AIRE SUR L’ADOUR : DÉCEVANTE
NOVILLADA DU 1° MAI.
C’est vrai que la
cuadra de chevaux du « PIMPI » n’est pas constituée de
petits formats, et les toros qu’ils affrontent paraissent en
général de taille modeste face à ces forteresses. Aujourd’hui,
le contraste était saisissant : les novillos des héritiers de
Christophe YONNET ressemblaient à des salamandres côtoyant des
tortues géantes. Tant pis si la comparaison ne vous paraît pas des
plus heureuses.... Hormis le cinquième, de gabarit respectable,
longtemps annoncé comme « LE »
novillo, par Juanique, spécialement venu de COLLIOURE, le lot dans
son ensemble a beaucoup déçu la petite chambrée d’aficionados –
un tiers d’arène - , par manque de trapio, d’abord, mais aussi
manque de caste et de poder. Une grande noblesse, que les piétons
furent incapables d’exploiter. Il est vrai que ces faibles novillos
avaient des cornes, pitones astifinos, pas du goût des garçons, et
notamment de GUILLON, au sujet duquel court cette savoureuse
anecdote, qui en dit long sur l’état de la novilleria actuelle,
sur son absence totale d' envie de « triompher », à défaut de la
nécessité impérieuse mais totalement inconsistante chez la plupart
d’entre eux, de savoir toréer et lidier....
Invité
à tienter il y a peu chez un YONNET, le garçon, inquiet à la vue des
vaches proposées, interroge autour de lui :
- « Vous ne les avez pas afeitées ?
- Non ! Pourquoi ?
- Ah bon..... Comme çà ...»
Par
contre, il y a deux ou trois choses que l’on apprend en priorité
aux garçons qui choisissent ce métier, c’est cultiver les
attitudes et brinder. Brinder....Cela, ils savent faire. Hélas,
souvent, çà s’arrête là, et comment s’étonner de retrouver
ensuite, tapis depuis les burladeros, d’anciens novilleros ou même
matadors qui n’avaient appris qu’à brinder, donner des passes
sur le passage, reculer avant de s’échapper, qui ne savent
aujourd’hui, après leur propre échec, qu’encourager - de leurs
mauvais conseils et de « bièèèènnn », bièèènnn »
destinés à donner le change, à faire prendre aux gogos des vessies
pour des lanternes, à faire oublier leurs propres carences
professionnelles- leurs petits protégés aux abois, incapables de
trouver le sitio, les distances, se croiser, lidier, dominer, avant
la conclusion, l’estocade à un toro vaincu, non pas par cent
passes à un animal formaté, s’il les supporte, mais par une lidia
appropriée à chaque animal.
GUILLON
reçoit son premier YONNET, un torito de format réduit, qui se
plaint et gueulera jusqu’à sa mort, tel un veau de 95 kilos
arraché à sa mère pour arpenter le ruedo du bolsin de BOUGUE. Le
piquero rentre dans les cercles pour trucider à bout portant la
bestiole à l’arrêt. Après quelques coups de torchon
approximatifs, le novillo s’avise : quoi de plus normal, avec
un tel traitement? Absence totale de lidia. Beaucoup d’attitudes
empruntées, sans effet sur l’animal, un peu d’effet sur un
public gogo qui regarde de travers les protestataires, heureusement
que de ceux-là il y en a un peu partout, et de plus en plus. Entière
en arrière et sur le côté. Et dire que ce garçon devrait prendre
l’alternative en juillet ! Bagage technique nettement
insuffisant. Le néant ! Il n’est pourtant pas trop tard pour
remettre à plus tard cette catastrophe annoncée : pas
l’alternative, par elle-même, qui de toute façon sera arrangée
pour les poches de quelques uns, mais la suite....
Son
second opposant tient davantage de la NSP. Ce qui n’empêche pas le
piquero de l’assassiner sans retenue. Deuxième « rencontre »
protestée. Mais GUILLON n’est pas intervenu, ou si tard... Pas
plus que les alguaciles, aux abonnés absents. Muleta sans cesse
accrochée, passes profilées et sur le recul. Débâcle. Une voix
tonne depuis les gradins : « Applique toi ! ».
Un message que le garçon ne peut entendre ni comprendre, appliqué
qu’il est à expédier les affaires courantes, comme à chaque
tarde, avec ses moyens trop limités. Qui lui apprendra à trouver
le sitio, les distances, avancer la jambe pour se croiser et dominer.
Lidier ! Un mot que plus personne ne semble connaître dans les
ruedos de la fiesta cirque.
Pinchazo
avant une entière. L’alternative dans deux mois ? Que pena !!
Également
juste digne de la NSP, l’avacado à petite tête que reçoit DIAS
COMES. Pour ce torito aussi, deux rencontres au cheval sans aucune
précision, mais sans ménagement, qui gardera quand même boca
cerrada jusqu’à la fin. Un effort du Portugais pour se croiser en
début de faena, le novillo est noble et il charge sans se faire
prier, peut-être le meilleur du lot. Mais la muleta est plusieurs
fois accrochée, le novillo s’avise naturellement, refuse la faena
sur la corne gauche. Puis séries profilées, comme on les pratique
dans toute la toreria actuelle. Avant sept pinchazos où l’épée
est abandonnée à chaque tentative. Une entière enfin. Piètre
tueur.
Le
quinto enfin ! Veleto et plus haut que ses frères,
effectivement. Il s’arrête face au cheval, qui s’avance vers
lui. Et le piquero dégaine sa lance sans vergogne. Deuxième
ration : ratée, sur l’embestida, mais reprise alors que le
novillo reste collé au cheval. Du vrai travail de crapule. Sans
risque de représailles ni punition. GOMES tente de se croiser pour
un premier cite, mais le YONNET glisse, se couche. Il s’affalera
ainsi plusieurs fois. Quelques redondos laborieux, arrachés à
l’animal qui manque de charge. D’entrega. La gueule ouverte, il
finit rapidement par se figer. Un blog de marbre d’où le Portugais
tentera d’arracher quelques muletazos, comme si c’était la
condition, le prix à payer, pour arracher un trophée qui ne viendra
pas, alors qu’il fallait abréger . Faena – si l’on peut
l’appeler ainsi - qui s’étire, interminable, sans transmission
ni émotion. Pinchazos et bajonazo. Et le garçon qui ose se montrer
pour saluer, après sa prestation inconsistante !! C’est
vraiment l’ère des trampas !
Le
troisième YONNET ressemble à un chorizo, murmure un voisin. Jolie
tête, mais petit. Tout petit ! Disons le sans chauvinisme,
notre FRITERO national, s’est montré le meilleur piquero des six.
Le meilleur du jour, le plus taurin, le plus professionnel. Qui a
administré à son torito la plus belle « piquette »,
dans les règles de l’art, levant vite la pique comme l’exigeait
le trapio du novillo. Qui, mal inspiré, quitte FLOUTIER pour bondir
vers le réserve, RIBOULET, qui, lui, le massacre sans autre forme de
procès. Triste sire ! Comportement indigne, qui plus est, d’un
éleveur. Retour ensuite du novillo vers FRITERO, qui l’épargne,
le ménage, avec la classe d’un torero. Un geste qui honore le
piquero, applaudi, pendant que RIBOULET est sifflé.
Ensuite ?
Le numéro habituel des pega pases, sans toréer. On fait passer,
sans guider ni peser, sans imposer, toreo saccadé, à un petit
animal faible, qui tombe et se plaint comme un veau, , on tente de le
maintenir debout, muleta haute, conclusion par une entière …...dans
le dos. Six descabellos !
Le
dernier, colorado chorreado, n’aura pas droit aux bâtonnets de la
petite vedette, tout juste apprentie mais déjà catactérielle. Ces
banderilles souvent plantées à cornes passées mais que les gogos
attendent comme un des grands moments de la tarde. Il a refusé de
les prendre, probablement vexé de ne pas avoir obtenu de récompense,
de saluer, après son premier novillo, il a donc sans doute voulu
punir ce public d’ingrats. Le YONNET est fin, bien armé, il charge
de loin. Hélas ! Deux piques de voyou, et il finit par se faire
enfermer vers les planches par l’assassin de service à cheval, le
piquero qui ne rend de ses mauvais comptes à personne d'autre qu’à son
petit employeur. Qui lui n’intervient pour le cambio que lorsque le mal
est consommé. Après cela, des pauses, beaucoup de simulacre, Mais
point de toreo vrai ! Début de faena une main sur les planches,
avant de conduire l’animalito au centre du rond. Mais le pico fait
office exclusif de lidia. On en use, jusqu’à l’abus. Complété
par le toreo profilé. Sur le passage : on fait illusion. Muleta
sur le museau du novillo qui garde boca cerrada et qui restera le
maitre, malgré les desplantes avantageux mais tricheurs. Protestés
par des aficionados. Et c’est tant mieux.
Acier
dans le ventre, puis 1/3 atravesada. Conclusion au cinquième
descabello
Aucun
animal n’aura été proprement toréé, dominé. Pourtant, il y
avait quand même matière à s’exprimer, devant des novillos
embarqués au petit matin et débarqués au terme du voyage, ce qui
peut expliquer la faiblesse : fatigue, soif,....
Triste
tarde en résumé. Heureusement, il y avait les copains retrouvés
après la longue hibernation, il y avait le soleil enfin revenu.
Mais
qu’ils étaient loin, les novillos de COLLIOURE, puissants,
encastés, leurs frères aux gabarits impressionnants ! On était
venus pour eux, nous avons eu droit à une pitoyable
novillada décastée, avec, il est vrai, des novilleros sans bagage
ni envie. Ce qui n’a pas relevé l’anchoïade