Stop au racisme occidental
Agora Vox Jules SEYES
Je sais, vous lisez des centaines d’articles de ce
type chaque année, votre patience est à bout pour ces discours bien
pensant, mais celui-ci va être un peu différent.
Depuis plusieurs jours circulent maintenant des images de palestiniens déshabillés conduits par l’armée israélienne.
Attention, contenu choquant :
https://twitter.com/DUPONTJ60333122/status/1733523703386841314
Les comptes pro israéliens relaient massivement ces extraits.
Alors, bien sûr, je vais vous expliquer en quoi, elles sont choquantes,
mais surtout les mettre en relation avec le déferlement de racisme anti
russe auquel nous avons assisté.
Surtout, je vais tenter de vous faire comprendre pourquoi ce racisme, en
parallèle avec notre obstination à bourrer les oreilles du monde entier
avec la Shoah est contre-productif.
Commençons par ces images et le simple rappel que ce traitement viole la convention de Genève :
https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/geneva-convention-relative-treatment-prisoners-war
Celle-ci s’applique :
La Convention s'appliquera également dans tous les cas
d'occupation de tout ou partie du territoire d'une Haute Partie
contractante,
Les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, y
compris les membres de forces armées qui ont déposé les armes
Donc les prisonniers, fussent-ils du Hamas comme le prétendent les Israéliens y sont sujets.
Qu’exige cette convention ?
1) Les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, y compris les membres de forces armées qui ont déposé les armes
et les personnes qui ont été mises hors de combat par maladie,
blessure, détention, ou pour toute autre cause, seront, en toutes
circonstances, traitées avec humanité,
sans aucune distinction de caractère défavorable basée sur la race, la
couleur, la religion ou la croyance, le sexe, la naissance ou la
fortune, ou tout autre critère analogue.
À cet effet, sont et demeurent prohibés, en tout temps et en tout lieu, à l'égard des personnes mentionnées ci-dessus :
c) les atteintes à la dignité des personnes, notamment les traitements humiliants et dégradants ;
Voila pour la partie Juridique, le message envoyé par les forces
israéliennes : les conventions de Genève ne s’appliquent pas aux membres
du Hamas. Si des prisonniers sont jugés coupables de crime la
convention prévoit, je vous le rappelle :
d) les condamnations prononcées et les exécutions effectuées
sans un jugement préalable, rendu par un tribunal régulièrement
constitué, assorti des garanties judiciaires reconnues comme
indispensables par les peuples civilisés.
Donc, si ces hommes sont coupables, ils peuvent être jugés selon le
régime du droit commun, voire condamné à mort si le droit israélien le
prévoit. À condition de bénéficier d’un procès et d’un avocat.
Ici, rien de tout cela. L’armée Israélienne s’exonère des règles communes.
A cela s’ajoute dans l’affaire de Gaza la décision de madame
Percresse : elle a jugé bon de retirer un prix à une personne qui
s’était indigné du traitement subit par Gaza. Merci, vous venez d’offrir
une magnifique victoire morale et de renvoyer cette personne à sa
communauté comme le souhaitent les extrémistes.
Voilà, sommes-nous seulement surpris ? Les déferlements du racisme
anti Russes auquel nous avons assisté depuis un an, avec déprogrammation
d’œuvres Russes, exigence hystérique envers tout citoyen russe de
condamner la politique de son pays ont passé, là aussi les bornes.
Nos dirigeants ou le petit monde des médias s’arrogent le droit de
décider du bien et du mal, comme nous le savons. Surtout, ils s’arrogent
la liberté de mettre des communautés entières à l’index si elles
refusent le chantage.
Je rappelle qu’un citoyen là encore ne devrait pas être appelé à
condamner son pays, à rompre avec sa famille, sa parenté et ses amis.
Nos oppositions envers des gouvernants doivent rester exactement cela :
Des divergences entre états. Celles-ci suffisent et vous pouvez
respecter les affects des citoyens russes. Sous le régime de leurs
dirigeants vivent leurs familles, leurs proches. Vous leur demandez de
renier tout cela. Ne vous étonnez pas, s’ils arbitrent alors contre
vous.
Car là est le problème de ces politiques : elles sont incroyablement
contre-productives. Pour assouvir votre rage, vous nous fabriquez des
ennemis mortels. Non content de voir l’occident se débattre dans une
série de crises financières et militaires insoluble, vous hypothéquez la
bonne volonté dont nous pourrions encore bénéficier pour au moins une
génération.
Pensez-vous que les enfants des Russes nous pardonnerons d’avoir
contraint leurs parents à choisir ? Que ceux de ces Palestiniens nous
pardonnerons cette humiliation publique ? Que les Arabes, brutalement
renvoyés à leur communauté auront envie à l’avenir de travailler avec
nous ?
NON ; mille fois NON, nous éliminons avec constance tous ceux qui
pourraient constituer un pont en exigeant une allégeance totale. Le
procédé traduit sûrement l’américanisation de nos sociétés, mais
l’Europe, autrefois, se croyait civilisée. Permettez-moi de verser une
larme sur le tombeau de cette illusion, nous voici revenu à la barbarie.
"Bad or Wrong my country !" Ayez au moins l’honnêteté de l’assumer,
mais alors acceptez aussi le corollaire : Sachez respecter ceux nés dans
l’autre camp, cela aurait aussi pu vous arriver.
À l’heure de la montée en puissance du sud global, où ces populations
trouvent enfin leur chemin vers la modernité, nous choisissons
l’occasion idéale pour leur cracher à la figure. Bien au contraire,
après nous être ruiné par un sous investissement chronique nous avons
organisé notre naufrage et nous persistons à nous comporter comme les
seigneurs de la création et à revendiquer une place à laquelle nous ne
pouvons plus prétendre. Que nos ancêtres aient eu la chance de trouver
la première clé vers la modernité nous a conféré un héritage, pas une
qualité intrinsèque.
Jamais, je n’aurais cru rédiger un jour un article sur le racisme, mais nous avons passé les bornes.
Pendant des années, le racisme ce fut pour moi des Idalgo occupées à
se dédouaner de ses voyages, car elle avait été à Auschwitz. Un truc
d’imbécile désireux de couvrir leurs turpitudes morales.
Pendant des décennies, ces gens nous brisaient les oreilles, mais
cela restait un folklore sans grande importance. Une sorte de culte du
cargo fait par des individus auxquels leur insignifiance tenait lieu de
paravent.
Confis dans leur ghetto moral, ils ignoraient le terrible jugement d’Aimé Césaire dans le discours sur le colonialisme :
Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le
détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au
très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du xxe
siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l'habite,
qu'Hitler est son démon, que s'il le vitupère, c'est par manque de
logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas
le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de
l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, c'est
l'humiliation de l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des
procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les Arabes
d'Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d'Afrique.
Merci, voila la bonne conscience que l’homo occidentalus s’était
acheté grâce au procès de Nuremberg et le don de la Palestine aux
Israéliens ravalés au rang de hochet sans valeur. Déjà à l’époque il
tendait à notre soi-disant supériorité morale un miroir hideux et sans
complaisance.
L’avons-nous écouté ? Bien sûr que non, au contraire, nous avons
redoublé dans la condamnation pour nous acheter un peu plus de bonne
conscience. Quelques centaines de skinheads et de vieux professeurs
d’universités contestaient-ils l’existence des chambres à gaz ? Nous
votions les lois Gayssot pour punir le négationnisme. Nous en étions
certainement plus moraux, ou pas, mais ainsi un terrorisme a pu
s’installer dans nos médias. Tout opposant devenait contraint d’assumer
sa soumission au nouveau dogme, peu importait si oui ou non son discours
concernait le sujet et Chouard, parmi d’autres, en a fait les frais.
Notre vie démocratique y a beaucoup perdu.
Comme le culte du cargo, nous avons fait de la condamnation du
nazisme un totem de vertu. Nous nous sommes concentré sur l’objet pour
mieux oublier l’esprit.
Faut-il s’étonner que le reste du monde témoin de nos simagrées nous regarde avec condescendance ?
Et encore, le pire restait à venir. Dans notre décadence, il nous
restait à gratter le fond de la boue de la poubelle. Passe encore que
nos médias ignorent les massacres en Afrique (Souvent perpétrés avec
l’aide de nos multinationnales ou pour elle, demandez aux Katanguais).
Non, avec l’ukraine nous avons fait mieux : Pour préparer le pays à une
guerre contre la Russie nous l’avons livré aux héritiers moraux et
idéologiques de ce Hitler que nous prétendions combattre. Quel meilleur
exemple de la géométrie variable de nos principes ?
Nous y sommes parvenus et maintenant, nous laissons l’armée
Israélienne à son tour traiter ses prisonniers avec des méthodes que les
traités internationaux réprouvent.
Comme quoi comme le disait Aimé Césaire, ce que nous ne pardonnons pas,
ce n’est pas le crime en lui-même, mais le crime contre l’occidental.
Le crime contre le seigneur au moment où déchu de son piédestal, il
s’effondre dans la poussiére. Alors, certes l’heure de la petitesse
sonne à l’instant où la miséricorde1 s’approche de notre jugulaire, mais nous aurions pu faillir sans déroger !