samedi 5 mai 2012

AIRE SUR L'ADOUR: DÉCEPTION AFICIONADA


AIRE SUR L’ADOUR : DÉCEVANTE NOVILLADA DU 1° MAI.

C’est vrai que la cuadra de chevaux du « PIMPI » n’est pas constituée de petits formats, et les toros qu’ils affrontent paraissent en général de taille modeste face à ces forteresses. Aujourd’hui, le contraste était saisissant : les novillos des héritiers de Christophe YONNET ressemblaient à des salamandres côtoyant des tortues géantes. Tant pis si la comparaison ne vous paraît pas des plus heureuses.... Hormis le cinquième, de gabarit respectable, longtemps annoncé comme « LE » novillo, par Juanique, spécialement venu de COLLIOURE, le lot dans son ensemble a beaucoup déçu la petite chambrée d’aficionados – un tiers d’arène - , par manque de trapio, d’abord, mais aussi manque de caste et de poder. Une grande noblesse, que les piétons furent incapables d’exploiter. Il est vrai que ces faibles novillos avaient des cornes, pitones astifinos, pas du goût des garçons, et notamment de GUILLON, au sujet duquel court cette savoureuse anecdote, qui en dit long sur l’état de la novilleria actuelle, sur son absence totale d' envie de « triompher », à défaut de la nécessité impérieuse mais totalement inconsistante chez la plupart d’entre eux, de savoir toréer et lidier....
Invité à tienter il y a peu chez un YONNET, le garçon, inquiet à la vue des vaches proposées, interroge autour de lui :
  • « Vous ne les avez pas afeitées ?
  • Non ! Pourquoi ?
  • Ah bon..... Comme çà ...»
Par contre, il y a deux ou trois choses que l’on apprend en priorité aux garçons qui choisissent ce métier, c’est cultiver les attitudes et brinder. Brinder....Cela, ils savent faire. Hélas, souvent, çà s’arrête là, et comment s’étonner de retrouver ensuite, tapis depuis les burladeros, d’anciens novilleros ou même matadors qui n’avaient appris qu’à brinder, donner des passes sur le passage, reculer avant de s’échapper, qui ne savent aujourd’hui, après leur propre échec, qu’encourager - de leurs mauvais conseils et de « bièèèènnn », bièèènnn » destinés à donner le change, à faire prendre aux gogos des vessies pour des lanternes, à faire oublier leurs propres carences professionnelles- leurs petits protégés aux abois, incapables de trouver le sitio, les distances, se croiser, lidier, dominer, avant la conclusion, l’estocade à un toro vaincu, non pas par cent passes à un animal formaté, s’il les supporte, mais par une lidia appropriée à chaque animal.

GUILLON reçoit son premier YONNET, un torito de format réduit, qui se plaint et gueulera jusqu’à sa mort, tel un veau de 95 kilos arraché à sa mère pour arpenter le ruedo du bolsin de BOUGUE. Le piquero rentre dans les cercles pour trucider à bout portant la bestiole à l’arrêt. Après quelques coups de torchon approximatifs, le novillo s’avise : quoi de plus normal, avec un tel traitement? Absence totale de lidia. Beaucoup d’attitudes empruntées, sans effet sur l’animal, un peu d’effet sur un public gogo qui regarde de travers les protestataires, heureusement que de ceux-là il y en a un peu partout, et de plus en plus. Entière en arrière et sur le côté. Et dire que ce garçon devrait prendre l’alternative en juillet ! Bagage technique nettement insuffisant. Le néant ! Il n’est pourtant pas trop tard pour remettre à plus tard cette catastrophe annoncée : pas l’alternative, par elle-même, qui de toute façon sera arrangée pour les poches de quelques uns, mais la suite....
Son second opposant tient davantage de la NSP. Ce qui n’empêche pas le piquero de l’assassiner sans retenue. Deuxième « rencontre » protestée. Mais GUILLON n’est pas intervenu, ou si tard... Pas plus que les alguaciles, aux abonnés absents. Muleta sans cesse accrochée, passes profilées et sur le recul. Débâcle. Une voix tonne depuis les gradins : « Applique toi ! ». Un message que le garçon ne peut entendre ni comprendre, appliqué qu’il est à expédier les affaires courantes, comme à chaque tarde, avec ses moyens trop limités. Qui lui apprendra à trouver le sitio, les distances, avancer la jambe pour se croiser et dominer. Lidier ! Un mot que plus personne ne semble connaître dans les ruedos de la fiesta cirque.
Pinchazo avant une entière. L’alternative dans deux mois ? Que pena !!
Également juste digne de la NSP, l’avacado à petite tête que reçoit DIAS COMES. Pour ce torito aussi, deux rencontres au cheval sans aucune précision, mais sans ménagement, qui gardera quand même boca cerrada jusqu’à la fin. Un effort du Portugais pour se croiser en début de faena, le novillo est noble et il charge sans se faire prier, peut-être le meilleur du lot. Mais la muleta est plusieurs fois accrochée, le novillo s’avise naturellement, refuse la faena sur la corne gauche. Puis séries profilées, comme on les pratique dans toute la toreria actuelle. Avant sept pinchazos où l’épée est abandonnée à chaque tentative. Une entière enfin. Piètre tueur.
Le quinto enfin ! Veleto et plus haut que ses frères, effectivement. Il s’arrête face au cheval, qui s’avance vers lui. Et le piquero dégaine sa lance sans vergogne. Deuxième ration : ratée, sur l’embestida, mais reprise alors que le novillo reste collé au cheval. Du vrai travail de crapule. Sans risque de représailles ni punition. GOMES tente de se croiser pour un premier cite, mais le YONNET glisse, se couche. Il s’affalera ainsi plusieurs fois. Quelques redondos laborieux, arrachés à l’animal qui manque de charge. D’entrega. La gueule ouverte, il finit rapidement par se figer. Un blog de marbre d’où le Portugais tentera d’arracher quelques muletazos, comme si c’était la condition, le prix à payer, pour arracher un trophée qui ne viendra pas, alors qu’il fallait abréger . Faena – si l’on peut l’appeler ainsi - qui s’étire, interminable, sans transmission ni émotion. Pinchazos et bajonazo. Et le garçon qui ose se montrer pour saluer, après sa prestation inconsistante !! C’est vraiment l’ère des trampas !
Le troisième YONNET ressemble à un chorizo, murmure un voisin. Jolie tête, mais petit. Tout petit ! Disons le sans chauvinisme, notre FRITERO national, s’est montré le meilleur piquero des six. Le meilleur du jour, le plus taurin, le plus professionnel. Qui a administré à son torito la plus belle « piquette », dans les règles de l’art, levant vite la pique comme l’exigeait le trapio du novillo. Qui, mal inspiré, quitte FLOUTIER pour bondir vers le réserve, RIBOULET, qui, lui, le massacre sans autre forme de procès. Triste sire ! Comportement indigne, qui plus est, d’un éleveur. Retour ensuite du novillo vers FRITERO, qui l’épargne, le ménage, avec la classe d’un torero. Un geste qui honore le piquero, applaudi, pendant que RIBOULET est sifflé.
Ensuite ? Le numéro habituel des pega pases, sans toréer. On fait passer, sans guider ni peser, sans imposer, toreo saccadé, à un petit animal faible, qui tombe et se plaint comme un veau, , on tente de le maintenir debout, muleta haute, conclusion par une entière …...dans le dos. Six descabellos !
Le dernier, colorado chorreado, n’aura pas droit aux bâtonnets de la petite vedette, tout juste apprentie mais déjà catactérielle. Ces banderilles souvent plantées à cornes passées mais que les gogos attendent comme un des grands moments de la tarde. Il a refusé de les prendre, probablement vexé de ne pas avoir obtenu de récompense, de saluer, après son premier novillo, il a donc sans doute voulu punir ce public d’ingrats. Le YONNET est fin, bien armé, il charge de loin. Hélas ! Deux piques de voyou, et il finit par se faire enfermer vers les planches par l’assassin de service à cheval, le piquero qui ne rend de ses mauvais comptes à personne d'autre qu’à son petit employeur. Qui lui n’intervient pour le cambio que lorsque le mal est consommé. Après cela, des pauses, beaucoup de simulacre, Mais point de toreo vrai ! Début de faena une main sur les planches, avant de conduire l’animalito au centre du rond. Mais le pico fait office exclusif de lidia. On en use, jusqu’à l’abus. Complété par le toreo profilé. Sur le passage : on fait illusion. Muleta sur le museau du novillo qui garde boca cerrada et qui restera le maitre, malgré les desplantes avantageux mais tricheurs. Protestés par des aficionados. Et c’est tant mieux.
Acier dans le ventre, puis 1/3 atravesada. Conclusion au cinquième descabello
Aucun animal n’aura été proprement toréé, dominé. Pourtant, il y avait quand même matière à s’exprimer, devant des novillos embarqués au petit matin et débarqués au terme du voyage, ce qui peut expliquer la faiblesse : fatigue, soif,....

Triste tarde en résumé. Heureusement, il y avait les copains retrouvés après la longue hibernation, il y avait le soleil enfin revenu.
Mais qu’ils étaient loin,  les novillos de COLLIOURE, puissants, encastés, leurs frères aux gabarits impressionnants ! On était venus pour eux, nous avons eu droit à une pitoyable novillada décastée, avec, il est vrai, des novilleros sans bagage ni envie. Ce qui n’a pas relevé l’anchoïade