- Publié par histoireetsociete le décembre 29, 2011 dans Economie, Europe
Un événement trés important: l’accord sino-japonais concernant leurs monnaies respectives par danielle Bleitrach
La Chine et le Japon ont annoncé lundi avoir signé un accord pour utiliser leurs monnaies respectives au lieu du dollar dans leurs échanges commerciaux. C’est un événement d’une grande importance à la fois pour ce qu’il représente en matière d’évolution monétaire par rapport au primat de la monnaie de réserve qu’est le dollar mais aussi parce qu’il symbolise d’évolution politique entre les deux pays longtemps hostile l’un à l’autre à la fois à cause des atrocités commises par l’Armée japonaise en Chine et la manière dont le Japon, géant économique et nain politique (comme l’Allemagne) s’était placé sous la protection des Etats-Unis.
Incontestablement la maivaise santé de l’économie nord américaine et l’incapacité dans laquelle celle-ci se trouve de maîtriser son système financier, la débâcle de l’Euro mais aussi le bellicisme sans moyen réels de tenir les pays que l’OTAN occupe, le fiasco irakien, la ridicule expédition de Libye et désormais les menaces sur la Syrie et L’Iran acentuent la crise de crédibilité face au dollar.
Cette décision doit être replacée dans le contexte de la stratégie de la Chine en Asie où en pratiquant une politique régionale d’avantages mutuels et de non intervention dans les politiques locales, un respect des souveraineté et la création d’échanges systématiques mutuellement avantageux. la Chine a réussi dans cette zone non seulement à dénouer des conflits traditionnels avec le Japon mais aussi avec le Viet-Nam (encore plus difficiles à dénouer) mais encore à apparaître comme la force économiqur capable d’empêcher l’extension de la crise venue des Etats-Unis et de l’Europe.
Cette décision se comprend d’ailleurs aussi par rapport à la crise de l’euro et le fait que les échanges commerciaux entre la Chine et ke Japon n’ont cessé de s’étendre, le Japon vendant plutôt les biens d’équipement, faisant donc des transferts de technologie et la Chine des biens de consommation à des prix défiant toute concurrence. Jusqu’à présent les échanges étaient réglés en dollars et l’accord prévoit que désormais leurs entreprises préféreront le yen et le Yuan.
Cet accord n’est pas le premier du genre, il y a deux ou trois mois un accord semblable a été signé avec la Russie et avec des banques centrales d’Asie et surtout sud-américaines où ils vont dans le sens voulu par Chavez de se dégager de l’impact du dollar, du FMI et de toutes les institutions qui consacrent la suprématie des Etats-Unis à travers sa capacité de monnaie de réserve. Mais le Japon est plus caractéristique dans la mesure où il s’agit là de l’allié traditionnel des Etats-Unis et Chine et Japon sont les deux pays ayant le plus de réserve d’obligations des EtatsUnis. Comme il n’existe pas de marché du yuan comme il existe un marché du dollar ou même de l’euro, le japon va accumuler des réserves sans que pour autant la Chine ait à changer la convertabilité de sa monnaie.
Enfin il faut voir que la Chine peut agir ainsi sans faire monter le cours du Yuan en maitrisant le taux de leur monnaie (100 yuan font 15 dollars) parce que Pekin conserve le contrôle de sa monnaie, il s’agit d’un secteur tout à fait nationalisé et entrant dans un système de planification. La Chine ne veut pas l’hégémonie, elle veut pour elle et d’autres pays du sud échapper au fait que toutes les matières premières, énergétiques en particulier ont des prix fixés en dollars, une monnaie de facturation et de réglement,ce qui fait que quand un pays veut acheter du blé, du pétrole ou n’importe quoi il est obligé d’acheter du dollar pour payer la facture. Les etats-Unis n’ont qu’à faire agir la planche à billet que les autres pays doivent acheter pour pratiquer les échanges et donc constituer des réserves.
La Chine tente donc avec l’accord d’un nombre grandissant de pays de changer le système en instituant un troc à l’échelle mondiale et en commençant à faire du yuan une monnaie de réserve tout en continuant à contrôler le taux du yuan et en empchant la baisse du dollar. L’euro a raté par soumission aux Etats-Unis la possibilité qu’espérait de lui les pays du sud et les émergeants de sortir de la dictature du dollar, il est évident qu’aujourd’hui il n’est plus en état de présenter une alternative et la Chine avec le Yuan s’est glissé dans cette situation pour bouleverser la donne.
J’avais écrit il y a quelques années les chapitres des Etats-Unis de Mal empire, ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud, dans lequel j’annonçais à la fois l’unification de l’Amérique latine et la manière dont la Chine est en train de permettre un changement mondial et de nouveau rapports sud-sud. Nous y sommes et la Chine est en train de fournir les moyens à ce renversement. tandis que l’Amérique latine a mis en place le CELAC qui est une grande étape dans l’indépendance de ce continent traditionnel lieu de ressources de matière première poir les Etats-unis.
Nous franchisson un nouveau seuil dans l’évolution avec l’accord d’échange monétaire avec le Japon. le phénomène extraordinaire est cette fois le changement japonais qui face à la crise transforme de fait sa relation aux Etats-unis et rentre dans ce qui peut paraître une nouvelle alliance.
je signale également un autre événement important qui n’a pas manqué de provoquer l’intérêt de Pekin, les manoeuvres de la marine iranienne dans le détroit d’ormuz et de fait la menace de bloquer le détroit d’ormuz. pour ceux qui l’ignoreraient par le détroit transite 40 % de l’énergie mondiale et une bonne partie de l’énergie de la Chine et de l’Europe. le blocage du détroit d’ormuz cela peut faire monter le baril à deux cent euros et là il ne reste plus qu’à vivre de crèpes sur un feu de bois
Quand on élargit un peu son champ de vision on trouve d’un ridicule achevé les fanfaronnades de la france tout juste capable d’aller pilonner un petit pays de 6 millions d’habitants sans se rendre compte de ce qui est en train de se mettre en place à l’échelle mondiale. cela rend encore plus ridicules les réactions de la classe politique française face à la demande de prêt à la Chine comme si la Chine avait besoin de l’euro, Le ridicule en matière de vision de la Chine n’avait d’équivalent que l’unanimité à soutenir le bellicisme du président sarkozy et les folies otanesques. L’histoire jugera sévérement ce moment de décadence ubuesque des anciennes grandes puissances qui sont actuellement en guerre avec toute la planète qui semble marquer une volonté grandissante de les isoler.
Danielle Bleitrach