Des soignants épuisés font face à un afflux de patients (photo d'illustration)
"Vous devez cesser les demi-mesures et les discours équivoques". Dans un courrier adressé à la presse ce jeudi, l'Intersyndicale nationale des internes en médecine (ISNI) lance un appel au président de la République pour que l'État organise un dépistage massif de la population. Le syndicat réclame également "un confinement total et absolu". "A la lecture de la situation dans le Grand-Est, des modélisations épidémiologiques et du manque de matériel de l'ensemble du territoire, la situation s'annonce catastrophique dans les hôpitaux", prévient le syndicat.

Confinement absolu "comme en Chine"

"C’est un confinement total et absolu de l’ensemble de la population dont nous avons besoin, à l’instar des mesures déployées en Chine : aucune sortie, aucun contact interpersonnel extérieur au foyer, arrêt strict de toutes les entreprises non vitales_, des transports en commun, ravitaillement des familles au domicile par des personnels protégés intégralement et avec des masques FFP2 (...) Nous exhortons le gouvernement à appliquer les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé et donc à investir dans des moyens pour mener un dépistage massif de toute la population !"
Moins le confinement sera strictement appliqué, plus les réanimations seront saturées, plus nous devrons faire des choix
"Nous tenons à alerter la population du fait qu’il n’y aura pas de places en réanimation pour tous les patients graves quel que soit leur âge : les médecins devront faire des choix humainement très difficiles. Les jeunes en bonne santé présentent des formes mortelles. A l’heure où nous écrivons, plus de 900 personnes dépistées positives au Covid-19 occupent des lits de réanimation alors qu’il n’y en a que 5.000 dans tout le pays", insiste l'INSI.

Des personnels paramédicaux infectés

"Les cadres de santé refusent que les personnels paramédicaux soient testés en masse par crainte de manquer de bras dans les services, les soignants sont contraints de travailler alors qu’ils ou elles présentent tous les signes objectifs d’une infection à coronavirus. Les internes de médecine sont sur-mobilisés et ont accepté de faire des sacrifices importants sur leur vie et leur formation pour se mettre en ordre de marche face à l’épidémie", explique le syndicat.

Le matériel manque dans tous les services

"Les masques sont manquants ou rationnés conduisant les soignants à utiliser parfois des masques en tissu cousu main, des masques chirurgicaux non protecteurs, de ne les changer qu’au plus deux ou trois fois par jour ce qui est propice à l’auto-contamination. Le matériel de dépistage (écouvillon, machine de test) n’est pas disponible pour tester tous les cas et les personnels afin de pouvoir mener des stratégies correctes de prise en charge".
"La colère est à son apogée contre les politiques"
"Les personnels soignants sont déterminés à sauver la population, mais la colère est à son apogée contre les politiques qui ont dégradé depuis dix ans, d’année en année, les capacités de notre système de santé et installé, aux fonctions hiérarchiques sanitaires des technocrates incompétents et assidus à l’application des restrictions budgétaires".

"Depuis novembre 2019, les internes se sont ralliés à tous les corps professionnels hospitaliers pour alerter sur le manque de moyens, le manque de personnel, le management délétère qui se sont instaurés à l’hôpital public depuis des années. Tous ces problèmes sont exacerbés par la crise sanitaire actuelle".