exprimer un regret. Un seul. Un tout petit peu d'humilité, ce ciment des vrais hommes.

Depuis ce jour, j'ai rompu avec lui. Malheureusement aussi avec sa mère, qui n'a pas eu le courage de dire à son fils de réfléchir. De se faire pardonner sa goujaterie. Voilà pourquoi je rattache à Mgr GAILLOT ce triste épisode de ma vie, où je me suis détourné d'une partie de ma famille, à cause d'un malotru qui dicta sa règle imbécile à sa mère. Sans que celle-ci n'objecte la moindre réplique.