mardi 20 novembre 2018

MARDI 20. NE ME QUITTES PAS

  • Il est 9H! Je viens de t'appeler 4 fois en vain, tu as répondu à mon cinquième appel. J'étais mort d'inquiétude. Une infirmière était en train de te faire une .....centième pris de sang. Celle-le là aussi, je lui en veux! Comme si elle n'aurait pas pu te laisser au moins une seconde pour me répondre. Bon, je vais te rejoindre d'ici un moment, le temps de m'arrêter pour acheter quelques mandarines, raisins, le journal télé .....Que la nuit a été longue, agitée.....Je t'expliquerai tout à l'heure, c'est à dire ce soir. Comme tu parles peu, je donnerai plus de détails. Même si je te dirai l'essentiel d'ici midi, ou d'ici ce soir. Je t'aime tant, ma perle.... Et j'ai tant à te dire......Mais tout se brouille.....
  • Voilà, il est presque 22 heures, j'ai avalé un peu de bouillon, j'avais déjà pris pas mal de ce que tu délaissais à 19 H dans ton assiette. Maintenant, face à mon écran, je tente de sinon de faire le vide, du moins de décompresser. Faire le vide de quoi? De toi? Ce serait injuste, de la folie....Je te dois tant, que je ne serais pas moi, je ne serais pas l'humain- même imparfait- que j'ai toujours voulu être. Avec les autres. Autrui.  Dix heures passées près de toi, à essayer de me rendre utile, de faire que tu paraisses ne pas t'ennuyer, alors que tes silences sont le plus inquiétant, le plus cruel des mystères, qui font que j'éprouve en retrouvant notre maison horriblement vide de ta présence chérie une douleur insoutenable -( tu as du  remarquer qu'avant cette épreuve, je n'éprouvais pas ce besoin lancinant de te témoigner tant de marques d'amour, de te crier mon amour, comme un écorché vif: la routine du bonheur quotidien d'être près de toi, sans doute).....
  • On ne t'a pas posé le drain promis hier, peut-être demain....Par contre, en plus de cette saleté qui envahit tes poumons, tu souffres de ne pas aller aux selles depuis plusieurs jours, malgré les soins apportés par le personnel  soignant, rien n'y fait. Ah! Ce soir, avant que je parte, il nous a semblé que tes efforts finissaient par payer un peu. J'attends demain matin pour que peut-être tu me rassures, du moins dans ce domaine. Je te l'ai répété avant de partir: comme je voudrais t'arracher et endosser ta souffrance. Totalement. Te voir apaisée. Presque confiante, souriante, ce qui est devenu tellement rare....
  • Cette nuit, ma biche chérie, j'ai beaucoup tourné et retourné dans notre lit, le sommeil ne voulait pas venir. Et je me suis fait et refait quelques petits morceaux de film de notre vie. Je me suis notamment rappelé ces délicieux moments de "bals à papa" où nous retrouvions avec quelques couples d'amis de notre génération.....De grandes tables, quelques morceaux de tourteaux, un petit vin blanc, les premières notes de " España Cañi", "En er mundo", "Coplas de España", et puis "Caminito", "La Cumparsita", à chaque fois je bondissais en te prenant la main, et nous dansions, et je chantais, " Coplas, Ay, coplas, ganas me dan de llorar", heureux de te voir heureuse, tu le paraissais, du moins, et nous rejoignons les amis, en suant, en riant.... Et cette nuit, cette seule évocation me faisait pleurer, perdu, sans toi, dans cette maison qui finira par me paraître un tombeau, si tu ne reviens pas.
  • Bonne nuit, ma grande chérie, petit trésor , ma biche à moi. Ne me quittes pas. J'ai encore tellement besoin de toi; TOI seule.....Ne me quittes pas....
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